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Stalhblume de Clafoutis



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Informations

» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 03/03/2016 à 16:14
» Dernière mise à jour le 15/03/2016 à 07:18

» Mots-clés :   Absence d'humains   Action   Aventure   Humour   Région inventée

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Partie 7 : Moins une.

Artichtote

Alors là, je me retenais vraiment pour ne pas sombrer dans le désespoir. L'invasion avait commencé, et même si Patch s'entêtait à dire le contraire, ces Pokémon n'étaient ni venus en paix, ni pour nous faire une blague, et encore moins pour nous faire des câlins !

Nous étions tous discrètement revenus à la mairie de Niere en vitesse, à la recherche de la marche à suivre. Chose plus simple à formuler qu'à trouver.

Je regardai fixement la carte de Lugeni, je sentais la sueur perler sur mon bec et embuer mes petites lunettes. Je recherchais une idée, n'importe laquelle. Une idée capable de nous sortir de ce mauvais pas. Je fouillais au fin fond de ma cervelle, dans l'historique entier de la région, s'il y avait un cas similaire. J'en trouvais ; aucune n'était réjouissante.

Notre principale problème était notre écrasante infériorité numérique. Un simple problème sur le papier qui révélait toute son ampleur dans la réalité. Je pouvais entendre les cris infâmes de l’envahisseur à l'extérieur, les huttes qui s'effondraient...

— Les villageois ! bondis-je soudainement.
— … il n'y a rien à craindre, du moins, pour l'instant, déclara Orage. Père avait prévu un cas d'invasion et à fait creuser un souterrain, tous les villageois sont partis se réfugier là-bas.
— Mais que se passera t-il si nos chers envahisseurs trouvent ce refuge ? s'avança Affienns.

Nos mines s'assombrirent immédiatement. La réponse découlait de la question elle-même.

— Raaah ! grogna Brazoro. Qu'est-ce qu'on fout encore là ? Il faut se battre maintenant, c'est trop tard pour faire les chochottes !
— Il a raison, soupira Affienns. Nous avons tous choisis de suivre Cassis, on ne va pas l'abandonner maintenant. Orage, où se trouve le refuge ?
— …. il se trouve dans ma partie du village, à Gehirn, à proximité de l'oasis.
— Dans ce cas, reprit Affienns, inutile de se poser plus de question. En attendant le retour de Cassis, il faut défendre les autochtones de notre mieux.

Nous acquiesçons tous. Il était vrai que nous n'avions pas la force de résister à une masse Pokémonesque aussi énorme. Cependant, il était inacceptable de laisser les villageois en pâtir !

— Un instant ! tempérai-je cependant.
— Quoi encore ? pesta Brazoro.
— Orage, l'ignorai-je. Peux-tu placer le refuge sur la carte ?
— … euh oui, bien sûr.

La Voltali s'exécuta. J’acquiesçai. Instinctivement, je pris une feuille blanche et un crayon qui traînant dans le coin et y dessina un croquis.

( Note de l'auteur : pour votre confort voici le croquis de Artichtote Croquis du refuge )

— Si je comprends bien la carte, repris-je, la zone autour du refuge ressemble à cela.
— … oui, hocha Orage de la tête. C'est ça.
— C'est moche..., commenta Brazoro.
— Essaie de dessiner avec des ailes toi ! protestai-je avant de me calmer. Bref, pour en revenir au rejuge. Pour y accéder, il faut impérativement passer par le point A, B ou C. Il faudra se dispatcher ici, pour bloquer les entrées, il nous faut trois équipes. Je pense plus pour Brazoro, Affienns et l'un des Carmache ; Patch et les deux Carmache restant ; Orage, Pluie et Braise. Trois équipe de trois. Quant à moi, ne sachant malheureusement pas me battre, j'assurerai la communication entre les trois équipes. Grâce à ma maîtrise de la Hâte, je serais capable de traverser le village en un temps record !

Tous m'écoutèrent attentivement. J'étais moi-même étonnée du ton autoritaire que j'avais pris, comme si j'avais l'habitude de donner des ordres.

— Et s'ils viennent par l'oasis ? souleva Braise.
— Aucun risque, répliquai-je. Ce ne sont, d'après nos rapports, que des Pokémon du désert, ne sachant donc pas nager et craignant même l'eau pour la plupart.

J'étais assez contente que Braise prît la parole, lui, son frère et sa sœur avait été resté un peu en retrait dans cette réunion. Mais l'heure n'était pas aux réjouissances, pendant que nous papotions, des Pokémon s'amusaient à détruire le village !


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Roberto-Michel

 Par chance, l'armée du désert n'était pas encore arrivée au niveau de l'oasis, situé au centre du village, ce qui nous avait laissé largement le temps de sécuriser la zone autour du refuge, comme nous l'avait demandé Artichtote.

Cependant, ce « retard » de nos adversaires avait une triste explication. Ils étaient occupé à mettre à sac tout ce qu'il voyait, réduisant en poussière chaque hutte sur leur passage. Je ne pouvais comprendre la finalité d'un tel massacre. Si leur but était de conquérir ce village, il était mieux pour eux de limiter les causalités matérielles, pour pouvoir le réinvestir après avoir planter leur drapeau.

Or, en détruisant tout, ils réduisait le village en une simple ruine inhabitable. Quel était l'intérêt de détruire ce que l'on voulait conquérir ? Cela n'avait aucun sens, même Carchacrok, dans sa folie, avait la présence d'esprit d'épargner les bâtiments.

Enfin, cette barbarie incompréhensible nous avantageait néanmoins, nous permettant de nous mettre en place.

J'étais accompagné de mon frère Belcol-Exion et de Patch le Pachirisu, placés au point A. J'étais assez confiant avec cette composition, mon frère et moi étions des soldats entraînés, tandis que Patch était un médecin efficace. Une bonne alliance entre offense et défense. Enfin, sur le papier, puisque notre docteur bien aimé semblait avoir quelques soucies à appréhender la situation...

— I-Ils veulent simplement nous faire une surprise...o-oui... c-c'est ça... r-rien n'est réel... c-c'est juste un rêve...ha...hahaha...r-rien n'est réel...

Mon frère me lança un regard lassé.

— On va vraiment devoir se le coltiner ? grinça t-il. Il me fout un peu les jetons à ricaner dans le vide...
— Il va bien finir par retrouver la raison ! me forçai-je d'y croire.
— Hihi...hihihi !

Nous nous retournâmes vers le Pachirisu, qui s'était désormais mis à tourner sur lui-même si vite qu'il ressemblait à une toupie.

— … vraiment ? soupira Belcol-Exion.

Je détournai le regard, ne sachant quoi répondre.

Je soupçonnai Artichtote de nous avoir confier ce Pachirisu pour qu'on le protège, vu son état mental quelque peu... altéré en ce moment. Et si telle était la mission que l'on m'avait confié, ma fierté de dragon en souffrirait si je ne pouvais la mener à bien !


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Brazoro

 Dire que pendant que je poirotais là, à attendre mes ennemis, ces derniers foutaient le bordel dans tout le village ! Ça m'enrageait rien que d'y penser. A ce rythme, qu'importe si – par miracle – l'on gagnait ou que l'on perdait !

Enfin il valait mieux des destructions matérielles que la mort des autochtones. J'essayais de me calmer en me le répétant en boucle.

Affienns, moi et une Carmache dotée du ridicule nom de Géraldeline étions placés au point B. J'espérais ne pas trop être un boulet pour eux. Même s'il ne le montrait pas, Affienns était assez costaud sous ses airs de sage, et la Carmache savait aussi y faire. Et moi... et bien, on verra. Mais ce qui était certain, c'était que quoi qu'il se passait, je n'abandonnerai pas, jamais !

— … ils approchent, souffla presque Géraldeline.

Difficile de dire ce qu'elle pensait celle là, toujours en train de se lustrer les écailles. J'avais presque l'impression qu'elle se fichait du monde qui l'entourait. J'aurais préféré avoir l'autre Roberto-Michel ou son frère, Belcol-Exion, avec nous à sa place mais bon, ce n'était pas le moment de faire la fine bouche.

Et effectivement, un groupe de Pokémon arrivait en plein sûr nous. Cinq, en tout. Ce qui me rassurait dans cette histoire, c'était que cette armée du désert n'était absolument pas organisée, chaque soldat vaquait à droite à gauche, seul ou en petit groupe, détruisant ce qu'il pouvait.

— Deux Escroco et trois Gravalanch, se prépara Affienns. Il faut s'en débarrasser vite avant qu'ils ne nous remarque.

J'acquiesçai. Évidement, nous n'étions pas en plein milieu de la route à attendre les bras ballants, autant brandir un drapeau blanc tout de suite dans ce cas. Non, nous étions cachés, plus ou moins bien. Moi, j'étais collé comme je le pouvais derrière une hutte, Affienns s'était camouflée en haut d'un palmier non loin de moi, et la Carmache s'était cachée dans un trou qu'elle avait elle-même creusée – et aménagée de feuilles pour ne pas trop salir ses précieuse écailles.

Tout se passa très vite, dès que le groupe de cinq passa devant nous, Affienns projeta sur eux une rafale de Canon Graine qui les choqua fortement, je m'élançai alors, multipliant mes Mach Punch, avant que Géraldeline les finît d'un torrent de Draco-Rage.

Du travail propre et efficace. Affienns et moi nous occupèrent ensuite de traîner les corps inconscients dans une hutte , pendant que Géraldeline se « refaisait une beauté. »

Nous avions eu de la chance que ce groupe ne fût pas trop nombreux, un de plus et nous serions vraiment dans la mouise. En espérant que notre bonne étoile continuerait de nous sourire et que les autres groupes se débrouillaient aussi bien...


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Orage

 … que dire ? Normalement, nous étions censés rester cachés et neutraliser les Pokémon passant dans notre zone. Sauf que...

— C'est de ta faute !! hurla Pluie.
— Répète le un peu pour voir ? grogna Braise. C'est qui qui à balancer un Hydrocanon dans le vide ?
— Je ne l'aurais pas fait si t'étais pas aussi chiant !

… bref, pour résumer, mes deux frères se battaient. Et pas silencieusement, ah ça non. On dirait presque qu'ils faisaient exprès de faire le plus de bruit possible. Du coup, tous les Pokémon qui passaient dans le coin fonçaient sur nous sans réfléchir.

Je ne voulais pas me battre, mais là, je n'avais pas le choix. Les Pokémon affluaient et Pluie et Braise étaient bien trop occupés à se chamailler.

Enfin, je me battais, mais je n'étais pas très utile. Pourquoi avais-je décidé d'évoluer en Voltali dans un coin où les Pokémon Sol pullulaient ? Je n'étais vraiment pas futée en plus d'être lâche.

J'enchaînais Vives-Attaques sur Vives-Attaques, plus pour fuir les assauts que pour attaquer à vrai dire. Heureusement, aucun de mes adversaires ne se dirigeait vers le refuge des villageois. Visiblement, ils voulait à tout prix me faire mordre la poussière avant de passer le point que je protégeais.

Enfin, je ne pouvais en être sûr. Aucun de mes adversaires ne parlaient, ils avaient tous sur leur visage ce même air grave, ténébreux. Ils agissaient comme des machines, c'étaient effrayant. Quelques fois, ils hurlaient, un terrible cri guerrier qui me hérissait le poil.

Décidément, je ne pouvais pas faiblir ici, si ces étranges et effrayants Pokémon arrivaient jusqu'au refuge... non, je ne voulais même pas y penser.

Cependant, je commençais vraiment à fatiguer. Je ne savais même plus combien de Cacturne, Gravalanch, Escroco, Sabelette, etc... voulaient ma peau. Je ne pouvais que forcer sur mes dernières réserves, suppliant mon corps de supporter mes membres en sang....


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Artichtote
 
 Mon rôle constituait à continuellement courir du point A, B et C pour me rendre compte de la situation en temps réel. Je ne voulais pas me vanter mais j'étais vraiment une experte dans l'utilisation de Hâte, je pense même que je pourrais dépasser Cassis à la course.

En parlant de situation, elle n'était pas idyllique bien sûr, mais ça allait globalement. L'équipe de Affienns se débrouillait bien, et ils venaient même de neutraliser un groupe de cinq Pokémon sans qu'ils ne puissent donner l'alerte. Du bon boulot.

Roberto-Michel et son frère combattaient aussi avec fougue, les Carmache étaient très efficients ici, leur capacité à se camoufler en utilisant leur Tunnel, de surgir du sol en un éclair, et d'assommer leur adversaires était impressionnante à observer. J'avais bien fait de leur confier Patch, ce dernier tremblotait paisiblement dans un coin à l'ombre, sans être inquiété de rien.

Maintenant, il ne me restait plus que d'aller voir ce qu'il se passait au point C, avec les évolitions ; ça ne devait pas être si terrible que ça.

Malheureusement, la réalité était souvent bien plus cruelle de ce que l'on espérait.

Orage était là, au centre de dizaines et de dizaines de Pokémon s'acharnant sur elle. Orage tentait tant bien que mal de leur échapper en abusant de ses Vives-Attaques, cependant, son pelage d'or était méconnaissable , affreusement teinté d'une terrible rouge.

Et Pluie et Braise ?! Je les cherchai des yeux, paniquée. Ils n'étaient pas bien loin, à se battre entre eux dans un coin. J-Je ne comprenais pas. Leur sœur était en train de mourir à côté d'eux, et ils se chamaillaient ?!

Je sentais la colère monter en moi, mais je ne devais pas me laisser aller à mes émotions.

Je ne pouvais malheureusement pas faire grand chose, faible comme j'étais. Et c'était peine perdue de faire entendre raison à Pluie et Braise, qui étaient comme perdus dans leur propre monde. Non, tout ce que je pouvais faire était d'aller chercher de l'aide, et le plus vite possible !


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Affienns
 
 Lorsque Artichtote m'avait expliqué la situation, je n'ai pas hésité une seconde. J'avais bien sûr une certaine amertume à laisser Brazoro et Géraldeline seuls à protéger le point B, mais la vie d'un de mes camarades passaient avant tout.

Je ne connaissais pas Orage depuis bien longtemps, cependant, il y avait dans ses yeux cette lueur du bon, qui attirait la sympathie. C'était un élément précieux. Contrairement à ces frères, malheureusement.

Artichtote et moi arrivâmes rapidement au fameux point C, que les trois évolitions devaient garder. Pluie et Braise était l'un sûr l'autre, s'insultant mutuellement et se mordant. Et plus loin, Orage, la douleur ancrée sur son visage, fébrile, puisant vainement dans des réserves de force déjà asséchées.

Je ne réfléchis pas un instant de plus. En dépit de la trentaine de Pokémon, je projetai une furieuse rafale de Canon Graine, une capacité ô combien utile dans ce désert.

La masse ennemie se dispersa légèrement, surprise et j'en profitai pour bondir au côté de Orage.

— Tiens bon ! lui suppliai-je. On va te sortir de là !
— …. Affienns ?


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Orage


Je ne comprenais pas très bien ce qu'il s'était passé. Un peu plus tôt, j'étais en train de combattre des dizaines de Pokémon. Ou plutôt, mon corps était en train de combattre, comme par automatisme. Je ne pouvais plus sentir aucun de mes sens. Mon corps était programmé à se battre, à protéger les villageois, et mon esprit ne pouvait que suivre.

Et puis, Affienns avait surgit de nulle part, me tenant dans ses petits bras. C'était à ce moment-là que je compris l'état dans lequel j'étais. Un état pathétique. Bah, au moins mon apparence physique reflétait ma personnalité, tout aussi pathétique, hahaha...

Affienns me répétait sans cesse des mots, que je ne pouvais saisir. Sûrement des encouragements. Ou des insultes. Je ne méritais que ça après tout. Si j'avais pris mon courage à deux mains à la mort de Père et de Mère, et que j'étais devenue Maire, les villageois n'auraient pas désertés, et nous aurions eu suffisamment de forces militaires pour repousser l'effroyable assaut que nous subissions actuellement. Tout était de ma faute.

C'était peut-être pour cela que je m'étais lancée dans ce combat malgré mes réticences, peut-être que j'essayais de réparer mes fautes. Mais même à présent, je ne le savais plus, plus rien ne parvenait à mon cerveau.

Rien, ou presque.

Alors que Affienns fuyait, mon corps dans ses bras. Je les vis. Braise et Pluie. Mes deux frères, toujours en train de se chamailler.

Maintenant que Affienns m'avait sortie de là, les Pokémon que je retenais s'était désintéressés de moi.

Leur attention se reportait sûr mes frères. Aucun d'entre eux ne les remarqua, piégés dans leur monde puéril.

Brusquement, un pieu de roche, une Lame de Roc, fusa du sol.

Elle se dirigeait vers mes frères.

Ce fut comme instinctif.

Mon cœur se resserra d'un coup.

Ma Vive-Attaque s'enclencha d'elle-même.

Et le néant.


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Affienns


— ORAGE !

Une seule seconde. Il fallut d'une seule seconde pour qu'elle m'échappât des mains. Un impact. Un cri déchirant.

Je restais pétrifié, incapable de bouger le moindre muscle. A mes côtés, Artichtote se liquéfiait presque.

Orage s'était propulsée à coté de ses frères, s'interposant entre une Lame de Roc mortelle. Une Lame de Roc qui lui avait transpercé le ventre.

Je ne pus dire ce qui me fis sortir de mes gonds. Était-ce l'expression de pur martyr figé sur le corps de Orage ? Ou était-ce l'absence totale de réaction de Pluie et Braise qui continuaient à se rouer bêtement de coups ?

— A-Affienns ! geignit Artichtote.

Je le savais. Ce n'était pas le moment de rester les bras ballants. Mais bordel, Orage était...  ! Si seulement, si seulement je l'avais tenue plus fermement, elle n'aurait pas eu à commettre cette folie... !

Fou de rage, je fusais vers Pluie et Braise, et les envoyait bouler d'un puissant Coup Double.

— Hé le vioque ! grogna Pluie. Ça va pas la tête ?!
— Tu vois pas qu'on est occupé ? siffla Braise.
— SILENCE !

La rage m'envahissait. Mais je forçais chaque atome de mon corps ne pas succomber au meurtre. Je n'écoutais aucune de leur protestation puériles et les ligotèrent de mes deux queues. Je voulais bien les laisser crever ici, mais Orage s'était sacrifiée pour eux. Et je ne voulais pas que son ultime acte fut vain.

Je luttais férocement pour ne pas aller récupérer le corps de Orage.

C'était trop tard. Revenir sur mes pas maintenant était suicidaire. Il y avait bien trop d'adversaires.

Je répétais ces trois phrases en boucle, retenant mes larmes vengeresses. La cruauté et la réalité du combat nous avait rattrapé.


____________________

Cassis
 
 Je tremblais. De peur ou d'excitation, je ne saurais le dire. Je savais que la moindre erreur n'était pas permise. Le Zehnte de Wildnis, the World of Sand, était impitoyable. Ce n'était pas qu'une simple prison de sable destinée à piéger une victime, loin de là.

Son nom était assez explicite, c'était un véritable monde de sable. Un monde où Wildnis était le maître incontesté.

Sans crier gare, des énormes trombes de sables déferlaient de nulle part, affichant leur volonté de me perforer. Je ne pouvais que les éviter de justesse, je savais que même mon corps d'acier ne pourrait résister à ses tornades dorées meurtrières.

Mais il n'y avait pas que le monde de sable dont je devais me méfier, il y avait aussi Wildnis lui-même. Il analysait chacun de mes mouvements pour me prendre de revers à chaque fois. Je ne comptais même plus le nombres de Poing de Feu que j'avais pris depuis le début des hostilités.

— Tu n'as aucune chance Cassis, soupira le Libegon. Tu sais aussi bien que moi que rien ne peut me vaincre une fois que j'invoque mon Zehnte.
— … Maître Königeld y est bien parvenu, lui rappelai-je.
— Parce que tu te penses aussi forte que lui ?

Wildnis ponctua son sarcasme en faisant subitement déferler une dizaine de trombes de sable perforantes ; l'une d'entre elle toucha ma mâchoire. Elle perdit un croc.

Le sursaut de douleur fut tel que je faillis perdre la raison, j'avais l'impression que l'on m'avait arraché un os d'un seul coup. Cependant, je tins bon, mordant férocement mes lèvres jusqu'au sang, pour garder possession de mes moyens.

Oui, Wildnis avait raison. Je n'étais pas aussi puissante que Maître. Dans mon état actuel, je ne parviendrais certainement pas à le blesser. Mais était-ce réellement une surprise ? Je savais que mon niveau était loin d'être suffisant pour accomplir mon but. Je devais encore évoluer, devenir plus forte, me rapprocher du niveau de Maître et finalement, le surpasser. Tel était la condition ultime et nécessaire pour la réussite de mon projet fou.

C'était dans l'urgence et la privation que l'on développait son véritable potentiel, comme nous le répétait souvent Maître. Et bien, c'était le moment de vérifier la théorie !