Team Rocket X-Squad de Malak

Mercutio, désormais avec des cheveux bruns et coupés plus courts, feignait de marcher d'un pas long et épuisé jusqu'à la base au drapeau des Dignitaires qu'il voyait devant lui. Elle était imposante, et le mur était énorme et semblait très résistant. Il était équipé de plusieurs canons à calibre lourd. Quand Mercutio se présenta devant la porte, les canons ne se pointèrent pas sur lui, mais les deux gardes à l'entrée s'approchèrent, leurs armes levées.

- Ton nom et ton grade mon gars ? Demanda l'un d'eux.

Heureusement, la hiérarchie dans la Team Rocket et dans l'armée gouvernementale était la même. Mercutio reconnut un sergent à son uniforme.

- Seconde classe Gavin Drent monsieur. De la base de Lavanville.

- Et tu es tout seul ?

- Toute mon unité a été éliminée par des sales Rockets dans les bois, monsieur. Moi seul ai réussi à fuir...

Le sergent haussa les sourcils, et demanda d'ouvrir la porte. Bien. Première étape franchie. Le voici à l'intérieur de la base. Mais ça allait vite devenir compliqué. On le présenta à un certain capitaine Meyfros, une tablette numérique à la main, qui lui demanda de lui répéter son nom, son grade et son histoire.

- Drent, Drent... Ouais, je vous ai sur ma liste, fit-il après un coup d'œil. Sale histoire hein, soldat ?

Gagne leur confiance, songea Mercutio.

- Ces chiens de Rockets ont tué tous mes copains, monsieur. Laissez-moi les faire payer !

Meyfros eut un soupir méprisant.

- Vous auriez dû les faire payer sur place au lieu de fuir comme un couard.

- Je serais mort maintenant, capitaine, répliqua Mercutio. Ça n'aurait servi à rien. J'ai jugé plus utile de venir vous prévenir...

- Z'êtes pas au courant, soldat ? Les Shadow Hunters ont donné des ordres stricts sur les engagements avec les Rockets. C'est tué ou être tué. Plus de fuite tolérée. Pour la peine, vous serez exécuté.

Mercutio en fut tellement ébahi qu'il ne put rien dire tandis que deux costauds le prenait par les bras pour le conduire au peloton d'exécution. Premier imprévu. Et de taille en plus.

- Non mais... attendez... Laissez-moi parler au commandant !

Ses geôliers ne dirent mots et se contentèrent de l'attacher à un poteau devant le mur d'enceinte. C'était presque irréel pour Mercutio. Exécuté comme ça, sans aucun procès, sans aucune enquête ? Surtout dans une armée qui se voulait le fleuron de la justice contre la criminalité et la partialité ?! Même la Team Rocket n'était pas aussi stricte !

- Vous faites une grave erreur, capitaine ! Lança Mercutio à Meyfros.

- Faites-le taire, ordonna le capitaine.

Avant qu'on ne le bâillonne, Mercutio lança, en guise de dernière chance :

- J'ai des informations sur les Rockets qui...

Sa phrase se perdit en un marmonnement inintelligible quand on lui fourra le bâillon dans la bouche. Il se dit qu'il allait mourir comme un idiot, pour rien, sans avoir rien commencé à accomplir de la mission, quand un homme portant l'uniforme de commandant arriva :

- Voyons ce qu'il a dire.

- Commandant, il essaie seulement de sauver sa peau, fit Meyfros.

- Peut-être, mais il n'est pas digne de tuer un homme sans écouter ses dernières paroles.

- Commandant Palmer, le protocole en cas de couardise au combat ne...

- Je connais très bien le protocole, capitaine, coupa sèchement le commandant.

Le commandant Palmer, un homme entre deux âges aux cheveux bleus foncés et courts vint lui retirer le bâillon. Même sans le Flux, Mercutio lu la droiture dans les yeux de cet homme.

- Qu'avez-vous à dire, soldat ?

- Commandant, ces chiens de Rocket me croyaient mort, et ont commencé à parler. Ils ont parlé d'orbes, si j'ai bien compris, puis je les ai suivis discrètement jusqu'à une entrée secrète de ce qui semblait être leur base. C'est alors qu'il m'ont vu, et que j'ai dû fuir.

Meyfros ne le croyait pas, c'était évident, et Mercutio admettait que son histoire sonnait faux, mais il devait tout tenter, sinon il finirait fusillé.

- Je peux vous mener jusqu'à l'entrée de leur base. Je veux que ces monstres paient pour avoir tué mes camarades de Lavanville...

- Même si vous aviez vu leur fameuse entrée secrète, répliqua Meyfros, ils ne mettront pas longtemps à la déplacer.

- D'où l'intérêt d'attaquer immédiatement !

Palmer réfléchit un moment, puis dit :

- Soit. Montrez-nous sur une carte où se trouvent les Rockets. J'enverrais une unité, et nous verrons ce qu'il en est. Vous resterez enfermé jusqu'à que mes hommes reviennent.

Mercutio n'eut pas le choix, et indiqua un point factice sur la carte des montagnes. Quand les hommes de Palmer rentreront bredouille, il allait devoir improviser un max s'il voulait s'en sortir. On lui confisqua ses Pokemon, sa radio et son arme, puis on l'amena dans les geôles de la base. Il n'y avait apparemment qu'une seule cellule, déjà occupée en plus, par un homme torse nu, attaché par une chaîne, et qui ne semblait avoir rien mangé depuis des lustres. Le garde ouvrit la porte et lança au prisonnier :

- Un peu de compagnie, Gregor. Ce soldat sera ton nouveau compagnon de cellule un temps. C'est un lâche, mais apparemment il nous a dit ce qu'on essaie de t'arracher depuis des jours : la localisation exacte de la base de tes amis Rockets.

Le dénommé Gregor se leva et jeta à Mercutio un regard du pur mépris. Gregor... Mercutio se souvenait de ce nom. Le frère de Calvin, un des hommes de Kelluer, celui qui avait été capturé...

- Tu peux prier Arceus pour qu'il mente, Gregor, poursuivit le garde en poussant Mercutio dans la cellule. Parce que s'il dit vrai, ça en sera fini de ton groupe de sauvages Rockets, et on aura plus besoin de toi. Je vois déjà la pique avec ta tête au bout...

Mercutio se força à garder un air neutre. Pique ? Tête ? L'armée du gouvernement était-elle vraiment tombée si bas ? Sans doute était-ce l'influence détestable de ces malades de Shadow Hunters qui commandaient maintenant l'armée... Gregor tenta de se jeter sur Mercutio, mais la chaîne le retint. Alors, il lui cracha dessus. Le garde guettait la réaction de Mercutio, et ce dernier devait donner le change. Il fit un croche patte à Gregor et prit un sourire satisfait et arrogant.

- Ordure de Rocket... Crois bien que je leur ai donné la bonne information. Mais ne t'inquiète pas, tu rejoindras bientôt tout tes copains dans le royaume noir et sombre de Giratina.

Le garde ricana et Mercutio en fit autant. Puis la porte se referma sur eux. Mercutio regarda autour de lui. Pas de micro, mais il y avait une petite caméra intégrée au plafond. Mercutio garda son rire hautain et fit une gestuelle comme si il se foutait du Rocket, puis commença à parler :

- Ecoutez vieux, je ne suis pas un soldat du gouvernement. Je suis un membre de la X-Squad, envoyé par le général Tender pour aider votre groupe.

Gregor le regarda comme si son nouveau compagnon de cellule était en fait un Donphan rose l'invitant à prendre le thé.

- Qu'est-ce que tu dis ?

Mercutio fit mine de lui décocher un coup de pied.

- N'aie pas l'air si surpris ! Y'a une caméra en haut. Je dois continuer à jouer mon rôle. Crois-moi. J'ai rencontré le commandant Kelluer, le capitaine Sorius et ton frère Calvin. Je suis ici pour voler les trois orbes d'Arboreden.

Gregor le cru, et ils continuèrent à parler en faisant mine de se hurler dessus et de se battre.

- Tu sais quoi que ce soit sur le commandant de cette base ? Demanda Mercutio.

- Norman Palmer, fraichement débarqué d'Hoenn. Il était champion d'arène là-bas.

- Qu'est-ce qu'un champion d'arène d'Hoenn viendrait fiche dans cette guerre ? En quoi ça le concerne ?

- Apparement, c'est un idéaliste. Il déteste la Team Rocket, et soutient activement le gouvernement. De plus, c'est un puissant dresseur, et le général Lance en recherche pour des postes d'officiers. Il l'a placé ici sur le projet Arboreden, car il s'y connait bien en Pokemon.

Mercutio décida qu'il fallait se faire de ce commandant Palmer un allié. Gagner sa confiance, et ainsi pouvoir se déplacer librement dans la base, pour trouver les orbes. Puis libérer Gregor aussi. Ça n'allait pas être du gâteau, et il n'avait pas le droit à l'erreur, car sans le Flux, il était aussi vulnérable que tout le monde. Mercutio espéra qu'il ne se passerait pas une journée avant que les hommes de Palmer ne reviennent de la base Rocket imaginaire de Mercutio, sans quoi, fautes de nouvelles, Kelluer et Tuno allaient lancer l'assaut. Heureusement, ce ne fut pas le cas, et Mercutio fut tiré de son trou quelques six heures plus tard. On le mena dans la cour de la base, où le commandant Palmer l'attendait, ainsi que le capitaine Meyfros, fumant de rage.

- Ton information, c'était du bidon, Drent ! Martela-t-il en le pointant du doigt. Y'avait absolument rien à l'endroit que tu nous as indiqué ! Tu aurais pu nous faire tous tuer, uniquement pour sauver ta peau !

Mercutio prit un air étonné poli, qui eut l'avantage d'énerver encore plus le capitaine.

- Vous avez dû débarquer comme une bande de Tauros en furie et les Rockets vous ont entendus.

- Nous avons utilisé nos Pokemon avant d'avancer, crétin !

- Eh bien, leur dressage doit être à désirer alors. Moi je les aurai eus.

Mercutio repéra du coin de l'œil un sourire amusé sur le visage du commandant Palmer, tandis que Meyfros n'en finissait pas de beugler.

- Je suis le meilleur dresseur de la base après le commandant !

- Ah. Je demande à voir. Mais vous savez ce que je pense, capitaine ? Vous ne vouliez pas trouver les Rockets. Car si vous l'aviez fait, vous auriez été obligé de les affronter.

- Tu me traites de lâche, soldat ?

- Je crois que c'est ça, en effet.

Mercutio allait trop loin, il en avait conscience. Mais c'était tout ou rien. S'il pouvait enrager suffisamment Meyfros pour qu'il perde son sang-froid et l'agresse en premier... Et ce fut le cas. Le poing de Meyfros jaillit. Mercutio aurait pu facilement l'éviter, mais n'en fit rien, même si le capitaine n'y était pas allez de main morte. Comme Mercutio l'avait prévu et espéré, ce fut Palmer qui intervint.

- Il suffit capitaine. Ce n'est pas ainsi qu'on règle nos comptes dans cette base.

Meyfros aurait eu bien envie de continuer, mais se força à se calmer.

- Oui commandant, mes excuses. Voyons donc voir notre grande gueule à l'œuvre. Tu veux vérifier mes talents de dresseurs, soldat ?

Mercutio s'essuya sa lèvre qui saignait.

- Et comment ! Mais je crains que vous ne m'ayez pris mes Pokeball quand...

- Qu'on lui apporte ses Pokeball, ordonna Meyfros. Avec votre permission, commandant Palmer ?

Ce dernier hocha la tête. Tout se passait comme Mercutio l'avait voulu. Mais à présent, il ne lui restait plus qu'une option : gagner, et surtout impressionner le commandant Palmer. Car si Meyfros le ridiculisait en combat Pokemon, Palmer se désintéresserait de Mercutio, et Meyfros pourrait régler ses comptes avec lui devant le peloton d'exécution. Sorius lui avait conseillé de ne pas trop montrer ses Pokemon, mais il n'avait pas le choix. Ayant appris qu'un combat allait se dérouler dans la cour centrale, tous les soldats abandonnèrent leurs tâches et occupations pour voir le petit nouveau qui avait défié le capitaine se faire écraser. Mercutio espérait qu'ils allaient avoir une surprise. Le commandant Palmer s'installa à l'ombre et dit :

- Deux Pokemon chacun seulement, en deux manches. Vous appelez vos Pokemon en même temps. Faites ça vite.

- Ne vous inquiétez pas, commandant Palmer, sourit Meyfros. Ça sera plié en moins de cinq minutes.

Mercutio se dit qu'il n'avait rien à craindre de Meyfros. Un gars qui commençait un combat de la sorte était souvent un raté. Comme convenu, ils appelèrent leurs Pokemon en même temps. Mercutio appela Eü, tandis que Meyfros appela un Karaclée, un Pokemon combat à la peau bleue et en tenue d'arts martiaux. Comme Mercutio l'avait prévu, un murmure de surprise résonna parmi les soldats ; personne ne devait connaître Eü. Celui-ci, d'ordinaire bavard, se tut. Mercutio avait briefé chacun de ses Pokemon avant de venir, notamment Pegasa et Eü. En aucun cas ils ne devaient parler. Le but pour Mercutio était de ne pas trop se faire remarquer, ce qui serait raté si on apprenait qu'il possédait des Pokemon sachant parler, ce qui était en soi assez rare. Bien sûr, face à un Karaclée, le petit Eü ne payait pas de mine, aussi tous les hommes se mirent à encourager le capitaine Meyfros. Seul Palmer garda le silence, se contentant d'observer avec attention. Meyfros commença l'engagement.

- Karaclée, attaque Close-combat !

Imbécile, songea Mercutio. Close-combat s'appelait ainsi pour une bonne raison. L'utiliser en début de match, surtout sans connaître l'adversaire, était une manœuvre de bas débutant. Mercutio se contenta d'ordonner à Eü d'utiliser son Pistolet à O sur le sol, pour qu'il puisse s'envoler sous la pression du jet et éviter l'attaque de Karaclée.

- Lance Acidarmure, Eü.

Acidarmure était une attaque de soutient qui augmentait énormément la défense. Face à un Pokemon comme Karaclée, très axé sur l'attaque, c'était appréciable. Meyfros était apparemment impatient et n'attendit pas qu'Eü retombe. Il ordonna à son Karaclée de sauter pour le prendre au vol. Encore une belle preuve d'un amateurisme navrant.

- Aqua-Jet, ordonna Mercutio.

Eü s'enveloppa d'eau et alla frapper Karaclée comme une fusée, qui retomba lourdement au sol. Meyfros parut soudain plus prudent - enfin ! - et ordonna une attaque Gonflette, faite pour augmenter à la fois l'attaque et la défense. Bien essayé, mais inutile. Car Eü possédait essentiellement des attaques spéciales, et en plus, cette attaque Gonflette donna le temps à Mercutio d'ordonner une autre Acidarmure par-dessus la précédente. Acidarmure augmentait bien plus vite la défense que Gonflette ne le faisait avec l'attaque, aussi Karaclée perdait désormais ses chances de lui porter quelques dégâts. Quand Karaclée attaqua avec Coup-Croix, Mercutio demanda à Eü de ne pas chercher à esquiver. Cela lui permit de porter son attaque directement, sans que le Coup-Croix, étant donné sa défense actuelle, ne le blesse sérieusement.

- Attaque Ebullition !

Eü cracha un torrent d'eau bouillante sur son adversaire, qui recula en gémissant. Sympathique attaque que cette Ebullition : la seule attaque Eau pouvant brûler l'adversaire. Et une fois brûlé, la force physique diminuait. Mercutio jugea que le moment était venu de clore ce piteux spectacle.

- Eausacré, Eü. Finis-le !

La plus puissante attaque d'Eü se manifestait par flaque d'eau brillante d'où s'échappait une étrange lueur verte. Ces flaques enveloppèrent Karaclée, puis explosèrent, laissant le Pokemon hors combat. Le silence ce fit dans la cour jusqu'alors très bruyante. Sans doute personne n'avait jamais vu quelqu'un battre aussi rapidement et aussi facilement le Karaclée du capitaine Meyfros. Ce dernier rappela son Pokemon en masquant très mal sa colère et sa honte derrière un masque de mépris.

- La chance du débutant. On verra ce que tu peux faire face à celui-là !

Mercutio rappela Eü et envoya la Pokeball de Mortali au moment où Meyfros envoyait la sienne. C'était un Tyranocif, un Pokemon Ténèbres et Roche connu pour sa puissance et sa brutalité. En posséder était assez rare, ce qui expliquait pourquoi tous les soldats du coin étaient si admiratifs devant Meyfros. Mais vu son sens de la stratégie, il aurait pu posséder Arceus en personne que ça n'aurait guère inquiété Mercutio. Le capitaine parti dans un grand éclat de rire, alors que son Tyranocif rugissait.

- Là tu es mal, hein, Drent ? Je ne connais pas ton Pokemon, mais il me parait être de type Spectre. Or le type Spectre est très faible face au type Ténèbres ! Tu es fichu !

Meyfros était décidément un abruti de première. Pensait-il réellement que Mortali n'avait que des attaques spectres ? Ou que son gros balourd de Tyranocif serait assez rapide pour porter une attaque ténèbres à Mortali ? Apparement, c'était ce qu'il pensait, car il commença avec une attaque Mâchouille. Mais avant que Tyranocif n'ai fait trois pas, Mortali était déjà derrière lui.

- Oh, je vois, ta bestiole est petite mais assez rapide, hein ? Fit Meyfros. Pas grave, j'ai de quoi compenser. Tyranocif, attaque Poliroche !

Ce fut une surprise pour Mercutio. Meyfros n'était donc pas totalement imbécile. Poliroche était une attaque qui augmentait beaucoup la vitesse du lanceur. Très utile pour les Pokemon roche, souvent très lents. Mercutio préféra jouer la prudence.

- Recule, Mortali. Et lance Reflet.

Cinq clones d'ombre de Mortali apparurent en plus du vrai. Meyfros répondit en ordonnant une attaque Séisme. Mortali pu esquiver en sautant, mais ça le démasqua immédiatement. Comme Tyranocif ne pouvait pas sauter aussi facilement que Karaclée, Meyfros ordonna une attaque Lame de Roc. Un coup de pied au sol du gros Pokemon suffit pour arracher plusieurs pierres qui partirent sur Mortali comme des missiles autoguidées.

- Repousse-les ! Ball-Ombre, Mortali !

Une seule Ball-Ombre suffit à se protéger de ces pierres tranchantes. Tyranocif se précipita alors vers le point où Mortali allait tomber. Mal lui en prit, car Mercutio ordonna une attaque Laser-glace sur le sol, et inévitablement, Tyranocif glissa et se ramassa par terre. Il était fichu. Mercutio ordonna à Mortali de l'achever avec un autre Laser-glace, cette fois à bout portant. Le combat fut terminé. En moins de cinq minutes, comme l'avait prédit Meyfros. La seule chose qu'il avait réussi à prévoir, du reste. Le capitaine vaincu rappela son Tyranocif, tout son corps tremblant de rage. Et comme Mercutio le prévu, ce fut l'explosion.

- C'est impossible ! Tu as triché, salaud ! Tout le monde ! Etalez-moi ce bâtard !

La plupart des soldats suivirent l'ordre du capitaine, malgré la réprobation visible sur le visage du commandant Palmer. Ceux qui avaient des Pokemon les sortirent, et ceux qui n'en avaient pas foncèrent sur lui, poings devant. Meyfros, lui, appela un autre de ses Pokemon, un Feurisson. Mercutio ne laissa pas le temps à Palmer d'intervenir pour exiger le calme. Il ordonna simplement à Mortali de sauter et d'arroser tout ce beau monde avec ses plus puissantes Ball-Ombre. Mercutio ne bougea pas d'un pouce, tandis que tout autour de lui, ce fut la pagaille et les explosions. Quand la fumée se fut dissipée, la cour était salement arrangée, et tous les assaillants de Mercutio gisaient par terre, endoloris. Meyfros lui était carrément inconscient. Mercutio se tourna vers le commandant Palmer, qui avait simplement haussé les sourcils devant cette démonstration de puissance.

- Ces hommes sont des lâches, déclara Mercutio. Ils ne savent ni pister, ni dresser, ni se battre. Si vous voulez enfin arrêter le groupe de Rocket de ce Kelluer, vous avez sérieusement besoin de gars comme moi.

Palmer le dévisagea intensément, et Mercutio fit l'effort de ne pas détourner les yeux. Le regard de cet homme était difficile à tenir.

- Suivez-moi, dit-il enfin.

Un peu anxieux, Mercutio le suivit à l'intérieur de la base. Il regarda bien autour de lui pour s'efforcer de retenir les couloirs et les escaliers, jusqu'au bureau du commandant où Palmer le mena. Il referma la porte derrière lui, et dit :

- Ces hommes que vous avez terrassés si facilement sont mes meilleurs soldats. Et le capitaine Meyfros est en effet le meilleur dresseur de la base après moi... enfin, jusqu'à aujourd'hui apparemment.

- Il était nul, monsieur. En tant que champion d'arène, vous devez vous en rendre compte, non ?

- Vous savez que je suis champion d'arène, Drent ?

- J'ai beaucoup voyagé avant de m'engager dans l'armée, monsieur, se justifia Mercutio. J'ai emmagasiné pleins d'infos sur un paquet de bons dresseurs, vous compris.

- Je vois. Oui, pour des dresseurs comme nous, Meyfros est en effet un peu faible. Mais pour la moyenne des dresseurs dans l'armée, il est très au-dessus du lot. Je ne vous apprends rien en disant qu'on trouve rarement de bons dresseurs chez les militaires.

Mercutio ne pouvait pas le contredire. La Team Rocket n'était pas un exemple non plus d'élite du dressage Pokemon.

- Enfin, qu'importe votre niveau et le sien, il reste votre supérieur.

- Ce n'est pas ma faute s'il n'a pas tiré parti des informations que je lui ai donné, commandant. Un chasseur bruyant n'attrape jamais sa proie, et ces Rockets dans les montagnes semblent très bien organisées.

Norman Palmer eut une moue amusée.

- Vous savez, je n'ai confiance en personne dans cette base. On m'a refilé les pires rebuts comme soldats, la plupart du temps d'anciens prisonniers libérés en échange d'une année d'engagement. Les Dignitaires veulent écraser la Team Rocket. Ça, je comprends, et je soutiens. Mais employer de telles méthodes... comme l'exécution des fuyards que vous avez failli expérimenter, et l'utilisation de voyous comme soldats... Mais sans ça, nous n'aurions pas grand-chose à opposer aux Rockets de Kelluer. Ils ne sont pas comme les autres Rockets, qui sont à peu près humains et disposent d'un semblant de discipline. Ces gars-là, ce sont des sauvages, et j'ignore ce qu'ils trafiquent, mais mon avis est que ce n'est pas pour servir les intérêts de la Team Rocket, loin de là...

Mercutio garda un air neutre, mais au fond de lui fut surpris. Qu'est-ce que Palmer entendait par là ?

- Enfin bref, reprit Palmer, j'ai en effet besoin d'hommes qui savent se battre. Je pars en mission demain, et j'ai besoin que quelqu'un m'accompagne. Faites vos preuves, et je passerai l'éponge sur votre fuite d'aujourd'hui, qui en temps normal vous aurez valu la mort. C'est compris ?

Mercutio salua.

- À vos ordres, commandant !

Bon, ça allait un peu mieux, songea Mercutio. S'il arrivait à gagner la confiance de Palmer en mission, ça serait un pas de plus pour s'approcher des trois Fruits de Vie qu'il devait garder quelque part dans cette base.