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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 23/07/2016 à 19:10
» Dernière mise à jour le 24/07/2016 à 07:41

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 12 : Combustion féerique.
Brazoro

 Ça faisait longtemps que je n'avais pas connu une telle satisfaction. Les Pokémon factices que créait le Précieux étaient ridiculement fragiles, je n'avais qu'à les effleurer d'un Mach Punch pour qu'ils partent littéralement en fumée.

J'avais toujours été conscient de ma propre faiblesse et de mon manque de puissance. J'avais du mal à me souvenir d'un adversaire que j'aurais terrassé seul, de moi-même ; sans doute parce qu'il n'y en avait pas. Par conséquent, le fait d'éclater en un seul coup ces Pokémon postiches était à la fois nouveau et extrêmement jouissif.

Mais je devais quand même faire gaffe, la défense de ces trucs était certes égale – voire inférieure – à zéro, leur potentiel offensif, par contre, était bien réel. Les Mâchouilles des Tyranocif, les Vibrobscurs des Noctali, les Lances-Flammes des Démolosse, les Lames-Feuilles des Tengalice ; toutes ces petites joyeusetés fusaient dans tous les sens.

Et surtout, on avait beau détruire ses illusions de Pokémon, le Précieux en créait en quasi-permanence. Lorsque je faisais disparaître un Pokémon, trois autres le remplaçaient, c'était sans fin. Enfin, ce dernier point valait surtout pour moi. Mes deux amies, elles, avaient une approche bien différente de la situation.

Cassis filait comme l'éclair, anéantissant les Pokémon factices par dizaines en un seul passage. Quant à Meloet elle « s'amusait » tellement bien avec ses gros lasers que rien ni personne ne pouvait l'approcher dans un rayon de cinq mètres.

J'avais presque pitié de ce pauvre Précieux, si ça continuait à ce rythme, il serait bien vite débordé. Enfin, après tout ce que j'avais vécu, un petit combat facile n'était pas désagréable. J'avais même le luxe de penser à Aglaé et Géraldeline, j'espérais qu'elles se débrouillaient aussi bien que nous.


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Géraldeline


— Et donc, mon petit secret reste l'huile de baie Jouca – bio bien sûr – , une simple application le matin sur la peau me garantie un teint éclatant toute la journée, tout en hydratant mes roses comme il le faut. Oh et ne t'inquiètes pas, cette huile est miraculeuse, elle s'adapte à tout type de peau, même tes écailles n'y feront pas exception.

Je hochai la tête, enregistrant la précieuse information ; elle en savait des choses cette Roserade ! Ayant toujours vécu dans un milieu très masculin, je n'avais jamais vraiment eu l'occasion d'approfondir le sujet de la beauté. Bien sûr, je m'occupais de moi du mieux que je le pouvais, mais je n'avais aucune connaissance précise dans le domaine, pouvoir parler avec professionnel comme cette Gloria était une véritable bouffée d'air frais.

— Ah, continua t-elle, si tu comptes t'en procurer, tu devrais en trouver facilement chez n'importe quel marchand de cosmétiques. Fait simplement attention à deux choses : les huiles en général supportent assez mal la lumière, privilégie donc les bouteilles teintées, et prends aussi garde au supplément inutile, une huile est là avant tout pour le soin du corps et non pas pour l'accessoiriser. Il est vrai qu'il est toujours agréable qu'une huile est un bon parfum, mais vérifie bien qu'elle remplit toujours sa mission première. N'hésite pas à questionner le marchand en cas de doutes, et si tu vois qu'il hésite, c'est qu'il essaie de te refourguer de la mauvaise qualité.

Toujours questionner les marchands, c'était noté. J'avouais que n'y connaissant rien, je me faisais souvent avoir lorsque je tentais d'acheter des cosmétiques. Les vendeurs avaient tous cette effrayante faculté de me faire croire n'importe quoi... heureusement que j'avais rencontré Gloria !


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Brazoro

 Étrangement, mon petit doigt me disait que j'étais idiot de m'inquiéter pour elles. Bah, elles savaient certainement se défendre, bien mieux que moi en tout cas.

— Mmmh, gronda le Précieux. Vous êtes plus puissants que je ne le croyais...

La phrase s'adressait sans doute à Cassis et Meloet, mais je la prenais quand même pour moi ; ça faisait toujours plaisir. Et en plus il avait prononcé « puissants » au masculin !

— Cependant, pointa t-il d'un ton vicieux, mon plan a fonctionné. J'ai réussi à vous retenir suffisamment longtemps.

Bam. Je me disais aussi que c'était trop facile. Qu'est-ce qu'il nous concoctait encore ?
Je ne pris pas bien longtemps à le découvrir, derrière nous, un Absol bien mal au point venait d'apparaître fébrilement. Malgré son évident état de fatigue, il y avait quelque chose dans son regard qui me faisait frissonner.

— Grand-Frère..., déclara t-il, je suis désolé d'arriver aussi tardivement...
— Ce n'est pas grave mon brave Azorn, lui répondit le Précieux d'un ton chaleureux. L'important est que tu soit présent désormais. Comme tu peux le constater, quelques « imprévus » se sont invités et nous causent quelques troubles.
— Je suis désolé Grand-Frère, s'aplatit l'Absol. Je n'ai pas pu vaincre cette Mysdibule et la Roussil qui l'accompagnait...
— Ce n'est rien. Il est encore un peu tôt, mais Affienns est déjà à un stade d'assimilation suffisant. Tu peux le sentir toi aussi, n'est-ce pas ? Tu commences à avoir accès à ses pouvoirs.
— Vous voulez dire que nous pouvons enfin passer à l'étape 2 ?

Assimilation, étape 2, tant de mots qui sonnaient très mal dans mes oreilles.

— Le pion fait enfin son entrée ? se moqua Cassis.
— Taisez-vous, répliqua sèchement ce dernier. Vous ne pouvez pas comprendre.
— Ça oui, je ne peux pas comprendre qu'on puisse se laisser manipuler comme cela. Ça te plaît tant que ça de devenir l'hôte d'un feu qui parle ?
— L'hôte ?
— Ah ? Vous n'êtes pas au courant ?
— Assez, tonna le Précieux.

Visiblement, Cassis avait dû dire quelque chose qu'il ne fallait pas puisque le brasier de ténèbres s'était empressé de reprendre la parole.

— Ne laisse pas cette intruse te polluer l'esprit, continua-t-il. Tu es bien trop proche de ton but pour flancher maintenant.
— Oui, Grand-Frère, s'inclina servilement l'Absol.
— Détends-toi et laisse mes pouvoirs t'envahir !

Soudain, le brasier ténébreux explosa littéralement en de nombreuses langues de feu qui fusèrent avant de se faire absorber par le Absol. L'onde obscure qui s'en suivit fut si puissante qu'elle anéantit tous les Pokémon factices d'un seul coup, tout en m'envoyant brutalement m'écraser contre le mur.

Lorsque je rouvris les yeux, mon premier réflexe fut de vouloir les refermer tout de suite. Sa fourrure s'était teintée d'un noir profond et les nombreux éclats blanc scintillant qui la parsemait lui donnait une mystique aura cosmique. Quatre énormes bras d'ombre qui se terminaient en mains crochues sortaient de son dos, perfides et menaçantes. Une corne comme celle qui ornait son crâne avait poussé sur chacune de ses pattes, et que dire de leurs griffes, qui suintait des ténèbres liquides à profusion.
… il ne manquait plus qu'il dît quelque chose comme « je suis méchant » pour parfaire le tableau.

— Je sais à quoi vous pensez, siffla l'Absol d'une voix désormais étrangement grave. Mais que voulez-vous, je suis les Ténèbres, il faut bien que je réponde aux critères !
— … vous êtes le Précieux, n'est-ce pas ? grinça Cassis.
— Rien ne vous échappe !

L'Absol – apparemment possédé par le Précieux – fit quelques pas hésitants. Puis, il s'immobilisa et commença à pouffer doucement, avant d'éclater de rire.

— HAHAHA ! Ça faisait tellement longtemps ! Je peux enfin bouger, sentir mes muscles s'activer, l'air gonfler mes poumons et... !

Soudainement, la monstruosité chancela fortement, comme si elle souffrait.

— …gnn.... Affienns n'était pas encore tout à fait prêt.... tant pis, je ferais avec. J'ai largement assez de puissance pour tous vous éliminer !

D'un seul coup, ses quatre bras obscurs s'élancèrent furtivement vers chacun d'entre nous, deux sur Cassis, un pour Meloet, et un pour moi. Je... n'avais vraiment pas envie de me faire toucher par ce truc ; cette espèce de substance noirâtre qui coulait des griffes ne me disait rien qui vaille.

Je n'étais pas comme Cassis qui pouvait agilement voler entre les bras, et encore moins comme l'invincible Meloet qui s'était déjà fait embrocher par des griffes mais qui semblait s'amuser de la situation.
Pour ma part, j'usais de mes Mach Punch en catastrophe pour éviter le pire ; ce n'était franchement pas beau à voir.

Qui disait Mach Punch en catastrophe disait que je n'avais pas le temps de calculer ma force. En gros, à chacun de mes Mach Punch désespérés, je m’aplatissais stupidement contre un mur et je devais vite me ressaisir et en relancer un autre tout aussi pitoyable sous peine de me faire trancher par des griffes obscures.

J'en menais vraiment pas large. Sauf que comme le Précieux n'arrivait pas à toucher Cassis, il intensifia encore plus ses assauts, à mon grand dam. Je pouvais comprendre que pour des monstres comme Cassis ou Meloet, il était nécessaire d'augmenter le niveau pour avoir une petite chance de les vaincre, mais pour moi, sérieusement, ce n'était pas obligé de se donner cette peine ! Mais allez faire comprendre ça à ce Absol possédé.

Je me voyais donc encore plus désespéré et plus pitoyable qu'avant. Les mouvements des bras obscurs avaient doublé de cadence, et ce n'était pas tout ; l'Absol crachait aussi des missiles de ténèbres en boucle. Et à tête chercheuse bien sûr, sinon c'est pas drôle. Ah, sans oublier le fait que lorsque ces missiles touchaient le sol, elles se transformaient en Pokémon Ténèbres factices, comme ceux du début. Pokémon qui ne se gênaient pas à rejoindre la mêlée, pour plus de fun.

— ..gé-ni-al, pestai-je contre le destin.

Cependant, la situation désastreuse mit mes neurones en ébullition et j'eus soudain une inspiration salvatrice. Et si je fusionnais les deux seules capacités que je maîtrisais, à savoir mon Mach Punch et ma Roue de Feu, ça pourrait me donner une nouvelle carte possiblement utile pour théoriquement me sortir de ce pétrin. Ça faisait beaucoup d'incertitudes, mais je préférais une possible survie qu'une mort certaine.

Je fis le vide dans mon esprit, concentrant toute mon énergie Feu autour de moi, tout en m’immergeant d'aura Combat. Une légère pulsion, et je fis exploser ma puissance.

Je vis le paysage défiler à toute vitesse devant moi, plus que quand j'utilisais un simple Match Punch. Une épaisse masse de feu ardente me recouvrait ; conjuguée à ma vitesse, elle me donnait l'air d'être un véritable météore. Oui, c'était ça ! Un véritable Astérocanon ! J'avais réussi à apprendre une nouvelle attaque !

Mais évidemment, tout ne pouvait pas si bien se dérouler. Dans ma joie, je n'avais pas vu que je me dirigeais tout droit vers l'Absol ; ce dernier était bien trop concentré sur Cassis pour me remarquer. L'impact fut rude, plus pour moi que pour lui, sûrement. Mais ce qui me fit le plus flipper, ce fut le gros regard sinistre qu'il me lança.

— ...hihihi..., lâchai-je nerveusement. Si je dis que je n'ai pas fait exprès, ça passe ?

Sentant le danger, je pris mes jambes à mon cou, pourchassé par deux bras d'ombre qui ne rêvaient que de me dépecer...


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Cassis

 Dire que je me plaignais d'Azorn ; sa forme « possédée » était bien plus exaspérante ! Je devais pousser ma Danse Magnétique à mon maximum pour suivre le rythme effréné du Précieux, je devais même avouer que sans l'intervention surprise de Brazoro, je me serais prise un sacré coup.

Le plus gros problème était les Pokémon factices que créait mon adversaire en permanence. Ils étaient certes extrêmement fragile, mais avec le Précieux qui me mettait le pression, je n'avais plus une seconde à moi, j'étais une cible parfaite pour eux.

— Hahaha, s'amusa mon adversaire. Surprise ? Vous ne pensiez pas qu'un « simple feu » puisse être aussi puissant, n'est-ce pas ?
— C'est vrai, grinçai-je. Juste une question, où est Azorn ?
— Cet idiot ? Sa conscience est enfouie à l’intérieur de ce corps. Ne t'inquiètes pas trop pour lui, il est bien mieux là où il est. Et puis, il a toujours voulu être plus fort et j'ai exaucé son vœu ! Au fond, ne suis-je pas le gentil dans l'histoire ?
— … je suis vraiment obligée répondre à cette question ?

Mine de rien, ces petits moments de parlotte étaient salvateur pour moi, ils me permettaient de reprendre mon souffle dans cet enfer.

— Haha, non ; ton expression parle pour toi ! Bah, j'ai l'habitude, en tant que Précieux de Ténèbres, on m'associe bien souvent au mal incarné. Mais qu'y puis-je ? Je suis né comme ça, je n'ai pas choisi d'être de ce type ! Pourquoi tant de haine pour les Ténèbres ? Si j'étais de type Fée, tout le monde m’adorerait c'est ça ?
— … vous devriez aller voir un psy, soupirai-je.
— Malheureusement, j'y suis immunisé... Bref, la pause est terminée, on reprend notre danse ?

Comme s'il allait attendre ma réponse. L'agilité démoniaque du Précieux surpassait la mienne ; je le voyais bien, il n'était pas encore à fond. J'avais encore un atout dans ma manche cependant. Un atout que je n'aimais vraiment, mais alors vraiment pas utiliser. Un traumatisme d'enfance... finalement, ce serait peut-être moi qui aurait besoin d'un psy.

Je grimaçai. Mais pouvais-je vraiment me laisser submerger par mes vieux démons ? Il y avait beaucoup trop de personne qui m'étaient proche dans l'équation. Déjà, Affienns était en danger. Si je perdais, Brazoro serait le prochain sur la liste. Il y avait Aglaé et Géraldeline aussi, qui étaient on ne savait où. Sans oublier Morflam que je devais châtier pour désertion. Ce fut surtout cette dernière pensée qui amplifia ma détermination.

… ce que je m'apprêtai à faire me dégoûtait. Au fond c'était stupide, et je le savais. Mais je n'y pouvait rien, les souvenirs frustrants affluaient dans mon esprit. Brusquement, j'esquivai in extremis un coup de corne éclair qui failli m'envoyer au tapis. Gnn ! Tant pis, je n'avais plus le choix !

Je reculai vivement, gardant mon adversaire bien en vue. Allez, advienne qui pourra ! J'expirai longuement, cherchant au plus profond de moi cette force que je ne cessais de renier. Malheureusement, seule cette force pouvait m'aider.

Je sentis cette horrible aura m'envahir, parcourant chacune de mes fibres ; l'acier de mon corps se réchauffa d'une douce mais cependant, repoussante sensation. La teinte acier de ma mâchoire dont j'étais si fière changea, s'éclaircissant d'une effroyable couleur rosâtre, couleur qui remplaça de même le rubis de mes pupilles qui prirent une catastrophique forme florale. Une légère et angoissante émanation rosée m'entourait doucereusement.

— …

Le Précieux resta en retrait, un air à la fois curieux et rebuté sur le visage.

— Ah oui... j'avais oublié, geignit t-il. Les Mysdibule sont aussi de type Fée...
— …

Je ne savais plus quoi dire. C'était quand la dernière fois que j'avais fait exploser mon type Fée ? Pas depuis des années. Ce type allait franchement me le payer, pour m'avoir forcer à prendre cette forme immonde !

— Waouh, commenta Brazoro. Je découvre une nouvelle facette de toi, Cassis ! Tout ce rose dégoulinant... même tes yeux en changées, on dirait des petites fleurs !
— Alalah ! chantonna Meloet toujours embrochée par un bras d'ombre d'Azorn. Tu es toute mignonne comme ça !
— …

Voilà. C'était typiquement pour ça que j'abhorrais cette forme. Mignonne. Combien de fois on m'avait chambré là-dessus à l'école du Roi d'Argent ? Je ne suis pas mignonne, je suis forte. Comment pourrais-je avoir la moindre crédibilité avec des pupilles en forme de fleurs ?! Tous ses sourires en coin que les autres élèves me lançaient ! Sans oublier ce surnom « Petite Féfée » qui me suivait partout ! Gnnn !

Le destin m'avait vraiment jouer un très mauvais tour. Mes nombreux entraînements et tests affluaient tous vers le même résultat : c'était dans mon type Fée que je tirais ma plus grande puissance. Tsst. J'aurais pu l'accepter, si seulement je n'étais pas obligée de me vêtir de cette affreuse teinte rosâtre dès que je l'utilisais !

Je fulminais intérieurement. Cette journée était une mauvaise journée. Une très mauvaise. Extrêmement mauvaise. Désastreusement mauvaise. J'avais une furieuse envie de détruire. De tout détruire. De détruire le monde entier.

Enivrée par la rage, je me précipitai vers l'Absol possédé. J'avais beau maudire mon pouvoir, force était de constater qu'il décuplait mes sens. Les mouvements du Précieux qui autrefois me paraissait presque imperceptibles avaient perdu de leur vélocité, je me faufilais à travers ses bras d'ombre avec une facilité déconcertante ; bientôt je me retrouvais en face de lui, je fermai fermement ma mâchoire et se fut un détonnant coup de gueule qui propulsa le Précieux à une vitesse phénoménal. Il se heurta au mur, sans pour autant s'y arrêter, il traversa un bon mètre de couches rocheuses avant que ces dernières n'absorbassent toute l'énergie de ma frappe.

Le Précieux s'extirpa difficilement de la roche, mais je l'attendais. Je m'étais déjà installée au plafond, et dès que mon adversaire fut sous moi, je déclenchai mon Bastion – démultipliant mon poids – et je me laissais brutalement tomber sur lui. Le doux son de son souffle coupé fit naître sur mes lèvres un sourire d'extase.

D'un rapide salto arrière, j'écrasais de nouveau ma mâchoire fermée sur le flanc d'Azorn, qui s'envola vivement, d'un seul appui qui produit une violente onde de choc, je me propulsai en un instant, et je le renvoyai s'enfoncer au sol avec fracas.

Je m'apprêtai à continuer mon enchaînement, le Précieux se ressaisit miraculeusement et contra ma gueule meurtrière de son énorme corne. Soudain, il disparut dans une épaisse traînée de fumée noire. Je ne laissais pas ma surprise me paralyser bien longtemps ; mon instinct me prévint du danger. Je me retournai vivement ; ma mâchoire bloqua un féroce coup de corne ténébreuse.

Voyant qu'il condensait de l'énergie dans sa bouche, je rompis le contact, lui donnai un rapide coup de gueule latérale sur sa corne et me servis de cet appui pour prendre mes distances. L'Absol possédé cracha une immense gerbe de flammes qui noirci intensément la roche, avant de se transformer en armada de Spiritomb factices qui s'accrochèrent aux parois du mur avant de bombarder toute la pièce de rayons de Vibrobscurs.

Je fus obligée de me placer ma mâchoire devant moi pour me protéger. Je jetai un petit coup d’œil vers Brazoro pour voir comment il s'en sortait ; plutôt bien visiblement, il se servait astucieusement de la tête de Meloet comme un bouclier.

Le Précieux lui, ne souffrait aucunement des Vibrobscurs, au contraire, ces derniers se firent absorber par sa fourrure et semblait même le renforcer. Heureusement, Meloet crut que les Spiritomb voulaient jouer à « qui-envoie-le-plus-gros-laser », un jeu où elle ne pouvait décemment pas perdre ; en quelques secondes, la partie fut terminée.

Cependant, je n'étais pas encore au bout de mes peines. Le Précieux donna un coup de corne dans le vide, ce qui créa une gigantesque onde de choc ténébreuse latérale, lorsque je l'esquivai, elle se divisa en une dizaine d'Amphinobi d'ombre qui m'entourèrent, avant de fuser sur moi tel des kamikazes fulgurants ; il se produit une terrible détonation qui me souffla jusqu'au mur.

Je vis le Précieux de ténèbres s'élancer vers moi, la corne en avant. Ah, s'il pensait profiter de mon état de choc temporaire ! Au dernier moment, je tournoyai horizontalement, surpris, mon adversaire ne put rien faire lorsque l'acier ma mâchoire heurta bestialement son crâne.

Malgré la violence du coup, le Précieux se remit sur ses pattes. Je pestai. Plus le combat s'éternisait, plus j'étais obligée de rester dans cette maudite forme de « Petite Féfée », et plus ça me mettrait en rogne. Ce type disait qu'il avait les mêmes faiblesses que le type Ténèbres, hein ? Eh bien j'allais le lui en donner de la faiblesse !

Je concentrai ardemment mon aura Fée qui se mit à crépiter spectaculairement tout autour de moi. Lorsque j'écartai les bras, une véritable tempête de Vent Féerique déferla monstrueusement ; je pouvais voir à la grimace que tirait le Précieux que cela ne lui plaisait pas du tout.

Mais je n'allais pas m'arrêter là. Je poussai un profond hurlement ; d'immenses tornades rosâtres dévastatrices se formèrent et balayèrent impitoyablement le Précieux. Et puis, toute cette déferlante d'énergie se condensa, formant une scintillante sphère féerique qui emprisonna l'Absol en son sein. Avec un sourire, je claquai ma mâchoire, donnant le signal.

La sphère explosa. Pas une simple explosion, non. Une authentique explosion, qui fit trembler toute la caverne durant une bonne minute. Il n'y eut cependant pas le moindre éboulement, la déflagration annihila tous les morceaux susceptibles de tomber, ne laissant que la roche la plus solidement ancrées.

Je me laissai tomber au sol, complètement vidée. J'y étais peut-être aller un peu fort. Soudain, je me souvins que je n'étais pas seul sur le champ de bataille et une inquiétude m'envahit, cependant...

— Mais c'est pas vrai, c'est une journée à thème ?! hurla la voix de Brazoro. D'abord Meloet qui se la joue Électrode et maintenance Cassis qui se la pète littéralement ! Honnêtement, vous voulez me tuer, hein ?! Quelqu'un vous a dit qu'on est alliés ?!

… ah, il était encore vivant, et bien en forme visiblement. Ceci dit, je me demandais comment il avait fait pour survivre à mon attaque... Enfin, au moins, on en avait fini avec ce Précieux.

Du moins, c'était ce que je croyais. Son corps que je pensais inerte frémit légèrement, et quelques secondes plus tard, il se remit sur ses pattes. Chancelant, mais debout.

— … fichue fée, cracha t-il. Décidément, parmi toutes mes faiblesses, c'est celle que je déteste le plus...

Le Précieux me regarda. Je peinais à tenir sur mes jambes, forcée de crisper mes muscles pour ne pas tomber. Il ricana légèrement.

— Tu étais une adversaire formidable, l'idéal pour fêter ma réincarnation. Mais c'est fini maintenant.
— Vous avez raison sur un point, c'est bien fini.

Une puissante voix résonna à travers la salle, même le Précieux ne put cacher son étonnement. Un Shaofouine bondit et s'interposa entre le monstre de ténèbres et moi.

— Virchen ? … ah, ça ne devrait même pas me surprendre, lâcha le Précieux. J'ai toujours su que mon influence sur toi était moindre, surtout à cause de ton fichu type Combat.
— Eh oui, pas de chance, n'est-ce pas ? siffla le Shaofouine. Vous avez peut-être réussi à embobiner les autres, mais ça ne marche pas sûr moi. Maintenant, je vois clair dans votre jeu. Votre but était de posséder Azorn depuis le début.
— C'est cela oui, et c'est un but que j'ai réussi à atteindre. Ne te fais pas de fausse idée Virchen, j'ai une idée très précise de ta force. Même si cette fichue fée m'a bien amoché, je peux encore largement te faire mordre la poussière.
— Je suis prêt à prendre le pari.

Le dénommée Virchen fit rayonner ses longs bras d'une éclatante aura irisée et affronta le Précieux. Ses mouvements étaient bons, très bons même. Il possédait une agilité stupéfiante, ses coups étaient précis, acrobatiques... mais clairement insuffisants ; le monstre de ténèbres avaient indubitablement l'avantage.

Mais alors qu'un combat faisait rage, une voix fluette chantonnait très joyeusement.

— Alalah ! Mon corps ! Mon corps est lààà !

Son corps ? … ah oui, effectivement, son corps l'attendait patiemment à l'entrée de la salle. Depuis quand est-ce qu'il était là ? Bref, inutile de chercher à comprendre. La tête de Meloet roula précipitamment vers lui et d'un bond, elle reprit sa place originelle.

— Ouiii ! Je suis enfin complète !

… au moins, il y en avait une dans l'histoire qui était contente. Savait elle au moins qu'une créature de ténèbres millénaire avait décidé de nous tuer ? Je profitai du moment de répit que me procurait ce Virchen pour me remettre sur pied. La Shaofouine ne pourrait certainement pas le vaincre, mais si je pouvais rassembler suffisamment d'énergie pour reprendre moi-aussi le combat...

D'ailleurs en parlant de combat, je n'entendais plus ni fracas ni cri de guerre. Ce silence m'interloqua. Lorsque je reportai mon attention vers Virchen et le Précieux, je me rendis compte qu'ils avaient totalement arrêté de se battre. Et pour cause, le Précieux s'était immobilisé, une expression de terreur sur le visage.

— N-Non ! hurla t-il. Pas toi ! C'est... impossible !

Il parlait à qui ? Je suivis son regard et je tombai sur... Meloet, forme complète. Il avait peur de Meloet ? Bon, je devais l'admettre, elle était bien plus forte que le suggérait son apparence, sa capacité à cracher ses rayons phénoménale – que je soupçonnais être des Ultralaser – était impressionnante. Cependant, elle était tellement décontractée et hors de la réalité qu'elle n'était pas une réelle menace.

— Alalah ? pencha t-elle de la tête. On me demande ?
— Reste loin de moi ! recula le Précieux. Après toutes ces années, comment oses-tu te présenter à moi ? Alors que je m'apprête être totalement libre, dans un véritable corps !
— On se connaîîîît ? chantonna Meloet. Tu es un de mes amis ? Alalah, je suis si heureuse d'avoir retrouver un ami !
— Ne fais pas l'innocente ! Tu n'es certainement plus... je veux dire... pas mon amie ! Pas après tout ce que tu m'as fait ! Aaah... je me disais bien que cette tête m'était familière, tu as tenté de me tromper en séparant ton corps, avoue-le ! Mais maintenant que je te vois en entier, je comprends tout...

Et voilà, ça recommençait. Une discussion où je ne comprenais strictement rien. Cependant, une chose était claire : le Précieux avait peur de Meloet. Dans ce cas...

— Hé Meloet, l'interpellai-je. Je crois que ton ami veut jouer avec toi. Tu peux te rapprocher de lui ?
— Alalah, évidemment !

C'était que je commençais à la comprendre la Meloet, quelques mots et on pouvait lui faire faire ce que l'on voulait.

— Câliiiiin ! courra t-elle vers l'Absol possédé.
— N-Nooon ! Recule, recule !!

Le Précieux s'affola, il cracha toutes les flammes ténébreuses qu'il le pouvait, mais ces dernières rebondissaient simplement sur la chanteuse zombie. Pire encore, Meloet prit ces « attaques » comme une invitation à jouer. Après un petit bond accompagné d'une petite exclamation enjouée, elle retomba vers l'Absol qu'elle enlaça de ses bras.

Soudain, il se produisit ce que je n'aurais jamais imaginé. Un épais nuage noire sortie du corps d'Azorn, il tournoya tortueusement dans un hurlement sourd, jusqu'à former un énorme visage tordu de fumée ténébreuse.

— J-J'y étais presque..., se plaignit-il. Presque ! Pourquoi a t-il fallu que tu réapparaisses... pourquoi... maintenant ?! Aaarh !!

Dans un cri de douleur, le nuage s'agita lugubrement et se remit à tournoyer jusqu'à prendre la forme d'une tornade qui rapetissât petit à petit, jusqu'à finalement totalement disparaître.

Un long silence pesant s'installa. Que... que c'était-il passé, exactement ? Inutile de poser la question, sans doute que personne ici ne le savait réellement. Choquée, je m'avançai bêtement vers l'endroit où se trouvait mon ancien adversaire. Le corps inconscient d'Azorn s'y trouvait ; il respirait encore. Mais ce n'était pas tout, à ses côtés, quelque chose de brillant attira mon attention.

C'était un espèce d'ancien bracelet d'argent sertie de pierres noires comme la nuit. Il n'y avait rien de tel auparavant ; enfin, je devais avouer ne pas avoir vraiment inspecter la pièce de fond en comble avant le combat contre le Précieux.

— …

Soudain, Meloet me poussa doucement et ramassa le bracelet. Je voulus protester mais son attitude m'en dissuada. Elle n'était pas comme d'habitude, elle se tenait droite, ses yeux fixés uniquement sur le bijou.

— …Dunkel..., prononça t-elle enfin.
— Meloet ? l'interrogeai-je.
— ..il..il s’appelle Dunkel... je..je m'en souviens maintenant. Il... il était souvent avec moi..avec les autres...

Non, je ne comprenais toujours pas. Mais je ne voulais pas la brusquer, c'était la première fois que je la voyais parler sérieusement et je ne voulais pas gâcher ce moment d'anthologie.

J'étudierais la question plus tard. Cette journée de fou était presque terminé, je n'avais plus qu'à retrouver Affienns et à quitter cette fichue caverne. Selon le Précieux, il se trouvait juste dans la pièce derrière celle-ci. Plus que quelques pas ; plus que quelques pas et tout ne sera plus qu'un terrible cauchemar.