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Le destin des Primordiaux de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 02/01/2016 à 21:27
» Dernière mise à jour le 22/05/2019 à 22:59

» Mots-clés :   Action   Aventure   Cross over   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 1 : Les menaces du présent et du passé
Ce monde est atteint d'un terrible mal, qui se nomme « humain ». Et moi, je suis le remède.



*****



Erend Igeus, le commandant suprême de la Confédération Libre, était en guerre depuis maintenant six mois contre le Protectorat de Johkan, dirigé par sa cruelle dictatrice Lady Venamia. C'était une guerre mondiale : Venamia contrôlait la Team Rocket, Kanto, Johto, Hoenn, et était en passe de conquérir Elebla. Elle avait pour alliés des Agents de la Corruption qui opéraient partout dans le monde, et leur sept Pokemon maléfiques connus sous le nom de Démons Majeurs qui, à eux seuls, valaient des armées entières. La région Balawis et l'Hégémonie Nukurios s'étaient également alliées à Venamia. De son coté, Erend avait derrière lui sa vieille armée de Johto, mené par les généraux Lance et Van Der Noob. Il avait l'appui de la République de Bakan, du royaume de Cinhol, de l'organisation Stormy Sky, du gouvernement de Sinnoh, il était en train de mener des négociations avec la Fédération Ranger d'Almia et le Consulat d'Edrogun.

Plus le temps passait, plus les alliances continuaient à se former, les vieilles rivalités à refaire surface, et très bientôt, ce conflit allait probablement atteindre le monde entier. Ce serait la plus grande guerre que le monde ait connu depuis des siècles. Et Erend, vingt-et un ans à peine, en était l'un des deux protagonistes. Ça aurait dû lui mettre une certaine pression sur les épaules, mais en ce moment même, il était confortablement assis sur son canapé dans son appartement chic de la capitale Fubrica, à faire une partie d'échecs avec son amie et confidente Ladytus.

La guerre pouvait bien être là, mais en six mois, il n'y avait eu pour ainsi dire aucune bataille. Erend et ses alliés s'étaient réfugiés dans la région Bakan dès la fin de la bataille du Pilier Céleste à Hoenn, qui avait déclenché les hostilités. Depuis, la Confédération d'Erend n'avait pas bougé, se contentant de se renforcer et de passer des alliances. Ils étaient nombreux ceux qui, dans la Confédération, pressaient Erend de donner l'assaut contre Venamia, mais le jeune homme restait sur ses positions. Attaquer maintenant n'aurait pas eu de sens. Venamia était en train d'essouffler ses armées dans la conquête d'Elebla, une très vaste région qui allait mettre beaucoup de temps à tomber. Erend voulait que Venamia se disperse, qu'elle accumule des territoires qu'au final elle ne pourra pas défendre bien longtemps.

Qu'elle s'amuse donc à conquérir ce qu'elle voulait ; le temps était l'allié d'Erend. Beaucoup, dont les rebelles Rockets d'Estelle Chen, lui reprochaient de sacrifier Elebla pour ses propres intérêts, tout comme il avait sacrifié Hoenn en laissant Venamia la prendre comme bon lui semblait. Mais ces idiots ne comprenaient pas tout l'art de la guerre. La guerre, c'était avant tout un combat de patience. Laissez-vous entraîner par vos émotions et agissez rapidement, vous aurez toute les chances de la perdre.

Erend était prêt à laisser Venamia conquérir le monde si ça pouvait ensuite l'aider à obtenir la victoire. Mais bon, il y avait quand même un problème. Estelle et la X-Squad, Erend pouvait les gérer et se foutre de leur avis. Ils ne comptaient pour rien du tout, et n'étaient là que parce qu'Erend le voulait bien. Mais il y avait une autre personne qui répugnait à laisser Venamia et son allié le Marquis des Ombres saccager le monde. Et manque de bol, cette personne était la reine qu'Erend avait intronisée lui-même et qu'il avait juré de servir...

- Echec, fit Ladytus en plaçant sa tour noire devant le roi blanc.

Erend revint momentanément au jeu. Ladytus était en train de l'acculer. Erend fut forcé de bouger son roi et de laisser la tour de Ladytus prendre le cavalier blanc derrière.

- Tu es distrait, devina le Pokemon en prenant le cavalier.

- Oui, avoua Erend. D'habitude, j'arrive à jouer aux échecs en pensant seulement qu'à six autres choses à la fois. Là, je ne suis qu'à quatre, et je galère comme un novice.

Avec son habituelle perspicacité, Ladytus devina sans problème ce qui turlupinait son partenaire humain.

- Je suis sûre que si tu parlais à la reine Eryl...

- La reine Eryl a bien appris en six mois à se comporter comme une reine, coupa Erend. Si elle a quelque chose à dire, elle fait en sorte que toute la Confédération le sache. C'est moi qui ait manœuvré les autres pour qu'ils l'acceptent comme reine et symbole de notre lutte. Je ne peux pas après me permettre de faire fi de ses demandes, où je passerai pour un hypocrite.

- Personne n'est dupe, Erend. Tout le monde dans la Confédération sait très bien qu'Eryl Sybel n'est qu'un étendard. Le véritable chef, c'est toi. Que ce soit le président Kearney, le duc Isgon, Syal ou encore le général Lance, tous ont plus confiance en tes capacités de stratège militaires et politiques qu'en celle de cette fille. Elle a beau être une incarnation divine, l'arme ultime de l'Innocence, ou ce que tu veux, elle n'en reste pas moins tristement ignorante et naïve sur bien des sujets.

- Soit, mais elle est censée être la voix de notre cause, l'incarnation de l'Innocence qui va pourfendre la Corruption que représentent Venamia et le Marquis. Et si la voix de l'Innocence dit que c'est lâche et mal de se terrer à Bakan tandis que Venamia commet massacre sur massacre à Elebla, qu'est-ce que je peux dire pour dire pour me défendre ?

- Que tu récupéreras Elebla et l'Empire Lunaris le moment venu, répondit Ladytus.

- Ça, oui, je le ferai. Le problème, c'est que Venamia aura eu le temps d'y commettre un génocide. Elle n'a apparemment pas bien supporté la défection de son tendre empereur Octave...

- C'est toi qui tient le prince héritier Julian, lui rappela la Pokemon. Il suffit d'en faire ton allié. Deviens son tuteur, ou quelque chose comme ça. Ça te donnera un avantage considérable sur ta légitimité à reconquérir l'Empire Lunaris.

- Le gamin n'a que trois ans. Il comprend à peine ce qu'on lui dit. Et les charlots de la X-Squad insistent pour le garder avec eux. Je peux difficilement le reprendre à son grand-père, le général Tender, sans que ça paraisse comme un kidnapping.

- Eh bien, sourit Ladytus, à l'origine, c'est la X-Squad qui l'a kidnappé à Venamia.

Erend avait déjà parlé quelque fois avec le fils de Venamia, pour lui expliquer en des termes très simples que sa maman adorée était une méchante personne. Oui, Julian pourrait lui servir le moment venu : les gens de l'Empire Lunaris étaient fiers et loyaux, et quand ils apprendront que leur prince héritier est aux cotés d'Erend, ils se soulèveront contre Venamia pour récupérer le trône pour lui. Mais pour l'instant, Erend avait laissé Julian avec son grand-père, son oncle et sa tante à Cinhol. Apparemment, le jeune roi Alroy l'avait pris sous son aile, jouant avec lui et lui enseignant les devoirs d'un futur souverain. Ces deux enfants se ressemblaient un peu après tout. Tous les deux avaient du sang royal, et étaient issus de mères psychotiques et tyranniques.

Erend ne parvint pas à se tirer assez de ses pensées pour renverser le cour de la partie, et Ladytus gagna haut la main. Soupirant de frustration, le jeune homme se leva et se posta devant la baie vitrée de son salon, contemplant toute la splendeur de Fubriqua qui s'étendait devant lui. La capitale de la République de Bakan était probablement la ville la plus surprenante du monde, tant par sa grosseur que par son niveau technologique. Erend avait passé une grande partie de son enfance ici. Il en avait de bons souvenirs, mais revenir à Fubriqua sept ans après son départ lui faisait mal. Car c'était ici, dans cette ville, qu'il avait perdu sa mère et son demi-frère Zayne, ainsi que beaucoup de ses amis. À l'époque, il n'était qu'un gamin perdu et naïf, cachant son anxiété par un idéalisme écœurant. En cela, il était reconnaissant à Castel et à Enysia de l'avoir fait mûrir, et de l'avoir fait comprendre que le monde était une chose cruelle qu'il fallait savoir domestiquer.

Aujourd'hui, il était de retour à Fubriqua en tant que chef de guerre, et ses amis étaient devenus ses subordonnés. À part Ladytus, il n'y avait personne ici qui puisse prétendre le comprendre et lui parler naturellement. Même son demi-frère Ithil, qui était toujours parmi les membres de la X-Squad à l'heure actuelle, se comportait avec lui comme avec son employeur. Erend essayait bien de se rapprocher d'Eryl - parce qu'il avait besoin d'elle mais aussi parce qu'elle lui plaisait - mais la jeune femme semblait se fondre dans son rôle de reine - voir de quasi-divinité - un peu trop bien. Elle restait la plupart du temps seule, comme si elle s'interdisait tout contact avec de vrais humains, tandis que elle, elle était d'origine divine : la légendaire Pierre des Larmes d'Erubin ayant pris forme humaine.

La théologie Pokemon n'était pas un domaine dans lequel Erend excellait particulièrement, mais diverses légendes antiques mentionnaient Erubin et Horrorscor, respectivement les Pokemon de l'Innocence et de la Corruption. Les deux étaient des opposés naturels, mais Erubin, du fait de sa personnalité qui n'était qu'amour et pardon, ne pouvait s'empêcher d'aimer Horrorscor et d'avoir pitié de lui. L'amour pur et sincère d'Erubin parvint à toucher le maître de la corruption lui-même. Mais la nature d'Horrorscor faisait qu'il était constamment jaloux et aigri. Il ne supporta pas de voir Erubin donner son amour à tous les Pokemon de la planète ; il la voulait pour lui tout seul. Il tenta donc d'annihiler tous les Pokemon du monde, et fini par tuer Erubin elle-même. Avant sa mort, Erubin, emplie de tristesse, pleura une unique larme, d'une pureté incroyable. On dit que la larme se transforma en pierre, et qu'elle détruisit Horrorscor.

Erend ne savait pas trop quelle foi prêter à ces récits là. Il était du genre à croire ce qu'il voyait. Le fait est qu'Horrorscor est toujours vivant malgré sa destruction supposée. Son âme subsistait respectivement dans les corps de Lady Venamia et de l'actuel Marquis des Ombres, dont l'identité reste un mystère. Eryl, elle, serait la Pierre des Larmes ayant pris forme humaine : elle est donc capable d'annihiler un serviteur de la corruption d'un simple touché. Pourtant, elle avait échoué à détruire le Marquis alors qu'elle l'avait eu face à elle. Que ses pouvoirs soient réels ou non, ce n'était pas le problème d'Erend. Il fallait juste que les autres le croient. Tous ici, à Bakan et à Cinhol, se souvenaient du chaos qu'avait provoqué Enysia, une ancienne Marquise des Ombres qui s'était révélée être le cerveau derrière les agissements de Castel Haldar. Ils étaient donc tous prêts à combattre Horrorscor et ses sbires, et Eryl Sybel était le meilleur porte-étendard possible pour Erend.

- J'ai des rendez-vous, aujourd'hui ? Demanda Erend à Ladytus sans quitter sa vision de la capitale.

- Tu dois rencontrer le ministre de la guerre de la Listerie à 17h, répondit la Pokemon avec sa mémoire habituelle.

- La Listerie ? Répéta Erend sans comprendre. C'est quoi ça ?

- Un tout petit pays frontalier du sud-ouest de Kalos. C'est toi qui voulait cette rencontre, pour acquérir son soutient.

Erend se massa les tempes. Il passait tellement d'alliances ces temps ci qu'il ne savait même plus ce que sa propre Confédération Libre comprenait comme Etats-membres.

- Et qu'est-ce que la Listerie peut apporter à notre effort de guerre si elle nous rejoint ? Demanda Erend en allant se servir un cognac.

- C'est un pays montagneux. Ils ont beaucoup de Pokemon roche et sol qu'ils ont entraîné pour leur défense militaire.

- Combien ? Et lesquels ?

- Ça, tu devras voir avec le ministre, renchérit Ladytus. Et à 19h, tu dois prononcer un discours devant la Chambre Haute de Bakan, pour terminer avec un dîner de gala aux cotés du président et de beaucoup de sénateurs.

- Kearney ne sait faire apparemment que ça... des dîners de gala, soupira Erend. Je devrai sortir accompagné ?

- Il vaudrait mieux, pour l'image. Mais inutile de compter sur Sa Majesté Eryl. Elle m'a bien fait savoir qu'elle ne quitterai pas ses quartiers de toute la soirée.

- Notre chère reine a parfaitement compris comment éviter les festivités du bon président Kearney. Il lui suffit de prétexter une méditation divine ou ce genre de truc. Hélas, je ne suis qu'un pauvre mortel. Syal serait dispo ?

Ladytus produisit un son amusé très peu « Pokemon ».

- Tu vois Syal dans ce genre de soirée dansante toi ? Avec son uniforme de combat et son cuivre au bras en guise de robe de soirée ?

- Pas vraiment non, tu as raison...

Erend aurait bien invité Leaf ; c'était une fille de diplomate, qui connaissait tous les codes politiques, et qui de plus travaillait souvent avec le président Kearney. Le problème était que Leaf était mariée maintenant, et que si elle était présente, ce serait avec messire son époux, le prince et ambassadeur de Cinhol, Deornas Haldar. Erend aurait pu demander à Velca, son assistante humaine et une vieille amie. Mais venir à ce genre de rassemblement de la haute avec une simple assistante ne le faisait pas trop. C'était toujours l'occasion de tisser des ententes nouvelles, de parlementer business avec les puissants du pays...

- Je sais, fit enfin Erend. Je vais proposer ça à Estelle Chen. Elle sera je pense plus que ravie de quitter Cinhol un moment pour renouer avec la modernité. Et ça me permettra d'avancer le pion « rebelles Rockets » pour l'intégrer plus tard à mon jeu.

Estelle, la chef autoproclamée des opposants Rockets à Venamia, était la fille de l'ancien Boss Giovanni, mort au cour de la bataille d'Hoenn. Mais c'était aussi le seul contact qu'Erend avait avec les résidents de la base G-5. Le général Tender était un vieux militaire renfermé, et la X-Squad se méfiait d'Erend. Restait Estelle, qui avait l'avantage d'être une femme ouverte et raisonnable. Erend l'aurait bien invité en permanence à Bakan, afin de commencer sérieusement à négocier avec elle, mais elle tenait à rester avec ses hommes à Cinhol. Erend se doutait cependant que ça n'allait pas durer. La X-Squad était une unité habituée à l'action. Cela faisait six mois qu'ils se roulaient les pouces à Cinhol, et ils allaient bientôt craquer. Erend attendait qu'ils viennent le supplier de leur donner une mission, n'importe laquelle. Alors il pourrait commencer à affermir son autorité sur eux.

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, commenta enfin Ladytus. Beaucoup de politiques de Bakan ne font pas trop la différence entre la Team Rocket de Venamia et les rebelles d'Estelle. Pour eux, la Team Rocket reste la Team Rocket.

- Eh bien, ça leur fera une occasion de s'instruire.

Erend n'était pas vraiment un fan de la Team Rocket du temps de Giovanni, mais il reconnaissait lui-même qu'elle était mille fois préférable à la tyrannie totalitaire qu'avait imposée Venamia à Johkan. Estelle se posait comme l'égérie d'une nouvelle Team Rocket, moderne, et respectueuse de la loi. Et puis, même si ça lui en coûtait de l'admettre, Erend avait besoin de la X-Squad. Rien qu'à eux deux, les jumeaux Crust valaient toute une armée, voire davantage. Autant bien s'entendre avec leur nouvelle patronne.

- Des dîners de galas... répéta Erend, accablé. Décidément, c'est pas de tout repos, le job de Sauveur du Millénaire. Et en plus, j'ai même pas postulé pour. Arceus m'a engagé d'office, et avec un salaire inexistant. Je devrai peut-être l'attaquer aux prud'hommes...

- S'il avait raison - et c'est Dieu après tout - ce sera toi qui est censé sauver le monde d'Horrorscor, lui rappela Ladytus d'un air sévère. Enysia n'était qu'une mise en bouche. C'est maintenant que tu vas affronter le véritable mal. Tu n'as pas le droit de flancher, même si ça signifie devoir enchaîner les entretiens et les dîners, ce qui a mon sens n'est pas le pire pour le moment...

- Le véritable mal, hein ? Marmonna Erend. Tu le crois vraiment ?

- Que veux-tu dire ? S'étonna Ladytus.

- Je ne sais pas, répondit le jeune homme, perdu dans la vision des nuages sombres qui s'amassaient au loin de Fubriqua. Mais quelque chose de mauvais approche. Je ne sais pas pourquoi je dis ça, mais j'ai l'impression qu'un danger nous guette, et que cette fois, il ne vienne pas d'Horrorscor...


***


Depuis des mois, le Glacier Infini fourmillait d'Akyr du Grand Forgeron. En profanant la Première Cité, enfouie sous la glace, les humains de l'Institut Archéologique les avaient tiré de leur long sommeil. Près de trois mille Akyr étaient restés à Atlantis quand la cité avait coulé, attaquée par les forces de l'Empire Infini des Primordiaux. Par manque d'énergie, ils s'étaient mis en sommeil. Mais à présent que les humains avaient relié Atlantis à la surface avec leur long tunnel, les Akyr s'étaient mis en ordre de bataille. Ils avaient détruit la base de l'Institut et tué tout le monde. À présent, dans leurs esprits bioniques, une seule question se posait : comment servir au mieux le Grand Forgeron ?

Des milliers d'années s'étaient écoulées depuis l'engloutissement d'Atlantis. Le Grand Forgeron était parti et n'était jamais revenu. Pourtant, les Akyr ne tenaient qu'à le servir. C'était le seul but de leur existence, ce pourquoi le Grand Forgeron les avait créés. Les Akyr n'étaient pas désordonnés pour autant. Ils n'agissaient pas chacun de leur côté. Le Grand Forgeron avait pris soin de les diviser en trois classes hiérarchisées. Il y avait les Akyr de la Troisième Classe, les plus nombreux, à l'allure standardisée, de simples soldats. Les Akyr de Seconde Classe étaient moins nombreux, avaient des formes différentes, et pouvaient diriger à eux seul un bataillon de cent Akyr de Troisième Classe. Enfin, il y avait les Akyr de Première Classe, les plus puissantes créations du Grand Forgeron. Il y en avait que quatre. Trois d'entre eux étaient partis de la Terre avec le Grand Forgeron lors de sa fuite face aux Primordiaux. Le dernier était resté sur Atlantis, et à présent, c'était lui qui dirigeait tous ces Akyr un peu perdus.

Il était l'Akyr Propagateur, l'un des quatre Akyr de Première Classe. Comme tous les Akyr, il était fait d'un alliage de Sombracier, de Vifacier et de Lunacier, les trois Métaux Légendaires du Grand Forgeron. Et s'il y avait bien une chose qui ne changeait guère dans leur apparence, c'était leur tête en forme de bec d'oiseau, incurvée vers le bas et avec deux plaques optiques d'un coté et de l'autre qui leur servait d'yeux. Mais après, toutes les Secondes et Premières Classes différaient. L'Akyr Propagateur, lui, était mince et grand, et avait la particularité de posséder six bras. Sa couleur était cuivrée, et ses jambes étaient à triple articulation.

Chaque Akyr au dessus de la Troisième Classe avait un rôle précis. L'Akyr Propagateur n'avait pas été nommé ainsi par hasard. Son but était de propager les Akyr partout où il pouvait. Il était le seul Akyr à qui le Grand Forgeron avait enseigné les secrets de fabrication de ces êtres robotiques. L'Akyr Propagateur créait donc de nouveaux Akyr, et guidait leur pas lors de leurs premières heures d'existence. Il avait toujours été un peu considéré comme le père des Akyr, tandis que le Grand Forgeron faisait office de dieu pour eux. Aussi, les Akyr de Troisième Classe comme de Seconde Classe étaient soulagés qu'il soit parmi eux et qu'il dirige les opérations.

Quand les Akyr s'étaient extirpés du sol pour revenir à la surface après des millénaires, ils avaient vu devant eux un paysage gelé qui s'étendait à l'infini. L'Akyr Propagateur avait tout de suite compris qu'il s'était passé beaucoup, beaucoup de temps, car Atlantis avait coulé dans l'océan, et il n'était pas gelé à l'époque. Ce glacier inhospitalier et désert posait problème. Les Akyr ne craignaient pas le froid en lui-même, mais leurs articulations pouvaient sans problème geler sous cette température infernale. Ils avançaient donc lentement, s'arrêtant de marcher le soir quand la température descendait trop, et surtout, ils ne savaient pas où ils allaient. Ils ne savaient plus rien de la planète, de ce qu'elle était devenue. L'Akyr Propagateur regrettait d'avoir tué un peu trop vite les humains de ce complexe de recherche ; ils auraient pu en garder un en vie pour l'interroger.

- Akyr Propagateur.

L'Akyr de Première Classe se tourna pour faire face à celui qui s'adressait à lui : l'Akyr de Plomb, de Seconde Classe. Un Akyr épais au corps sombre.

- Peut-être aurions-nous mieux fait de ne pas quitter la Première Cité. Si nous parvenons à la réparer et à la sortir de la glace, nous pourrons nous en servir pour nous déplacer, et...

- Il y a déjà une équipe d'Akyr qui se charge des réparations, coupa l'Akyr Propagateur. Rester dans Atlantis aurait été dangereux. Quand nous étions en sommeil dans la matrice à Akyr, nous ne nécessitions que peu d'énergie. Mais trois mille Akyr autonomes et se déplaçant partout dans la cité aura tôt fait de l'endommager davantage. Nous devons savoir ce qui s'est passé ici. Pourquoi Triseïdon a disparu. Pourquoi l'Akyr Ailé a été détruit.

Leur équipe d'ingénieux Akyr avaient détecté des émanations de Lunacier assez récentes dans les flots gelés près de l'endroit où reposait Atlantis. Le Lunacier était un métal fait pour stocker l'énergie. Il pouvait la garder en lui un temps considérable, et restait donc tout ce temps parfaitement détectable. Quelle ne fut pas leur surprise en constatant que ces morceaux de Lunacier étaient en fait les restes d'un Akyr de Seconde Classe qui était parti avec le Grand Forgeron avant l'engloutissement d'Atlantis ! L'Akyr Ailé était bien connu du reste de ses congénères, car il était le seul à savoir voler.

Découvrir ses restes ici, sur Terre, impliquait donc que le Grand Forgeron l'avait envoyé, et qu'il n'avait pas oublié cette planète et sa Première Cité. Peut-être le Grand Forgeron était-il lui-même en route ? Auquel cas, il était du devoir de ses Akyr de l'accueillir comme il se devait. Atlantis devrait être opérationnelle d'ici son retour, pour que le Grand Forgeron revienne y siéger comme du temps de son règne, et qu'il extermine enfin ces races faibles qu'étaient les Pokemon et les humains, pour repeupler ce monde exclusivement avec des Akyr. Telle était la vision du Seigneur Memnark !

- Je ne fais pas confiance à l'Akyr Cerebro et son équipe, continua l'Akyr de Plomb. Ils vont plus travailler sur leur nouveau... projet que sur la remise en état d'Atlantis.

- Il faut bien qu'ils s'amusent un peu, après des milliers d'années de sommeil. Ce sujet humain est venu jusqu'à nous, comme si c'était le destin. Durant tout ce temps, je suis sûr que nous avons tous oublié comment sont fait les humains et comment ils fonctionnent. Tant que le Grand Forgeron ne nous aura pas rejoint, il nous revient à nous de créer la future génération d'Akyr.

- Chose futile, renchérit l'Akyr de Plomb. Un seul Troisième Classe est suffisant pour détruire n'importe quel ennemi, même les Pokemon les plus puissants.

- Et pourquoi donc on a retrouvé l'Akyr Ailé en morceau, d'après toi ? Nous sommes restés en hibernation durant des milliers d'années, tels quel. Les humains auront eu largement le temps d'évoluer. Ceux que nous avons tué possédaient des technologies qu'ils étaient très loin d'avoir conçu à l'époque.

Le regard cybernétique de l'Akyr Propagateur se perdit dans l'horizon.

- Nous ne savons pas ce qu'est devenu ce monde et ses habitants. Nous savons juste que nous devons le conquérir au nom du Grand Forgeron. Nous trouverons ensuite les trois Solerios manquant, et quand le Grand Forgeron aura réuni les cinq, il pourra prendre sa revanche sur l'Empire Infini des Primordiaux, et devenir le maître de l'univers, comme il aurait dû l'être, et comme il le sera !

Cette heureuse certitude en tête, l'Akyr Propagateur reprit sa marche, son armée mécanique derrière lui.