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Les Nuits de Sang de BioShocker



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» Auteur : BioShocker - Voir le profil
» Créé le 30/11/2015 à 19:52
» Dernière mise à jour le 30/11/2015 à 19:52

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Présence d'armes   Suspense   Unys

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003 : Mesures radicales : l'ennemi doit tomber
"Aucun mortel ne peut garder un secret. Si les lèvres restent silencieuses, ce sont les doigts qui parlent. La trahison suinte par tous les pores de sa peau."
- Sigmund Freud



L'exécution publique ayant eu lieu la veille sur la grand-place aurait dû rassurer les militaires Unovites basés à Mérouville. Pour la plupart, c'était le cas. Mais ils ne s'impliquaient pas, ou peu dans la lutte contre les résistants Hoennais. Ceux qui, en revanche, trempaient de près dans ce conflit savaient pertinemment qu'il fallait constamment être sur ses gardes. La prise du camp H119, près de Cimetronelle, en était la preuve la plus solide. Si les résistants avaient réussi à s'emparer d'une base militaire Unovite, ils devaient être relativement nombreux. Un petit groupe n'arriverait à rien de tel, c'était certain.

Dans son bureau, étrangement plus désordonné qu'à l'accoutumée, le colonel Hans Waltz réfléchissait. Toujours serein, fidèle à lui-même, évidemment, mais préoccupé. Quelque chose le chiffonnait. L'exécution publique du résistant Fritz Dyer visait à dissuader les Hoennais de s'engager dans la résistance. Etrangement, il avait le sentiment que le contraire allait se produire. Il ne pouvait pas se l'expliquer, mais il était certain que les choses allaient s'accélérer, et ça ne l'enchantait pas. Par la fenêtre, il voyait des officiers subalternes s'affairer à déblayer les routes couvertes des cadavres d'inconscients qui osaient sortir sans précaution.

Alors qu'il était toujours tourné vers le paysage extérieur, il eut une idée. Une idée encore plus... fulgurante, que toutes les idées fulgurantes qu'il ait pu avoir dans sa vie. Il décrocha le téléphone posé sur son bureau, composa le numéro de son secrétaire personnel et attendit d'entendre sa voix pour ordonner :

- Je veux le major Warden et le lieutenant Raine dans mon bureau, le plus vite possible.

Sans plus de procès, il reposa le combiné sur son socle et croisa les mains sur le meuble, impatient de mettre en œuvre le plan qu'il venait d'échafauder, en très peu de temps. Un plan simple, mais efficace.


*
* *


- Je me les gèle ! geignit Jim Warden en traversant la rue aussi vite qu'il le pouvait.

- Oui eh bien moi aussi figurez-vous, cessez de geindre et courez ! répliqua Alex Raine, dans le même état.

Tous deux, qui s'ennuyaient ferme, avaient tenu à rejoindre l'une des brigades de la police politique pour la journée, histoire de faire quelque chose. Mais le destin en avait décidé autrement. Apparemment, le colonel Waltz avait besoin d'eux. Une urgence, selon son secrétaire personnel. Les deux officiers couraient donc à toute allure pour rejoindre le quartier général, qui se trouvait assez loin des quartiers défavorisés de Mérouville. Etant donné la vitesse à laquelle ils allaient, ils atteignirent assez rapidement les locaux militaires et s'y engouffrèrent sans prendre la peine de ralentir. Ils soupirèrent de soulagement en sentant une bouffée de chaleur les envahir peu à peu, remplaçant le froid glacial de l'extérieur.

- J'ai jamais eu aussi froid de ma vie ! Je regrette vraiment Unys... soupira le brun en montant, quatre à quatre, les marches de l'escalier qui menait aux bureaux des officiers supérieurs.

- C'est vrai que les températures sont chaotiques à cette période de l'année, ici... je tuerais pour un café bien chaud ! ajouta Alex.

- Tant que vous tuez quelqu'un d'autre que moi, ça me va.

Les deux officiers arrivèrent tout essouflés à la porte du bureau, et entrèrent sans frapper. Waltz leva les yeux de son rapport, n'en semblant pas le moins du monde offusqué. Après tout, il les avait réclamés, ils se trouvaient devant lui, pas de problème donc. Warden et Raine saluèrent leur supérieur puis, à la demande de celui-ci, prirent place sur les fauteuils qui remplaçaient désormais les inconfortables chaises métalliques. Remarquant l'attitude de Waltz, un peu moins sereine que d'habitude, la jeune femme plissa les yeux mais s'abstint de tout commentaire.

- Je suis désolé de vous demander si... précipitamment, mais je crois avoir trouvé une solution convenable à notre problème.

- Notre problème ? répéta Jim, pas certain de comprendre.

Le colonel, toujours aussi patient, se contenta de sourire et de répondre.

- Je parlais du camp H119, major Warden.

Le brun se gratta la tête, honteux, et soupira en se redressant sur son fauteuil. La tension était palpable dans la pièce. Impatients de connaître l'idée de leur supérieur, les deux officiers l'invitèrent à s'expliquer.

- Vous n'êtes pas sans savoir que l'exécution publique d'hier avait pour seul et unique but de décourager les forces rebelles Hoennaises. En leur faisant une démonstration de notre puissance, qui est bien supérieure à la leur, nous suscitons la peur dans leurs rangs. C'est exactement ce qu'il nous faut. Il faut qu'ils aient peur, et comme cela, les chances qu'ils attaquent de nouveau diminuent.

- Certes mais je ne vois pas où vous voulez en venir, monsieur... souffla Warden, perplexe.

- C'est très simple. Probablement le plan le plus simple que j'aie eu à élaborer de toute ma vie. Et vous n'êtes pas sans savoir que je suis un spécialiste en la matière.

Intrigués, les deux partenaires hochèrent la tête vigoureusement, l'une croisant et décroisant nerveusement les jambes, l'autre replaçant sans arrêt ses cheveux correctement. Waltz aimait beaucoup faire attendre les autres, et cette fois-là ne faisait pas exception à la règle. Il prit son temps, et finalement, annonça :

- Nous allons faire sauter le camp H119 aujourd'hui.

Silence pesant. Deux paires d'yeux écarquillées. Bouches ouvertes. Immobiles. Sourire satisfait.

- Q-q-quoi ? Vous plaisantez ?! s'écria Alex en se levant, entre l'étonnement et l'indignation. Ce camp est une position stratégique non-négligeable pour nous, et...

- Lieutenant Raine, je vous prierais de vous calmer, si ce n'est pas trop demander.

Confuse, la blonde hocha la tête et reprit sa place sur le fauteuil. Elle se sentait un peu honteuse, d'autant plus qu'elle avait sermonné son collègue la veille. Autant dire que ça la foutait mal.

- Je comprends tout à fait votre colère, mais il faut considérer la chose dans les deux sens. C'est une position stratégique, pour eux comme pour nous. Pensez à ce qu'ils pourraient croire si nous les laissions dans le camp sans riposter. D'après-vous, que se passerait-il ?

- Ils se sentiraient puissants et commenceraient à s'attaquer aux autres camps dont nous disposons... supposa Jim, peu réjoui à cette seule idée.

- Exactement. Alors nous n'avons qu'à faire disparaître ce camp, avec tous les rebelles présents à l'intérieur. Nous ferons d'une pierre deux coups, comme on dit. J'ose espérer que cela vous paraît acceptable ? questionna Waltz, déjà presque certain de connaître la réponse.

Hochement de tête pour les deux subalternes. Sourire satisfait du supérieur.

- Que fait-on si aucun Hoennais ne se trouve à l'intérieur ?

Waltz ne considéra même pas la question et la balaya d'un geste de la main.

- Peu importe, nous aurons au moins détruit une de leurs bases. Ce qui n'est pas négligeable. Rendez-vous en bas dès que vous êtes prêts, il y a une camionette à votre disposition.

- Bien monsieur, répondirent-ils en chœur, avant de quitter la pièce, laissant derrière eux leur supérieur.


*
* *


Emmitouflé dans un long manteau de cuir qui ne lui allait pas, il grelottait de froid, adossé à la camionette militaire qui le conduirait en mission d'ici peu. Il redoutait un peu de se retrouver face à l'ennemi, mais maintenant qu'il avait du travail, il ne s'en plaindrait pas. Dire qu'il regrettait la guerre serait un peu exagéré, mais il était vrai que les services des médecins militaires se faisaient rarement désirer en temps de paix.

- Quel temps déplaisant... souffla-t-il, un nuage de fumée quittant ses lèvres en même temps que les mots, à cause du froid mordant.

Il ne savait pas s'il tremblait de froid, de peur ou bien les deux. Il avait toujours peur de mourir en mission, et ce jour-là ne faisait pas exception à la règle. Après tout, il avait peut-être raison de craindre pour sa vie. De taille très moyenne, il ne dépassait pas le mètre soixante-dix et n'était pas costaud. Il aurait du mal à se défendre tout seul en cas de danger. Lorsqu'il entendit des pas se rapprocher, il releva la tête d'un geste las pour apercevoir deux officiers arriver dans sa direction.

Alex Raine et Jim Warden, pourvus d'armes et d'explosifs, avançaient d'un pas pressé vers la camionette qui les emmènerait en mission. Ils déchargèrent leur fardeau à l'intérieur et remarquèrent enfin le type qui tremblait de froid. Ses cheveux blonds foncés courts étaient désordonnés et son regard, d'une couleur émeraude, furetait un peu partout, comme impatient. Son visage relativement jeune indiquait qu'il devait avoir une trentaine d'années et ses traits doux lui donnaient presque un air d'enfant de chœur.

- Euh... vous êtes censé venir avec nous en mission ? demanda le major Warden, perplexe.

L'autre planta son regard dans les yeux bleus du brun et finit par acquiescer.

- Docteur Joseph Watson, à votre service.

- Un médecin militaire, c'est ça ? Vous êtes compétent ?

Le docteur Watson ne répondit que par un haussement d'épaules. Ce n'était pas vraiment à lui d'en juger. Alex restait en retrait, observant ce singulier personnage. Plutôt petit, tout mince et à l'air innocent, il ne correspondait pas au profil que l'on se faisait habituellement d'un militaire. Quoi qu'elle ne fût pas mieux placée pour dire cela du haut de son mètre soixante-cinq.

- Je suppose que nous pouvons partir, maintenant, non ? questionna-t-elle, impatiente de s'asseoir.

Le médecin blondinet secoua la tête.

- On m'a dit que l'équipe serait constituée de quatre personnes. Le lieutenant Raine, le major Warden et... euh...

- Veuillez me pardonner, je suis en retard ! intervint une voix familière.

Ils se retournèrent vers le colonel Waltz, qui arrivait dans leur direction, visiblement paré pour partir en mission.

- Vous ? Je vous voyais comme un simple bureaucrate désintéressé... s'étonna Jim Warden.

- On ne devient pas colonel en claquant des doigts, quoique dans mon cas, je n'aie pas eu besoin d'aller souvent au front... être stratège militaire apporte quelques avantages. Enfin, je suis très heureux de vous accompagner pour cette mission, ça devrait être amusant.

Alex et Joseph Watson se consultèrent du regard, peu certains de l'attitude à adopter en face de cet étrange officier supérieur. La blonde commençait à le connaître et à se faire à ses sautes d'humeur et à son comportement parfois fantasque, mais le médecin ne savait pas quoi en penser. Il se contenta de prendre place à l'arrière de la camionette, trop frigorifié pour oser poser les mains sur le volant. Jim s'installa à l'avant, sur le siège conducteur, et le colonel Waltz monta à ses côtés. La jeune femme prit donc place à côté du médecin.

- Je ne sais pas vous, mais je ne sens plus ni mes mains, ni mon nez... souffla-t-il, mal à l'aise.

- Croyez-moi, je ne suis pas en meilleur état, docteur.

La gêne ressentie par le blondinet était presque palpable, tant elle était évidente. Son visage aux traits doux était tout rouge. Peut-être le froid lui avait-il donné cette couleur voyante, peut-être pas. De toute façon, sa manie de détourner le regard à chaque fois qu'elle posait l'œil sur lui ne trompait pas. Il finit par sortir un livre. Un vieil exemplaire d'un livre de Friedrich Nietzsche qu'elle-même avait lu de nombreuses fois. Elle vit là un moyen d'entamer la conversation avec le docteur Watson. Et tant pis pour sa lecture !

- Vous lisez beaucoup, docteur ? questionna-t-elle, arborant pour une fois un sourire sincère.

Pris au dépourvu par la soudaine envie de parler de sa collègue, il ne parvint qu'à balbutier un "oui" hésitant.

- Vous n'avez pas à vous sentir effrayé, je ne suis qu'une femme comme une autre. J'ai peut-être l'air froide, mais tout de même...

- Je sais, c'est que... je suis du genre maladroit, et... timide. Excusez-moi.

Il sembla se renfermer encore un peu plus sur lui-même, si tant est que cela fût possible. Alex soupira et esquissa un sourire, intéressée par cet étrange blondinet aux airs angéliques.


*
* *


La camionette s'arrêta, laissant descendre ses quatre passagers. Il faisait encore plus froid sur la route 119 qu'à Mérouville. Toujours frigorifié, le docteur Watson tremblait et claquait des dents, brisant le silence pesant installé entre les militaires. Le colonel Waltz se joignit à lui, chantonnant presque joyeusement l'hymne national Unovite. Jim et Alex se regardèrent, étonnés par le comportement clairement anormal de leur supérieur. La pluie ne se montra pas, fort heureusement pour le groupe. Chaque bruissement d'herbe faisait sursauter le pauvre médecin, qui ne tarderait sans doute pas à tomber dans les pommes.

- Ne paniquez pas, docteur, ce sont que des Mystherbe et des Linéon, ou je ne sais quoi d'autre. Pas de quoi s'alarmer, vraiment... soupira le major Warden, las.

- Je rejoins le major, il vaudrait mieux que vous soyiez sur vos gardes, docteur Watson, approuva le colonel.

Le blondinet hocha la tête, nerveux, et manqua de hurler en voyant cinq silhouettes se rapprocher. Vêtus de tenues épaisses, ils n'avaient pas d'armes, mais appartenaient très certainement à la résistance Hoennaise. Autrement, ils ne seraient pas dans le coin.

- On a de la compagnie... geignit le médecin, peu rassuré.

- Vous voulez retourner au camion ? Mais je vous en prie, faites donc ! ironisa Jim en sortant son Walther PP de sa poche et en libérant ses deux impitoyables Démolosse.

Alex ne se fit pas prier pour imiter son collègue, et lâcha ses deux Scalproie redoutables. Leurs regards, aussi acérés que leurs griffes, n'effrayèrent pas les cinq silhouettes, qui s'approchèrent encore, assez pour que leurs visages soient clairement visibles. Deux femmes, trois hommes. D'un même mouvement, presque robotisé, ils envoyèrent chacun un Pokémon. Un Brouhabam, un Galeking, un Armaldo, un Jungko et un Kaorine apparurent, fermement décidés à en découdre. Hans Waltz soupira bruyamment en secouant la tête.

- Je suis déçu, vous savez. Je me doutais que vous vous reposeriez sur les Pokémon, soit. Mais ne compter que sur eux et négliger les armes... je vous croyais plus intelligents que ça.

- Ferme-là, sale chien ! Toi et les tiens, vous nous avez assez humiliés pour vous moquer de nous maintenant ! On a votre camp, je vous le rappelle. Vous n'êtes clairement pas invincibles.

L'officier supérieur ricana et planta ses yeux verdâtres dans ceux noirs de son interlocuteur, qui déglutit.

- Et nous, nous sommes là pour vous rappeler que vous nous êtes soumis. Nous avons conquis votre territoire, donc logiquement, il nous appartient, maintenant. La rébellion n'est pas tolérée, on a dû vous le dire à votre défaite.

Il avait bien insisté sur ces deux derniers mots. Ce fut la goutte d'eau de trop. A l'unisson, les cinq dresseurs ordonnèrent à leurs Pokémon de s'occuper de l'ennemi. Rapidement, les Pokémon d'Alex et de Jim se défendirent et le Jungko adverse mit peu de temps avant de se faire carboniser et d'être rappelé par son possesseur. Il restait tout de même quatre Pokémon relativement puissants, aussi n'étaient-ils pas tirés d'affaire. Le son d'un coup de feu attira l'attention du docteur Watson, qui se tourna vers le colonel Waltz. Celui-ci, un pistolet dans chaque main, venait d'abattre l'un des rebelles.

- Mais qu'est-ce que... on aurait pu l'interroger ! protesta le médecin, déconcerté.

- Dois-je vous rappeler que ce n'est pas l'objectif de cette mission, docteur ? répliqua le colonel, de son ton parfaitement calme et posé, comme s'il prenait tranquillement le thé.

Le blondinet n'osa pas contester et se tint en retrait, ne possédant pas de Pokémon fait pour le combat. Rapidement, l'officier supérieur abattit tous les autres gêneurs. Il ne resta plus que huit Pokémon, quatre dans chaque camp.

- C'est rudement pratique d'avoir éliminé tous leurs dresseurs... je n'y aurais pas pensé ! admit Jim Warden en continuant de guider ses Démolosse.

- Rappelez-vous qu'on a affaire à un tacticien de génie, ajouta le lieutenant Raine.

Le major acquiesça et, après avoir mis K.O le dernier Pokémon, tous deux rappelèrent les leurs. Le docteur Watson était à la fois admiratif, à la fois mortifié par la puissance et l'intelligence de ces officiers. Il avait, bien sûr, connaissance de la réputation du colonel Waltz : un génie qui avait, presque à lui tout seul, grâce à ses tactiques, permis la victoire de l'armée Unovite lors de la bataille de Mérouville. On racontait beaucoup de choses sur cet officier supérieur quelque peu étrange. Selon certains, il serait un incorrigible coureur de jupons, et selon d'autres, un psychopathe sadique qui aime torturer ses prisonniers. De quoi faire trembler le pauvre médecin hypersensible qu'était Joseph Watson.


*
* *


- Comment on s'organise, alors ? demanda le major Warden, intrigué.

Après une bonne demi-heure de marche, ils avaient atteint le camp H119. Ils se trouvaient tous les quatre devant, et délibéraient pour savoir qui irait poser les bombes à l'intérieur. Il fallait de la discrétion avant tout, et le colonel Waltz ne tarda pas à faire son choix.

- Lieutenant Raine, docteur Watson, c'est vous qui vous chargerez d'infiltrer le camp. Vous posez les bombes, vous revenez, et on fait tout sauter.

Interloqués, les deux se regardèrent, peu rassurés. Le blondinet osa même émettre une objection, chose rare chez lui.

- Mais monsieur, je ne suis pas...

- Si vous me laissiez expliquer mon raisonnement... vous passerez plus facilement inaperçus grâce à votre taille... plus réduite, disons.

Alex hocha la tête, désireuse de ne pas s'attirer d'ennuis. De toute manière, ce plan lui convenait, et connaissant son supérieur, il savait ce qu'il faisait. Le docteur Watson, en revanche, tremblait comme une feuille à l'idée de devoir s'infiltrer dans ce camp pour poser des explosifs. De plus, cette stratégie peu orthodoxe méritait d'être contestée. Seulement, contester un tacticien de génie sur son propre terrain n'était pas l'idée du siècle. Et puis, tout le monde le dit : les techniques les plus simples sont les meilleures. Il se répéta cette phrase un nombre impressionnant de fois, comme pour se persuader d'y croire.


*
* *


- J'y crois pas, soit ils sont vraiment idiots, soit ils ont des méthodes étranges... soupira la jeune femme, perchée dans l'un des postes de tir situés en hauteur, aux quatre coins du camp.

- J'admets que c'est une erreur stratégique énorme... même pour moi, c'est inconcevable ! ajouta Joseph Watson, qui s'efforçait de prendre de l'assurance.

Tous deux n'avaient pas eu trop de mal à infiltrer le camp. Alex avait été obligée de tuer un homme qui montait la garde à l'entrée de derrière, mais ne le regrettait pas. Elle n'avait tout simplement pas le temps de s'apitoyer ou de faire dans le sentimentalisme. Elle était là pour accomplir sa mission, point. Pas besoin de chercher plus loin. Ils se déplaçaient sans faire le moindre bruit, consciencieusement, à l'affût de tout mouvement. Bien que réticent, le docteur avait accepté de s'armer d'un couteau de chasse au cas où. Mieux valait être prudent, il en était certain.

La jeune femme, qui avait déjà eu l'occasion d'explorer le camp, ne perdit pas de temps avant de se diriger vers le plus grand baraquement du camp, qui servait à la base de dortoir pour les militaires Unovites installés dans le coin. Ils comprirent, horrifiés, que les Hoennais l'avaient transformé en prison. Le docteur Watson se figea en voyant, à l'intérieur d'une cellule, un homme, une femme et leurs deux enfants enchaînés. Leurs vêtements étaient sales et abîmés, quelques tâches de sang disséminées ça et là. Les corps haletants des parents avaient l'air salement amochés, probablement par une séance de torture. Le blondinet frissonna, mal à l'aise.

- Lieutenant Raine...

Entendant la voix tremblante de son collègue, elle soupira et se tourna vers lui. D'un geste, il lui désigna la cellule où gisaient les quatre blessés. Son visage passa par plusieurs expressions. Tout d'abord, la surprise. Ensuite, un éclair de haine traversa son regard. Puis finalement, elle tenta de se composer un masque d'indifférence, mais le médecin voyait clairement qu'elle brûlait d'envie de réduire à néant cette base. Elle se leva et commença à s'éloigner de la cellule.

- Attendez, on ne peut pas les abandonner ici !

- Je regrette, et croyez-moi, pas qu'un peu, mais on ne peut pas se permettre d'échouer. On va faire sauter ce camp, et ces satanés rebelles avec ! Je suis désolée, docteur Watson. Suivez-moi.

Dégoûté, autant par son manque de courage que par les actes des Hoennais, il suivit la blonde, tenant fermement le sac contenant les explosifs.


*
* *


Jim Warden et Hans Waltz, à l'extérieur du camp H119, discutaient et fumaient le plus calmement du monde, sur un ton étonnamment détendu, en particulier pour le colonel, qui ne pouvait pas se départir de sa bonne humeur constante, qui subsistait depuis le début de la mission. A croire qu'il ne considérait cette dangereuse opération que comme un jeu ou un spectacle. Il aimait assister à des exécutions publiques, tuer des gens ne le dérangeait pas le moins du monde et il adorait manipuler son entourage, quoi de plus normal donc. Le major le considérait avec respect et curiosité à la fois, très intéressé par cet intrigant personnage dont, au final, on ne devinait jamais les réelles intentions.

Conscient du fait qu'il était observé, Waltz se tourna vers son subalterne, un sourire énigmatique aux lèvres, et lui demanda, le plus innocemment du monde :

- Auriez-vous préféré aller dans le camp pour poser les bombes ? Vous semblez vous ennuyer, major Warden.

Déconcerté par la question, Jim offrit une réponse évasive à son interlocuteur. Un simple "mouais", sans conviction ni énergie. En réalité, il se les gelait littéralement et mourait d'envie de prendre un bon café brûlant dans son salon, devant un film. Oui, ça lui conviendrait bien, de terminer cette froide journée comme ça.

Alors qu'il allait de nouveau adresser la parole au major, le colonel Waltz se tourna vers les buissons, desquels sortirent le lieutenant Raine et le docteur Watson. La première hocha la tête pour leur signifier que les bombes étaient posées, et le second avait l'air plus abattu que jamais.

- Bon, eh bien éloignons-nous à présent, puis faisons sauter cette affreuse base ennemie ! sourit Hans, visiblement ravi de la tournure des événements.


*
* *


Une détonation assourdissante retentit, suivie de battements d'ailes. Tous les Pokémon oiseaux qui avaient pu entendre l'explosion s'en allaient à tire d'aile, à présent, trop effrayés pour faire autrement. De la fumée s'élévait de l'emplacement du camp H119, qui n'était plus que ruine et sang. Tous les rebelles Hoennais ayant eu le malheur de se trouver là n'avaient aucune chance de survie. La mission était un succès.

Dans la camionette, le major Warden et le colonel Waltz semblaient satisfaits. A l'arrière, le docteur Watson, la tête basse, semblait dormir. A ses côtés, le lieutenant Raine était plus silencieuse que jamais, hantée par le regard de la femme Unovite emprisonnée, qui avait croisé le sien. Elle secoua la tête pour chasser cette pensée et se serra contre le médecin. Ce geste inattendu le surprit, mais il ne dit rien. Si elle savait qu'il ne dormait pas, elle s'éloignerait et le considérerait avec mépris. Et il était bien le dernier à vouloir laisser passer une chance d'être réconforté. Alors il se contenta de sourire, gardant les yeux clos, alors que le silencieux voyage ponctué de soubresauts dûs au terrain mal entretenu continuait.