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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 17/08/2011 à 08:46
» Dernière mise à jour le 12/07/2022 à 00:33

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 38 : Assassinat
Mercutio n'en crut d'abord pas ses oreilles. Antyos voulait-il plaisanter ? Ça n'en avait pourtant pas l'air. Tuno répondit à ça par un sourire.

- Quand je vous ai dit qu'on était très compétents, Votre Majesté, c'était vrai, mais notre domaine de compétence demeure quand même dans les frontières de ce qui est possible. Je nous vois mal pénétrer à Akuneton, tuer l'Impératrice et quatre Elus, et repartir comme si de rien n'était.

- Pourtant, vous avez bien réussi à infiltrer mon propre palais, dit Antyos. Vous auriez pu m'assassiner si ça avait été le but de votre mission.

- Mais nous vous avons pris par surprise, répondit Mercutio. Vos hommes n'étaient pas du tout préparés à ce que des étrangers aient l'audace de venir libérer Solaris sur votre propre terrain. L'Empire de Vriff, c'est différent. Maintenant que la guerre a commencé et que Solaris sait qu'on est contre elle, elle doit s'attendre à tout venant de nous. Et j'ajouterai que Solaris serait cent fois plus dure à tuer que vous... sauf votre respect.

- Sans doute, acquiesça Antyos, guère offensé. Mais si je vous disais que ce ne sera pas à Akuneton, même pas dans l'Empire, que vous aurez une chance de l'éliminer ? Selon nos espions, l'Impératrice et quatre Elus participeraient dans deux jours à un défilé militaire à Conscie, pour fêter l'invasion du pays. Vous aurez l'aide d'un résistant local, ainsi que deux jours pour vous préparer avant qu'elle n'arrive. Puis Sire Djosan et Sire Acpeturo vous accompagneront.

Tuno prit un court instant pour réfléchir, et dit :

- Si on sait à l'avance où elle sera, ça peut tout changer. Il nous faudra bien nous préparer mais... je crois que ça sera possible.

Antyos répondit en un grand sourire, puis se reprit aussitôt.

- N'allez pas croire que je me plais à organiser un meurtre, fit-il précipitamment. Mais les forces de l'Empire sont si grandes qu'on ne peut espérer gagner ce conflit qu'en s'attaquant aux cerveaux de l'invasion. Sans l'Impératrice et quatre des cinq Elus, l'Empire se trouvera plongé dans la confusion la plus totale. Le Seigneur Vriffus prendra certes la tête des choses après ça, mais il ne durera pas longtemps, car seul le trône impérial peut diriger cette bande de barbares que sont les armées de Vriff. Solaris étant la dernière de sa lignée, elle disparue, le trône se retrouvera vide !

- Il y a sa cousine, le renseigna Mercutio. Une petite rousse, qui s'appelle Némélia je crois.

Antyos eut un sourire sans joie et Djosan une expression indignée.

- Elle a dit que c'était sa cousine ? demanda Antyos.

- Euh... oui. Elle a précisé qu'en tant que dernier membre de sa famille encore vivant, ce serait elle qui monterait sur le trône si Solaris venait à mourir.

- Elle t'a menti, mon garçon, dit Acpeturo. Les parents de Solaris n'avaient ni frère ni soeur. Solaris n'a aucune cousine ni aucun cousin. Cette Némélia... c'est une enfant vriffienne que Solaris a enlevé à sa mère, du temps où elle était encore princesse. Depuis, elle la garde avec elle, tout en menaçant sa mère si jamais la petite ne fait pas ce qu'elle veut.

- Enlever et faire du chantage aux enfants du propre pays que l'on gouverne ! s'exclama Djosan avec fureur. C'est le comble de l'immonde !

- Mais que voudrait Solaris à cette petite ? demanda Mercutio.

- Selon Sire Acpeturo et nos espions, cette enfant aurait été choisie par le Devin, répondit le roi. Il l'aurait visité en rêve, tout comme toi, pour lui offrir une question si elle se présente jusqu'à lui. Elle doit être la seule personne de tout Vriff à avoir été choisie, elle est donc précieuse à Solaris. Quand cette dernière aura envahi notre capitale, elle compte se servir de Némélia pour poser la question de son choix au Devin.

- Et que veut-elle poser ?

- Nous n'en savons rien.

Mercutio pensa un moment à Lunarion, le frère de Solaris. C'était une véritable obsession chez l'Impératrice. Peut-être voulait-elle envahir tout Duttel simplement pour demander au Devin où se trouve son frère, maintenant qu'elle savait - grâce à Mercutio - qu'il était en vie. Mercutio aurait dû regretter la question qu'il avait posée au Devin, uniquement pour plaire à Solaris, pourtant, il n'y arrivait pas. Sur Lunarion, il était certain que Solaris n'avait pas menti ni feint quelques sentiments imaginaires. Qu'une sœur veuille retrouver son petit frère était quelque chose de légitime, quoi que Solaris ait pu faire de mal dans toute sa longue vie. Mais maintenant que Mercutio y pensait, si Solaris avait cinquante quatre ans, Lunarion devait être tout aussi âgé alors...

Il fut tiré de ses pensées quand Tuno, Djosan et le roi discutaient de la façon à procéder pour assassiner Solaris. Rien qu'à cette pensée, l'estomac de Mercutio se tordait. Affronter les armées de Vriff, il n'avait rien contre, ça le démangeait même. Mais tuer de sang-froid et surtout en cachette Solaris... Il ne savait pas s'il en serait capable. Même en sachant ce qu'elle était et ce qu'elle avait fait, il ne pouvait s'empêcher de ressentir toujours quelque chose pour elle...

- Nous opérerons avec nos propres armes, dit Tuno. Un fusil sniper serait l'idéal.

- Qu'est-ce cela, colonel Tuno ? demanda Djosan.

- Une arme de précision qui peut tirer des projectiles jusqu'à une grande distance. Nous pourrons nous placer, discrètement, sur le toit d'une maison où quelque chose comme ça, et quand Solaris passera sur son char...

- Les balles ne font rien à Solaris, intervint Mercutio. Je lui en ai tiré une à bout portant en pleine jambe et elle ne l'a même pas égratigné.

- Selon toi, cette invulnérabilité provient d'un quelconque pouvoir psychique qui repousse les balles, ou d'un corps si solide qu'elles ne lui font rien ?

Mercutio se gratta la tête, embêté.

- Je ne sais pas trop. Elle n'a pas eu la bonté de me le dire. Mais je crois que c'est sa peau... Elle doit être extrêmement solide ou un truc comme ça. Je n'ai pas eu l'impression qu'elle ait utilisé un pouvoir.

- De toute façon, même si c'est grâce à un pouvoir, elle n'aura pas le temps de l'utiliser alors, dit Siena.

- Et on pourra s'armer de balles perçantes si jamais elle dispose d'une couche protectrice sur elle, dit Tuno.

Ils paraissaient tous enthousiastes à l'idée d'aller tuer Solaris. Sans doute la rendaient-ils responsable de la mort de Zeff. Mercutio se dit que c'était le cas, pourtant, il n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée d'aller assassiner Solaris. Il avait toujours craint d'avoir un jour une mission d'assassinat dans la X-Squad. C'était assez rare, mais ça arrivait. Il s'était dit qu'il fallait mettre ses scrupules de côté si jamais on lui en donnait une. Normalement, il ne devrait pas trop avoir de scrupules à éliminer un despote qui rêvait de dominer le monde en tuant tous ceux qui s'opposaient à elle. Justement, ce n'était pas des scrupules qui le bloquaient. Mais les sentiments pour quelqu'un ne disparaissaient pas seulement si on le voulait bien...


***


Ils passèrent toute une journée à mettre leur opération au point. Galatea, qui était la meilleure tireuse, s'exerçait sans relâche au tir. Tuno et Siena étaient en train d'étudier une carte de la ville d'Obaskal, là où le défilé aurait lieu, pour choisir la meilleure position de tir et pour décider des autres mesures à employer si jamais Galatea n'arrivait pas à éliminer Solaris. Ils envisageaient en outre de placer des mines sur le trajet du chariot impérial, d'emporter un bazooka avec eux, et en dernière mesure désespérée, d'aller la tuer elle-même et les Elus avec leur Pokemon. Djosan était venu trouver Mercutio avec une idée en tête.

- Mercutio Crust ! Tenez, c'est pour vous !

Il lui donna une épée. Elle était de belle proportion avec une garde qui avait de l'allure.

- Euh... merci, mais... que suis-je censé en faire ?!

- Allons, un preux guerrier comme vous doit pouvoir se battre au corps à corps, Mercutio Crust ! Que les nôtres Pokemon ne pussent toujours nous protéger hélas. Vos armes à projectiles sont efficaces, assurément, mais se déchargent fort vite. Les Vriffiens s'attaqueront toujours à vous de face. Il faut que vous ayez de quoi les recevoir.

Mercutio voulait bien, mais il arrivait à peine à tenir l'épée droite. C'est que c'était lourd, ces trucs-là !

- Je ne me suis jamais servi d'une épée, dit-il piteusement. Je me ferai éventrer ou décapiter en une seconde dans un duel à l'épée.

- Que je ne doutasse point de votre force, Mercutio Crust. Le reste, ce n'est nul autre chose que l'expérience.

Pendant que tout le monde était occupé à préparer l'assassinat, Djosan donna des cours à Mercutio sur le maniement de l'épée. Il lui en était reconnaissant ; tandis qu'il se battait avec Djosan, tandis qu'il suait eau et sang et que ses bras étaient endoloris, il ne pensait plus trop à ce qui l'attendait le lendemain. Le soleil commença à se coucher et après trois heures de pratique à l'épée, Djosan rompit le combat et dit :

- Vous vous en tirez très bien, Mercutio Crust. Votre maintient est assez fluide et vous surprenez votre adversaire. De plus, votre petite taille sera un atout lors des combats. Quand tout cela sera fini, j'ai bon espoir de faire de vous un maître épéiste !

- J'espère que vous n'êtes pas trop pressé, alors, fit Mercutio qui ne s'était pas trouvé si glorieux lors de ces dernières heures.

Il ne sentait plus ses bras et tout son corps était zébré de fines entailles causées par l'épée de Djosan. Il aurait pu s'en passer, bien sûr, mais selon lui, la douleur était le meilleur des professeurs.

- Que vous pussiez lui donner un nom également, Mercutio Crust.

- Un nom ? À qui ? demanda le jeune homme sans comprendre.

- À votre épée, Mercutio Crust. Une épée est comme un Pokemon : un partenaire. En l'humanisant par un nom, vous serez bien plus proche d'elle.

Mercutio haussa les sourcils. Une épée n'était qu'un outil, une arme, au même titre qu'un pistolet. Et il ne se voyait pas dégainer son flingue en pleine bataille en hurlant « Tire, Jean-Luc ! »

- Votre épée à un nom ? demanda Mercutio.

- Pour sûr, Mercutio Crust. C'est Honorable Mort Fulgurante.

Mercutio voyait mal comment on pouvait trouver un nom aussi ridicule pour une épée, mais il s'abstint de faire ce commentaire. Il chercha un moment dans sa tête.

- Et... est-ce qu'on peut donner le nom de quelqu'un à une épée ?

- Assurément. J'ai mémoire qu'un de mes hommes eut donné à son épée le nom d'une des meilleures câtins du bordel de Sire Baseilich. Peut-être aurait-il dû s'abstenir, tout compte fait.

- Pourquoi ? demanda Mercutio, curieux.

- Lors d'un engagement contre les Vriffiens, il est tombé, son épée à la main, et s'est transpercé le membre viril avec. L'acier d'une épée est assurément autre chose que ce que les femmes gardent caché derrière leurs jupons.

- Très classe, comme histoire, marmonna Mercutio. Mais je pourrais difficilement faire de même, n'étant jamais allé dans un bordel. Ce sera plutôt Livédia. C'est le nom de notre mère, à Siena, Galatea et à moi. On ne l'a jamais connue, elle est morte quand on était bébé. Je pense souvent à elle. C'est comme si c'était une source d'inspiration...

Mercutio, après coup, se demanda pourquoi il disait tout cela à Djosan. Mais celui-ci ne se moqua pas de lui. Au contraire, il s'inclina le buste d'un geste si brusque et profond qu'il faillit assommer la tête de Mercutio avec la sienne.

- C'est un nom merveilleux, Mercutio Crust, si ce nom vous inspire ! Vous êtes un garçon d'honneur et de grande qualité ! Prenez-en soin. Mais espérons que vous n'aurez pas à vous en servir demain. Dans le cas contraire, cela voudrait dire que notre plan initial ne s'est pas passé comme prévu.

- Vous en connaissez vous, des plans qui se passent comme prévu ? demanda Mercutio en s'éloignant.

Il envisagea d'aller se coucher immédiatement, mais se força à aller voir Galatea dans la pièce du palais qu'on avait aménagé pour qu'elle s'entraîne à tirer au fusil de précision. Au début d'après-midi, elle s'entraînait à tirer sur des cibles immobiles. Maintenant, elle tirait sur des gros cailloux que des Dutteliens lançaient plus loin à travers la pièce. De ce que Mercutio vit, elle n'en rata aucun. Peu habitués aux détonations d'armes à feu, les Dutteliens assistants sursautaient à chaque tir de Galatea. Quand elle le vit rentrer, Galatea s'adressa aux Dutteliens.

- Merci messieurs, je pense que ça ira. Ah, et vous Beckens, n'oubliez pas notre rendez-vous jeudi hein ?

Les Dutteliens s'inclinèrent et se retirèrent.

- N'arrête pas pour moi, dit Mercutio.

- Non, mais j'ai fini, de toute façon. Une mouche pourrait voler à cinquante mètres que je l'atteindrais en un coup.

Elle posa le long fusil et regarda intensément son frère.

- Ça va ?

Mercutio savait de quoi elle voulait parler, mais il n'en avait pas très envie.

- Bien. Je m'y suis fait, ne t'inquiète pas...

- C'est jamais facile, dit-elle, compatissante. Solaris n'était pas ma petite-amie, mais on a passé presque une semaine ensemble et on s'entendait bien. Moi aussi, ça ne me plait pas trop. Mais je pense que c'est la bonne chose à faire.

Mercutio fit un son qui n'engageait à rien. C'était dur pour lui, oui, mais lui ne ferait que regarder. Il n'appuierait pas sur la détente comme Galatea. D'ailleurs, heureusement, car il doutait d'en être capable. Il espérait juste qu'il ne perdrait pas les pédales en tirant sur tout le monde quand Galatea serait prête à tuer Solaris.


***


Obaskal était la seconde plus grande ville de Conscie. Normalement, ça aurait dû être à Uneota, la plus grande qui faisait office de capitale, que Solaris devait fêter son triomphe. Mais un défilé de victoire sur des ruines fumantes n'aurait pas intéressé grand monde. Obaskal, au contraire de sa voisine, avait été prise intacte. Quand les habitants avaient appris la nouvelle concernant Uneota, ils s'étaient rendus sans faire d'histoire, accueillant l'Impératrice comme le messie. Alors certes, il y avait eu peu de meurtre, de viol ou de saccage, mais les habitants étaient traités comme pas plus que des esclaves puants et arriérés.

Le résistant local que la X-Squad devait rencontrer s'appelait Massen. Il se disait lui-même résistant à la domination de l'Empire, mais c'était juste pour la forme. Il ne faisait rien de plus. Tout acte de révolte contre Sa Majesté Impériale lui aurait valu à lui les pires horreurs inimaginables et une répression sanglante pour toute la population. Mais c'était Massen qui avait contacté des espions dutteliens pour les informer de l'arrivée dans la ville de Solaris et de quatre des Elus. Maintenant, il guidait Tuno, Siena, Galatea, Mercutio, Djosan et Acpeturo à travers la grande rue de la ville. Mercutio et les autres avaient pris soin de changer de vêtement et de cacher leur visage aux multiples gardes vriffiens. Ils avaient aussi caché le fusil sous l'un des bancs de l'église de la ville et avait miné la rue principale sous le couvert de la nuit.

- C'est ici que le char de l'Impératrice passera, dit le résistant. Il fera ensuite le tour, plus loin, à la grande place et repassera une nouvelle fois. L'Impératrice sera devant, sur un haut siège tout en haut du char. Les quatre Elus seront derrières, entourés de gardes. Le nouveau chevalier de l'Impératrice sera présent aussi, mais j'ignore où il se placera.

- Le nouveau chevalier de Solaris ? répéta Acpeturo. Ce n'est pas Fukio ?

- Non, Sire Fukio dirige les troupes au front contre Duttel. Sa Majesté s'est choisi un nouveau chevalier qui assurera sa protection en l'absence de Fukio. Je ne connais pas son nom, mais on a déjà appris à le craindre en seulement quelques jours. C'est le fanatique par excellence, toujours à trouver un prétexte tordu pour faire souffrir de pauvres gens...

- Eh bien si je peux, je le descendrai aussi, dit Galatea.

- J'ai réussi à convaincre plusieurs de mes camarades de se soulever dès que la première balle sera tirée, pour provoquer le plus de confusion possible.

- Nous vous remercions de vos efforts, mon brave, dit Djosan.

- J'espère que vous réussirez à nous débarrasser de tous ces monstres, fit-il avant de les quitter.

- Bon, le poste de tir sera le toit de l'église, décréta Tuno. Nous attendrons que le char repasse pour commencer la fête. Galatea, tu devras d'abord éliminer Solaris, puis ensuite les Elus. Si quelque chose foire et que tu ne parviens pas à tuer Solaris, n'insiste pas, on passera alors au plan B. Siena, tu utiliseras notre lance-roquette sur le char de Solaris. Si ça ne marche pas, je ferai sauter les mines. Il y aura beaucoup de morts innocents, mais c'est le seul moyen... Et là encore, si nos cibles sont encore vivantes, on tente le tout pour le tout et on appelle nos Pokemon pour les achever. Des questions ?

- Est-ce qu'une fuite potentielle a été prévue, voulut savoir Mercutio.

- Même deux. La première, c'est on part en morceau si on se fait prendre. La seconde, c'est on part entiers et triomphants quand on aura descendu tous les Vriffiens présents s'ils refusent de se rendre après la mort de Solaris et des Elus.

- Ces chiens ne se rendront pas, assura Djosan. Même si leur impératrice se fait tuer.

- Si notre plan fonctionne, on finira le reste après avec nos Pokemon. C'est notre seule et unique occasion. On ne doit pas échouer !

Ils montèrent donc tous sur le toit de l'église et attendirent l'heure du défilé. Galatea avait sorti son Kirlia, qui utilisait son Choc Mental sur toute l'église pour que personne ne rentre. Si quelqu'un s'approchait, il serait alors pris de maux de tête si forts qu'il ferait immédiatement demi-tour. Mercutio essaya de faire le vide en lui. La contemplation de son épée, Livédia, qu'il avait amenée avec lui, lui fut d'un grand secours. C'était comme si la lame absorbait ses doutes et ne laissait en lui que sa détermination à en finir une fois pour toute.

À vingt-deux heures précises, le défilé débuta. Une musique à la fois violente et guerrière s'éleva de toute la ville. Des fantassins vriffiens commencèrent la fanfare. Alignés comme ils l'étaient, dans ce semblant d'ordre, Mercutio constata qu'ils semblaient tous identiques. La même taille immense, pratiquement tous avec le crâne rasé ou au contraire avec des chevelures et des barbes immenses, exhibant des tatouages et des peintures de guerre sur le visage ou sur leur armure couleur sang. Plusieurs avaient des morceaux de Pokemon attachés à leurs épées où à leur ceinture, comme des trophées.

Après ce furent les lanciers qui commencèrent à marcher au pas. S'en suivit des Vriffiens chevauchant des engins étranges. Ils ne semblaient pas avoir de moteur et étaient faits de bois. On aurait dit un croisement entre une voiture de course et un tank, le tout décoré par d'immenses piques qui partaient d'un peu partout. Mercutio ne pouvait pas voir les jambes des Vriffiens qui pilotaient ces bolides, mais à en juger par le mouvement de leur cuisse, ça devait être des engins à pédales.

Après une demi-heure d'échantillon de tout ce que contenait l'armée vriffienne, le chariot impérial apparut en fin. Il était tiré par des dizaines d'esclaves et était d'une insultante couleur violette ornée de noir. Mercutio ne mit pas longtemps pour repérer Solaris, mais de l'endroit où il se situait, il ne pouvait voir que le sommet de sa tête et le dos de son trône. Un homme était debout à coté d'elle. Vêtu comme il était, avec une armure dorée au symbole de l'Empire et une cape blanche, ça devait être le nouveau chevalier de Solaris. Il tenait une énorme épée d'une forme bizarre dans sa main ; on aurait dit que la garde était un pistolet agrandi. Avec ses jumelles, Mercutio vit même une gâchette. C'était quoi exactement ? Une épée en forme de flingue ou un pistolet géant avec une lame en guise de canon ? Mercutio n'aurait su le dire. Au passage du char de l'Impératrice, toutes les personnes présentes, rangées en file de part en part de la rue, s'agenouillèrent bien bas.

Quand le char impérial fut passé en dessous de l'église, ce fut autour d'un autre char, plus petit. Il contenait quatre sièges, chacun entouré de cinq gardes. Mercutio s'étonna que Solaris se balade avec son seul chevalier comme protection alors que les Elus avaient tout un bataillon pour eux. Sur les sièges, Mercutio reconnut les visages horribles des Seigneurs Jyskon, Falchis et Ues. Le quatrième, vêtu d'une toge rouge, était inconnu de Mercutio, mais il n'eut pas de mal à mettre un nom sur ce visage tordu et ridé à l'extrême : le Seigneur Evard, l'Elu qui était chargé de Pegasa et de la production d'œufs. Toute la lie de l'humanité était rassemblée en-dessous.

Le temps que les chars firent le tour de la place furent les minutes les plus longues de la vie de Mercutio. Son cœur battait si vite et si fortement que les autres l'entendaient aussi. Ses mains étaient moites à force de les serrer. Mais il avait conservé ses esprits. Il avait accepté ce qu'ils allaient faire. Enfin, le char impérial revint vers eux, cette fois de face. Galatea se mit en position derrière son viseur et Mercutio prit ses jumelles.

Solaris avait tronqué son armure de combat en une tenue totalement noire, certif d'une petite cape derrière son dos. Seuls ses cheveux blonds et son visage pâle ressortaient dans toute cette noirceur. Ses yeux avaient leurs nuances habituelles de vert et d'or, mais avec une espèce de flamme violette que Mercutio pouvait discerner avec ses jumelles. Puis il s'intéressa à l'homme à coté d'elle, son supposé nouveau chevalier. Il eut un sursaut si fort qu'il en perdit ses jumelles. De toute façon, même sans, tout le monde pouvait distinguer le visage de celui qui se tenait aux cotés de l'Impératrice comme son garde du corps.

C'était Zeff, qui contemplait la foule agenouillée devant lui et Solaris avec un sourire sauvage et malsain.