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La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty



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Informations

» Auteur : Moriarty - Voir le profil
» Créé le 02/10/2011 à 00:05
» Dernière mise à jour le 04/03/2019 à 03:43

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Suspense

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Chapitre 3: Une lumière brille
« Très bien, c'est un échec, mais nous reprendrons la prochaine fois, d'accord ?
-Draby. »

Après s'être réveillé, Bane avait fait subir un entraînement éprouvant à Draby, qui ne parvenait pas à voler.

« Mais nous pourrons tout de même dominer le monde ! Car je t'ai toi, un pokémon, et les autres n'en ont pas ! »

Il renvoya Draby dans sa pokéball, remballa ses maigres affaires, puis marcha le long de la route pour retourner à Litorella. Il se fit brusquement arrêter par un homme d'âge mûr.

« Toi ! Là !
-Qu'y a-t-il ?
-Es-tu un dresseur pokémon ?
-Oui. »

Enfin, enfin on reconnaissait sa puissance, sans doute l'homme devait-il avoir très peur.

« Moi aussi ! Faisons combattre nos pokémon en combat singulier ! »

Il existait d'autres dresseurs que lui-même ? D'autre humains bénéficiaires du pouvoir incommensurable des pokémon ? Bane se retrouva dépourvu, mais accepta.

« Très bien, Draby, voilà comment nous allons procéder, je ne connais pas très bien tes attaques, alors nous ferons ainsi : dès que je bougerai mon petit doigt, ce sera cette attaque aux flammes, lorsque je clignerai de l'oeil, ton attaque avec ta tête... »

Il se lança dans de longues explications sur les attaques, l'esquive, et la façon de bouger, tant et si bien que Draby se retrouva fort embrouillé.

« Pouvons-nous commencer ? Étourmi ! »

Le pokémon était l'un de ses nombreuses créatures volantes que Bane avait déjà vu parcourir le ciel.

« Charge ! cria l'homme. »

Bane fit un clin d'oeil forcé à Draby. Seulement, celui-ci dut se retourner et tenter de se rappeler à quoi il correspondait, ce qui rendait toute la rapidité et la surprise qu'octroyaient cette stratégie obsolète. Draby, paniqué, lui donna un violent coup de tête, ce qui, en réalité, bien que n'étant pas ce qui lui avait été demandé par le clin d'oeil, censé représenter l'esquive, s'était montré très utile. Le pokémon était alors tombé par terre. Bane cligna des deux yeux et Draby improvisa, lançant un jet de flammes sur le pokémon qui tomba. Le combat était terminé, la stratégie de Bane était ridicule, mais il avait gagné.

« Eh bien... Petit... Je t'avoue que ceci était mon premier combat pokémon, alors... Combien dois-je te donner ? Cent ? Deux cents ? »

Un éclair de lucidité passa dans les yeux de Bane.

« Mille.
-Mille ? Vraiment ? Tu fais des combats pour mille pokédollar ?
-Oui, j'en fais beaucoup. Et mille, c'est mon tarif. »

L'homme eut un mauvais rictus, mais paya devant le regard enflammé de Draby.

« Alors ce sera mille. »

Et il lui donna l'argent avant de s'en aller.
Bane alla à Litorella. Il se rendit au restaurant de la veille. La serveuse était la même.

« Toi ! Toi ! Comment oses-tu revenir ici ? »

Elle l'aurait sans doute écorché avec l'assiette qu'elle tenait dans la main s'il ne lui avait pas tendu soixante pokédollar, le prix des deux repas de la veille.

« C'est pour vous. Je reviendrai souvent ici.
-Toi ? Revenir ? J'ai contacté l'orphelinat, l'un d'eux s'est échappé. Étrangement, il correspond à ta description... »

Il sortit un billet de cent pokédollar.

« Je reviendrai souvent ici. Ce billet est pour vous. »

Elle regarda le billet, puis le fourra rapidement dans sa poche.

« Mais... Vous êtes un invité d'honneur, ici, monsieur. »

L'argent peut acheter beaucoup de choses. La politesse, notamment, même si celle-ci n'est guidée que par un hypocrisie certaine.
Dès lors, Bane trouva sa voix, il trouva ce qu'il voulait réellement faire. Il n'avait sûrement pas oublié son projet de dominer le monde, mais il voulait être dresseur. L'adrénaline d'un combat, le sentiment que l'on ressent lors de la victoire, car, en effet, il n'alignait que des victoires, choisissant avec soin ses adversaires pour qu'ils soient aisés à battre. Il se complaisait dans la victoire, et Draby aussi.
Alors, il avait trouvé son rythme de vie. Bien sûr, il ne demandait pas mille pokédollar, mais cent. Et il n'avait pas perdu un seul combat, sans doute parce que, pathétique par lui-même, il avait le don pour trouver des dresseurs plus pathétiques encore.
Le soir, il mangeait dans le restaurant, et laissait souvent des pourboires très généreux, qui avaient pour effet de lui accorder les bonnes grâces de toute l'équipe du restaurant.
Des dizaines de jours plus tard, et autant de séances de vol gâchées, sa fortune était faite. Il se trouvait dans une maison. Elle était charmante, immense, et surtout au cœur même de Litorella.

« Combien en demandez-vous ?
-Mille pokédollars par mois. répondit le promoteur. Plus les charges.
-Tenez, pour les deux premiers mois. Et en voici cent de plus pour vous, vous avez trouvé avec précision ce que je voulais, je vous remercie.
-Monsieur est trop bon.
-Sauriez-vous où je puis trouver un bon marchand de meubles ? Il y a beaucoup d'espace à remplir ici.
-Certainement.
-Vous êtes sûr que cette location ne me posera aucun problème avec la loi ? »

Le promoteur serra son billet.

« Certainement pas, monsieur. Si on vous interroge, dites simplement qu'elle est à vos parents, monsieur. »

Et il lui fit un clin d'oeil, avant de lui indiquer précisément où trouver dans la ville un magasin de meubles. Bane s'empressa des les acheter. Et il le fit avec un pincement au cœur, le magasin étant proche, beaucoup trop proche, de l'orphelinat où il avait grandi.
Y avait-il vraiment grandi ? En quelques mois, il avait appris plus qu'en dix années. Le travail. Le désespoir, l'amitié, la peur, la persévérance... Des choses contre la morale elle-même qu'il n'aurait sûrement pas apprises là-bas. Le mensonge, la valeur de l'argent. La valeur d'une poignée de main, le changement de point de vue, de vie, le changement de tout qu'un homme auquel on glisse un billet de cent pokédollar dans la main peut avoir.
Il avait grandi, un bon dans un nouveau monde. Mais il n'avait rien perdu de sa naïveté. Il y avait encore des choses qu'un enfant de dix ans ne pouvait pas comprendre. Des nuances encore trop compliquées pour son âge.
La différence entre l'ironie et l'humour, la cupidité des gens, l'égoïsme, la lâcheté, la traitrise. Mais cela, il n'avait pas de raisons d'y succomber, à condition de faire bien attention.
Il fit transporter des meubles, choisis avec soin, guidés par le goût horrible d'un enfant qui ne savait rien des siècles, des modes ou des associations possibles.
Ainsi, le lendemain, il se réveilla de bonne heure, courut à la fenêtre, et ce pour s'exclamer :

« Sinnoh est à moi ! »

Et en effet, il avait l'impression de posséder Sinnoh. Si Draby n'avait pas progressé d'un poil en vol, il avait au moins progressé en saut, et cela lui donnait l'espoir et le courage nécessaire pour continuer à suivre un dresseur pitoyable.
Au fond de lui, peut-être, Draby savait que ce dresseur ne lui apprendrait sans doute jamais à voler, mais, et il avait honte de l'avouer, il s'y était attaché.
Bane entra bruyamment dans le restaurant, lançant à la cantonade un :

« Bonjour, tout le monde ! »

Il se figea. Émilie se tenait avachie sur le comptoir. La serveuse lui faisait signe de s'en aller, mais Émilie leva la tête au dernier moment. Elle avait des poches creuses sous les yeux, aussi ne reconnut-elle pas Bane sur le champ. Mais au bout de quelques secondes, elle ouvrit les yeux tous grands, et se leva brusquement de sa chaise, la faisant tomber.

« Draby ! »

Le pokémon tenta de faire une diversion, sans pour autant lui faire le moindre mal, tandis que Bane prenait ses jambes à son cou.
Il courut sans bien savoir où il allait, bien que le chemin lui sembla familier. Puis Draby le rejoint, signe qu'Émilie ne le cherchait plus.
Bane comprit alors où il était en s'arrêtant. Il était à la falaise de la première fois, avec la même jeune fille. Et Bane put s'arrêter, et constater à quel point elle était jolie.
Dans l'orphelinat, Émilie et la directrice étaient les seules femmes. Et celle-ci était la plus jolie qu'il ait jamais vue.

« Alors ? Tu es revenu ? »

Son sourire lui mit du baume au cœur.

« Je suis si heureuse ! Nous allons pouvoir parler... Je n'ai vraiment pas beaucoup de personnes à qui parler.
-Moi non plus.
-C'est vraiment très gentil à toi d'être venu. Moi, je n'habite à Celésta qu'avec mes grands-parents, et ils n'ont jamais beaucoup de temps pour moi... Mais ici... »

Elle inspira une bouffée d'air.

« Ici, j'ai l'impression que Sinnoh m'appartient !
-Moi aussi !
-Vraiment ? Voilà qui nous fait beaucoup de points en commun, à nous deux, c'est vraiment amusant, tu ne trouves pas ?
-Oui, tu as raison. »

Il admirait la jeune fille. Qu'elle était belle. Il admirait son joli cou, son joli nez et sa jolie bouche. Il admirait son visage clair, ses rares sourires, mais malgré tout si francs. Il admirait son corps si finement dessiné, il admirait la façon dont les boucles si rondes de ses long cheveux blonds lui tombaient sur les épaules. C'est à peine s'il l'entendait parler. Il n'était même pas sûr de l'entendre. Il se contentait de répondre à son flot incessant de paroles par des paroles encore plus vagues mais qui la convainquaient.

« Et c'est pour ça, que moi, j'aimerais beaucoup vivre sans loi, me coucher n'importe quand, me lever à n'importe quelle heure, faire ce que je veux, et profiter la vie, la vivre comme elle vient de son début à sa fin. »

Cette phrase, Bane l'avait écoutée.

« Je ne suis pas d'accord. répliqua-t-il rapidement.
-Pardon ?
-Tu sais, je suis orphelin. Alors, ce que j'aimerais, c'est avoir des parents, l'amour qu'ils peuvent me donner pour me combler.
-Quand sont-ils morts ?
-Je ne sais pas... Bien après ma naissance, quoiqu'il en soit. Regarde, c'est leur photo, il manque le haut et la droite. »

Elle la regarda.

« C'est bizarre... Je me demande bien qui il pouvait y avoir à droite.
-Moi aussi.
-C'est dommage qu'il n'y ait pas leur tête. Car si ce sont bien tes parents, il doivent être d'une beauté exceptionnelle. »

Un compliment. Implicite, mais un compliment. Bane, qui n'aurait en temps normal pas compris de quoi il en retournait, compris sur le champ, puis rougit.

« C'est... Ça doit être vrai. »

Il y eut un long silence. Ecella s'allongea.

« Regarde les nuages avec moi ! »

Il s'allongea, et il s'amusa à inventer des formes grotesques, plus saugrenues les unes que les autres. Puis Ecella lui prit la main.
Si seulement tout avait pu s'arrêter à cet instant...