Hakai No Rakuen : Le Paradis de la Destruction. de Coorjet

Les premières lueurs du jour illuminaient le visage d'une jeune fille, étendue dans une plaine paisible. La douce et chaleureuse lumière la fit reprendre connaissance. Elle ouvrit tout d'abord ses yeux d'un bleu azuré, non sans laisser une grimace parcourir son visage d'un teint plutôt pâle. Après s'être frottée les yeux, elle put remarquer que près d'elle se trouvait une petite créature ressemblant à une enfant, vêtue d'une petite robe blanche, avec une coiffure verte et des yeux rouges. La petite créature la regarda avec un léger sourire tout en laissant s'échapper un faible mot : « Kirlia... ». L'adolescente, puisqu'elle venait à peine d'avoir ses quinze ans la veille, passa sa main dans ses cheveux de blondinette mal coiffée, un horrible mal de crâne la prenant. Ses habits étaient dans un état déplorable et elle semblait être blessée à la jambe ; il s'agissait d'une éraflure s'étalant sur toute la longueur de son membre inférieur. Vu l'état dans lequel elle se trouvait, n'importe qui aurait pu la prendre pour une alcoolique en train de décuver la soirée arrosée d'hier. Il n'en était rien. Elle se leva et commença à marcher assez difficilement. Son regard se porta alors sur un petit bracelet attaché à son poignet. Il était en argent, six lettres se trouvaient sur le bracelet : « Nozomi ». Des larmes coulèrent alors à la vue de l'objet et de son prénom. Les souvenirs de la veille remontaient peu à peu dans son esprit, tandis qu'elle pleurait à chaque bribe lui revenant...

***

Un réveil se mit à sonner.

So What ~ Pink

Rien de tel qu'une bonne musique pour se réveiller le matin. Mais pas n'importe quelle matinée, c'était son jour, sa date, sa journée à elle et à elle seule. C'était son anniversaire ! Elle comptait bien en profiter autant qu'elle pourrait ! Nozomi sortit du lit en dansant et en chantant, en se dandinant avec une joie de vivre sans pareil. Elle était tellement joyeuse qu'elle ne vit pas la chaise contre laquelle elle se cogna avant d'embrasser le sol de son doux visage et de jurer juste derrière en se prenant le nez. Elle se dirigea vers la porte, prit la poignée et fut stupéfaite de ne pas pouvoir l'ouvrir. Elle s'écria à travers la porte :

- Maman ! Qu'est-ce qui se passe avec la porte, je peux pas sortir !?

Elle n'eut aucune réponse de sa mère. La blondinette se posa alors sur son lit et pensa à ce qu'elle allait faire dans la journée. Elle songeait à se promener pour aller faire les boutiques ou alors dévorer un bon gros gâteau au chocolat. Elle entendit un petit cliquetis provenant de la porte et elle fut soulagée de voir sa mère entrer avec un grand sourire et lui souhaiter son anniversaire.

- Bonne anniversaire ma grande ! Ca te fait quinze ans maintenant... Ca ne me rajeunit pas tout ça !
- Merci maman ! S'enjoua l'adolescente. Mais, pourquoi la porte était fermée ?
- Ca, ça doit encore être ton frère qui a voulu te faire une farce..., supposa la mère.
- Il passera pas la journée celui-là.
- Bref, viens manger, c'est prêt.

Les deux descendirent donc pour manger ce que la mère venait de préparer. Il y avait trois plateaux remplis d'aliments divers composant le petit déjeuner de la famille. Tandis que la mère optait pour un bol de café avec quelques tartines de pains à la confiture, le frère de Nozomi avait préféré un simple bol de céréales. Nozomi, quant à elle, avait un bol de lait au chocolat, trois tartines de confiture et un grand verre de jus de carotte, pêché-mignon de la blondinette. Celle-ci s'empressa de manger, ayant hâte de recevoir ses cadeaux.

- Tu ne savoures pas ton p'tit déj' à ce que je vois. C'est mauvais de manger aussi vite, Nozomi, expliqua la mère.
- C'est que quelques tartines...
- De toutes façons, elle finira obèse ! Se moqua le frère de Nozomi.
- Maigo... La ferme, dit-elle en fronçant un sourcil avec une furieuse envie de frapper le petit brun. D'ailleurs, depuis quand tu fermes ma porte le matin toi ?
- J'ai rien fait à ta porte, moi ! Et je pensais que tu serais contente en te levant avec le cadeau que je t'ai fait mais tu l'as même pas mis !
- De qu... Quel cadeau ? Demanda la blonde.
- Bah celui-ci que j'ai mis sur la poignée de ta porte !
- ...

Sur cette phrase longue de sens, Nozomi se leva et grimpa rapidement les marches à la recherche du dit cadeau. Rien sur la poignée. Elle regarda un peu partout, par terre, dans le pot de fleur à côté, sous le tapis du couloir, rien. Elle ouvrit la porte à tout hasard et découvrit juste en dessous de celle-ci un petit objet métallique qui était sûrement la cause du blocage de la porte. Elle décoinça l'objet ; il s'agissait d'un petit bracelet en argent qui possédait une gravure. Six lettres : « Nozomi ». La blonde redescendit au rez-de-chaussée. Elle enlaça tout de suite son frère qui en recracha des céréales.

- Merci Maigo ! C'est trop mignon ! Fit-elle, enthousiaste.
- De rien, mais lâche moi s'te plaît.
- Roh pardon, je ne savais pas que vous faire un câlin était une pratique punissable de peine de mort ! Se moqua-t-elle.

Maigo lui tira la langue et se leva. Nozomi remarqua qu'il n'était habillé que d'un boxer. Il n'était pas vieux, une douzaine d'année à son compteur, moyennement grand, brun avec les yeux marron.

- Va t'habiller toi ! C'est quoi cette façon de se balader en boxer !
- Mais, mêle-toi de tes fesses ! Rétorqua-t-il.

La blonde allait continuer quand sa mère l'interpella.

- Nozomi, viens là, moi aussi j'ai un cadeau pour toi !

Comme n'importe quelle adolescente de quinze ans, elle se rua vers sa mère pour avoir le fameux cadeau, pas du tout matérialiste. Celle-ci lui tendit une poké ball.

- Tiens, je pense que ça te fera plaisir ! J'ai mis du temps pour t'avoir ce pokémon ! Je ne voulais pas non plus qu'il soit trop faible pour qu'il puisse te protéger alors je l'ai entraîné un tout petit peu pour toi. Allez, ouvre la !

Sur ces mots, elle ouvrit la boule et en fit sortir un pokémon de taille moyenne, plutôt élégante et vêtue d'une légère robe blanche. Elle avait les cheveux verts et comme deux soucoupes rouges dans les cheveux.
- Kirlia ! S'exprima la petite créature.
- Oh, comme elle est magnifique ! C'est l'évolution de... Tartal, Tarcal ou un truc dans le genre... Mais elle est vraiment trop mignonne ! Maman, je t'adore ! Lâcha-t-elle avec toute la joie possible et en embrassant sa mère.
- C'est Tarsal, et attention, je te mets en garde, ma grande. S'occuper d'un pokémon, c'est pas juste quelque chose d'amusant ! Tu vas devoir faire attention à ses besoins, le nourrir, l'entraîner, jouer avec... Bref, tu vas devoir te conduire avec beaucoup de responsabilité, je me fais bien comprendre ?
- Oui, maman ! Sourit la blonde.
- Ne dis pas oui pour me faire plaisir ! Je suis sérieuse.

Nozomi leva les yeux au ciel, elle était grande maintenant, à quoi bon la sermonner pour des choses qu'elle avait déjà apprise pendant les quelques années de théories qu'elle avait eues en cours.

- Bref, va t'habiller et après t'amuser avec elle dans le pré près du jardin, j'ai du rangement à faire.
- Ok ! Viens ma belle !
- Kirlia !

Nozomi grimpa tout d'abord dans sa chambre, elle enfila rapidement un haut bleu turquoise avec deux traits jaune clairs sur les manches et un simple jean comme bas. Pas besoin de trop bien se préparer, elle ne sortait pas longtemps.

Elles se dirigèrent donc toutes deux vers le-dit pré. Elles y passèrent un agréable moment. Il y eut tout d'abord une sorte de séquence découverte durant laquelle Nozomi put jouer avec Kirlia. Cela les rapprocha quelque peu et elles purent alors commencer à s'entraîner. Ce fut un lancé de disque que Kirlia devait immobiliser dans le ciel. Elle fut étonnée de la facilité qu'avait le pokémon à contrôler tous les disques si facilement.

- Maman t'a vraiment bien entraîné... Cela fait longtemps qu'elle t'a attrapée ? Demanda la blonde.
- Kirlia ! Répondit-elle avec un hochement de tête.
- Est-ce que tu...

Elle fut coupée dans sa phrase par un énorme bruit provenant de sa maison. Sans attendre, Nozomi et Kirlia coururent jusqu'au jardin. L'adolescente entendit alors un cri en provenance de chez elle. Il s'agissait de sa mère qui avait apparemment été envoyée paître par quelque chose. Elle s'approcha très vite d'elle.

- Maman ! Ca va ? Tu n'as rien ?
- Maigo..., souffla-t-elle en ayant l'air de souffrir de plusieurs blessures.

Nozomi leva sa tête et s'aperçut alors que sa maison était détruite à plusieurs endroits. Sous quelques décombres, elle remarqua son frère, encore en vie, sale et toussotant. Il était bloqué par les morceaux de l'habitation qui lui couvraient les jambes.

- Nozomi..., laissa-t-il s'échapper tout en toussotant.
- Maigo ! Hurla-t-elle en courant vers lui à toute vitesse.

Elle n'eut pas le temps de faire les trois quarts du parcours qu'un énorme Tentacruel la repoussa d'un coup dans le ventre. Elle valdingua à côté de sa mère tandis qu'un Grodrive faisait son apparition. Un vent mauvais du pokémon ballon la repoussa cette fois encore plus loin dans le jardin. En retombant, elle s'érafla toute la longueur de sa jambe. Le pokémon avait lâché avec son souffle un morceau de tissu qui retomba près de la blonde.

L'adolescente grimaçait de douleur, puis elle tenta de se relever en vain. Elle retomba sur son fessier. Elle vit alors sa mère se faire attraper par le Tentacruel qui la posa dans un hélicoptère qui passa à toute vitesse et qui s'envola rapidement. Elle hurla.

- Maman ! Non !

Elle se mit à pleurer, mais elle n'était pas au bout de ses peines. A peine venait-elle de voir sa mère se faire enlever que pire lui tombait dessus. Le Grodrive qui l'avait attaqué peu avant s'était mis à luire. Nozomi eut juste le temps de voir le pokémon exploser et raser sa maison ainsi que son petit frère, Maigo, avant que Kirlia ne s'interpose et se téléporte avec elle sur une plaine où elle s'évanouît sur le coup de l'émotion.

Les habitants du village s'étaient réunis autour des restes de la maison et il y en avait très peu. Chacun d'entre eux était terrorisé à l'idée que ce cauchemar puisse leur arriver. Une famille entièrement décimée dans un attentat qui semblait être signé par la « Jigoku », la nouvelle organisation mystérieuse qui réunissait toute sorte de personnes. On la nommait aussi « Empire des Ténèbres » parfois. Elle regroupait n'importe qui et il était impossible pour le police de trouver un moyen de les coincer. Non pas que les policiers soient peu utiles dans ce genre de situation, mais il fallait avouer que cette organisation inspirait le mal à l'état pur.

***

Voilà ce que serait pour toujours le souvenir des quinze ans de Nozomi. Un énorme traumatisme. Deux pertes, l'une pour toujours, l'autre peut-être aussi. Qu'en savait-elle après tout ? Ses larmes coulèrent de plus belle. Elle se dirigeait tout droit vers une habitation au toit rouge et à l'allure accueillante, un centre pokémon. Elle y entra, toujours avec du mal.


- Excusez-moi, je m'appelle Nozomi... , sanglota-t-elle.
- Que puis-je pour vous ? Demanda l'infirmière, déconcertée. 
- Je viens pour une blessure à la jambe, ce n'est pas grand chose... Même si c'est un centre pokémon, pouvez-vous désinfecter et bander un peu tout ça, s'il vous plaît ?
- Bien sûr, mademoiselle, suivez moi.

Nozomi et Kirlia suivirent l'infirmière, celle-ci commença à soigner l'adolescente, assise sur le canapé du centre. Nozomi ne sentait pas vraiment la douleur du désinfectant sur sa blessure. Seul l'occupait la journée précédente. Elle y réfléchit à nouveau, serrant fortement le bracelet qui son frère lui avait offert.

Elle ne comprenait décidément pas. Ils menaient une petite vie tranquille tout ce qu'il y a de plus normale, certes sa mère avait été une talentueuse coordinatrice et dresseuse par le passé mais rien de plus. Ils n'avaient jamais agressé personne ni voulu le malheur de quelqu'un. Et Maigo...

Quand elle repensa à son frère, de nouvelles larmes coulèrent. L'infirmière était toujours dans l'incompréhension tandis que Nozomi serrait encore plus fort le bijou, dernier souvenir de son défunt frère. Elle y pensait si fort, ça ne la quittait plus. Il était si jeune, il avait sûrement un très bel avenir devant lui, elle l'aimait plus que tout avec sa mère. Elle refusait d'y croire. Et pourtant, c'était bel et bien arrivé.

L'infirmière décida de la laisser sans lui en demander plus. De toutes façons, ça ne la regardait pas.

Soudain, Nozomi se souvint d'un détail qui sur le coup ne l'avait pas marqué, mais il y avait ce bout de tissu. Elle le sortit de sa poche. Elle l'avait retrouvé à côté d'elle en se réveillant peu avant.

L'adolescente le fixait avec attention, quittant les larmes pour de la colère. Ce sigle présent sur le morceau de tissu, ce sabre en or formant comme un J majuscule avec un long Seviper l'entourant, elle le connaissait. Ils en parlaient à la télévision de cette organisation toute nouvelle, la Jigoku.

Elle voulut prendre la décision de dire tout à la police puis elle se souvint que celle-ci était des plus inutiles dans ces cas-là. La blonde n'aurait pas le choix. On ne peut pas compter sur la police, très bien, elle s'en chargerait, d'une façon ou d'une autre. Elle comptait bien retrouver sa mère. La mort de son frère lui faisait déjà tellement mal. Sa mère ne subirait pas le même sort sans qu'elle n'ait pu faire quelque chose. Elle n'avait pas d'autre famille, c'était ça ou être seule, plutôt mourir.

Elle se leva du canapé, oubliant sa blessure, son pokémon la regardant.

- Kirlia... On va chercher Maman, décréta-t-elle d'un air décidé.
- Kirlia ! Répondit le pokémon, énergiquement.

Elles quittèrent le centre pokémon avec un but précis, la vengeance et l'espoir. Venger son frère. Récupérer sa mère.