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Les Nuits de Sang de BioShocker



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Informations

» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 25/01/2016 à 12:17
» Dernière mise à jour le 25/01/2016 à 18:00

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence d'armes   Suspense   Unys

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011 : Général Grey
"Il ne faut jamais donner un ordre qui ne peut pas être obéi."
- Douglas MacArthur



- Vous êtes sérieux ?! On a échoué lamentablement, on s'est fait remarquer par des rebelles, on les a tués... et vous n'êtes même pas contrarié ? demanda le lieutenant Raine, effarée.

Elle et le major Warden, après avoir abattu à eux seuls une dizaine d'hommes armés faisant partie de la résistance Hoennaise, avaient précipitamment quitté le casino de Lavandia pour faire leur rapport à leur supérieur. Bien sûr, ils étaient satisfaits d'avoir obtenu - du moins s'ils en croyaient les clameurs de la foule - le soutien d'une partie de la classe aisée Hoennaise. Mais l'attitude du colonel Waltz la rendait perplexe. Il se contentait de sourire et de hocher la tête en l'écoutant parler, toujours aussi serein qu'à l'accoutumée. A croire que l'énervement ne faisait pas partie des émotions qu'il connaissait. Finalement, l'officier supérieur se leva, passa sa main dans ses cheveux bruns et se contenta de... hausser les épaules.

- Bah. Vous savez, des missions, on en rate, dans notre métier. Ce n'est pas la mort, lieutenant Raine.

Elle ouvrit la bouche pour protester, mais il ne lui en laissa pas le temps.

- Je sais que vous êtes très perfectionniste et que ça vous tue de commettre des erreurs... mais il faut relativiser. Personne n'est parfait, pas même vous, alors oubliez cet échec stupide, et allez de l'avant... sauf si vous voulez démissionner, là, on commencera à avoir des problèmes.

La blonde secoua la tête, atterrée, et se tourna vers son équipier. Il n'avait pas dit grand chose depuis qu'ils étaient arrivés au quartier général de Mérouville. Quelque chose le préoccupait certainement, mais elle avait du mal à voir quoi. Peut-être était-ce à cause de l'enterrement ayant eu lieu le matin-même. Effectivement, Raine avait cru comprendre que le défunt Sheldon Tanner était l'un des amis proches du major Warden. Elle était certaine que, malgré ses apparences froides, son collègue était quelqu'un de bien.

- Bon... je suppose qu'on peut y aller, maintenant, monsieur le proviseur ? osa dire Warden, en regardant son supérieur droit dans les yeux.

Le colonel Waltz ne releva pas, mais Raine remarqua bien le regard mauvais qu'il lança au major, et préféra ne pas intervenir. Elle en avait assez de voir tout le monde s'engueuler autour d'elle, alors tant pis si ça tournait au vinaigre, elle ne s'en mêlerait pas.

- Vous pouvez partir, mais je tiens à vous retrouver demain à l'aéroport de la ville, hm ? Je compte sur vous. Prévenez Watson que je veux le voir aussi avec vous.

Les deux officiers se regardèrent, perplexes, puis acquiescèrent en même temps. Ils quittèrent la pièce et Warden ne tarda pas à se poser des questions au sujet du rendez-vous du lendemain.

- J'espère qu'il veut pas nous emmener loin d'ici, parce que c'est pas l'est de Hoenn qui risque de m'intéresser... y'a que de l'eau, là-bas, et quelques îles.

La jeune femme haussa les épaules.

- Bah, on verra bien. Avec un peu de chance, on visitera Atalanopolis. Il paraît que le quartier général militaire est bien plus grand là-bas.

- Quelqu'un de très ambitieux doit officier en tant que patron dans ce coin-là... souffla le brun.


*
* *


Alex Raine, après ces derniers jours difficiles, retrouvait enfin son sommeil et ses pleines capacités de travail. Son chignon était de nouveau impeccable, et les vilains cernes sous ses yeux avaient disparu. Ce n'était en revanche pas le cas de tout le monde dans la petite équipe. Le colonel Waltz restait bien sûr fidèle à lui-même, mais les deux autres semblaient encore bien fatigués. Jim Warden ne cessait pas de bâiller, et le docteur Watson peinait à garder les yeux ouverts. Une fois que tout ce beau monde fut prêt à embarquer dans un avion normalement conçu pour transporter les prisonniers de guerre - inconfortable, donc -, la tension sembla redescendre d'un cran.

- Je ne sais pas ce que vous en dites, mais moi, j'ai hâte d'arriver... soupira Warden en remuant sur son siège.

Personne ne répondit à cette remarque, même si le major avait dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Watson gardait les yeux rivés sur ses mains, encore secoué par les récents événements, en particulier cette mystérieuse rencontre au cimetière de Mérouville. Pour alléger l'atmosphère pesante, le colonel commença à parler.

- Et dites-moi, vous avez pu rencontrer des gens intéressants, à cette petite fête au casino ? demanda-t-il à Raine et Warden.

Le major étant trop occupé à terminer sa nuit, ce fut le lieutenant qui répondit.

- Pas vraiment... on a pu croiser les deux rebelles auxquels on a eu affaire à Clémenti-Ville et... ah, si, il y a bien eu Sullivan Finkton et sa fiancée... Hilda je crois.

L'officier supérieur sembla clairement étonné par cette déclaration. Il ne s'attendait probablement pas à ce que l'un des hommes les plus fortunés d'Unys perde son temps à Hoenn, surtout que la région était scindée en deux depuis quelques temps. Il risquait de se retrouver embarqué dans le conflit malgré lui, et cela ne ferait qu'augmenter le nombre de victimes du côté Hoennais. Vraiment, il ne voyait pas cela d'un très bon œil, et l'éventualité à laquelle il songeait ne lui faisait pas plus plaisir...


*
* *


Le vent frais qui leur caressait le visage et repoussait leurs cheveux en arrière ne les dissuadèrent pas d'avancer sur la pelouse verte du cimetière de Mérouville. Il faisait froid, certes, mais la température redevenait vivable ; l'hiver infernal était terminé et le Soleil retrouvait ses droits sur la région. On pouvait même entendre, au loin, des oiseaux chanter. C'était bon signe, étant donné que depuis deux semaines, ce son avait disparu du quotidien des habitants.

La femme brune, toute de noire vêtue, trébucha mais fut heureusement rattrapée par l'homme brun à lunettes qui l'accompagnait et la couvait d'un regard bienveillant. Tous deux étaient suivis d'un petit garçon, qui ne devait pas avoir beaucoup plus de cinq ans. Il avait les cheveux bruns clairs de son père, et les yeux verts étincelants de sa mère. Le bas de son visage était couvert par une écharpe de laine épaisse, et il semblait peiner à suivre le rythme de marche des deux adultes.

- Calvin, chéri, tu veux que je te porte ? proposa Hilda Riggs.

L'enfant déclina poliment et enfonça un peu plus son visage rougi - par le froid, mais aussi par la gêne - dans son écharpe bleue. Hilda soupira. Elle n'avait jamais été à l'aise avec cet enfant. Cela faisait huit mois qu'elle le côtoyait, depuis qu'elle vivait avec Sullivan, et il semblait toujours aussi renfermé sur lui-même. En effet, Calvin Finkton était bien le fils de Sullivan, mais sa mère, la première femme de celui-ci, était décédée avant qu'il rencontre Hilda. Le manque de présence maternel n'était certainement pas bénéfique à ce petit. Elle voulait y remédier, mais ne savait guère comment s'y prendre.

Ils marchèrent encore un moment, puis s'arrêtèrent devant une pierre tombale récente, entièrement en marbre. Hilda se surprit à sourire. Les gens de l'armée Unovite ne faisaient pas dans la demi-mesure, et ils n'hésitaient pas à dépenser une fortune pour leurs soldats morts avec honneur. Ce n'était pas le cas dans la résistance Hoennaise. Elle chassa vite cette pensée de sa tête ; elle adhérait aux idéaux des résistants, car selon elle, aucune nation ne devait se voir soumise à une autre. Mais certaines des valeurs Unovites lui tenaient à cœur également, et pas seulement à cause des origines de son fiancé. Elle relut, pour la cinquième fois depuis qu'elle contemplait la sépulture, l'épitaphe.

"Nous n'oublierons pas votre bonne humeur."

- Hilda, si tu ne te sens pas prête, on peut toujours...

Elle secoua vivement la tête, animée d'une détermination sans faille. Elle devait le faire. Elle devait dire adieu à sa cousine Jennifer, dont elle avait toujours été proche, et ce malgré leurs divergences d'opinion concernant l'occupation Unovite. Elle aurait très bien pu les dénoncer, Sullivan et elle, mais elle n'en avait rien fait. Et pour cela, elle garderait toujours une place privilégiée dans le cœur de Hilda. Elle serra fort le bouquet de fleurs qu'elle tenait dans ses mains, puis le déposa à côté de la pierre tombale.

- Papa j'ai froid... geignit l'enfant, en serrant la main de son père dans la sienne.

- Je sais mon chéri, je sais... laisse ta maman dire adieu à sa cousine, c'est important pour elle.

Le regard du petit croisa celui brillant de larmes de sa mère de substitution, et il comprit à quel point, en effet, cela lui tenait à cœur. Elle termina son monologue larmoyant, essuya vivement son visage du revers de sa manche, et recommença à marcher en sens inverse, vers les grilles du cimetière. Sullivan et Calvin la suivirent, sans prononcer un mot.

Adossé à l'un des poteaux auxquels la grille était fixée, quelqu'un les regardait arriver dans sa direction. Lorsqu'il le remarqua, Sullivan leva les yeux au ciel et s'approcha de la personne en question. Un bel homme, qui ne devait pas avoir trente ans. Les yeux bleus étincelants d'une lueur énigmatique, un chapeau vissé sur sa tête et un sourire narquois... pas de doute, c'était bien ce soi-disant "homme d'église" qui traînait souvent dans le lieu de repos des morts. Un certain Roy Cohen, s'il s'en souvenait bien.

- Sullivan Finkton ! sourit l'étrange individu. Vous en avez, une belle famille. On est venu faire ses adieux à son ancienne femme ?

Le résistant d'origine Unovite serra les dents, remonta ses lunettes, puis regarda intensément son interlocuteur, alors que Hilda et Calvin observaient, anxieux, l'échange.

- Pas aujourd'hui, Cohen... pas aujourd'hui. Jennifer Greene, cela te dit quelque chose ?

Le prétendu homme d'église se gratta la tête, fit mine de réfléchir, toujours ce sourire moqueur aux lèvres, puis acquiesça.

- Oui, oui... pas plus tard que cette nuit, un blondinet a l'air un peu paumé s'est arrêté devant sa tombe. Il avait un costume froissé. Il est resté là, à fixer la pierre tombale. J'allais partir, mais il s'est lancé dans des adieux poignants... je suppose qu'il s'agissait d'un collègue, puisque apparemment, cette Greene a pris une balle pour le sauver... ou quelque chose comme ça, expliqua Roy Cohen.

Sullivan hocha la tête, pas certain que cela lui soit utile pour aider sa fiancée dans son deuil. Mais Hilda, bien qu'étant en train de pleurer, souriait aussi. Savoir que sa cousine, qu'elle admirait tant, s'était sacrifiée pour autrui, la rassurait. Elle avait peur que sa mort n'ait été vaine. Mais ce n'était pas le cas, et elle se jura intérieurement de rencontrer cet homme qui s'était rendu sur la tombe de Jennifer, alors même qu'elle-même n'avait pas pu assister à l'enterrement.


*
* *


Les quatre militaires Unovites quittèrent l'avion et observèrent, émerveillés, les alentours. Atalanopolis était, incontestablement, une ville magnifique, qui n'avait rien à envier à Mérouville. Elle était bâtie à même la montagne, mais semblait tout de même aussi avancée que les autres cités de Hoenn. Les rues étaient bondées de vacanciers et d'habitants, le climat bien plus chaud qu'ailleurs dans la région, et au centre de la ville, sur une sorte d'ilôt, un gigantesque bâtiment dominait l'intégralité d'Atalanopolis.

Il s'agissait d'un bâtiment globalement semblable au quartier général de Mérouville, mais celui-ci était bien plus imposant et brillait à la lumière du soleil d'un éclat aveuglant. Les immenses baies vitrées permettaient de voir ce qui se tramait à l'intérieur du hall ; des secrétaires s'affairaient, couraient en tous sens. L'agitation était à son paroxysme en ces lieux.

- Bienvenue au quartier général d'Atalanopolis ! sourit le colonel Waltz, ravi de voir les mines déconfites des trois autres.

Le lieutenant Raine et le major Warden s'efforçaient de garder leur calme et de paraître impassibles, mais ils gardaient les yeux écarquillés. Quant au docteur Watson, il se frottait vigoureusement les yeux, croyant rêver. Mais non, ils ne rêvaient pas ; ce bâtiment gigantesque et à la pointe de la technologie n'attendait qu'eux. Le colonel leur emboîta le pas et entra dans le quartier général. Ils ne tardèrent pas à le suivre, tout en observant autour d'eux comme des enfants dans un parc d'attractions.

- C'est immense... je me demande bien ce qu'ils trafiquent là-dedans... fit Warden, impressionné. Wouah !

Il eut à peine le temps de terminer sa phrase qu'une femme en blouse blanche, en train de courir, le bouscula assez violemment. Plusieurs autres scientifiques suivirent, et ils durent faire attention pour ne pas se cogner à eux.

- Eh bien on peut dire que c'est agité ici... rien à voir avec Mérouville... constata Raine.

- J'en ai presque le vertige, tellement c'est haut ! geignit Watson.

- Ce n'est pas le moment de s'extasier, les pipelettes. Venez, on prend l'ascenseur.

Les trois se regardèrent et, en chœur...

- Y'a un ascenseur ?!

Le colonel leva les yeux au ciel, pour une fois exaspéré par l'enthousiasme de ses officiers subalternes. Décidément, commander, ce n'était pas tous les jours facile. Le voyage en ascenseur ne dura que peu de temps. Ils arrivèrent au dernier étage, où se trouvait le bureau du nouveau général en fonction. Un soldat, probablement pas très haut-gradé, les salua avec respect.

- Le général Grey ne peut pas vous recevoir tout de suite. Veuillez patienter dans la salle d'attente, s'il vous plaît, débita-t-il d'un ton monocorde.


*
* *


Il ne quittait pas cet homme des yeux. Ce soi-disant psychiatre, ou Arceus sait trop quoi, qui le fixait du regard, tout en essayant de sonder son âme, ou bien une sornette de ce genre. Tobias ne faisait pas confiance aux psychanalystes, pour une simple et bonne raison ; ils étaient souvent fous eux-mêmes, plus que leurs patients.

- Je crois que cette entrevue ne donnera rien, monsieur Travis. Votre ami ne m'a pas adressé la parole et refuse de me répondre... soupira le spécialiste de sa voix qui semblait lointaine, fantômatique.

Tobias Owen se contenta de hocher la tête à l'adresse de Winston, qui secoua la sienne, atterré. Le médecin spécialisé dans la psychologie observa une dernière fois le grand blond de ses yeux gris, puis le salua de sa main anormalement pâle avant de quitter les lieux. Sans attendre, le leader des rebelles vint s'asseoir à côté du patient.

- Tu aurais pu faire un effort ! J'ai fait venir le docteur Hoffman de très loin, et il est une référence dans le domaine psychiatrique. Si tu l'avais laissé faire, il t'aurait aidé.

Owen secoua la tête.

- C'est ce qu'ils disent tous, les psys. On peut pas leur faire confiance.

Winston leva les yeux au ciel et posa sa main sur l'épaule du blond.

- Quand on est aussi paranoïaque que toi, c'est certain. Je ne digère toujours pas ce que tu as voulu faire lors de la soirée au casino... si tu m'avais prévenu, à la rigueur...

- Je sais, ça a été un échec total. L'un des plus cuisants qu'il m'ait été donné de subir. Je suis désolé, mais rester comme ça, dans un lit...

- Vois le bon côté des choses ; tu as des béquilles maintenant, tu peux marcher.

Le regard mauvais que Tobias lui lança le dissuada de pousser la blague plus loin. Il s'éloigna et entendit le blond marmonner :

- Courir avec ces conneries sur le champ de bataille, ça risque d'être dur, mais je suis prêt à le faire...

Bridget observait les deux hommes du coin de l'œil depuis un moment, mais elle était préoccupée par quelque chose de bien différent. Quelque chose qui lui importait bien plus que la santé mentale de ce dégénéré d'Owen. Quelque chose qui avait un avenir.


*
* *


Lorsque la double porte menant au bureau du général Unovite en fonction à Hoenn commença à s'ouvrir, Raine se leva immédiatement pour se mettre au garde-à-vous. Les autres suivirent, sauf le colonel Waltz, qui n'avait visiblement pas peur de se faire remonter les bretelles. L'officier situé devant la porte laissa le passage à une personne qui inspirait le respect, et peut-être même l'admiration.

Le général Estelle Grey était une femme qui devait avoir trente-cinq ans environ, bien que cela ne soit pas visible sur son visage encore jeune. Ses longs cheveux d'une couleur entre le gris et le blanc était soyeux et magnifiques, coiffés en arrière et tombant dans son dos. Son regard bleu azur était perçant, mais on pouvait y percevoir une étincelle de bienveillance ; elle était digne de confiance. Sur son élégant uniforme militaire gris foncé caractéristique d'Unys, on pouvait voir le symbole qui démontrait son rang. Elle approcha du groupe, lançant un regard noir à Waltz.

- Enchantée de vous voir - ou de vous revoir - ici présents. Je suis le général de brigade Estelle Grey, au service de cette armée depuis bien douze ans. J'ose espérer que l'accueil de mes hommes sera assez confortable pour vous.

Le lieutenant Raine était subjuguée par la beauté, la prestance et l'aura de puissance qui se dégageait de cette femme. Du haut de son mètre soixante-dix, elle n'était pas bien grande, mais elle en imposait ; même le colonel était obligé de l'admettre. Quoique, il ne semblait pas différent des autres jours. Le docteur Watson, lui, avait bien dû saisir la beauté du général Grey, car il n'y semblait pas indifférent. Le rouge qui lui montait aux joues pouvait en témoigner. Warden, comme à l'accoutumée, semblait ne se préoccuper de rien, les yeux dans le vague.

- Toi, Hans, tu ne m'as pas manqué. Je n'avais pas envie de venir à Hoenn à cause de toi, mais le ministre Finkton m'y a obligée...

- Bonjour à toi aussi, répliqua le colonel avec un grand sourire innocent. Si tu n'es pas contente, fonde un syndicat, ce sera une première dans l'armée !

Tous levèrent les yeux au ciel à sa remarque et le général les conduisit à leurs quartiers provisoires, tout en les informant sur les différentes infrastructures présentes à l'intérieur du bâtiment. Cela rentrait par l'oreille gauche de Warden et sortait par la droite ; il était trop occupé à chercher son briquet disparu dans ses poches.


*
* *


Le son de la porte qui s'ouvre fit presque sursauter Tobias Owen, qui jouait aux échecs contre lui-même. Il n'avait jamais été doué à ce jeu, mais autant essayer de dompter de la façon la plus tranquille qui soit la seconde personnalité qui dormait en lui - et qui avait tendance à se réveiller de plus en plus fréquemment ces derniers temps. Il soupira en voyant entrer une femme brune suivie par un homme à lunettes tenant un jeune enfant. Sullivan Finkton et sa femme Hilda, tous deux accompagnés du petit Calvin, venaient le déranger pour une raison sans doute futile.

- Qu'est-ce que vous voulez, Finkton ?

Le politicien originaire d'Unys ne releva pas le ton agressif employé par le blond et prit place dans le fauteuil en face de lui.

- Je m'intéresse à vous. Il semblerait, selon monsieur Travis, que vous souffrez d'un problème de personnalité. Il y en a une seconde qui sommeille en vous, et ça ne vous plaît pas de perdre le contrôle, n'est-ce pas ?

- Le psy est parti depuis longtemps, pas la peine de vous mettre à sa place. Vous êtes juste un politicard, pas un charlatan.

Sullivan acquiesça mollement.

- Il est vrai que je n'ai aucune formation médicale, mais cela se voit sur votre visage. En politique, on devient inconsciemment un détecteur de mensonges vivant.

Tobias ricana.

- Ouais, vu tout les mensonges que vous déblatérez à la minute...

Hilda voulut s'interposer mais son mari lui fit signe de ne pas bouger. Il retira ses lunettes, les rangea dans sa poche de poitrine, et planta bien son regard gris clair dans celui un peu plus foncé de son interlocuteur, qui ne cilla pas.

- Nous ne sommes pas tous comme cela, Owen. Votre leader a appris à me faire confiance, et vous devriez faire de même. Le fusil de précision avec lequel vous avez assassiné le major Sheldon Tanner, à l'ancien camp H119... il venait de nos laboratoires de recherches, à Unys. Avec mon influence, je n'ai eu aucun problème à en prendre quelques uns. Alors avant de me traiter de tous les noms, sachez que vous m'êtes redevable.

Tobias allait l'interrompre, mais Finkton afficha un sourire narquois, légèrement inquiétant pour le blond, qui commençait à sentir l'atmosphère étouffante.

- Je pourrais également cesser de payer vos frais médicaux, si vous refusez de devoir quoi que ce soit à un sale Unovite.

Le politicien, qui avait toujours les mots pour toucher là ou ça fait mal, se leva, donna une tape sur l'épaule du rebelle, reprit son fils dans ses bras, et s'en alla avec sa famille, en claquant la porte. Le son résonna une bonne minute avant de s'arrêter complètement, et Tobias Owen sentit que sa déchéance totale n'allait pas tarder à vraiment commencer.