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La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty



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Informations

» Auteur : Moriarty - Voir le profil
» Créé le 26/09/2011 à 19:42
» Dernière mise à jour le 04/03/2019 à 03:28

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Suspense

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Chapitre 1: Là où tout commence
Cette histoire a commencé par un détail insignifiant. En réalité, il s'agissait d'un jeune homme, qui, allongé sur un horrible lit, regardait une photographie. Elle était coupée sur le haut et sur le côté droit. Ainsi, l'homme n'en voyait que la partie inférieure gauche. Deux corps, l'un d'un homme, l'autre d'une femme. Ils tenaient un bébé. Elle était déchirée vers la droite, ainsi, le jeune homme aurait été bien incapable de savoir si il y avait quelque chose ou pas sur la droite.
Mais il savait quelque chose. Il savait qu'il était le bébé.
Ses parents étaient morts dans des circonstances inconnues. En réalité, on ignorait s'ils étaient morts ou non. On l'avait trouvé, geignant, dans quelque endroit de la région, et on l'avait recueilli. On l'avait appelé Bane. Et comme on ignorait son nom de famille, on l'appelait juste Bane. Bane rien, Bane quelconque.
Mais cela ne posait pas de problèmes. Parmi les personnes que côtoyaient Bane, rares étaient celles qui pouvaient se vanter d'avoir un nom. Car Bane logeait dans un orphelinat.
Un orphelinat en campagne. La ville la plus proche se nommait Litorella, et Bane rêvait d'y aller. C'était un petit rêve, un rêve tout simple, mais dans une vie où on ignore tout du monde extérieur, ce sont ces rêves qui motivent et font des miracles.
Il connaissait les enseignements rudimentaires. Un peu de géographie, assez pour savoir qu'il était dans la région de Sinnoh.
Il avait dix ans, un teint frais, une crinière de cheveux bruns, et il avait toujours le sourire aux lèvres.
Mais il faut dire qu'il n'avait pas beaucoup d'amis. Car, parmi ceux qui n'ont pas de parents, il y a ceux qui sont timides, en quête d'amitié, et qui tentent de voir la vie du bon côté. Bane en faisait parti.
Mais il y a aussi ceux qui s'endurcissent, et déversent leur tristesse sur les premiers. Bane était la personne parfaite. Car il croyait que le pouvoir de l'amitié pouvait tout faire. Alors, il ne dénonçait pas ses camarades lorsqu'il se faisait frapper, allant même jusqu'à les considérer comme ses amis.
Cet orphelinat était dirigé par deux personnes. La première était une femme sèche, célibataire de quatre-vingt ans. L'autre était une femme aimante, d'une vingtaine d'années, qui respirait la jeunesse et la franchise, qui était gentille, et éprouvait beaucoup d'amour pour Bane, se considérant presque comme sa mère, guidé par ce sentiment qu'est la pitié, et le faisant passer pour de l'amour.
Elle était prête à n'importe quoi pour mettre du baume au cœur des orphelins, mais ne trouvait rien. L'orphelinat lui-même n'avait pas beaucoup d'argent.
Et Bane était allongé sur son lit. Il regardait sa photographie, et il pensait qu'il avait une famille qui l'aimait, une famille qui l'emmènerait loin de tout, et qui lui ferait vivre une vie hors-du-commun.
La jeune femme entra. Elle s'appelait Émilie, avait des cheveux roses, et était la générosité personnifiée.

« Bane... Tu mangeras quelque chose, ce soir ?
-Je n'ai pas faim. fit Bane d'une voix triste.
-Tu dois manger. À ton âge. »

Il tourna sa tête vers Émilie. Ses yeux larmoyants le regardaient.

« Tu as raison, Émilie. Apporte-moi quelque chose.
-Bien. »

Elle sourit, sortit, puis revint, avec un bol de soupe froide faite avec quelques pauvres légumes.

« Je me demande, Émilie... Qu'est-ce que je pourrais faire, une fois sorti d'ici ?
-Eh bien... Je ne sais pas... »

Bane eut un regard triste. Émilie fronça les sourcils en levant les yeux.

« Eh bien... Je vais te raconter une histoire passionnante.
-C'est vrai ?
-Oui. Et elle existe pour de vrai.
-Raconte !
-Eh bien, nous sommes dans un monde où, sur la terre, dans les airs, et sous la mer, se trouvent des créatures étranges, aux grands pouvoirs.
-Elle peuvent tout faire ? À quoi ressemblent-elles ?
-Chacun a un pouvoir particulier. On les appelle les pokémon !
-Les pokémon ?
-Les pokémon.
-Mais... Pourquoi n'y en a-t-il pas ici ?
-Parce qu'ils vivent cachés. Cachés dans les hautes herbes, cachés dans la mer, dans les arbres...
-Mais j'en veux ! Je veux des pokémon, moi !
-Il y en a qui se sont faits aimer par les pokémon, et les pokémon leur on prêté leur puissance. Alors, ils se combattent entre eux. Ce sont des dresseurs pokémon.
-Dresseur ? C'est un métier ?
-Un métier qui fait gagner beaucoup d'argent.
-Ce doit être le meilleur métier du monde, pas vrai, Émilie ?
-Peut-être, Bane, peut-être.
-J'aimerais bien dresser mon propre pokémon !
-Ah oui, et comment serait-il ?
-Il serait grand ! Et fort, et il me protègerait de tout ! Et je l'aimerais ! »

Elle sourit.

« Ce serait bien... Bonne nuit !
-Bonne nuit, Émilie ! »

Il l'enlaça, elle l'embrassa sur le front, et il partit s'endormir. Avant, il regarda sa photographie.

« Bonne nuit, Papa, bonne nuit, Maman. »

Il l'embrassa, geste puéril, avant de se laisser aller aux plaisirs du sommeil, d'un sommeil de rêves, d'un sommeil de dressage. Un pokémon, bien qu'il n'en connaisse pas l'apparence et s'imaginait des rêves bien éloignés de la réalité, il était heureux.
Il se leva très tard. À l'orphelinat, il n'y avait pas grand chose à faire, sinon parler. Et parler, Bane n'aimait pas ça. Il était timide, rêveur et globalement naïf.
Il ne savait pas se faire des amis. Il pouvait passer des heures entières à parler de lui, et était beaucoup trop franc pour ne pas énerver quiconque lui parlait de lui.
Alors, entre deux repas, il s'inventait des amis imaginaires. Et, même s'il était bien trop vieux pour ça, il y prenait plaisir.
Ou alors, il fermait les yeux après avoir regardé sa photographie, et s'imaginait que ses parents étaient vivants, qu'il leur parlait et qu'il recevait un peu d'amour, un peu d'éducation.
C'était un peu imbécile à avouer, mais il se les imaginait décapités, car il n'avait pas assez d'imagination pour inventer le haut de la photographie.
Émilie le comprenait. C'était pour cela qu'il était seul dans une chambre, là où d'autres se la partageaient en deux ou en trois. Et comme toute société, de la plus civilisée à la plus barbare, tout avantage injustifié est puni, Bane se faisait frapper, par ceux qu'il appelait ses amis, faute de connaître le vrai sens de ce mot, ou plutôt l'attachement profond que l'on peut ressentir lorsqu'on a un ami.
Il reçut ses repas directement dans sa chambre. Il n'aimait pas manger seul.
Le soir, comme tous les soirs, Émilie venait lui souhaiter une bonne nuit. Malgré le grand âge de Bane, il gardait des besoins d'enfants bien plus jeunes, tel que celui d'entendre une histoire avant de s'endormir.

« Une histoire ?
-Oui ! Une avec des pokémon ! Et des dresseurs, aussi !
-Laisse-moi réfléchir... J'ai une idée ! C'est l'histoire d'un dresseur.
-Quel est son nom ?
-Il s'appelle Bane, c'est le plus puissant dresseur du monde !
-C'est moi ?
-Oui, c'est toi. Et alors, ce dresseur a un très puissant pokémon.
-Vraiment ?
-Oui... Il s'appelle...
-Il s'appelle Rudolphe ? Si j'avais un pokémon, j'aimerais beaucoup qu'il s'appelle comme ça !
-Oui, il s'appelle Rudolphe. Et c'est un pokémon très puissant ! Dès que quelqu'un embête Bane, celui-ci appelle Rudolphe, et celui qui l'embête le paiera très cher. Alors, ils deviennent tous ses amis.
-Et ça va m'arriver ? Tu crois qu'un jour, j'aurais vraiment Rudolphe ? Et qu'il va m'aider dans tout ce que j'entreprendrai ?
-Sûrement, si tu le penses très fort ! Bonne nuit. »

Elle lui embrassa le front. Bane souhaita la bonne nuit à la photographie, puis s'endormit.
Bane se réveilla de bonne heure. Il ne le voulait pas, mais des orphelins plus âgés que lui l'avaient frappé durant son sommeil. Bane les connaissait très bien.

« Salut, Bane ! Viens, on va jouer, comme des amis !
-Oui ! »

Il le tirèrent de son lit, puis les deux premiers l'immobilisèrent, et le troisième lui donna un coup de pied dans la tête. Il se mit à pleurer.

« Arrêtez ! Arrêtez !
-Et pourquoi on ferait ça ? On est juste en train de jouer, comme des amis ! »

Il lui donna un autre coup.

« Si jamais vous continuez, je vais appeler Rudolphe ! Vous n'êtes pas mes amis ! »

Il s'arrêtèrent, le regardant avec des yeux ronds.

« Rudolphe ? Encore un de tes amis imaginaires ?
-Non, c'est mon pokémon ! »

Il restèrent bouche bée, puis se mirent à rire, puis à le rouer de coups.

« Rudolphe ! se mit à crier Bane. Rudolphe ! »

Ils le frappèrent de leurs poings musclés jusqu'à s'en fatiguer, s'en lasser. Et Bane pleurait. Ils finirent par s'en aller.

« Vous verrez ! Je vais penser très fort Rudolphe, et il viendra pour m'aider, la prochaine fois. »

Il se mit à pleurer, longtemps.

« Papa, Maman, pourquoi êtes-vous morts ? Pourquoi ne m'aidez-vous pas ? Est-ce que vous aviez des pokémon ? »

Jusqu'à la nuit, il pensa très fort à Rudolphe, à ses parents, jusqu'à se mettre à pleurer. Le soir, il raconta l'incident à Émilie qui ne la crût pas, les garnements bénéficiant d'un solide alibi, sans doute obtenu à renfort de coups.

« Tu sais, tu n'es pas obligé de t'en servir comme ami.
-Rudolphe n'est pas venu... Je croyais qu'il m'aiderait si je pensais à lui très fort, comme tu m'as dit. Tu m'as menti ?
-Pas vraiment... Un jour, toi aussi, tu auras un pokémon, je suis sûr que tu seras un très grand dresseur !
-C'est vrai ?
-Oui, tu seras le meilleur dresseur du monde, tu gagneras beaucoup d'argent, la reconnaissance de tes pairs, et des amis parmi les plus chers qui, eux, ne te laisseront tomber pour rien au monde. Tu reviendras me voir, ensuite, hein ?
-Oui ! Je reviendrai, si tout ça se réalise. Est-ce que...
-Quoi ?
-Est-ce que je peux avoir une autre histoire ? »

Attendrie par le regard de l'enfant, Émilie se mit à avoir pitié, puis à faire travailler son imagination au maximum.

« Eh bien... Je vais te raconter une histoire très simple. Je ne sais pas si tu le sais, mais tout le monde peut-être dresseur, à partir de dix ans.
-Dix ans, c'est mon âge ! Je pourrais être dresseur, cette année ?
-Il te faudrait déjà un pokémon, mais ils sont interdits dans cet orphelinat. Quoiqu'il en soit, cet homme a dix ans, et il a un pokémon, qui s'appelle Rudolphe. Il s'appelle Bane.
-Tu triches, c'est encore moi !
-Et il quitte l'orphelinat où il est né, avec ses pokémon, pour aller vivre à Litorella. Alors, il a un beau métier, dresseur. Une belle femme, et il a de beaux enfants, qui deviennent dresseurs aussi. Et alors, Bane est tout content, car il a crée une superbe famille.
-Je voudrais vraiment avoir un pokémon. Un vrai de vrai, rien qu'à moi.
-Mais tu l'auras ! Et tu l'appelleras Rudolphe!
-Tu crois ?
-J'en suis sûr. Bonne nuit. »

Elle fit se coucher. Bane était heureux, il voulait avoir ce pokémon, et pour un garçon naïf qui ne connaît qu'une partie reculée du monde, tout est possible. Et tout est réalisable, aussi.
Bane voulait vraiment trouver ces pokémon, pour devenir un très bon dresseur, comme Émilie l'avait dit. Et il reviendrait, et il l'épouserait. Parce qu'à cet âge là où l'on ne peut pas faire la différence entre l'amitié et l'amour, car ils se font rares, on les confond souvent.
Émilie tira les rideaux, éteignit les lumières, puis bailla.

« À demain, Bane !
-À demain Émilie. Et...
-Quoi donc ?
-Dis-moi, des histoires de dresseurs, tu m'en raconteras d'autres ? »

Émilie eût un sourire.

« Tous les soirs. Bonne nuit. »