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Echos Infinis de Icej



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Informations

» Auteur : Icej - Voir le profil
» Créé le 06/08/2015 à 06:57
» Dernière mise à jour le 28/05/2020 à 10:46

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de shippings

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PROLOGUE : N
Hey, ici l'auteure qui vous présente un projet longtemps réfléchi, en évolution continue...
L'intrigue commence par un voyage initiatique mêlant OS et personnage des jeux. Elle déviera ensuite.

(Corrigé par Raishini le 26/12/16. Merci à lui !)

(Re-corrigé par Biditchoun le 24/05/19. Merci à lui !)

(Modifié le 06/04/20)

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(Ne plus mourir, jamais)
Il tituba.

Les étoiles tourbillonnaient autour de sa tête. Elles lui voulaient du mal. Il devait se méfier des étoiles. Il devait se méfier des coquillages. Les brisures de coquillage dans le sable qui coulait entre ses doigts. Ses empreintes dans le sable. L’océan engloutissait ses empreintes et viendrait certainement l’avaler. L’océan était un monstre énorme. L’océan dévorait le monde. Il devait se méfier de l’océan.

Il avait la nausée et il avait faim. Manger, mais pas des coquillages, pensa-t-il. Des arbres l’épiaient depuis la côte. Il s’avança mais les arbres s'éloignèrent. Il courut. Les arbres n’allaient pas si vite et il les devança. À présent il était dans la forêt et les arbres ne pouvaient plus s’enfuir sans révéler leur secret. Mais il devait quand même se méfier des arbres. Se méfier tout en plongeant sa main dans les buissons grouillant de vie et de baies. Manger les baies pour ne plus avoir faim.

La main dans une baie bleue il avala. Du jus sur le menton et sur ses tétons. Il mangea mangea. Il devait trouver des habits. Des habits pour ne pas effrayer les humains. Il grelota. Il grelotait depuis qu’il s’était traîné sur la plage depuis l’océan froid. Il avait nagé. Sa mémoire revenait. Il avait nagé pendant des semaines.

Il avait nagé pendant des semaines depuis les côtes de Kanto. Il s’était enfui parce qu’on le traquait. Les ombres l’avaient retrouvé à Lavanville alors qu’il priait dans la tour et il avait sauté dans la mer noire. Il avait nagé et nagé et puis il s’était noyé. De l’eau salée dans les poumons. Bouche salée, yeux brûlés, gorge salée, gorge salée. Des poissons l’avaient sauvé. Il était remonté jusqu’au ciel. Les poissons l’avaient porté, ensuite, et puis il avait encore nagé, suivi par ce cortège phosphorescent.

Tu es notre dieu, chantaient les poissons.

Il avait noyé son malheur dans l’eau salé. Sous la surface il avait vu des épaves, des Octillery rouges et des encres coralines. Le silence assourdissant des profondeurs l’avait effrayé. Il était remonté jusqu’aux vagues et avait fait la planche dans le noir. La nuit s’étendait d’un bout à l’autre de l’océan, criblée de brillances.

Les jours couraient d’un bout à l’autre de l’océan, perclus de lumière et de vent. Les soleils s’évidaient à l’horizon et le sang de leurs tripes coulait jusqu’à N. N fermait les yeux. Il ne pensait à rien sauf au bonheur de tous.

Puis le vent avait emporté son corps jusqu’à une petite île et il avait mangé et but, avait demandé aux poissons où se trouvait dieu. Dieu est partout, lui avaient répondu les poissons. Dieu est un océan aux mille facettes et tu es l’une de ses facettes. Dieu est infini et singulier.

Je suis pourchassé par des ombres, leur avait-il dit. Je fuis mais sans cesse elles me retrouvent.

Que veulent les ombres ? avaient demandé les poissons.

N grelotait, habillé comme nu, trempé jusqu’aux os. Sa bouche était plus sèche qu’une plage perdue. Il avait dit : les ombres veulent m’offrir à Ghétis et Ghétis veut se servir de moi pour asservir Zekrom.

Les poissons avaient murmuré et frétillé dans la mer mousseuse, froide et folle. Il faut te sauver, avaient-ils répondu à l’humain.

Seul dieu peut me sauver, dit N. Où puis-je le trouver ?

En haut de la plus grande montagne du monde, chantèrent les poissons. Fous, luminescents, irradiants de désespoir et de bonheur, ils le portèrent jusqu’à Sinnoh.

(Le ministère du malheur suprême)
— Glaucus ! Vous voilà enfin !

Lilien sourit à son collègue, mais Glaucus ne répondit pas immédiatement au salut. Il s’avançait d’un pas lent, l’air soucieux. Lilien cacha ses mains sous la nappe et les resserra autour de sa canne.

— C’est un plaisir de vous revoir, dit le sage en s’installant.

Lilien jeta un regard vers la porte. Un serveur s’empressa d’apporter une boîte ouvragée et deux tasses et s’en alla tout aussi vite. Glaucus ne toucha pas son verre. Lilien mouilla ses lèvres, mais il reposa la tasse. Le thé avait été mal infusé.

— Le seigneur N a réussi à échapper aux ombres de maître Ghétis à Lavanville, murmura Glaucus. Il semble qu’il ait plongé dans l’océan.
— Les ombres sont sur sa trace. Ce n’est qu’une question de temps, répondit Lilien.

D’une main il ouvrit la boîte laquée, et sélectionna un petit gâteau parmi une rangée de gâteaux identiques. Il le pinça entre ses doigts et l’examina un instant.

— Les élections parlementaires auront lieu dans quatre mois à compter de ce jour, dit-il. Nous ferons campagne, avec ou sans le seigneur N.
— Sans le seigneur N, nous ne parviendrons pas à unir les masses ! protesta Glaucus. Le parti royaliste ne peut pas faire campagne sans roi. Ghétis…

Lilien regarda son collègue et mordit un coin du gâteau. Ses sourcils se froncèrent et ses lèvres se plissèrent en une petite moue. Il reposa la pâtisserie dans la boîte.

— Le maître d’hôtel m’a assuré que le chef pâtissier de l’Étoile d’Unys était reconnu pour ses calissons... Je me demande s’il est seulement capable de suivre une recette.
— Lilien. Nous ne pouvons pas faire campagne, insista gravement Glaucus. Nous devons retrouver N. Quand le peuple d’Unys saura que son roi est de retour, il nous suivra.
— Le peuple d’Unys… ! Le peuple d’Unys est un peuple de veaux. Il ne sait pas se faire gouverner et peut encore moins choisir son mode de gouvernance. C’est pour cela que nous devons le faire à sa place.

Lilien sélectionna un autre gâteau et le goûta. Son expression s'éclaircit. Il prit une nouvelle bouchée et continua d’une voix aimable.

— Nous ferons campagne et nous reporterons la majorité au parlement. Nous changerons la constitution. Nous installerons le seigneur N sur le trône d’Unys.
— Les Unyssiens protesteront contre toutes ces réformes si c’est nous qui les portons, répliqua Glaucus. Seul un roi élu par dieu pourra les convaincre.

Quand Lilien eut fini le gâteau, il utilisa une serviette brodée pour s’essuyer le coin des lèvres. Il replia le tissu et le posa à côté de son assiette vide.

— Les Unyssiens ne pourront pas protester. Nous aurons passé des lois contre les manifestations pour la sécurité de tous. Et si par malheur il y avait quelque attentat terroriste perpétré par la Team Plasma… Lilien sourit. Nous voterons l’état d’urgence.

Glaucus soupira et ferma les yeux. Lilien attendit sa réponse en silence. Il savait être patient. La Team Plasma avait souffert une première défaite aux mains de White et une deuxième défaite face à Mélis. Le gouvernement unyssien l’avait classée comme organisation terroriste et Lilien avait été poursuivi en justice. Il avait dû faire appel deux fois avant d’être blanchi. Au terme de ce long processus, il avait décidé de remanier l’approche de la Team Plasma en profondeur.

Prendre le pouvoir par la force n’était pas nécessaire. Le peuple était dégoûté des partis traditionnels et votait pour des partis que les médias centristes appelaient « les extrêmes ». Lilien y voyait une opportunité sans précédent. Il avait fondé le parti royaliste et comptait faire campagne lors des prochaines élections parlementaires.

Le parti royaliste n’avait officiellement aucun lien avec la Team Plasma. Lilien se ferait élire en toute légalité. Et puis il réformerait Unys. Il révolutionnerait Unys !

— Bien, souffla Glaucus. Je serai candidat à Ondes-sur-mer. Contactez Nikolaï et Anto… il y a fort à faire.

(L’enfant dorée)
Il existe beaucoup de mystères dans le monde, de contrées oubliées et de légendes enfouies sous les poussières de l'âge. Mais la plus grande aventure qu’on puisse entamer, le plus profond mystère qui demeure à percer, c'est le conte féérique des Pokémon !

Élineera Hei se tenait devant une magnifique porte sculptée. Chaque détail du bois sombre avait pris vie sous les entailles de l'artiste. Deux dragons et leurs héros encadraient la petite figure d'une femme agenouillée, qui chantait et chantait, tandis que les attaques des dragons se confrontaient et explosaient comme un soleil bleu. Enfin, ça c'est ce qu'Élin se disait, car la porte avait en réalité été vernie d'une seule couleur, mais la petite avait beaucoup d'imagination !

La gamine tenait un sac immense dans son poing. Elle allait ouvrir la porte de son appartement et s'enfuir et elle serait libre !

Son père avait toujours refusé qu'elle parte faire son voyage initiatique, soi-disant pour son bien. Ils refusait même qu'elle ait de Pokémon, et qu’elle aille à l’école, et qu’elle sorte toute seule. La petite fille vivait dans une cage dorée aux barreaux incassables. Élineera avait beau le supplier, avait beau crier, bouder, son père ne cédait à aucun de ses caprices. Pourtant elle l’adorait.

Son père, c'était Black, ze Black. Il avait battu tous les Champions d'Arènes et le Conseil Quatre avant de perdre contre White en finale de la Ligue. Il avait lutté contre la Team Plasma en '89 et il avait collé une sacrée raclée à Ghétis. Eh oui, son papa, c'était le meilleur, même s’il ne parlait pas beaucoup et même s’il ne lui avait jamais offert de Pokémon.

Et pourtant il s’en était allé à Kalos pour affronter Dianthéa. Il était parti sans elle. Il avait payé une gouvernante qui arrivait dimanche soir pour surveiller Élin, et il avait même fait venir des professeurs particuliers alors qu’à la télé ils disaient que tous les enfants d’Unys partaient en vacances.

Élin détestait le silence. Elle refusait de rester seule, alors… Elle allait partir en voyage initiatique. Et, dans deux mois, quand son père silencieux reviendrait de Kalos, elle lui collerait une raclée et lui prouverait qu’elle pouvait vivre libre.

Élineera Hei ouvrit la porte et fugua.

(Le soldat de l’ombre)
Le syndrome d'enfermement est souvent causé par une atteinte vasculaire du tronc cérébral (typiquement dans la partie ventrale du pont) entraînant une quadriplégie sévère, une diplégie faciale avec anarthrie et des troubles de la déglutition et de la respiration, chez des patients dont la conscience et les fonctions intellectuelles demeurent préservées. En somme, une paralysie totale pour des patients entièrement conscients.

Le grand-frère de Syd était victime du syndrome d'enfermement. Cela faisait quatre ans. Peu à peu, sa situation s'était stabilisée, au point que l'hôpital en face de leur maison les autorisait à l'héberger durant quelques heures les samedis après-midi. Sa mère avait un emploi du temps flexible et restait au domicile durant ces instants précieux. Son père, maçon, les rejoignait aussi.

Otis pouvait cligner de la paupière gauche.
Syd l'adorait.
Il lui vouait une admiration sans borne.
Otis de loin le plus courageux de toute la famille. Et il... il méritait tellement mieux que cette situation injuste !

— Bon, je dois vraiment y aller.

Malgré ces paroles courageuses, Syd s'enfonça encore un peu plus profondément dans le canapé, fixant les tilleuls verdoyants de leur rue d'un air buté. Il n’avait pas envie de partir. Il voulait rester auprès d’Otis.

Des « bips » stridents de leur PC familial lui indiquèrent que la caméra avait capté des battements de paupières ; le nombre, l'enchaînement, dictait des lettres à l'ordinateur, qui affichait à présent sur son écran... « bouge tes fesses un peu, y en a marre de rechigner comme ça ! ».

Alors Syd se redressa en levant les yeux au ciel, attrapant son énorme sac à dos avec une grimace d'effort (ouah mais ce qu'il était lourd, qu'est-ce que sa tante avait fichu dedans ?). Il se tourna vers son frère et son cœur se serra.

— Tu… tu vas me manquer, déclara-t-il maladroitement.

Syd ne lui avait jamais parlé de son projet de lui trouver un remède durant son Voyage Initiatique. C'était bien la seule raison pour laquelle il partait, sinon il aurait refusé de participer à ce programme.

À contrecœur, le garçon dévala les escaliers de bois. Demain, il recevrait son premier Pokémon. Avait-il hâte ? Avait-il le droit d’avoir hâte ?

Dans le salon aux tons chauds, sa mère et sa tante l’attendaient.

— Ah bah enfin ! déclara la première en ébouriffant ses cheveux crépus. On se demandait si t'envoyais pas Otis à ta place, finalement !
— N'importe quoi, répliqua-t-il durement, la foudroyant du regard.
— Mais ah là là... J'espère que tu nous reviendras avec un peu plus d'humour, mon fils ! soupira l'adulte en levant les yeux au ciel. Ton frère est le premier à faire ces blagues, en plus !
— C'est différent quand c’est lui qui les fait.

Sa tante intervint et posa une main sur l’épaule de Syd. Elle gardait son autre main cachée derrière son dos. Syd plissa les yeux.

— Je t’ai apporté un petit quelque chose pour que tu puisses continuer à cuisiner les plats familiaux durant ton voyage…

Aloé accrocha une énorme poêle en fonte à son sac-à-dos avant de s'éloigner en rigolant. Syd perdit complètement l'équilibre et tituba avant de s'écraser contre la table du salon.

— Mais oui, très bonne idée ! approuvait cependant sa mère, ignorant le cri de douleur du garçon.

Syd se redressa difficilement et persifla : « si c'est ça je pars pas en voyage initiatique, je fugue ». Un silence suivit cette affirmation. Puis Aloé se fendit d'un énorme sourire.

— Bon, trêve de plaisanteries, je t'emmène à la gare ! Fais tes bisous à ta moma et on s'envole—à moins que tu ne veuilles rater le début de ton voyage bien évidemment.

Le « n'importe quoi ! » de Syd fut enfoui sous l'énorme câlin de sa mère, qui ne le relâcha qu'après quelques longues minutes de tendresse. Serré tout contre elle, il pensa à son enfance, il pensa à quand il était tout petit. À cette époque, Otis n'avait pas encore été percuté par ce camion de livraison.

Puis sa mère le relâcha et lui remit un telephone portable, le faisant jurer de lui envoyer plein de textos et de l'appeler souvent, surtout ! S'il avait internet il pouvait toujours essayer le réseau des jeunes, Fessesdebouc, après tout c'était le préféré d'Otis ! Et il fallait utiliser Pioupiou pour contacter Rosa c'était mieux ! Et—

— On va devoir y aller, Angela, rappela Aloé.

Dix minutes plus tard, il se traînait sur le quai bondé de la gare, attendant son train sous un grand ciel d'été et le regard de l'adulte.

— Tu penses à ton propre voyage ? hasarda-t-il.
— Non, répliqua sa tante. Je pense au projet dont tu m'as parlé, de chercher un médecin pour Otis avec l'argent du voyage. Cela m’inquiète.

Syd se tendit. Les cris de la foule se turent.

— Je vois pas la problème, marmonna-t-il. Je t'ai dit que de toute façon j'accomplirai sérieusement mon voyage initiatique. Chercher un médecin pour Otis c'est une idée en plus, elle ne va pas « remplacer » le programme...
— Très bien ! répondit Aloé.

Mais elle attrapa son menton et d'une poigne d'acier lui releva la tête, scrutant son visage à la recherche du moindre mensonge, sondant ses yeux avec méfiance et amour à la fois. Dans la famille Redding-Park, les femmes ne blaguaient pas.

— Je ne suis pas sotte, Syd. Si tu m'as demandé de ne pas en parler à tes parents c'est que tu prépares un coup en douce. Alors je te préviens tout de suite, neveu : si tu ne mènes pas ce voyage à son bout je te fiche la rouste du siècle. Et va pas t'attirer des ennuis non plus !
— N-Non Aloé, j'te l'promets…

L’adulte le relâcha. Son train arrivait en un vacarme assourdissant. Autour de lui, tout le monde se disait au revoir. Des enfants jouaient encore à Chacripan. Quelqu’un chantait « … mais la plus grande aventure qu’on puisse entamer, le plus profond mystère qui demeure à percer, c'est le conte féérique des Pokémon ! » Syd en connaissait l’air. C’était le générique d’un vieux dessin animé. Maintenant le monde était fait de tant de couleurs. Demain il recevrait son premier Pokémon. Il sillonnerait Unys.

Il guérirait Otis.