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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 21/02/2012 à 23:08
» Dernière mise à jour le 02/08/2015 à 18:31

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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X - Chers usagers, attention au départ du Métro de Combat !
Ludwig bondit à un bout du terrain, tout excité à l'idée de commencer. Bianca se dépêcha également, mais elle piétinait plus que courait, piaillant et ne cachant pas l'effet grisant des combats imminents. La dresseuse de Renouet se stoppa à la gauche de son ami, et ils attendirent ainsi presque patiemment que les portes se referment. Fire et Lilas se positionnèrent juste derrière Ludwig, prêts à entrer sur le terrain traçant tout le long du wagon, passant entre les strapontins, et survolé par les anneaux pour les voyageurs destinés à se cramponner. J'attrapai la patte de Bisou et le traînai jusqu'aux sièges en coin de terrain (et ça le faisait rire...), juste à droite du gars à la casquette qui allait nous faire combattre. Je sautai sur la petite banquette, mon apparat de clochette argentée et de Compèt Ball bondissant avec moi, et expédiai vite fait bien fait le Polarhume à mes côtés ; nous nous assîmes à côté du Sac à Trésor, préalablement déposé sur cette même banquette par le meneur de l'équipe de sauvetage et d'exploration. Après avoir bondi ainsi à ma place de spectateur pour une fois, je remarquai que le petite clochette n'avait fait aucun tintement. Étrange. Je l'agitai en tenant mon Ruban Joie entre deux griffes : le battant avait beau percuter la robe de la petite cloche, aucun son ne se produisait. Sûrement à cause de la fêlure. Bref. Bianca, bien qu'un peu gourdasse (mais ça, on commence à être habitués), se tenait fermement sur ses deux jambes, prête au départ du train et préparée à débuter un nouveau match sur rails. Ludwig, quant à lui, se positionna face à l'autre bout du wagon, épiant l'arrivée de leurs futurs concurrents. Il empoigna alors obstinément sa visière, décala légèrement sa casquette sur le côté droit, et lança, dans la jouissance extraordinaire précédent les duels Pokémon :

- AUJOURD'HUI EST LE JOUR OÙ JE (et Bianca) VAINCRAIS LES CHEFS DU MÉTRO! ALLONS-Y !

Et, comme pour exaucer son souhait de bataille, un signal sonore et lumineux au-dessus des portes retentit, une voix électronique enregistrée l'accompagna :

- Fermeture des portes.

Les portes coulissantes se refermèrent alors, grinçant soudainement, avant de se claquer fortement, signe de verrouillage complet des issues. Puis une voix masculine déjà plus humaine résonna amicalement :

- Bienvenue à bord ! Je suis votre conducteur, Chamsin, et je suis accompagné de mon cher frère jumeau, Chammal ! Nous espérons que vous passerez un bon moment sur les rails, chers dresseurs, et profitez-en ! Mesdames messieurs, attention au départ du Métro de Combat !

Ça y est. Nous y étions. On ne pouvait plus se barrer, plus revenir en arrière. Le souffle du train souterrain se fit entendre, et une petite poussée nous pencha sur le côté en même temps que les cliquetis des roues se firent entendre, annonçant le départ du métropolitain de combat.


Le train accéléra rapidement ; à peine avions nous pénétré dans le tunnel faiblement éclairé, couvert d'énormes câbles électriques et salement poussiéreux, que déjà nous avions atteint une vitesse assez impressionnante pour un simple métro. C'est dingue ce que la technologie avait perfectionné ce moyen de transport. Les dresseurs de Renouet avaient adopté une position donc stable, mais se tenaient tout de même aptes à s'accrocher à la barre ou à un anneau valdinguant si l'occasion devait se présenter. Bref, quelques secondes après que les seuls éclairages utiles furent les néons du faux plafond grillagé, les portes faces à nous tous s'ouvrirent, et donnèrent... Bah, sur le wagon précédent, précédé de l'articulation entre les voitures. Vous vous attendiez à un effet plus stylé, peut-être? Bah non. Déception. Mais, surgissant de l'enceinte voisine qui venait de s'ouvrir, deux personnes déboulèrent dans notre wagon-terrain soudainement. Un Petit, avec un petit chapeau jaune sur la tête, une sacoche en bandoulière et une tenue de petit écolier qui découvre la vie, accompagné d'un gars lui aussi ayant un chapeau sur la tête, des lunettes de soleil, rappelant la saison estivale, posées sur sa visière, une veste manches courtes, un pantalon imperméable, de basses bottes et, dans une main une... glacière (ok ?), et l'autre armée d'une... Super Canne ? Un Pêcheur ?

- Ah Ha! lança ce dernier, tu vas goûter au pouvoir de mes Pokémon Eau fraîchement pêchés!

- Hé! Toi là! cria le Petit, surexcité, à l'adresse de l'un des dresseurs (allez savoir lequel). Tu vas voir comment j'vais trop t'éclater! Viens pas pleurer, j't'aurais prévenu!

Bianca lui fit un pied-de-nez, tirant la langue (mais quelle magnifique preuve d'intelligence extraordinaire de la part d'une adolescente de nos jours), et Ludwig débuta, avec un regard relevant le défi de ceux lancés par les adversaires :

- C'est ce que nous allons voir ! Commençons !

Je coupai net :

- Hé mais non mais non mais non mais stop ! STOP !

J'étais quelque peu perturbé pas les événements, récents. Les dresseurs du sud-est de la région s'arrêtèrent, leurs adversaires semblaient quelque peu perturbés par mon langage compréhensible:

- Qu'on m'explique un truc, là - et oui, je parle, lançai-je aux derniers arrivés. D'où est-ce qu'un Petit et un Pêcheur sortent comme ça, là ?!

- Bah, ils sont là pour me combattre, justifia tout simplement Ludwig.

Ça n'avait pas spécialement l'air de le choquer. Passons. Je pointais la Canne et la glacière du gars qui était un vrai mordu de pêche (blague, hé hé hé... pardon) :

- Bon, ok, continuai-je rapidement, mais... D'où que le Pêcheur a "fraîchement pêché" ses...

- C'EST PAS LA QUESTION, OKAY ? MAINTENANT, ON SE BAT ! gueula Ludwig, passablement énervé après s'être rendu compte qu'il y avait beaucoup de questions connes sur ce sujet que je pourrais encore poser.

Bianca les débuta, ces festivités, toute contente :

- C'est parti mon kiki ! Mushana, à toi !

La dresseuse envoya sa Poké Ball, et le Pokémon, dans sa naturelle position foetale, tout de rose et violet, en sortit dans le déjà connu éclat lumineux en faisant se mouvoir son nuage de fumée rose qui lui sortait du front. L'écho de son cri mélodieux résonna dans le wagon ; Bianca récupéra la sphère rouge et blanche qui tombait au sol. Face au Mushana, le Petit, apparemment surexcité, hurla en balançant sa Ball frénétiquement :

- T'VAS VOIR C'QUE TU VAS VOIR ! MINOTAUPE, DÉFONCE TOUT !

Et il envoya le Pokémon Souterrain, qui surgit en tournoyant style perceuse de sa Ball, ses bras couplés à sa vrille au-dessus du crâne. Il fit un salto arrière, puis retomba sur ses pattes par une réception parfaite, avant de détacher ses bras et beugler également, menaçant ses adversaires en faisant tournoyer ses griffes d'acier. Debout sur ses pattes solides et son corps sombre, comme tranché de rouge, et trapu de muscles, le Minotaupe intimidait vachement ; Bisou se blottit contre moi, Fire et sa coéquipière frémirent, mais tenaient le regard perçant de l'autre. En fait, tant mieux que je n'ai pas à combattre maintenant, vu que... Et ça me revint d'un coup. Le Nanméouïe qui me dit de ne pas me surmener. Putain, comment j'allais faire pour le combat d'après ?!

- Ha ! Dans ce cas, Salamèche, tu vas commencer cette première manche aussi ! envoya Ludwig dans sa classe naturelle absolue en pointant du doigt ses adversaires (mais je trouve que je le fais quand même mieux).

Fire bondit alors au-devant de notre dresseur à temps partiel, et leva le poing, confiant :

- J'vais t'les atomiser !

Et, soudain, j'entendis le Minotaupe balancer:

- Te fais pas d'illusions, mon gars. C'est moi qui vais t'atomiser.

C'est vrai ; faut que je m'habitue à comprendre n'importe quel Pokémon. Lézard riposta, relevant la tête :

- Que dalle! C'est moi qui...

- PUISQUE JE TE DIS QUE TU VAS FINIR ÉCLATÉ CONTRE LE MUR! gueula la Pokémon Souterrain.

Et le Pêcheur entra en action, brandissant puis jetant sa Poké Ball :

- Bargantua, je te choisis !

Et il envoya au combat le Pokémon, qui fit son entrée dans le même éclat lumineux que les autres qui résidaient dans une Ball. Il montrait ses crocs et s'agitait de tout son mètre d'écailles vertes et de nageoires rouges.



[...]



Quand il s'écrasa sur le terrain, restant là, sur le terrain gris métallique du métro, à barboter et s'agiter vainement, ne pouvant rien faire. C'était lamentable. Bianca ne comprit pas, Fire éclata de rire, Minotaupe faisait comme si de rien n'était, mais semblait tout de même humilié, et Mushana... Bah, heu, dormait, je crois. Enfin, bougeait pas, quoi. A part la lévitation. BREF. Ludwig pointa le truc visqueux qui gesticulait à terre :

- Heu... Really ?

Le Pêcheur s'égosilla alors soudain, faisant valser et tournoyer dans les airs sa Super Canne, manquant de percer l'oreille du gamin à ses côtés :

- J'T'EN POSE, MOI, DES QUESTIONS, MORVEUX ? VIENS TE BATTRE SI T'ES CAP !

C'est alors qu'une voix sortant de haut-parleurs (que je remarquai sur le moment), qui jouxtaient une caméra, débuta (vraiment) les festivités :

- QUE LE COMBAT... COMMENCE!

Bon. Ok. Vive l'arbitrage vidéo. Ludwig répondit aussitôt, ordonnant la première attaque:

- Mais tout de suite! Salamèche, attaque...

Et il tressaillit, ne sachant vraiment quelles attaques Salamèche avait. Mais ce dernier s'en foutait complètement, et prit son inspiration, puis cracha un fantastique Lance-Flamme en direction du camp adverse. Le torrent calcinant frappa de plein fouet le Bargantua ; pendant que le tout Petit gamin cria:

- MINOTAUPE, GRIFFE ACIER SUR MUSHANA !

Le Pokémon Souterrain se rua à une vitesse phénoménale, toutes griffes reluisantes, sur le Pokémon Rêveur impassible, quand Bianca ordonna, toujours aussi excitée :

- Hii! Attaque Psyko!

Le Mushana stoppa alors net le Minotaupe dans sa course, tous les deux étant entourés d'une aura mauve, mais le Pokémon adverse se crispant. Il fut alors envoyé à terre, et revint en glissant sur le sol jusqu'aux pieds de son Petit dresseur, vachement vénère :

- CONNASSE ! TU VAS VOIR C'QUE TU VAS VOIR !

Bianca voulut riposter, mais elle fut coupée par Ludwig qui ordonna:

- Lance-Flamme!

Et Fire, de nouveau, cracha le feu, qui atteignit le Pokémon Sol/Acier méchamment. Le Pêcheur s'égosilla:

- AQUA-JET!

Le Bargantua s'entoura alors soudainement d'eau, l'éjectant de par son corps, et, en prenant appui avec sa nageoire caudale sur le mur contre lequel il avait été précédemment cramé, se propulsa en criant "BANZAÏ!", fusant tel une torpille, et frappa en pleine face de Fire, avant de prendre de nouveau son appui sur ce dernier avec sa queue et de finir sa course aquatique en percutant le flanc de Mushana, qui n'avait rien vu venir, tout comme sa dresseuse. Le Pokémon décidément Violent prit ensuite du recul en barbotant comme une merde. Pendant que le Minotaupe se relevait péniblement de sa chute en murmurant "putain de bordel de merde", Bianca cria, en agitant ses bras :

- Viiite! Attaque Hypnose!

Mushana se remit en position, et envoya des ondes roses circulaires de par son front vers Souterrain qui peinait. Il tomba alors raide, dans un sommeil profond. Le Petit gamin tout meugnon hurlait au meurtre, piétinant rageusement, et le Pêcheur commanda :

- Encore, Bargantua! Aqua-Jet!

Le Pokémon Eau se recouvrit une nouvelle fois du liquide transparent 99% aqueux, et traça à travers le terrain, hurlant "BANZAÏ!" droit vers Fire.

- Salamèche, attaque Lance-Flamme!

A croire qu'il avait qu'une seule attaque, le meneur. Lézard ouvrit grand la gueule et expulsa le jet flamboyant vers Violent ; mais ce dernier n'eut aucun mal à continuer, l'eau le recouvrant dissipant immédiatement les flammes dans sa course. Il éteigna le torrent enflammé le long de sa route, et percuta Fire en plein thorax. Ils finirent tous les deux empilés l'un sur l'autre contre le fond du wagon, Lilas les ayant esquivés de justesse. Pendant que les deux se débattaient pour se relever, Bianca cria:

- Hii! Attaque Cauchemar, vite!

Mushana enveloppa alors d'idées et d'images noires Minotaupe, qui fut couvert d'un halo sombre et obscur. Il se mit alors à se tortiller, et à gémir dans son sommeil. Bisou ne tenait plus en place, il était à la fois excité et était flippé, donc alternait d'abord les coups de griffe dans le vide (mais surtout dans ma gueule) en scandant "VAZY!" et ensuite les museaux morveux dans mon plumage, craintif. J'avais beau piailler et mordre avec mon bec réprobateur les griffes si les mimines étaient trop proches, il prenait ça pour un jeu *profond soupir*. Bref, Bianca enchaîna aussitôt:

- Utilise Psyko sur Bargantua! Viiite!

Rêveur fit alors léviter le Violent, et l'envoya balader sur l'armature en acier au-dessus de nos têtes, faisant tinter les anneaux entre eux, et Bargantua retomba violemment au sol. Ludwig cria à l'adresse de Bianca:

- Occupe-toi de Minotaupe!

Puis, à celle de Fire :

- Putain, tu connais vraiment aucune autre attaque ?

Le meneur se retourna rapidement, pendant que Bianca ordonnait Repos :

- HÉ, J'SUIS PAS À TON SERVICE, OK ?

Donc il n'en connaissait pas. Je devais m'y attendre ; il n'utilise que ça. Je pris alors la relève, faisant sursauter Bisou, et jugeant que c'était le moment venu de la réplique de fou du dresseur qui a vaincu la Ligue Pokémon Mondiale qui n'existera jamais :

- Les attaques, c'est un truc naturel ; tout le monde peut attaquer, ok ? Alors sers-toi de tes crocs ou autre chose, je sais pas!

Fire tourna sa tête vers moi, signala qu'effectivement, c'était une bonne idée (normal, puisqu'elle vient du dresseur qui a vaincu la Ligue Pokémon Mondiale qui n'existera jamais), et s'avança rapidement vers la Pokémon aquatique à terre. Il bondit sur ce dernier, toutes canines dehors, et le Pêcheur réagit (fallait s'y attendre) :

- NAN! AQUA-JET, ENCORE UNE FOIS!

Je crois que Fire n'était pas le seul à ne connaître qu'une seule attaque. Enfin. Bianca, elle, attendait que Mushana se réveille ; le Petit attendait que Minotaupe sorte de son cauchemar ; ils s'échangeaient des cartes Mopénok en attendant (cherchez pas). Bref, le Bargantua balança l'Aqua-Jet en criant "BANZAÏ!", au moment où les crocs de Fire se refermaient sur la nageoire dorsale rouge et verte du Pokémon Eau. Le Salamèche fut alors emporté par le Bargantua, propulsés tous les deux à travers le terrain, recouverts d'eau. Le Lézard, tenace, rendait le trajet de Violent quelque peu compliqué et acrobatique, si bien qu'ils finirent tous les deux par se crasher en plein sur le Mushana qui se régénérait. Les trois étaient empilés sur le terrain et à moitié sur les strapontins d'en face, lorsque Minotaupe se releva soudain, sorti de son cauchemar sans fin :

- Hein ? Que... (il remarque la pyramide de Pokémon momentanément indisponibles) AH HA! MAINTENANT, ÇA VA CHIER !

Et, effectivement, le Petit hurla:

- BOUGE-TOI ET EXTERMINE-MOI ÇA ! MINOTAUPE, EXPLOFORCE !

Ludwig eut beau protester que, Exploforce, c'est un choix de merde comme attaque sur un Minotaupe, vu que, son attaque spéciale, elle est aussi minable que la queue d'un Machoc, le concerné envoya tout de même la sphère de puissance orangée qu'il avait créé en concentrant sa force entre ses six griffes-vrilles de ses pattes avant en plein dans le tas. Fire et Bargantua furent éjectés, tous deux K.O., comme le cria le speaker, mais Mushana résistait, bien qu'à terre. Le Petit s'enflamma alors, reflétant la puissance de son Pokémon, tous les deux haletants et prêts à en finir ; le dresseur gamin ordonna le coup de grâce :

- MINOTAUPE ! ENVOIE-LEUR TA SPÉCIALITÉ ! ATOMISE-LES D'UN COUP ! ATTAQUE TUNNEL!

Le Minotaupe bondit alors, dans la fureur de vaincre, se mit en vrille, tourbillonna sur lui-même, plongea vers le sol et transperça d'un coup, dans une gerbe d'étincelles de de poussières métalliques, le plancher du métro.



[...]



Le wagon se secoua grossièrement et assez brusquement, comme si on avait roulé sur un truc qui passait par là.

- MINOTAUPE EST HORS-JEU! cria le haut-parleur.

Bon. Il ne restait plus que le Mushana de relevé, et Bianca ordonna rapidement Repos de nouveau. Lilas, après y avoir été autorisé par Ludwig, se rua sur Fire, pour le mettre à l'écart. Elle le déposa à nos côtés, pendant que le Petit maudissait le métro, et pendant que le Pêcheur le sermonnait, lui rappelant qu'effectivement, nous étions dans un métro. Le trou béant dans le plancher côté adverse créait d'assez forts courants d'air et laissait s'échapper un boucan du tonnerre, mais, philosophie suicidaire des dresseurs de Pokémon oblige, le match devait continuer tout de même, le train souterrain roulant toujours à fond dans le tunnel noir, filant à travers les quelques stations que nous traversions à la vitesse de l'éclair.

- Bien, Fragilady, c'est à toi de jouer!

Ludwig avait donné le top départ pour Lilas, qui se mit en position devant notre dresseur d'un jour, une fois que Fire avait pris place à nos côtés. C'est à ce moment que j'y pensai : je n'avais jamais vu la co-fondatrice des We Tackle at Foes lancer une seule attaque depuis que nous nous étions rencontrés. Pendant que le Petit tentait de trouver une autre Poké Ball dans sa sacoche et pignait pour son Minotaupe et que le Pêcheur en cherchait une dans sa glacière (O_o), je demandai avec empressement à notre dresseur accompagnateur :

- Hé mais, tu connais au moins une de ses attaques ?

Ludwig parut tout con ; il balbutia :

- Ah! Heu... Bah... Non...

Je piaillai:

- ALORS VITE ! LILAS ! T'SAIS FAIRE QUOI ?

La gentille petite mademoiselle s'excusa, tenant délicatement sa splendide couronne florale, agitée par le vent qui régnait au sein du wagon :

- Oh! Heu... Moi?

- NON, TA SŒUR ! ÉVIDEMMENT, TOI !

- Oh, et bien... A vrai dire, je ne sais pas comment vous appelez ça, vu que vous y donnez des noms...

Puis, elle s'adressa à Ludwig, confiante :

- Laisse-moi faire, d'accord ? Je vais gérer ça !

Je protestai:

- Mais t'y connais quelque chose en combat Pokémon ?

- Non, mais je vais gérer tout de même ! sourit-elle.

- Qu'est-ce qu'elle dit ? me demanda rapidement Ludwig.

- Elle dit qu'on est dans la merde, soufflai-je, attendant et craignant les prochains événements.

- Tu me fais pas confiance, c'est ça ? rétorqua Chef-fleur, vexée.

Je répondis en soupirant, stressé et flippé à l'idée qu'il arrive une catastrophe :

- Disons que j'ai peur pour toi.

Elle resta alors soudain figée, ses délicats yeux pareils à des gouttes d'or fixés sur mon petit corps de piaf au gros bec. Quand le Petit hurla (toujours aussi chiantes, ces personnes qui crient sans arrêt...) :

- C'EST PAS FINI ! BROUHABAM, À TOI!

Il envoya alors sa dernière Poké Ball qui s'ouvrit dans les airs et laissa sortir l'imposant Pokémon violet, gueule grande ouverte, et tuyauterie à ouverture jaune qui sortait de n'importe où prête à l'emploi. Il se posa sur ses pattes juste au bord du trou de la mort mugissant, se rattrapa avec sa patte droite à un strapontin, manquant de trébucher et légèrement surpris, puis se positionna face à ses deux adversaires, prêts à en découdre. Quant à notre ami le Pêcheur, qu'allait-il nous sortir de bien croustillant cette fois-ci, qui plus est comme dernier Pokémon?

- Allez, donne tout ce que tu as ! Wailmer, go !

Il envoya donc la pré-évolution du plus gros Pokémon du monde, pré-évolution qui faisait tout de même bien deux mètres de longueur. Je devrais plutôt dire de rayon, car Wailmer étant plus une boule bleue à ventre blanc où est greffée une nageoire sur chaque flanc (donc le droit et le gauche, hein) du Pokémon, avec un évent au sommet du crâne... C'est pas pour rien qu'on l'a appelé le Pokémon Baleinboule, non ? BREF. Wailmer arriva sur le terrain en rebondissant comme un ballon de plage, puis se stabilisa après avoir bondi au-dessus du manque de plancher menaçant.

- Attaque Hydrocanon!

Eh ben, il commençait fort le petit salaud. Wailmer gonfla soudain, puis cracha une trombe d'eau monumentale d'un coup, qui traversa le wagon ; le Petit hurla quant à lui :

- ET TOI, BALANCE BALL'OMBRE !

La balle d'énergie spectrale se coupla alors à l'Hydrocanon, l'une doublement propulsée par l'autre, et tracèrent à travers le terrain avant de frapper Mushana de plein fouet. Lilas sembla être choquée par la violence du coup ; Ludwig n'y prêta pas attention, sûrement habitué à de telles attaques :

- Vas-y, Fragilady ! Montre-nous ce que tu sais faire !

Chef-fleur se tourna face à ses adversaires, et lança :

- C'est parti, alors !

Et elle se mit à tournoyer, levant sa robe et faisant de gracieux gestes, et entama des pas d'une danse plutôt hypnotique... C'était... Assez déroutant... Ces mouvements... Qui allaient, venaient... Une danse... Complètement... Extraordinairement... Totalement folle... J'avais la tête qui tournait, je me sentis tout d'un coup très mal. Les décors bougeaient, tournaient ; j'avais l'impression de tomber à chaque seconde, j'eus juré que mon crâne ne tenait pas en place sur mes cervicales... Je me retins fermement à la matière moelleuse mais quelque peu usée qui garnissait les strapontins, et essayai de me recentrer sur le match. J'entendais Ludwig crier "Bien joué!" puis il me sembla voir un nuage de pétales roses voltiger et se propager dans l'enceinte de la voiture du métro. Je me ressaisis, me reconcentrai, me giflant, et revins aussitôt dans le feu de l'action : Brouhabam était face contre terre, mais se relevait, et Wailmer se protégeait avec Abri. Mushana était resté intact ; il ne semblait pas avoir été touché par la Danse Folle et la Danse-Fleur de notre chère amie Lilas.

- Vraiment extra qu'il ait Télépathe ! félicita Ludwig.

- Je sais! J'adore mon Pokémon ! sourit la blonde en réajustant son béret vert. Heu, mais viiteuh! Attaque Psyko !

Fire et Bisou, eux, étaient sonnés, le premier venant apparemment de se remettre de son K.O., et le dernier ne me faisait plus chier et c'est tant mieux ; ils avaient tous les deux de drôles de petites étoiles dans les yeux. Ne pas chercher.

- Tu vas me le payer !

C'était le Brouhabam adverse qui avait rétorqué le Psyko de Mushana. Il rayonna sublimement alors, et, sous les ordres de son Petit dresseur excité, il resta la gueule grande ouverte, et balança :

- ULTRALASER !

Gosh. Ce gamin sait vraiment ce que c'est, en fait ? Faut vraiment pas se fier aux apparences. Donc bon, le Pokémon Bruit Sourd envoya le formidable rayon lumineusement éblouissant d'un blanc rayonnant, et la monumentale attaque traversa d'un coup le wagon pour frapper en plein front Rêveur, qui fut envoyé se faire littéralement encastrer dans la paroi métallique derrière les dresseurs de Renouet.

- MUSHANA EST K.O. !

Bianca fit la moue, mais félicita comme il se doit et rappela son Pokémon Psy. Elle sortit et brandit une autre Poké Ball, pendant que Lilas tourbillonnait sur-elle même, esquissait de gracieux pas et jouaient avec de formidables scintillements la recouvrant : bref, elle utilisait Papillodanse.

- OUAIS ! VAS-Y LILAS ! cria soudain Fire, le Sac à Trésor remis en bandoulière, le noeud constituant la bretelle agité par les courants d'air. VAS-Y ! EXPLOSE-LES !

- Ah, t'es réveillé toi ?

- Bah oui.


[...]


- D'accord.

Nous revînmes donc au match et aux museaux morveux dans les plumes, vu que Fire n'était pas le seul à s'être remis les idées en place. Le Pêcheur, lui, redressait fréquemment sa casquette, qui menaçait de s'envoler avec l'aération forcée, et semblait seulement attendre que quelqu'un l'attaque. Bianca appela alors son dernier Pokémon pour ce combat :

- A toi de jouer, Shaofouine ! Viiite !

Après avoir fait plusieurs tours de bras frénétiques, elle lâcha enfin sa Ball, qui vola et s'ouvrit en un déclic. Le Pokémon Art Martial (quelle originalité...) s'en échappa, atterrit après un saut vrillé sur les banquettes d'en face, et semblait s'articuler aussi agilement et précisément qu'un Majaspic. Le combattant (ou plutôt la combattante) Pokémon ne disait mot, attendant juste habilement les ordres de sa dresseuse. C'est alors que Ludwig commanda un Danse-Fleur sur Brouhabam ; ce dernier esquiva tant bien que mal les pétales de fleur envoyées sous les ordres de son dresseur. Bianca avait ordonnée un Pied Voltige sur Wailmer : Shaofouine effectua un formidable saut agile à travers le wagon, volant par-dessus le dommage collatéral bruyant et fraîchement dangereux, et piqua sur Wailmer, le genou luisant orange. Le Pêcheur réagit aussitôt :

- Hydrocanon !

Baleinboule déversa la trombe d'eau herculéenne en direction d'Art Martial, qui se la prit bien mal, et fut repoussé avec une incroyable force jusqu'à s'écraser à son point de départ, c'est-à-dire sur les strapontins, avant de rouler et se prendre la barre verticale à laquelle Bianca se tenait fermement depuis quelques secondes. Quant au Petit :

- ON VA LES DÉFONCER ! ULTRALASER SUR FRAGILADY !

Aïe. Le formidable rayon d'énergie d'un blanc plus éclatant que celui que fait votre lessive fut craché droit vers notre meilleure amie de composition fleurie.

- ESQUIVE ! hurla Ludwig dans le boucan du wagon, en même temps que Fire et moi.

Et, d'un merveilleux mouvement de hanches, Lilas esquiva de justesse le laser ultra. Problème : le laser ultra, l'est pas arrêté, donc. Donc boum. Dans une effroyable explosion derrière les dresseurs du sud-ouest, l'Ultralaser atomisa le fond du wagon, déjà correctement amoché avec le précédent encastrement de Mushana. Les débris volèrent, avant d'être aspirés par l'ouverture trois fois plus grande que celle qui régnait d'un côté du stade, sur le plancher du train. Nous étions dans le wagon de queue, donc, une fois que cette paroi se soit littéralement envolée en morceau, les rails du circuit souterrain se dérobaient maintenant à quelques mètres derrière Bianca et Ludwig. La première hystérique à l'idée d'y tomber, se retint immédiatement en serrant son béret pour ne pas que cette idée se révèle être réalité, vu la vitesse du métro ; lui restant stoïque, bien qu'assez marqué par cet inconvénient de dernière minute et attaché lui aussi à la barre verticale à sa portée. C'était quasiment impossible de s'entendre au sein du wagon, le boucan extérieur faisant régner la cacophonie, et les vents qui y régnaient, créés par les désormais deux ouvertures béantes, étaient fabuleusement surpuissants ; ils forçaient tout le monde sans exception à se cramponner le plus fermement possible aux premiers aménagements prévus pour à portée de main. Shaofouine, étant à terre au moment du défonçage de cloison, avait été soufflée par les courants d'air : pour ne pas la laisser tomber sur les rails étincelants qui défilaient à une folle vitesse, Lilas avait couru agripper le Pokémon qui criait, et cette dernière se cramponnait à la même barre que la Bianca.

- TIENS BON ! lança la demoiselle de plante.

La blonde décoiffée s'égosilla :

- ESPÈCE DE CRÉTIN ! TU VOIS PAS QUE T'AS FAILLI NOUS TUER ! CROTTE ALORS !

Déjà outré par cet incroyable manque de retenue de la part de l'adolescente qui avait pourtant eu l'air si mature précédemment, je perçus les cris de réponse du côté adverse, lui aussi chamboulé et attaché à ce qu'il leur passait sous la main :

- M'EN BRANLE ! J'AI PAS GAGNÉ QUARANTE-SEPT COMBATS POUR DES PRINES! J'VAIS TOUS VOUS BATTRE !

- SI TU CROIS QUE JE VAIS ABANDONNER, P'TIT CON, TU TE METS LE DOIGT DANS L'OEIL! vociféra Ludwig à son tour, tenant fermement sa casquette et un anneau à portée.

- OUAIS! ET MOI AUSSI ! WAILMER, ATTAQUE HYDROCANON, GO !

C'est à ce moment que, dans les larmes et les cris de Bisou dus au chaos atmosphérique, je le vis basculer de la banquette, peinant à s'y cramponner (je veux dire par là que, même en griffant fermement la banquette voire en la déchiquetant, il basculait toujours). Je le retins alors résolument par la patte, les plumes également ébouriffées dans cette ambiance de carnage total. Puis vint une espèce de pluie tonitruante et incroyablement puissante, qui nous souffla, Bisou et moi: le supposé Hydrocanon dispersé par les violents déplacements d'air ambiants. Mes pattes arrières lacérèrent le bout de banquette qui m'était cher si je voulais rester en vie, et mes griffes antérieures lâchèrent prise. Nous fûmes emportés, Bisou et moi, par l'aspiration, direction les rails filant à la vitesse de l'éclair, quand une patte griffue m'accrocha alors puissamment : Fire.

- J'TE LÂCHERAIS PAS, FRÈRE PLUME !

Malheureusement, les milliards de molécules d'eau envoyées par Wailmer le firent glisser, mais il se rattrapa in extremis et brutalement à la barre verticale à laquelle s'accrochait vigoureusement Ludwig. Lézard y planta robustement ses crocs dans le métal, son Sac à Trésors en bandoulière volant également mais restant sur son épaule, emporté par le cyclone qui régnait. Mon Ruban Joie avec la Ball de Genesect et la petite clochette métallique, bizarrement silencieuse, batifolaient elles aussi sur mes plumes de buste, balancées par l'air ambiant. Bisou qui s'agrippait à ma patte, Fire qui retenait de toutes ses forces mon aile. La giclée d'eau envoyée par Wailmer avait également atteint les dresseurs de notre camp, qui résistèrent tant bien que mal, et Lilas qui tenait inflexiblement Shaofouine : l'attaque acheva de mettre le Pokémon de Bianca K.O., bien que ce dernier resta accroché inconsciemment à la feuille du Fragilady. En priant Arceus pour que Fire ne desserre pas la mâchoire, en priant pour que la guirlande que nous composions lui, Bisou chialant et moi ne cède pas au vent violent, que nous ne finissions pas explosés sur les rails déferlants dans ce bruit tonitruant, en suppliant pour que Fragilady ait la force de retenir Art Martial évanouie, j'entendis le Pêcheur se péter les cordes vocales :

- IL A APPRIT GICLÉDO ! ENFIN !

J'avais envie de lui hurler dans les tympans "ET ALORS?! JE VAIS CREVER, MOI, ABRUTI DE CONNARD DE MERDE! " mais je n'en eus pas l'occasion : un flash lumineux parvint de l'autre bout du wagon, côté adverse, et rayonna dans tout le tunnel. J'entendis, entre les bruits grinçants des roues et l'air me fouettant le visage, le timbre de voix du Pêcheur :

- EXTRA ! IL ÉVOLUE !





O_o





COMMENT ÇA, "IL ÉVOLUE" ?! N'ayant pas le temps de réfléchir que ce ne pouvait qu'être Wailmer, Brouhabam ne pouvant évoluer, et n'ayant pas le temps de réfléchir à que faire lorsqu'on se trouve dans un wagon de 3 mètres de haut sur 11 de long dans un tunnel de 5 de haut alors qu'une créature de 15 mètres de long sur 7 d'épaisseur est sur le point d'être présente À L'INTÉRIEUR, je hurlai en dernier espoir :

- LÂCHEZ TOUT ! SAUTEZ !

Je n'eus pas à le répéter. Même si beaucoup n'avait rien capté, le gargantuesque truc flamboyant d'une formidable mais funeste clarté immaculée grossissait de plus en plus et écartelait la structure même du wagon. Les armatures d'acier lâchèrent, Les strapontins furent compressés, broyés puis ce qui en restait fut encastré dans les parois, les vitres volèrent en éclats, les portes coulissantes se pliaient et se déracinèrent de leurs coulisses sur l'intérieur du tunnel, puis tout le wagon céda sous le poids du Wailord naissant, les roues furent éjectées soudain, un effroyable et crissant grincement accompagné de gerbes d'étincelles témoignait des puissants frottements de l'acier sur la circonférence de pierre du tube obscur. Ludwig et Bianca butèrent sur le plancher concassé sur lui-même, et tombèrent du métropolitain éviscéré à pleine vitesse, tandis que Lilas, Shaofouine, Bisou, Fire et moi dûmes succomber aux trop importantes turbulences ambiantes : Chef-fleur se laissa glisser et Lézard s'envola, un morceau de la barre de fer pliée entre les crocs, déchiré par sa puissante mâchoire. Le raccordement qui reliait notre wagon au reste du train lâcha finalement abruptement, et, dans le tonnerre du cri crissant du métropolitain et le fracas qui régnaient en diable dans le tunnel puissamment raclé, le Seviper de fonte vit le bout de sa queue violemment et atrocement arraché.


Faut dire que sauter d'un train en marche, c'est pas forcément la plus confortable idée qui soit. Mais, on est des Pokémon, non? Se manger des cailloux, notre physionomie s'y était habituée. Hélas. La physionomie des Pokémon d'aujourd'hui peut-être, mais quand quelqu'un vous a foutu un PUTAIN DE CORPS DE POKÉMON FOSSILISÉ DEPUIS 70 MILLIONS D'ANNÉES, et bah faut s'attendre à qu'il soit un petit peu fragile. Personnellement, c'est comme ça que j'interprétais mes récents problèmes de santé : le gars a volé un fossile, a volé la machine qui allait avec pour ressusciter le Pokémon, à entendre les dires de la réceptionniste du Musée de Maillard, et, avec une seconde machine zarbie, m'a foutu dans ce corps. Mais, dans ce cas, pourquoi alors prendre un fossile, et pas un Pokémon comme un autre ? J'en ai marre de réfléchir, et avec ce crâne qui me fait mal... Oui, car nous avions donc atterrit sur les roches grossières qui tapissaient le tunnel du Métro de Combat, et, grâce à Arceus, entre les rails, et non dessus. Mais ça fait quand même assez mal.

- Beuh... Est-ce que... Est-ce que tout le monde va bien ?

- Bof... geignit Ludwig, face contre terre, commençant à essayer de se relever.

- Ça pourrait aller mieux, souffla Fire en se remettant le dos en place, puis il ré-enfila le Sac à Trésor sur son épaule.

Les pleurs du petit Polarhume résonnaient. Lilas se retourna courageusement, de sorte à s'asseoir sur les cailloux, reprit ses esprits, puis alla inspecter Bisou, le prit dans ses bras et le consola, puis se dépêcha de vérifier le niveau de PV de Shaofouine.

- Comment ça va ?

- Ça va, enfin je crois, gémit Art Martial, aidée à se relever par le Fragilady.

Je me remis sur mes pattes, me tenant le crâne avec la tête : c'est dingue ce que ça pouvait faire mal ; faut vraiment que j'évite les acrobaties et le surmenage. C'était bien parti, avec le Destin pourri que j'ai... Je constatai l'ampleur des dégâts : bah, y avait pas grand-chose à constater. Derrière nous, assez loin tout de même dans ce couloir cylindrique faiblement éclairé, un énorme bouchon bleu et blanc, avec les parois du métro aplaties sur l'intérieur du tube, telles des feuilles de papier alu. On n'entendait rien ; allez savoir si le truc était encore en vie, ou même s'il y avait de la vie de l'autre côté de la canalisation engorgée. Quand :

- MEUAH J'AI MAAAAL ! BWEEEEHH !

A deux mètres, la dresseuse du Shaofouine femelle qui devra probablement nous payer pour l'avoir sauvée, se serrant la cheville comme une timbrée, se l'asticotant frénétiquement, pignait. Ludwig voulu la réconforter, ça marcha deux minutes, donc jusqu'au moment où il l'aidait à se relever.

- BWEEEEHH ! MA CHEVIIIILLE !

- Ecoute Bianca, c'est pas comme ça que tu vas m'aider, hein ! s'énerva Ludwig.

Il la porta alors , et hurla dans l'obscurité quasi-complète :

- EST-CE QUE Y A QUELQU'UN ? ON A UN BLESSÉ !

C'est alors que de faibles voix nous parvinrent, du côté opposé au Wailord problématique :

- Là-bas ! Y a des gens ! Dépêchez-vous !

De lointains faisceaux de lumière se firent alors apercevoir dans la pénombre ; ils s'agitaient fébrilement, démontrant bien que leurs porteurs étaient en train de courir. Ces derniers crièrent alors :

- Ne bougez-pas ! On arrive ! On est de la police !

Fire, Lilas et moi eûmes le même regard plein d'anxiété. On devait se barrer ; les flics devaient savoir que j'étais recherché, et s'ils me mettaient la main dessus, j'étais cuit. Et Ludwig et Bianca pourraient avoir des problèmes. Lilas déposa alors Shaofouine à terre, Fire se précipita contre le mur, à chercher un renfoncement, et je me ruai sur Ludwig, qui se retourna avec Bianca dans les bras, tous deux exténués :

- Ecoute, faut pas que les flics nous voient. Me dénonce pas, je serais capable de choses pas très jolies, okay ? On va aller se planquer. On a croisé une station pas loin avant l'accident, ils vont t'y emmener vu que c'est le seul chemin possible. On se retrouve dans le quartier desservi, d'accord ?

Ludwig avait tout gobé soudainement, et, bien qu'il sembla dépassé par les événements et ce que je lui déblatérais en épiant l'avancée des flics, il acquiesça fébrilement.

- Là ! Y a un renfoncement ! chuchota hâtivement Fire, rejoint par Lilas. Amène-toi !

Je courus en redressant rapidement mes plumes, puis tournai la tête vers les dresseurs et le Shaofouine, également dans l'incompréhension :

- Et vos gueules ! lançai-je en sautant par-dessus le rail, rejoignant rapidement Fire.

Je bondis dans ce fameux renfoncement ; bah c'était bien crade. Et on était tous concassés, Lilas et Bisou au fond, Fire devant, et moi qui comblait le trou en forçant : on était assez énormément un peu beaucoup trop serrés. En même temps, c'était pas fait pour. Mais BREF.

- Cache ta queue ! Elle éclaire ! soufflai-je au meneur. Et poussez-vous, j'ai le cul qui dépasse!

- Mais je peux pas ! Je vais brûler Lilas sinon !

- Bah va au fond !

- Je peux pas ! J'te dis que c'est Lilas qu'est au fond, j'vais la cramer !

- Déjà qu'il commence à me chauffer... maugréa la concernée. Et puis, Bisou transpire et se sent mal.

- RAH, C'EST PAS LE MOMENT DE COUINER, HEIN !

Puis j'enchaînai, proposant tout bas :

- On n'a qu'à changer de place !

- Tu crois qu'on a le temps ?

- ON N'A PAS TROP LE CHOIX, LÀ, TU VOIS ! rugis-je avec la plus basse voix possible.

- Taisez-vous ! murmura Lilas, en caressant et murmurant chut au Polarhume, les larmes aux yeux.

Puis, de derrière, j'entendis une voix étrangère qui arrêta les bruits de pas approchants :

- Vous allez bien ?

Chiottes. Les flics. Fallait pas bouger, et SURTOUT PAS titiller ce fucking appendice caudal de trente centimètres qui débordait, incroyablement discret avec ses couleurs rouges et bleues. Sinon l'attention des hommes de loi allait être attirée, et leurs lampes torches seraient braquées sur nous, et couic. La Compèt Ball qui m'écrasait les côtes et les organes du Salamèche, la flamme rougeoyante de sa queue dans le bec, la clochette de métal froide plaquée contre le thorax, le Sac à Trésors comprimés sur le mur crasseux, le museau et les pattes de Fire écrasés sur le corps végétal de la secouriste, elle-même tassée sur le fond du renfoncement trop petit, Bisou écrasé dans les bras, véritable bombe à retardement à braillements, bref, c'était une place EXTRÊMEMENT confortable et intelligente pour ce genre de nécessité. Ludwig enchaîna aux hommes en uniforme :

- Moi ça peut aller, c'est mon amie qui s'est fait mal à la cheville. Et je ne sais pas si son Pokémon a quelque chose.

- Ok, on va vous conduire à la station la plus proche ; suivez-nous. Il y avait quelqu'un d'autre avec vous ?

Moment de silence, d'hésitation peut-être. Ne pas bouger, calmer sa respiration, calmer sa respiration, résister à la chaleur, rester le plus zen possib...

- Ouais, y avait quelqu'un.

ESPÈCE DE PETIT...

- Un Petit et un Pêcheur. On était en train de les combattre quand le Wailmer du dernier a évolué, apparemment.

Rester calme, ne pas bouger, ne pas frémir...

- Ok, les agents de la station suivante s'en occuperont, répondit le flic. Allons-y !

Les lumières s'agitèrent, et quelques rayons percèrent dans notre petit habitacle flamboyant. Pourvu que...

- Hé! Y a un truc là !

- De quoi ?

- C'est tout bleu et rouge ! C'est pointu ! On dirait une plume.

Fire esquissa un mouvement qui signifiait probablement "SHIT!", Lilas resta impassible et immobile ; enfin je ne sentais rien d'autre. Putain, les lumières devenaient de plus en plus fortes, elles se rapprochaient... BORDEL DE PUTAIN DE MERDE DE...

- Ah ouais, je vois ! Hé chef !

- Oui, j'ai vu ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ?!

- J'en sais rien.

- On dirait le derrière d'un Arkéapti.

- Ah ouais.




[...]




- Bon, c'est pas tout ça, mais on a des blessés. Allez, on y va !

Et, quelques secondes plus tard, les rayons blanchâtres se dissipèrent, et les bruits s'atténuèrent, signe d'éloignement des "seuls rescapés" et de ce groupe d'hommes qui font respecter la loi et la justice, bien que ces derniers étaient à première vue limités. Je m'extirpai piteusement de l'embouchure, tombai à la renverse sur le côté de la voie ferrée faiblement éclairée, puis Fire me tomba dessus, puis Lilas aussi, et enfin Bisou, qui explosa. On n'était pas à ça près, hein?


J'm'en souviendrais, de ce premier voyage en Métro de Combat. Quelle idée de faire des matches Pokémon dans un wagon qui dévalait les pentes caverneuses à fond les baies Nanab... En tout cas, j'y reviendrais.
Cinq minutes de balade vraiment très agréable sur les énormes cailloux rugueux et noirs de saleté dans le joli petit tunnel énorme à mon échelle et moche à toutes les échelles, merveilleusement éclairé par des lumières à la puissance de veilleuses, notre équipe de secours et d'exploration arpenta un grand et large virage sur sa gauche, puis aperçut enfin des lumières de vie. Le meneur de type Feu brisa le silence qui régnait depuis et s'écria :

- La station !

Nous trottâmes alors jusqu'au quai béni. Un escalier longeait la plate-forme ; nous ne nous fîmes pas prier, montâmes avec empressement, nos pattes frappant quelque peu bruyamment les marches métalliques, et nous passâmes sans vergogne le portillon "NE PAS DESCENDRE - DANGER". Nous pûmes alors découvrir la station : un long embarcadère, avec un grand panneau pour les réclames en plein milieu. Un mur carrelé tout aussi long à l'opposé de la voie en faisait une station dans tout ce qu'il y a de plus banal. Mais elle était déserte. Ou plutôt, je devrais dire "elle était condamnée" vu que des barrières de sécurité bloquaient l'accès à chaque escalator, chacun à chaque extrémité de la petite gare souterraine. Pas besoin de consulter le plan des lignes affiché sur la paroi recouverte de carrelage pour connaître notre emplacement : ce qui attirait les yeux immédiatement, c'était le panneau publicitaire géant central, dont les couleurs touchaient plus à l'irréel qu'au croyable tant elles étaient invraisemblablement vives et étincelantes. La pancarte grandiose offrait le nom de la station, peint et décoré très fantasmatiquement :


- Vaguelone -

L'excellence de la station estivale !