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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 12/09/2016 à 15:18
» Dernière mise à jour le 20/02/2021 à 11:39

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 15 : Dernière ligne plus ou moins droite
« Le vélo est une aberration technologique ! La pollution que dégagent ces engins va réduire notre planète à l’état de déchetterie d’ici moins de dix ans ! Nous devons lutter pour un monde plus écologique ! »

Discours prononcé par Miasmax, directeur du syndicat des Verts Tébrés.


***


Alakazam, Mackogneur et Cumulo Nimbus avançaient sur une des quatre routes menant au nord. Ils marchaient en silence, et ce malgré le fait qu’Alakazam savait voler depuis peu. En fait, il avait tenté de décoller de nouveau, mais Mackogneur l’avait gentiment convaincu que les oiseaux n’aimeraient pas voir un non-oiseau se promener avec eux dans le ciel. Alakazam, réticent, avait malgré tout retrouvé son calme.

Cumulo, lui, serrait son Pétabull près de lui. Il était un peu effrayé de se retrouver là, seul, perdu sur cette route traversant un territoire pullulant de Légendaires.

Mais s’il mourait, son Pétabull mourrait avec lui !

— Je suis là, dit une voix.

Cumulo fit un bond en arrière, avant qu’un rire ne le rassure qu’à moitié.

— Et bah, tichôôô, t’es tendu, mon vieux !

Cumulo grinça des dents. Ce Canarticho avait le don de l’horripiler plus que son ex-femme, ce qui représentait un exploit.

— Je vous accompagne un peu, comme prévu.
— Voilà une bonne nouvelle, répondit amicalement Mackogneur.
— BONJOUR ROUCARNAGE ULTRA-LEGENDAIRE !

Ticho soupira.

— Je m’appelle Ticho. Et arrête de me dire bonjour, ça fait seulement cinq minutes qu’on s’est séparés au croisement…
— MOI SAVOIR VOLER MAINTENANT !
— Je sais, crétin, je t’ai vu tout à l’heure.
— TOI AVOIR TAPÉ TÊTE A MOI. MOI AVOIR UN GROS BOBO !
— C’était ça ou tu te barrais dans l’espace, tichôôô. Non pas que ça m’aurait déplu, d’ailleurs.
— L’ESPACE ? C’EST QUOI ?

Ticho leva les yeux au ciel :

— L’espace, c’est ce que tu as dans le crâne. Le néant, quôa.

Alakazam se gratta la tête sans comprendre tandis que Mackogneur le regardait en coin, légèrement amusé. Lui aussi, malgré son pacifisme et sa gentillesse, semblait apprécier de voir son maire un peu perdu.

— Hé, docteur machin, lança Ticho, alors qu’ils avançaient avec lenteur.
— Quoi ? répliqua Cumulo d’un air méfiant.
— Votre statuette, là, ça a l’air de peser son poids. Z’avez pas mal aux bras, à force ?
— Mon Pétabull n’est ni trop lourd ni trop léger. Il est parfait, HO HO HO !
— Ah bon…
— Il lance des bulles de savon brillantes dès que j’appuie sur son nez ! Cette invention va révolutionner mon siècle, HO HO HO !

Ticho grommela des jurons avant d’ajouter :

— Le pire, c’est que tu risques d’avoir raison, tellement ce monde de merde est logique.

Le chemin montait légèrement, s’enfilant autour de la base d’une colline rocheuse. Des arbres poussaient partout et des mauvaises herbes envahissaient les sous-bois. Les épines qui parsemaient chaque végétaux avaient de quoi dissuader d’emprunter un raccourci coupant à travers la forêt.

Ticho observa la silhouette de la forteresse obscure à l’horizon, environnée d’une brume épaisse.

— On n’est pas si loin que ça, tichôôô. Je suis pas pressé d’y être, mais bon…
— VOUS N’IREZ NULLE PART, MORTELS PERFIDES !

Les compagnons de route s’arrêtèrent et regardèrent autour d’eux. Un Légendaire ? Ticho s’affola :

— Quôa ? Déjà des emmerdes ?
— Je suis ici, mortels.

Ils se retournèrent et Mackogneur lâcha un cri de terreur pure en reculant précipitamment.

— J’ai failli lui marcher dessus ! Monsieur le maire, reculez !

Ticho baissa les yeux sur le Chenipan qui se trouvait au milieu du chemin. Il ne put empêcher son estomac d’imaginer la saveur sucrée de cet insecte, qui était l’un de ses plats préférés quand il vivait à Kalos.

— T’es un Légendaire, tichôôôô ?
— Oui, ignoble mortel ! Je maîtrise le feu à la perfection ! Je suis… le Maître incontesté des Enfers !

Ticho pencha la tête :

— T’aurais pas un peu fumé, toi ?
— Mortel, regrette ces paroles ! J’ai été réveillé par des cris atroces provenant d’une créature non-identifiée se vantant de pouvoir voler ! Était-ce toi, oiseau misérable ?
— Non, c’était lui, dit-il en désignant Alakazam.

Chenipan se tourna vers celui-ci et siffla de rage :

— Te moquerais-tu de moi, oiseau misérable ? Cet individu me semble très civilisé et absolument pas capable de voler.

Alakazam sembla outré. Il resserra son emprise autour de son gourdin en fronçant les sourcils :

— MOI SAVOIR VOLER, MÉCHANTE CHENILLE RAMPANTE !
— Je retire ce que j’ai dit, mortels, se moqua Chenipan. Cet individu n’a pas du tout l’air civilisé. Les apparences sont trompeuses.
— J’allais dire la même chose, tichôôô.

Chenipan rugit :

— ET MAINTENANT, ÉXÉCRABLES MORTELS, VOUS ALLEZ REGRETTER DE M’AVOIR RÉVEILLÉ, DE VOUS ÊTRE MOQUÉ DE MOI, ET DE M’AVOIR TRAITÉ DE CHENILLE VERTE ! SUBISSEZ LE COURROUX DE MA PUISSANCE DE FEU ! JE SUIS LE GRAND MANIEUR DU FEU, L’ÉVEILLEUR DES ÂMES, L’ENNEMI DES VIVANTS, L’ÉTINCELLE MORTUAIRE, L’OMBRAGEUX GUERRIER DES ABYSSES, LE…

Alakazam abattit son gourdin. Un « spouich » résonna, et Chenipan fut réduit à l’état de bouillie verdâtre. Alakazam jeta son gourdin sur son épaule, nonchalant, devant le regard stupéfait de ses camarades :

— CHENILLE VERTE PARLER TROP FORT. MOI BOBO AUX OREILLES.
— C’est l’hôpital qui se fout de la charité, tichôôô.

Le canard se posa sur l’épaule de Mackogneur en soupirant.

— Bon… Espérons que la mort d’un Légendaire va pas bouleverser l’équilibre du monde, hein. Même si je doute que ce monde-ci soit équilibré en quoi que ce soit…



***


Ticho resta une vingtaine de minutes avec le groupe d’Alakazam avant de se décider à changer ; il survola une forêt pendant plus de trois minutes, sans rencontrer âme-qui-vive. Il finit par tomber sur Tadmorv, Azurill et le Sage Dodrio. Ils avançaient à un rythme plus lent ; le premier par manque de motivation, le deuxième parce qu’il déprimait toujours, et le troisième parce que ses trois têtes peinaient à se mettre d’accord.

— La patte de droite en premier ! s’écria Bob.
— Non, celle de gauche, c’est logique ! répliqua Marcel. Comme ça, c’est moi qui arriverai le premier dans ce virage !

Albert soupira.

— S’il vous plaît, avancez au lieu de vous disputer. Nous ne serons jamais à l’heure, à cette vitesse.

Ticho voleta auprès d’eux :

— Vous avez pas rencontré de Légendaires, vous, rassurez-moi ?
— Diantre non ! répondit Albert. Et j’en suis fort rassuré.

Azurill lâcha dans un souffle :

— Ma vie est nulle.
— La mienne aussi, je te rassure, tichôôô.
— Ne me parle pas, ignorant.
— Je croyais que tu étais devenu un ignorant, toi aussi. Depuis que tu as dû abandonner ta cape rose.

Azurill s’arrêta, fixa Ticho un moment, puis s’effondra, déversant un torrent de larmes sur la route. Tadmorv tendit sa poêle vers Ticho, accusateur :

— Tu l’as fait pleurer, perfide !
— Et alors, tichôôô ? Tant mieux ! J’ai l’impression d’avoir accompli un haut-fait, maintenant !

Azurill pleurait à chaudes larmes, humidifiant le sol autour de lui. Un cri effrayé déchira la forêt proche.

— Oh, non ! s’écria une voix féminine inconnue. Je suis allergique à l’eau ! Cessez donc de pleurer !

Ticho observa le couvert des arbres, méfiant :

— Quoi ? Qui est là ?
— Moi ! lança la voix de femme, apparemment furieuse.

Un Pokémon émergea sur le sentier. Ticho le fixa avec stupéfaction, tentant de juguler cette surprise qui le prenait chaque fois qu’un évènement inattendu se produisait à Krénios. C’était peine perdue. Il gloussa un peu alors que le Pokémon commençait à parler :

— Je déteste l’eau, et les larmes sont pires ! Elles sont comme l’eau de mer, salées ! C’est terrible, ça me fait pâlir. Je vais encore tomber malade si ce Pokémon stupide n’arrête pas immédiatement de chouiner !
— Vous êtes… ? questionna timidement Dodrio.
— Je suis une Légende parmi les légendes, un Mythe parmi les mythes ! Je dirige les cieux depuis ma maison-nuage et je crache des rayons-lasers par la bouche et aussi le… enfin, je crache des rayons-lasers par deux endroits à la fois, bref. Passons les détails.

Ticho éclata de rire mais se reprit quand le Pokémon Légendaire lui adressa un regard noir :

— Votre nom, tichôôô ? Même si je l’ai deviné, j’ai besoin de l’entendre ! ajouta-t-il, prêt à pleurer de rire.
— Je suis Ramoloss ! Le Maître incontesté des Sept Royaumes des Cieux ! Et je déteste…
— … la flotte, ouais, on avait compris, acheva le canard en souriant. Et vous pouvez faire sortir des lasers de votre c…
— ASSEZ ! cria Ramoloss.

Un silence pesant résonna. Azurill, choqué par l’arrivée de Ramoloss, avait cessé de pleurer. Le Légendaire l’observa avec dégoût :

— Si vous pleurez à nouveau, sachez que vous aurez à subir mon courroux !
— Et son laser sorti tout droit de ses entrailles, murmura Ticho à l’intention de Dodrio.

Le Sage 33 pouffa bêtement, s’attirant les foudres de Ramoloss, qui l’invectiva :

— Et vous, l’oiseau sans aile à trois têtes ! Cessez donc de rire ou…

Albert, la tête centrale, se figea de crainte. Insulter son absence d’ailes ne le gênait pas, mais ce genre de conversation avait toujours fortement agacé les deux têtes latérales, Bob et Marcel. Parler de cela avec eux était tabou, car après, ils devenaient invivables pendant des heures…

Marcel fut le plus réactif :

— PARDON ? Comment oses-tu insulter notre statut d’oiseau, vulgaire Ponchien rose aux yeux globuleux ?

Bob ne s’empêcha pas d’enchaîner d’un air mauvais :

— Tu n’aimes pas l’eau, crapule ? Prends ça !

Il cracha sur Ramoloss.

Le Légendaire devint rouge vermillon tant sa fureur était grande. Puis il s’éleva dans les airs lentement, tel le Ramoloss qu’il était. Le sol se mit à trembler, des nuages gris s’amoncelèrent dans le ciel et le tonnerre gronda au-dessus de leurs têtes. La voix féminine de Ramoloss s’amplifia jusqu’à devenir caverneuse :

— VOUS, MORTELS QUI AVEZ OSÉ PLEURER ET INSULTER LE MAÎTRE DES CIEUX, SOYEZ TÉMOINS DE MA TOUE-PUISSANCE ET DE MA HAINE ÉTERNELLE !

Ticho battit des ailes, terrifié, se tourna vers Dodrio :

— Oh, merde alors ! Qu’ils sont cons, ces deux-là !
— Certes, répondit Albert avec un semblant de calme. Je le sais depuis fort longtemps !

Tadmorv se jeta dans les bras d’Azurill, frissonnant de peur. Ce dernier l’attrapa mais sa mine dégoûtée en disait long sur ce qu’il pensait de ce contact avec la peau gélatineuse du cuisinier.

Ticho chercha du regard quelque chose qui pouvait les aider à se sortir de cette situation pour le moins délicate. La seule chose qu’il considéra comme pouvant servir d’une arme, c’était… la poêle que Tadmorv avait laissée à terre en se réfugiant dans les bras d’Azurill.

Ticho plongea sur la poêle, la saisit de son aile libre — l’autre tenant son précieux poireau — et voleta un peu plus haut, à quelques mètres d’un Ramoloss furax qui était désormais environné d’éclairs multicolores.

Ticho croassa :

— Hé, Légendaire !
— NE M’ADRESSE PAS LA PAROLE, INSIGNIFIANTE CRÉATURE !
— Cadeau !

Ticho lança la poêle vers Ramoloss ; l’arme de fortune tournoya dans les airs, forma une jolie courbe, et…

… rata Ramoloss de presque quinze mètres avant d’aller tomber au cœur de la forêt.

— Si seulement j’avais des bras, je ne serais pas si nul pour lancer des trucs ! se maudit Ticho.
— Ma poêle ! s’étrangla Tadmorv.

L’ustensile avait disparu dans les frondaisons des arbres, hors de portée. Ramoloss, surpris par cette attaque lamentable, resta immobile quelques secondes, toujours environné d’une aura électrique. Ticho remarqua la pluie d’éclairs s’amoindrir, et il en profita :

— Oh ! Mon ami va pleurer s’il ne retrouve pas sa poêle !
— Oh, non !

Ramoloss, apeuré à l’idée que de l’eau ne s’égoutte sur ses terres, fonça droit vers la forêt, explosa une vingtaine d’arbres à cause de l’onde de choc générée par sa vitesse, puis s’approcha plus lentement de Tadmorv en lévitant avant de lui rendre sa poêle.

Puis, reprenant apparemment son air furieux, Ramoloss cracha :

— Et maintenant, je vais tous vous tuer !

Ticho réfléchit à toute vitesse, et une idée fugace lui vint en tête. Et comme beaucoup d’idées fugaces…

— C’est pas très classe, mais je pense qu’à ça, là tout de suite, marmonna-t-il pour lui-même. Et ça, au moins, je sais viser avec précision…

Il voleta au-dessus de Ramoloss et cria :

— Attention, je vais faire mes besoins ! Ça risque de vous arroser, en dessous !

Ramoloss poussa un hurlement de terreur qui fit vrombir l’Île des Origines dans son intégralité, puis :

— À L’AIIIIIIIDE ! hurla-t-il en s’envolant dans le ciel comme un météore.

Le Pokémon Légendaire disparut dans les nuages, prenant la fuite à une vitesse terrifiante. Ticho s’ébroua :

— Bon, les gars, pas sûr qu’il reste là-haut bien longtemps, alors avancez hein ! Je vous ai sauvé la peau, vous me remercierez plus tard !

Azurill, Tadmorv et Dodrio restèrent silencieux. Ils paraissaient choqués. Ticho les observa :

— Quôa ? Vous êtes si surpris d’être tirés d’affaire grâce à moi, c’est ça ? Je suis utile, vous savez, tichôôô !
— Non, ce n’est pas cela, le problème, lâcha poliment Albert.

Tadmorv paraissait dégoûté :

— Tu dois être stressé, l’oiseau… Ramoloss est parti pour une bonne raison.
— Quôa ?
— Je croyais que tes mots, c’était des menaces en l’air, mais… tu as osé !
— Pardon ?

Puis Ticho remarqua que les trois compagnons de route semblaient légèrement mouillés. Ticho rougit, honteux.

— Je… je…

Azurill bégaya, sous le choc :

— Un ignorant… vient d’uriner… sur moi… Je veux mourir…

Ticho aurait bien dit « moi aussi » tant il se sentait ridicule. Il préféra finir sur une boutade :

— Bah, c’est qu’une goutte ou deux, ça n’a jamais tué personne ! Et puis les oiseaux ont souvent tendance à se lâcher en plein vol, faut pas croire ! Je suis vraiment plus propre que la plupart de mes congénères, tichôôô !

Il toussota, gêné :

— Bon, bah… oublions cet incident, d’accord ? Marchez, ça vous fera sécher. Je dois aller aider les autres. Ahem, salut !

Il s’éclipsa, regrettant soudain d’avoir fait une telle chose à un Légendaire.

Sancoki voulait le manger.

Maintenant, Ramoloss allait vouloir le tuer.

Que demander de plus ?



***


— Une fois que j’aurai la recette, je vendrai quelques cookies, expliquait Antoine. Et avec l’argent obtenu, je vous rembourserai la perte de votre frégate.
— Va falloir en vendre pas mal, des cookies… se lamenta Terry.
— TG, lança Jack, dans l’indifférence totale de ses deux camarades.

Leur chemin, qui se dirigeait vers le nord et la forteresse de l’Île des Origines, montait et descendait au gré des collines qu’ils traversaient. Le paysage, de plus en plus montagneux, était obstrué par des forêts et des plantes épineuses envahissantes. Plus envahissantes encore que Julie, qui heureusement, n’était pas dans le même groupe qu’eux.

Antoine en était parfaitement rassuré. Et ne pouvait s’empêcher de siffloter gaiement. Enfin, un peu de calme, depuis le début de cette quête ! Il avait volontairement choisi de prendre cette route avec Terry et Jack, qui n’étaient pas les plus bavards. Bien moins embêtants que Julie, Insolourdo, Ticho, Gontran ou même Alakazam. C’était un véritable bonheur que de marcher en silen…

— Salut, tichôôôô ! Pas de problèmes ici ?

Antoine se hérissa. Le calme s’était déjà envolé.

— Non, aucun ! Les autres, ça roule ?
— Mouais. Alakazam a tué un Légendaire et j’ai fait fuir celui qui embêtait le groupe de Dodrio.
— Attends, attends…

Antoine s’arrêta :

— Tu as fait fuir un Légendaire ? Toi ?
— Oui, grogna Ticho. Je vois que tu me sous-estimes…
— Tu as fait comment ?

Ticho rougit.

— Et si on en parlait plus tard, hein ?
— Si tu veux. Alakazam a tué qui ?
— Chenipan. C’est grave ?

Antoine reprit sa route en haussant les épaules :

— Non. C’était l’un des six esprits diaboliques créateurs des Enfers, ça fait des soucis en moins pour l’instant.
— Pour l’instant ?
— Chenipan va ressusciter dans six jours. Comme tous les esprits dans son genre.
— Dans six jours ! s’étrangla Ticho.

En plus de Sancoki et de Ramoloss, il allait falloir subir le courroux de Chenipan dans six jours… Ticho soupira de dépit :

— Vivement que cette quête merdique se termine, je tiens trop à ma vie !
— Ça va se terminer, t’en fais pas, répondit le garçon. Mais on a encore un petit bout de chemin à faire avant d’avoir la recette !
— HALTE !

Un Chétiflor se jeta devant eux, sur la route.

— JE SUIS… commença le Pokémon.

Ticho et Antoine répondirent en chœur :

— … un Légendaire, on sait.

Antoine s’avança vers le Pokémon surpris d’avoir été interrompu.

— Et moi, je vais chercher la recette du cookie au miel d’Apireine, qui est dans ce château. Si tu nous laisse passer, on t’offrira un cookie plus tard. Ça te va ?

Le Chétiflor n’hésita même pas :

— Rien de tel qu’un cookie pour retrouver la santé. Passez, mortels, et bonne chance.

Le Chétiflor retourna dans les fourrés d’un pas serein. Ticho croassa :

— C’est tout ? Il nous a laissés tranquille comme ça, lui ? J’ai galéré avec Ramoloss, et toi, en une phrase, tu le convaincs de nous laisser passer !
— Les Légendaires sont stupides, je te l’avais dit, non ?
— Et merde… marmonna Ticho, mécontent.

Ils avancèrent un peu en silence, puis leur route tourna en passant près d’un petit étang boueux. Du bruit résonnait, assez proche, comme des voix qui se disputaient. Antoine fronça les sourcils :

— On devrait passer discrètement… Des Légendaires qui se bagarrent, il faut s’en méfier !

Ils avancèrent à l’ombre des arbres qui poussaient au bord de l’étang, puis virent les deux Pokémon qui ne semblaient pas s’entendre. Ticho leva les yeux au ciel en les voyant. Des Légendaires, vraiment ?

Un Chenipotte, au bord de l’eau, parlait à un Barpau qui se baignait devant lui. L’Insecte semblait mécontent.

— Non, Barpau. C’est ignoble comme nom ! On dit une Chocolatine !
— Faux ! rétorqua le Barpau. C’est un pain au chocolat, qu’il faut dire ! Non mais vraiment, tu es stupide ou quoi ?
— Historiquement, ça devrait s’appeler une Chocolatine, point barre ! s’énerva Chenipotte en haussant la voix. Je ne vois pas pourquoi tu t’obstines à dire « pain » au chocolat ! Ce n’est même pas du pain, c’est une viennoiserie !
— Ça y ressemble beaucoup ! C’est presque pareil !
— Non ! Tu as déjà vu une Chocolatine faite avec de la pâte à pain, toi ? C’est totalement débile !
— Chocolatine ça sonne faux, ok ? C’est moche, comme nom ! Et pain au chocolat, c’est plus simple, et tout le monde le dit comme ça !
— Depuis quand faut suivre la majorité, idiot ? Pain au chocolat ! Et pourquoi pas dire un pain aux raisins, tant qu’on y est !
— Bah c’est comme ça qu’on dit, j’te signale !

Ticho lâcha un gros soupir et marmonna :

— Bordel… c’est vraiment un monde de m…
— Chut ! se fâcha Antoine.

Terry et Jack, las, restèrent silencieux à observer la scène. Difficile de passer sur la route sans se faire voir par ces deux Pokémon.

Surtout qu’un troisième arriva auprès de Chenipotte et Barpau.

Un Mélo.

— Salut, les gars ! Vous débattez encore sur vos histoires de pâtisseries ?
— Ouais ! dirent-ils en chœur, presque agressifs.

Chenipotte s’agaça :

— Mélo ! On dit une Chocolatine, pas vrai ?
— Non, un pain au chocolat ! répliqua Barpau.

Mélo fronça les sourcils :

— Moi, j’appelle ça une conque au chocolat, mais bon. Vous êtes tous les deux bizarres, alors disons que les deux réponses sont bonnes ! De toute façon, je préfère les croissants !
— Maintenant… souffla discrètement Antoine.

Les compagnons profitèrent de l’engouement autour de l’arrivée de Mélo pour se faufiler dans leur dos, sous les arbres. Ils s’éloignèrent en silence alors qu’un débat sulfureux reprenait vie dans leur dos.

— J’aurais tout vu, vraiment, se plaignit Ticho une dernière fois.
— Plutôt que de râler, tête de piaf, avertit Antoine. Va t’occuper des autres. Ils doivent parvenir jusqu’à la forteresse, eux aussi. Tu as vérifié que tout le monde avançait bien ?
— Non, pas tous. Il reste Julie, Insolourdo et Gontran.
— Je comprends que tu ne sois pas pressé… mais vas-y quand même.
— Ouais, tichôôô !

Il s’envola à tire d’ailes, partant à la recherche des trois compagnons les plus pénibles qu’il connaissait depuis qu’il était à Krénios.

Avec, au fond de lui, l’espoir qu’un Légendaire les avait mangés et digérés.