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La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty



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Informations

» Auteur : Moriarty - Voir le profil
» Créé le 30/09/2013 à 18:57
» Dernière mise à jour le 10/10/2013 à 16:41

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Suspense

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Chapitre 35: Deux années de changement
Deux années avaient passé. Deux longues années. Durant ses deux années, Moriarty s'entraîna sans relâche. Il était un maître exemplaire pour Simmeroh, région qui prenait de l'ampleur. La Team Magic restait toujours une menace, mais Moriarty prenait désormais de la distance avec celle-ci. Il n'y avait guère d'autres ennemis à la Ligue Arrogante.
Chaque Conférence Arrogante depuis la quatrième, suivant la mort de Victoire Estenieve, au nombre de huit, avaient été brillamment remportées par Moriarty, qui tantôt affrontait en finale divers champions ou membres du conseil des quatre, et, plus rarement, des dresseurs qu'il ne connaissait pas.
Cela faisait désormais trois ans. Trois ans que la Ligue Arrogante avait été crée. Et cela ferait presque trois ans que Moriarty avait combattu Red du Bourg-Palette. Son cœur, son visage, tout s'était fermé chez lui, pour s'ouvrir à la haine. Lorsqu'il combattait, le maître de Simmeroh ne pouvait s'empêcher de concentrer son arrogance sur une haine profonde de son adversaire, quel qu'il soit. Alors, cette haine dont il était empli, comme un poison, qui lui faisait perdre tout le contrôle de lui, il la transmettait à ses pokémon, et il remportait le combat avec une haine incroyable, qui l'avait élevé plus haut que la lune.
Il avait presque réussi à l'oublier, il avait enfui ce souvenir au fond de lui. paradoxalement, cela l'avait gravé dans sa mémoire. Le plus beau combat qu'il ait jamais délivré était son échec le plus cuisant. Mais il parvenait, de plus en plus, à se rapprocher du niveau de la Quintessence de l'Arrogance, il le devait.
Ces deux années avaient été merveilleuses, elles signaient l'apogée de la Ligue Arrogante. Jamais les champions ne s'étaient aussi bien portés, Brynne lui-même gagnait certains combats. Il régnait une cohésion splendide entre les membres de la Ligue Arrogante.
La douzième Conférence Arrogante venait de s'achever. Moriarty avait triomphé, grâce à Ronflex, du Dracolosse d'Eyragon. Celui-ci maintenant que ce n'était pas une juste victoire, Ronflex étant tombé par pur hasard sur Poing Glace, une attaque physique et du type le plus puissant contre son pokémon fétiche.
Ce n'était pas la joie que Moriarty ressentait, il était bien loin d'éprouver une pareille émotion. Mais il ressentait une satisfaction incroyable. Il avait en effet réussi à créer une région stable, une région nouvelle.
Tout était bien. Tout était très bien. Un jour que Moriarty, dans sa vaste salle de maître, entraînait ses pokémon sans faire un seul geste, ne gardant donc ses remarques que pour la fin de l'entraînement, on frappa à sa porte. C'était Eyragon.

« On demande à te voir.
-Qui le demande ?
-Les représentants de la plus prestigieuse chaîne de télévision de Simmeroh.
-Fais-les entrer.
-Bien. »

Ils entrèrent. Ils étaient très bien habillés, dans des costumes très élégants. Ils serrèrent avec poigne la main de Moriarty et le regardaient sans ciller. Il dégageait naturellement de ces hommes une impression de confiance.

« Nous avons un projet, commencèrent-ils sans plus de préambule, qui ne pourrait qu'être bénéfique à la Ligue Arrogante comme à notre chaîne.
-Continuez.
-Vous êtes très aimé à Simmeroh. À vrai dire, vous êtes l'une des personnalités les plus aimées de toute la région.
-Je suppose que je dois en être fier. Peut-être n'est-ce qu'une flatterie pour me pousser à accepter, ou peut-être que cette information a un rapport avec ce que vous voulez me faire faire ou dire... Continuez.
-Suite à une étude de marché précise ciblant la majorité des téléspectateurs de Simmeroh, nous nous sommes rendus compte d'une chose, puis avons eu une idée. Le dressage fascine. Il faut du dressage, du dressage vrai. Alors nous avons eu l'idée d'une émission sur un dresseur, dans plusieurs régions. Une émission attachante, mais sérieuse, professionnelle, une émission qui cible tout le public.
-Nous nous sommes demandé quelque chose. continua l'autre. Quel dresseur pourrait être assez connu, attachant, pour cette émission ?
-Un dresseur jouissant déjà d'une position confortable dans son milieu.
-Un dresseur aimé.
-J'ai compris de quoi il en retournait. Je ne vois toujours pas en quoi ce dresseur me concerne. Qui est-il ?
-Vous. »

Moriarty les regarda dans les yeux.

« Moi.
-Vous. répéta l'un des représentants.
-Je refuse, je suis le maître de Simmeroh, je ne suis pas l'un de ces dresseurs que l'on manipule. J'ai la fonction la plus importante de Simmeroh à tenir.
-Mais, nous avons étudié la loi. Si vous veniez à devoir vous rendre dans une autre région pour une durée dépassant un mois, ce serait au quatrième membre du conseil des quatre de vous remplacer.
-En effet, Guilhem pourrait faire entrer cette tâche dans mon emploi du temps. Mais vous me demandez beaucoup. Que m'offrez-vous ?
-Vous devrez battre les champions d'arène de Johto, d'Hoenn et d'Unys. Trois régions du pays. Pour cela, des pokémon vous seront fournis. Vous pourrez repartir de zéro. Agrandir votre équipe, devenir enfin un maître de légende.
-C'est assez... Commun...
-Allons... J'ai moi-même un cousin dresseur. Plus l'ont fait progresser ses pokémon, plus il devient dur de les faire progresser de nouveau, c'est un cycle vicieux. On raconte même que certains dresseurs extraordinaires, comme le maître de Kanto, en sont arrivés à un niveau tel qu'ils ne pouvaient plus les faire progresser. Or, vous avez tenu tête à ce maître de Kanto. Ne croyez-vous pas que vos pokémon ont également atteint un stade tel qu'ils ne peuvent plus progresser ? »

En effet, ses pokémon l'avaient atteint, au moment de ce combat fatidique. Mais désormais, la marge à faire pour retrouver ce pouvoir était énorme. Il était avant un homme de petits pouvoirs avec de petites ambitions. Le jour de son combat contre Red, il était devenu un homme de grands pouvoirs. Il est terrible d'avoir de grands pouvoirs et de minuscules ambitions, aussi avait-il adapté ses ambitions à son pouvoir. Mais, maintenant que son pouvoir était revenu à la normale, il se retrouvait homme de trop grandes ambitions comparativement à son pouvoir, et il n'y a rien de pire que cela.
Peut-être ses pokémon n'atteindraient jamais plus le niveau de la Quintessence de l'Arrogance. Peut-être avaient-ils atteint leurs limites terrestres, leurs limites banales. Peut-être devrait-il aller chercher d'autres pokémon... En allant au bout de cette logique, peut-être même qu'il aurait un pouvoir encore plus bas dans ces trois régions, qu'il y adapterait ses ambitions, et, qu'en revenant, il aurait un pouvoir lui permettant de les réaliser. Alors il serait heureux...
Peut-être devait-il retourner à l'humanité. Réaliser qu'il faisait lui-même parti de ces être imparfaits qu'il méprisait. Changer de milieu.
Une trêve. Une trêve dans son combat contre la Team Magic. Une période durant laquelle il arrêterait de s'occuper des affaires courants. Un temps durant lequel il reviendrait aux racines du dressage.

« Votre proposition ne me satisfait que très partiellement.
-Pourquoi donc ?
-Vous n'avez pas encore compris. Je suis arrogant. L'arrogance n'est pas la vantardise, c'est au contraire le rejet complet de l'adversaire, l'abstraction de tous sentiments au profit d'un seul. Dans mon cas, il s'agit de la haine de l'adversaire.
-Vous avez donc besoin de haïr quelqu'un pour progresser. N'est-ce pas ?
-En effet. L'arrogance est une puissante philosophie de combat, mais elle condamne à être toujours second, à trouver quelqu'un qui est supérieur ou égal, et pour qui on ressentira un sentiment précis.
-Je vous comprends très bien. Dans ce cas, peut-être désirez vous être accompagné.
-Que voulez-vous dire ?
-Nous avons assez de place pour deux. Vous et un autre dresseur pourrez vous rendre dans cette région.
-Continuez.
-Un dresseur que vous considérez comme un égal. Un dresseur que vous pourrez haïr suffisamment. En d'autres termes...
-Un rival. »

Moriarty compléta la phrase presque machinalement.

« Malheureusement, je n'ai pas de rival, actuellement. Pas au sens profond du terme. Mais votre proposition m'intéresse. »

Moriarty avait partagé beaucoup de moments avec Méthane. Il se souvenait de lui, quand il était Bane... Mais il faudrait trouver un champion pour combattre et distribuer les badges à sa place. Non, il y avait une personne qui avait toujours intrigué Moriarty.
L'un des derniers descendants de la longue lignée des dracologues d'Ébenelle. Quelqu'un qui, comme Moriarty, n'était animé que par la vengeance et par la haine. Celui qui avait su voir Moriarty en tant que dernier descendant de l'une des meilleurs familles de dresseurs du monde, sans pour autant décourager de le dépasser un jour. Une personne fidèle, qui savait être généreux avec ses amis et cruel avec ses ennemis. Un dresseur que Moriarty aimerait connaître plus. Eyragon d'Ébenelle, le deuxième membre du conseil des quatre.

« Je pense avoir choisi.
-Bien.
-Toutefois, continua Moriarty, j'ai quelques conditions à fixer.
-Nous en avons aussi. Tout d'abord, aucun de vos anciens pokémon n'est autorisé à vous accompagner. Tous doivent être laissés ici, à Simmeroh. Vous devrez, dans chaque région, attraper vous-même des pokémon, puis les renvoyer à Simmeroh après chaque région, que vous explorerez selon un de nos parcours définis. Nous avons le droit de vous filmer une heure, au moins, par jour. Vous pourrez la choisir, mais vous devez y voyager, ou entraîner vos pokémon. Nous filmerons tous les combats contre les champions d'arène, que vous serez obligé de remporter pour quitter la région, et après chacun d'eux, vous aurez à combattre celui que vous avez choisi.
-Très bien. Pour ma part, je désire mettre en place tout ce qui se passera à Simmeroh en mon absence, et pouvoir revenir tous les trois mois, pour chaque Conférence Arrogante.
-C'est parfait. Dans ce cas, vous ne resterez pas plus de trois mois dans chaque région. L'émission ne sera diffusée qu'à votre retour de chacune d'elles.
-Je suis d'accord.
-Qui avez-vous choisi pour vous accompagner ? »

Moriarty ouvrit la bouche. À ce moment là, la porte s'ouvrit, révélant un homme de grande taille aux cheveux et à la barbichette roux, et aux yeux d'un bleu profond, qui tenait de la nourriture dans sa main droite. Armand.
Voyant les représentants de la chaîne, il s'émerveilla, se mit à crier, à leur serrer chaleureusement la main. Il parla de ses programmes préférés, de la manière dont il aimerait les voir s'améliorer tout en mangeant sans retenue.

« Armand, je suis ravi que tu sois ici, mais ces messieurs et moi avons à parler. Il me semble que tu devrais être à ta place, à attendre les dresseurs qui viendraient te combattre. »

Armand lui jeta un regard noir. Moriarty le soutint. Le premier membre du conseil des quatre, comprenant que toute négociation serait inutile, décida de s'en aller.

« Attendez ! »

Ce fût les deux représentants, qui, au même moment, crièrent. Il se regardèrent dans les yeux, puis parlèrent avec Armand à voix basse.

« Maître, je vous en supplie, ce serait gâcher un talent incroyable que de ne pas le faire venir avec vous dans vos voyages. »

Moriarty crût avoir mal entendu.

« Non, il n'en est pas question ! Ce n'est pas lui que j'ai choisi.
-Je vous en supplie ! Nous triplerons l'argent de votre contrat ! Il faut que ce soit lui !
-Je ne manque pas d'argent. Le jour où pareil individu m'accompagnera dans le dressage comme un égal, il y a fort à parier que je n'aurai guère d'autre choix, et que je serai tellement faible que la Team Magic n'aura aucun mal à prendre Simmeroh. »

Et pourtant les représentants parlèrent si bien à Moriarty, le convainquirent si bien qu'il ne pût plus refuser. Tout fut mis en place. Personne ne remplacerait Armand, mais Guilhem remplacerait Moriarty. Il n'y aurait donc plus que trois membres dans le Château Arrogant.
C'était un petit village, dont la douceur rappelait à Moriarty à la fois le Bourg-Palette et le Bourg-Venteux. Ils étaient devant la porte d'un laboratoire. Moriarty, Armand, et un caméraman personnel pour chacun. Moriarty était au bord de la crise de nerf.

« Je n'arrive pas à y croire ! C'est insensé ! Jamais je n'aurais dû accepter de coopérer avec la personne ayant le moins de sens et d'intelligence à Simmeroh ! Je ne conçois pas que j'ai accepté... Si seulement je pouvais revenir en arrière et me couper la langue... Je serais tranquillement à Simmeroh, en compagnie de mes vrais pokémon, les plus puissants. Ectoplasma serait sur mon épaule, et je protègerais Simmeroh de la Team Magic. »

Devant le regard appuyé d'un caméraman, Moriarty se mit à déverser sa rage sur lui.

« Vous n'avez aucun droit pour diffuser ce que je suis en train de dire ! Nous avons un contrat, et il stipule que mon intimité ne regarde que moi ! »

Armand, lui, était serein. Il s'était bien habillé, et lançait de temps à autres des clins d'œil appuyés à la caméra. Puis, il se mit à lire un panneau.

« Nous sommes devant un laboratoire. Le laboratoire du professeur Orme. Au Bourg-Geon.
-Ton pouvoir de déduction est incroyable, je te félicite. Tu auras pu donner des cours au groupe de la déduction.
-Mais le groupe de la déduction est mort.
-Je vois que tu as du mal à comprendre le sens de mes phrases.
-Que faisons-nous ici ?
-Je ne sais pas ce que tu fais ici. Mais je suis en train de commettre la pire erreur de ma vie. »

Armand se contenta de hausser les épaules.

« Il y a des hauts et des bas. »

Finalement, après un certain temps d'attente. La porte du laboratoire s'ouvrit, révélant un homme de grande taille, aux lunettes et aux cheveux châtains, relativement frêle.

« Bonjour ! lança-t-il avec un sourire. Je suis le professeur Orme. »

Où Moriarty avait-il déjà entendu ce nom ?

« Je suis un professeur, je cherche donc à éclaircir les mystères du monde des pokémon. Je suis l'élève du professeur Chen.
-N'auriez-vous pas par hasard, le coupa Moriarty, déjà fait des recherches sur les œufs de Leveinard ?
-En effet ! Comment le savez-vous ?
-Peu importe.
-Je vous remettrai à tous les deux votre premier pokémon ici, à Johto.
-J'adore les pokémon ! Je suis justement dresseur ! s'écria Armand, rayonnant de bonheur. Bien sûr, j'aime aussi les femmes, et la jeunesse. »

Moriarty se maudit intérieurement d'avoir accepté de voyager avec lui. le professeur Orme considéra lui-même Armand d'une façon étrange. Puis, il invita les deux compères à rentrer, et leur présenta trois pokéball.

« Germignon, le pokémon de type Plante. »

Il ouvrit la pokéball. Il en sortit un pokémon élégant, vert clair, et tenant une grand feuille sur la tête. Il sourit. Il dégageait une bonne humeur contagieuse.

« Héricendre, le pokémon de type Feu. »

Il libéra un pokémon marron et beige, ayant une fourrure enflammée sur le dos. Il semblait timide.

« Et Kaïminus, le pokémon de Type Eau. »

Le pokémon sortit de sa pokéball. Alors que Germignon dégageait la bonne humeur de par son apparence, Kaïminus semblait ne pas pouvoir tenir en place. De petite taille, il était doté d'une énorme mâchoire, de grands yeux et de pics sur le dos. Il se mit à sautiller, plein de joie, dans toute la pièce.
Cette scène toucha quelque peu Moriarty. Elle lui rappela Bane. Ses débuts difficiles dans le dressage, où il faut batailler pour trouver une place. D'un autre côté, il était en colère. Plutôt que de se rapprocher de la Quintessence de l'Arrogance, il régressait.

« Armand privilégie le Type Feu. pensa-t-il. Dans ce cas, pour le battre, la logique voudrait que je prenne le pokémon de type Eau, Kaïminus. »

Moriarty pointa le doigt sur Kaïminus. À peine eût-il eu le temps d'ouvrir la bouche que celui-ci s'était précipité sur lui, et serrait sa tête en signe d'affection en poussant des cris d'affection.
Énervé, Moriarty lui donna un féroce coup de poing qui fit tomber le pokémon à terre.

« Montre-moi ce que tu sais faire. lança du ton le plus froid possible le maître de Simmeroh. »

Kaïminus fronça les sourcils, puis écarquilla les yeux. Il y avait quelque chose d'intimident dans cette capacité. Puis, il se mit à griffer le mur. Bien qu'il fût en acier, la marque de la griffure resta.

« Je suppose qu'il faudra m'en contenter. Je le prends. Au moins, nous aurons l'avantage face à Armand. »

Kaïminus lui sauta au cou.

« Si nous avons à travailler ensemble, expliqua-t-il d'une voix étouffée, je te conseille de cesser cette manie, je ne serai pas toujours patient avec toi.
-Tu n'auras pas l'avantage sur moi. lança Armand.
-Que veux-tu dire ?
-Je ne prends pas Héricendre. J'ai déjà son stade ultime, Typhlosion. Non, je prendrai ce pokémon, Germignon. Il est très beau. »

Et il se mit à le prendre dans ses bras. Désirant l'imiter, Kaïminus ouvra grand ses bras vers Moriarty.

« N'essaie pas. Tu le regretterais amèrement. lança-t-il sèchement à l'adresse de son pokémon. »

Il se demanda pourquoi il avait accepté un tel voyage. On finit par donner l'autorisation aux concurrents de partir. Moriarty et Armand se regardèrent une dernière fois avant d'entamer leur aventure. Le regard du maître de Simmeroh était sec, celui du premier membre du conseil des quatre était serein.

« Suis-moi. lança-t-il sèchement à son pokémon.
-Kaïminus ! »

Le pokémon sauta sur son dos, et se serra contre sa tête. Moriarty repéra un endroit calme, près des hautes herbes, puis parla à Kaïminus.

« Tu es mon pokémon. Tu l'es car je t'ai choisi. Je suis l'un des meilleurs dresseurs du monde pour le moment. Tant que tu seras avec moi tu n'auras d'autre but que d'assurer ma victoire en toute circonstances, d'être la victoire et le pouvoir. Je vais dès maintenant t'entraîner au combat muet, à travers un système de clins d'œil. Chaque clin d'œil correspondra à une action définie. Puis, quand tu auras compris ce que j'attends de toi, quand tu seras prêt à ne faire qu'un avec moi, à atteindre les sommets de l'arrogance, je te laisserai seul.
-Kaïminus.
-L'attaque Griffe sera un clin d'oeil gauche. Elle pourra être modélisé par quatre variantes que je t'apprendrai au cours de la journée. Entraîne-toi. Je veux que tu aies détruit ce rocher d'ici ce soir. »

Kaïminus poussa un soupir. Le rocher était énorme. Moriarty, pour sa part, fouilla une doublure de sa cape. Il y retrouva la photographie de ses parents, celle de Blue, mais aussi l'émetteur qui indiquait la position de Mewtwo et qui n'indiquait plus rien depuis que Red l'avait attrapé.

« Comment ! C'est impossible ! »

Il regarda l'émetteur. Mewtwo était à la Grotte Azurée.

« Non, c'est impossible... Il ne peut pas y être. Il appartient à ... »

Mais il l'avait prévu. Il avait prévu qu'il y aurait un jour où Red deviendrait tellement puissant qu'il dépasserait tout. Était-il encore maître de Kanto, où avait-il succombé à la banalité de sa vie ? Quoiqu'il en soit, il l'avait prévu.

« Kaïminus ! »

Le frêle pokémon parvint à fissurer la roche. Il suait à grosses gouttes, puis jeta un regard suppliant.

« Tu t'attends peut-être à ce que je te dispense de l'exercice. Mais je vais faire mieux que ça. Je vais te donner un conseil. Sais-tu ce qu'il te manque ? De la haine. Alors, haïs ceux que tu hais. Commence à me haïr. Oui, haïs-moi car je suis haïssable, haïs-moi car je le mérite. Concentre ta haine, fais l'abstraction de toutes tes autres émotions et tu comprendras la véritable force de l'arrogance. »

Il sortit finalement de sa cape ce qu'il cherchait vraiment. Il n'était pas autorisé à communiquer avec Simmeroh, et pourtant il s'était arrangé pour trouver un moyen de contourner ce règlement. En emportant l'un de ces engins qu'il utilisait dans la Team Rocket pour communiquer avec autrui. Il en avait laissé un dans le Château Arrogant. Il ne pouvait laisser cette région sans la surveiller. Il reviendrait si son devoir l'appelait.

« Ici Moriarty. J'appelle la Ligue Arrogante. »

Il y eût un grand silence, un crissement, puis une voix qui répondit.

« Moriarty, est-ce que c'est toi ?
-À qui ai-je l'honneur ?
-Oui, c'est bien toi. Dis-moi, tu as oublié un objet étrange au Château Arrogant.
-Que veux-tu dire ? Qui parle ?
-Tu en avais glissé dans ta cape, alors j'ai pris l'autre. Un minuscule objet sur lequel est gravé un R. Je peux te le rendre d'ici demain.
-Non... Pas toi... »

Il laissa tomber le minuscule instrument par terre. Puis, fou de rage, il le ramassa.

« Armand ! Es-tu en train de me dire que tu as été assez imbécile pour prendre avec toi l'objet qui était censé me faire communiquer avec la Ligue Arrogante ?
-Comment pouvais-je le savoir ? Tu ne m'as rien dit. Au moins, nous pourrons communiquer.
-Quelle brillante idée ! Je me suis toujours dit qu'il valait mieux communiquer avec les demeurés qu'avec les responsables d'une région qui est la cible d'une organisation aux multiples branches.
-Au moins, nous pourrons communiquer. répéta-t-il. Mon Germignon vient d'apprendre une nouvelle attaque ! Je dois te laisser ! »

Il y eût un bruit.

« Je n'arrive pas à y croire... »

Il était abasourdi. Puis, il lança un cri rempli de haine.

« Je n'arrive pas à y croire ! Comment ai-je pu accepter de faire un voyage sur trois régions avec le pire imbécile qui ait jamais foulé le pays ? Et pourquoi faut-il qu'il soit observateur uniquement lorsqu'il ne le faut pas ? »

Il se tourna vers Kaïminus.

« Communiquer. Au moins, nous pourrons communiquer. Voilà qui me rend on ne peut plus heureux, qu'en penses-tu ?
-Kaïminus.
-C'est vrai, tu ne peux dire que ton nom... »

Un souvenir lui traversa l'esprit. Un merveilleux souvenir impliquant un garçon de douze ans, aux cheveux châtains et aux yeux dorés tirant vers l'orangé, parlant à un Draby.

« C'est vrai, se rappelait alors Bane. Tu ne peux dire que ton nom.
-Draby.
-Est-ce que tu veux venir avec moi ? J'ai repéré un dresseur. Il possède un Étourmi, un Keunotor et un troisième pokémon que je ne connais pas. Ce sera un partie de plaisir.
-Draby.
-Ensuite, nous pourrons retrouver Ecella à la falaise.
-Draby.
-Pourquoi t'obstines-tu tant à refuser le nom de Rudolphe ?
-Draby ! répondit le dragon. »

Et il avaient ri. Beaucoup ri. Moriarty sentit une sensation de bonheur. Pas cette sensation brutale de bonheur qui accompagne la victoire lors d'un combat où cette merveilleuse jouissance qu'entraîne la haine, mais une sensation agréable, comme un rayon de soleil qui perce le lune. Était-ce ce qu'on appelait la nostalgie ?

« Arrête. ordonna Moriarty à Kaïminus. »

La roche était déjà particulièrement entamée. Kaïminus se laissa tomber par terre. Puis, il se releva, et un jet d'eau à moyenne pression sortit de sa bouche pour fendre le roche.

« Tu vois. Il suffisait de te prendre par la douceur. J'aime bien cette attaque. Je te félicite. Maintenant, nous allons apprendre le combat muet.
-Kaïminus.
-Dis-moi, interrogea Moriarty dans une soudaine inspiration, que dirais-tu si je t'appelais Rudolphe ?
-Kaïminus !
-Naturellement. »

Il lui apprit tout une journée durant le combat muet. Le soir, il se couchèrent, dormant avec le seul ciel étoilé pour couverture.

« Bonsoir ! »

Moriarty et Kaïminus sursautèrent.

« Comment nous as-tu localisé ?
-Comment aurais-je fait pour ne pas vous localiser ? répondit Armand. Tu as crié pendant toute la journée que tu étais venu ici en compagnie du plus parfait imbécile de la terre, et tu a crié à pleins poumons le nom de Kaïminus. Il me semble que tu l'as appelé Rudolphe, une fois. Peut-être deux, je n'ai pas essayé de compter. »

Il se coucha.

« Pourquoi es-tu venu ici ? »

Kaïminus et Germignon jouaient ensemble.

« Je n'aime pas voir les gens seuls. Après tout, les amis servent à ça. »

Armand ferma les yeux.

« Bonne nuit... Mon ami. »

Alors, malgré tout, Armand le considérait comme un ami. Moriarty en était tellement étonné qu'il s'endormit sur le coup. Le lendemain, il n'était plus là. Il avait dû se réveiller avant lui.

« Kaïminus, je n'aime pas ce voyage. J'ai hâte d'en finir pour m'attaquer à des choses plus intéressantes, n'es-tu pas de cet avis ?
-Kaïminus !
-D'après notre contrat, les champions s'adapteront à notre niveau, alors combattons-le premier.
-Kaïminus ! »

Le pokémon s'apprêta à se serrer contre lui.

« Je suis de bonne humeur. Ce n'est pas une raison pour abuser de ma patience. »

Mauville était une très belle ville. Elle comptait, parmi ses attractions, la Tour Chétiflor, et Moriarty se sentait en sécurité dans ce lieu. Il se sentait bien. Cela était peut-être dû au fait qu'il soit suivi par un homme tenant une caméra et ne cessant de le filmer sous différents angles de vue.
L'arène était très grande. Il s'y tenait un jeune homme, plutôt beau. Aux cheveux bleus, et de taille moyenne, il semblait confiant.

« J'ai choisi mes pokémon de type Vol pour qu'il soient à ton niveau. Ils sont à mon père, qui m'a légué cette arène.
-Je suis ravi de l'apprendre. Quel est ton nom ?
-Albert. Quel est le tien ?
-Moriarty. »

Albert eût un petit rire, qui laissa mille horizons de pensée à Moriarty.

« Le combat sera rapide, étant donné le niveau de nos pokémon.
-C'est ce que je crois. Vas-y, Kaïminus.
-Roucool ! »

C'était un petit pokémon de type Vol, comme Moriarty en avait tant vu à Kanto.

« Charge ! »

Roucool chargea Kaïminus qui esquiva d'un bond sur le côté. Moriarty cligna de l'œil gauche. Puis Kaïminus griffa son opposant, qui tomba sur le sol. Moriarty était bien loin des combats durant des heures, presque une journée, des combats de la Quintessence de l'Arrogance.

« Roucoups ! Charge ! »

Le pokémon était la forme évoluée de Roucool. Plus grand, et sûrement plus fort. Il chargea Kaïminus qui, de la même façon que pour Roucool, esquiva d'un bond sur le côté puis griffa son adversaire.

« Tornade ! »

Roucoups battit des ailes, puis une minuscule tornade s'en échappa. Elle entraîna Kaïminus, qui tournoya jusqu'à tomber dans un coin de l'arène. Moriarty cligna de l'œil droit. Alors un jet d'eau sortit de la bouche de Kaïminus qui mit hors de combat Roucoups.
Albert remit le badge au maître de Simmeroh.

« C'est l'un des combats les plus courts qu'il m'ait jamais été donné de livrer, Kaïminus. Ne t'attends donc pas à une grande récompense. Mais je dois avouer que ce que tu as fait était plutôt approrié.
-Moriarty ! »

Armand apparût à la porte de l'arène.

« Mon combat a été atrocement court. Il y a de quoi sentir le changement avec Simmeroh !
-Es-tu là depuis plus longtemps que moi ?
-Je me suis levé tôt. Selon les règles, nous devons nous combattre.
-Ne t'inquiète pas, je ne pense pas que cela prenne plus d'une minute.
-Tu as raison. Germignon !
-Kaïminus !
-Charge ! »

Germignon chargea Kaïminus. Celui-ci le griffa en plein mouvement, mais la charge de Germignon restait tout de même plus forte. Le combat entre les attaques Charge et Griffe dura un moment.

« Très bien, je ne comptais pas te le montrer tout de suite, expliqua Armand, mais je n'ai pas envie de perdre mon temps dans ce combat ennuyeux. Tranch'Herbe ! »

De minuscules feuilles tranchantes furent violemment jetées vers Kaïminus. Celui-ci dût lancer son jet d'eau pour tenter de la contrer, mais la majeure partie traversa le mur d'eau.

« On dirait que j'ai gagné. lâcha finalement Armand.
-Tu oublies quelque chose, Armand. Je suis le maître de Simmeroh. Je suis Moriarty. »

Germignon tomba à terre. Kaïminus avait utilisé Griffe dans son dos.

« Je vois, réfléchit Armand, il a profité de la diversion de nos deux attaques pour se faufiler derrière Germignon sans se faire voir. Intelligent, et intéressant. On peut dire que tu as su ôter le manque de piquant de ce combat. »

Il serra la main de Moriarty, puis se mit aussitôt en route. Moriarty décida d'autre chose.

« Je ne crois pas que nous allons partir pour le prochain badge maintenant, nous allons plutôt rester ici quelques jours à nous entraîner. J'attends avec impatience le moment où nous aurons fini cette mascarade, et où tu pourras venir avec moi à Simmeroh.
-Kaïminus. »

Moriarty eût un sourire narquois.

« Quoiqu'il en soit, je te félicite pour l'attaque par derrière, je ne te l'avais même pas commandé. Tu dois avoir un don inné, ou alors, peut-être sommes nous simplement faire pour être amis... »

Il était perdu dans ses souvenirs.

« Draby. »