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Stalhblume de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 30/07/2016 à 20:45
» Dernière mise à jour le 30/07/2016 à 20:45

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Chapitre IV : Sotarc – Partie 1 : Le chemin du retour.

Cassis

 J'observai d'un œil distant Affienns et ses camarades enterrer Azorn au sommet de la montagne. Je ne dis pas un mot ; j'étais une étrangère pour eux, intervenir serait malvenu. Alors je restais là, en retrait, à écouter les sanglots étouffés.

— Hé, tu crois que je devrais me sentir coupable ?

Je ne pus m'empêcher de sourire, heureusement que la Confrérie était trop loin pour l'entendre. Ce bracelet ne manquait décidément pas de toupet.

— A votre avis ? soufflai-je.
— Oui, expira Dunkel, c'est évident. Quand j'y repense, ce serait même idiot de penser l'inverse. C'est moi qui aie été la source de tout. Mais tu sais, je n'ai jamais voulu leur faire de mal ; je voulais simplement me sortir de ma prison. Je voulais sincèrement pouvoir à nouveau admirer la couleur du ciel. Tout faire pour atteindre son but, c'est une chose que tu peux comprendre, n'est-ce pas ?
— …

Je pouvais difficilement prétendre l'inverse. Cela me faisait penser aux Tsjins d'Eurasc, si j'avais eu le choix, je les aurais épargnés ; je ne l'avais pas eu. Donc je les avais tués, si je ne l'avais pas fait, ce serait eu qui l'aurait fait. Il fallait que je versasse du sang pour atteindre mon but ; dans ce sens, j'étais pire que Dunkel.

Je vis Affienns revenir vers moi, suivi de ses amis d'enfance ; je cachais subtilement le Précieux dans ma mâchoire. Ils avaient une telle tristesse ancrée sur leur visage que je n'osais prendre la parole, de peur de provoquer un torrent de larme.

— Merci de nous avoir attendu, lâcha péniblement Affienns.

Heureusement, ce fut lui qui brisa la glace.

— … et maintenant ? demandai-je. Que comptez-vous faire ?

Les quatre membres de la Confrérie se regardèrent pendant de longues secondes. Arg, je n'aimais vraiment pas ces moments de silence ! J'étais bien d'accord pour respecter leur chagrin, mais je n'allais pas y passer la nuit.

— Azorn..., reprit Affienns, … Azorn m'a choisi pour être le nouveau meneur de la Confrérie. Je ne sais pas si je mérite vraiment ce titre, mais si tel était son ultime souhait, je me dois de le respecter. Il m'a aussi fait promettre de toujours rester fidèle à ma route, c'est pourquoi je me dis qu'il serait injuste que je m'impose aux autres.

Affienns se retourna vers Virchen, Gloria et Snowleis ; sa posture était haute et fière.

— Alors je vous laisse le choix de choisir par vous même, déclara t-il. Vous êtes libre de faire ce que vous avez envie de faire.

Les trois autres Pokémon restèrent un moment interloqué, avant de rire légèrement.

— Cela ne m'étonne pas de toi, s'amusa Virchen. Et c'est vrai qu'après avoir vécu 40 ans en quasi-captivité, je n'ai que trop envie de goûter à la liberté.
— Moi aussi, avoua faiblement Gloria. Je crois que j'ai besoin d'y réfléchir... seule.
— …, hocha silencieusement Snowleis de la tête.

Affienns sourit doucement, acquiesçant.

— Alors c'est décidé, résuma t-il, c'est ici que nos chemins se séparent.
— Il serait plus juste de dire que c'est ici que notre vie recommence, nota Virchen.
— Oui, c'est vrai ; pour ma part, je pourrais enfin cesser de me cacher. Notre futur est encore incertain, mais il existe.

Ainsi ils avaient décidé de dissoudre la Confrérie, je ne pouvais m'empêcher de trouver cela dommage. Lorsqu'Affienns avait annoncé qu'il était le nouveau meneur à la place d'Azorn, j'avouais que j'avais espéré voir les trois autres Pokémon le rejoindre, et donc par extension, me rejoindre.
Mais encore une fois, je n'avais pas mon mot à dire, c'était leur décision. Et puis, j'avais l'intime conviction que j'allais les revoir un jour ou l'autre.

— Ah, s'exclama soudainement Snowleis en se tournant vers moi.
— … un problème ? plissai-je des yeux.
— Je le crains. Les pouvoirs de Gran... non, de Dunkel, sont affaiblis. Je ne peux malheureusement plus créer de portail sur de très longues distances.

Je pestai silencieusement. Un autre de mes espoirs venait de partir en fumée. C'était cette Momartik qui avait kidnappée Affienns, le téléportant directement de Wearl jusqu'à cette grotte. Je pensais pouvoir lui demander de refaire le chemin inverse, mais visiblement, ce n'était pas possible.

— Juste pour savoir, geignis-je, où sommes nous très exactement, là ?

J'appréhendais vraiment la réponse. Après tout, Iræ était un énorme continent, et nous pouvions y être n'importe où !

— Au milieu de nulle part, répondit Virchen.

Génial, ça m'avançait beaucoup.

— Mais encore ? m'impatientai-je.
— A la bordure nord de Chtonïa, intervint Affienns, si je ne me trompe pas.

Évidement. Soit quasiment à l'opposé du désert ; il devait y avoir plus de mille kilomètres entre cette caverne et Wearl ! Enfin, ça aurait pu être pire.

— Virchen ne plaisante pas lorsqu'il dit que nous sommes au milieu de nulle part. Lorsque nous étions jeunes, nous avions choisi cet endroit justement parce qu'il était éloigné de tout, pour faire notre propre chez nous.

Une idée louable, mais diablement peu pratique ; je me retins toutefois d'asséner toutes remarques.

— Oh ! Mais il doit toujours avoir un village en contrebas, non ? sembla se souvenir Affienns. Vous savez, le villages des petites frappes.
— … eh bien... oui, acquiesça Gloria. Mais j'ai bien peur qu'il ne soit presque vide l'heure actuelle. Il y reste cependant encore des irréductibles...
— C'est toujours ça, soupirai-je. Ce sera donc notre prochaine destination, je propose que l'on s'y rende sans tar...
— Ahem !

Brazoro – ah oui il était là lui – toussota bruyamment et me toisa durement. Quoi, qu'est-ce que j'avais dit encore ?

— Sans vouloir importuner Sa Majesté, pesta t-il ironiquement, je voudrais faire savoir qu'il est certainement minuit passé, que nous venons de traverser une gnnnbl de grotte – pour rester poli – en enchaînant les combats, et le tout sans avoir eu la moindre chance de dormir !
— C'est faux, rétorquai-je, tu t'es évanoui lorsque nous sommes arrivés, c'est comme si tu t'étais reposé.
— Dois-je vraiment répondre à cela ? grommela t-il. Quoi qu'il en soit, je REFUSE de bouger de là sans une bonne nuit de sommeil ! Non négociable !

La petite nature. Il croyait qu'il était le seul à être fatigué ? Nous l'étions tous, et moi certainement plus que lui. Mais je savais aussi que nous n'avions pas une seconde à perdre ; Wearl était loin et je devais m'y rendre au plus vite pour y établir le plan de récupération de Morflam.

— Brazoro n'a pas tort, intervint Affienns. Tout le monde n'a pas une énergie infinie comme toi, et pense que certain ici on dépassé la soixantaine.

Tss, dit comme ça, évidemment, je ne pouvais plus rien faire.

— Très bien, cédai-je. Et on dort où alors ? A même là roche ?
— Jamais de la vie ! hurla brusquement Géraldeline. Et la propreté de mes écailles alors ?!

Ah oui, elle était aussi là celle-là... si seulement elle pouvait réagir pour autre chose que ses écailles.

— Pas d'inquiétude, tenta de la calmer Virchen. Nous avions des chambres ; après tout, cette caverne est notre base. Et puis, même si nous allons nous séparer, rien ne presse. Je pense que nous aimerions tous rester ensemble au moins jusqu'à demain matin, histoire de rattraper le temps perdu.

Affienns, Gloria et Snowleis hochèrent de la tête. Je soupirai. La masse avait parlé ; les jeux étaient faits. Et une nuit de perdue, une !


 ***

 Je faisais de mon mieux pour restreindre ma frustration, mais ce n'était pas chose aisée. Affienns et les autres de la Confrérie partageaient l'ancienne chambre d'Azorn, je pouvais entendre leur rire d'ici. Visiblement, ils étaient en train de se remémorer le « bon vieux temps » ; ils n'étaient pas censés être épuisés les soixantenaires ?

Brazoro, lui, avait foncé sur la première chambre qu'il avait vu et avait menacé de mort toute personne qui oserait déranger sa sieste. Géraldeline avait quant à elle récupérée tout ce qu'elle avait pu pour se constituer une couche propre et confortable. Et Aglaé, elle s'était dirigée sans bruit dans une pièce.

Cette dernière m'inquiétait un peu ; déjà, je ne comprenais toujours pas exactement pourquoi est-ce qu'elle était venue ici, et ensuite, son combat semblait s'être mal passé vu qu'elle avait fini évanoui pendant un sacré bout de temps.

— Alalah, tu ne dors pas Cassis ?

Oh, et Meloet me suivait. Elle s'était appartement remise de son « bug » ; quoique je la préférais quand elle était silencieuse.

— Toi non plus, maugréai-je.
— Mais je suis un zombiiie, répliqua t-elle. Ça ne dort pas un zombiiie !
— Qu'est-ce que j'en sais du fonctionnement des morts-vivants moi...

Et honnêtement, j'aurais aimé ne jamais rien en savoir.

— Sinon, tentai-je de centrer la discussion, tu le connais vraiment Dunkel ?
— Dunkel..., marmonna t-elle,... alalah, c'est étrange... je suis toute triste quand je pense à ce nom...
— Pas autant que moi ! déclara soudain l’intéressé.

Je tressaillis. Je furetais vivement à droite et à gauche, vérifiant que personne d'autre n'était dans les parages.

— Silence ! m'exclamai-je d'une voix étouffée. Ils te croient enterré au fond de la caverne ! Tu tiens tant que ça à ce qu'ils te découvrent ?!

Les membres de la Confrérie était unanime. La punition pour leur avoir fait perdre 40 années de la vie était l’ensevelissement à vie. Évidement, je n'allais pas laisser une probable source de puissance tel que Dunkel se faire enterrer à jamais ; dès que j'en avais eu l'occasion, je l'avais récupéré.

— Si j'avais su que j'allais finir dans ta mâchoire...
— Tu veux vraiment que je te ramène au fond de la grotte ? Je suis sûre que tu trouveras les tréfonds de la terre bien plus à ton goût !
— Gnnn... ça va... ça va...

Ce bracelet avait beau être intéressant, il avait la fâcheuse habitude de râler pour un rien. Le revers de la médaille, certainement.

— … hé, souffla t-il pour Meloet. Tu ne te souviens vraiment de rien ? Du passé... de notre passé ?
— Alalah... non désolée... je sens que je t'ai fait quelque chose d'horrible mais...
— …
— …
— … je vois...

Ambiance au top. Si on m'avait dit un jour, que je serais témoin d'une discussion gênante entre un zombie et un bracelet. Mais trêve de bizarreries, j'étais enfin arrivée à la chambre qu'empruntait Aglaé. Je m'apprêtais à m’avancer lorsque des éclats de voix me surprirent.

— Cette fichue rose ! hurlait une vox féminine. Elle s'était bien fichue de ma gueule... c'était censée être mon combat ! Mon tout premier combat ! Le premier pas de ma délivrance ! Mon moment de gloire !J'y étais presque... je l'avais presque vaincue ! Elle... elle a triché ! Oui, forcément ! La victoire me revenait de droit ! La prochaine fois... la prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça !

Je restais paralysé. Il n'y avait aucun doute, c'était bien la voix d'Aglaé. Et je reconnaissais bien ce ton, c'était celui d'une personne en colère, vengeresse. Étrange, dans mes souvenirs, il me semblait que Wildnis ne tarissait pas d'éloges sur sa femme, surtout en ce qui concernait sa douceur. On ne devait pas avoir la même définition de douceur.

— Elle parle fort, hein ?

Je me retournai vivement, une nouvelle fois surprise par une voix. Tss, j'avais vraiment les nerfs à fleur de peau ce soir. Géraldeline me faisait face, tenant entre ses bras deux énormes oreillers.

— Impossible de fermer l’œil, soupira t-elle négligemment, pourquoi cette folle est allée dans la chambre à côté de la mienne... si je manque de sommeil, je vais perdre mon teint... pfff... obligée d'aller dormir ailleurs...
— Géraldeline, l'interpellai-je avant qu'elle ne s'en aille.

Elle n'avait pas l'air très ravie que je la retinsse mais elle s'arrêta tout de même.

— … quoi ?
— Tu étais avec Aglaé, non ? Il s'est passé quelque chose pour qu'elle finisse dans cet état ?
— Et comment qu'il s'est passé quelque chose. Je la fait courte, Gloria est venue nous arrêter, Aglaé est devenue complètement folle pour X raisons et a perdu, point.
— Elle est... devenue folle ? plissai-je des yeux.
— Elle a sauvagement foncé sur Gloria sans rien vouloir entendre... pourtant, elle est vachement sympa cette Roserade et je ne le dis pas souvent de quelqu'un. Bon, je peux aller dormir maintenant ?
— Euh oui...

Après avoir reçu le feu vert, Géraldeline s'enfonça dans la grotte avec ses deux oreillers géants. Aglaé était... sauvage ? Et aussi extrêmement colérique, vu les cries qu'elle poussait actuellement. Alors là, j'étais bien loin de m'en douter. Je me demandai si Wildnis était au courant de cette facette de sa personnalité.

Bah, après tout, le relationnel ne me concernait pas. Je notais juste quelque part dans ma tête de prendre garde à cette Libégon. Quelqu'un de colérique était très difficile à gérer, et souvent à l'origine d'imprévus très fâcheux.

— Alalah, chantonna Meloet. Tu fais demi-tour ?

De dos, je hochais la tête en continuant ma route en sens inverse. Je n'avais pas spécialement envie de m'entretenir avec la Libégon finalement, je préférais encore imiter les flemmards et partir me coucher.


***

 Le lendemain arriva enfin ; je n'avais quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Comment est-ce que les autres pouvaient s'endormir alors que nous avions encore tant de problèmes sur les bras ? Dès les premières lueurs du jour, je m'empressais d'aller réveiller la bande de tire au flanc.

— Cassis, grogna férocement Brazoro. Un jour... un jour... un jour j'arracherais chacun de tes crocs, un à un, et je te les ferais bouffer !

S'il pouvait s'énerver s'était qu'il avait encore de l'énergie. Rapidement, le reste du groupe sortit de leur torpeur inutile, et nous nous regroupâmes devant la caverne.

Comme convenu, après un ultime adieu, Virchen, Gloria et Snowleis partirent chacun dans leur propre direction. Affienns resta de longues minutes à fixer l'horizon, où disparaissait progressivement ses amis d'enfance.

— Tu es certain de toi ? demandai-je.
— Oui, se raffermit-il. Ils ont passé bien trop de temps ensemble, je pense qu'il faille qu'ils se retrouvent individuellement.

Dommage, au moins j'avais tenté. Alors qu'Affienns voyaient ses amis s'éloigner, c'était la perte de trois puissants Pokémon qui me restait en travers de la gorge.

Toutefois, je ne repartais pas de ce voyage les mains vides, oh non. J'avais acquis Dunkel d'une part, et d'autre part, Affienns avait gardé quelques « séquelles » de son aventure. Son œil gauche rayonnait toujours de cet oppressante éclat écarlate – œil qu'il cachait avec son bandeau – et je le soupçonnais même de pouvoir encore utiliser les énergies élémentaires de ses camarades.

— Bon, déclarai-je, puisque plus rien ne nous retient.

D'un claquement de mâchoire, je fis signe aux autres d'avancer. Virchen ne nous avait pas menti, on était vraiment au beau milieu de nulle part. Un peu plus et je me croirais déjà de retour au désert – si ce n'était qu'à la place du sable, il y avait de la terre sèche. Heureusement, les constants grognements de Brazoro rythmait notre marche monotone.

Une marche très courte cependant. Au bout de seulement dix minutes, le fameux village dépeuplé fut en vue. Il était principalement composé d'une dizaine de maison en paille – dont seules trois étaient encore debout – , et de champs pour la plupart desséchés.

— Ah oui quand même, ne pus-je m'empêcher de lâcher.
— Je me souviens de ce village, expira Affienns avec nostalgie. C'était des petites frappes qui l'avaient construits, avant de nous prêter allégeance... il était bien plus vivant à l'époque, mais j'imagine que les autres étaient bien trop obnubilé par Dunkel pour s'en occuper pendant ces 40 ans.

Je ne comprenais que la moitié de ce qu'il disait, mais il semblait si plongé dans ses souvenirs qu'il serait rustre de ma part de briser ses rêveries.

— … Affienns ? C'est bien toi... ?

Soudain, une voix affaiblie et teintée de surprise raisonna. Le Capidextre sursauta. Un Kecleon s'approcha lentement ; sa fade peau de reptile témoignait de son âge avancé.

— Toi..., souffla Affienns, tu es... euh...
— Hahaha, tu m'as oublié n'est-ce pas ? Ce n'est pas grave, après tout ce temps, c'est naturel.
— … désolé.
— Ce n'est rien je dis. Mais bien plus important, vous êtes enfin de retour ? Je ne pensais plus revoir un membre de la Confrérie de mon vivant !
— Nous avons eu... des problèmes, s'embarrassa Affienns. Et la Confrérie n'est plus désormais, elle s'est dissoute.
— Ah ? C'est bien dommage.

Pour ma part, j'avais eu ma dose de nostalgie pour le moment. Je décidai donc de prendre en main la discussion.

— Excusez-moi, les interrompis-je. Nous nous dirigeons à Wearl, dans le désert à l'ouest. Il y a t-il un moyen de s'y rendre dans le coin ?
— … le désert à l'ouest ? répéta le Kecleon. Je crains ne pas pouvoir vous être utile. Voyez par vous même, il n'y a plus rien ici. Par contre, il y a une ville à trois jours de marche plus bas, si ça vous intéresse.

Argh. Trois jours. Comme si je n'avais pas perdu assez de temps comme cela. Mais faute de mieux, j'acceptais l'information avec un sourire forcé.

— Oh, s'exclama le caméléon. Mais si vous voulez y aller, il vous faudra des prévisions. Je vais vous chercher un sac de baies.
— C-Ce n'est pas la peine ! balbutia Affienns.
— Hahaha..., non, j'insiste. Nous en récoltons bien plus qu'il n'en faut pour nous trois, même en comptant notre invité surprise.

Et le Kecleon fit demi-tour, se dirigeant vers l'une de maison. Cinq minutes plus tard, il revint avec – sans surprise – un sac rapiécé dans sa main.

— Voyez ça comme un cadeau de bienvenue, sourit-il. Sur ce, excusez-moi, j'adorerais discuter avec vous, mais je dois m'occuper d'un Pokémon particulièrement récalcitrant, ohohoh !

Ce fut sur ce rire étrange que le Kecleon retourna chez lui. Mmh, les vieux Pokémon avaient toujours ce petit côté mystérieux qui m'échappait complètement.

Enfin, grâce à lui, nous avions des provisions et une destination. Dommage qu'il ne pouvait pas nous fournir du temps en complément ; je n'avais pas spécialement envie de perdre trois jours pleins à rejoindre une ville inconnue.

— Dunkel, soupirai-je, c'est le moment de nous montrer ce que tu sais faire.

Sans attendre une seconde de plus, je récupérais le bracelet qui croupissait dans ma mâchoire.

— … je le savais, ricana Affienns. Tu étais bien trop intéressée pour le laisser là-bas.

Impossible de le tromper à ce que je voyais. De toute façon, je ne comptais pas cacher ce trésor très longtemps, je voulais juste que les trois autres de la Confrérie – à savoir Virchen, Gloria et Snowleis – crussent à ce qu'il fût encore dans la caverne.

— Tu as besoin de mes pouvoirs infinis ? fanfaronna Dunkel.
— Il faut que je rejoigne un village qui se situe à plus de mille kilomètres de là. Tout de suite.
— Ohé, geignit-il, j'ai des limites quand même ! Surtout sous ma forme d'objet !

Ne venait-il pas de dire que ses pouvoirs étaient infinies ?

— C'était bien toi qui donnait à Snowleis le pouvoir de se téléporter, non ? voulus-je savoir.
— Ça n'a rien à voir. En tant que Pokémon Spectre, elle avait déjà la faculté innée de jouer sur les dimensions ! Je n'ai fait qu'accentuer cette affinité.
— Je vois. Dans ce cas, tu ne peux pas créer un Pokémon de ténèbres factices qui pourrait nous transporter ?
— Ah si ! Je peux créer un Corboss suffisamment gros pour tous vous porter...

Ah, enfin une bonne nouvelle !

— … pendant dix secondes.
— Pardon ?
— Helloooo ! exagéra t-il. Moi forme objet ! Moi bridé ! Moi devoir répéter ça combien de fois ? Et mes créations n'ont jamais été éternelles, même avec ma pleine puissance... snif... je me souviens de la fois où j'avais invoqué un Ténéfix factice pour me tenir compagnie durant mes années de solitudes, j'avais fini par m'y attacher à ce petit bougre ! Mais après seulement quelques heures, il a disparu, comme il était venu... oh, je pouvais en invoquer un autre bien sûr, mais ce n'était pas pareil...

Une veine irritée défigura mon visage.

— Fichue breloque inutile ! m'écriai-je. Je n'ai que faire de tes mélodrames ! Tu ne peux donc réellement rien faire ?
— Méchante, j'ouvre mon cœur là ! protesta Dunkel. Et si tu veux tout savoir, oui je peux faire quelque chose ! Créer un Pokémon, même factice, est très complexe car demande à prendre en compte énormément de paramètres. Cependant, je peux aussi donner à mes ténèbres une forme beaucoup plus simple et répondant qu'à une ou deux fonctions. De cette manière, je peux la faire durer bien plus longtemps
— Ce qui signifie ? m'impatientai-je.
— Prépare-toi à rester bouche-bée !

Le bracelet se mit brusquement à trembloter et aussitôt, un flot de ténèbres en émergea, jusqu'à prendre la forme d'un large tapis nuageux.

— Pas mal, hein ? se vanta Dunkel. Je l'ai appelé le « Tagique », une contraction de tapis et de magique !
— C'est plutôt « Tragique »..., commenta de loin Brazoro.
— Ahem, toussotai-je. Et à quoi ça sert ?
— Mon Tagique à deux fonctions : voler et aller vite. Mais plutôt que de longs discours, prenez place ! Vous serez ébahis par son efficacité.

Je n'avais rien à perdre. Nous montâmes tous sur le tapis, perplexes. Une longue minute passa.

— … j'attends encore d'être ébahie, grognai-je.
— Ah oui, fit enfin Dunken. J'ai oublié un petit détail !
— Quoi encore ? me blasai-je.
— J'ai besoin de recevoir un peu d'énergie de mon propriétaire pour activer réellement mes pouvoirs. En gros, c'est comme une sécurité enfant pour éviter que je n'use seul de ma puissance !

Soupir. Il ne pouvait pas le dire plus tôt ?

— Que dois-je faire alors ? demandai-je d'une voix lasse.
— Oh, rien de spécial. Juste de me tenir et de me transmettre un peu de tes forces. Note que plus tu es généreuse, et plus mes pouvoirs seront puissants !
— Hé bien, on va tester ça tout de suite...

Je saisi fortement Dunkel dans ma main. Lui donner un peu de mes forces, hein. Justement, j'en avais à revendre. J'étais si énervée de perdre autant de temps que j'avais l'impression de pouvoir arracher une montagne d'un seul coup de mâchoire.

Et en parlant de colère, l'image d'une Morflam souriant bêtement apparut dans mon esprit. Quelle idiote celle-là ! Se faire capturer pendant une mission sauvetage d'un kidnapping ! Il n'y avait qu'elle pour le faire ! Franchement lorsque je la retrouverais cette abrutie... ! Gnnn !

Brusquement, je sentis mon corps s'élever, et d'un coup, le « Tagique » fusa à une vitesse folle à travers le ciel ; j'entendis les cris de paniques de mes coéquipiers derrière-moi.

J'étais toutefois rassurée, Dunkel pouvait bien servir à quelque chose finalement ! A cette vitesse, inutile de faire un détour au village au sud, autant aller directement à Wearl. Du moins, si j'arrivais à comprendre comment est-ce que l'on dirigeait ce machin...