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Chroniques du Pokédex - Le souffle de Drad



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Informations

» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 25/11/2014 à 20:11
» Dernière mise à jour le 25/11/2014 à 23:03

» Mots-clés :   Action   Aventure   Hoenn   Organisation criminelle

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Chapitre 2 - Le soir
Un fougueux rose couvrit les lourdes brumes célestes.

L'eau en rut écumait, tourbillonnait, fracassait, et courait à fleuves.
La pluie mitraillait la surface, remplissait flot à flot les lacs, les mers de clarté.

Le Titan surgit, clamait ses abîmes.

Tout déferlait, tout déboulait dans les canyons, en trombes dévorantes.
Brusquement, les continents s'entrechoquent, se démembrent, la déchirure vomit ses terres, ses entrailles de magma, et le globe, à peine écartelé, engouffré par la masse liquide, lavé à grandes eaux glacées, s'assomme dans le boucan architecte.

...Un temps. Un souffle délectable parcourt l'engendrement des cataclysmes.

Enfin, tout se couvre d'un voile ruisselant. Goutte à goutte. En plusieurs milliards d'irradiations, les troncs veineux s'enracinent, les continents se smaragdinent. Les feuilles peuvent désormais sécher. Goutte à goutte. Les océans s'apaisent, caressent la terre encore suante ; ils la rassurent, dans le frisson des vagues.

Puis, là, au crépuscule, une étincelle, sur la plage. Il bouge – un éclat, sur la chitine tremblante d'un petit Anorith.


***

Elle tira un grand coup sur la poignée ; les gonds rouillés crissèrent avant que la porte ne claque contre le camion. Alors qu'elle se hissait sur le marche-pied, elle se dit que cela faisait un bail qu'elle n'avait pas conduit un semi-remorque. Bah ! Qu'importait ? C'est comme le vélo, ces choses-là : ça ne s'oublie pas. Une fois hissée dans la cabine, la porte claquée, et convenablement assise, elle remarqua son sweat, qu'elle avait laissé sur le dossier du siège passager. Sans vraiment réfléchir, elle l'attrapa, et l'enfila par-dessus ses vêtements. Elle pensa après qu'il faisait froid, et que c'était toujours mieux ainsi. Elle regarda par-dehors, le port, puis son rétroviseur intérieur ; elle se recoiffa, un peu. Elle chercha vainement quelque chose à faire.

Pfff. Quelle barbe, de devoir attendre, là, que l'heure tourne. Elle ne recevrait les colis que vers six heures, et encore, s'ils ne traînent pas... Elle grommelait, en faisant mine de les imiter, "Attendez dans le camion !" "On ne devra pas perdre une seconde !" Gnagnagna, gnagnagna... C'est pas comme si elle ne savait pas faire son job, en plus. Bon, au moins, on n'est pas en période de vacances, il ne risque pas d'y avoir des embouteillages, comme la dernière fois ; la route devrait être tranquille. Et puis "pas perdre une seconde", "pas perdre une seconde", elle, elle ne demandait que ça, hein ! Si encore ils s'organisaient un peu mieux, pour prévoir. Enfin, les Hoenniens, ça a toujours été un peu des têtes en l'air, des têtus, ou des têtes brûlées, quand ce n'était pas les trois à la fois. Pas comme si ça allait changer d'un jour à l'autre. Elle croisa les bras, et les posa sur le large volant devant elle, avant de s'y coucher et d'y enfoncer le menton. Par-delà le pare-brise, elle fixa du regard, nonchalamment, un poteau, en face. Passa à côté une vieille dame, dans une robe à fleurs, qui se promenait avec son Delcatty, bien brossé. Elle soupira. Après avoir pensé à multiples choses, tout compte fait inintéressantes à ses yeux, elle jeta un coup d'oeil à l'horloge électronique du tableau de bord. Bon Arceus ! allez, plus que trois petits quarts d'heure.


Le voyage en voiture se passa bien. Cela dit, ce furent les feux tricolores qui embêtèrent le jeune Professeur ; il se croyait maudit, ou quelque chose dans le genre, pour être condamné à de telles lumières rouges, à chaque croisement. Il était de plus en plus anxieux, et Seko, qui essayait de le détendre, souriait, et prenait tout cela à la rigolade. S'il y avait bien une chose qui insupportait Hellébore, c'était de prendre ses contrariétés à la rigolade. Il affichait donc un sourire de façade, un peu rigide, en serrant les dents, et priant pour que cette bon sang de voiture avance un tant soit peu plus vite.

Il vit finalement, après un virage, le toit plat et coloré du Centre de Concours, tout bardé de banderoles et de projecteurs. Le Professeur régional s'exclama :

– Hé bien, nous y voilà !

A peine ces mots furent-ils prononcés que son jeune collègue s'empressa de mettre la main sur la poignée de sa portière ; une fois arrivés devant le bâtiment, alors qu'il n'avait fait que ralentir, Seko vit Hellébore bondir au-dehors, et claquer la porte avec un soin pressé. Le plus jeune remercia le plus âgé avec une ardeur toute aussi bâclée, se hâta d'enjamber les quelques mètres de trottoir, puis s'engouffra entre deux portes automatiques. Seko lui fit un signe de main, que le jeune homme ne vit que du coin de l'œil ; il ne lui répondit que rapidement, depuis l'intérieur ; Seko ne le vit peut-être même pas. Après qu'il ait salué son collègue prometteur, le Professeur barbu se gratta le menton, et, regardant sa vitre, repensa un moment à sa jeunesse. Bon, il n'était pas si vieux, cela dit ! Quand même, ils avaient encore du travail et des aventures à vivre, son reflet et lui. Puis, curieux, il se demanda qu'est-ce qu'il pouvait bien être aussi bigarré, en face, de l'autre côté du trottoir, sur ces portes automatiques. Il sortit ses lunettes, puis les posa sur son nez. Sur chacun des panneaux de verre étaient collées des affiches tout compte fait joliment dessinées ; on y voyait de jeunes talents se donner sur scènes dans des costumes recherchés, mais dont les Pokémon, à son humble avis, étaient attifés d'accessoires frivoles. Sous le feu des projecteurs, s'annonçait en grandes lettres : "Finale des classes Master ! Ne loupez pas l'évènement de l'année !"


Les couloirs étaient plein de ces gens qui rient aux éclats, piétinent sur place et fouillent leurs poches. On se massait aux entrées, on cherchait la porte la plus proche de sa place ; les vendeurs de friandises agitaient des sucreries et remuaient du pop-corn devant des mains impatientes ; personne n'était occupé à reconnaître un Professeur à l'âme et au corps neufs, et, en l'occurrence, pressés. Il échangea au vol une boîte de petits chocolats contre des billets froissés, puis le jeune homme poursuivit sa traversée de la foule, s'excusant poliment pour chaque épaule qu'il écartait. A chaque petite ouverture qui se présentait, il accélérait brièvement, pour seulement être ralenti quelques mètres plus loin par un autre groupe de personnes perdues, anxieuses, ou qui attendaient simplement qu'il y ait moins de monde sans s'empêcher de critiquer joyeusement celui-ci. Le jeune homme récita mille formules de politesse, on grogna, il se décoiffait un peu, des enfants voulurent tirer sur sa chemise, un Delcatty retira sa queue au bon moment, puis sa carrure, sa taille et ses fesses firent se retourner une jeune dame chapeautée, qui regarda celles-ci le temps d'un instant. Finalement, il s'extirpa de cette marée de bras, de têtes et de tissus veloutés, souffla un coup, puis atteignit un petit couloir qui menait à une porte dérobée ; il remit sa sacoche convenablement, se passa rapidement la main dans les cheveux et poussa avec énergie l' "Entrée des Coordinateurs".

Le jeune homme parcourut du regard les noms que les portes affichaient. Puis, finalement, une pancarte affichant "Arthur Emerson" le fit sourire, et il tourna la poignée. Il entra dans la pièce ; il la trouva chauffée par une agitation à son comble. Un autre jeune homme était là, en plein milieu de costumes. Il en portait déjà un, qui consistait en une courte veste rouge, une grande touffe de fourrure hérissée cousue sur l'épaule droite, et un pantalon noir enfoncé dans deux bottes aussi flamboyantes que le haut. Ses manches étaient retroussés jusqu'à la moitié de son avant-bras et étaient incrustées de gros strass ; en somme une tenue assez rock et impressionnante pour que l'occasion le veuille. Elle paraissait complète, et pourtant ce jeune homme-là fouillait ardemment la moindre pièce de mobilier.

– Merde merde merde ! Où est-ce qu'il est passé ?

– Je peux t'aider, peut-être ?

Arthur sortit une tête du placard et remarqua la présence du jeune homme, des chocolats à la main. Il s'en réjouit :

– Oh, Baz' ! J't'avais pas vu entrer !

– C'est un peu ma faute, j'suis légèrement en retard... répondit-il un grand sourire, un peu embarrassé.

Arthur vint aussitôt le voir, riant :

– Bah, c'est pas comme si j'étais pas habitué !

Il l'embrassa sur la bouche, puis il remarqua, en passant la main dans ses cheveux :

– Regarde, tiens, à force de courir tout le temps, la coupe que tu te trimbales.

Puis le Coordinateur s'excusa, en regardant le capharnaüm qui régnait :

– Chuis désolé pour le désordre, tout ça, tout ça... Tous les concurrents sont logés à la même enseigne, dans ces malheureux petits carrés.

– Ouais, je vois ça... Mais t'as pu préparer Drattak quand même ?

– T'en fais pas, on a pu utiliser le stade il y a une heure pour préparer les Pokémon.

– Okay, cool ! Parce qu'ici, c'est vrai qu'il aurait été un peu à l'étroit !

Ils rirent un peu, et Arthur finit par lui demander comment son voyage s'était passé.

– Bien, bien. Ça faisait longtemps que j'avais pas pris le bateau. En tout cas, j'ai pu trouver Seko à temps. Il m'a briefé sur l'étude sur le terrain dont je t'avais parlé ; j'ai tout là-dedans, indiqua-t-il en tapotant sa sacoche.

– Qu'est-ce que c'est alors, cette étude mystère ?

– J'dois aller au Mont Chimnée pour y trouver un groupe de Chartor : il y-

Puis il s'arrêta net :

– Nan mais attends, on s'en fout ! Le concours commence dans dix minutes !

– Ah ouais, c'est vrai ! s'exclama Arthur, qui avait totalement oublié qu'il devait stresser. Rah, merde, j'étais en train de chercher mon t-shirt !

Maintenant qu'il le disait, c'est vrai qu'il ne portait qu'une veste ; il était torse nu en-dessous. Arthur se remit à chercher frénétiquement, pendant que le jeune Professeur déposait le paquet de chocolat sur la table, et souriait, en se dirigeant vers d'autres meubles :

– Je vais devoir t'aider, alors !

– Ben, oui, si tu veux pas que je me ramène torse-poil sur scène !

– Pas que ça me gênerait, tu me diras.

– Gnagnagna. Regarde sous le lit au lieu de dire des conneries ! répondit le Coordinateur en manquant de cacher son amusement.

"Baz'" s'exécuta, et ils finirent tous les deux par remuer sol et plafond à la recherche du vêtement. On avait beau lui demander des détails, lui rappeler la couleur, Arthur avait le chic pour être le plus précisément vague possible, surtout quand il était aussi alarmé qu'il l'était à l'instant. Si bien que le jeune Professeur, à force de lui montrer t-shirt "sombres mais colorés" après t-shirt "assez cool et qui va bien avec la tenue", lui présenta le bon haut.

– C'est celui-là ! Aaah merci !

– Il était sous ton sac, répondit le Professeur d'un air ironique.

– Ouais, bon, peu importe, tu l'as trouvé !

Le Coordinateur l'attrapa, retira sa veste, et enfila le haut aussitôt ; le jeune homme, pendant ce temps, alla reprendre le paquet de chocolat, et l'ouvrit devant son copain :

– T'en prendras bien un avant d'y aller ? C'est pour toi, après tout.

Arthur, en sortant la tête du t-shirt, vit la boîte ; il sourit, remercia "Baz'", et lui fit un bisou alors qu'il enfilait sa veste. Il prit enfin le paquet que lui tendait le Professeur, goba une des friandises, et une voix électronique résonna :

– Tous les Coordinateurs sont priés de se rendre dans la coulisse portant leur numéro. Je répète : tous les Coordinateurs...

– Bon ! Juste à temps ! soupira le concerné en finissant ce qu'il avait dans la bouche.

– Tu passes quand ?

– En deuxième, après ce glandu de Rupert ! Bah, tu me diras, il ne se débrouille pas si mal. Bon, allez, file, toi ! ordonna-t-il gentiment en le poussant dans le couloir. Sinon tu vas encore faire tache en arrivant en retard ! Et merci encore !

Le Professeur lui souhaita bonne chance, qui fut répondu par un "Ouais, t'inquiète !" et courut à travers le dédale de couloir tapissés, en espérant qu'ils ne fermeraient pas les portes tant qu'il resterait un siège vide – qui plus est une place réservée depuis deux mois.


La présentation de Rupert avait tout de même été tout juste passable à ses yeux. Faire du cerceau avec un Mysdibule, wahou, fantastique. Il s'était pourtant efforcé d'être impartial lors de cette phase d'exhibition, mais rien n'y avait fait. Sur la scène, au fond de cette grande salle noire et vide de bruits, les projecteurs lui semblaient diffuser des couleurs mal assorties, il ne les trouvait pas en rythme, sur une musique mal coupée, et n'avait finalement trouvé de réussi que le Vent Féerique final. La traînée scintillante avait emporté les anneaux dans les airs, et, par un mouvement de tourbillon, avait continué de les faire tourner sur eux-mêmes. Le costume de Rupert était moyen, mais son Mysdibule resplendissait de vigueur et de gaieté. Cela faisait plaisir à voir, au moins ; mais les jurés lui avaient quand même semblé trop enthousiastes pour la chose. Hellébore avait finit par applaudir, sans doute avec un peu moins d'effervescence que d'autres spectateurs, qui l'avaient trouvé magnifique. C'est simplement qu'ils n'avaient pas vu le grand Arthur en action, hé ! Il souriait, dans le noir, en attendant que les lumières se rallument sur le prochain candidat. Avec du recul, il se doutait que ses jugements sur le premier passage pouvaient n'être que de la mauvaise foi, mais il se disait que de temps en temps, cela ne pouvait pas faire de mal.

Soudain, les spots s'allumèrent en un court claquement étouffé. De larges faisceaux dorés illuminèrent la scène ; Hellébore se redressa sur son siège, le souffle coupé. Le milieu de la scène s'ouvrit, puis Arthur apparut, sortant du sol, un genou à terre. L'ascenseur s'arrêta sans bruit. Brusquement, la tension vint à son comble pour le jeune Professeur. Il garda des yeux grands ouverts, figés sur l'importante estrade, et cette unique personne, au milieu de ce décor vaste. Arthur se leva ; il avait les yeux fermés et semblaient prendre une profonde inspiration ; il fit un grand tour avec ses bras, et on aperçut enfin un éclat briller dans une de ses paumes : celui d'une Hyper Ball. C'est le moment où il va balancer Drattak ; l'entrée du Pokémon Dragon, le moment où tout se joue dans le numéro, pensait Hellébore. Il l'avait vu répéter tant de fois cette entrée, que la louper ici, ce serait dom-
Du coin de l'œil, il vit un pied dépasser depuis les coulisses. Et, d'un coup, toutes les lumières furent coupées. Un court moment de silence. Puis des murmures, des questions. Vlam ! Un coup, depuis la scène, et un écroulement sourd. Dans l'ombre, le Professeur se crispa : bien qu'encore aveuglé par la privation brutale de lumière, il avait vu une silhouette asséner un coup sur Arthur. Il n'eut même pas le temps de crier, qu'une grosse voix détonna :

– Que personne ne bouge !

Ce fut alors un véritable foutoir. Tout se ralluma, s'éteignit à nouveau, clignota ; on se leva, on s'écria, on se bouscula, les sièges cognèrent, on s'époumona, on voulut sortir ; le jeune homme, interdit, se prit un coup de coude dans le dos. Puis, violemment, tout se ralluma. On vit, sur scène, un homme, encapuchonné gauchement, vêtu de blanc. A ses pieds, le corps du Coordinateur, inerte, sa Poké Ball encore dans la main. On cria brièvement ; Hellébore, paralysé par ce qu'il voyait, fut encore une fois prit de court lorsque l'intrus sur l'estrade hurla :

– J'AI DIT : QUE PERSONNE NE BOUGE ! C'EST CLAIR ?!

Dans l'affolement, le monde avait eu le temps de changer de place, de s'agripper à son dossier, et de commencer à trembler, voire, pour les plus sensibles, à pleurer. Hellébore, seul encore debout et droit, était figé ; possédé par la surprise, il n'arrivait ni à sortir un mot, ni à bouger un membre.

– Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! annonça l'encapuchonné. Je suis fier de vous annoncer l'avènement de la Team Anima !

Le silence résonna dans la vaste salle. Des sanglots, parfois, l'entrecoupèrent par des hoquètements larmoyants. Le bonhomme en blanc s'apprêta à déclamer quelque chose de sûrement intimidant lorsque les portes furent soudainement enfoncées ; la police arrivait, l'Agent Jenny en première ligne. On hurla dans des hauts-parleurs, et la brève soumission du public s'évanouit. Le capharnaüm engendré créa une telle confusion, un tel chamboulement que les quelques sbires malintentionnés se virent dépassés par la cohue ; ils s'égosillaient, lançant des impératifs d'ordre à tout va, mais n'étant pas écoutés par ce troupeau d'apeurés. Un éclair de contrôle, comme un mouvement réflexe, avait secoué l'âme et le corps du jeune Professeur figé, qui put de nouveau réagir : courir vers l'estrade. Au milieu de toute cette foire, malmené par les vestes de cuir et les écharpes à poils longs, il guettait la scène des yeux : on n'y voyait plus rien, et avec tout ce monde, sa vue était facilement obstruée. De plus en plus anxieux, avec une colère qu'il sentait monter, il essaya de remonter à contre-courant, en criant vers l'estrade ; quand il vit que, là-bas, un de ces encagoulés commençait à envoyer son Grahyèna à l'attaque sur les fuyards. Le sang du Professeur ne fit qu'un tour. Il s'écria, malgré l'agitation, et courut en leur direction, malgré la cohue :

– Hé ! Vous ! Arrêtez ça !

Puis, à la foule :

– Attention !

C'était trop tard. Le Grahyèna s'élançait déjà. Il bondit, toutes griffes dehors, et s'abattit sur un membre du public qui prenait les jambes à son cou. On redoubla de hurlements. Hellébore, qui était le seul à rebrousser chemin, plongea la main dans son revers de veste, et en sortit une Poké Ball, qu'il lança avec force :

– Flingouste, attaque Vibraqua !

Lorsque sa Ball s'ouvrit dans un éclat d'un azur lumineux, le petit Pokémon Lance à Eau dirigea aussitôt sa grosse pince vers ses adversaires, et tira une sphère d'eau brillante en un claquement bref. Rapide, efficace, elle fusa et alla frapper le Grahyèna sur le flanc, puis éclata en une vague qui le renversa. La victime se releva, les gens fuirent en criant de plus belle, et quelques-uns s'apercevaient que le jeune homme était seul à réagir de la sorte. Flingouste retomba habilement au sol, sur ses pattes qui cliquetèrent, l'air farouche sous ses antennes jaunes, tout à fait prêt à enchaîner avec une autre attaque sous les ordres de son Dresseur. Cependant, cette contre-attaque attira l'attention d'autres sbires : il s'occupèrent de cerner Hellébore, qui, en les voyant sortir leurs Poké Ball eux aussi, sentait bien qu'il allait devoir affronter plusieurs ennemis en même temps. Alors, il les prévint :

– Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes ni ce que vous voulez, mais il serait bien pour tout le monde ici qu-

Il ne put finir sa phrase. Vlam ! On lui asséna un violent coup de matraque sur la tête, et il tomba à terre.