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Stalhblume de Clafoutis



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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 08/06/2016 à 02:40
» Dernière mise à jour le 08/06/2016 à 02:40

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 6 : Rencontre entre Ombre et Lumière.
Belcol-Exion

Stalhblume, Morflam – camouflée dans ses Feux-Follets obscurs – et moi nous approchâmes de la montagne qui abritait Wearl. De près, elle était vraiment impressionnante ; un énorme bloc rocheux qui semblait n'avoir rien à faire dans ce désert monotone. Wearl était invisible de l'extérieur, bien protégé et camouflé dans le ventre de la montagne, seules les huit géantes tours de guet caressant et éclairant le ciel de leurs puissants phares signalaient sa présence.

Arrivés au pied de la falaise, Stalhblume nous lança un regard grave. J'acquiesçai. Fini de rire, à partir de cet instant, j'avais intérêt à être le plus sérieux possible si je ne voulais pas connaître un sort fâcheux, genre, la mort.

Je déglutis. Quand je pensais qu'il fallait gravir le sommet de cette montagne, puis la redescendre pour atteindre Wearl... brrr... j'en étais malade. Moi, mon truc, c'était de creuser des trous. Sauf que cette montagne était bien trop dur pour espérer y percer un tunnel avec mes seules pattes, dès fois, j'enviais vraiment les Minotaupe !

Pourquoi avait-il fallu que mon frère vantât mes talents d'infiltration ? Il était vrai que j'étais supérieur à la moyenne pour ce genre de truc, mais cela ne signifiait pas que j'aimais faire ça. J'aurais largement préféré rester me reposer au camp. Quand je pensais que le reste du groupe pouvait buller pendant que je risquais mes écailles...

Stalhblume en tête, nous gravîmes la parois avec plus où moins d'agilité. Pour faire simple, notre Mysdibule local semblait totalement dans son élément, allant de prise en prise comme si elle le faisait depuis sa naissance. De mon côté, ça allait, je n'étais pas un expert en grimpette mais je me débrouillais. Quant à Morflam...

— WAAAAH !!
— … silence, imbécile ! grommela silencieusement Stalhblume.
— ...désolée ! s'excusa rapidement cette dernière. Mais je viens juste de me rappeler que j'ai oublié de manger une baie ! La pauvre, je l'ai laissé seule dans ma tente, elle doit se sentir seule...
— …
— … euh sinon, tu peux venir m'aider ? J'ai la fourrure coincée entre deux rochers...
— …...

… et bien Morflam, elle était Morflam. Je sentais la colère monter dans la mâchoire de Stalhblume, toutefois, sans doute par soucie de discrétion, elle retint son courroux.

Finalement, par je ne savais quel miracle, même si la Roussil faisait tout contre, nous parvînmes au sommet de la montagne sans nous faire repérer. Maintenant, il ne restait plus qu'à redescendre jusqu'au village, super. C'était que je commençais à fatiguer moi.

— Les choses se corsent..., marmonna Stalhblume.

Et elle avait raison, le côté que nous venons de franchir ne comportait aucune difficulté particulière. Cependant, pour descendre jusqu'au village, nous nous rapprochons aussi fatalement aux fameuses neuf tours de guets... et surtout à leurs phares en suractivités. Des halos lumineux éclairaient sans cesse chaque millimètres de la falaise.
Encore une fois, je n'étais pas un expert stratégique, mais j'avais tendance à penser que si jamais l'un de nous mettait la patte dans l'un de ses halos, la mission d'infiltration serait légèrement compromise.

— Morflam, insista Stalhblume en pointant la lumière des tours. Écoute-moi bien, tu ne dois pas marcher la dedans. Compris ?
— …. pourquoi ? demanda t-elle innocemment.

Je manquais brusquement d'exploser de rire, et la tronche que tirait notre chère Mysdibule ne m'aidait pas à me retenir !

— Je plaisante ! Je plaisante ! recula vivement la Roussil.
— J'ai peur..., grinça Stalhblume. Sérieusement Morflam, tu penses pouvoir descendre jusqu'au Wearl sans, je dis bien SANS te faire repérer ? Ton camouflage de Feux-Follets est bien gentil, mais il ne servira à rien si tu passes sous les projecteurs !
— Huhu, ne me sous-estime pas ! ricana Morflam. Prends garde, tel que tu me vois actuellement, je ne suis qu'à 10% de ma puissance maximum ! Mouahaha !
— Silence ! pesta Stalhblume.

Je soupirai, mi-lassé, mi-amusé. Quel numéro cette Roussil ! Je me demandais si elle avait vraiment conscience de la gravité de la situation. Si j'osais dire, je pensais qu'elle vivait dans un monde bien à elle, où tout n'était qu'un jeu. En soit c'était une attitude rafraîchissante, cependant, si elle était véritablement incapable d'être sérieuse lorsqu'il le fallait, j'avais terriblement peur pour la suite.
Et ce qu'elle allait dire par la suite n'était pas pour me rassurer...

— Haha ! ignora totalement Morflam. Je comprends ta suspicion, mais c'est tout naturel. Nitrocharge !
— Qu... ! n'eut même pas le temps de formuler Stalhblume.

Mon cœur faillit aussi s'arrêter lorsque Morflam fulmina de flammes – heureusement aussi ténébreuses que son camouflage – avant dévaler la pente tête baissée.
Toutefois, je ne pouvais me mentir à moi-même ; cette Roussil savait ce qu'elle faisait. Armée de sa nouvelle vitesse, elle slalomait avec audace et efficacité entre les halos de lumières, les esquivant absolument tous.

— Celle-là..., grommela Stalhblume.
— Au moins, elle ne se fait pas repérer, tentai-je de tempérer.
— Elle est surtout intenable et totalement imprévisible. Enfin, le mal est fait. Dépêchons-nous de la rattraper avant de la perdre de vue.

Et Stalhblume partit avec son élégance habituel. Elles étaient drôles toutes les deux ! Je devais les suivre, ok, mais je n'étais pas un monstre de puissance non plus ! Jamais je ne serais capable d'imiter les mouvements féeriques de Stalhblume – qui en plus savait voler avec sa Danse Magnétique – ou encore la vitesse inconsciemment redoutable de Morflam.

Heureusement, les projecteurs des tours semblait toujours suivre le même motif. Ça ne devrait pas trop difficile de tous éviter finalement, en faisant un peu gaffe. Haha, c'était ça l’avantage à nous autres, les paresseux ; on avait suffisamment de jugeote afin de faire le moins d'efforts possibles pour la même efficacité !


____________________

Eurasc


 Un groupe de trois. La Mysdibule, accompagnée d'une étrange Roussil et d'un Carmache. Ils avaient réussi à pénétrer Wearl sans se faire voir. Intéressant. Que comptait-il faire ici, en un si petit comité ? Quel impact allaient-ils avoir sur le destin ? Si j'avais du sang, celui-ci bouillirait d'anticipation.

Ah, mais comment pouvais-je avoir connaissance de la présence de ses trois intrus si personne ne les avait détecté ? A vrai dire, ce point m'était obscure. Je le savais, c'était tout. C'était dans ma nature, presque rien ne pouvait m'échapper. J'ai longtemps cessé de chercher des réponses à ces interrogations.

Je ne savais pas ce que j'étais, ni même mon origine. Tout ce qui importait, c'était mon rôle ; le messager du destin, de la fatalité. Et quelque soit la raison de leur présence, en foulant Wearl de leurs pattes, ces trois Pokémon défiaient la fatalité même. Ils scellaient leur destin. Tout était déjà écrit. Je savais leur défaite inévitable.

Ce n'était ni présomption ni vantardise. Leur force cumulée était infiniment inférieure à la mienne. Cependant, je savais ma puissance injuste. J'utilisais très rarement ce mot, car j'estimais que tout ce qui existait était juste. Mais justement, je n'étais pas censé exister. Difficile à comprendre, n'est-ce pas ?

Moi même, j'avais mis du temps avant d'arriver à cette conclusion pourtant évidente. J'étais unique. Mon corps nébuleux alliant ténèbres et lumières, ma force dépassant le sens commun, mon don de tout savoir sans même le vouloir, mon absence de parents, ma capacité à créer des Tsjins, des créatures serviles me ressemblant... personne d'autre dans ce monde ne possédait pareil pouvoir.

Il n'y avait qu'une seule et unique raison à cela : j'étais l'exception. Cette fameuse exception à la règle, qui à la fois la brise mais là protège également. Une règle nommée Destin.

Mais je ne devais pourtant pas oublier les bonnes manières. J'avais conquis Wearl, j'en étais donc le Maire. Si des Pokémon venaient visiter ma demeure, il était d'usage que je les accueillisse. Je fermai les yeux.


***

Je rouvris les yeux. J'entendis des cris de surprises. Une réaction logique, si je me fiais à mes précédentes expériences. Premièrement, les Pokémon étaient souvent surpris lorsqu'on apparaissait devant eux à l'aide d'un Téléport, et deuxièmement, mon corps vaporeux mêlant ombres et lumières suscitait toujours des réactions similaires.

— Qui êtes vous ?

Une voix ferme. Peu hésitante. Violente. La Mysdibule, Stalhblume, ou Cassis. Je pouvais sentir une grande détermination en elle. Quelle gâchis. Son potentiel était énorme et pourtant, elle luttait afin de détruire le magnifique ordre établit par la société. Si elle œuvrait en faveur de la Loi d'Or, sans doute pourrait-elle devenir un grand personnage de ce monde.

— Je me nomme Eurasc, répondis-je simplement.
— … !!

A l'annonce de mon nom, une intense surprise jaunâtre teinté d'une peur indigo émana de la Roussil. Elle connaissait mon nom, cela ne faisait aucun doute. Un..., oui, c'était un Capidextre qui le lui en avait parlé. Et... ce Capidextre l'avait appris par un Shaofouine, un Pokémon que j'avais déjà affronté auparavant.

Cependant, cette surprise et cette peur particulière que ressentait la Roussil n'était nullement partagée par la Mysdibule et le Carmache. Ces deux derniers ne connaissaient pas mon nom. Étrange. Pourquoi la Roussil ne leur en avait pas parlé ? Elle en avaient largement le temps. … Haha, c'était assez mystérieux pour moi, cette sensation de ne pas savoir quelque chose.

— Je suis le Maire de Wearl, précisais-je.

La mâchoire de la Mysdibule, non Stalhblume serait plus approprié maintenant, s'éleva. Une réponse attendue.

— Je ne suis pas venue me battre, restais-je impassible.
— Mais moi si, me lança t-elle.
— Euuuh... ce n'était pas une mission d'infiltration à la base ? s'interrogea la Roussil.
— C'était censé, soupira le Carmache. Mais vu que le Big Boss se trouve devant nous, je pense que quelque chose a foiré dans cette histoire d'infiltration...
— Changement de plan, sembla sourire Stalhblume. Il est seul, nous sommes trois. La Loi d'Or d'Iræ est très claire, il suffit de vaincre le Maire pour prendre sa place ! Morflam, Bel..hem... le Carmache !

Stalhblume s'éleva et fusa vers moi, suivit de ses deux camarades. Je restais immobile, ce n'était pas le peine de bouger. En un instant, des dizaines de pics nébuleux fusèrent de mon corps nuageux et mirent à terre mes assaillants. Le Carmache fut mit inconscient sur le coup, et le torse de la Roussil était ensanglanté. Le contrôle de ma force avait toujours été un problème, je voulais pourtant simplement les immobiliser...

Stalhblume se releva, confuse. De son point de vue, cela devait sembler incompréhensible. Mon attaque était si fulgurante que je doutasse qu'elle n'eût vu un seul pic émergé de mon corps. Cependant, sa volonté d'en découdre restait inflexible. Splendide. La volonté était mère de toute victoire. Dans une guerre, c'était celui qui possédait la plus grande volonté qui plantait son drapeau sur le crâne de son adversaire.

Malheureusement, j'étais l’exception. Contre moi, la volonté n'avait nul effet. Stalhblume s'approcha à nouveau, plus prudente, utilisant sa fameuse Danse Magnétique pour sans cesse sortir de mon champ de vision. Enfin, tenter de sortir de mon champ de vision. C'était inutile de tourner autour de moi, même à vitesse foudroyante.

Encore une fois, sans même qu'elle le vît, un pic la percuta en plein dos, cette fois-ci, elle ne se releva pas. Lors de son réveil, j’espérais franchement qu'elle fût plus coopérative.


____________________

Cassis


— Gnn...

Q-Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Je ne comprenais strictement rien. Nous venions de descendre la montagne, prêts à infiltrer Wearl, lorsque soudainement, ce type Eurasc, était arrivé.

Alors c'était lui, la fameuse « Chose » dont parlait Wildnis. Le vieux Libegon ne nous avait pas menti ; même moi je serais incapable de définir précisément cette chose. On aurait dit une énorme et épaisse masse nuageuse fulminante, mêlant un blanc pur et un noir ténébreux. Impossible de savoir ce cette « Chose », Eurasc, possédait des membres, ou même des yeux ou des oreilles. J'en venais même à douter qu'il soit vivant...

— Vous êtes réveillée ?

Sa voix résonna soudainement. Une voix grave, profonde, autoritaire, terrifiante. Je me forçais de faire bonne figure, cependant, rien que cela demandait toute mon attention.

Non, quelque chose... quelque chose n'allait pas. Ce Eurasc, il n'était pas normal. La moindre des fibres de mon corps me hurlait que cette « chose » était un danger, une erreur de la nature infâme dont la seule présence apportait la désolation.
Et tout cela sans parler de sa force gargantuesque. C'était exactement comme nous l'avait raconté Wildnis. Je m'étais approchée de lui et en un instant, je m'étais retrouvée au sol, le dos meurtri. Je n'avais rien vu venir, et je sans doute que mes camarades pussent en dire autant.

J’analysai néanmoins la situation. Cet Eurasc aurait pu me tuer, moi et les autres. Pourtant nous étions tous en vie, en sale état certes, mais en vie. Qu'est-ce que cela signifiait ? Voulait-il nous humilier avant de nous achevez ? Nous torturer ? … non, cela ne tenait pas debout. Si cela avait été le cas, ils nous auraient déplacé pendant notre inconscience dans ses quartiers. Or, nous il n'en avait rien fait. Nous étions toujours au pied de la montagne, à l'endroit même où nous l'avions rencontré.

— Inutile de vous triturer l'esprit, raisonna à nouveau la voix mortuaire d'Eurasc, je ne vous veux aucun mal.

Soudainement, un frisson m'envahit. Il... il avait lu dans mes pensées ? Non, c'était impossible, ce type me rendait parano, il fallait que je gardasse mon calme !

— Qu'est-ce que vous nous voulez, alors ?

L'énorme être nébuleux sembla me fixer de toute sa masse imposante.

— Vous vous battez contre une chose splendide, la Loi d'Or, pour des raisons égoïstes. Vous avez perdu votre chez-vous, votre père adoptif, vous avez souffert. Mais cela n'est qu'un contrecoup. Toute chose, aussi merveilleuse qu'elle soit, demande un contrecoup, ainsi va la vie. Est-ce une raison suffisante pour se battre contre cette dite chose ? Je ne pense pas.

Je rêvais ? Ce type, il venait de déballer mon passé, comme s'il me connaissait ! Il n'avait pas l'air d'avoir sorti mon histoire par hasard, non, il en parlait comme s'il l'avait lui-même vu !

— Qui êtes vous ?! hurlai-je.
— Encore cette question ? Vous pouvez la poser autant de fois la question, ma réponse ne changera pas. Je me nomme Eurasc.
— Ce n'est pas ce que je veux dire ! Comment en savez-vous autant sur moi ?!
— Je suis Eurasc, le messager du destin ; pour une raison qui m'est obscure, je sais tout, où quasiment tout, pour être plus précis.
— Et vous pensez m'avoir avec cette explication ?!
— Cassis...

Alors que je l'attendais pas, la voix peinée de Morflam atteint mes oreilles.

— Tu ne devrais pas garder ce ton inquisiteur tu sais ? me reprocha t-elle sans que je n'y comprisse rien.
— Morflam ?! m'étonnai-je.
— Oui c'est bien moi, Morflam, la seule, l'unique ! bomba t-elle le torse. Euh non, ce n'est pas ce que je voulais dire... Ah voilà ! Regarde la réalité en face ! On a perdu mais genre lamentablement contre lui ! Même toi, qui est censé être notre Super-Mega-Génial héroïne, tu t'es fait avoir comme une débutante !
— Gnn...

Ce n'était pas la peine d'insister dessus ! Et puis, je n'étais simplement pas concentrée... si jamais je savais quel tour ce Eurasc avait utilisé pour nous vaincre...

— Je n'ai pas utilisé de « tour » particulier, ajouta ce dernier en lisant dans mes pensées. Je vous ai simplement attaqué avec l'une de mes capacité de base. D'ailleurs, je ne voulais pas vous vaincre, mais uniquement vous immobiliser.

… qu'est-ce que je pouvais rajouter d'autre ? Mon adversaire venait d'avouer avec un calme effarant qu'il s'était retenu contre nous !

— Quoi qu'il en soit ! reprit Morflam. Comme on a perdu lamentablement, il faudrait écouter ce gros machin bizarre ! Je te rappelle que selon le principe de la Loi d'Or, la loi du plus fort, nous sommes en son pouvoir !
— Votre amie aurait juste en temps normal, lança Eurasc, sauf que je ne peux me permettre d'agir sur ce monde. En temps que messager du destin, en temps qu’exception, seul le siège de spectateur me sied. Quelque soit le nombre de fois où vous tomberez sous mes coups, vous serez toujours libre de partir.
— J-Je ne comprends rien à ce que vous baragouinez, grimaçais-je. Messager du destin ? Spectateur ? Foutaises ! Je n'ai que faire de ses affabulations ! Je vous vaincrais, qui ou quoi que vous soyez ! Et Wearl sera à moi !
— … j'aimerais bien que cela soit possible, crus-je entendre Eurasc soupirer. Cependant, je suis invincible. Je ne me vante pas. Je ne vous rabaisse pas. Mais c'est ainsi. Je ne peux être vaincu. N'est-ce pas injuste ? La Loi d'Or prône la supériorité du plus fort. Toutefois, il serait réducteur de la réduire à ce simple fait.

Combien de temps devrais-je encore supporter ce personnage ?! Il parle, il parle, sans faire le moindre sens... Il se disait invincible ? La bonne blague ! … mais dans le cas présent, Morflam avait raison, je devais faire profil bas. Cela me coûtait de l'admettre mais ce Eurasc était trop fort pour moi, du moins, pour l'instant.

— La Loi d'Or promet monts et merveilles à ceux qui se donnent la peine d'atteindre le sommet. Vous comprenez ? C'est la motivation ultime. En s'entraînant, le plus faible peut devenir fort, et ainsi avoir son moment de gloire. Cela vous semble idéaliste ? Pourtant, cela est déjà arrivé. Plusieurs Maires actuels n'étaient pas des monstres de puissance à leur naissance. Votre ami Wildnis par exemple, s'il était capable de tenir sa place de Maire, c'est uniquement parce qu'il était allé se renforcer à l'école du Roi d'Argent étant plus jeune. D'ailleurs, c'était aussi le cas de Königeld, votre maître, qui était très faible lorsqu'il fut sorti de l’œuf.

Un sourire étira mes lèvres.

— J'en étais sûr, vous ne savez rien ricanais-je. Maître a toujours brillé par son talent inné, même étant enfant !
— C'est faux. Königeld n'était pas plus doué qu'un autre Scalproie. Sa force, il l'a acquise grâce à l'Orbe.

… un instant, avais-je bien entendu ?!

— L'Orbe ?! La même Orbe que Carchacrok ?!
— Effectivement, Königeld a toujours été frustré de sa faiblesse naturelle étant enfant. C'est ainsi qu'il est rentré en contact avec le Culte d'Arceus qui lui ont ensuite confié une Orbe.
— … pardon ?! Vous osez souillez le nom de Maître ?!
— Je ne fais que dire la vérité. Je ressens votre colère et incompréhension, et je la comprends. Cependant, quelque soient vos émotions, elles ne changeront pas le fait immuable de la vérité.

Maître Königeld était... faible ? Il devait sa force grâce à l'Orbe ? Hahaha ! Quelle plaisanterie ! Croyait-il sérieusement que je pusse croire à une telle plaisanterie ?

— Que vous me croyez ou non m'importe peu. Je ne fais que dire la vérité, rien de plus. Ce qui vous faîtes de l'information ne revient qu'à vous même.

Et pouvait-il, par pitié, arrêter de lire dans mes pensées et d'y répondre comme si de rien n'était ?!

— Malheureusement, je ne peux rien faire sur ce point ; les pensées des autres se dévoilent à moi sans que je ne le demande.
— …

Et il se fichait de moi en plus, super. Cependant, parmi ses inepties, une chose retint mon attention. Ce Eurasc avait-il un rapport avec l'Orbe ? Ce fameux Orbe qui rendait fou, semant la destruction et la désolation sur le monde ?

— Je ne veux pas vous brusquer, relança Eurasc, mais si je me suis dévoilé à vous, c'était uniquement pour vous montrer quelque chose. Suivez-moi.
— …


***

Je n'en avais strictement aucune envie, cependant, si je voulais en savoir plus sur cette endroit, force était de constater que je devais suivre cet être de cauchemar. Ce dernier nous emmena alors dans une zone rurale. Je frissonnais.

Normalement, dans ce genre d'endroit, on s'attendait à voir des villageois grouillant les rues, s’affairant à leur petites affaires personnelles. C'était exactement ce que je voyais actuellement. Sauf que les villageois en question était fait d'ombres et lumière, tout comme Eurasc ; en bien moins imposant néanmoins.

Cependant à bien y regarder, ces créatures ne me semblaient pas si inconnues. Oui, ces formes, ces manières de marcher c'était...

— Vous l'avez devinez à ce que je vois, intervint Eurasc. Ces créatures, que j'aime appeler « Tsjins », étaient des Pokémon normaux à la base. Des Pokémon que j'ai, grâce à mes pouvoirs, rendu parfaits.
— … parfaits ? marmonna Belcol-Exion.
— J'ai totalement réécris leur cerveau. Désormais, ils ont tous un rôle précis. Certains sont chargés de s'occuper des plantations, d'autres des rénovations des bâtiments, d'autres encore de la sécurité, du nettoyage, de la préparation de la nourriture...

J'avais envie de vomir. Je le voyais de mes propres yeux. Ces dizaines et dizaines de créatures, anciennement Pokémon, qui marchaient automatiquement d'un point A à un point B, sans qu'aucune vie n'illuminait leur yeux. Tous leur mouvements étaient scriptés, je peinais même à les caractériser de vivant. Des automates, voilà ce qu'ils étaient.

— C'est ça... la perfection ?
— C'est le monde que je désire, répliqua Eurasc. Chacun à son rôle. La loi du plus fort pousse à une certaine structure de la société, les plus faibles s’occupent des tâches les plus ingrates, et ceux qui sont les plus forts ont une situation plus aisés et le plus fort commande le tout.
— … je ne comprends pas, intervint Belcol-Exion. Vous parlez tout à l'heure de dépassement de soi, que chacun, en s'entraînant peux avoir une place importance dans la société. Et pourtant, là, vous nous montré une société extrêmement figé, avec des rôles prédéfinis et étudiés. N'est-ce pas contradictoire ?

La réplique de ce Carmache me fit inconsciemment hocher la tête ; maintenant qu'il le pointait, cette situation manquait de logique. J'étais cependant surprise de sa vivacité d'esprit, ce dragon n'intervenait pas très souvent dans les discussions, préférant rester en retrait, mais sans doute devait-il compenser ce manque de présence par une réflexion constance.
Je devrais peut-être le solliciter un peu plus pour connaître son avis en général, lors des discussions, l'on a toujours tendance à se concentrer sur les personnes actives en négligeant les silencieux...

Lentement, un espèce de pic sorti du corps d'Eurasc et pointa l'un de ces fameux « Tsjins », qui ressemblait étrangement à un Vigoroth.

— C'est une excellente question. Vous ne voyez que des automates sans vie, n'est-ce pas ? Ne vous laissez pas illusionner par la masse. Regarder ce Tsjins par exemple, observez-le, ces mouvements. Voyez comme ses gestes sont hésitants, comment son regard s'illumine. En lui, est en train de germer les graines de la révoltes. Alors que comme tous, il a été conditionné pour n'accomplir qu'un seul rôle toute sa vie à cause de son manque de force, sa nature innée de Pokémon à repris le dessus. Il veut changer de vie. Il veut changer son monde. Il veux atteindre les hautes sphères. C'est par là que l'on reconnaît les véritables puissants. Seuls sont qui sont capables de vaincre ce conditionnement, de vaincre la fatalité de leur naissance peuvent à leur tour prétendre à s’épanouir.

D'un seul coup, le pic d'Eurasc s’étendit à une vitesse dépassant l'entendement et empala le Tsjin en plein cœur. Je ne savais pas ce qui me choqua le plus ; l'absence totale de réaction des autres Tsjins devant un cadavre se vidant d'un sang irisé, ou la violence inconsidérée de ce meurtre gratuit.

— Hiii ! sursauta Morflam. Qu-Qu... mais pourquoi ?!
— Parce que mourir était le but de son existence. Ne vous faites pas de faux espoir ; ceux qui s'épanouissent grâce à la Loi d'Or ne servent qu'à une chose, renforcer le pouvoir déjà en place. Les rebelles, les originaux, ce sont les marques de défaut des chefs. Si l'un de vos subordonnés se lève contre vous, désir prendre votre place, cela signifie que vous avez commis un erreur, que vous n'avez pas suffisamment assis votre supériorité. Un chef doit savoir étouffer les révolutions, évidemment un chef ne peut être parfait. Les rebelles représentent ses erreurs, et en apprenant de ses erreurs, un chef se renforce indubitablement.

Soudain, le ton de Eurasc se renforça et je crus étrangement qu'il me regarda, bien que je ne pouvais distinguer des yeux dans cette masse fulminante.

— Vous concernant, je dois avouer être perplexe. Vous étiez Maire, Stalhblume, je dois donc vous considérer comme de l'espèce des dirigeants. Cependant, vous vous rebellez contre la société elle-même, contre les Présidents, qui sont vos supérieurs. Un dirigeant qui veut annihiler le système, j'ai du mal à le comprendre. Vous représentez un mystère, une curiosité, en somme, tout ce qu'il y a de plus dangereux ; c'est pourquoi je désir votre déchéance.
— … au moins c'est clair, pouffai-je devant tant de franchise.
— Or, comme je vous l'ai dis, je ne suis qu'un spectateur, le messager du destin. Je ne peux agir sur le monde, car je suis l’exception. En revanche, mes Tsjins eux, ne sont pas aussi forts que moi, ils ne sont pas exceptions.
— Vous allez donc courageusement les lâcher sur nous, je suppose ? souriais-je.

Eurasc sembla prendre une respiration – si tant est que cette chose respirait – et secoua sa tête.

— Ce serait injuste. Vous, Stalhblume, êtes bien trop forte pour mes Tsjins, du moins ceux du village. Je ne peux pas me battre sérieusement, mais cela ne m'empêche pas d'être stratège. Vous, Stalhblume, je vous renvoie chez vos alliés restés l'extérieur de la montagne. Revenez avec une armée, je vous attendrais avec un bataillon qui saura vous mettre en difficulté.
— Merci de me dévoiler votre plan, monsieur le stratège, mais pensez vous réellement que je vais...

Brusquement, une intense pression déforma l'air et à ma grande surprise, une force irrésistible me propulsa à l'arrière. Je ne compris rien. Je vis seulement mon corps se faire repousser et s'envoler de plus en plus haut, dépassant même la montagne...


____________________

Belcol-Exion
 
Alors, quel mot pouvait bien décrire cette situation avec précision ? Mauvaise ? Misérable ? Désespérante ? Effroyable ? Sans doute un mix de tout cela. Mauséspérable donc. Ah, je tenais quelque chose là ; si jamais je survis, je lutterais pour faire rentrer ce mot dans le dictionnaire.

Était-ce vraiment le moment de faire de l'humour ? Non. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Stalhblume venait de se faire éjecter de Wearl par ce Eurasc. Ce qui faisait que notre plus puissant atout venait de disparaître.

— Quant à vous deux, vous constituez des généraux de Stalhblume. Vous êtes moins forts, mais tout de même dangereux.

Une petit onde de choc résonna du corps d'Eurasc, faisant légèrement frissonner le village. Puis, comme un seul Pokémon, tous les Tsjins se retournèrent lentement vers nous, tel une armée de morts-vivants.
Instinctivement, je reculai, jusqu'à me retrouver dos à dos avec Morflam.

— J'ai déjà dis que cette situation était mauséspérable ? me crispai-je.
— Mauséspéquoi ? s'interloqua Morflam.
— Oh, rien ne t'occupes pas de moi. A vu de nez, il y en a combien de ces zombies qui ne nous veulent pas que du bien ?
— Mmmh... une quarantaine peut-être ? Euh... mais après, nous ne sommes que dans une petite partie de Wearl ! Si je me souviens bien de la carte patate géante d'Artichtote, il y a d'autres zones rurale...
— Et donc d'autres ennemis à venir..., soupirais-je. Ohé, nous n'avions justement pas décidé d'infiltrer Wearl la nuit pour éviter ce genre de situation ?

Je secouai la tête, ricanant presque.

— Vraiment, cette situation est mauséspérable !