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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 28/11/2012 à 08:47
» Dernière mise à jour le 28/11/2012 à 23:20

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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020 - Strip-Tease
« Le théâtre documentaire affirme que la réalité, quelle que soit l'obscurité dont elle se masque elle-même, peut s'expliquer dans le moindre détail. »
(Peter Weiss)

« Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision
Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement, de moins pire en banal,
Elle finira par trouver ça normal »

(Jean-Jacques Goldman, La vie par procuration)



LA GRANDE JOURNALISTE DOCUMENTAIRE
STACY PATEL
PRESENTE :

L'ECOLE D'AUJOURD'HUI

Un documentaire passionnant, produit, filmé et monté par
STACY PATEL

Bonjour. Je suis Stacy Patel, la fille de la grande animatrice Maude Patel. Afin de débuter ma série de documentaires sobrement appelés « Strip-Tease » - car je veux montrer la vie aussi nue qu'elle l'est réellement et donc déshabiller les images pour les transformer en faits – j'ai décidé de m'intéresser à un sujet qui évidemment, nous passionne tous : L'éducation.

Comment savoir si nos enfants sont bien éduqués ?


Les images montraient le vieux professeur, Ulrich Paxton, endormi sur son bureau, tandis que dans les rangs, les élèves parlaient. La caméra fit un gros plan sur Benjamin qui tentait de résoudre un Rubik's Cube.

Comment être sûr qu'ils ne se font pas brutaliser ?

Tristan rangeait son casier, quand Steven arriva et donna un coup de pied dans son sac.

- TOUCHDOWN !!
- Nan mais ça va pas ?
- SUCE MES BOULES !! cria Steven en accompagnant ce geste d'un double doigt d'honneur.

Tristan soupira alors que Steven s'éloignait en tirant la langue à la caméra.

Et surtout, est-ce que le système fonctionne ?

Revenons en arrière. Il y a six ans, le grand réformateur Roland Smirnoff arrive au pouvoir dans l'association Pokémon. Durant ses cinq années de règne, Roland Smirnoff s'attire l'adhésion de 87% de la population. Les sondages lui prédisaient une réélection flamboyante. Il était au sommet de sa gloire là où ses prédécesseurs s'étaient contentés de passer sans éclat. Pourtant, Roland Smirnoff décide au dernier moment de se retirer du système, et pour ainsi dire de la vie publique. Nous avons essayé d'interviewer le seul ancien agent de Roland Smirnoff qui a repris une vie civile presque normale.


- Monsieur Corbin, vous avez été le bras droit de Roland Smirnoff pendant cinq ans, savez-vous pourquoi il ne s'est pas représenté pour un autre mandat ?

Dimitri se trouvait dans sa maison, une calme bâtisse qui ressemblait plus à un local qu'à autre chose. Décor minimaliste, télé, canapé, petite cuisine, salle de bains, chambre...

- ... je... je... je ne sais pas... vous n'êtes pas les premiers à venir me poser la question et en toute honnêteté, je ne sais pas.
- Ne vous sentez-vous pas un peu frustré d'être passé d'une position administrative très puissante et confortable à une petite vie dans une misérable demeure avec un travail minable ?
- Je travaille pour une agence de commissions de contrôle...
- Oh.
- Et j'habite ici depuis six ans...
- ... oh... et... savez-vous où se trouve Roland Smirnoff actuellement ?

Dimitri haussa les sourcils.

- ... bah... chez lui, je suppose !

Une interview étrange et qui nous apprenait peu de choses. Nous avons pourtant été bien reçus, et Dimitri Corbin s'est adressé à nous avec politesse et douceur, mais nous n'avons rien réussi à en tirer. Nulle frustration dans son regard ou dans son ton. Comme s'il avait accepté, résigné, de ne plus être un chef de cabinet et d'être devenu un simple organe administratif obscur.

L'après Roland Smirnoff s'est caractérisé par un brutal retour à la normale dans les locaux de l'association Pokémon. Et ce malgré une gestion continue des affaires de Roland Smirnoff dans des bureaux spécifiquement créés à cet effet. Roland Smirnoff avait en effet compris, je cite, que « Quels que soient les abrutis qui vont me succéder, je me doute bien qu'ils ne feront pas aussi bien que moi, alors je prends des précautions pour que mon œuvre me survive. C'est humain, non ? »

Encore aujourd'hui, de nombreux mystères subsistent. Malgré nos nombreux coups de téléphones répétés, les parents de Roland Smirnoff n'ont pas daigné nous accorder d'interview. Son ancien collègue et meilleur ami Malcolm Heine nous a seulement dit deux mots : « Laissez tomber ». Le champion d'arène Charlie Winchester, pourtant reconnu comme un proche de Roland Smirnoff, nous a ri au nez et nous a fermé sa porte. La sœur de Roland Smirnoff nous a menacés et chassés de son terrain, son frère nous a poliment refusé l'interview, son cousin nous a toujours raccrochés au nez et sa cousine n'a pas accepté de nous répondre.

Pourquoi un tel silence alors que du côté de la population, c'est un plébiscite ? Mystère. L'incompréhension règne. Et après fouille des archives, Roland Smirnoff n'a en effet JAMAIS parlé de sa famille dans quelque interview, document ou autre. Comme si un contact était rompu de manière définitive. A se demander comment un homme dont l'action a été autant appréciée peut avoir un tel rapport avec sa famille. Mais un jour peut-être, ce secret sera levé, le jour, semble-t-il, où les langues se délieront.


(Extrait d'une interview de Roland Smirnoff pendant sa campagne)

- Monsieur Smirnoff, aussi prestigieuse que soit votre famille et votre entourage, vous refusez tout contact avec eux...
- Exact.
- Pourquoi ?
- Parce que.
- ... y a-t-il une raison précise ?
- Pour une fois que je fais quelque chose qui me plait vraiment dans ma vie, j'aimerais que mon envahissante famille n'interfère pas.
- Pourtant ce que vous envisagez de faire va sérieusement augmenter le prestige de la famille Smirnoff...
- Je n'en ai cure.

Le journaliste plissa les yeux.

- De... de même, votre famille refuse les interviews à votre sujet...
- C'est une excellente chose.
- ... vos... parents se sont carrément exilés en Europe ! N'est-ce pas un peu... extrême ?
- Non. Papa a toujours rêvé de voir l'Europe
- ... parlons du procès qui vous oppose aux gens de votre ancien quartier, vous avez été... plus que menaçant, carrément diabolique selon les témoignages.
- C'est leur faute, pas la mienne.
- D'abord le jugement a traîné suite à votre délit de fuite...
- Vous voulez en parler à mes avocats ?

Le journaliste déglutit.

- Euh... je résume simplement les faits !
- Vous êtes procureur ?
- ... non, mais...
- Alors fermez votre clapet et posez des questions intelligentes. J'ai fait publier mon programme politique, toutes les agences de presse l'ont reçu en quinze exemplaires, je suis prêt à en discuter tous les points, alors vous avez amplement de quoi me poser des questions. Il en va de l'avenir de Poképolis. C'est soit moi, soit cet abruti libidineux d'Archibald Pringle. Faites votre choix.
- N'en faites-vous pas un peu trop ? Vous savez que le poste de président de l'association Pokémon, normalement, consiste juste à valider des budgets ?

Roland sembla absolument atterré par cette question. Il grimaça, se frictionna le visage avec force et regarda le journaliste.

- Mon programme fait trente-deux pages. Ça n'est pas long à lire. J'ai même mis des graphiques.
- Oui mais vous en faites des tonnes pour un poste qui n'est même pas intéressant...
- C'EST CA, LE BUT, PAUVRE TRUFFE !

Le journaliste haussa les sourcils.

- Je prends un poste idiot et je le transforme en poste UTILE. En poste qui changera la face de Poképolis. Je veux améliorer le système éducatif. Je veux que l'école Poképolite soit PARFAITE. Je veux changer la face du monde. Et comme le disait un de mes proches : C'est par les enfants qu'on commence à construire un monde parfait.
- ... à propos de vos proches, vos futurs chefs de cabinets sont quelque peu...
- Quelque peu ?
- ... par exemple monsieur Montes est un habitué des tenues extravagantes...
- Certes, mais sans Pablo, je n'aurais pas accompli la moitié de ce que j'ai accompli.
- ... Monsieur Corbin est impossible à interviewer correctement...
- Ça vous apprendra à poser des questions de merde.
- ... le docteur Wound est trop technique...
- C'est un être ravissant. Ça fait plaisir d'être entouré de gens presque aussi doués que soi.
- Quant à Mademoiselle Rhodes...
- ... quoi, elle est très bien Arlène !
- Elle est un peu...
- Jolie ?
- ... aguicheuse !
- Comme toutes les femmes, elle a le mérite de ne pas s'en cacher ! Mais c'est quelqu'un de très intelligent. Je respecte l'intelligence, je méprise la stupidité et je travaille à éradiquer l'ignorance.
- Vous... êtes un adepte de grandes phrases !
- Et vous, on devrait vous renommer Captain Obvious !


Pour en revenir à l'école d'aujourd'hui, nous avons suivi la première année un.

La classe faisait la queue devant la salle de cours de combat direct.

Nous avons d'abord tenu à parler au chef de classe, Francis Zuckerman.

Francis nous a dit « habiter dans une grande maison avec ses parents qui sont riches et se préparer avec envie à la Ferrari qu'il aura à conduire pour ses dix-huit ans ». Quand on lui a demandé ce qu'il voulait faire plus tard, Francis a simplement répondu :


Les élèves étaient interrogés en dehors des salles de classe.

- Oh, vous savez, la routine quoi ! Epouser Quinn... habiter dans une petite maison en bois près d'un lac... faire des enfants à Quinn... et vivre sur l'aide sociale !

Ladite Quinn n'a souhaité faire aucun commentaire et a qualifié Francis de « dangereux sociopathe mythomane qui, dans dix ans, vivra en slip sur son canapé à jouer à la Playstation du lundi au lundi ».

- Ouais, Quinn et moi c'est du solide. Elle est un peu frileuse pour le moment mais un jour elle comprendra qu'elle a commis une grave erreur en laissant Francis Z. sur le bord de la route de l'amour... Et puis, Quinn Zuckerman, ça sonne grave bien !!

Interrogé sur son rôle de chef de classe, Francis a répondu :

- Tous les élèves me font grave confiance. Ils savent que je suis comme un père pour eux. Foi de Francis, si un jour ils ont besoin de moi, Francis sera là pour les aider ! Sauf si c'est un truc vraiment grave... J'ai pas envie de m'attirer des emmerdes !

Des élèves comme Francis sont une bouffée d'air frais dans un système aussi strict que celui créé par Roland Smirnoff. Grâce au budget immense alloué à l'éducation, les établissements scolaires ont un équipement perfectionné qu'ils pourraient même renouveler chaque année. La gestion du budget est un sujet tellement important que chaque école a son cabinet séparé pour en discuter. De même les élèves n'ont pas le droit de quitter l'établissement avant midi ou le soir. Les élèves sont tenus d'avoir des notes acceptables et de prendre en note les cours qui leur sont donnés. Une vérification des cours des élèves peut être faite à tout moment via le réseau intranet.

Les combats sont permis dans l'enceinte de l'école, mais la plupart des élèves ne s'y livrent pas et préfèrent s'affronter sur les terrains situés dans la cour intérieure. Chaque élève se doit d'ailleurs d'avoir des Pokémon irréprochables. Toute initiative des élèves se doit d'être saluée et encouragée par les professeurs. Tous les élèves sont tributaires de droits vis-à-vis de la médiathèque et de l'équipement qui leur est proposé. Toutes les infrastructures sont à leur disposition. Il n'est pas rare d'ouvrir une salle sans cours et d'y trouver des élèves qui travaillent.

Au cours de notre reportage, nous avons été suivis par une élève très enthousiaste qui souhaite travailler dans le journalisme, la jeune Christina Rockwell.

Christina dit mener une vie simple et ne vivre que pour apprendre, écrire et partager ses connaissances.


- J'adore cette école, les professeurs sont tellement encourageants, et puis tout le monde a envie de travailler, et tout est tellement beau et neuf !

Christina travaille pour l'option journalisme. Cette option consiste entre autres à éditer le journal de l'école, rédiger l'almanach, des courriers et des circulaires. Un des camarades de classe de Christina, Robbie, travaille avec elle.

- C'est une acharnée, elle est dingue, si on l'écoutait, on bosserait tous à la mine ! sourit Robbie.

- Je suis tellement exigeante envers moi-même que j'attends la même exigence de la part des autres élèves ! sourit Christina. Là, d'ailleurs, je rédige un article sur votre visite et j'espère que Lilian va le corriger ! sourit la jeune fille.
- Obligé, sinon tu vas me pourrir ma journée... souffla Lilian.
- Il plaisante ! sourit Christina.

Christina et Robbie font partie d'un même groupe de travail sur la littérature et les Pokémon. Roland Smirnoff a en effet jugé intéressant de donner aux élèves des clés à présenter lors d'entretiens d'embauche. Ces mémoires collectifs, au même titre que le travail effectué en options, sont un parfait moyen de fournir aux élèves une pièce à mettre en avant lors d'un futur entretien pour un job. Voyant l'intérêt que les élèves ont porté sur un sujet avec l'aide d'un groupe, les employeurs sont alors tentés de reconnaître au futur employé une certaine aptitude pour le travail collectif et la réflexion sur un sujet ainsi que les facultés d'adaptation. Ce système, en plus de la mise en valeur des options que chaque élève peut choisir, a déjà fait ses preuves, et on peut dire que Roland Smirnoff est aujourd'hui l'artisan de la réduction du chômage. Comme il le disait lui-même : « Il faut que ce foutu monde rempli de trous trouve des pièces pour combler ces trous. Les élèves de mon école sont ces pièces. »

Les groupes de travail sont constitués de quatre élèves. Quelques élèves ont accepté de présenter leur thème.


- On travaille sur les attaques de statut avec ma copine Holly et les jumeaux... On a fait ça parce qu'on savait pas quoi faire... Alors ça ou autre chose... soupira Gina.

- Le sport et les Pokémon. Ouais. C'est ça notre sujet... ça tourne, là ? marmonna Steven.

- Nous travaillons sur la littérature et les Pokémon, avec Tristan, Robbie et... Tino ! soupira Christina en souriant.

- L'histoire de l'association Pokémon, ça nous est apparu être un sujet intéressant ! sourit Naomi.

- Les Pokémon dans les temps primitifs, c'est un sujet vachement intéressant, en plus on est très aidés par notre professeur principal, c'est sympa ! sourit Andréa.

Le professeur principal de la première année un est la renommée Helen Clover. A l'occasion de notre émission, le professeur principal s'est livré à une réunion d'information parentale.

Nous avons ainsi pu voir que certains parents n'avaient pas fait le déplacement notamment ceux de Francis Zuckerman – même si Helen Clover nous a affirmés que Francis lui avait fourni une très bonne explication à cela – ainsi que ceux du jeune Tristan Edison dont seule la tante est venue. Surprise, l'une des élèves est non seulement la fille d'un couple homoparental, mais en plus c'est la nièce adoptive de Roland Smirnoff.


- Qu'est-ce que cela fait d'être la nièce de Roland Smirnoff ?
- Rien du tout... soupira Perrine.
- Tu es fière de ce que ton oncle a fait pour le système scolaire ?

Perrine haussa les épaules.

- ... Sais-tu où est ton oncle en ce moment ?

Perrine regarda en l'air, puis en bas.

- J'sais pas. Chez lui ?

Inutile de dire que la jeune fille est loin d'être loquace. Quant à son cousin germain Walter...

- Quand je me lève le matin, je me demande si ça vaut la peine de vivre. Je me dis... Je me dis que...

Walter commença à faire semblant de sangloter.

- ... Je me dis que parfois ça aurait mieux valu que je ne naisse pas ! Excusez-moi !!

Walter tourna son fauteuil pour pleurer.

... nous avons préféré ne pas trop filmer Walter Ludges du fait de son état émotionnel visiblement instable. Il semble que les relatifs de Roland Smirnoff soient tous impossibles à approcher. Ce mystère rend les choses encore plus fascinantes. Revenons-en aux parents d'élèves.

- C'est un plaisir de vous accueillir aujourd'hui dans l'établissement de vos enfants... Ce genre de choses ne peut pas attendre ?!!

Holland et une équipe de cuisiniers installaient un buffet dans la salle.

- Ordre du proviseur.
- On n'a pas fait ça pour les autres rencontres parents-professeur !
- Ordre du proviseur.
- Vous n'avez que ça à la bouche ! soupira Helen.
- Ordre du proviseur de ne rien vous dire.
- ....... Brrrrrref. Je suis leur professeur d'Histoire, ce qui signifie que je leur enseigne l'Histoire de Poképolis. Je les aide aussi dans leurs recherches pour leur groupe de travail. La classe de première année un, comme toutes les classes actuelles, respecte la parité parfaite à savoir qu'il y a quatorze filles et quatorze garçons. En tant que professeur principal, il est évident que mon rôle est aussi de régler les conflits ou les petits soucis afin que le travail soit fait au mieux possible.

La caméra zooma sur Preston le Miradar qui regarda l'objet, intrigué.

Nous avons interrogé Helen Clover afin d'en savoir plus.

- Vous êtes une archéologue renommée, une exploratrice reconnue et une grande conservatrice qui avez récupérer près d'un tiers des trésors stockés à Poképolis... et vous êtes professeur d'histoire ?

Helen haussa un sourcil.

- Vous n'allez pas faire comme ma mère...
- Non, c'est juste que voir une femme avec une carrière comme la vôtre...
- J'avais juste envie de me poser, d'arrêter un peu de courir partout... je n'ai plus vingt ans, j'ai passé une dizaine d'années à parcourir le monde, ça suffit quoi. En devenant professeur, j'ai gagné un avenir !
- Et ça ne vous manque pas trop de parcourir le monde ?

Helen plissa les yeux, gavée.

- Christina, tu es sûre que tu veux faire ce métier ?!
- Euh... bah... oui ! bredouilla la fillette, hors caméra.

La classe de première année un comporte d'étranges éléments. Parmi ceux-ci, nous avons remarqué Clive Barker.

Le look de Clive est étrange – et Clive peut remercier le congrès pour avoir rejeté la loi sur les uniformes qui a failli passer en deuxième année du mandat de Smirnoff – mais Clive s'avère très intelligent et volubile.


- Bah, ma théorie c'est que les Pokémon sont les alliés des anges et nous, les humains, nous sommes les soldats de Satan. Et en fait on est dans une guerre permanente dans laquelle l'un essaie de prendre le dessus sur l'autre...

Face à lui, à une table du réfectoire, Andréa acquiesça, au bord de l'hilarité, la tête basse pour ne pas le montrer.

- ... du moins c'est le sujet du roman de fantasy que je prépare. La conclusion sera surprenante, vous verrez.
- Andréa, vous êtes amie avec Clive depuis combien de temps ?

Andréa releva la tête, calmée, et plissa les yeux.

- Ca fait bien trois ans...

Clive acquiesça.

- Comment pourriez-vous qualifier votre relation ? Vous sortez ensemble ?!
- A... Absolument pas ! geignit Andréa, embarrassée.
- On est simplement amis ! souffla Clive.
- Ouais... ce serait comme sortir avec mon frangin !
- Idem, c'est comme ma petite sœur... admit Clive.
- Mais l'idée vous est déjà passée par la tête ?

Clive regarda Andréa qui semblait légèrement gavée elle aussi.

- On a essayé mais Andréa n'a jamais accepté que je lui mette une laisse pour sortir...
- Oui et puis Clive n'a jamais voulu que j'utilise des cactus pendant nos rapports ! confirma Andréa.

On remarquera, par ailleurs, que les élèves de cette classe ne manquent pas d'humour et d'inventivité.

Le fait d'être à l'école n'empêche cependant pas les relations amoureuses de fleurir. Entre autres éléments intrigants dans la classe, nous avons remarqué Steven. Grossier, violent, provocateur, Steven est cependant un sportif accompli et respecté. Sa petite amie Holly a accepté de nous parler de lui.


- Steven est génial. Il est un peu rude, mais il a un super bon fond. Ici, il se la pète parce que c'est l'école, mais à l'extérieur de l'école il est tellement chou ! Un peu trop affectueux mais chou !

Steven semble assez peu apprécié dans la classe, mais lui semble s'en moquer.

- Hein ? Y'a des gens qui m'aiment pas ? Genre qui ? Vous avez des noms ?
- Eh bien...
- Nan, j'déconne. J'en ai rien à branler, franchement. Je joue au foot, je vais en cours, j'traîne avec les potes, avec ma meuf... Les autres j'les laisse à leurs vies de merde ! Hein t'es d'accord avec moi, Sac Poubelle ?

Christina grimaça, engoncée dans son manteau noir, et agita la tête.

- T'es mignonne, Sac Poubelle. Mais tu sers trop à rien !

Autre élève marquante de la classe, Santana Lan, la fille de Sara Lan.

- J'vois pas ce que vous pouvez trouver d'intéressant dans cette classe, tout le monde est affreusement chiant. Sauf Gribble. Vous devez interroger Gribble, il est... comment dire, il vend du rêve ce garçon, je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi intéressant. Parlez-lui de sa relation torride avec Amélia Levy, vous allez en avoir pour votre déplacement !

Santana est une élève brillante, tous ses professeurs ont témoigné de son sérieux et de son caractère bien trempé.

Pourtant, lors de notre après-midi d'observation en groupe de travail, nous avons pu constater qu'elle avait des fréquentations en contradiction avec cette intelligence et cette force de caractère.


Rebecca regardait la caméra en souriant.

- Quel est mon meilleur profil ? Le droit est bien, mais le gauche ! Hein ? Le gauche, il est super, nan ?
- Rebecca...
- Quand je souris à moitié, j'ai des fossettes, mon petit ami trouve probablement ça mignon !
- Rebecca !
- Je vous ai parlé de mon petit ami Robbie ? Il est tellement craquant ! Il est grand, blond, et il a des yeux bleus, mais bleus ! Il est trop beau !!
- Rebecca !!
- QUOI, AMELIA ?

Amélia plissa les yeux.

- Je crois que j'ai un bouton...
- Tu es répugnante, Amélia ! Eloigne-toi du champ de la caméra, tu vas gâcher ma scène !

Violette lisait calmement. Santana ramenait des livres. Elle s'assit à côté de Violette et lui montra quelques livres. Violette acquiesça, convaincue.

Amélia se plaça au milieu de l'allée dans la médiathèque. Denis la croisa.

- ... euh... tu... cherches quelque chose, jeune fille ?
- ... Est-ce que... est-ce que...

Denis vit Amélia fondre en sanglots.

- EST-CE QUE VOUS AURIEZ DU BIACTOOOOOL ???

Francis, Quinn, Ana et Lucy regardèrent Denis et Amélia, stupéfaits. Clive, Andréa, Benjamin et Orson, surpris, observaient aussi

- Euh... Euh... Tu... veux peut-être venir par ici et prendre un verre d'eau ?
- RIEN AVEC DES BULLES, SNIF, CA VA ME PROVOQUER DES GAZ, SNIF, DEJA QUE JE SUIS AFFREUSE ! sanglota Amélia.

Rebecca avait observé la scène, négligemment.

- Elle va s'en remettre, la dernière fois c'était un bouton de fièvre, elle a englouti une bouteille de coca-cola non allégé pour essayer de se suicider ! Hihihihi !

Nous avons été surpris par le manque de réaction de son petit ami Wallace Gribble à cette nouvelle.

- Hein ? Mais je m'en tape d'Amélia !
- Elle a vraiment pleuré ? s'étonna Walter.
- Comment tu peux être aussi insensible, cette fille fait tellement attention à son apparence que ça la fait pleurer ! Je vais voir si ça va ! souffla Naomi.

Naomi se leva et partit vers la réception. Perrine soupira.

- Tout ça pour aller voir Mike en revenant... souffla la jeune fille.
- Wallace, pourquoi avez-vous aussi peu d'égard pour Amélia ?
- ... Elle est stupide ! Tout le monde dans la classe se demande si elle est attardée, on est super embarrassés quand elle ouvre la bouche !
- Dans ce cas-là, pourquoi sortez-vous avec elle ?

Wallace grimaça. Walter et Perrine regardèrent Wallace, complètement médusés.

Ce que nous avons trouvé intéressant dans cette classe, c'est qu'au bout d'un trimestre et demi de cours seulement, une bonne ambiance règne. Aucune violente dispute, aucun conflit en surface. Non pas que l'ambiance soit idyllique, comme souvent et partout, et évidemment les non-dits et l'hypocrisie couvrent les disputes pouvant éclater en surface, mais comparé aux autres classes, ou à des écoles plus cotées comme Méanville, la première année un d'Ogoesse semble fleurer bon vivre. Christina s'est accordée avec nous sur ce point.

- En fait les groupes de travail sont très mélangés, par exemple au début de l'année je ne connaissais pas Tristan, Robbie et le fabuleux Tino, mais comme je suis dans leur groupe de travail, j'ai appris à les connaître !
- Comment décrirais-tu l'ambiance de la classe ?
- Très bonne, la plupart des élèves sont très sympas... sauf Wallace qui... m'effraie un peu, ou Steven qui est clairement méchant... et puis Clive et Andréa qui ne m'aiment pas beaucoup... en fait je sais pas si je suis appréciée, je pense pas...

Christina regarda tristement la caméra.

- C'est un peu comme d'habitude en fait, je sais pas et... je saurais jamais...

Et en effet, si le système créé par Roland Smirnoff a effacé les craintes de milliers de parents soucieux de l'avenir de leurs enfants, il n'a pas arrangé les choses, socialement parlant. Et on retrouve toujours une hiérarchisation primaire de la classe Poképolite typique. On a par exemple le groupe des fanas d'informatique.

- Evidemment que les autres ne nous respectent pas, nous sommes plus sérieux et plus intelligents qu'eux. Les gens détestent les gens intelligents parce qu'ils leur rappellent à quel point eux-mêmes sont stupides et indigents.

Tristan regarda Tino, affligé.

- Vous ne semblez pas d'accord, Tristan...

Tristan regarda la caméra et regarda Tino.

- Disons que... j'ai un point de vue plus nuancé !
- Il a toujours un point de vue plus nuancé... souffla Tino.
- Je... pense juste que c'est une question d'attitude, les autres se sentent mieux en nous rabaissant parce que ça leur donne l'impression d'être supérieurs à quelque chose parce que... en fait, ils ne sont supérieurs à rien mais toute la vie autour les prépare à devenir supérieurs un jour... alors... ils s'échauffent sur nous, on va dire !

Benjamin acquiesça, plutôt d'accord. Tino agita la tête.

- C'est ce que j'ai dit en gros.
- Mais ça a moins l'air de sortir de la bouche d'un dictateur fasciste ! soupira Tristan en souriant.
- Vous avez remarqué...

Tristan, Tino et Benjamin regardèrent Orson, bienheureux.

- ... on est un nombre pair à table ! Qu'est-ce que c'est bien !!

Les sportifs de la classe...

- Je fais du foot moi aussi ! cria Francis derrière.
- En tant que sportifs, on participe à la grandeur de l'établissement, y'a rien de plus normal qu'on soit mis en avant plus que les autres ! sourit Mike.
- Ouais, les autres servent à rien, faut bien que nous on soit au top... soupira Steven.
- Ouaip, ajouta James.
- Je joue dans l'équipe moi aussi ! cria Francis derrière les trois.
- Fey, Holly, Naomi, qu'est-ce que ça fait de sortir avec un sportif ?

Fey haussa les épaules.

- C'est chiant.

Holly sourit.

- C'est génial !

Naomi haussa un sourcil.

- C'est cool, ça dépend du sportif en fait !
- Ouais, et t'as pris le meilleur, bébé ! sourit Mike.
- Oh, arrête ! ricana Naomi.

Les jolies filles...

- Aujourd'hui, je mange avec mon petit copain Robbie ! Vous avez vu ?
- Rebecca, tu ne devrais pas... tenter d'attirer l'attention de la caméra, comme ça... Tout va bien, Amélia ?

Amélia, les yeux rouges et gonflés, hocha la tête.

- Elle va bien, elle est juste traumatisée par son énorme bouton purulent !

Amélia se remit à pleurer. Gina et Violette haussèrent les sourcils. Rebecca leva les yeux au ciel.

- Ce n'est pas grave, Amélia, puisque je te dis que ça ne se voit que si on regarde bien !

Amélia repartit en sanglots. Violette lui tapota le dos, solidaire.

Les gothiques...

- Elle fait quoi maintenant, cette poseuse à deux balles ? soupira Clive.
- Je crois qu'elle filme des scènes additionnelles pour les bonus du DVD dont elle écoulera les surplus dans les stations-services pourries à la sortie de la région... souffla Andréa.

Les jumeaux...

- Notre papa fait un métier très important ! sourit Léon.
- Vous voulez savoir ce que c'est ? demanda Lilian.
- C'est vraiment, vraiment énorme, vous allez pas en croire vos oreilles !

Et quelques bandes d'amis sporadiques, comme Francis, Lucy et Quinn...

- Ca y est, tu as été signaler au monde entier que tu faisais du foot ? soupira Quinn comme si elle parlait à un bébé.
- Yes ! Et c'était génial !!
- Je déteste être filmée... soupira Lucy en se cachant le visage.

Ou encore Wallace, Perrine et Walter

Le groupe mangeait tranquillement et en silence, lançant des regards ponctuels à la caméra.

D'autres élèves mangent seuls, c'est le cas de Santana par exemple.

- Oui, merci de me faire remarquer que je mange toute seule comme une exclue. Très sympa. Merci.
- Pourquoi ne vous mêlez-vous pas à un groupe ?

Santana soupira.

- Parce que je ne suis pas un mouton, j'ai une identité propre.
- Vous ne pensez pas que ce cycle de trois ans est une belle occasion de vous faire des amis pour la vie ?

Santana baissa la tête, abattue par tant de connerie.

- Non, je ne le pense pas. Je peux manger tranquillement ? Christina, tu ne te sens pas idiote, là ?

La jeune fille grimaça et secoua la tête.

- Tant mieux pour toi ! souffla Santana, gavée.

Au fur et à mesure de notre temps passé avec la classe, nous avons pu constater un comportement face aux cours totalement différent. Outre Tino dont la philosophie est radicalement rigoriste vis-à-vis du système éducatif, d'autres élèves prennent les choses à la légère et se font parfois reprendre.

- Ce n'est pas acceptable, jeune homme, vous ne pouvez pas continuer à jouer en ligne comme ça pendant les cours !

Wallace grimaça, regarda le responsable du réseau informatique et regarda la caméra.

- Z'êtes obligés de filmer ?
- C'est pas à eux qu'on s'adresse, Wallace !

La caméra regarda les parents de Wallace qui se trouvaient là pour la rencontre parents-professeurs.

- C'est pas possible, ça ! Tu passes tes cours à jouer en ligne avec tes camarades ?!
- Pas tous, seulement les cours chiants ! Je donne mes cours à Perrine et en échange elle me donne les siens !
- Mais bon sang de bois qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ta petite tête ?!
- Madame Gribble, vous ne dites rien ?

La mère de Wallace haussa les sourcils.

- Oh... Je... préfère laisser mon mari s'en charger !
- Vous voulez savoir pourquoi elle me parle pas ? Bah c'est parce que...

Le père de Wallace l'attrapa par le bras.

- NE CHANGE PAS DE SUJET !

Perrine, Walter et Naomi observaient à distance. La caméra se fixa sur eux alors qu'elles observaient, inquiètes.

- TU TE RENDS COMPTE QUE TU ES EN TRAIN DE JOUER TON AVENIR ? MAIS NON, MONSIEUR JOUE EN LIGNE SUR SON ORDINATEUR ! IL FAUT QUOI, QU'ON TE METTE LE CONTROLE PARENTAL ?

Wallace gardait la tête basse, se mordillant les lèvres.

- Tu devrais suivre l'exemple de ta sœur !

Wallace soupira.

- J'devrais danser sur un terrain de foot pour exciter les joueurs ?

Carl leva les bras en l'air. Margaret grimaça, embarrassée.

De fait nous avons essayé de questionner Wallace...

- Quels rapports entretenez-vous avec...
- DEGAGEZ !

... sans succès.

- Naomi, que savez-vous de la famille de Wallace ?

Naomi haussa les sourcils et regarda ses parents, autour d'elle.

- Bah... demandez à Wallace !
- Il n'a pas voulu nous répondre...
- Bah demandez à ses parents... Vous êtes journalistes, nan ?
- Naomi, ne parle pas comme ça aux journalistes ! grogna LaBarbara.
- Oui maman... souffla Naomi.
- Madame Kingsley, que pensez-vous de l'école dans laquelle votre fille étudie ?

LaBarbara leva les yeux au ciel.

- Oh vous savez c'est pareil que dans toutes les autres, toujours pareil, chaque fois qu'on est convoqués pour Naomi, c'est pour des broutilles ou alors c'est parce qu'on lui a fait quelque chose mais c'est jamais elle qui fait des histoires !
- Chérie... souffla Duncan.
- Nan mais c'est vrai ! Il faut le signaler ! Bon, ma fille n'a pas d'excellentes fréquentations comme j'aimerais qu'elle en ait...
- Maman... geignit Naomi.
- Elle traine tout le temps avec cette grosse fille, là, Perrine... Bon elle est bien gentille mais ça n'est pas elle qui va lui proposer un travail ou l'emmener voir du monde dans des réceptions prestigieuses !
- Je... suis là, madame Kingsley !

LaBarbara regarda Perrine, à côté de sa fille, qu'elle avait à peine remarquée.

- Oh ! Bonjour Perrine !
- Vous... m'avez vu ce matin, avec mes parents !
- Ah oui, oui, c'est vrai... C'est étonnant, je ne te remarque jamais !
- Moi et ma discrétion... sourit Perrine, laconique.
- Oui, hihihi...

Duncan et Naomi se frictionnèrent le front.

Nous avons ensuite été interroger les parents de Wallace, mais les parents de Perrine étaient en pleine discussion avec eux.

- J'dois vous dire que ça ne me rassure pas de savoir que mon fils passe du temps chez vous...
- Il garde notre fils, il n'y a jamais eu de problèmes... marmonna David.
- Oui et puis votre fils est très doué pour faire des cocktails !

Carl et Margaret regardèrent Denis, stupéfaits. Denis se rectifia.

- Enfin... il en fait mais on les met au frigo, hors de question de les boire avec lui ! Héhéhé...

David regarda Denis, pas fier. Carl soupira.

- Ce que je voulais dire c'est que je ne trouve pas... sain qu'il... fréquente des... gens comme vous qui vivent en couple...

David et Denis se regardèrent. Margaret tenait le bras de son mari, le sommant de s'éloigner.

- Qu'est-ce que... vous voulez dire exactement ?
- Je me suis compris, enfin... Je voulais dire que je ne trouvais pas sain qu'il ait pour amis des adultes...
- Je rêve ou vous pensez qu'on organise des orgies ? demanda Denis.

Carl haussa les sourcils. David serra les dents et tirait Denis par le bras.

- Arrête, Denis...
- Quoi ? Nan ! Et ne parlez pas de mon fils de cette façon !
- Alors vous, ne parlez pas de ma famille de cette façon ! grommela Denis.
- Chéri, viens, on s'en va ! souffla Margaret.
- C'est juste que j'ai un peu de mal à comprendre ce que deux types comme vous peuvent vouloir à un gamin de seize ans ! cracha Carl Gribble.
- Ca ne vous a pas traversé l'esprit une minute que Wallace pouvait tout simplement avoir la maturité d'esprit de discuter avec des adultes ? pesta Denis.
- Calme-toi... geignit David.
- Certainement pas ! Vous êtes irrespectueux et si vous continuez à réagir comme ça, un jour vous allez vraiment perdre Wallace !
- Pour qui vous vous prenez ? Ne me DITES PAS comment élever mon fils !
- Carl, voyons !!
- Denis, arrête !

La plupart des parents semblaient être très satisfaits de la présentation qui leur a été faite.

- Le buffet était génial ! admit le père de Mike.
- Oui, on a été très bien reçus ! ajouta la mère.

Le père de Steven, juste à côté, haussa les épaules, l'air fatigué.

- J'comprends même pas pourquoi on nous a fait nous lever aussi tôt un lundi matin...
- Chéri, voyons, c'était pour le petit !
- Tout ça pour bouffer des petits fours... Au fait, on a encore des bières ? J'crois que j'ai pris la dernière ce matin...
- On ira en racheter en repartant... soupira la mère.
- Y'a intérêt, ouais...

La mère de Gina, une petite dame hispanique, haussa les épaules.

- Moi vous savez, tant qu'elle ne se plaint pas en rentrant ! Et ces derniers temps elle ne se plaint pas... Elle rentre tard mais elle ne se plaint pas !

Les parents de Tino semblaient plus sceptiques.

- Notre fils a plus de livres à la maison que dans cette médiathèque... marmonna la mère.
- Oui, et puis pourquoi le professeur de fondamentaux est si vieux ?! Il n'y a pas de professeurs plus jeunes et plus toniques ? J'ai cru qu'il allait s'écrouler sur place ! souffla le père d'un air médisant.

Les parents de Clive se regardèrent.

- La décoration de la table du buffet était très sommaire ! déplora la mère.
- Oui et puis question menu, c'était pas très varié... marmonna le père.

La mère de Quinn était au téléphone. Son père daigna répondre.

- C'est dommage que cette réunion se soit faite un lundi matin, le matin j'ai réunion avec les collaborateurs, c'est vraiment dommage... Ma femme est en train d'arranger ça par téléphone d'ailleurs !

Le père des jumeaux, un grand bellâtre avec une coiffure presque militaire, acheva de fumer sa pipe.

- Ca m'a l'air d'être un endroit tout à fait charmant, les professeurs ont l'air très investis et cette madame Clover tout simplement parfaite pour assurer un poste de professeur principal ! Tu en penses quoi, chérie ?

Une petite dame blonde haussa les épaules.

- A peu près la même chose, je suis contente que nos enfants étudient dans un endroit aussi réputé !
- Monsieur Grimes...
- Appelez-moi Richard ! sourit l'homme en tirant sur sa pipe en bois.
- Vos enfants nous ont indiqué que vous faisiez un métier prestigieux...
- Oh pas tant que ça ! Je suis diplomate. A la retraite depuis trois mois, avec mes deux garçons qui deviennent des hommes, je ne pouvais plus me permettre de voyager comme ça, il fallait aussi que je pense à leur éducation ! Je ne m'occupe plus aujourd'hui que d'assister les grands de ce monde par téléconférence ! C'est un univers fascinant, la diplomatie, on ne se doute pas d'à quel point c'est intéressant !
- Je... vois ! sourit la journaliste que ça n'intéressait pas du tout.

Les parents de Christina sourirent en voyant leur fille.

- Tu t'amuses bien, chérie ? sourit le père.
- Je ne m'amuse pas, tu sais bien ! sourit Christina, gênée.
- Qu'avez-vous pensez de la réunion, monsieur Rockwell ?
- C'était fort intéressant, et en plus j'ai remarqué que le gérant de la section journalisme était juif !
- PAPA ! geignit Christina.
- Douglas !! grommela la mère.
- Mais c'est vrai, Becky, tu l'as vu comme moi, non ?
- Ce ne sont pas des choses qui se disent devant une caméra ! grommela la mère.
- Je suis sûr que le coach de l'équipe de foot en est aussi. Grey, c'est juif comme nom, ça, nan ?

La mère se couvrit le visage. Christina semblait au comble de l'embarras.

- Quoi ?! C'est vrai, nan ?

Des familles hautes en couleur, à coup sûr. Nous avons interrogé le proviseur, monsieur Aloysius Grant.

- La réception de ce matin est un succès, tous les amuse-gueule ont été mangés, je pense qu'une fois de plus c'est une réussite pour l'image de marque de l'établissement !

Holland, juste derrière, roula des yeux avec force.

- Et le ponch ! Vous avez vu comme ils ont descendu le ponch, Tenorman ?
- J'ai vu, monsieur, j'ai vu... soupira l'assistant du proviseur.
- Et c'est vous qui vous moquiez de moi « Mais monsieur, un buffet, pendant une réunion parents-professeurs, c'est stupide », Ha ! Vous voilà bien mouché !
- En effet monsieur... soupira Holland.

La journaliste retendit le micro.

- Monsieur le proviseur, qu'avez-vous à dire sur l'administration d'un tel établissement ?

Le proviseur Grant sembla chercher ses mots.

- Eh bien c'est... euh... facile !

Holland se frappa le front.

L'administration de l'école a énormément changé elle aussi, elle est beaucoup plus performante qu'avant. Roland Smirnoff a accru la communication entre les services, et tout acte administratif est désormais consigné, à la manière de ce qui se passe au gouvernement. « Si on applique un système aussi strict aux plus hautes sphères de la vie publique, pourquoi ne pas faire de même avec notre si précieuse école ? »

Roland Smirnoff a choisi d'agrandir les services destinés au proviseur adjoint, de transformer la doyenneté en comité de doyens, de donner au secrétariat des moyens exponentiels, d'accroître l'intendance, bref il n'est pas étonnant du tout que l'administration de toutes les écoles Roland Smirnoff prennent deux étages dans chaque établissement, et emploient ainsi sur Poképolis près de trois millions de fonctionnaires. Ajoutés au personnel enseignant, Roland Smirnoff a ainsi créé cinq millions de postes de fonctionnaires. Le tout financé par la suppression de la Défense Poképolite.


(Extrait d'une interview de Roland Smirnoff, six mois après le début de son mandat)

- Vous aviez promis de supprimer l'armée et les forces spéciales, et vous l'avez fait dès votre arrivée au pouvoir...
- Evidemment. Qu'est-ce que vous croyiez, que j'allais me défiler ?
- De nombreuses associations d'anciens combattants ont condamné votre geste, ainsi que de nombreuses personnes ayant maintenant peur que Poképolis subisse une attaque extérieure...

Roland acquiesça.

- Je sais. Et je m'en branle. Demandez aux gens ce qu'ils veulent, à choisir entre la bombe atomique et une bonne éducation pour leurs enfants. Ils vous répondront pas « Je veux que la bombe atomique éduque mes enfants ». Ils diront : Balancez-moi ces engins de guerre inutiles à la flotte et améliorez l'éducation de mes mômes ! Quant aux couillons qui pensent que Poképolis va subir une attaque extérieure, je tiens juste à signaler que les six derniers conflits auxquels Poképolis a participé étaient des conflits entre les régions... de Poképolis, alors bon, juste... fermez vos gueules quoi, la dernière fois que Poképolis a été attaquée c'était genre en 1150...
- On dit que vous avez vendu toutes les armes de Poképolis au Moyen-Orient...

Roland Smirnoff éclata de rire.

- Nan ! Au Costa-Rica.
- ... au Costa-Rica ?
- C'est mon brave Pablo qui m'a conseillé ça. Le Costa Rica n'a plus d'armée depuis des lustres, ils l'ont supprimée constitutionnellement, donc ils ont fait fondre toutes les armes et munitions, puis ils ont revendu les métaux qui en sont ressortis à d'autres pays.
- ... pour re-fabriquer des armes !
- Ah... Moi je leur ai conseillé d'utiliser ça pour construire les charpentes de maisons, mais...
- Vous pensiez vraiment que ces métaux allaient être utilisés pour l'immobilier ?

Roland soupira.

- Vous me prenez pour le dernier des crétins ? J'ai examiné chacun de ces budgets et je les ai validés moi-même sur toute la traçabilité de ces foutues armes. Un travail de longue haleine, heureusement que le ministre Corbin était là pour m'aider pour la gestion du reste.
- Beaucoup de gens pensent que ce genre d'annonce est juste une esbroufe pour vous faire passer pour un bon samaritain et dévier l'attention de vos lois radicales et vos réformes extrêmes...
- Beaucoup de gens devraient arrêter de se toucher la nouille dans leur canapé et prendre conscience que notre société était pourrie de toute façon à la base. Je n'ai fait que l'améliorer.
- Beaucoup de gens pensent aussi que vous êtes légèrement... égocentrique...
- Normal, ils ne sont pas moi. C'est normal qu'ils pensent ça.
- Et mégalomane...
- Pas du tout, je suis le meilleur, nuance. Mégalomane ça veut dire avoir la grosse tête. Je sais que je suis supérieur au péquin moyen depuis ma naissance. Je ne suis pas mégalomane, je suis juste Moi. Moi est le seul être qui ne me trahira jamais, je sais à quoi m'en tenir avec Moi.

Le journaliste acquiesça.

- Parlons de Direction Dresseurs.
- Allons bon.
- C'est... plutôt étrange que vous tolériez une association qui s'est mise en tête de proposer une alternative à votre école...
- Ils ont raison de le faire. Et je préfère les tolérer pour garder un œil sur leur action, il s'agit aussi qu'ils ne puissent pas faire n'importe quoi ou rendre les élèves stupides.
- D'après certaines sources, Direction Dresseurs serait un groupe de fanatiques voulant revenir à l'ordre ancien... avant même vos réformes, un système qui daterait d'avant l'aristocratie Poképolite.

Roland haussa les épaules.

- Tout le monde ne peut pas se satisfaire d'une partie de Sim City... Qu'ils essaient, mais c'est impossible de retourner dans le passé... Contentons-nous déjà de la perfection que j'essaie de donner à ce monde et ça sera très bien.
- Merci, Roland Smirnoff, de nous avoir consacré du temps !
- Mouais, c'était bien chiant... revenez avec des questions inédites, pour changer...


Durant cette semaine d'observation nous avons pu voir les élèves dans diverses situations, notamment les options.

Les options constituent la plus grande amélioration scolaire de Roland Smirnoff. Il valorise le diplôme dès l'âge de 18 ans au lieu de 20, et permet à l'élève de se spécialiser par la suite et d'accéder plus facilement à l'emploi par la valorisation d'une activité extrascolaire. On se rappellera du grand débat sur le développement du sport. Roland Smirnoff était contre, mais ses chefs de cabinet ont fait pression au nom de la diversité des formations. « J'ai cédé à mes collaborateurs mais honnêtement, qui trouvera un boulot avec un diplôme agrémenté de l'option « Vélo Urbain » ? C'est débile. Je ne cautionne absolument pas cet ajout. Pour moi le sport, c'est la reconnaissance publique que l'humanité est constituée d'animaux stupides qui se repaissent d'un spectacle dégradant. Qu'est-ce qu'il y a de si passionnant à propos de vingt crétins qui courent sur un terrain, accompagnés de leurs Pokémon, pour mettre une balle dans un filet ? Ca me dépasse. Je suis hermétique au sport, c'est bien là le seul défaut qu'on puisse me reconnaître. »

Nous avons observé l'option Littérature, où officient Naomi, Walter, Quinn, Fey et Ana. Notons que ces élèves ont un profil similaire. Sages et dociles, ce sont des élèves intelligents et travailleurs. Nous les avons interrogés avant l'option.


- C'est vraiment sympa, on analyse des textes, on fait des comptes rendus de lecture...
- Quinn a toujours lu les livres à l'avance ! ricana Ana.
- Faut dire que j'ai du temps ! sourit Quinn.
- Walter, qu'est-ce qui vous plait dans cette option ?

Walter haussa les épaules.

- C'est l'une des rares où je peux rester assis !

Naomi et Fey sourirent.

- Fey, pourquoi avoir choisi cette option ?

Fey haussa les sourcils.

- Parce que j'adore lire, je suis une grande fan de poésie, ça m'arrive d'en écrire comme ça, pour m'amuser !
- Pourquoi Littérature et pas Philosophie ?

Fey grimaça. Naomi plissa les yeux.

- Il... y a une énorme différence entre littérature et philosophie... marmonna la jeune fille.
- Pas vraiment, à mon souvenir... rétorqua la journaliste.

Les cinq élèves se regardèrent, décontenancés.

En parlant de philosophie, deux élèves de la classe ont choisi cette option : Wallace Gribble et Santana Lan.

- J'te méprise, Tao Pai-Pai. Qu'est-ce que t'es allée leur dire que je sortais avec Amélia ?
- Je voulais voir ton visage de fouine déformé par l'incompréhension et le doute, cher général Blue !
- Tu veux que j'aille leur dire que t'es une bouffeuse de moquette ?
- Tu veux que j'aille leur dire que tu t'es tapé au moins trois mecs dans cette seule file d'attente ?

Les élèves des autres classes qui attendaient devant la classe se tournèrent vers le duo qui parlait face à la caméra.

- Je suis sûr que tu fantasmes sur Amélia en fait. Ou Violette, elle ferait une chouette camionneuse ! Rebecca doit pas mal assurer au lit, nan ?
- Moi au moins aucune des trois n'est en fauteuil roulant. Et TOC !
- Moi au moins y'aurait un minimum de CERVEAU !
- T'as pas besoin de cerveau quand tu couches, mon grand !
- Je le sais mieux que toi !
- Je n'en doute pas !

Wallace grommela. La journaliste vint à sa rencontre.

- Wallace, que pensez-vous de l'option philosophie ?
- ... C'est trop hardcore, j'kiffe à mort, j'travaille mon rap, le reste passe à la trappe, yo ! Dans mon quartier on m'appelle Wallace Vegas, yo ! Parce que j'joue au Poker avec ta mère et j'tire que des AS !

La caméra se tourna vers Santana, impressionnée.

- Santana, pourquoi avoir pris philosophie ?
- J'y retrouve chaque mois les meilleurs conseils pour transporter et dissimuler un corps. Vous saviez que dans le désert, les asticots sont plus feignants qu'en forêt ? Et qu'enterrer un corps avec la pelle qui l'a tué augmente ses chances d'aller en Enfer ?
- ... vous n'êtes jamais sérieux, tous les deux, n'est-ce pas ?

Wallace et Santana se regardèrent.

- T'étais sarcastique, toi ? demanda Wallace.
- Moi ? Noooon ! répondit Santana, outrée.

En allant interroger les élèves en option gymnastique, nous avons assisté à une désagréable surprise.

Rebecca, Gina et Amélia observaient, stupéfaits. La caméra fit un gros plan sur Holly, déconfite.

- Mais... je croyais que...
- Je sais, ouais, mais j'peux pas continuer à me mentir comme ça...

La caméra fixa Steven, faussement assuré.

- ... J'voulais juste te sauter et visiblement ça vient pas, alors j'préfère casser.

Holly commença à pleurer.

- Mais je pensais... qu'on était bien ensemble !
- Mouais, bof. C'était chiant en fait. Ça m'lourdait ces rencards de nonne, là... genre on sort ensemble comme si on était encore à l'école préparatoire...

Holly s'éloigna, bouleversée. Steven haussa les épaules et partit. Gina vint rassurer son amie.

- Ça va, Holly ? Vous pourriez arrêter de filmer ?! Holly ?
- Mais pourquoi il m'a fait ça ? Sniff !
- Laisse, c'est qu'un connard !

Gina emmena Holly vers les toilettes. Elle regarda la caméra qui la suivait.

- UN PASO MAS Y TE VOY A MATAR, PUTA !!! cria violemment Gina.

La caméra se détourna. Christina elle-même semblait excessivement embarrassée.

L'option Pokéfoot n'était pas plus calme.

- Ca y est, tu l'as enfin larguée ! ricana Mike.
- Ouais, elle me faisait trop chier de toute façon... souffla Steven.
- C'est pas ce qui semblait... marmonna James.

Steven regarda James.

- Ferme ta gueule, toi, qu'est-ce que t'y connais, depuis deux ans avec la même pouffe ?
- Comment t'as appelé Fey, là ?
- Qu'est-ce que t'as toi, tu veux te battre ?
- C'est toi qu'est-ce que t'as, t'as un problème ?
- Les gars, les gars !! cria Francis en s'interposant.

Mike retint James.

- Vieux, il fait ça pour te provoquer, c'est bon ! souffla Mike.
- Foutez-moi la paix, bande d'enculés ! grommela Steven en se barrant.

Francis regarda Steven s'éloigner, perplexe. James grommela. Mike ricana.

- Sérieux, Steven, reviens, on a cours ! Steven !!

En course, Violette, Léon et Lucy représentent leur classe.

- C'est la meilleure option, tout ce qu'on a à faire c'est courir ! sourit Léon.

Les filles le regardèrent, moins certaines.

- Lucy, que pensez-vous de l'option ?
- C'est très cool. Ça détend de courir, on se sent beaucoup mieux après. Et puis c'est une option très bien notée, très cotée auprès des établissements, et surtout très relaxante !
- Violette, pourquoi n'êtes-vous pas avec Rebecca et Amélia, en gymnastique ?

Violette haussa les épaules.

- J'avais... envie de faire autre chose... Un sport qui fasse plus bouger, la gym c'est plan-plan...
- La coupe à la garçonne, c'est un choix ?

Violette plissa les yeux et se toucha les cheveux. Lucy haussa les sourcils.

- Votre documentaire, c'est sur les shampooings ?
- ... non...
- Alors pourquoi vous lui demandez ça ?
- Simple curiosité !
- Avec une caméra qui enregistre tout ? s'étonna Lucy.

En arts, Perrine Truman s'illustre.

Odile Dulac était derrière son élève, ainsi que la caméra. Perrine n'était évidemment pas gênée du tout, et elle peignait sous les yeux surpris de Clive et Andréa, bien contents de ne pas être interrogés.

- C'est merveilleux, Perrine, un jour vous serez une grande artiste...

Perrine se contentait de peindre le diable avec une caméra, au sommet d'une falaise au milieu de l'Enfer en flammes, terrorisant de pauvres enfants zombies.

- Qu'est-ce que ça représente ? demanda la journaliste.

Perrine répondit avec son flegme légendaire.

- Hm... C'est une inversion du mythe chrétien, Dieu devient le Diable, et les hommes vivants deviennent les morts. C'est pour ça que toute la Lumière du tableau vient d'en haut plutôt que de venir des flammes infernales.

Clive secoua la tête, énamouré.

- Cette fille est géniale !
- Pourquoi le Diable tient une caméra ? demanda la journaliste.

Perrine haussa les sourcils.

- Ah... tiens, je ne sais pas ! marmonna laconiquement Perrine.

Andréa éclata de rire. Tout le monde la regarda. Clive plissa les yeux et regarda tout le monde.

- Excusez-la... elle sort tout juste de la Salpêtrière...

Andréa ricana de plus belle. Perrine haussa les épaules et recommença à peindre.

Au moment d'aller en option informatique, Christina nous a demandé si elle pouvait prendre le contrôle du reportage.

- S'il vous plait, ça me plairait tellement d'aller les filmer !
- Euh... Tu es sûre de...
- Je sais me servir d'une caméra, j'ai appris en cours audiovisuels dans mon option !!

Christina semblait trépigner devant la caméra. Stacy Patel sembla hausser les épaules.

- Si tu veux. Tu peux aller filmer dans la salle informatique.
- Merci !
- Pendant ce temps-là je vais pouvoir aller fumer une clope...
- Faites donc !

Christina entra dans la salle informatique où les élèves travaillaient avec Dominic Long.

- Nous voilà donc en option informatique !

Stacy observa un moment Christina à travers la vitre en plexiglass sur la porte, puis elle partit. Orson leva la main.

***

Christina abaissa la caméra et sortit la cassette.

- PFIOUUU ! J'ai cru qu'elle allait jamais me lâcher !!

Dominic Long observait, mis au parfum. Christina passa la cassette à Tino.

- Eh, normalement c'est moi qui fais les basses tâches pour Wallace ! souffla Tristan.
- Désolé, ça m'intéresse trop de regarder ce que ce déchet de l'humanité a filmé...
- Et puis c'est moi qui risque le plus gros dans cette affaire, si Stacy Patel apprend que j'ai saboté son reportage, elle va me blacklister à vie de la profession ! Alors autant que ce soit Tino qui s'en occupe.

Tino soupira.

- N'exagère pas, Christina, elle ne doit même pas savoir ce que veut dire Blacklister... Alors je copie ça...
- Dépêchez-vous les enfants, elle va revenir ! sourit Dominic.

Benjamin examinait la caméra.

- C'est un super modèle...
- J'veux la même chose pour filmer mes trains ! s'extasia Orson.
- Orson, t'es vraiment nul, avec un truc pareil on pourrait tourner un film !!

Christina se mordilla les lèvres.

- Tu... pourrais effacer deux trois trucs ?
- La caméra est tellement perfectionnée que la gueuse s'est permis de faire son film scène par scène... Demande toujours.

Christina rougit.

- Euh... dans la partie où elle interroge nos parents...
- Oui ?
- Mon... père a fait des commentaires douteux !
- Je supprime la scène.
- Oh, et... elle a filmé Steven qui rompait avec Holly, c'était plutôt moche...

Tino se retourna vers Christina.

- Et alors ?
- C'est pas cool pour Holly !
- Holly est une garce, chaque fois que je la croise, elle regarde Gina et elles rigolent !
- Moi aussi... souffla Tristan.
- Je crois que moi aussi mais c'est le genre de choses que je ne remarque jamais ! soupira Orson.
- Tu dis juste ça pour faire comme les autres ! soupira Benjamin.
- Même pas vrai !

Tino soupira.

- Et puis franchement, à ta place, Holly ferait la même chose ?

Christina plissa les yeux et haussa les épaules. Tino soupira.

- Bon, je le fais quand même, ça améliorera mon karma...
- Youpi, tu penses enfin à aller au Paradis ! sourit Tristan.
- T'as vu, je m'améliore de jour en jour... Si ça ne tenait qu'à moi j'effacerai ce documentaire minable et je le remplacerai par autre chose !
- Ce serait trop suspect... drôle, mais trop suspect ! soupira Benjamin.

Tino remit la cassette dans la caméra et Christina l'empoigna de nouveau.

***

- Hm. Tino Ketts, que pensez-vous de l'option informatique ?
- C'est super.
- Tristan, votre opinion pour nos spectateurs ?

Tristan sourit.

- C'est le cours où je joue le moins sur l'ordinateur !

La classe eut un sourire audible. Le professeur se fendit d'un large sourire.

- Orson, tout le monde connait votre goût pour les trains, qu'est-ce que le cours d'informatique vous apporte ?

Orson haussa les épaules.

- Du temps pour rêver !
- Benjamin, qu'est-ce qui vous plait dans ce cours ?
- Le sentiment de faire quelque chose que j'aime !
- Ok, c'est dans la boîte !

***

Christina éteignit la caméra.

- C'est nul en fait de faire un documentaire...
- Comme je te dis, son documentaire va être trop moisi ! sourit Tino.
- J'y retourne !

Christina sortit de la salle. C'est ce moment que choisit Stacy pour revenir de sa pause clope.

- Ca a été ?
- Comme sur des roulettes !
- Bon. Eh bien je crois qu'on a tout, si j'ai besoin de scènes additionnelles, je reviendrais ! Merci pour ta collaboration, Christina !
- Mais de rien, tout le plaisir était pour moi !
- Bon. Je vais avertir le proviseur de mon départ ! Tu remercieras ta classe pour leur collaboration.

Christina acquiesça, pas fière d'elle.

***

Wallace, Perrine, Naomi et Walter reçurent le dictaphone que Christina portait sur elle ainsi que la clé USB faite par Tino.

- Voilà !
- Merci pour ton aide ! sourit Walter.
- Tu as pris bien des risques pour nous aider ! admit Naomi.
- Oh, pas grand-chose ! souffla Christina. Et puis j'étais la mieux placée et la plus discrète pour ça...

Wallace regarda Perrine.

- Comment t'as eu l'idée du dictaphone ?
- D'après mon père, mon grand-père s'en servait souvent pour ses cours.
- Ton grand-père, hm ? On a été aidés par un vieux fossile de soixante-dix balais !
- Soixante-sept ! soupira Perrine.
- Ok, ok...

Christina hocha la tête et s'éloigna. Wallace plissa les yeux.

- Hey, Seccotine !

Christina se retourna, étonnée.

- Merci beaucoup ! sourit Wallace.
- De... de rien !
- J'apprécie, vraiment. T'es une chic fille de nous avoir rendu ce service.

Christina sourit et s'éloigna, guillerette.

Walter soupira et donna à Wallace ses 500 Pokédollars. Wallace sourit.

- A moi, la veste en daim que j'ai vu chez Cachemire Palace !!! s'extasia Wallace.
- J'aurais pas cru que tu y arriverais... soupira Walter.
- J'ai flippé quand il lui a donné un petit surnom... souffla Perrine.
- Bon, vous regardez ces documents, je dois aller voir Mike, on a une soirée à planifier pour ce week-end ! A plus !

Les trois regardèrent Naomi s'éloigner. Wallace haussa les sourcils.

- C'est moi ou elle vient de nous larguer ?!
- Elle vient de nous larguer... marmonna Walter.

Perrine soupira, à peine surprise.

***

Le soir venu, chez Wallace.

- J'suis rentré, j'ai invité des copains...

Le père de Wallace arriva.

- Avec ce qu'on a appris aujourd'hui, tu penses pouvoir inviter des amis ?
- Bah... ouais, j'pense pas que l'addition d'une nouvelle horreur sur mon casier judiciaire m'empêche d'inviter des amis à la maison !
- On en rediscutera, jeune homme !
- Monsieur...

Carl regarda Perrine.

- C'est pas grave du tout, je copie les cours de Wallace et en échange il prend toute ma charge de travail de notre mémoire collectif parce que je suis en cours d'art et que j'ai peu de temps pour ça...
- Ca n'excuse pas le fait qu'il joue en cours !
- Bah non.

Carl regarda Perrine qui soutenait son regard, tout naturellement. Carl soupira.

- Oh et puis zut... On en discutera ce soir au dîner, Wallace.
- Oui papa...

La petite troupe se dirigea vers la chambre. Wallace alluma son ordinateur.

- N'empêche que ton père a raison dans un sens... admit Walter.
- Je sais...
- Perrine, c'est quoi cette façon que t'as eu de répondre au père de Wallace ? s'étonna Walter.

Perrine haussa les épaules.

- J'sais pas. J'crois que c'est l'attitude de Naomi qui me gonfle.

Walter haussa un sourcil, étonné.
Wallace alluma la vidéo et le groupe se laissa bercer.

***

Peu après, Perrine avait accepté une canette de bière, Wallace en était à sa deuxième Téquila Sunrise et Walter se vidait un paquet de Doritos.

« Pour ce qui est de Direction Dresseurs, je suis allée interroger les militants du groupe devant l'école. On sait peu de choses sur Direction Dresseurs, excepté que leur dirigeant est le philanthrope et chef d'entreprise Justin Truce. »

- Ca me gonfle que même les médias en savent peu sur tout ça, finalement... souffla Wallace.
- Ouais, mais d'un autre côté ça ne donne que plus de valeur à notre travail... admit Perrine.
- Chut... souffla Walter.

« Monsieur, pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre action ? »

Le garçon au stand se fit une joie de répondre.

- Notre but est de proposer une orientation aux jeunes désorientés ! Comme dirait notre chef, c'est par les enfants qu'on commence à construire un monde parfait ! »


Wallace tiqua. Il se releva.

- QUOI ?
- Wallace ? s'étonna Walter.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Oh BORDEL !

Wallace alla à son ordinateur. Il trifouilla les scènes du documentaire.

- Wallace ? s'étonna Perrine.
- Retenez cette phrase ! C'est par les enfants...
- ... qu'on commence à construire un monde parfait, ouais et pis ? marmonna Walter.

Wallace retrouva la scène de l'interview de Roland.

« - Je prends un poste idiot et je le transforme en poste UTILE. En poste qui changera la face de Poképolis. Je veux améliorer le système éducatif. Je veux que l'école Poképolite soit PARFAITE. Je veux changer la face du monde. Et comme le disait un de mes proches : C'est par les enfants qu'on commence à construire un monde parfait. »

Walter haussa les sourcils. Perrine se releva, stupéfaite.

- ON LE TIENT !!! ON LE TIENT NOTRE LIEN ENTRE ROLAND SMIRNOFF et DIRECTION DRESSEURS !!!
- ... c'est sûrement un hasard !! s'étonna Walter.
- Nan, nan, nan, nan ! Un proche, notre chef, Dirigeant = Justin Truce, Roland Smirnoff et Direction Dresseurs ont bel et bien un lien !!! YOUPI ! HIHIHIHI !

Perrine haussa les sourcils.

- Bah putain...

Le père de Wallace ouvrit la porte.

- On va manger !
- Papa...

Carl regarda son fils, s'arrêtant dans son mouvement pour fermer la porte. Wallace balbutia.

- Je... suis désolé d'avoir joué en ligne en cours, c'était nul de ma part. Vraiment.

Carl grimaça. Perrine et Walter également, l'air de penser que Wallace avait été remplacé par un martien.

- ... ok... ok, ouais. Bah ça change rien, on mange, à table. Raccompagne tes amis à la porte et viens manger.
- Ok.

Carl ferma la porte. Perrine et Walter regardèrent Wallace.

- Prochaine étape, tu sors avec Tristan ! sourit Walter.
- Il va te falloir 500 000 Pokédollars pour ça, mon grand ! souffla Wallace, excédé.
- Donne moi une heure et un kilo de coke !

Wallace et Perrine regardèrent Walter qui haussa les épaules.