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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 17/02/2012 à 16:34
» Dernière mise à jour le 02/08/2015 à 18:30

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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IX - C&CO : Une semaine pour tout sauver
J'avais l'impression que l'on me secouait, me déchiquetait et me broyait le cerveau. Je gémissais, serrais les dents ; la douleur était absolument atroce. J'agitai la tête ; j'avais la désagréable sensation de tomber dans un vide sans fin. Je réussis à entrouvrir les yeux, ma vision était embrouillée: je vis une descente de lit blanc, dans une chambre carrelée et tout aussi blanche, des néons aveuglants la baignant d'une lumière fade et froide. Au fond, face au mur, à côté d'une plante verte, se tenait une silhouette étrange. Elle était comme si elle eut vêtu une longue et grande veste noire, traînant sur les plaques gelées de la salle, et semblait porter un simple chapeau tout aussi noir sur le crâne. Je ne prononçai aucun mot, mais entendis résonner étrangement:

- Le paradoxe auquel tu as survécu était prévu. Tout était, est, et sera prévu.

- Qu... Quoi...? balbutiai-je fébrilement au profil flou.

- Tu n'as aucune chance. Tu n'as aucune malchance. Ces choses là n'existent pas. Personne ne choisit son destin, personne n'a le choix. Tu auras beau te battre autant que tu veux, lorsque ton heure viendra, elle viendra pour de bon. Cette heure est proche. Personne ne peut se sauver de son destin, personne ne peut rien face à la Fortune. Tu as une tâche. Le paradoxe entraîné sera irréversible. Tu vas t'anéantir, Chris. Et tu n'y peux rien. Chacun a son destin, chacun a son histoire, et tout le monde doit s'y résigner.



- Att... Attendez!

Je me redressai brusquement, trouvai la force dans un élan de puissance monumentale d'écarquiller les yeux, mais plus rien. J'étais dans une chambre de soin pour Pokémon, ressemblant beaucoup à la dernière que j'avais visitée, alias le lieu de mon kidnapping. Je remarquai dés lors qu'une machine comme celle m'ayant renseignée sur le fait que Zekrom et Gensect était dans une de mes Poké Ball se trouvait à mes côtés. Je ne sais pas qui y est relié, mais vu l'état de santé assez désastreux indiqué, il doit être dans un sale pétrin.



[...]



Quand, en suivant du regard les capteurs plaqués sur mon corps plumé, je me rendis compte que c'était le mien, d'état de santé désastreux du gars dans un sale pétrin. C'est à ce moment qu'un Nanméouïe, sa robe dessinant comme une blouse rose de personnel médical le long de son corps, entra en se tournicotant les antennes auriculaires:

- Oh! Vous êtes réveillé?

- Faut croire, geignis-je. Heu, concernant ce qu'il y a d'indiqué sur l'écran...

Le Pokémon Audition s'approcha de mon lit, et, sans donner d'explications, pencha sa tête sur le côté, posant ainsi délicatement son antenne droite sur mon buste. Je respirai calmement, il ferma les yeux. Il releva alors son stéthoscope naturel, marcha jusqu'au dispositif qui présentait mon Résumé entre autres, et entra quelques données. Je lançai:

- Alors? C'est grave docteur?

Ce dernier se tourna vers moi, soupirant gentiment:

- Vous avez un dresseur qui vous attend?

- Techniquement, oui.

Le Nanméouïe me demanda alors son nom ; je demandai du tac au tac:

- Mais... Pourquoi? Y a quelque chose qui va pas?

Mon médecin Pokémon eut alors un air attristé, et m'annonça:

- On vous donne une semaine, pas plus.


C'est bizarre. Ça ne me fait pas plus d'effet que ça. On vous dit qu'il vous reste plus que sept jours à vivre, et puis voilà. Ma première réaction fut, justement, de ne rester sans aucune réaction, et, avant que le Pokémon ne sorte, je demandai:

- C'est... A quel niveau?

Il avait plutôt une tête de gars qui comprenait pas, sur le coup.

- Je veux dire... Dans la tête?

Il hocha la tête:

- Vous avez fait une hémorragie assez particulière. Nous sommes parvenus à vous sauver, votre état est pour le moment stable, mais votre santé est TRES fragile et une seconde attaque peut arriver à tout moment et vous être fatale. Il ne vous reste pas longtemps, soyons francs.

Puis il quitta la salle, signalant qu'il repasserait plus tard. Quel abruti! Franchement, il vient vous annoncer que vous allez crever, et il se barre! Non mais il croit sérieusement que je vais rester les bras croisés? Je lacérai aussitôt tous les fils qui me reliaient à l'autre système informatico-médical qui fait stresser, bondis de mon lit, et m'affalai sur le sol. Il faut croire que je m'étais levé un peu trop vite. Je me remis sur mes pattes, les traînant en me déplaçant, me tenant le crâne avec mes ailes fébriles, et passai la porte entre-baillée de ma chambre. Il me restai sept jours, selon l'autre. Sauf qu'il parlait à l'Arkéapti. Le Chris, lui, il lui reste toute la vie. Fallait juste que je retrouve mon corps. Et j'avais une semaine.


C'était l'euphorie dans les couloirs. Les infirmières s'agitaient de partout, allant et venant d'une salle à l'autre, poussant ou tirant des civières. Des dizaines de Pokémon blessés ou partiellement brûlés roulaient sur les brancards. Avec une telle agitation, je semblais invisible aux yeux de tous. Mes griffes crissaient légèrement sur le carrelage trop bien astiqué, ma grande plume rouge du bas du dos, tombante, glissait sur les carreaux. Je traversai ainsi le centre Pokémon, toujours avec une tête de défoncé, mais déterminé à atteindre la sortie. A un croisement, deux Infirmiers derrière des bureaux déblatéraient au téléphone:

- Effectivement, depuis cinq jours, aucune, je dis bien strictement aucune naissance, humaine ou Pokémon, n'a été recensée sur la planète. Nous ne pouvons expliquer ce phénomène, et je vous rappelle que, selon la moyenne habituelle, il y a des centaines de naissances par jour...

- Comment ça, "impossibilité de livraison"? Mais je me fiche des conditions météo! Il me faut des herbes médicinales en urgence ; j'ai des dizaines de patients dans un état critique! Que... Mais je vous dis que... Mais puisque... Allez vous faire voir!

Ce dernier raccrocha, et partit en trombe dans une salle voisine, pendant que l'autre expliquait toujours, le combiné collé à l'oreille, et parlait des naissances qui n'ont pas lieu. Je ne savais que penser, que faire, si ce n'était de sortir de cet endroit le plus vite poss...

- FRÈRE PLUME!

- Chris!

- Tonton Plu!

Le trio W.T.F. se rua vers moi:

- On n'en pouvait plus d'attendre, alors on s'est ramenés! Comment tu vas mieux? lança Fire, souriant, et m'assénant une trop violente tape sur l'épaule (aïe).

- Heu... Un peu mieux? geignis-je.

- Tant mieux, mon pote!

Lilas me prit dans ses feuilles:

- Nous avons eu tellement peur! Qu'est-ce que t'as eu?

- Oh, trois fois rien... Le principal, c'est que je sois toujours là, non? rassurai-je avec un sourire un peu forcé.

- Ze croyais tonton Plu mort! pleurait Bisou dans mes pattes.

- Mais, non, t'en fais pas, ça va. Arrête de baisser ma défense spéciale, veux-tu? Je pète la forme!

Soudain porté par un violent sentiment de vouloir en finir avec cette histoire, je levai l'aile et criai:

- Bon, c'est pas tout ça, mais on a un avion à prendre!

Mais, pour le coup, Lilas n'était pas à fond, elle. Elle se maudissait à chaque fois qu'un brancard passait en roulant ; donc rappela, anxieuse:

- Mais... Vous vous rendez compte de ce que nous avons fait?

Fire haussa les épaules:

- De quoi? Non, je vois pas.

- IDIOT ! TU CROIS QUE L'INCENDIE S'EST DÉCLENCHÉ TOUT SEUL ?!

Le Salamèche s'emporta:

- OUI, IL S'EST DÉCLENCHÉ TOUT SEUL ! ON DEVAIT ALLEZ CHERCHER BISOU, DONC ON Y EST ALLÉS !

Le Fragilady répondit du tac au tac:

- LA PROCHAINE FOIS, SI NOUS POUVONS METTRE HORS D'ÉTAT DE NUIRE CE QUI POURRAIT JUSTEMENT NUIRE PRÉALABLEMENT, ÇA SERAIT PRÉFÉRABLE !

- T'AURAIS PEUT-ÊTRE VOULU CREVER DANS TON SOMMEIL ? balança le meneur. J'TE SIGNALE QUE SI ON N'ÉTAIT PAS ALLÉ CHERCHER BISOU, ON SERAIT PAS LÀ EN TRAIN DE S'ENGUEULER !

Je m'interposai:

- Bon, c'est bon, ok ? De toute façon, ce qui est fait est fait. Le principal, c'est d'aller à Algatia pour le moment, hm ? On n'a qu'une semaine, je vous rappelle.

Ils furent stoppés net:

- Hein ? Une semaine ?

Ah bah non au fait. J'leur avais pas dit.

- Bah ouais. Il me reste plus que sept jours à vivre dans ce corps de piaf.


Méanville. Ah, cette ambiance festive unique! Devant nous, au loin, nous apercevions la grande roue, le grand Pikachu gonflable et le toit de l'arène électrique de la ville avec ses montagnes russes. Des immeubles décidément plus bas que ceux de Volucité étaient ci et là, mais le toit somptueusement décoré et très discret du Music-Hall, les deux fameux stades de sports où jouaient les meilleures équipes et la somptueuse station de Méanville, point de départ de toutes les lignes de métro de la région surplombaient largement les habitations. Les gens étaient nombreux dehors, l'agitation citadine mais grandement et surtout touristique battait son plein. Que voulez vous, les vacances d'été sont propices à des villes comme celle-là: les marchands de souvenirs, ballons, et friandises fleurissent dans les rues, des animations toutes plus diverses les unes que les autres se créent, et les artistes de rue de la Route 5 démontrent leurs talents sur les trottoirs. Avec le temps magnifique en bonus, c'est vraiment le top. Mais bon, nous étions légèrement pressés ; les derniers événements nous ayant rappelé que nous n'étions pas là pour faire un fabuleux voyage, mais pour me sauver. J'avais renoué le ruban autour de mon cou, et rattaché la Compèt Ball. Avec notre vitesse de marche, elle partait sur le côté, et ça me donnait vraiment l'air classe. Je pense me permettre de profiter un peu de ce que j'ai, vu ma situation, non? Et puis, vu le...

- ATTENTION!

La terre trembla. Les touristes s'agitèrent, crièrent, s'écartèrent, laissant place à un Frison en furie débouler en pleine rue, toutes cornes et coupe afro devant, qui fonçait droit sur nous. Fire, comme pris d'un élan de sauveteur, se rua vers la bête, pila droit devant, inspira, puis cracha un fantastique Lance-Flamme, avant de se prendre QUAND MÊME le Pokémon qui traversa les flammes, démontrant ainsi son entêtement, de voler quelques mètres plus loin et de manger le bitume. Lilas se précipita pour soigner l'intéressé, et, allez savoir par quel coup du destin, Bisou se trouva maintenant dans la trajectoire du Frison. Je me remis sur mes pattes, vif comme l'éclair, courus, et bondis vers le bébé avant de me prendre AUSSI le Frison. Puis soudain, l'illumination. Je veux dire, celle de Bisou, ou du moins sa gueule, grande ouverte. Quand un titanesque faisceau de lumière blanche scintillante comme la glace au soleil fut fantastiquement et héroïquement expulsé droit vers le boulet bestial qui martelait les pavés. Quelques secondes plus tard, le nuage de givre se dissipa, je pus me relever (j'y étais habitué, maintenant) et constater l'ampleur de la puissance du nounours kawaï: le Pokémon Coud'Boeuf était littéralement gelé, dans un véritable iceberg à la forme effilée, témoignant de la congélation en pleine action. Le coupable de cet exploit sautillait gaiement en rigolant et répétant "Ze t'ai eu! Ze t'ai eu!" Chiottes. Qui aurait cru que Bisou maîtrisait Glaciation? Quand un homme en poncho, ayant la quarantaine, (et que j'avais déjà vu quelque part) avec une coupe de cheveux couleur feu totalement improbable, surtout à décrire, arriva en trombe sur les traces du Frison maintenant au congélo:

- Frison ! Frison ! Attends !

Goyah, le maître de la ligue Pokémon d'Unys.


Quelques excuses plus ou moins acceptées, l'aide de Fire pour décongeler le Frison, et tout rentra dans l'ordre. Mais... Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien foutre là ? J'aimerais franchement savoir quelles justifications le Destin a à donner. Goyah se pencha vers notre équipe:

- Eh bien! Merci à vous! Je n'ose pas imaginer ce qui serait arrivé si vous ne l'aviez pas arrêté!

Fire sourit, fier de lui:

- Oh, mais nous n'avons fait que notre devoir!

Lilas ajouta en souriant et en soulevant le Polarhume tout joyeux:

- Oui, on peut remercier Bisou!

J'acquiesçai d'un signe de tête, ne pouvant pas vraiment dire quelque chose, sinon être compris. Et Goyah me regarda étrangement:

- Dis-moi... Je ne te connaîtrais pas, toi?

Hein? Mais comment il peut... Le Fragilady et le Salamèche se tournèrent vers nous, eux aussi interloqués. Goyah réfléchit, et me présenta sa main:

- Allez. Viens. Approche, n'ai pas peur.

Je m'approchais doucement, définitivement pas convaincu, quand mon regard tomba sur la paume de sa main. Il y était profondément marqué " :D ". Je crois qu'il s'aperçut de mon étonnement et de ma réaction plutôt singulière de lancer un "MERDE !". Il rit alors, chercha quelque chose dans sa poche, et s'adressa au piaf préhistorique que j'étais:

- Tiens! Je suppose que ce doit être toi, Chris. Alors ceci te revient!

Il déposa un tout petit objet sur le sol goudronné, avant de sourire:

- Profite de chaque moment! La vie est courte!

Sans plus de mots, il éclata de rire, s'en retourna vers son Frison, lui flanqua une claque sur le flanc d'une force incroyable, et le Pokémon repartit en trombe. Goyah se sentit con pendant un instant, avant de se remettre à courir après le bestiau, en criant "Frison! Reviens!". Sans plus d'explications. Franchement ; quel personnage. Je les vis repartir ainsi, bref comme ils étaient venus, et allais voir l'objet qui devait me revenir: une petite clochette de métal à moitié fêlée. Je commence à en avoir plein le cul des mystères à deux balles. Et, à tous les coups, je parie que c'est pas demain que je saurai ce que c'est.


Et nous revoilà partis vers de nouvelles aventures, donc vers la Route 5 ; nous parcourions les dernières rues de Méanville. La dernière altercation nous ayant tous laissés perplexes , aucun membre de la troupe ne chercha à savoir d'où, pourquoi et comment Goyah avait l'air si au courant, mais, ayant vu le fameux symbole, je me doute bien qu'il doit avoir certaines... relations. Bref, avec la clochette en plus attachée au ruban blanc étoilé de jaune, y a pas à dire, c'était vraiment la top classe. Et en plus, elle ne fait même pas de bruit! Nan, sérieusement, ça craint.

- Dis-moi...

- Ah, tiens! Ça faisait un moment que je t'avais pas entendu! Ça va?

Fire hasarda:

- Heu... Moi?

Je le rembarrai:

- Ecoute, si je parle tout seul, c'est que je parle à la voix qui est dans ma tête.

- Oh, ça va! Excuse-moi de ne pas pouvoir l'entendre! lança le meneur, légèrement vexé.

Lilas expliqua à Bisou que je n'étais malade, et je m'excusai:

- Pardon. Mais garde ça en tête, à l'avenir. Alors, la voix de la raison, comment va?

- Mal depuis que je sais qu'il te reste que sept jours.

Aïe. J'avais presque oublié.

- Bof. Je sais qu'il me reste sept jours dans ce corps, alors c'est simple: soit je crève, soit je retrouve mon corps dans une semaine!

La voix balança:

- C'est pas le fait que tu crèves qui me chagrine, c'est le fait que, vu comme t'es parti, tu pourras pas accomplir ta mission.



[...]



J'me disais aussi.

- Désolé.

- Ouais, bah écoute, j'évolue pas, j'sais pas pourquoi, donc je marche. Voilà.

- Tu peux pas aller plus vite?

- GENRE QUOI?

- C'est ton boulot, de réfléchir, hein. Allez, j'te laisse, j'vais bouffer. Et bouge-toi!

Et il me laissa là, comme un con. Je tournai alors les talons, et me dirigeai vers le centre-ville. La voix avait raison. On devait se grouiller.

- Heu... Pouvons-nous savoir où comptes-tu aller, maintenant? demanda Lilas, prenant la parole pour toute l'équipe de secours.

- Changement de programme, lançai-je, déterminé et convaincu. On prend le métro!


Retour donc au centre-ville de Méanville. Pour se bouger un peu plus le train, nous prîmes un raccourci en passant devant le Grand Stade, jouxtant le Petit Terrain. Les matches du jour allaient débuter ; des supporters en folie rentraient dans l'enceinte du stade en hurlant, sifflant, hululant avec leurs cornes de brume, agitant leurs écharpes, et saluaient, en arguant ou en motivant les Quarterbacks qui pénétraient par l'entrée des joueurs, juste plus en bas, accompagnés de leurs Pokémon, qui leur ressemblaient en tous points. Ces tonnes de muscles et de virilité leur faisaient des signes, et rentraient tour à tour ; c'était une des équipes qui allait jouer aujourd'hui, selon les affiches. Fire s'arrêta alors, et se planta là, la tête tourné vers le stade. Lilas et moi nous en aperçûmes, et fîmes demi-tour:

- Fire! Tu viens?

Il ne répondait pas. Je remarquai alors l'expression qui se dessinait sur son visage: ses yeux scintillaient, comme s'il fut illuminé par une apparition ; il semblait se retrouver face à un but ultime qui n'était qu'à un pas d'être atteint. Bref, un sourire béat sur un corps fixe.

- Regarde-moi ça... souffla-t-il enfin. Tu t'imagines? Les compétitions, l'entraînement, les adversaires de haut niveau, la puissance que tu acquiers, l'esprit d'équipe, la persévérance, la santé, ton développement musculaire, la gloire des victoires durement mais honorablement gagnées...

- ... les courbatures, la sueur qui coule, la fatigue, le sang qui te monte à la tête, les muscles qui lâchent, les tartes dans la face, les défaites malgré ton entraînement acharné, les gamelles qui peuvent te handicaper, ta santé ? Le sport, quoi? continuai-je à ma façon en haussant les ailes. Ouais, je connais. Je déteste.

Il se tourna alors brusquement vers moi, comme désillusionné:

- Comment ça "je déteste"? T'es un homme, oui ou non?

Je protestai:

- Oh, ta gueule, hein, commence pas avec ça. Effectivement que je suis un mec, mais y a marqué nulle part que je dois aimer taper dans un ballon ou courir. Je ne suis pas contre une activité physique, mais en faire alors que ça nous plaît pas, je vois pas pourquoi.

- T'as plein d'avantages à commencer alors, mon pote, songea Fire en me reconsidérant en plissant les yeux. T'auras plus de muscles, tu pourras t'imposer et, qui sait, avoir une nana...?

Je gueulai ; vous me connaissez sur ce sujet :

- HÉ NANAB, SI J'AI BESOIN DE CONSEILS POUR AVOIR UNE PETITE AMIE, JE ME CONSULTERAIS, OK? J'TE SIGNALE QUE JE SAIS COMMENT S'Y PRENDRE!

Lilas essaya de me calmer, Bisou était amusé. Fire eut un sourire en coin:

- Ouais, vu ta réaction, t'en as pas. Mais, t'en fais pas va, c'est pas donné à tout le monde d'être aussi stylé que moi.

MAIS QU'EST-CE QU'IL A, LUI, AVEC SES ÉLANS MACHISTES?

- Fire, s'il te plaît, je te prie de bien vouloir arrêter, s'interposa le Fragilady entre le Salamèche et mon corps d'Arkéapti, en me barrant la route pour ne pas que je lui saute dessus.

- Bah quoi? J'ai des nanas quand je veux, moi! N'est-ce pas? lança-t-il avec un regard en coin à Lilas.

Cette dernière parut tout à coup fortement gênée, devint rouge coquelicot, puis hurla:

- FIRE! ARRÊTE TOUT DE SUITE! TU CONNAIS TRES BIEN MON OPINION A CE SUJET! ALORS BOUCLE-LA!

D'abord étonné d'entendre pour la première fois un mot légèrement argotique sortir de la bouche de cette créature sublimement fleurie, je fus ensuite envoyé à terre par Chef-fleur, avant qu'elle ne reprenne Bisou dans ses bras et parte rapidement. Lézard se sentit soudain coupable, se rendant compte de ce qu'il avait fait, et lui courut aussitôt après:

- Attends! Lilas! Excuse-moi!

Il la rattrapa au loin, puis se pencha vers elle, et lui murmura quelque chose. Moi, je restai en arrière ; après tout, ces histoires personnelles, elles sont personnelles, alors bon, je ne m'y intéressais pas. Pour le moment, évidemment. Fire se redressa, Lilas se tourna vers moi, m'appela. Je les rejoignis, et nous nous redirigeâmes vers le centre de la ville, avec Fire qui pointa une dernière fois le Grand Stade:

- J'te le dis! Moi, un jour, je serais un de ces gars! Le meilleur sauveteur ET surpuissant!


Nous revoici donc dans le centre-ville de Méanville, devant la monumentale entrée de la station mère. Des passants et des dresseurs par dizaines allaient et venaient, tous aussi pressés et enjoués d'arriver à destination ou de relever le défi du Métro de Combat. Vous savez, le Métro de Combat? En gros, vous prenez le métro, mais faites des combats Pokémon à l'intérieur, et les enchaînez jusqu'à en perdre un ou... en perdre un, en fait ; avec tout de même une pause tous les sept combats. Ouais, je sais, je ne vois pas POURQUOI dans un métropolitain, mais que voulez-vous, on va pas chercher. La tension était redescendue au sein du groupe, ce qui laissait le loisir à chacun de laisser exprimer son émerveillement ou son inquiétude:

- T'es sûr? hésita le Salamèche.

Je tournai la tête vers lui en plaisantant :

- Pourquoi? T'as peur de prendre le métro?

- C'est pas ça... C'est que, c'est plein de gens, et j'te signale que des Pokémon en liberté, ça prend rarement le métro.

- Il a raison, soupira Lilas, Bisou dans ses feuilles. Personne ne le prend... Et si il y avait des policiers?

Je souris:

- Vous inquiétez pas! Y a un début à tout! Et puis, je ne pense pas que les flics n'ont que ça à faire d'arpenter les couloirs des correspondances... De plus, ça m'étonnerait que leur dispositif de recherches aboutisse, vu que, rechercher un Pokémon, c'est pas très crédible... Enfin, pour les humains, ça l'est pas, rajoutai-je, ayant momentanément oublié que je parlais à une équipe de sauvetage. D'ailleurs, vous avez dû en arrêter, vous, des Pokémon salauds de première?

Le meneur rappela dédaigneusement:

- J'te rappelle qu'on n'est que rang Normal. Et aussi qu'on était assigné à surveiller la Route 1. Alors, si t'appelles un salaud de première une souche d'arbre qui bloque le passage, effectivement, on en a dégommé.

Puis, se dirigeant fermement vers l'escalier s'enfonçant dans le réseau, jura, la patte sur le coeur, et l'autre sur son Sac à Trésor, sur la poche de son étui de membre de la Guilde de Farfaduvet :

-Mais ça va changer! Les W.T.F. seront reconnus comme la plus amazing de toutes les équipes de secours! Celle qui aura traversé la région pour sauver un camarade Pokémon! Enfin, humain! Enfin, bref, pas comme ces WAKYA!

Lilas portant Bisou et moi marchâmes sur ses pas, nous regardant tous les deux, souriant de l'engouement de Fire, et se rappelant effectivement notre dette d'un milliard de Pokés. Bof, on verra ça plus tard. Nous entrions donc sans plus attendre.



Ah oui, effectivement, je pouvais parler à découvert ; le capharnaüm était tel qu'une voix venant d'on ne sait où reste une voix qui venait de nulle part, bref de n'importe qui.


[...]


BON, EN GROS, JE PEUX PARLER ET PERSONNE NE ME REMARQUE, PARCE QUE TOUT LE MONDE PARLE, OK? Après donc avoir rapidement rattrapé notre meneur, nous nous engageâmes donc à descendre le grand escalier, émerveillés de découvrir un nouvel endroit, n'ayant pour ma part jamais pris le train souterrain d'Unys . La station semblait être un véritable engrenage, chaque dent présentant l'embouchure d'une ligne ; l'accessibilité de certaines rames semblait réservée par endroits. Une troupe de gens encerclait un Topdresseur, qui semblait donner des informations "capitales" sur tel ou tel Pokémon montré ; une pancarte justifiait des travaux entrepris pour ouvrir une sandwicherie ; en somme, c'était vivant. Arrivés en bas de l'escalier grandiose, nous avançâmes entre les quelques touristes et dresseurs, jusqu'au monumental pilier central, où, sous une grande horloge indiquant l'heure, une carte des itinéraires offrait aux intéressés la direction à suivre pour prendre le train les menant à l'arrêt de leur choix, et par extension où ils veulent (ou presque) dans la région. Les passants ne semblaient pas trouver étrange que quatre Pokémon - bizarrement équipés pour certains - venaient se renseigner, et, entre nous, c'est tant mieux.

- Bon, y a huit lignes en tout. Et, pour aller à Parsemille...

Je pointai alors de la griffe un tracé coloré:

- Faut prendre la ligne Normale! La marron!

Le meneur remarqua gentiment, c'est-à-dire fit une remarque amusante de par la démonstration de son innocence quant au fonctionnement du principe du métro, tandis que moi, je savais ce qu'il en était *air supérieur*:

- Y a marqué là qu'elle mène à Rotombourg, et pas à Parsemille.

- Rotombourg, c'est le terminus ; Parsemille, tu vois, c'est la une, deux, trois... huitième station. Alors on go prendre la ligne Normale!

C'est à ce moment là qu'on entendit crier:

- COMMENT ÇA, PHIONE N'EST PAS ACCEPTÉ ?! MAIS JE ME FICHE DE SAVOIR S'IL EST ACCEPTÉ !

Nous jetâmes un coup d'oeil vers le lieu d'où provenait ces dramatiques si ce n'est désespérantes exclamations : Ludwig, alias le gars qui m'a capturé puis foutu en pension, alias donc LE dresseur qu'il fallait éviter, faisait un scandale. On le vit harceler le pauvre gars en tenue de service derrière le comptoir de la ligne Jaune qui lui rappelait les consignes pour cette ligne du Métro de Combat. On vit Ludwig piétiner, pester de nouveau, manger sa casquette, menacer le gars, faire face au chef de la sécurité, gueuler, insulter, se prendre une droite, se calmer, feindre de faire demi-tour, repartir à la charge, se faire virer, puis partir en grognant, vissant son couvre-chef d'été sur son crâne. Il se dirigea vers nous. Il me vit. Je le vis. Je jurai. Fragilady ne comprit pas, Fire non plus ; Bisou jouait avec sa goutte au nez. Ludwig s'écria:

- TOI !

Ni une, ni trois, je me précipitai vers la sortie, bondissant habilement de marche en marche, perdant quelques plumes au passage. Hélas, le dresseur avisé s'élança, et me plaqua au sol. Qu'est-ce que ça court vite, ces saloperies. Bref, il me retourna, me prit sous le bras, je me débattis vainement, me rendis compte que j'étais vraiment un incapable, et me reposa à terre, une fois revenus devant les W.T.F., sous les yeux ébahis du public :

- Ecoute, j'ai compris ; je vais pas te capturer. Mais... Tu peux juste me rendre un service?

J'étais prêt à riposter et à protester verbalement, mais, après avoir remarqué les centaines d'yeux rivés sur moi, je me contentai de laisser échapper un cri rauque. Je remarquai par ailleurs que je pouvais effectivement crier ; j'entends par là le son que j'aurais ouï si un Arkéapti comme les autres ouvrait son bec. Lilas essayait de sourire malgré tout, Bisou ne faisait rien, et Fire se pencha vers moi :

- Bof, ton cri. Faut que tu te perfectionnes.

C'est alors que Ludwig se jeta à mes pattes et se mit à chouiner, à supplier, à se plaindre, à raconter mélancoliquement toutes les dures épreuves de son odyssée à travers le monde amical, gentil, tout rose mais parfois un peu sale et salaud du monde Pokémon, donc à attirer tous les regards pleins de pitié de son audience, avant de me prier à genoux de venir à son secours, "le Destin s'étant acharné continuellement, nuit et jour, sans arrêt ni répit, sans interruption ni temps mort, bref tout le temps" sur sa pauvre petite personne qui ne cherche juste que l'amitié de ses fidèles compagnons de voyage et un peu d'argent par les combats gagnés pour survivre, s'étant exilé de son petit village abandonné pour fuir le manque d'emploi. Et, malheureusement, ça faisait son petit effet. Le public suivait ardemment le déroulement de l'intrigue, et, lorsqu'il eût fini de conter la tragédie de sa vie, il se tut, et me regarda, plein de tristesse et d'espoir. Silence complet. Que faire? Que dire? Que répondre? Je n'allais tout de même pas daigner hocher la tête au type qui m'a séquestré, envoyé face aux redoutables Zébibron (SI, C'EST REDOUTABLE) et m'a déposé dans un centre de reproduction arrangée où il y avait certains spécimens de Pokémon chauds bouillants qui ont failli me...

- Hoche la tête, lança Fire en me donnant un coup de patte dans l'aile.

Je fixai Ludwig. Il me fixait. Je déplaçai alors le bout de mon bec de bas en haut. Tout le monde laissa échapper un soupir de soulagement, applaudit, eut sa petite histoire sympatoche à raconter sur les réseaux sociaux, et Ludwig me prit dans ses bras, me serrant de tout son être. Je ne savais pas quoi penser. Je ne savais plus quoi penser. A ce moment là, j'eus l'impression de ne plus être humain. Réellement. Puis le dresseur me murmura d'un air malin:

- T'inquiète, mon pote, je te retiendrais pas ; mais le cinéma, j'suis bien obligé.

J'me disais aussi.


Nous attendions sur un banc, sur un quai plutôt vide. Ludwig était assis là, les bras croisés, et jouant des pieds. J'étais à sa droite ; le Salamèche, le Fragilady et le Polarhume faisaient les cent pas ou inspectaient les cartes ou encore jetaient des coups d'oeil aux distributeurs. Nous attendions tous le prochain train ; les W.T.F ayant posés leurs conditions : pas d'ordres trop ordonnant, et l'assurance qu'il nous accompagne jusqu'à notre destination. Je ne lui avais pas dit la vérité, c'est-à-dire que j'étais un humain qui s'est réveillé en Pokémon, mais je lui avais bien fait comprendre que je n'étais pas non plus sa boniche. Je tournai le bec vers le dresseur d'Unys, et redemandai, toujours pas convaincu :

- Tu me garantis que tu nous raccompagnes après?

Il lança:

- Puisque je te le dis! T'façon, j'aimerais bien savoir comment vous comptiez passer les tourniquets sans tickets...

- Même. J'ai jamais remporté de combat dans l'état dans lequel je suis, alors deux... Et puis, je croyais qu'on pouvait changer son équipe qu'entre sept combats? Ce sont les règles, non?

Il passa ses mains derrière sa tête, s'adossant contre le mur:

- Tu sais, leurs règles... J'ai reçu un appel de la pension lors du cinquième combat d'affilé, alors j'suis descendu à la station qui suivait pour aller chercher Phione à la pension, et quand j'ai voulu remonter, bah tu sais ce qu'il s'est passé... Mais bon, j'ai fait les quarante-sept combats nécessaires en Super Multi, alors plus que deux combats avec Bianca et j'affronte les champions! Et puis, j'te l'ai déjà dit, le délai est limité. Il me fallait une équipe le plus rapidement possible. Je vous ai vu, et je t'en remercie.

Il soupira soudain, puis se contenta d'un grand sourire juste après :

- Au moins, si j'avais mon Pokédex, j'aurais pu connaître vos capacités ; mais il faut dire que je m'y connais tellement que je suis quasiment sûr de les connaître! Et, vous, vous avez du potentiel!

Bon, je ne peux pas lui en vouloir ; il faut bien qu'il y croie pour avoir une once d'espoir, non? Et, à propos de son Pokédex, non, on ne lui rendra pas. D'une part parce que ce qu'il m'a fait le vaut bien, et d'autre part parce qu'on veut pas. Ouais, et alors? Vu comme c'est parti, ce truc pourrait bien sauver une région sans qu'elle ait recours à son niveau d'alerte 10, soit le maximal, qui sait.

- J'suis pas des masses en confiance, j'te dis, soupirai-je.

Il éclata de rire:

- Ah! Un Arkéapti qu'est pas des masses en confiance! Mais, tu sais, la confiance en soi, c'est primordial!

Je tournai la tête vers Ludwig, orgueilleusement:

- Je crois en savoir quelque chose, merci. Mais quand même, dans cette... situation...

Il prit un air professionnel et connaisseur, baissa la tête et se frotta le menton d'un air pas du tout naturel :

- Ecoute... Bon, faut dire que t'as pas des IV et une nature de rêve, mais t'es quand même un putain de Pokémon qui déchire sa race. Tes base stats sont énormes comparés aux Pokémon qui n'ont pas encore évolué. T'as un incroyable potentiel. Pas au max, mais quand même conséquent. Bref, t'as aucune raison de pas croire en toi.

Je m'inspectais, revoyais rapidement ailes, griffes, pattes, bec, plumes. Alors comme ça, je pouvais vraiment tirer quelque chose de tout ça?

- Et en plus, tu parles! lança le dresseur dans un éclat de rire. Franchement, t'en connais beaucoup, des Pokémon qui parlent?

Alors, y a mon Gardevoir, mon Shaymin, Zekrom, Noctunoir, Célébi, Latios, Latias, Genesect, Arceus...

- Et moi !

- Ah ! Alors t'es un Pokémon, toi !

Ludwig sursauta, se tournant rapidement vers moi:

- Heu... Pardon?

Je rétorquai et mis rapidement au courant, avec un air tout à fait normal :

- Nan, t'en fais pas, je parle à la voix de la raison, une voix dans ma tête ; me pose pas de question, j'en sais pas plus que toi.

Il ne broncha pas. Au moins, je savais désormais que la voix de la raison est un Pokémon!

- Me dis pas que t'en doutais?

- J'en sais rien, songeai-je. J't'ai jamais vu et tu veux pas me dire qui t'es, alors... Mais maintenant, le cercle des possibilités se rétrécit!

Le dresseur humain souffla:

- Putain, c'est chiant ton histoire.

Je me tournai vers lui et remarquai, à propos d'histoire :

- Au fait, Fragilady, Polarhume, Salamèche et moi t'aidons pour tes derniers combats dans le Métro de Combat et tout mais... J'te connais pas vraiment. Tu viens d'où?

Il se pencha, s'appuya sur ses cuisses, y posant ses avants-bras, et, regardant le sol dégueulasse du quai, souffla:

- Renouet. Au sud de la Route 1.

Je ne trouvais qu'une chose à dire, chose qui vint (trop) naturellement:

- C'est pas moche comme endroit.

Il soupira:

- Ouais, c'est assez joli. Mais à grandir là-bas, tu finis par rêver constamment à explorer des villes qui ont plus que quelques maisons. Alors je suis parti, en même temps que Tcheren, un ami d'enfance, et Bianca, une amie également.

Flashback. Tcheren? Le gars à l'épi sur la tête que j'avais affronté sur l'Etoile d'Unys, qui avait voulu m'aider mais qui s'est barré après avoir vu Zekrom et s'être fait traiter de débile après avoir raconté tout ce qu'il avait vu? Le monde est petit.

- Bref, continua-t-il, j'ai fini par tout voir d'Unys. J'ai combattu une organisation qui se faisait appeler la Team Plasma, et j'ai réussi mon coup aux dernières nouvelles.

Je me souvins alors de ces histoires sur ces gens dans le Sinnoh Matin. Un groupe de malfaiteurs qui se disaient défenseurs de la cause Pokémon, mais qui, en réalité, n'étaient que des abrutis de connard de merde (si je me souviens bien). Et dont le chef, Ghetis, s'est enfui, dont les conseillers, les Six Sages, ont été arrêtés, et dont sa soeur, Denice, m'avait causé bien des emmerdes. Ludwig poursuivit:

- Et puis... Bah, voilà, j'ai vaincu Goyah, j'ai le titre de Vainqueur de la Ligue d'Unys, mais toujours pas celui du Métro de Combat. Fuck it.

Je voulus en savoir plus, tout simplement car je savais qu'il y avait plus:

- En passant pas loin de Maillard, j'ai entendu une conversation au Musée à propos d'objets disparus, et puis ils parlaient d'un certain Galet Noir qui t'a été confié... Tu ne saurais pas ce qu'il est devenu? hasardai-je.

Il leva la tête, me regarda, sembla assez surpris, puis rabaissa la tête, et ferma les yeux, comme dépité et rempli de peine :

- Je n'ai pas été reconnu comme un héros.



[...]



Je ne compris pas, disons-le franchement :

- Heu... C'est-à-dire?

Il serra le poing, sans quitter son air déplorable :

- C'est-à-dire que Zekrom était censé me reconnaître comme un héros et m'aider lors de mon combat contre N, le fils de Ghetis, et son Reshiram. Il ne s'est rien produit. Bon, ça m'a pas empêché de lui foutre une raclée avec mon équipe ultra cheatée, mais quand je pense que j'aurais pu avoir Zekrom dans ma team... Plus aucun dresseur ne m'arrêterait... Et... J'ai quand même combattu contre des personnes voulant assouvir les Pokémon...

Il s'arrêta net, et ne dit plus rien. Ouah. Ah oui quand même.

- De toute façon, crois-en mon expérience, lançai-je gentiment pour le rassurer, faut pas croire ce qu'on nous raconte sur les légendes Pokémon. La vérité est beaucoup moins fleurie ; et je m'y connais.

Eh bien, la tentation de remontage de moral a foiré ; il bronchait toujours. Vu qu'on était en plein dans le sujet, je demandai alors, dans l'optique d'en savoir plus :

- Et... Qu'est-ce qu'il est devenu, ce Galet?

Il ravala, rouvrit les yeux, se leva, marcha au bord du quai et regarda les rails qui restaient toutes aussi désertes que la station (hormis les W.T.F. qui avaient compris que ce n'était pas le moment de venir s'immiscer), et déclara:

- Je l'ai...

Quand, pile au bon moment (<= ironie), une nana blonde, robe blanche, petit gilet orange, avec un béret vert et le sac assorti, débarqua comme une furie sur le quai en trépignant, déboula droit sur Ludwig, et le fit trébucher. Au bord du quai. Vifs comme l'éclair, Fire et moi nous précipitâmes, ayant vu la gaffe arriver de loin, et la nana un peu gourde se ressaisit rapidement et réagit également à la vitesse de la lumière. Nous retînmes donc tous les trois Ludwig par sa veste bleue et par son jean noir, et le tirâmes puis trainâmes sur le quai après de nombreux gémissements. Il n'avait rien dit, il restait tétanisé. La gourdasse blonde enchaînait les excuses et les révérences de politesse:

- Pardon pardon pardon pardon! Excusez-moi! Oh là là excusez-moi! Franchement sincèrement excusez-moi!

Fire réveilla notre accompagnateur choqué avec le feu, malgré les recommandations amicales de Lilas, mais bon, le principal, c'est qu'il se remit debout, bouillonnant :

- Bianca! Putain, tu fais vraiment chier à rentrer dans les gens comme ça! Calme-toi, à la fin!

QUOI?! C'est elle, Bianca? Celle avec qui on allait devoir combattre en équipe? La nana s'étonna:

- Ludwig! Je ne t'avais pas reconnu! Désolé, oh, que je suis désolé!

- C'est bon, ça va, ça va... Tu t'es ré-inscrite? C'est bon? souffla le dresseur en remettant sa casquette.

Elle fit un grand sourire:

- Oui! Tout va bien ; le métro arrive dans quelques minutes!

Puis elle nous remarqua (enfin):

- Hé, mais! C'est ton équipe?

- Ouais, lança Ludwig, en reprenant son air assuré qu'il semblait avoir perdu précédemment. Disons qu'ils sont momentanément mes partenaires, étant donné que la stratégie que j'avais prévu, et donc la team, ne peut être utilisée...

Fire s'avança vers Bianca, lui tendant la patte :

- Ouais, retenez le mot "momentané" ; vu qu'on est une équipe de secours, on fait ça surtout pour pouvoir prendre le métro avec lui après, puisqu'il doit nous accompagner pour les billets. Et oui, c'est plus rapide de faire comme ça.

Bianca fut surprise de voir tant d'humanité dans la manière de saluer de Fire ; elle serra finalement sa petite patte avec amusement :

- Quel drôle de choupinou Pokémon! Enchantée!

Réaction immédiate du meneur gonflé de testostérone, rugissant :

- HÉ! JE SUIS PAS CHOUPINOU, OKAY? J'TE DÉZINGUE QUI JE VEUX, QUAND JE VEUX, ET JE VEUX PAS AVOIR À FAIRE À DES FILLETTES!

Ludwig l'excusa, un peu dérangé :

- Ils sont plutôt farouches ; ils forment une espèce d'équipe d'intervention pour les Pokémon, à ce que j'ai compris.

Et, évidemment:

- Effectivement! commença Fire, croisant fièrement les pattes, prêt à faire leur pub. Contre les ennemis de la paix et les abrutis plein d...

Lilas me devança et lui mit ses feuilles sur la bouche :

- NON! Nous nous en passerons, d'accord?

Puis elle se retourna et fit une révérence:

- Enchantée, très chère. Excusez notre acolyte, il est quelque peu turbulent. J'espère qu'il ne vous importunera pas moins...

Bianca lui fit un signe de main, joviale :

- Salut!

Quand, soudain, ce fut le drame :

- Ooooooooooooooooohhhhhhhh! Il est trop méga super top choupinou!

Elle se pencha plus attendrie et plus sous le charme que curieusement, et prit le Polarhume (pour ceux qui n'avaient pas encore compris) dans ses mains, le cajolant et lui trifouillant les joues comme une peluche et le complimentant comme une de ces pimbêches qui semblent avoir des problèmes lorsqu'elles ont un truc trop choupinou dans les bras :

- Il est trop kawaï! Comment ça va? Comment ça va?

Bisou... Eh ben, faut croire qu'il aimait ça. Lilas insista quand même pour récupérer son protégé, et Bianca félicita gaiement Ludwig d'avoir une équipe aussi mignonne, Ludwig lui rappela que c'est pas le fait d'être mignon qui va nous faire gagner. Quand elle me reconsidéra. C'est pas trop tôt, moi qui attendait mon tour. Je m'avançai en souriant de tous mes crocs, tendant les griffes droites, quand:

- Heu... Ouais, bon, on peut pas avoir que des membres mignons, hein? souffla-t-elle en reculant légèrement, avec un grand sourire de remarque moisie qui veut bien passer. Connasse.
Et donc, après m'être pris un vent monumental, et que Fire ait tenté de me réconforter en me murmurant "T'en fais pas, on peut pas être parfait", Ludwig changea de sujet et débuta les explications:

- Bon, t'as de bons Pokémon, Bianca? On a le droit à deux Pokémon chacun par combat, j'te rappelle.

- Ouais, c'est bon, sourit-elle en enterrant sa tête dans son sac. Je les ai mis quelque part par là...

Et elle se mit à le fouiller en maugréant et en commençant à flipper:

- Je... Je suis sûre... Qu'ils sont par là... Je les... Je sais où...

Ludwig soupira, Lilas attendait patiemment, Bisou regardait attentivement, Fire semblait trouver ça lamentable, et moi, je ricanais dédaigneusement intérieurement, me disant que moi, je savais où étaient mes Pokémon. Puis je rectifiais cette phrase, en me disant que moi, je savais ranger mon sac.

- Les voilà! s'exclama-t-elle en brandissant (enfin) ses Poké Ball poussièreuses, toute souriante. J'ai pris mes meilleurs!

- C'est pas comme si t'en avais trente-six, souligna Ludwig. T'en as que six.

- OUAIS, BAH C'EST PAS MA FAUTE, HEIN!

- Bref. Je prendrais Salamèche et Fragilady pour le premier combat, décida le dresseur de Renouet, vu qu'ils sont pas mal, et que Fragilady est la seule à être à son stade final ; autant finir rapidement. Polarhume, qui a des capacités impressionnantes, et Arkéapti, qui a des stats pas mauvaises du tout, me serviront pour la finale, vu que nous ne pouvons que gagner, conclut-il avec la certitude de sa victoire.

- C'est nickel! De toute façon, j'les déchire tous! lança Fire en serrant le poing, avec Bisou qui l'imitait dans ses gestes.

- Ces prévisions me conviennent, approuva Lilas un peu peinée, bien que je ne comprenne toujours pas pourquoi ces batailles.

- J'te l'ai dit, c'est une question de savoir qui est le plus apte, ingénieux, et a le meilleur feeling avec ses Pokémon, rappelai-je comme si je l'avais répété trois cent cinquante-huit fois. C'est une manière de prouver que tu n'es pas un connard, en quelque sorte.

Ludwig me vit discutailler, et m'interrompit, pensant que quelque chose n'allait sûrement pas :

- Arkéapti? Tout te convient?

Je haussai les épaules:

- Si tu veux ; tant que tu nous accompagnes jusqu'à la station de Parsemille après, moi ça me va.

Bianca sursauta en criant. Ah ouais, c'est vrai, elle est pas au courant.

- HÉ! IL A PARLÉ!

- C'est une de ses particularités, mais on s'en branle, continua Ludwig, avant de prendre un regard plein de compétitivité. Notre but, c'est de gagner!

Puis, comme d'instinct, les deux dresseurs se tournèrent vers la gauche du quai, le regard brillant vers le tunnel qui s'enfonçait sous la terre:

- Nous y voilà!

Un cliquetis accompagné de crissements résonnants au loin se fit progressivement percevoir. Le bruit métallique amplifia rapidement avec celui de turbines échauffées, et, surgissant de la bouche obscure et crasseuse, les pavés lumineux d'acier poussiéreux pénétrèrent dans la station les uns à la suite des autres, défilant rapidement, en présentant furtivement les fameux terrains métropolitains à travers les vitres rayées ; ils roulaient de tout leur poids colossal sur les rails électriques étincelants, longeant délicatement dans un boucan d'enfer la bordure du quai, pour qu'enfin ce Séviper de fonte bien assez expérimenté décélère, puis soit étendu de toute sa longueur sur l'espace prévu à cet effet, avant de laisser échapper un souffle puissant, comme de contentement d'être arrivé à bon port. Nous nous rangeâmes sur son flanc, la figure éclairée par les lumières intérieures de la bête, épiant ses entrailles. Enfin, nous, je veux dire ceux dont leur partie supérieure de crâne dépasse la carrosserie, découvrant ainsi l'arrangement interne, tandis que ceux qui ne font que cinquante centimètres se contentent bêtement des salissures et des quelques discrets tags fluos couvrant par endroits restreints les wagons du train souterrain. Un bruit de décompression se fit alors entendre, et, dans un grincement propre à ces moyens de transports, les portes latérales de la machine coulissèrent en s'écartant, et laissèrent sur le côté quai de l'engin des ouvertures béantes pour les voyageurs désireux de s'insinuer et d'affronter la créature depuis ses boyaux.

Je pus alors contempler la décoration et l'arrangement de ces derniers, et ne pus qu'être stupéfait de l'ingéniosité des concepteurs ayant participé à ce projet quelque peu bizarre. Le volume des compartiments était tout compte fait beaucoup plus important que celui imaginé depuis l'extérieur ; les rangées de strapontins se trouvaient plaquées contre les parois froides et reluisantes, des barres verticales pour se cramponner étaient disposées aux coins des terrains, et des anneaux accrochés à une armature survolant les sièges susnommés pendaient à une hauteur raisonnable, tout ceci donc arrangé de telle sorte à offrir un terrain plutôt confortable pour n'importe quel mouvement et situation de combat. Même une émission TV de déco n'aurait pas pu faire mieux. Cependant, hauteur du plafond aux néons implantés oblige, certains Pokémon démesurés ne pouvaient décemment pas combattre ; mais un bon nombre le pouvait aisément. Les dresseurs amis d'enfance se regardèrent, prirent une inspiration plus ou moins mesurée, puis nous nous enfonçâmes tous dans l'habitacle, (relativement) prêts à relever les ultimes défis du Métro de Combat.