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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 11/05/2012 à 21:35
» Dernière mise à jour le 02/07/2014 à 20:30

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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XVI - Connard intelligent proprement hérétique et rancunier
Brouillard total. J'entends de la musique. Un air techno qui ne m'est pas inconnu. Additionné de divers bruits humains. Tels qu'ils soient. Tout me parvient indistinctement ; tout est embrouillé...

- Bien... Bien... Allez, cherchons, cherchons...

Des projecteurs de toutes les couleurs imaginables et inimaginables balayent l'endroit ; ça sent l'alcool et le tabac. Voire même peut-être autre chose. J'ai l'impression d'avoir été bourré et drogué, je perds l'équilibre, je n'ai... pas mal à la tête, pourtant. Le tempo du son d'à côté retentit en moi, comme si mon coeur battait avec la musique ; mais j'ai la sensation qu'elle me contrôle quasiment, vu que cette... Chose en moi... Ne me permet plus de...

- Bien, bien... ! Tu es à moi, ne résiste pas. Après tout... Tu ne peux pas résister. Allez, continuons, continuons... Faisons quand même attention où nous mettons nos pattes...

Je n'ai quasiment plus d'équilibre ; j'ai la sensation de ne plus être en possession de mon corps, d'être là sans être là. Je me fais contrôler comme une marionnette, mes pas lourds me résonnent dans le crâne. Est-ce... Un rêve ? Est-ce... Un souvenir ? J'entends des grognements sauvages. Comme un souffle bestial. Profond et puissant, haletant. Cette ambiance floue de nightclub pas net est toujours là. Proche. Je... Nous cherchons quelque chose, donc... ? Je ressens une sensation pokémonale, des impulsions, et une envie phénoménalement puissante de... Je ne sais pas de quelle envie ; j'ai perdu le contrôle de mes mouvements, ma raison, ma...Conscience ? Je crois que je ne suis plus le crâne dans le nightclub, à tourner le regard à droite, à gauche, je pense être à côté. Il fait sombre et chaud ; la musique est étouffée, l'atmosphère est humide. Soudain, je l'ai trouvée. La chose que je semblais chercher. Je reste un instant figé. La chose... reste indistincte... Il fait trop noir... L'aurais-je déjà vue ? Aucun bruit anormal ; mais peut être que le souffle et la violence deviennent plus âpres. Comme... Un sentiment extraordinairement fort. J'ai l'impression... d'être heureux. C'est... Agréable... Tout... Tout est... bizarre, inattendu... Inopiné, étrangement flou, embrumé... Je suis... Défoncé... Dans tous les sens du terme... Ma... Tête... Que... Que se passe-t-il... Donc ? Mon... Moi... Subconscient... Mal... Sauvage... Non... Je... Cette chose... Je... Ce n'est pas... C'est... Tellement...

- Allez... Allez, vas-y ! Vas-y !

Quel plaisir incommensurable ! La chose... Me parlerait-elle ? Je me sens incroyablement bien. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Je n'avais... jamais ressenti ceci auparavant. Je n'espère rien à ce moment, à part que tout ceci soit faussement véritable. Puis... Tout s'estompe... Que dois-je... Ai-je... Trouvé ce que je cherchais, en définitive ?

- Voilà... Voilà... Bien... Bien... Bon. C'en était... une nécessité.

Argh... Ma tête... Elle me tourne... Nan... Je... Pas... Coupable... Encore... Une fois... Que... Je... Moment... Envie... Argh... Se... Pourrait-il que... Cette chose... Que... je... L'aime?





Mon esprit fit comme un double salto arrière. Il fut balancé sur un tourniquet à pleine vitesse, la force centrifuge me comprimant les idées. Je revins à moi dans un frisson : le sol logiquement glacé par sa matière isolante à la chaleur me fit brusquement frémir à travers mes plumes. La froide matière plaquée sur les écailles me tira ainsi de ce... curieux cauchemar ; mais à peine eus-je le temps d'ouvrir mes paupières lourdes d'une étrange paralysie, je fus de nouveau foudroyé par un abominable mal de crâne. Je me recroquevillai, me crispant et baissant le museau, mes bras plumés cruellement engourdis, gémissant, grinçant des dents atrocement, et essayais tant bien que mal de me redresser, ne serait-ce que pour m'accroupir ou même m'asseoir. En griffant faiblement le sol de mes serres pour trouver quelque appui, je remarquai dans ma souffrance l'aspect métallique de celui-ci. Mais, vu l'état dans lequel j'étais, je peux vous dire que l'état du sol, ça ma faisait de belles pattes. Les quelques secondes de violents coups de marteau piqueur dans le cerveau passèrent à la vitesse de l'éclair et en affligeant une douleur longue pénible comme une vie entière. Le mal se dissipa alors comme un coup de vent balayant les fantômes, et je pus ouvrir fébrilement mes paupières tremblantes, me tenant toujours le crâne entre les griffes, essayant de me remettre de mes émotions.


Je repris progressivement mes esprits et appréciai le décor mystérieux : j'étais affalé sur cinq mètres carrés de plaques d'acier, séparés du reste de la pièce obscure par un mur de barreaux. Au-delà de ces fins cylindres d'acier verticaux qui me retenaient tout bonnement prisonnier, la partie restante de la sombre pièce était faiblement éclairée par de petits néons bleus dans les coins des murs. La lumière inquiétante créait un halo mystérieux ; ce dernier découvrait des écrans semblables à des TV murales collées au parois de la pièce, au-dessus de grandes consoles noires parsemées de loupiotes et de touches de claviers en tout genre. Dans ma prison restreinte toute minable sans effets étranges et futuristiques, le sol était crade, les murs même pas peints, les barreaux presque tous rouillés et une pauvre gamelle de merde jouait le rôle de l'unique monument touristique de cette cellule qui laissait vraiment à désirer. Dessus, y avait inscrit "N°573". Ça m'aidait. Je remarquai, droit en face de moi, au-delà des barres de fer et illuminant quelques centimètres du sol de métal noir, un rai de lumière horizontal qui trahissait la présence d'une porte, tout du moins d'une entrée, entre deux des installations électroniquement meublées. Dans mon pavé inconnu en deux côtés radicalement différents (ce qui indiquait clairement qu'il y avait les boss du coin et qu'il y avait les autres), je me mis à attendre, me rétablissant de l'étrange évasion d'âme que j'avais eu dans mon évanouissement il y a à peine une minute, ressemblant à quelques points près à celle que j'avais eu dans la camionnette des flics à Volucité mais restant toujours aussi floue. Sans oublier l'assassine torture crânienne, qui m'avait en quelque sorte achevé moralement, tout détenu que j'étais.


Depuis, quoi, quinze minutes ? Quinze putain de minutes à rien pouvoir faire d'autre que regarder le plafond comme un con, les loupiotes clignoter, ma gamelle désespérément vide, astiquer ma clochette silencieuse avec mon ruban rouge étoilé, mais surtout éviter de crier pour peanuts, car après tout, ça ne servirait à que dalle, justement. Et ça me ferait mal à la tête. A part une toute, toute, toute petite question de rien du tout qui me trottait dans la tête dans un minuscule élan de curiosité... QU'EST-CE QU'IL S'EST PASSÉ ? Où est-ce que j'étais ? Que m'était-il encore arrivé ? Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'il se passe un truc grave, faut que je me réveille comme la seconde d'après avec un trou noir dans la mémoire ? M'avait-on tiré je ne sais quel fléchette anesthésiante dans la nuque ? Je suppose que oui, vu la sensation de piqûre. Bon. Ça, c'est fait. Mais... Tout le monde ? Fire, Lilas, Bisou, le gars dont je ne connaissais pas le foutu nom, Purple Eye, les Team Aqua et Magma, Algatia, la fusée-missile nucléaire, Hoenn ? La région... Pouvait-elle encore être sauvée ? Et puis, allez savoir l'heure qu'il était, maintenant... Depuis combien de temps étais-je là ? Pourquoi... Comment... Je baissai mes yeux reptiliens, m'affalai sur mon séant emplumé, ondulai légèrement ma queue écailleuse, et baissai les ailes, complètement découragé. J'étais encore une fois de plus laissé sans réponse, dans une situation inconnue, en terre inconnue. Et... Combien de temps pouvait-il rester à mon encéphale avant qu'elle ne me lâche ? Combien de temps... Me restait-il pour me sauver... Sauver mes amis... Sauver... Hoenn ?

- Tout était, est, et sera écrit. C'est ainsi.

Une étrange réverbération sonore parvint à mes tympans. Je relevai soudain le museau, puis, avec ma vue habituée à l'obscurité quasi-parfaite, je distinguai, debout, le dos tourné, semblant contempler une des "consoles de bord", une silhouette de taille humaine, noire comme la nuit. La forme d'un borsalino vissé au sommet, des espèces de manches comme enfoncées dans les poches de sa sorte de long manteau couleur encre s'évanouissant dans le sol ténébreux : j'avais déjà vu cette... chose qui me semblait humaine, cette chose qui dégageait une drôle d'impression, telle une aura qui traduisait tout sauf quelque chose d'humain. C'était à mon réveil au Centre Pokémon de Méanville. Je me précipitai à mes barreaux en titubant, un peu hébété par cet élan soudain, avant de m'écrier :

- Hé ! Vous !

Le timbre de "voix" de la chose, indescriptible et impassible quant à mon interpellation (pourtant excellemment orchestrée), semblait surgir de chaque objet, chaque particule qui comblaient la pièce :

- A quoi bon se poser des questions ? Je ne vous ai jamais compris... Pourquoi cherchez-vous donc toujours des réponses ?

Légèrement perturbé par cette réplique, je balbutiai, la tête entre les barres vieillies mais résistantes :

- Heu... Eh bien... C'est normal, de se poser des questions...

Et puis, coupant net, reprenant mon état interloqué où je l'avais laissé lors de sa dernière visite :

- Et z'êtes qui, d'abord ?! Pourquoi vous déballez des phrases comme ça, en parlant de mon Destin, style votre visite surprise à Méanville ? Vous en savez quelque chose ?

- Effectivement. J'en sais quelque chose.

Un long silence s'en suivit. Un de ces silences à glacer le sang, à se remettre en question, à se demander qu'est-ce qu'on foutait VRAIMENT là. L'espèce de truc reprit :

- Bien. J'espérais en apprendre davantage sur votre manie de la curiosité quant à votre situation, mais je vois que je ne suis pas prêt d'en savoir plus sur le sujet.

- A... Attendez ! bafouillai-je devant cette masse inconnue. Que... Que savez-vous sur moi ?

Elle répondit le plus simplement du monde :

- Tout.



[...]



- Pouvez développer ? rétorquai-je, blasé. Y a beaucoup de gens qui savent plus de choses que moi sur ma propre personne, en ce moment.

Et le machin-bidule paraissant habillé "développa" :

- Je sais, entres autres, que tu es le seul et unique responsable du fait que, depuis six heures et cinquante-six minutes, Hoenn ne soit plus qu'une terre déchirée et à tout jamais perdue.




O_O




- QUOI ?! VOUS VOULEZ DIRE QUE...

- Exact. Ceci veut bien dire ce que ceci veut dire. Celui qui se fait appeler Purple Eye a réussi son plan.

J'étais trop bouleversé pour m'imaginer que cette... personne disait vrai. Je rétorquai du tac au tac, sans encore m'être rendu compte de la gravité de la situation :

- Ouais, c'est ça ! Qu'est-ce qu'il me fait croire que vous me dites la vérité, et pas que vous êtes avec ces abrutis de connards de merde, que vous essayez de me déstabiliser moralement pour que je perde espoir ? Hein ?

- Tu le sais très bien. Cela fait pas loin de sept heures que tu gis ici. Penses-tu vraiment qu'il reste le moindre espoir ? D'ailleurs, l'espoir, il t'a quitté depuis bien longtemps.

Sa dernière remarque me braqua ; je voulus le rembarrer, mais il continua dans ses sarcasmes débiles :

- Tout était écrit. Tu avais tout de même une chance de sauver cette région... Mais, il faut croire que... Non ? Je crains que tu l'ai laissée passer...

Ce fut la Ceriz qui fait déborder le vase :

- DIS-DONC, LE TRUC EN NOIR, SI T'ES VENU ME DONNER DES LEÇONS EN ME FOUTANT LE MORAL A ZÉRO, TU PEUX TE BARRER !

Je fus soudain frappé d'une étrangeté :

- Et, d'ailleurs... comment... vous... vous êtes rentré ?

Je crus entendre un profond soupir funeste :

- Chris... C'est bien dommage que tu doives bientôt nous quitter... C'est fort, fort, fort, fort dommage... Comme je le sais, tu t'es décidé, à la vue de tes récents crimes, et les sentiments un peu renversés par la déclaration d'amour de la Fragilady de l'équipe d'exploration des We Tackle at Foes, à finalement... accepter, et tu as même choisi de ne plus te plaindre de la Fatalité. Tu es une des rares âmes à qui j'ai écrit une telle destinée... Une de ces rares âmes désespérées qui se trouvent horrifiées de leur situation, qui se trouvent malheureuses, malchanceuses jusqu'à l'os, mais qui souhaitent changer de comportement, voyant que se plaindre ne sert à rien. Une de ces rares âme... intéressantes à suivre, même si la surprise n'existe pas vraiment pour moi. Maintenant que tu as appris que se plaindre ne sert à rien, tu vas apprendre que se poser des questions n'est pas très utile non plus. Les réponses viendront lorsqu'elles viendront. Et, si elles ne viennent pas... Alors, c'est qu'elles te sont inutiles.

J'eus l'impression de voler en éclats devant la révélation sous-entendue de... ce... truc. Il me terrorisait soudain, me figeait par l'affreux sentiment de blague de mauvais goût qui se dissipait au fur et à mesure de ses paroles. Je reculais à pas fébriles et hésitants, interdit comme jamais par ce que j'entendais, penchant le museau vers les dalles d'acier, regardant dans le vide. Cette... Cette chose... Ne me dites pas que... que cette chose serait...

- Crois ce que tu veux. Mais sache que tout ce que j'ai décidé que tu maudirais, quoi que tu puisses penser que j'ai décidé que tu penserais, et ce jusqu'à la fin de tes jours, voire de cette semaine... C'est moi. Après tout, un peu de narcissisme pour le Destin en personne ne lui fait pas de mal.





[...]





Ce... truc se disant être ce que je pensais impossible n'attendit pas que, tout Aéroptéryx anéantit intérieurement que j'étais, je demande de plus amples informations et explications : je voulus lui en quémander, mais, une fois que mes yeux furent relevés, je ne distinguais ni n'entendais plus rien. Il avait disparu. Le... Le Destin... Existerait-il... Vraiment ? Est-il... Serait-ce... Quelqu'un ? Serait-ce... peut-être... un Pokémon ?


Tellement peu de temps après l'évaporation du bidule que ce ne serait même pas la peine d'en faire un paragraphe, des bruits de pas résonnèrent et allèrent en croissant derrière la porte que j'avais distinguée. A croire que la bestiole humanoïde au chapeau de mafieux savait que des gens allaient débarquer. Je n'eus donc pas dix secondes pour essayer de m'expliquer le pourquoi du comment que les chocs des talons sur le métal s'en vinrent au devant de la porte, obstruant en partie le rai lumineux fuyant sur le carrelage modelé selon les proprios :

- Non mais franchement fallait que ça m'arrive à moi ! Moi ! Moi, quoi !

Là, c'était une voix masculine qui faisait extrêmement snob et égocentrique tant le gus avait l'air de se grandir.

- Écoute, le vieux, t'as qu'à pas te plaindre ; et puis j'te signale que ça nous emmerde tous, okay ?

Là, c'était une voix féminine qui me semblait... La porte s'ouvrit d'un coup, la lumière du couloir m'aveuglant, puis une des silhouettes abaissa l'interrupteur pour bien me cramer la rétine durant une fraction de seconde, le temps que je me fasse à l'éclairage électrique de la pièce définitivement couleur noire.

- Désolés de te déranger petite merde, mais on n'a pas trop le choix. Fais comme si on n'était pas là.

Je rouvris complètement mes paupières, découvrant ainsi ceux venant troubler mon désespoir, avant d'être légèrement interloqué. Je vis un homme d'une cinquantaine d'années, avec un long manteau couleur lavande, portant une combinaison blanche sur tout le corps : une coupe de cheveux improbable qui consistait à relever sa chevelure bleue et blanche en arrière, un collier zarbi autour du cou, de petites lunettes rectangulaires et une mine antipathique à toujours relever le menton donnait une image risible et hautaine du gars. A peine rentré, il se jeta sur une de ces consoles-claviers qui occupaient la pièce, et y traficota je ne sais quoi qui alluma un des écrans suspendus. Une sorte d'ordinateur, sur lequel d'ailleurs je remarquai l'heure de 18 h 05. Puis, la fille, celle qui avait balancé cette dernière remarque déplaisante et conne, celle dont la voix me faisait frémir, celle qui m'interloqua, le suivit aussitôt.
Elle épiait les actions du gus par-dessus son épaule, telle une inspectrice des travaux plus en cours que finis. Elle me jeta un regard en coin de ses yeux couleur océan, derrière sa mèche de longs cheveux bruns qui retombaient, lisses et soyeux, sur ses épaules, jeune fille portant une tenue comme n'importe quelle jeune fille de son âge porterait. J'eus un flash-back durant dix putain de secondes de ma vie. Julie.

- Je vous jure, c'est vraiment n'importe quoi, tout pour me faire chier ! La prochaine fois, on prendra un autre antivirus ! se plaignit l'autre, tapotant sur le clavier, pendant qu'elle détourna son regard de moi, semblant froide comme le sol de la pièce.

J'arrivai toujours pas à croire que Julie, cette... Cette fille qui me troublait tant... Allez savoir si j'en étais à l'aimer ; personne ne nous dit "ça y est, c'est bon, t'es amoureux", alors comment savoir si... Je l'aimais ? En tout cas, le frisson que j'avais pour elle était resté intact depuis tout ce temps... Même dans ce corps de piaf préhistorique... Depuis une semaine environ ; depuis tant de choses qui se sont passées... Julie... Dans ce présent... Serait-elle... Du côté obscur ? Elle était... Toujours aussi foudroyante et mystérieuse, elle avait comme effacé son côté sympathique du futur...

- J't'ai déjà dit que ça servait à rien de te plaindre, rétorqua la brune qui m'était réapparue en ce lieu inattendu, les yeux rivés sur ce qui déroulait à l'écran. Fais ce que nous avons à faire, et ferme-la un peu, tu me gonfles.

Quelle femme.

- Oh, tais-toi, veux-tu, laisse-moi me lamenter et me concentrer ! Je ne peux fondre en larmes devant mes chers partisans, alors pour une fois que la pression retombe ! rétorqua l'autre, qui tapait avec agilité sur les touches. Et, d'ailleurs, mon... Enfin, ton Pokémon t'a pas suivi ?

Elle leva la tête, regarda dans la salle, puis lança vers le couloir éclairé :

- Smith !

Puis, venant aussi du couloir lumineux, mais pour sa part prudemment, un Pokémon, se déplaçant sur ses pattes crochues, entra dans la pièce, avant de tomber face à moi. Nouveau pincement au coeur. Putain de merde. Je le reconnaissais entre mille. Un Dresseur, ça connaît ça. Lui. Ce Pokémon. Ce Colhomard.




[...]




Fallait que je me remette de tout ça. Ça faisait trop en cinq minutes d'existence.

- M... Mais... Mais... Q... Que... bégayai-je, interdit.

(Mon ex-)Colhomard, qui ne resta pas plus longtemps à me reconsidérer, s'approcha en faisant claquer ses pinces de "sa" dresseuse, qui se concentra à nouveau sur les actions de l'homme en lavande. "Smith" me lançait de petits regards en coin, restant à la disposition de Julie. Comment... Comment pouvait-il me reconnaître dans mon état ? Qu'est-ce qu'il foutait là ? Il s'était barré, sur l'Etoile d'Unys, mais... C'était quand j'allais sauver le monde, et ça, ça ne s'est pas passé, puisque... Il n'a plus besoin d'être sauvé... Aaaaaaah... Je ne comprenais rien, strictement rien... J'en avais marre. J'avais beau chercher une explication, ça ne changeait rien au fait que le Pokémon qui m'avait laissé tel un incompétent sur le paquebot de Richards était avec la fille que j'avais rencontré dans un futur qui n'est plus, les deux étant du côté ennemi. Chiottes.

- Ah ha, je le savais ! J'ai reçu la confirmation officielle de ton père pour me présenter !

- Magnifique. Contente pour toi. J'ai eu cette confirmation y a déjà deux mois, souligna la brune, sarcastique.

- Hé, ho, je te demande pas ton avis ! s'emporta l'homme. J'te signale que c'est le peuple qui choisit, peut importe que tu l'aies reçue avant !

Puis il ajouta, les yeux brillants :

- Ah, vivement que je sois élu, vivement la semaine prochaine !

Julie souffla :

- J'te signale qu'on est deux à mener notre campagne. Les électeurs choisiront, mais vu que je suis la fille de papa, j'te certifie que c'est réglé d'avance.

- AH NON ! Le Gouverneur, ce sera moi ! rétorqua l'autre. Le peuple m'aime tellement, je propose des trucs tellement bons qu'il ne pourra que m'élire !

La brune renchérit :

- Mais oui. J'te dis, la manipulation, y a que ça de vrai, et ça marchera sur ces abrutis. En plus, moi, je propose de VRAIES solutions. Na.

Puis, pour changer vite fait bien fait de sujet, elle l'informa, pointant MON Colhomard du pouce :

- Au fait, tu sais pourquoi Purple Eye m'a demandé Smith ?

Essayant vainement d'écrire un mail en réponse avec un langage élogieux à son patron, l'homme qui postulait à la fonction de Gouverneur répondit :

- A ce que je sais, il a eu des problèmes avec Victini ; il refuserait de coopérer depuis la dernière mission.

- Qui ? Victini ?

- A ce que je sais.

Julie songea :

- C'est bizarre ; j'étais persuadée de lui avoir refilé les meilleurs qu'on avait. Un petit retournement de veste de la part de ce petit truc n'était pas prévu...

Puis, haussant les épaules :

- Boh, au moins, il a réussi à s'occuper de Hoenn, c'est déjà ça.

Bon. Il n'y avait plus de doutes possibles. Hoenn n'était plus... Enfin, plus grand-chose. En tapant des pieds tel un gosse, l'homme ajouta frénétiquement :

- Sans oublier le coup de maître qu'il a accompli en nous offrant un superbe Kyurem ; j'en suis tout excité !




O_o




Ah. Ok. Putain. Je continuais à me la fermer, je ne voulais absolument pas déranger.

- Clair ! Dire qu'un Pokémon Légendaire étranger à Hoenn se ramène pour arrêter cette fusée nucléaire, ça c'était pas prévu ! félicita Julie. Enfin, il nous a pas trop posé de problèmes ; tant mieux. J'ai hâte que papa répare la mode !

- Je plussoie ! En attendant, moi, je dois tout faire pour remporter ces élections. Le rêve de toute ma vie !

- Bon, c'est bon, calme-toi j't'ai dit, j'y participe aussi, hein, rappela Julie, un peu saoulée par l'attitude de l'autre. En tout cas, pour ma part, j'ai repéré un autre endroit qui serait sympa d'aller vider de tous ses formidables et puissants Pokémon !

Le gars avec les cheveux zarbis et au long manteau singulier décocha un coup d'index sur la touche Entrée, et, son message une fois envoyé, il se releva :

- Bon, j'y vais ! J'ai encore beaucoup de choses à préparer !

- Comme tout le monde, Vamper, comme tout le monde ! renchérit Julie, s'apprêtant à partir.

Les trois allèrent vers la porte quand Vamper, faisant voler son manteau, se tourna vers moi :

- Ah, oui, j'allais oublier ! Reste ici bien sagement et continue à clouer ton bec, je ne voudrais en aucun cas en arriver à te frapper pour que tu te la fermes et arrête de m'emmerder. Je peux t'assurer qu'une fois le patron revenu - et il revient vite -, il s'empressera de s'occuper de ton cas !

Je rugis, secouant violemment les barreaux de ma prison :

- Personne ne s'occupe de mon cas ! Vous faites tous chier ! Qu'est-ce que vous m'avez fait ?! Où sont mes amis ?!

Vamper soupira, Julie me regarda avec un air dédaigneux, et Colhomard, lui, voulait partir, me tournant la carapace. Voyant le regard méconnaissable de la jeune fille brune, j'ajoutai, bouleversé, à son encontre, les plumes hérissées :

- Julie ! Tu... Tu ne sais peut-être pas... C'est moi, Chris !

Les deux humains éclatèrent de rire, me prenant pour un fou. La concernée, faisant résonner ses talons sur le sol noir, se pencha sur mon museau :

- Ah ! Je le sais bien, que tu es Chris. Mon père t'a cherché durant toutes ces années... A peine trouvé, voilà qu'un certain Rayquaza te sauve la mise... On s'est occupé du gros truc vert, mais toi, on t'a perdu... Enfin, jusqu'à ce que tu aies l'excellente idée de venir tenter de sauver Hoenn. En plus de faire péter une Région, on t'a retrouvé ! Je t'en remercie, et, je ne sais pas comment tu connais mon nom, mais sache que mon père va se faire une joie phénoménale à t'utiliser.

Je restais pétrifié face à ces remarques, le seul moment où elle fut aussi près de mes narines étant quand je lui avais furtivement baisé les lèvres avant de combattre de Conseil 4 de la Ligue Pokémon Mondiale. Je ne trouvais que la force de balbutier entre mes crocs et ma gueule reptilienne :

- Me... M'utiliser... ?

Elle eut un sourire de contentement, se releva, se dirigea vers la porte, et fit signe à Vamper qu'elle avait fini. L'homme politique s'empressa de détaler dans le couloir étrangement silencieux. Julie s'apprêta à refermer la porte, quand Colhomard passa sa carapace dans l'ouverture en concluant hautainement :

- T'es vraiment trop con. Tu peux te libérer si t'arrives à appuyer sur le bouton bleu, en dessous du troisième écran sur ta gauche.

Et la porte se referma en claquant. Noir complet. Air dépité sur mon museau. Tête déconfite. Expression de Pokémon ahuri. De... Quoi ?


Je n'avais pas bougé de ma place depuis dix minutes. Fallait que je m'en remette.

- Bon. Calme-toi, Chris, calme-toi, chuchotai-je tout seul. On va résumer tranquillement... MAIS Y A RIEN À RÉSUMER ! Enfin, si, mais tout ça, c'est pas clair, alors essaye pas de résumer... Aaaaah... J'en ai marre... Bon. Chut. Stop. Alors, on va se concentrer sur l'essentiel et pas penser à autre chose. Faut que tu sortes d'ici. Visiblement, ces barreaux sont solides, et c'est pas dans un sol en acier que je vais creuser. Qu'est-ce qu'il t'a dit, Colhomard ? Le bouton bleu.

J'épiai le dessous du troisième écran sur ma gauche, quand mes yeux tombèrent sur une loupiote bleue qui restait allumée. Mais, si ça se trouve, c'était un putain de piège. Appuyer sur ce bouton entraînerait sans doute des conséquences irréversibles. Ou alors, ce n'en n'est pas un. Mais, dans ce cas, pourquoi m'aurait-il dit comment m'évader ? Il doit y avoir des caméras... Ou alors, justement ! Ce doit être des humains qui regardent en ce moment les écrans de surveillance ; si Colhomard m'a parlé, moi je l'ai compris, mais pas les humains qui n'ont fait qu'entendre les bruits d'un Colhomard. Ç'aurait été donc ingénieux de sa part de me faire passer ainsi la solution ! Et puis, je n'avais pas d'autres pistes. C'était décidé, fallait que j'appuie. Je tendis alors l'aile entre les barreaux. Trop courte. Fallait s'y attendre. Fallait que je trouve autre chose. Avec la lumière des néons couleur bleu marine pour m'y faire voir quand même quelque chose, je pensai alors à la gamelle moisie qui faisait à elle seule le mobilier de ma cellule. Je l'attrapai entre mes griffes, et eus de l'espoir quand je vis qu'elle pouvait passer verticalement entre mes barreaux. Bon. Fallait pas que je me loupe. La dernière fois que j'ai joué au malin, j'ai tout explosé. Je fermais un œil, visant convenablement, mimant mon lancer, me mettant dans l'axe de la loupiote bleue, bouton lumineux qui devait me conduire à la liberté. Je crus en ma précision d'Anti-Air, j'étendis l'aile, donnant de l'élan à l'objet, et lançai l'assiette de fortune qui passa à travers les barres de fer rouillées.

La gamelle vola vers le clavier.

- On y croit !

La gamelle fut envoyée trop haut.

- MERDE !

La gamelle se dirige droit vers un écran mural. Elle est envoyée TRÈS puissamment.

- Heu... Merde ?

La gamelle s'encastre dans l'écran LCD HD LED qui coûte très cher.

- *injures masquées par le fracas du verre*

L'écran LCD HD LED qui coûte très cher s'écroule sur la console dans un fracas qui fait mal au porte-monnaie.

- Oups ?

La console ne supporte pas le choc. Elle tombe, et se crashe dans des gerbes d'électricité et un boucan strident.

- Merde.

Le tas de ferraille technologique crépitant s'enflamme.

- HEIN ?! Mais... Mais non ! C'est pas possible !

Bah si. Y a le feu aux débris.

- BORDEL DE PUTAIN DE...

La fumée produite déclenche l'alarme incendie. Elle se met à hurler et à faire gicler de l'eau depuis le plafond.

- Fantastique.

L'eau fait disjoncter les consoles avoisinantes. Et les écrans. Surtout celui que Vamper n'avait pas éteint convenablement.

- MAIS NON !

Ça explose. Boum.

- STOP ! STOP !

Évidemment, ça s'enflamme également de ce côté là. En s'écroulant dans un grand bruit. En alertant encore plus de monde. Ça fait donc plus de pas précipités dans le couloir. Évidemment.

- Pourquooooiii...

La porte s'ouvrit soudain, deux personnes en tenue noire style gilet pare-balle qui recouvre le corps déboulèrent dans la salle à moitié détruite, et furent impressionnés par les dégâts.

- Mais... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

- J'ai lancé ma gamelle.

- CHOPPONS-LE ! OUVERTURE DE LA CELLULE 573 !

Et là, d'un coup, comme ça, simplement, les maudits barreaux se rangèrent brutalement dans le plafond. Attendez... C'ÉTAIT UNE PUTAIN DE COMMANDE VOCALE ?!


Bien entendu, une fois leur prison ouverte trop simplement, je ne me fis pas prier pour bondir à l'extérieur pendant que ceux qui voulaient "me chopper" tentèrent. Ils s'étaient rentrés dedans pendant que je leur avais filé entre les pattes, puis ils s'étaient écroulés dans ma cellule. Je m'étais mis à courir à toute berzingue dans les couloirs du bâtiment inconnu, tout de noir et de métal partout, éclairé à la lumière blanche. L'endroit était un véritable dédale de couloirs, se ressemblant tous, tous débouchant sur d'autres couloirs, des portes semblables à celle de la pièce où je m'étais réveillé jonchant chaque mur, indéfiniment. Seul des numéros blancs sur les portes et des lettres blanches sur les plafonds des couloirs pouvait différencier ce corridor d'un autre ou cette salle d'une autre. Je dérapai sur les sombres dalles d'acier froides, détalant à la lumière des mêmes néons blancs. Aucune fenêtre, aucun signe distinctif qui indiquerait la sortie ou la salle du boss. Les pas de ceux en grosses chaussures qui résonnaient me semblaient plus lointains à force de déambulation, et puis l'alarme incendie s'éteignit, laissant place à exactement la même alarme, une voix enregistrée alertant juste de l'évasion d'un prisonnier. C'était bien ma veine.

- Prends la prochaine à gauche.

Essoufflé par ma course effrénée, je crus d'abord entendre une voix. Familièrement spirituelle, et pas susurrante froidement comme celle que j'avais étrangement entendu à deux reprises.

- Prends la prochaine à gauche, j'te dis !

Mais... HÉ ! LA VOIX DE LA RAISON !

- What ? On se connaît, non ? J'te dis de prendre la prochaine à gauche.

Je sais, mais ça faisait longtemps que...

- À GAUCHE ! LÀ !

Je bifurquais sur-le-champ en virant à bâbord, bien heureux d'avoir des nouvelles de la voix depuis...

- ... que tu m'as fait la morale sur ce que je devais faire ? J'ai bien compris. Maintenant, je te propose mon aide pour ce coup, à toi de la prendre ou non.

- Je l'accepte ! m'écriai-je.

- Alors prends cette porte, là, MAINTENANT !

Je freinai en dérapant sur mes serres, mes plumes au vent de l'accélération, et sautai sur la poignée noire de la première porte venue sur ma droite, la N°643,5 , m'engouffrant furtivement et habilement dans la pièce sombre comme un fugitif.


Bah mon Grotichon, je sais pas quel est leur délire avec les néons bleus foncés qui éclairent formidablement bien faiblement les salles constamment, mais ça doit leur coûter un paquet en électricité, toutes ces conneries. La salle où j'avais déboulé après avoir refermé la porte le plus doucement possible était donc dans le même style que la N°573 : les espèces de tableaux de bord-clavier géants en-dessous d'écrans plaqués contre les murs. Dans l'obscurité moindre, j'avais entendu du remue-ménage au fond de la pièce, dés mon entrée fulgurante malgré les hurlements de l'alarme. Mes yeux mettant un certain temps pour refaire le point afin de pallier le manque de lumière, je ne pus rien remarquer de changé dans cette pièce par rapport à l'autre, jusqu'au moment où :

- Ah ! Ils envoient des Pokémon, maintenant ! Cher confrère, je sais qu'on doit se la fermer, mais est-ce que vous pourriez au moins nous expliquer ce qui se passe ?

- Dire que j'ai quitté mon confort moelleux pour venir avec cet imbécile !

La première voix que j'avais ouïe devait provenir d'un mec, m'enfin pas n'importe quel mec, le genre de mec avec le larynx bien bien développé, quoi. Il avait quelque chose de grave sans être spécialement mature, sachant s'imposer sans trop être strict. Sa compagne, vu que c'était une voix féminine, très fluette et fragile, me rappelait vaguement quelqu'un... La voix du mâle grogna :

- Oh, ça va, hein ! Tu vas pas recommencer !

- J'ai le droit de ma plaindre ! pigna l'autre voix suraiguë. Là où on me connaissait, là où je resplendissais parmi mes consœurs et confrères, personne n'osait jamais s'en prendre à Minshya !




[...]




- Sh... Shaymin ? hasardai-je, troublé.

Pas de réponse de l'autre côté. Puis les deux invités mystères eurent la même pensée :

- Est-ce que... ce Pokémon... le Pokémon... serait...

- Chris... ?

Puis je distinguai soudain. Derrière le même modèle de barreaux que ceux qui m'avaient retenus, je discernai la forme musclée et gaillarde d'un Dragon quelque peu cabossé d'une vingtaine de centimètres de plus que moi. A ses pieds, une petite créature... Semblable à une touffe d'herbe fleurie sur pattes. J'avais envie de chialer. Je me précipitai sur les barres d'acier, faisant voler mon appendice caudal derrière moi.

- DRAK ! SHAYMIN !

- CHRIS !

Je passai mes ailes ébouriffées et mon museau écailleux en ne trouvant pas mes mots, qui ne voulaient d'ailleurs pas sortir de ma gueule garnie de crocs ; je serrai la tête de ce bon vieux Drak et avait envie de sauter de joie à la vue de la bonne portance de deux de mes Pokémon.

- Ça alors ! Ils t'ont choppé ? lança Drak, m'en tapant cinq.

- Tu parles ! Pourquoi l'alarme sonne, à ton avis ? souris-je en pointant d'un vague geste les hauts-parleurs mécontents.

- T'es vraiment trop puissant de t'en être tiré ! me félicita gaiement Shaymin.

- Bon, j'vais vous sortir de là, les rassurai-je en reprenant mon calme. OUVERTURE DE LA CELLULE N°643,5 !

Ni une, ni deux, la reconnaissance de la commande vocale fit son boulot de coulissage de barreaux. J'ai vraiment de la veine d'avoir gardé mon talent pour parler l'humain.

- Ça fait tellement plaisir de vous voir ! Vous pouvez pas savoir à quel point je m'inquiétai ! m'écriai-je, le moral remonté.

- Et comment ! sourit le Dragon, suivi de la petite plante.

- T'as retrouvé les autres, justement ? s'empressa de me demander cette dernière.

L'image de chacun des membres du reste de mon équipe me revint subitement en mémoire.

- WHAT ? Vous savez pas où ils sont ? Z'étaient pas avec vous ? paniquai-je, épiant chaque recoin du pavé obscur que constituait la pièce.

- Nan ; on a été séparés, faut croire... soupira Drak.

Puis, changeant de sujet, ravi de me revoir :

- Et, j'veux pas dire, mais le look rétro, ça te va comme un gant !

Je fus quelque peu interdit par cette remarque qu'on ne m'avait encore jamais faite depuis que j'avais changé de corps. Je me reconsidérai, puis éclatai de rire :

- Ah, merci ! Même si faut avouer que le style déplumé, faut savoir le porter !

Shaymin, complètement en dehors du délire, nous reconsidéra, avant de balancer la remarque qui fait plaisir, un sourire en coin :

- Mouais. Ça dépend des goûts...

Je soufflai, Drak aussi ; son côté rabat-joie m'avait manqué. Puis la battante s'exclama, prenant nos devants et des airs de chef d'équipe révoltée :

- Bon ! C'est pas tout ça, mais il serait temps de se barrer de ce coin de ploucs ! J'te signale qu'on a certaines personnes à réveiller !

Je tournai le museau vers mon ami, interloqué :

- Hein ? De quoi qu'elle parle ?

Drak s'écria alors :

- Merde ! Les cailloux !

Avant de s'en retourner vite fait bien fait dans sa cellule, soulevant la gamelle moisie en alu (que j'évitai de toucher cette fois-ci), et de se ramener tout fier, avec Shaymin en fond sonore qui se lamentait d'avoir passé tout ce temps avec cet idiot :

- C'est bon ! On peut y aller !

Je demandai, à tout hasard :

- Heu... C'est quoi ces cailloux ?

Il me les tendit, un dans chaque patte griffue :

- Deux cailloux, c'est tout. On les a trouvés dans les chiottes.




[...]




- Hein ?!

Il m'expliqua tout naturellement :

- La seule sortie que tu peux demander ici, c'est quand tu dois aller faire tes besoins. On te surveille sur l'aller et le retour. Bah, en y allant, Shaymin et moi, on a trouvé ces trucs dans une cabine des waters.

Puis, d'un air sceptique, il me chuchota, dirigeant son regard doré de blasé qui perçait l'obscurité vers Minshya (qui essayait désespérément d'atteindre la poignée) :

- D'après l'autre fleur pitoyable, ça serait vivant...

Je regardai les pierres en question. Une blanche et une noire. Style rond. Style ancien. Style avec des enfoncements mystérieux. Style assez mystique. Et, comme je ne suis pas du tout maître dans l'art de la pétrographie, j'étais pour dire que ça ressemblait à des pierres assez grosses, mais assez banales. Style galets.





[...]





O_o





- PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! tressaillis-je.

Et ça m'était revenu. La nana du musée. Le policier. L'interrogatoire. Le "Galet" noir. THE GALET.

- Quoi, quoi, quoi ?! Qu'est-ce qu'il y a ?! sursauta le Drakkarmin, s'attendant certainement pas à ce que je réagisse ainsi.

- Chut à la fin ! On va vous entendre ! En plus avec cette alarme qui n'en finit pas ! chuchota Shaymin. Qu'est-ce que t'as à t'exciter, toi ?!

- Mais, ce, sont, c'est, les... balbutiai-je, pointant du doigt les Galets, tremblant.

- Ah, ça ! J'lui ai dit, à l'autre macho, que c'était des Pokémon qu'on pouvait réveiller en faisant je ne sais quoi de spécial... Mais c'est des Pokémon tout de même... Enfin, il me semble que oui, rétorqua-t-elle.

- Un peu, ma vieille ! continuai-je avec mon air outré par la surprise de taille.

*Une Puissance Cachée dans le nez plus tard*

- Calme-toi Shaymin ! Tout doux, fillette ! la retenait difficilement Drak.

- QU'IL RETIRE TOUT DE SUITE, ALORS ! NON MAIS ! hurla le buisson en furie.

- Okay, okay, excuse-moi, excuse-moi ! me fis-je pardonner, me remettant du choc surprenant.

- ET TOI, LE GROS MACHO, LÂCHE-MOI !

- Okay, okay, excuse-moi, excuse-moi ! se fit-il pardonner (enfin je crois). Bon, t'en sais quelque chose, alors, de ces Galets ?

- Un peu, mon... mon neveu ! repris-je, de nouveau sur mes pattes. D'après ce que je sais, et par déduction, le noir étant machin, le blanc est l'autre... Donc on a là Zekrom, le Noir, et Reshiram, le Blanc !



O_o sur leur faces. J'les comprends.



- Ça explique leur disparition, vu qu'ils étaient là, avec vous... Mais pourquoi ils sont à l'état de Galet ? Qu'est-ce qu'ils foutaient là ? Et, surtout, surtout... Pourquoi tu les as trouvés dans des putains de chiottes ?!

- J'ai surtout eu de la chance, se justifia-t-il, tout sourire. Ça aurait pu être quelqu'un d'autre, ou même toi...

- Nan. Pas moi, rétorquai-je.

- Pourquoi ?

- Les personnages principaux vont jamais aux chiottes, répondis-je blasé.


C'est pas forcément classe de changer de paragraphe sur cette phrase, mais fallait quand même qu'on sorte de là. Shaymin se prenant pour la meneuse, Drak, heureux de me retrouver, bien qu'il eût les pattes prises par les Galets, et moi, marchant sur la pointe des serres, filons à travers le dédale des couloirs tous aussi stricts, noirs, flippants, métalliques, faussement technologiques et sans véritable goût architectural les uns que les autres. Nous détalions donc le plus silencieusement possible en martelant les dalles d'acier de nos pas précipités et pressés de sauver leurs vies, sans doute. On stoppait tout de même comme des malades à chaque intersection, espionnant une présence de garde suspecte ou autre. Mais non. C'était d'ailleurs vachement étrange... L'alarme sonnait et donnait l'alerte à pleins poumons et à coups de phrase qui commençait sérieusement à devenir répétitive ("ALERTE ÉVASION. ALERTE ÉVASION. ALERTE ÉVASION." en boucle, ça casse un peu les couilles au bout d'un moment), mais personne ne se trouvait dans les couloirs. Pas un Chaglam. Pas un Rattata. Tant mieux, on avançait à fond dans ce cas, et on sera plus vite sortis comme ç... Et puis boum à un croisement. Un gros truc orange ailé sur grandes pattes qui traçait tout droit nous rentra dedans, avant de s'écrouler sur nous.

- Putain, Fire ! C'est vraiment une manie de sauter sur tout le monde ? geignis-je, me dégageant fébrilement.

- Frère Plume ! T'es là !

Après s'être remis du choc, que Shaymin ai fait une remarque sur la civilité masculine et que Drak ai salué le dernier arrivé, je déblatérai :

- On attendra pour les présentations ; il est avec nous, c'est le principal pour le moment. Fire, t'as pas vu Lilas ou Bisou ?

Il me répondit sérieusement :

- Je les cherchai, justement. Mais je pense que je perds mon temps, et surtout que je me perds dans les couloirs... L'alarme, je suppose que c'est toi ?

- Je crois que tu commences à me connaître, soupirai-je amicalement. Bon, on te ramasse un peu en chemin - ce qui montre le cruel manque d'originalité de celui qui a décidé que ça se passerait comme ça - mais c'est pas grave ! On y go !

Puis sans plus attendre, et après que Drak ait remit les Galets au Dracaufeu en précisant d'y faire attention et que celui-ci assura qu'il ne craindront rien dans le Sac à trésor ultra-résistant, notre petite troupe se remit à déambuler à toute berzingue, comme fuyant un ennemi invisible mais tenace, dans les locaux désertés d'un probable QG des abrutis de connard de merde de toute cette histoire.


Par un formidable coup du Destin, il se trouve qu'au bout de longues minutes de perdition la plus complète sur des plaques de métal noires dans une crue lumière blanche, nous tombâmes sur une porte comme les autres mais avec inscrit en grand, sur un bout de carton posé là, vite fait, sur la poignée de porte, "NE PAS ENTRER".

- On entre ! criai-je.

Et nous entrâmes. Comme des malades essoufflés, mon Ruban Joie, mes plumes, mes écailles et ma clochette humides de sueur. Avant de tomber nez à nez avec chacun le bout d'un canon de flingue bizarroïdes (assez sophistiqués, en passant) sur le museau. FORCEMENT. C'était trop beau pour être vrai. Lorsqu'une voix lugubre et sadique résonna :

- Ah ! Voilà enfin... Ceux que nous attendions tous.


Bon. Plaçons tout d'abord le décor. Le très recherché guet-apens avait été préparé pour nous piéger donc dans cette pièce, pièce qui, pour une fois, dérogeait à la règle de l'uniformité. La salle, ou plutôt le gargantuesque hangar, était une sorte d'entrepôt monumental pour toutes sortes de véhicules terrestres, amphibiens, aquatiques, ou aériens. C'était TRÈS impressionnant, le background avec toutes ces bagnoles rutilantes, camionnettes géantes, hélicoptères monstrueux, yachts flambant neufs, tous dans des teintes de noir métallisé, évidemment. A part la même architecture pseudo-futuro-mystéro-métallique couleur de jais, quelques néons bleus qui ne servaient à rien avec cette froide et artificielle lumière crue rappelaient les autres endroits que nous avions pu visiter en tant que prisonniers-touristes. Je supposai que le mur de rideau de fer baissé que l'on distinguait au bout du hangar servait à y entrer et sortir lorsqu'on était à bord de tel ou tel engin. Bref. Concernant la population de la région, on va dire qu'on y trouvait une part importante d'hommes ayant exactement le même gabarit pour ne pas dire la même tronche, tous habillés de la même manière, avec leur combi obscurcie de kevlar, la plupart ayant le crâne rasé. Tous des têtes de gros débiles avec une arme à feu perfectionnée entre les mains qui se croient chefs de la planète, à n'en point douter.

L'homme à la voix lugubre et sadique, c'était un zigoto étrange mais qui ne laissait pas un goût nouveau : se tenant bien droit, le regard masqué par des lunettes de soleil encadrant le dessus de son nez, les cheveux longs et couleur bleu de cobalt, portant une drôle de tenue, sorte de robe, sombre, avec des signes étranges, laissant dépasser une sorte d'habit également bleu en-dessous. Cette tenue était en tous points exactement la même que l'homme mystère au Drattak, à la différence près que notre antagoniste était plus longueur d'onde 450 que 650 nanomètres. Et puis, fallait pas oublier l'ignoble rictus qui soulignait l'expression diabolique du protagoniste, qui portait également un flingue. Bleuârk. Nous, encerclés par les abrutis, lui, se tenant un peu en retrait, contemplant notre désarroi. Ah oui. J'allais oublier. Recouvert d'un titanesque filet, et posé là, en plein milieu du hangar, y avait Rayquaza qui gémissait. J'dis ça, j'dis rien. Quels murs moches, dis-donc.

- IMBÉCILES ! QU'EST-CE QUE VOUS LUI AVEZ FAIT ?! hurlai-je.

L'homme mystère 2 me répondit tout simplement :

- Ah mais il a eu que ce qu'il mérite. Après tout, il t'a kidnappé. Sale bête.

- C'ÉTAIT POUR ME SAUVER DE VOUS ET DE VOS INTENTIONS QUE JE SUPPOSE DEBILES !

- Z'êtes gonflés ! rugis Fire, approuvé violemment par Drak.

Shaymin ajouta, énervée :

- Si vous me teniez pas en otage, j'vous ferais bouffer votre tenue incroyablement laide et old-school, sans oublier votre arrogance déplorable !

- Ah, c'est bien dommage, j'vous tiens en otage, sourit machiavéliquement l'autre. Bien. Maintenant, vous allez tout bonnement vous tenir bien gentiment et retournez à vos cellules.

- Ou quoi ? rétorquai-je, sachant qu'il y a toujours une contre-partie.

- Ou je vous descends ? supposa l'homme, regardant avec un faux air de pitié le long corps émeraude du serpent des cieux gisant.

Mes compagnons frémirent sous les canons des armes menaçantes qui se braquèrent. Moi, j'éclatai de rire :

- Ah ha ! Me descendre ! Bien sûr ! Arrêtez donc de bluffer ; je sais pertinemment que vous avez besoin de moi, que vous devez "m'utiliser"... Une certaine Julie m'en a touché deux mots...

Drak fut choqué d'entendre ce nom, tout comme Shaymin qui avait du mal à comprendre, et cherchait une explication à voix basse sous le regard interdit du premier. Fire, lui, parut se souvenir du nom de la personne dont j'étais peut-être amoureux ; il évita de broncher, défiant les bonhommes de ses yeux bleus, intimidant d'un mouvement d'ailes. Je poursuivis, narguant l'antagoniste supposé diabolique, relevant son défi d'un regard reptilien, haussant mes bras minablement plumés et ondulant malicieusement mon appendice caudal écailleux :

- Et puis... En supposant que Bouledisco est de votre côté, je crois me souvenir que vous aviez besoin de Pokémon puissants. Je suis puissant. Vous comptiez bien m'utiliser pour ça, non ? Mon Drakkarmin n'est pas un Pokémon qu'on peut qualifier d'incapable, Shaymin a une certaine place dans certaines légendes et vous avez également besoin de Pokémon Feu. Le Dracaufeu ici présent étant un Pokémon plutôt fort ET de type Feu, vous avez encore moins de raison de l'abattre. Donc mauvaise intimidation, connard.

Aucune voix ne s'éleva en retour. Le chef des abrutis partit dans un éclat de rire horriblement flippant tant il était risible. Je vis alors frémir le gardien des Cieux sous son filet qui m'avait l'air incroyablement lourd et extrêmement handicapant. Les sept mètres de créature mystique semblaient totalement exténués ; le Pokémon Légendaire devait avoir lutté et mené le combat de sa vie, en vain, vu son état. Allez donc savoir ce que ces connards lui avaient fait subir, vu les traces qu'il a sur le corps... Et j'eus comme un déblocage côté hippocampe du cerveau. Mon rêve... Je me vois encore, porté par ses pattes griffues dans les airs... Puis notre interception par des flapflapeuses en plein vol... Ces drôles de machines qu'utilisaient des imbéciles lors de l'affaire Nappers à Oblivia... Purple Eye... en étant un protagoniste majeur... Rayquaza... Je... l'entends encore hurler... Avant... de tomber... me prendre ces branches... et rencontrer les We Tackle at Foes... Pendant que l'autre con riait toujours, je perçus un mouvement de patte du gardien des Cieux et vis ses paupières s'ouvrirent. Il avait l'air tellement faible... Ça me rendait malade. Je hurlai rageusement à l'homme mystère 2 qui se la fermait pas :

- HÉ, DU CON, T'AS PAS BIENTÔT FINI DE RIRE COMME UNE MERDE ?!

Du con s'arrêta net, me reconsidéra derrière ses verres teintés, puis, cette fois, braqua son arme sur Rayquaza. Cris dans notre camp.

- Bon, et bien voilà, je vais faire ça, soupira l'homme aux cheveux bleus, gardant son rictus ignoble pour l'offrir au regard maladif du grand reptile légendaire.

Il retira la sécurité. Pointa le canon droit sur le crâne de la bête, le lui collant sur la tempe, pendant que Rayquaza ne pouvait rien faire, le regard juste planté sur notre groupe impuissant. Le connard lui susurra, mimant un gamin :

- Oh... Tu peux rien faire... c'est triste, ça. Dire qu'il me suffit d'appuyer sur la détente, de faire une toute petite pression de rien du tout pour rayer un Pokémon Légendaire de tout l'avenir de la planète... Ça ne servirait à rien de te garder, vu que tu es trop abîmé, je le crains, par nos méthodes d'interrogatoire... Et puis, à quoi peux-tu bien nous servir, maintenant ? De plus, même la mode ne pourrait te redonner un quelconque intérêt... T'es vraiment minable, maintenant... J'aurais pensé les régisseurs de ce monde plus tenaces...

Je me DEVAIS de faire quelque chose. C'était clair, maintenant. Rayquaza étant retenu en otage ici, il ne put donc sauver Hoenn de la destruction. Kyogre et Groudon... Étaient portés disparus. Seraient-ils... eux aussi entre les mains de ces personnes ? Peu importait sur le moment ; je DEVAIS sauver Rayquaza. Mais comment ? Les Galets n'étaient que pierres inutilisables... Et, même s'il y avait un moyen, il nous suffisait de bouger une plume pour être menacé par les sbires armés de se recevoir une droite ou un coup qui ne nous ferait que souffrir sans nous achever... Tenter une attaque non plus n'allait pas pour les mêmes raisons... Sans oublier que ces imbéciles ont beau l'être, imbéciles, ils ont quand même mis K.O. Rayquaza facilement... Leurs méthodes, telles qu'elles étaient, devaient être imparables... Il fallait pourtant... Il fallait... L'homme à la chevelure bleue poussa la tête de la bête épuisée avec le canon de son arme, tendant son bras ainsi, et nous posant un ultimatum, toujours avec ce sourire méphistophélique :

- Alors ? Vous vous rendez sagement, les petits ?

Je revis soudain Denice. Pointer son arme sur Zekrom. Me jeter en avant pour prendre la balle. Là... Même me sacrifier, je ne pouvais pas. Même si nous nous rendions... Que feraient-ils de lui ? Je... J'avais du mal à réfléchir... Avoir le regard de Rayquaza, détruit, flou, posé sur moi, attendant que je réagisse... Que... Que pouvais-je... Que pouvais-je faire... ? Mon coeur se mettait à tambouriner dans ma cage thoracique, les larmes me montaient, voyant mon sauveur prêt à être exécuté ; mes coéquipiers retenaient leur souffle, priant Arceus pour ne pas qu'il n'appuie sur la détente... Nous... Nous ne pouvons tout de même pas... Pas nous rendre... Après tout ça... Tous ces efforts... Que pouvons-nous...

- Suis... Suis...

Puis je vis Rayquaza marmonner, expirer difficilement ; j'aperçus ses lèvres rouges sang et ses crocs ivoires s'articuler faiblement. Ses yeux se fermaient petit à petit... Non... Non... Et, pendant qu'il semblât remuer la patte étrangement, démoralisé comme jamais et anéanti par mon impuissance, je m'efforçai, entre le voile de larmes, de distinguer sur sa gueule ses paroles envoyées comme un dernier souffle sous le joug de l'ennemi :

- Suis... Ta Voi... Ta Voi...

Quand l'abruti de connard de merde qui le tenait en joue l'interrompit abruptement :

- Oh, et puis, ta gueule.

Tout se passa en un éclair. Rayquaza serra le poing. Un coup de feu retentit dans le hangar. Des hurlements rauques et mêlés de quatre Pokémon désemparés et dévastés. Le choc sonore qui annonce le meurtre froid d'une légende vivante. Dans la fraction de seconde qui suivit, un flash. Énorme. Grandiose. Spectaculaire. En plein nous. Une lumière blanche éclatante couvrit totalement notre champ de vision. Je m'égosillai de rage à m'arracher le coeur à la vue du corps sans vie d'une personne que je n'aurais jamais pu remercier. Je ne sentis plus le sol sous mes pieds, puis ouïs soudain le son strident des attaques Psy mêlé au sursaut de mes compagnons d'infortune. Les abrutis nous retenant furent subjugués. Je ne vis plus rien. Du blanc éclatant. Avant de ne plus rien sentir sous mes pieds. J'avais déjà ressenti ça. Cette sensation. Celle de la téléportation. Dernière action d'un Pokémon Légendaire. Pour me sauver. Une fois de plus. Une fois de trop.