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La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty



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Informations

» Auteur : Moriarty - Voir le profil
» Créé le 25/08/2013 à 17:34
» Dernière mise à jour le 30/09/2013 à 18:56

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Suspense

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Chapitre 34: Une région nouvelle
« Mur Lumière. »

Derrière les épaisses lunettes carrés de Matt semblait travailler un cerveau en éruption, en constante recherche d'une nouvelle stratégie pour pouvoir battre celui qui n'avait encore jamais connu la défaite. Le dresseur ultime, le dresseur misanthrope. Celui qui n'était pas encore connu neuf mois avant, et autour duquel une légende se construisait, comme celle du dresseur qui avait pu redorer le blason de Simmeroh, faire accepter cette région dans le monde fascinant du dressage de pokémon, comme celui qui avait tenu tête en combat singulier au maître de la Ligue Indigo dans le plus spectaculaire combat qu'on ait jamais vu.
Ce dresseur, pour sa part, s'ennuyait profondément. Jamais il ne retrouverait la gloire du plus merveilleux combat qu'il ait jamais donné, de ce combat si magnifique qu'il avait embrasé la flamme du dresseur dans ses yeux, celle qui l'avait jadis poussé à aller plus loin, avant d'étouffer ce feu. Ce feu qu'il avait dû remplacer par la haine profonde de son adversaire, sur laquelle il concentrait tout sa manière de jouer et qui était devenue le symbole de sa ligue, l'arrogance. Pourtant, depuis son combat, il faisait des progrès. En effet, la veille, il avait simplement parlé à ses pokémon et les avait laissé s'entraîner de leur propre chef. Actuellement, cette technique, cette stratégie du combat muet, semblait porter ses fruits.
Aussi, un merveilleux pokémon bleu aux ailes rougeâtres, Drattak, faisait face à l'Alakazam de Matt, doré et rosé, qui tâtait le vide de ses mains. Drattak s'y cogna violemment, voulant foncer vers son ennemi.
Moriarty l'avait presque oublié. Le Mur Lumière de Matt. Une attaque permettant de construire un mur incroyablement dur à partir de la lumière contenue dans le lieu de combat. Matt l'avait poussé à un tout autre niveau. Ainsi, le mur était très dur à briser, et ne pouvait le faire que très naturellement, à la suite d'un certain temps écoulé, temps que son Alakazam pouvait mettre à profit. Et si, pendant plus d'un jour, le Mur Lumière restait sans pokémon aux alentours, il devenait purement et simplement indestructible, excepté pour l'attaque Casse-Brique.
Drattak fondit en piqué, puis redescendit, toutes griffes dehors, sur Alakazam.

« Lance tes bras psychiques ! »

Alors Alakazam fut illuminé d'une lumière rose, comme en ébullition. Au niveau de ses épaules, des bras gigantesques furent formés, donc l'origine faisait la taille d'un flan tout entier du pokémon. Ils saisirent Drattak, puis l'étouffèrent. Celui-ci se couvrit d'une lumière bleue, celle de Draco-Météor, attaque qui, depuis six mois déjà, s'accompagnait d'un pincement au cœur de Moriarty.

« Inutile d'essayer ça. Alakazam ! »

Le pokémon de Matt comprit. Et ses bras, qui n'étaient pas physiques, purent toucher, purent extirper l'énergie bleuâtre de Drattak sans le moindre problème. Cependant, celui-ci avait eu le temps d'en faire entrer une bonne partie dans sa bouche.

« Non ! »

À bout portant, le tir venu de la balle orangée ne pouvait que mettre Alakazam hors d'état de combattre. Moriarty venait de remporter la troisième Conférence Arrogante, encore troublé des évènements de la veille, tellement résigné qu'il avait fait abandonner toutes les recherches sur la Team Magic et avait fait abandonner le projet de la Zone de Combat.
Il reçut une somme astronomique qui, comparé à sa fortune personnelle, n'était qu'une somme très acceptable. Matt en reçut également une, ainsi qu'Eyragon, resté troisième.

« Je n'aurais jamais dû perdre contre toi, Matt. Si seulement tu n'avais pas utilisé ses bras étranges qui ont réussi à pomper l'attaque Colère de Dracolosse... Au moins, je connais cette stratégie maintenant, tu ne m'auras plus avec celle-ci.
-Apprends à voir en ton adversaire. Comme dans un livre ouvert. conseilla sagement le champion d'arène d'Espité.
-Pourras-tu éviter, à l'avenir, de glisser de la littérature dans les conversations qui n'ont rien à voir avec ce concept ? demanda, agacé, le maître de Simmeroh.
-Je suis désolé. Il est vrai que je suis plutôt scientifique, les mathématiques sont ma passion. Mais, plus récemment, j'ai succombé aux charmes de l'écriture, que je trouve beaucoup plus parlants que l' algèbre, qui n'est guère plus qu'un stimulant cérébral. Quoiqu'il en soit, je te battrai, la prochaine fois.
-Sans doute... Sans doute... »

La pluie avait commencé à tomber. Un concept que Moriarty trouvait si plein de sens... Il aimait ressentir le frottement des gouttes contre son visage et ses vêtements. Pour lui, la pluie était une punition pour chaque mauvaise action qu'il avait accompli, et il n'y avait que dans les averses qu'il en trouvait assez.
Drattak avait utilisé, durant ce combat, deux fois l'attaque Draco-Météor. La première était pour attirer l'attention de Métalosse, pokémon capable de repérer de loin les pokémon grâce aux émanations d'énergie de leurs attaques, sur autre chose. Cette attaque le rendait triste.

« Qu'en penses-tu ? »

Il n'avait rien écouté.

« Je ne sais pas. Je crois que je vais rentrer au Château Arrogant.
-Comment ça ? Nous avons ta victoire a fêter ! Le peuple de Simmeroh t'attend pour t'acclamer !
-Dites-lui que je me porte mal. »

Eyragon comprit que rien ne pourrait le faire céder

« Dans ce cas n'oublie pas que nous avons la galerie d'art de Poniville à inaugurer en fin de journée.
-Je n'oublierai pas. »

En effet, il n'avait pas oublié. Mais il aurait aimé être seul.
La galerie était censée être un monument incroyable à la gloire de la culture de Simmeroh, et rassemblait des toiles de différents artistes. Moriarty la visitait pour la première fois en silence, avec Eyragon qui le renseignait peu à peu.

« Je n'aime vraiment pas cette toile. commentait le maître de Simmeroh.
-Elle vient d'Unys.
-Voilà qui explique tout. Qu'attendre d'une région qui offre des lustres aux autres régions ?
-Ce n'était pas un lustre...
-Peu importe. Je me sens oppressé par ce tableau... un peu de vert, de gris, de bleu, de rouge... eux yeux... Une sorte de bras... Vu sous un certain angle, ça ressemblerait presque à une montagne de déchets.
-C'est une représentation d'un pokémon d'Unys. »

Moriarty le regarda avec des yeux ronds. Le dracologue soutint son regard.

« Peu importe, allons voir un autre tableau.
-Attends un peu. »

Discrètement, Eyragon montra du doigt une jeune femme. Elle était habillée dans un tailleur correct. Elle avais des cheveux bruns, un visage rond et une très grosse bouche. Un nez fort petit. Une taille moyenne. Elle était raisonnablement jolie, et autour d'elle s'était rassemblé un groupe de personnes incroyable.

« Victoire Estenieve. Elle dirigeait l'un des partis politiques clandestins les plus importants de Simmeroh. Elle était donnée favorite pour renverser Saho et créer une nouvelle république. Nous sommes arrivés juste avant qu'elle ne lance sa révolution. Peut-être devrais-tu la saluer.
-N'essaie pas de masquer tes ordres en conseils. répondit calmement mais sèchement le maître de la Ligue Arrogante. »

Il s'avança lentement vers elle. Le groupe qui s'était formé autour de Victoire salua respectueusement le maître.

« Bonjour. Moriarty du Bourg-Venteux. »

Il lui tendit la main. Victoire la serra de manière chaleureuse.

« Il était inutile de vous présenter. Mais il est aussi malpoli de ne pas me donner votre nom de famille.
-J'ai pour coutume de ne pas le donner.
-Je m'appelle Victoire Estenieve.
-Il était également inutile de vous présenter. Vous êtes une personne fort connue.
-Vous l'êtes également, on dit que vous êtes un dresseur de pokémon hors-pair. Que vous n'avez jamais perdu un combat. Me montrerez-vous un pokémon, un jour ?
-Il y en a un sur mon épaule. »

Victoire considéra Ectoplasma du regard.

« Il est très beau. Je suis sûre qu'il ne ferait de mal à personne. »

Visiblement, ce n'était pas un compliment pour Ectoplasma, qui fronça les sourcils.

« Très heureux d'avoir fait votre connaissance. finit par conclure Moriarty avec un respectueux signe de tête.
-Nous reverrons-nous un jour ?
-Si vous le désirez, faites-le moi savoir. »

Il retourna voir Eyragon, qui paraissait satisfait que Moirarty ait fait la connaissance de cette femme.

« Je n'aime pas l'art.
-Pourquoi donc ? lui demanda Eyragon.
-L'art est un nom devenu trop vaste. N'importe quoi peut actuellement devenir de l'art. Comment une œuvre aussi hideuse a pu être exposée ici ?
-Je te l'ai déjà expliqué. C'est un pokémon.
-Je n'aime pas l'art. conclut simplement le maître de Simmeroh. »

Il était d'une humeur massacrante. Il ne supportait pas l'idée même qu'un homme comme les autres puisse se considérer comme son égal, comme l'égal de celui qui avait accompli tant de choses. Lorsque certains le faisaient, il répondait cependant avec calme, mais ses pensées étaient furieuses de sauvagerie. Fort heureusement, il parvenait à les canaliser en un sourire narquois, preuve suprême de mépris pour celui qu'il jugeait comme inférieur.
Cependant, Simmeroh atteignait son apogée. C'était une région regroupant des dresseurs de tous horizons, et, bien qu'elle ne contenait que très peu de pokémon, le repeuplement se faisant lentement mais sûrement, elle intéressait les dresseurs désireux de se faire connaître dans cette région où personne n'était encore très connu pour son dressage.
Un région nouvelle. Elle n'était certes pas à la cheville des quatre principales régions, mais elle existait.
Moriarty avait fait un très long plan, qui passait par trois mois de contrôle total et absolu sur la population de Simmeroh, et qui avait fini par se révéler payant. Actuellement, il régnait effectivement en maître sur une région parfaitement libre, une région qui était comme l'aurait vu la Team Magic. Ceci avait pour don d'exaspérer cette dernière, qui avait manifesté trop rapidement et d'une manière trop agressive son mécontentement. Ainsi, les attaques de cette organisation se multipliaient, et ni la Ligue Arrogante, ni la Team Magic n'étaient foncièrement mauvais.
Moriarty eût un jour à se rendre à une pièce de théâtre médiocre, mais qui bénéficiait du soutien de la Ligue Arrogante. Il apparût que sa place se trouvait à côté de celle de Victoire Estenieve.
Il eût donc à regarder l'intégralité de la pièce en sa compagnie. Il fit de son mieux pour faire bonne figure, bien qu'il n'y arriva que partiellement. Il ne pût s'empêcher d'afficher un dégoût et un mépris profond pour tout ce qui l'entourait.
Une fois le spectacle terminé, il applaudit mollement et sans conviction, attendit puis se leva. Il fût l'un des premiers à partir. Ce qu'il redoutait réellement, en l'occurrence, une attaque de la Team Magic, ne s'était pas déroulé.

« Je ne serais pas choqué par le fait que vous m'invitiez à boire quelque chose dans un quelconque endroit. »

Le maître de Simmeroh leva les yeux. Victoire était apparue.

« Je n'ai malheureusement pas de temps à gaspiller avec ces imbécilités.
-Pourtant, vous m'aviez promis de me montrer le fonctionnement des pokémon. »

Elle avait un regard résolu, il était inutile d'insister.

« Dans ce cas, allons dans cette brasserie.
-Volontiers. »

La galanterie obligea Moriarty à laisser la jeune femme choisir leur place. Elle fut au centre, en pleine lumière. Il n'aimait pas être exposé.

« Que prendrez-vous ?
-Quelque chose d'alcoolisé. Quelque chose qui me réveille. Que prendrez-vous ?
-Un verre d'eau.
-Voilà qui est bien ennuyeux, pour un maître milliardaire !
-Je ne savais pas que les boissons définissaient l'ennui.
-Faites-vous bien voir, prenez quelque chose de goûteux.
-Nous, dresseurs, ne sommes pas sensibles à ce genre de choses. Ce qui est goûteux, pour nous, sont les blessures et les trophées que nous remportons au combat. Le reste n'est que futilité. »

Un serveur passa. Il paraissait très honoré de compter dans sa clientèle deux personnalités si connues et médiatisées de Simmeroh.

« Nous prendrons un verre d'eau. Et quelque chose d'alcoolisé. Quelque chose de cher, de préférence.
-Il en sera fait selon vos désirs. »

Il partit, puis revint quelques temps plus tard. Victoire bût goulûment sa boisson étrange, avant d'en demander deux autres. Moriarty, par politesse, but une gorgée d'eau.

« Le monde des dresseurs est fascinant. Mais alors, il y a quelque chose que vous devez rechercher plus que tout au monde... Quel est votre but ? Quel est votre modèle ? À quoi aspirez-vous ? »

Les trois questions n'avaient qu'une seule et même réponse. La si subtile et intangible arrogance, la Quintessence de l'Arrogance.

« Il n'y a rien. répondit-il machinalement. »

Il avala une gorgée d'eau par réflexe.

« On dit que vous êtes le seul dresseur de Simmeroh à pouvoir contrôler vos pokémon par la pensée.
-C'est inexact. Je ne les contrôle pas par la pensée. Je les entraîne de façon à ce qu'ils puissent prendre leurs initiatives seuls.
-Mais dans ce cas, quelle est votre utilité dans un combat ? »

Cette question eût le don de heurter le dresseur.

« Je suis ici pour observer, et leur expliquer ce qu'ils doivent faire. Je suis ici pour les prévenir, pour leur donner confiance. Il arrive que le dresseur lui-même soit une arme dans un combat.
-Je ne comprends pas très bien...
-Moi et mes pokémon, nous devons être une unité, ils ne doivent être que des extensions de moi-même.
-C'est impossible. »

Il but son verre d'eau pour éviter de répondre trop méchamment. Victoire demanda encore deux boissons.

« Ne buvez pas trop. Vous avez une image à tenir.
-Je savoure la vie tant qu'elle existe encore. Simmeroh ne m'aime pas exclusivement pour moi, mais aussi pour mes idées politiques.
-Je suis sûr qu'elles sont superbes. Apportez-moi un verre d'eau. ajouta-t-il à l'adresse du serveur. Un simple verre d'eau.
-Très bien, monsieur. »

Il partit le chercher, puis revint.

« L'eau est quelque chose de très économique.
-À quoi bon chercher à être économe étant donné votre niveau de richesse ?
-La véritable richesse se manifeste avec l'élégance de ne pas la montrer.
-Je n'aime pas vos sous-entendus.
-Chacun son tour.
-Vous avez de la chance que j'ai déjà bu deux verres. J'aurais pu me fâcher.
-Si vous ne les aviez pas bu, je ne vous aurais pas fait cette remarque.
-Vous dégagez un certain charme, et un certain dégoût.
-Quoi de plus normal ? Je suis manipulateur, froid, calculateur, mais je sais quand arrive mon heure. Je sais me taire et flatter sincèrement. Je sais dire le plus grand bien d'une personne que je hais. Si vous appelez ça de la séduction, si vous appelez ça du charme, je suis le plus grand séducteur du monde. »

Il se permit un sourire narquois.

« On raconte que vous êtes le plus grand dresseur du monde.
-C'est faux.
-On raconte également que grâce à vous, la Team Magic ne sera bientôt plus qu'un souvenir.
-C'est exagéré. Leur chef est un froid calculateur, leurs généraux sont très loyaux et intelligents, et leurs sbires sont organisés et sont partout. Je ne serais pas surpris qu'il y en ait certains dans ce restaurant. Ce qui est l'une des raisons pour lesquelles je soumets mon verre d'eau à un très bref examen afin de n'y déceler aucun trace de poison.
-C'est très inquiétant.
-C'est relativement angoissant, je vous l'accorde. »

Elle finit sa dernière gorgée.

« Vous avez assez bu. En rester là sera le mieux, pour votre réputation comme la mienne.
-Montrez-moi un de vos pokémon.
-Je vous le montrerai dehors, suivez-moi. »

Il paya l'addition, puis ils sortirent. Moriarty tira une pokéball, puis la jeta au sol.

« Porygon-Z !
-Bonsoir, Porygon-Z.
-Bonsoir, maître. Comment allez-vous ? »

Il se retourna.

« Je constate que vous êtes en galante compagnie.
-Je te présente Victoire Estenieve. Dirigeante de l'un des plus grands partis politiques de Simmeroh.
-Enchanté, mademoiselle. Dois-je effectuer des recherches à son sujet, maître ?
-Ce ne sera pas nécessaire. lui ordonna-t-il, tout en espérant qu'il comprenne qu'il ferait mieux d'en faire.
-Votre pokémon parle ! C'est impressionnant !
-N'est-ce pas ? Je peux parler plus d'une centaine de langues.
-Tu n'es pas là pour l'impressionner. Elle désire simplement voir un pokémon.
-Je suis un pokémon très utile. Vous aimeriez peut-être un puzzle...
-Est-ce que tu en as téléchargé ?
-Monsieur Armand m'en a demandé.
-Tu es mon pokémon, et non celui d'Armand. Efface ce contenu.
-Je viens d'effectuer la suppression.
-C'est parfait.
-Qui est cet Armand ? »

Moriarty ne voulait pas que la conversation s'oriente à son sujet.

« Ne parlons pas d'Armand.
-De quoi voulez-vous parler ? »

Moriarty était embarrassé.

« Il est tard. Vous devriez rentrer chez vous. Désirez-vous que je vous accompagne ?
-Volontiers. »

Il s'exécuta. Ils marchèrent dans la nuit fraîche, Porygon-Z les suivant en lévitant légèrement au-dessus de la surface du sol.

« Je vous souhaite une bonne nuit. lança-t-il froidement en guise de salut à Victoire. »

Celle-ci rentra rapidement dans son luxueux appartement.

« Voilà une chose de faite. Suis-moi. »

Il s'assit sur un banc.

« Parlons, Porygon-Z.
-De quoi voulez-vous parler ?
-Je ne sais pas. Tu es le seul de mes pokémon à parler. Avec toi, je sais que je peux me confier, mais aussi que tu me répondras.
-Je vous remercie pour cet honneur, maître.
-Tu es libre de dire ce que tu veux.
-J'aimerais renter au Château Arrogant. Poniville la nuit n'est guère un endroit où l'on peut être en sécurité.
-N'as-tu pas confiance en moi ? Je peux te protéger. Tu devrais me protéger. »

Il considéra Porygon-Z.

« Tu as raison. Nous devrions rentrer. Mais nous pouvons marcher sur notre chemin.
-Naturellement, maître. J'ai cru comprendre que vous désiriez impressionner la jeune femme que vous avez raccompagnée, peut-être à lui faire la cour.
-L'amour est trompeur, Porygon-Z. Il est comme une rose séchée.
-Vous avez réalisé une habile allusion à votre ancien nom de code pour la Team Rocket.
-Le nom est tiré de la fleur. L'amour paraît plein de délices, plein de promesses, mais il n'est qu'une vulgaire tromperie, et fane à la manière d'une rose séchée, en prenant soin de laisser chaque épine piquante de vérité derrière lui.
-Puis-je vous poser une question indiscrète ?
-Tu es mon pokémon. Rien ne doit nous être étranger si nous voulons un jour reproduire l'arrogance de notre combat de Kanto. Nous devons former une unité, et ceci doit passer par une connaissance jusque dans les moindres recoins de l'autre. En d'autres termes, tu peux poser ta question.
-Pour en parler ainsi, avez-vous déjà connu l'amour ? »

Moriarty resta muet un instant.

« En effet. Il fut un temps où j'étais un idéaliste. Un temps où j'aimais profondément, où je croyais en l'amour. L'amour était le sentiment qui me motivait lorsque je combattais. Je pensais à celle que j'aimais, et mon amour triomphait. Drattak le sait, tu peux lui en parler. Mais, par respect de mon choix, il n'essaie jamais de me faire comprendre qu'il aimerait que je l'entraîne de nouveau de la sorte. Puis, j'ai trouvé la haine. J'ai d'abord haï la rose séchée, mon amour perdu à jamais dans les bras d'un autre. Puis je me suis haï. Je me suis haï moi-même. Maintenant, je concentre ma haine sur le chef de la Team Magic.
-Est-il possible de se haïr ? Vous établissez ici un paradoxe. La haine d'une personne ne peut passer que par un amour de soi-même suffisant pour haïr celui que l'on hait.
-Tu ne comprends pas vraiment. Je ne t'en tiendrai pas rigueur. Certaines choses m'échappent à moi aussi.
-En d'autres termes, vous ne vous haïssiez pas. Mais la partie en vous emplie de haine haïssait cette partie en vous chargée d'amour, qui, elle, l'aimait profondément. Si l'on suit votre raisonnement, il s'agit là de la seule solution possible.
-Tu as raison... Je n'avais jamais pensé ainsi... Drattak ! »

La vérité que Porygon-Z venait d'énoncer avait quelque chose de blessant. Moriarty estima donc que la conversation se terminerait plus vite s'ils se rendaient à l'aide du puissant dragon au Château Arrogant.

« Cela pourrait avoir une autre conséquence. expliqua Porygon-Z. Cela signifierait que celui qui aime et celui qui hait sont condamnés à se haïr et à s'aimer mutuellement. Que jamais ils ne pourront cohabiter. Comme si la lune et le soleil se levaient en même temps.
-La haine, la lune, m'a aidé à m'épanouir. Elle m'a aidé à atteindre mon but, à me surpasser.
-Je ne puis vous contredire, je n'étais pas présent. »

Drattak atterrit.

« Où sommes-nous ?
-J'enclenche la recherche... Nous sommes derrière le Château Arrogant. »

Un gigantesque ravin s'étalait. Il n'y avait rien d'autre.

« Il n'y a ici qu'un large ravin.
-L'arrière du Château Arrogant se situe ici.
-Tu as raison. »

Il rentra donc, et ce d'une manière très facile, se jurant intérieurement de mettre en place des moyens de défense contre l'intrusion très compliqués pour éviter que quelqu'un ne profite de ce ravin, bien que peu connu.

« Revenez dans vos pokéball.
-Bonsoir ! »

Moriarty se retourna brusquement. Armand se tenait dans une position étrange, mangeant différents aliments.

« Je me demande si Méthane n'avait pas raison... Choisir pour la Ligue Pokémon les premiers dresseurs à s'être présentés n'était sûrement pas une bonne idée...
-Il avait raison. Il n'y a même pas de femme, dans cette Ligue Pokémon. Je suis obligé de sortir régulièrement pour en trouver.
-Essaies-tu de dire que tu t'absentes régulièrement de la tâche noble de membre du conseil des quatre pour une chose aussi futile que des femmes ?
-Je n'essaie pas. Je le dis.
-Je me demande comment tu pourrais remonter dans mon estime après la profondeur que tu as atteint.
-Je pourrais te présenter à de ravissantes femmes.
-Quel intérêt y aurais-je ?
-Je ne sais pas. Je trouve ça difficile de trouver ce qui plairait réellement à quelqu'un qui considère comme futiles les présences féminines, le sommeil, ou tout ce qui ne concerne pas de près ou de loin le dressage ou Simmeroh.
-Essaie de faire marcher ton intelligence. Je suppose que ton désir le plus cher ne va pas plus loin qu'une garde-manger à engloutir auprès d'une créature magnifique.
-Non, ce n'est pas ça.
-Tu me fais perdre mon temps.
-Dans ce cas, je vais te laisser. Tu sembles y arriver très bien tout seul, tu n'as pas besoin de moi. »

Il arrêta Ectoplasma de la main. Il s'était promis de ne pas le tuer.
De toute manière, Moriarty ne comptait tuer personne. Moriarty était bien trop timide pour tuer qui que ce soit. Certes, il haïssait, il usait de hauts sarcasmes, il regardait de haut, il méprisait, mais jamais il n'aurait tué. Il s'arrangerait toujours pour que ses ennemis restent vivants. Le chef de la Team Magic devait également le rester, sinon il ne pourrait plus concentrer sa haine. L'Arrogance était un art difficile, car il impliquait d'être toujours second. Il impliquait de garder l'amour dont il souhaitait se détacher, la haine qu'il souhaitait abattre en vie, ce qui était indispensable afin de continuer de s'y concentrer. L'arrogant devait rester second, insatisfait.
La région qu'il avait crée était incroyable. Il en était le maître absolu, il en était fier. Il était demandé, accaparé de tous parts par les journaux et la télévision. De temps à autres, des dresseurs se présentaient au Château Arrogant. Seuls deux dresseurs avaient jusqu'ici réussi à triompher d'Armand, d'Eyragon, de Martin et de Guilhem pour en arriver au maître de Simmeroh.
Celui-ci profita d'une visite très officielle à Dequiville pour avoir une discussion avec Brynne, de façon privée, dans son arène.

« Que tu sois un Saho n'excuse nullement la perte de badges que tu occasionnes. Tu est le huitième champion d'arène, le plus important, tu te dois d'agir en tant que tel. Pourtant, d'après nos chiffres, tu es le champion qui occasionne le plus de pertes de badges.
-Je suis désolé, je fais de mon mieux...
-Nous nous sommes montrés coopératifs. Nous avons même pris ton compagnon.
-Guilhem n'est pas mon compagnon. C'est un homme que j'ai rencontré le jour même. Mais il m'a fait comprendre qu'il serait très heureux d'avoir un poste dans la ligue de Simmeroh, alors je l'ai amené avec moi. »

La naïveté de Brynne avait quelque chose d'extraordinaire.

« Bien, nous pourrons oublier cet incident, je m'arrangerai avec mes supérieurs pour que tu puisses rester le huitième champion d'arène.
-Je te remercie !
-En revanche, j'aimerais que tu expliques aux médias à quel point ton père était un homme mauvais, à quel point la Ligue Arrogante remet Simmeroh au niveau des autres régions, et à quel point toi, enfant de la liberté, te sens plus heureux de faire parti de notre gouvernement que de celui de ton père.
-Je ne suis pas sûr de vouloir faire ça... »

Moriarty, manipulateur, prit un timbre de voix plus mielleux, bien que restant très aigu et sifflant.

« Bien sûr, tu ne veux pas salir la mémoire de ton père, je comprends... Bien sûr, tous les champions devraient devoir le faire, et je ne suis pas sûr de pouvoir faire une exception pour toi... Après tout, tu peux encore essayer...
-Non, je le ferai ! Je ne veux pas t'attirer d'ennuis !
-Parfait. Vas-y. »

Il fit ce que Moriarty lui avait demandé. Celui-ci aperçut Victoire dans la foule. Celle-ci la salua très chaleureusement, et, bien que Moriarty la trouvait inintéressante, il resta à parler avec elle, afin de garder une bonne image.
Les journées suivantes, il la croisa partout. Où qu'il aille, Victoire était. Elle insistait pour parler, pour discuter, elle insistait pour qu'ils restent ensemble. La plupart du temps, ils se faisaient photographier ou filmer.
Puis, il arriva un temps où Moriarty eût à sortir de moins en moins, pris dans les préparatifs de la quatrième Conférence Arrogante. Il attendrait l'âge de trente-six ans sous peu, bien qu'il ne connaisse pas sa date de naissance exacte.
Comme à son habitude, la Conférence Arrogante aurait lieu dans le stade officiel de la Ligue Arrogante. Moriarty ne savait pas qui y participerait et n'y accordait guère d'importance. Pour lui, il s'agissait simplement d'une manière de se rapprocher de la Quintessence de l'Arrogance en perfectionnant son combat muet.
Quelques jour avant l'évènement régional, Moriarty eût à lire un journal. Il n'en crût pas ses yeux. Sur la couverture s'étalait une large photographie de Moriarty serrant la main à Victoire Estenieve, et le titre annonçait leur mariage.
Jamais Moriarty n'avait promis un mariage. Jamais il n'avait fait comprendre qu'il désirait se marier avec elle, jamais il n'avait fait comprendre à Victoire qu'il aurait aimé que leur relation devienne plus que professionnelle. Le journal devait se tromper.
Et pourtant, l'article s'étalait sur plusieurs pages, et Victoire avait été interrogée et dévoilait plusieurs détails, des discussions qui ne s'étaient jamais passés. Qu'est-ce qui se tramait sous son nez sans qu'il ne le remarque ?
Il écrivit en toute hâte une lettre à la rédaction du journal. Une lettre où il expliquait dans des termes traduisant sa colère la mascarade de Victoire Estenieve. Il la donna à Drattak, chargé de l'apporter à Espité.

« Surchauffe !
-Dracogriffe !
-Laser Glace !
-Psyko ! »

Les quatre attaques se rencontrèrent. Certaines ayant des effets inverses, leurs puissances en furent diminuées. Drattak tomba sur le sol, puis se releva, prêt à se battre. Les quatre membre du conseil des quatre avaient utilisé leur pokémon pour empêcher Drattak d'envoyer la lettre.

« Que faites-vous ?
-Moriarty, expliqua Eyragon, nous savons ce que tu t'apprêtes à faire.
-Comptez-vous m'en empêcher ? »

S'il était en possession du pouvoir de la Quintessence de l'Arrogance, il aurait pu les vaincre. En quelques instants seulement. Mais il n'était pas en état, à quatre contre un.

« Victoire Estenieve est l'une des personnes les plus influentes de Simmeroh. Si tu lui refuses quoi que ce soit, elle retournera tout Simmeroh contre nous, et ce sera la fin de la Ligue Arrogante. Ce ne sera pas comme pour Saho, toute la population sera contre nous. Tu dois te soumettre à ses désirs, quel qu'ils soient.
-C'est insensé !
-Tu le dois.
-Je n'aurais jamais cru qu'une femme haineuse aurait pu un jour me causer plus d'ennuis qu'une organisation dirigée par un dangereux fou.
-Il y a quelque chose que je ne comprends pas... interrogea Armand.
-Qu'est-ce ?
-Comment peut-on tomber amoureux de Moriarty alors que je suis dans les parages ? »

Moriarty s'apprêta à dire quelque chose, mais Eyragon semblait considérer la proposition d'Armand comme étant intéressante.

« Peut-être compte-t-elle se marier avec toi, puis te tuer, pour prendre le contrôle de la Ligue Arrogante.
-Ça ne marche pas, de cette façon, en cas de mort du maître, le quatrième membre du conseil des quatre prend sa place, sauf si le maître avait stipulé un dresseur différent dans son testament. Quoiqu'il en soit, celui-ci détient momentanément les pouvoirs, jusqu'à ce qu'un autre dresseur le batte.
-Elle te poussera à changer cette loi. Ou bien elle te forcera à la nommer dans ton testament.
-Dans ce cas, que dois-je faire ?
-Conduis-toi comme elle devrait l'attendre. Tu es son fiancé. Va la rejoindre, nous organiserons les préparatifs de la Conférence Arrogante. »

Les jours qui suivirent, la vie du maître de la Ligue Arrogante fût horrible. Il eût à passer des journées entière en compagnie de Victoire. Un homme si puissant, si arrogant, mené par le bout du nez par une personne qui n'était même pas une dresseuse. C'était impensable.
Et pourtant, la vie qu'il menait était dure, extrêmement dure. Il n'osait pas prendre d'initiative, il était ridiculisé. Et lorsqu'il rentrait au Château Arrogant, il racontait ses malheurs à ses pokémon qui l'écoutaient, impuissants.
Puis, ce fut la veille de la Conférence Arrogante. Un grand banquet avait été donné pour célébrer l'occasion. Moriarty avait donc eu à inviter Victoire et à s'asseoir tout naturellement à côté d'elle. On servit de l'alcool.
Les lumières s'éteignirent alors brusquement. La salle était plongée dans le noir. Moriarty sentit un brusque coup de vent qui lui ébouriffa les cheveux, puis partit voir ce qui s'était passé. Tout semblait marcher à merveille, mais on aurait dit que l'appareil gérant l'électricité avait subi une sorte de choc électrique, comme si l'électricité qui y était enfermée ne pouvait pas en sortir. Il fit quelques réglages grâce au peu qu'il connaissait, et tout sembla s'avérer concluant.
Il revint dans la salle du banquet, à présent éclairée. Il constata que la coupe d'alcool de Victoire avait pris une légère teinte rosée. Elle n'était pas très visible, mais Moriarty parvint à la voir depuis ses yeux rougeâtres.
Alors il comprit. L'attaque Cage-Éclair de Porygon-Z. L'attaque Toxik de Nostenfer volant à une vitesse impressionnante, tout se remettait en place. Ses pokémon avaient donc acquis une autonomie certaine. Que faire ? Jamais il n'oserait arracher la vie de quelqu'un de la sorte. Jamais il n'oserait tuer quelqu'un. Et pourtant, alors qu'il avait cette réflexion, les mots s'échappèrent de sa bouche sans qu'il ne pût les arrêter.

« Et je vous propose de lever votre verre en l'honneur de Victoire Estenieve, ma future femme. »

Tout se passa rapidement. La coupe s'écrasa sur le sol. Moriarty n'eût pas besoin de jouer pour prendre un air choqué, tant il l'était déjà de la propre attitude qu'il venait d'avoir. Mais il promit aux médias qu'il l'aimait beaucoup et que sa perte l'attristait.

« Je ne vous tiendrai pas rigueur de ce que vous avez fait, expliqua-t-il à ses pokémon, vous l'avez fait pour mon bien. Vous m'avez prouvé que je comptais pour vous. Je suis ému et touché. Mais ne recommencez pas. Comment pourrai-je un jour vous en vouloir ? »

Puis, peu avant la Conférence Arrogante, Eyragon eût à lui parler.

« Avant de nous rendre au stade, nous avons décidé de sécuriser le Château. Il est impossible d'y rentrer, à part en sant de mots de passe connus seulement par nous. Bien sûr, une question pourra être posée, en cas d'oubli. Ainsi, l'épisode l'intrusion du chef de la Team Magic au Château Arrogant ne se reproduira plus jamais. Ce sera l'endroit le plus sûr du monde. Armand n'aura pas de mot de passe, cependant. Pour accéder à sa salle, il suffit d'insérer ses huit badges dans des fentes prévues à cet effet, protégées par des gardes confirmés. Une fois dans la salle d'Armand, celui-ci devra taper mon mot de passe pour pouvoir passer dans ma salle. »

Comme mot de passe, Eyragon choisit '' puissance ''. Ce mot représentait le type Dragon, sa famille et ce qu'il voulait devenir avec justesse. De plus, il y avait là une référence cachée à la famille qui avait bercé ses rêves d'enfance, la famille Haritori. '' Il est pour moi le type Dragon, qu'est-il pour moi ? '' était la question.
Une fois dans la salle d'Eyragon, pour entrer dans la salle de Martin, il fallait connaître le mot de passe qui répondait à cette phrase. '' Ma vie, il me l'a sauvé, il en est la victoire '' . la réponse était '' Lokhlass '' , le pokémon qui avait sauvé Martin dans sa jeunesse.

« Je te laisse choisir mon mot de passe, proposa Guilhem à Moriarty, je n'ai pas vraiment d'idées. »

Qu'est-ce qui aurait pu être secret, connu uniquement de Moriarty ? Moriarty était considéré par tous depuis l'épisode du manoir des Haritori comme un concentré de haine. L'amour aurait été considéré comme incroyable et impensable, chez Moriarty. Il repensa à Ecella, aux jours heureux où tout était simple.
'' La femme que j'aime '' était la question.
'' Ecella '' était la réponse.