Smirnoff : Renaissance de Domino

« Un chat est enfermé dans une boîte avec un flacon de gaz mortel et une source radioactive. Si un compteur Geiger détecte un certain seuil de radiations, le flacon est brisé et le chat meurt. Selon l'interprétation de Copenhague, le chat est à la fois vivant et mort. Pourtant, si nous ouvrons la boîte, nous pourrons observer que le chat est soit mort, soit vivant. »
(Extrait de l'article Wikipédia « Chat de Schrödinger »)

« Si l'on pouvait croiser l'homme et le chat, ça améliorerait l'homme, mais ça dégraderait le chat. »
(Mark Twain)

« Tous les chats sont mortels, Socrate est mortel, donc Socrate est un chat. »
(Eugène Ionesco)


- Mes parents… sont morts.

Le thérapeute hocha la tête.

- Ma mère a été abattue parce qu'elle avait été considérée comme impropre au travail de laboratoire, et mon père a été pendu à un crochet de boucher.
- C'est très bien, Dimitri.
- J'ai tout vu. C'était horrible. J'étais petit. J'avais… douze ans. Avant la guerre, j'étais bien, j'étais heureux. Maintenant j'ai dix-sept ans… et je ne sais même pas si je suis heureux ou pas.

Le docteur Graham hocha la tête.

- Excellent.
- Vraiment ?
- Vous êtes sorti de votre état d'euphorie permanente, vous avez ouvert la porte au réalisme et à la réalité, c'est très bien.
- Docteur, je ne sais pas si je suis heureux. Comment je le saurais ?
- Aucun être humain ne le sait. Votre état de certitude permanente était incompatible avec la vie en société. Grâce à votre séjour, vous avez réalisé que vous étiez un être humain avec ses peurs, ses craintes et ses incertitudes. Vous avez grandi en tant qu'être humain.

Dimitri grimaça.

- Je voudrais m'excuser auprès de Yann. De monsieur Winchester. De monsieur Finsbury… Je voudrais dire à Rose combien elle m'a blessé. A Maître Roland… qu'il a été à la fois un monstre et un grand exemple pour moi. Ce n'était pas correct d'exploiter ma simplicité d'esprit comme ça, mais c'était honorable à lui de me respecter comme j'étais.

Le docteur Graham observait.

- Je peux sortir ?
- Vous avez reçu des visites de messieurs Winchester et Finsbury.
- Ah… c'est gentil…
- Vous ne pourrez pas sortir sans l'aval de la personne qui vous y a fait entrer. Yann Winchester.

Dimitri acquiesça.

- Cela semble… logique. Ok. J'attendrais.
- Nous l'appellerons d'ici quelques jours. Retournez avec les autres adolescents du centre.

Dimitri acquiesça et sortit du bureau du docteur Graham. Il passa devant la réception.

- Salut Candice !

La réceptionniste ne répondit pas à Dimitri. Interdiction de parler aux fous. Elle ne lui parlera que pour lui dire au revoir.

Dimitri rejoignit la salle de divertissement. Il s'assied face à une jeune fille aux longs cheveux noirs qui restait ici à lire des livres à la vitesse de la lumière.

- Tu lis quoi ?
- Le cœur révélateur, dit-elle, très vite.
- Et ça parle de ?
- Nos pêchés qu'on laisse sous un plancher et qui reviennent nous hanter comme les battements d'une horloge vengeresse.

Dimitri acquiesça.

- Ca a l'air bien !
- Oui.

***

- Putain…

Marche dans les hautes herbes.

- Putain de merde…
- Je sais, hein…

Finn regarda Malcolm qui souriait faiblement.

- Rien, ouais… On ne trouve rien.
- Où ce gamin peut bien être…
- J'ai l'impression que ce n'est pas la première fois que tu penses ça… marmonna Malcolm.
- Passé les quarante-huit heures, ça tiendrait du miracle qu'on le retrouve…
- Ok. Qui va dire ça à Roland ?
- Je comptais sur toi.

Malcolm haussa les sourcils.

- MOI ?
- T'es son meilleur pote, nan ?
- J'me vois pas… enfin, mal… Ça va le démolir ! Et je t'avoue que de savoir qu'on abandonne les recherches pour mon neveu…
- J'suis pas mieux, j'te rappelle quand même que je suis le mari de sa sœur, ça me touche forcément un peu aussi.
- On peut pas abandonner. Attends demain ! Demain, Roland sera résigné.
- Ce matin il avait un regard de fou. C'était tendu même avec Rachel.
- Je crois avoir entendu du bruit chez eux, hier soir, ils ont eu une nuit agitée…
- De l'eau dans le gaz ?
- Nan… Nan, franchement…

Finn leva les yeux au ciel.

- Vieux, leur gamin a disparu, tu crois vraiment qu'ils font la fête depuis quelques jours ?

Malcolm se mordilla les lèvres. Claire arriva derrière eux.

- Vous parlez de quoi ?
- D'arrêter les recherches… soupira Malcolm.
- Ah… Je vois… Attendez les conclusions de l'enquête de Rachel et de l'inspecteur Nolan, Roland sera peut-être plus compréhensif après ça.

Malcolm et Finn acquiescèrent.

***

- David !

David, qui cherchait Ethan aux côtés de Lily, se retourna vers Denis.

- Tu peux pas rester en position plus de cinq minutes ? Ca te fait chier à ce point de chercher Ethan ?

Lily leva les yeux au ciel.

- Je vais avec Colin ! Calme ta joie, David !

Lily laissa les Feux de l'Amour seuls.

- Tu crois que c'est le moment pour parler ?

Denis regarda David au milieu de la plaine herbeuse.

- Je suis fâché, David, je tenais à te le dire !
- …
- Je… Ton frère a un problème et d'un coup je deviens de la merde ! Je croyais qu'on était une famille, nous aussi ! Toi, moi et Perrine !
- Denis, Ethan est dans une situation abominable. Si Perrine était kidnappée, tu serais bien content d'avoir des gens forts comme les gens de ma famille derrière nous pour la retrouver !
- … La force ne fait pas tout, David.
- En attendant c'est tout ce qu'on a, là. Dans cette situation pénible. Où ton comportement est carrément indécent.

Denis fronça les sourcils.

- David, merde ! Garde ton sang-froid !! Tu prends ça beaucoup trop à cœur !!

David gifla Denis. Le libraire regarda David, estomaqué.

- C'EST… MON… NEVEU !!! LE FILS DE MON FRERE !!! EVIDEMMENT QUE JE PRENDS CA A CŒUR !!! NON MAIS POUR QUI TU TE PRENDS A ME DIRE DE GARDER MON SANG FROID ???

Denis se mit à pleurer. Il essuya ses larmes et regarda David.

- … quand… quand tout ça sera fini…

David fixait Denis, méprisant.

- … tu pourras garder l'appartement et la petite.
- … hein ?
- Je ne peux… Je ne peux pas rester avec quelqu'un qui ne voit plus ce qu'il y a autour de lui quand son frère a besoin de lui…

David grimaça. Denis craqua et fondit en larmes.

- Je suis désolé, David.

Il tourna les talons. David se retrouva seul dans la plaine…

… se sentant terriblement con.

***

Banlieue de Cimetronelle.

- Vous voulez vraiment savoir ça ? s'étonna Nolan.
- Ca fait trois jours que je vous appelle Nolan !
- Ouais, c'est mon nom de famille, tout le monde m'appelle Nolan… et vous voulez connaître mon prénom ?!
- Pourquoi pas. Vous savez tout de moi ! Y compris que je suis une idiote.
- … Vous allez vous foutre de ma gueule !
- Raison de plus.

Nolan soupira.

- Sacha.
- … Comme le héros de « All My Pokémon » ?!!
- Ouais. Merci pour la référence à la con !
- TROP FORT !!! Hahahaha !
- Connasse… Bon maison suivante…

Ils s'arrêtèrent devant la baraque délabrée.

- Précision : Une famille de six personnes réside ici.
- Précision utile, vu d'ici on dirait un bidonville.
- Bienvenue en banlieue ! On ne fera que les maisons dites « suspectes », ne vous étonnez pas de voir des gens carrément glauques.
- Bien…
- La mère de cette famille prend du crack !
- Inutile de me faire peur !

***

- C'est quoi… une chauve-souris avec une perruque ?
- … je sais pas…
- Une souris ! sourit Yann.

Amy regarda Yann, grimaça et ricana.

- N'importe quoi ! Quelle blague pourrie !
- Dans quelle ville le vent est frileux ?
- … euh…
- Vancouver.

Amy secoua la tête.

- Yann, tu as dix-sept ans !
- Très bien, très bien. C'est trois souris qui discutent dans leur terrier. La première dit : Moi, j'arrive à prendre le fromage sur la tapette sans me faire tuer ! La seconde dit : Moi je mange le fromage plein de mort aux rats et j'ai même pas mal au ventre. La troisième, elle se dirige vers la sortie. Les autres la regardent et lui disent : Bah tu vas où ?

Amy plissa les yeux.

- Et elle répond : J'y vais, c'est l'heure d'enculer le chat !

Amy pouffa de rire. Yann sourit.

- OH MON DIEU ! YANN WINCHESTER !!!
- Je sais, je sais !
- Ce sera répété à tes parents !
- Nan ! Eh, nan ! Ils vont me tuer !
- Si si !!! Je vais me faire un plaisir !! ricana Amy.
- Déconne pas !!

Amy se mit à courir et Yann à la poursuivre. Colin, accompagné par Estelle, les remarqua.

- Ca avance, les recherches ?!

Amy et Yann regardèrent Colin qui penchait la tête. Yann acquiesça.

- Oui oui !
- Cool, cool…

Colin et Estelle s'éloignèrent. Amy et Yann ricanèrent.

***

- Je pense qu'on devrait parler un peu…

David regarda Charlie.

- Je suis pas là pour te faire la morale, David, s'entend bien. Je sais que tu n'aimes pas ça.

David acquiesça.

- Mais… faut avouer que t'as été carrément violent avec Denis ces derniers jours.
- Je… je sais, mais… pour une fois…

Charlie regarda David qui semblait décontenancé.

- Pour une fois que je peux vraiment aider Roland !
- David, c'est juste ton frère ! Moi et mes sœurs on a des rapports cordiaux mais on n'est pas non plus là en totale solidarité, tu vois ? Bon, j'ai toujours eu des rapports plus faciles avec Marine qu'avec Christine, mais on garde nos distances les uns des autres. Quand Christine a eu un de ses jumeaux à l'hôpital pendant deux semaines… je me suis contenté de l'appeler !

David acquiesça.

- Je comprends qu'avec ton frère il en va autrement, vous êtes très proches, tu l'aimes beaucoup, il t'a accueilli quand tu étais dans la merde…
- J'veux lui rendre ce qu'il m'a donné…
- Je comprends ça. Mais tu as une vie et tu dois aussi la préserver. Denis est un mec super.
- Ouais, carrément…
- Tu as beaucoup de chance de l'avoir. Lui et toi c'est parti pour durer des années, franchement !

David se mordilla les lèvres.

- Je l'ai giflé et il a rompu…
- Tout peut encore se rabibocher, David. Tu étais énervé, il était désespéré…
- Le pire c'est que… il… il veut me laisser son appartement…

David sanglotait.

- Il est trop… trop gentil…
- Et toi tu as été un bel idiot.
- Voilà !
- Tout peut encore s'arranger…
- Tu crois ?
- Mais oui. Si tu t'excuses sincèrement, il te pardonnera. La situation est exceptionnelle. Hein ?

David acquiesça.

- Merci… pourquoi tu fais ça ?

Charlie regarda en l'air.

- Deux raisons. La première c'est le code d'amitié gay qui m'oblige à faire quelque chose pour toi.

David sourit.

- Et la seconde c'est qu'un jour, un jeune homme très courageux a osé m'avouer qu'il avait eu une incartade avec mon mari, et c'est resté pour moi comme la preuve que ce jeune homme valait la peine qu'on le soutienne.

David plissa les yeux et serra Charlie dans ses bras.

- Merci…
- De rien, mon bonhomme. Promis, si un jour toi et moi on est célibataires, on se mettra ensemble par dépit !

David éclata de rire. Charlie sourit.

***

- Les mecs sont toujours énervés pour rien !

Denis regarda Léopold, intrigué.

- Il n'est pas en rogne après toi, il est en rogne après… son impuissance. Ce qui l'embête c'est d'être inutile. Il voudrait ramener Ethan à son frère, sur un cheval blanc, sur un coucher de soleil… Sa fierté de frère et d'homme est en jeu. Donc il déraille.
- … ça veut dire qu'il m'aime encore ?
- BIEN SUR ! Ça n'a rien à voir. Il s'énerve contre toi parce qu'il ne peut s'énerver contre rien d'autre. Il est frustré !
- Et je dois faire quoi ?
- Attendre qu'il vienne ramper et s'excuser !!

Denis haussa les sourcils. Léopold hocha mécaniquement la tête.

- Eh ouais ! Eh ouais !!
- Mais… je veux pas qu'il rampe, moi ! Juste… juste qu'il s'excuse et… qu'il me reprenne dans ses bras, comme avant…
- Que tu es naïf !
- Je pense plutôt que c'est toi qui es un peu trop sceptique…
- … ah ?
- Bah oui… les choses sont simples et claires, inutile d'y chercher… quelque science gay venant de je ne sais où.

Léopold acquiesça.

- Je veux un deuxième enfant…
- Ah.
- Mais avec ce qui se passe en ce moment, impossible d'en parler à Charlie !
- Prends ton mal en patience… « Euh, c'était pas lui qui était venu pour m'aider au départ ?! »

***

- Tu crois qu'il faudrait éloigner Roland des recherches ? s'étonna Colin.
- Je le pense. Mais il n'a pas l'air de vouloir… marmonna Estelle.
- Ca fait trois jours, ça commence à faire long.
- Oui… mais… Roland ne voudra pas arrêter.

Colin plissa les yeux.

- On pourra pas rester éternellement ici !
- Tu as raison, mon chéri… Mais ça, il va falloir le faire comprendre à Roland…
« HEEEEEEEEEEEEY !!! »

Estelle se tourna vers la voix de Kate.

« ON A QUELQUE CHOSE ! »

Libégon tournoyait dans le ciel en poussant des sifflements.

- OH MON DIEU !

***

- VITE, DAVID !
- ILS L'ONT TROUVE !!!

***

Roland courait vers le point montré par Kate, désespéré.

***

- Putain, faites que…
- Tu m'étonnes ! souffla Malcolm.
- On croise tous les doigts !! geignit Claire.

***

- AAAAAAAH !!!
- T'es obligé de crier comme ça ?! s'étonna Denis.

***

- OUAIS ! ENFIN UNE BONNE NOUVELLE !! sourit Yann.
- Ne sonnons pas victoire trop vite… marmonna Amy.

***

Kate pleurait. Bernice lui tapotait l'épaule.

- Arrête…
- Roland va me tuer !
- Mais non… Courage.

Tout le monde arriva sur les lieux.

Kate désigna la terre remuée. Roland se décomposa.

- NAN ! NAAAAAAAAAAAN !!!

Malcolm baissa la tête, les larmes aux yeux. David sanglota. Denis le regarda, attristé.

- Non… Nooooon… geignit David.
- Oh mon Dieu… mon Dieu ! pleurait Claire.
- Putain de merde… soupira Finn, désolé.
- Seigneur… soupira Estelle.

Roland se jeta sur la terre.

- ETHAAAAAAAAAAAAN !!! ETHAAAAAAAHAHAAHAHAHAN !!!
- Roland… geignit Malcolm.

Yann serrait Amy contre lui. Elle était choquée.

- C'est insupportable !
- Je sais…
- Comment on peut faire ça, comment ?

Yann serra Amy contre lui. Charlie regarda Léopold qui avait fondu en larmes.

- Ca va, Léo…
- Pourquoiiiiii ! Pourquoi ça lui arrive à lui !

Lily n'en tenait plus sur ses genoux.

- Bon sang…

Roland creusa. Bernice plissa les yeux.

- Roland, arrête…
- Roland… soupira Malcolm.
- JE PEUX PAS LE LAISSER LA DESSOUS !!! JE PEUX PAS !!! MERDE MERDE NAN !!! PUTAIN NAN !

Roland déblaya assez de terre pour qu'on constate… un sac poubelle.

- OH NOOOOOOOON !!! NON !!!

Tout le monde détourna les yeux. Finn s'approcha.

- Recule, Roland.
- Nan, nan ! Il faut… Il faut que je…
- Roland !
- C'est mon bébé qui est là !!
- C'est PAS A TOI DE FAIRE CA !

Roland regarda Finn qui était ferme. Malcolm plissa les yeux.

- C'est à moi de le faire.
- …
- C'est… C'est moi qui ai organisé les battues, c'est ma responsabilité.
- Finn ! cria Claire.
- Nan, Finn, arrête… geignit Malcolm.
- Finn, tu n'as pas le droit, tu as fait de ton mieux ! cria Claire.
- Exactement, fais pas ça, mec, t'es pas obligé ! renchérit Colin.
- Finn… geignit Charlie.

Finn déplaça la terre. Roland le regarda faire, acceptant tacitement que son beau-frère prenne la responsabilité. Denis observait. Il observait Finn, le militaire, le beau-frère, l'homme, qui avait mis en jeu son honneur pour aider le frère de sa femme. « C'est ça que David a ressenti… ce besoin de servir un honneur familial… J'ai décidément été bien naïf… »

Finn recula.

- Putain…

Etonnement général.

- Mais… c'est PAS Ethan !

Tout le monde observa, et en effet le sac poubelle était trop grand pour un enfant de quatre ans. Roland s'étonna.

- C'est qui alors ?
- … Reculez, ça va pas être beau à voir…
- Finn ! geignit Lily.
- J'vais ouvrir, tu veux que je fasse quoi ?!!

Finn saisit un couteau et il ouvrit le sac poubelle… dévoilant un visage.

- … c'est qui ça ?

Regards en coin, un peu dégoûtés.

Et à la surprise de tous, c'est Yann qui hurla.

- AAAAAAAAAAAAAAH !!!! AH NON ! NOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!!!!
- Ya… Oh mon Dieu… geignit Charlie.


ROSE


C'était Rose qui était là, sous terre.

Pendant un moment, Ethan avait donc été mort. A présent, il était à nouveau mort ou vivant.

- PUTAIN NON !!!

Amy était terrifiée. Le visage de Rose avait les yeux ouverts. Il était tuméfié et couvert de traces de coups. Inutile de dire que les traces de liquide qu'elle avait sur le visage ne présageaient rien de bon.

- Yann ! cria Charlie en se dirigeant vers son fils, accompagné par Léopold.
- OH MON DIEU ! OH MON DIEU !!!

Roland semblait… soulagé.

- C'est pas Ethan… Dieu soit loué !

Regards surpris des autres. Amy, Charlie et Léopold tentaient de rassurer un Yann en état de choc.

- C'EST PAS POSSIBLE ! C'EST PAS VRAI !!! C'EST PAS POSSIIIIIIIIIIBLE !
- Ca va aller, pleure un bon coup mon grand ! geignit Léopold.

Yann pleura dans les bras de Charlie.

- J'LUI AI DIT DES CHOSES HORRIIIIIIBLES !!!

Amy comprenait pourquoi Yann était dans un tel état. « Il lui a un peu dit d'aller crever hier, je veux qu'il soit choqué… » songea-t-elle.

- Ca va aller mon grand, c'est pas ta faute.
- SIIIIIIIIIIII !!!
- Mais non, Yann, ressaisis-toi mon grand !

Roland passa parmi les autres.

- Bon ! C'est pas Ethan. On continue les recherches.

Lily, Claire, Kate, Bernice, Malcolm, Estelle, Colin, David, Denis, Charlie, Léopold, Finn, Amy et Yann regardèrent Roland.

- Quoi ? C'est pas Ethan, les recherches continuent, allez !
- … euh…

Malcolm s'avança vers Roland.

- Tu… pourrais faire preuve d'un peu plus de sensibilité ?!! Il faut qu'on prévienne la police, tout ça…
- C'est pas Ethan, Mac. Tout est encore possible !
- … Roland… Non !

Roland se retourna vigoureusement vers Malcolm.

- Non ?
- Non. On va faire une pause. Appeler la police…
- C'est déjà fait ! assura Bernice.
- Très bien. On appelle la police, on les attend, on règle la situation de Rose…
- Mais c'est pas Ethan, Malcolm. Je m'en fous de cette gamine !

Claire sembla choquée. Lily serra les dents. David tomba des nues. Yann regarda Roland.

- C'est pas Ethan, donc les recherches continuent, je vois pas le problème !
- EnnnnnnnnnnnnnFOIREEEEEEEEEEE !!!!!!!!!!!

Charlie retint Yann qui allait foncer sur Roland pour lui casser la gueule.

- SALE CONNARD MAIS COMMENT TU PEUX ETRE AUSSI INSENSIBLE !!! SALAUD, SALAUD, SALAUD !!!
- YANN !!! cria Léopold, horrifié.
- Non, laisse-le dire ! admit honnêtement Charlie.
- PUTAIN DE SALOPARD DE MERDE !!!

Roland regarda Yann comme si c'était un animal nocturne aquatique. Amy restait à l'écart de la violence masculine. Malcolm se plaça entre Roland et Yann.

- Tu comprends, maintenant ?
- C'est à cause d'elle que Dimitri a essayé de se suicider, j'veux dire… On s'en tape !
- C'ETAIT UN ETRE HUMAIN PUTAIN !!! UN ETRE HUMAIN !!!!

Tous les autres acquiescèrent. Denis était atterré. « Ce mec croit VRAIMENT ce qu'il vient de dire ?! Il est IGNOBLE ! »
Malcolm regarda Roland et hocha la tête.

- Cette fille doit avoir des funérailles correctes ! acquiesça Lily.
- Pendant qu'Ethan se fait peut-être agresser quelque part ? soupira Roland, indifféremment.
- Cesse de faire ton rebelle insensible, Roland ! grogna Estelle.

Roland soupira.

- On perd du temps…
- J'VAIS T'EN FAIRE PERDRE DU TEMPS ! J'VAIS T'ARRACHER LES COUHMMMMMPH !
- Yann, ça suffit maintenant ! grogna Charlie. La police va arriver, on attend tous ici ! Cette fille était peut-être ce qu'elle était mais elle ne mérite pas qu'on la laisse ici comme si on n'en avait rien à foutre. Yann a raison, c'est un être humain.

Roland soupira.

- Vous faites chier. Et Ethan, alors ?
- Ethan a attendu presque trois jours, il peut attendre encore ! grogna Estelle.

Roland regarda sa tante. Si elle avait été n'importe qui d'autre, même Malcolm, il l'aurait envoyé bouler.

- … Pffff… Ça fait chier…

***

- Vraiment ? Rien ?

L'indic secoua la tête. Rachel restait en retrait, inquiète.

- J'sais qu'il y a un type super chelou qui traine dans les parages en c'moment…
- Qui ?
- Ca te concerne pas, il s'intéresse pas aux gamins.

Rachel plissa les yeux.

- Seulement aux meufs. Il les tabasse, il les viole. Parfois il la laisse en vie, parfois il la tue. Il sème la peur… On l'appelle le mec en noir.

Nolan prit des notes. « L'agresseur de la gosse Horton… »

- Mais il s'attaque pas aux enfants. Surtout aux garçons.
- Ok… Pas de nouvelles d'un kidnapping d'enfants ?
- Nan, j'te dis… J'te le dirais quand même.
- Ok…

Nolan retourna vers Rachel.

- D'habitude quand il se passe un truc dans cette ville, ce gars sait à peu près de quoi il en retourne…

Rachel soupira.

- Retour à la case départ alors ?
- Je le crains…

***

L'ambulance emmena le corps de Rose. Amy soutenait Yann. Charlie et Léopold s'approchèrent.

- Il est out. Je l'emmène à son appartement de la résidence étudiante, il a besoin de se reposer.

Charlie acquiesça. Léopold sembla peiné.

- Ca va aller, mon grand, sois fort.
- Courage, Yann. T'en fais pas, Roland comprendra… un jour.
- M'en fiche… soupira Yann à l'évocation du nom de Roland.
- … Rachel comprendra ! admit Charlie.

Ils s'éloignèrent. Léopold était attristé.

- Le pauvre…
- Je m'inquiète pour lui à deux niveaux : Un, il peut devenir dépressif, deux il aurait vraiment pu casser la gueule de Roland tout à l'heure. Il était fou furieux, j'ai eu du mal à le retenir.
- Hm… Mais ça va aller, hein ?
- Je l'espère…

Amy s'éloignait avec Yann. Malcolm se tourna vers le groupe.

- Roland est d'accord pour qu'on fasse une pause chez lui.

Tout le monde, un peu choqué, approuva cette idée.

***

Retour à la maison. Roland est furieux.

- Alors ? demanda Linda.
- Rien, Rien, RIEN !!!

La troupe suivit. Charlie soupira.

- Une amie de Yann a été retrouvée morte… soupira Charlie.
- Oh non ! geignit Linda.
- Quelle horreur… soupira Etienne.
- MAIS TOUJOURS PAS D'ETHAN !

La famille et amis regarda Roland qui… s'énervait.

- Merde ! On perd du temps ! On perd du temps, là !!! ON PERD DU TEMPS PUTAIN !!!

Roland faisait les cent pas. Malcolm soupira.

- Roland…
- On doit faire plus d'efforts ! Retrouver Ethan doit prendre tout notre temps !!
- Roland, calme-toi… marmonna Lily.
- J'en ai marre de ces salopes qui se font violer…
- ROLAND ! grommelèrent Estelle et Linda.
- OUI BAH OUI ! J'en ai assez de faire le boulot des autres !! Je veux MON FILS, pas des PETASSES !!

Charlie et Léopold s'efforcèrent de la fermer.

- Roland, t'en fais pas, ça va aller…
- NAN CA VA PAS ALLER ! NAN ! PARCE QUE ETHAN, LUI, EST TOUJOURS DEHORS, DANS LA NATURE !!! IL A FROID, IL A PEUR ET IL NOUS ATTEND !!
- Euh… mais…
- Quoi ? Tu te dégonfles ? Tu veux plus nous aider ? Bah casse-toi, la porte est là !
- …
- Roland ! geignit Linda.
- Hmph… Désolé mais ça m'énerve !!!

Denis approcha de David et lui prit la main. David regarda Denis qui lui sourit faiblement. « Je suis là, moi ! »

- Bon, on a fini de se reposer, on repart.
- … Nan.

Malcolm regarda Finn. « Eh merde… Tornade dans 3, 2, 1… »

- Pardon ? T'as dit quoi, là ?!

Etienne observait son fils, médusé.

- Ca suffit, Roland… Ça va faire quatre jours. Laisse la police faire son travail maintenant.

Roland regarda Finn, atterré.

- Comment tu PEUX DIRE CA !
- Ça me fait mal au cœur, crois-moi… mais là, c'est plus possible. Pour nous, comme pour toi.
- Je peux encore tout à fait assurer ! J'y retourne, là !
- Roland…

Il regarda les visages face à lui qui semblaient résignés. Malcolm se mordilla les lèvres.

- Désolé, Roland… mais… va falloir te faire une raison…
- NAN !
- Roland, laisse l'enquête de police se dérouler, s'ils ont une piste…
- PUTAIN V… VOUS ETES UNE BANDE DE LACHEURS !!!

Lily serra les dents, désolée. Kate soupira. Colin baissa la tête.

- Vous savez quoi ? ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE !!! DEHORS !!! TOUS !!!
- Roland… souffla Estelle.
- Sauf toi et mes parents… j'suis pas vache au point de virer des vieux.

Etienne haussa les sourcils. « Merci de cette miséricorde… »

Les jeunes sortirent de la maison. Claire soupira.

- Faut rester à proximité… Il est juste en colère, on va attendre un peu…
- Ouais ! admit Malcolm.
- Exactement. Allons manger un bout en ville ! souffla Lily.

La petite assemblée se déplaça, lorsque soudain…

CLAC !

BLAM !

Stupéfaction générale…

- AAAAAAAAAARGH !!! AAAA… AAA…

David haussa les sourcils, horrifiés.

- DENIS !
- Y'A DU SANG PARTOUT ! s'étonna Kate.
- Qu'est-ce qui… s'étonna Malcolm.

David observa la jambe gauche de Denis.

- Denis !!
- PUTAIN CA FAIT MAL !!!

Finn retourna Denis. Sa jambe était ouverte et sanguinolente. David réagit illico en sortant Parasect.

- Aromathérapie !!

Parasect calma Denis qui cessa de hurler. Finn appelait une ambulance.

- Ouais, venez à Cimetronelle, quartier résidentiel, rue 308, j'ai un blessé grave.
- Da… David…
- C'est ta jambe cassée mal soignée !
- J'ai… J'ai mal, David…

Denis pleurait à chaudes larmes. David pleurait avec lui.

- Ca va aller, je suis là !
- David…
- J… J… Je suis désolé, Denis ! Je t'aime !! J'te demande pardon !!

Denis plissa les yeux. « Dans la tête de Léopold ça devait être moins bizarre que ça. »

- Qu'est-ce que vous foutez encore là ?!!

Roland arriva et vit Denis par terre, en sang.

- … Ah d'accord ! Y'a personne pour chercher Ethan, par contre, monsieur Denis qui s'en branle COMPLETEMENT d'Ethan, monsieur Denis a droit à toute l'attention nécessaire !

Claire grimaça. Lily allait répondre. Finn et Malcolm observaient Roland.

Mais c'est David qui se leva.

- C… COMMENT OSES-TU !!!

Roland soutint le regard de David. David ne se débina pas.

- C… CA SUFFIT ROLAND !!! CA SUFFIT, CA SUFFIT, CA SUFFIT !!!
- …
- T… T'AS PAS A NOUS ENTRAINER TOUS DANS TA SOUFFRANCE A LA CON !!! SI T'ARRIVES PAS A GERER, Y'A AUCUNE RAISON POUR QU'ON GERE A TA PLACE ! ON EST TA FAMILLE, TES AMIS ! PAS TES PUNCHING BALL !!!

Léopold hocha la tête, mais personne d'autre n'osa l'imiter. Roland regardait David, impassible.

- ON EST TOUS EMMERDES POUR ETHAN, MAIS T'ES PAS OBLIGE D'EN RAJOUTER ET DE NOUS FAIRE CULPABILISER, ON N'Y EST POUR RIEN DANS SA DISPARITION !!! Quant à moi…

David désigna Denis.

- … mon homme a un problème urgent, que je dois gérer avec lui. Alors tu m'excuseras, mais je ne peux plus gérer ton problème. Si tu ne m'as pas compris, je fais passer Denis avant toi. Pas avant ton fils, avant toi.
- … Vas-y. Casse-toi. C'est pas comme si je comptais sur toi de toute façon.
- ROLAND !!! cria Lily.
- Nan, Lily. David a été très clair. Il s'en tape, très bien. On est deux à s'en taper. Pas pour la même chose, c'est tout. Je vous attends tous dans une heure pour reprendre les battues, ceux qui ne seront pas là, je saurais pourquoi.

Charlie s'étonna. Lily était écoeurée. L'ambulance arriva.

- Ca va aller, Denis. T'en fais pas.
- David… t'étais pas… obligé.
- T'en fais pas.

Les ambulanciers examinèrent Denis alors que Roland retournait chez lui pour passer ses nerfs.

***

Amy ramena un chocolat chaud à Yann qui était allongé dans son lit.

- T'étais pas obligée…
- Je savais pas trop quoi faire et… le chocolat chaud, c'est le seul truc que je sais faire.
- … merci…

Yann fixait le plafond. Il ne pleurait plus, il avait repris des couleurs, mais il était silencieux.

- Je… j'ai été un tel enfoiré.
- Mais non. C'est la vie, l'enchainement des choses, tu n'as pas à t'en faire…
- J'aurais pu l'aider.
- Clairement, non. Au contraire, si tu lui avais pardonné au dernier moment, tu t'en serais encore plus voulu. Là, au pire, tu seras resté raccord jusqu'au bout. Le reste, tu ne pouvais pas agir dessus. Tu sais ça ?

Yann hocha la tête.

- Hm…
- Ca va aller. Au moins, tu n'as pas sauté de joie en disant « Bien fait »… ou alors tu n'as pas réagi comme l'autre abruti.
- … Amy, si ça se trouve, jusqu'au bout, elle a pensé à moi, et à quel point j'avais été horrible avec elle…
- Ou alors elle a pensé à sa grand-mère, à son père, à Dimitri…

Yann soupira.

- J'me sens nul.
- Tu ne l'es pas.
- Comment tu peux dire ça ?

Amy se pencha et embrassa Yann. Il l'étreignit dans son grand besoin d'affection. Les choses faisant, la nature prit ses droits, et toute cette histoire allait s'achever sur beaucoup d'amour…

… ou bien ?

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COMMENTAIRES POST SCRIPTUM
Schrödinger
17 pages (court !) mais néanmoins 17 bonnes pages. En même temps après le tournoi, tout me paraît affreusement court… donc bon.

Un gros chapitre qui prépare le final… pas grand-chose à dire, les évènements parlent d'eux-mêmes. Roland sombre, Rachel enquête toujours, Dimitri va mieux (merci pour lui), Yann fait une découverte trop sympa (Oh, Rose !), David dit ses quatre vérités à Roland après avoir été son petit toutou…

Pourquoi Schrödinger… parce que le doute est omniprésent dans le chapitre. Ethan est mort, vivant ou les deux, on ne sait pas (personne ne sait ! Qui sait, franchement ? Même MOI je ne sais RIEN !). Blague à part il n'y a aucun chat dans ce chapitre. La honte. Néanmoins le ciel s'éclaircit et les théories de Dimitri psychopathe vont s'effacer (pour mon plus grand plaisir)

Quoi dire… Pas grand-chose en fait. Non, je n'ai pas appelé tous mes psy « Graham », c'est toujours le même Graham. Une sorte de running gag.

Prochain chapitre : Un petit dernier pour la route , la fin de cette saison et de la fic dans son ensemble.

Alors, Roland affublé d'une double personnalité a-t-il capturé et tué Ethan ?
Est-ce l'œuvre d'un clan de Neitram enragés ?
Ethan est-il en fait en train de bosser comme vigile au supermarché ?

Vous le saurez dans le prochain chapitre. Promis !