Stalhblume de Clafoutis

Patch

— Merci de ton honnêteté, finit par souffler Cassis. Je mentirais si je disais que je ne suis pas surprise, cependant, je ne compte pas non plus te jeter la pierre. Ce que tu étais m'importe peu, seul ce que tu es et ce que tu seras m'intéresse.

J'acquiesçai, reconnaissant. Après avoir raconter mon histoire à Brazoro et à Morflam, je m'étais dit qu'il serait légitime que les autres en eussent aussi connaissance. Affienns, Artichtote, les trois Carmache et maintenant Cassis. J'appréhendais particulièrement sa réaction car elle était un peu notre chef, heureusement, mes peurs étaient infondés.

Je la saluai timidement, espérant pouvoir m’éclipser, juste avant de me faire interrompre.

— Ah ! fis subitement Cassis. Je compte réunir tout le monde ce soir, et tu es bien évidemment convié.
— Une réunion ? Concernant la conquête de Wearl ?
— Exactement, nous n'avions que trop traîné, ici. De plus, Wearl est assez éloigné de Lugeni, il nous faut partir au plus tôt.
— … honnêtement, Cassis, osai-je, tu penses réellement que c'est une bonne idée de partir vers Wearl ? Si la créature l'ayant occupée a été capable de vaincre Wildnis d'un revers de mains...

Je sentis le regard de Cassis s'assombrir. Sans doute s'était-elle déjà posé la question. Mais elle avait déjà pris sa résolution. Je la connaissais que depuis peu, mais j'avais rapidement compris que quand Cassis avait décidé quelque chose, elle s'y tenait fermement.

— Nous allons le vaincre, statua fermement Cassis. Surtout ne doute jamais de cela.

Je souris faiblement. Cependant, loin de me de me rassurer, cette affirmation m'inquiéta de plus belle. Alors nous en étions là, à nous reposer simplement sur un espoir incertain ?


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Wildnis

 Le 332ème. Ma griffe me faisait souffrir, mais mon cœur était apaisé. Je venais d'inscrire le 332ème nom. Épuisé, je reculais, contemplant mon œuvre. Cassis avait eu la bonté de me laisser tailler un mémorial en l'honneur des mes 332 camarades s'étant suicidés. J'avais dressé cette énorme pierre tombale à l'extérieur de Lugeni ; il aurait été impudent de la placer au beau d'un village que l'on avait nous même détruit.

332. Pour d'autres, ce n'était peut-être qu'un nombre. Mais pour moi, c'était le symbole de mes péchés. 332 vies qui me faisaient confiance, 332 vies que j'avais trahi. Je ne pourrais sans doute jamais m'expier. Cependant, me morfondre ne ferait pas avancer la situation. En leur honneur, en l'honneur de ses 332 vies, il y avait une dernière chose que je pouvais faire : vaincre cet être de cauchemar ayant plongé Wearl dans les ténèbres.

— Vous êtes toujours là ? s’enquit doucement une voix derrière moi.

Je me retournai, découvrant un Capidextre borgne. Affienns, si je m'en souvenais bien, un proche collaborateur de Cassis.

— C'est ici qu'est ma place, répliquai-je.
— Cassis nous a expliqué votre situation ; les raisons de vos actes, continua t-il.

Le Capidextre fit une petite pause, me lançant un regard à la fois doux et fatigué.

— A votre place, j'aurais fait la même chose.
— …, ne pus-je rien y répondre.
— Je suis.. enfin, j'étais Maire moi aussi. Le Maire de Herz, un petit village sans aucune prétention. Pourtant, j'aime mon peuple plus que tout. Vous ne le savez peut-être pas, mais récemment, un Pokémon abject venu de nulle part m'avait vaincu et avait pris ma place. Il s'en était suivi une période de terreur tel que l'on en avait jamais connu. Ce Pokémon, Carchacrok, nous exploitait jusqu'à la moelle et n'hésitait pas à éliminer ceux qui le contredisait. En tant que Maire, je ne m'étais jamais senti aussi impuissant. Je ne pouvais rien faire. Carchacrok était plus fort que moi. Cela me torturait sans cesse. Je voulais protéger mon peuple, mais ma volonté seule ne suffisait pas. Alors, je me suis plié à ce tyran draconique. Il avait ordonné l'obéissance absolue en échange de notre survie ; cela me fait encore mal de le dire, mais je n'avais pas le choix. Qu'importe l'état auquel je devais me rabaisser, tant que les miens étaient en vie, je pouvais tous accepter.

Mes yeux ne purent supporter ceux flamboyant d'Affienns ; je les baissais instinctivement. Je me sentais mal à l'aise. Je venais de m'en rendre compte, je n'étais pas le seul à souffrir. Ce Capidextre et bien d'autres Pokémon encore, souffrait autant, sinon plus que moi en ce moment même. Oui, je ne pouvais décidément plus rester à me morfondre, je devais laisser mon égoïsme de côté.

— Mais maintenant, reprit Affienns, je sais que j'étais dans l'erreur. La vie dans la terreur est équivalente à la mort. J'aurais dû résister, j'aurais dû me battre. Maintenant, c'est à votre tour de te battre Wildnis, Roi du désert. Votre adversaire vous attend, votre peuple vous attend. Vous avez commis une erreur, mais vous pouvez encore y remédier.
— … merci, soufflai-je. N'ayez crainte, ma résolution est déjà prise. Je vais débarrasser mon village, mon peuple, de cet intrus usurpateur. Je suis le Roi du désert, et je compte bien faire valoir mon titre !
— Parfait, sourit le Capidextre. Dans ce cas, vous n'émettrez aucune opposition sur le fait de me suivre, n'est-ce pas ? Cassis va bientôt tenir une réunion stratégique pour reprendre Wearl.

Je me mordis les lèvres, inquiet.

— La réunion se tient à Lugeni n'est-ce pas ? Je ne sais pas si...
— Il est vrai que vous avez causé énormément de tord à ce village, vous l'avez entièrement détruit, nous avons dû tout reconstruire. Cependant, ce n'est pas le moment de fuir ses péchés. Je vous l'ai déjà dit, n'est-ce pas ? C'est le moment de nous unis pour affronter les véritables coupables. Focalisez vous sur le présent, Wildnis. Focalisez vous sur notre prochain combat. Le reste n'aura d'importance qu'une fois l'objectif rempli.

Sa voix fut si autoritaire que même moi, roi déchu, ne pus-je que hocher la tête sans discuter. Ce Capidextre avait vraiment l'étoffe d'un Maire, il me faisait presque penser à Père de son vivant. Cela m'étonnait qu'un Pokémon de sa trempe n'avait été que le Maire d'un petit village reculé, il méritait bien plus. Décidément, Cassis avait su s'entourer d'individus extrêmement intéressants.


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Artichtote


 Bien, tout le monde était présent dans la mairie, autour d'une petite table de fortune. Wildnis, Affienns, Patch, les Carmache, Brazoro, Morflam, et Cassis bien entendu. Braise et Pluie, les deux évolitions, étaient cependant absents, pour être tout à fait honnête, leur absence ne peinait absolument personne. Depuis la mort de Orage, ils s'étaient exclus de tous, ils ne fréquentaient même plus les autochtones du village.

J'étais assez tendu. Tous ici attendait que j'ouvrasse mon bec ; j'étais celle chargée d'analyser les donnés de Wearl afin de créer une stratégie d'assaut. Sauf que les données en ma possession était si sommaires que c'étaient loin d'être chose aisée...

Ne voulant plus faire peser le suspense plus longtemps, j'ouvris – du mieux que je pus avec mes ailes – une carte sur la table.

( Note de l'auteur : pour votre confort voici la carte de Artichtote Cliquez ici )

— J'imagine que c'est la carte de ce fameux village, Wearl, souffla Morflam.
— Tu devines bien, soupira Brazoro, c'est pas comme si c'était marqué « WEARL » en gros dessus...
— Roh ça va ! protesta la Roussil. J'ai juste été prise de court, de loin, ça ressemble à une patate géante !
— Très colorée la patate, commenta Belcol-Exion l'un des Carmache.
— Pas très étonnant, répliqua Morflam en faisant la moue, avec tous les OGM qui traînent dans le coin on ne peut plus se fier au apparence...
— Moi j'aime bien l'alliance de couleur, intervint une autre Carmache nommée Géraldeline. Ça irait très bien avec mes écailles...
— Ahem, toussota fermement Cassis. Pouvons-nous reprendre sur le sujet, s'il vous plaît ?

Je vis Affienns acquiescer, une lueur d'exaspération alourdissant son regard. Haha, avec un tel rassemblement, il aurait été fou de penser pouvoir tenir une discussion sérieuse ! Mais au final, ce n'était pas plus mal, ça avait l'avantage à la fois de retarder mon discours et de détendre l'atmosphère.

— Continue Artichtote, m'intima Cassis.
— … d'accord.

Je m’éclaircis la gorge, réorganisant mes pensées.

— Donc, comme l'a bien deviné – ou lu – Morflam, il s'agit bien de la carte de Wearl. Avant toute chose, il faut savoir que le village est érigée sur une montagne, symbolisée par les contours marrons sur la carte, ce qui la rend par défaut difficile d'accès. Si on tente de la gravir, l’ennemi nous verra de loin et pourra sans problème nous anéantir. Cependant, le village possède aussi deux entrées plus simple d'accès, vous voyez les couloirs jaunes sur les côtés ? C'est cela dont je parle.
— Tu suggères donc de passer par les entrées ? réfléchit Roberto-Michel. Je ne veux pas paraître pessimiste, mais c'est justement le genre d'endroit qui seront très farouchement gardés.
— Effectivement, confirmai-je, notre principal problème sera de pénétrer dans la ville.
— Cette montagne est quand même énorme ! s'étonna Patch. Il a forcément un coin qui n'est pas surveillé...

Wildnis se mordit les lèvres, gêné.

— Je crains que non. Vous voyez les petits cercles noirs sur le losange au centre ? Ce sont de très hautes tours d’observation permettant d'avoir une vue imprenable sur l'ensemble de la montagne. Nous sommes légèrement obsédés par la sécurité à Wearl. On ne surnomme pas notre village la « perle du désert » pour rien, il suscite énormément de convoitise, nous devons donc nous préparer en conséquence.

Brazoro ricana doucement.

— Cela ne vous a pas empêcher de vous faire éclater par un inconnu !
— Brazoro ! grinça Cassis.
— … c'est vrai, expira le Libégon déchu. Nous avions été purement et simplement laminé, par une seule créature...
— Nous sommes ici pour planifier le futur et non pas pleurer le passé, insista une Cassis agacée.
— Ouais, évitons de perdre encore plus de temps ! s'enflamma Morflam. C'est bientôt l'heure du dîner et faut pas louper ça ! Alors, comment qu'on fait pour attaquer la patate géante si elle est si bien protégée ?

… cette Morflam avait décidément le don pour me surprendre à chaque fois qu'elle ouvrait le bouche. Mais contre toute attente, son intervention avait permit de remettre notre réunion sur les rails.

— C'est une très bonne question Morflam. Tout d'abord, il faut faire une point sur notre situation. Nous avons, avec l'armée de Wildnis, environs 250 Pokémon à notre actif. C'est peu pour mener une véritable attaque mais suffisant pour tenter quelques stratégies. Le problème, c'est que nous ne savons rien de nos ennemis. D'après Wildnis, c'est une seule et unique créature inconnue qui a causé la déroute de Wearl. Cependant, toujours selon Wildnis, d'autres créatures toutes aussi mystérieuses seraient ensuite apparues pour envahir le village dans son ensemble.
— « Créatures », « inconnue », « Mystérieuses », répéta Patch. Ça manque pas mal de précision...
— Tout juste, repris-je. C'est pourquoi la première étape de notre plan sera d'en savoir plus sur ces « créatures ». Une mission d'infiltration en gros. Il ne devrait pas être si difficile de pénétrer le village avec deux ou trois Pokémon, surtout de nuit. Le but de cette équipe d'infiltration nocturne sera d'observer et de s'informer au maximum sur les créatures en questions, histoire de combler les blancs qui nous importunes. L'information est la clef de toutes guerres, je ne l'apprends à personne.

Tout le monde hocha la tête. Enfin, je n'espérais pas d'autres réponses de toute façon.

— Et qui constituera cette fameuse équipe ? demanda Cassis.
— J'ai pensé à...
— Moi ! Moi ! me coupa promptement Morflam. Je veux infiltrer la patate géante !
— … ce n'est pas un jeu ! la gronda Cassis.
— Non, non, je suis sérieuse ! insista la Roussil. L'infiltration ça me connaît !
— Sans vouloir te vexer, me risquai-je, d'un point de vue strictement pratique, les Pokémon feu ne sont pas très efficients pour passer inaperçu la nuit.
— Et en plus vu ton caractère, se serait surprenant que tu parviennes à rester discrète plus de dix secondes, soupira Brazoro.

Mais toutes ses critiques ne semblèrent pas décourager Morflam qui, au contraire, bomba le torse, un sourire de fanfaron sur les lèvres.

— Continuez de me médire, ricana t-elle. Je vous montrerais moi, ce qu'est que la toute puissance d'une Magical Pokégirl !
— … Magical Pokéquoi ? plissa Patch des yeux.
— T'occupes, éluda Brazoro, c'est son délire perso...
— Continuez, continuez, vous allez voir, sourit Morflam avant de lever sa baguette en plafond. Par le pouvoir du fois gras, transforme moi !

Suite à cette formule qui laissa strictement tous le monde perplexe, une nuée de flammes violettes émergèrent brusquement de sa baguette et recouvrit petit à petit toute sa fourrure, la rendant mystérieusement terne et obscure.

— Qu'est-ce que..., s'étonna Brazoro.
— HAHA ! exulta Morflam. Surpris ? Et bien laisse-moi t'expliquer...
— Ce ne sont que des Feux-Follets de faibles intensités, devinai-je. Tu te sers d'un Choc Mental, qui leur donne d'ailleurs cette coloration violettes, pour les modeler et fusionner à ta fourrure.
— … m-mais ! protesta faiblement la Roussil. J-Je voulais le dire...

Et toc ! Ça l'apprendra à m'avoir couper tout à l'heure !

— Même si simple, c'est intéressant, réfléchit Cassis. Mais est-ce vraiment efficient ?
— Aucun problème de ce niveau là ! se regonfla instantanément Morflam. C'est une technique ancestrale que je maîtrise à 100% ! Vous ne pouvez pas imaginer combien c'est utile. Je m'en servais presque chaque soir à la guilde pour m'infiltrer en douce dans le garde-manger, c'est très difficile de me voir dans le noire comme ça ! D'ailleurs, j'ai utilisé cette technique pas plus tard que hier soir pour piquer quelques baies dans la rés..... euuuuh, oubliez ça en fait, hihihi...

Cassis plissa dangereusement les yeux.

— Tu as fait quoi hier soir ?
— R-Rien du tout, je le jure madame le juge ! paniqua la voleuse en herbe. Bon euh... on était pas censé parler de la patate géante là ? Hein ? Hein ?
— Une « patate géante » qui a un nom..., soupira Wildnis.

Pauvre Wildnis, je voyais bien qu'il tiquait à chaque fois que Morflam traitait sa chère ville natale de « patate géante ». Promis, la prochaine fois que je devrais dessiner une carte, je ferais plus d'efforts...

— Ahem, toussotai-je. D'accord, avec sa capacité, Morflam pourra être un élément déterminant pour cette mission. Pour le reste de l'équipe d’infiltration, j'ai évidemment penser à Cassis ; non seulement elle possède une agilité à toute épreuve, mais elle est aussi peti...

D'un coup d'un seul, Cassis dirigea son terrible regard meurtrier sur moi.

— … je veux dire, que tu es physiologiquement naturellement douée pour l'infiltration ! me pressai-je fébrilement de me corriger.
— Ouais, elle juste est petite quoi ! lança impudemment Morflam.

Inconsciente ! Qu'avais-tu fais ?! Chacun de nous nous tournâmes unanimement vers Cassis. Sa susceptibilité concernant sa taille n'était un secret de personne. Et même, lors d'une petite discussion avec Wildnis, j'avais appris qu'elle était ainsi depuis l'enfance.

Le visage de notre Mysdibule préférée vira au rouge complet, mais elle faisait visiblement d'énormes efforts pour se contenir. Finalement, après s'être mille et une fois mordue les lèvres, elle prononça – non sans une infime pointe de rage :

— Morflam, tu viendras me voir après la réunion, j'aurais à te parler...

Cette dernière grimaça, sentant sans doute que sa vie venait d'être drastiquement réduite. Je prierais pour le repos de ton âme, Morflam...

— Dooonc, repris-je avant qu'une autre vie ne fut menacée, pour le dernier membre de l'équipe, j'hésite entre Affienns ou l'un des Carmache. A la base je voulais choisir Cassis, Affienns et un Carmache, mais comme Morflam s'incruste...
— Je passe mon tour, expira Affienns. Je suis borgne et vieux, je crains de n'être qu'un poids pour une mission demandant d'être vigilent en toutes circonstances.

Mmh, je n'en étais pas certaine. Affienns avait toujours tendance à rabaisser ses capacités, et pourtant, il accomplissait toutes les tâches que l'on lui confiait avec brio, sans compter qu'il était sans doute l'une des Pokémon les plus puissants ici, après Cassis et Wildnis.

Mais s'il ne voulait pas, je n'allais pas le forcer. C'était une mission importante, il fallait des Pokémon avec de la volonté, qui en voulait. L'histoire l'avait démontré à plusieurs reprise, une volonté défaillante ne menait à rien de bon, même si l'on possédait des capacités certaines.

— Je vois, réfléchis-je, donc le dernier membre sera un des Carmache...
— Pas moi, éluda Géraldeline sans quitter du regard ses griffes soigneusement limées, je suis faites pour être vu, et non pas dissimulée !
— Mon frère est le meilleure d'entre nous en ce qui concerne la discrétion, s’enquit Roberto-Michel. Tu n'y vois aucune objection, Belcol-Exion ?
— Mouais, pourquoi pas, maugréa légèrement ce dernier. J'aime pas trop faire des efforts mais quand y a pas le choix...
— Effectivement, il n'y a pas le choix, plissai-je des yeux sans être très rassurée.

Malgré tout, l'équipe était constituée. Trois membres, ni plus, ni moins. C'était très peu, mais il était juste question d’observation et de récolte d'informations.

— Cassis, Morflam, et le Carmache, haussai-je la voix. Cette mission d'infiltration est de la plus haute importance. Nous ne savons rien, strictement rien, des créatures qui occupent Wearl. De ce fait, nous ne pouvons pas agir en représailles et encore moins avec des forces aussi restreinte.
— Mais qu'est-ce qu'on devra faire globalement ? questionna Belcol-Exion.
— De l'observation, simplement, répétai-je. Essayer de comprendre leur nature, leurs habitudes, leurs faiblesses, les tours gardes, les failles dans leur structure militaire... bref, absolument tout peut nous être utile dans l'état d’ignorance absolu ou nous sommes.
— Ça fait... pas mal de choses, s'inquiéta Morflam.
— C'est nécessaire pour reprendre Wearl, balaya Cassis.

La réplique implacable fit taire les contestations. Chacun ici savait que prendre Wearl ne serait pas de tout repos. Déjà, du temps où Wildnis y était maire, le village était connu comme étant imprenable. Et maintenant, avec une créature mystérieuse à sa tête... brrr...


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Eurasc

Wildnis avait stoppé son œuvre de destruction massive. Je m'en doutais. Le pauvre avait certes une figure imposante, son cœur était très fragile. Ce Pokémon était du genre à faire des montagnes rien que pour sauver une connaissance. Je n'imaginais même pas la douleur qu'il devait ressentir dès qu'un de ses subordonnés se suicidait sous ses yeux.

Mais à cause de Stalhblume, il avait réussi à ouvrir les yeux et à commencer d'échapper à sa fatalité. Il avait décidé de ne plus confier son avenir aux autres et de tous faire pour reprendre sa destiné en main. Chose louable, mais que je ne pouvais par essence pas accepter.

Le libre arbitre apportait la ruine. Pourquoi chercher à suivre un autre chemin que celui tracé ? Pourquoi chercher à changer un monde qui tournait paisiblement ? Les révolutionnaires, les originaux, ils étaient par nature les ennemis même du monde.

Ce monde était très bien comme il était. Les forts commandaient les faibles. Était-ce injuste ? Peut-être, sûrement même. Mais c'était un système qui fonctionnait. Des villes, des sociétés, des peuples, des régions très prospères avaient été érigé sur la base de cette loi.

Il y avait même cette institution ultime, qu'ils nommaient la « Guilde », qui régissait absolument tout le continent de Iræ. Qu'une telle hiérarchie s'était mise en place sur la base d'une simple loi aussi sommaire me fascinait.

Et il y avait les autres, comme cette Stalhblume, qui voulait détruire ce système. Honnêtement, elle ne m'inquiétait pas plus que ça. Ce n'était qu'une simple Mysdibule, contre le monde entier, un monde qui avait su se grandir, se développer, se sublimer jusqu'à devenir le joyaux qu'il était aujourd'hui. Son obscurantisme n'avait aucune chance de vaincre.

— …
— …

Voilà maintenant quelques heures que j'observais, immobile sous le voile de la nuit, deux créatures de loin. Un Pyroli et un Aquali si je ne m'abusais. Je ressentais en eux un stupéfiant mélange de rancœur, de colère, de tristesse et de culpabilité. Un véritable festival d'émotion qui m'émouvait au plus haut point.

C'était difficile à expliquer, mais je pouvais les voir, les émotions. A travers mes yeux, elles prenaient formes, elles devenaient des halos de lumière enveloppant leur propriétaire. Et ces deux Pokémon... c'était simplement magnifique. La rage pourpre dansant furieusement au travers d'un triste saphir, cet explosif rancœur violacé qui se contenait difficilement sur un tapis de déshonneur émeraude...

Je ne pouvais quitter les yeux de ce spectacle. Et ce fut comme si mon corps bougea de lui-même. Ces émotions, je pouvais, non, je me devais les sublimer.
Oui, bientôt, ces deux Pokémon atteindrons leur plein potentiel, et ils seraient prêt à devenir les gardiens de la destiné !