Collège Pokémon : L'enfer de l'école [Fic collective] de AFFPP

POINT DE VUE OMNISCIENT


« Naomi ! » appela Will.
Le garçon courut jusqu'à son amoureuse, l'enlaça et l'embrassa. Etrangement elle n'était pas aussi fervente comme à chacun de leurs baisers. Bien vite, Will relâcha son étreinte et observa sa petite amie. Elle ne disait rien, ne semblait même pas le voir. « Naomi ? Que se passe-t-il ? Réponds-moi… » La jeune fille le regarda dans les yeux, en un acte de mélancolie profonde.
Will commença à paniquer. Il voulut lui toucher le visage. Rien qu'à l'effleurer, on sentait que Naomi était fiévreuse.
- Nao… Qu'est-il arrivé ? Tu es chaude…
- Will, murmura-t-elle d'une voix sur le point de s'éteindre. Je ne me sens pas bien. C'est …
Elle se contorsionna de douleur et tomba à genoux. Will hurla.


- C'est un coup d'Atlas, j'en suis sûre ! éclata Jasper. Il faut faire quelque chose, les gars !
- Quoi ? implora Electra. Qu'est-ce que tu veux faire hein… ? Elle ne peut pas bouger, elle n'arrive plus à parler, elle…
Electra éclata en sanglots dans les bras de Jasper.
- Je pense aussi qu'Atlas se cache derrière tout ça, expliqua Jasper d'une voix émue. Peut-être un de ces coups pour nous faire défaillir…
- Evidemment, que c'est ça Jasper.
Tout le monde se tut. C'était comme tourner en rond.
- Résumons, proposa Yuri. Enfin… Bon, Naomi n'est pas bien… Et tout le monde pense à un coup d'Atlas… Mais c'est un peu facile, non, de penser ça ? C'est toujours Atlas, qui…
- Tu penses que c'est qui, alors, demanda Diamond, pensif.
- Et bah…
- Arrête tes conneries, y a pas plus monstrueux qu'Atlas dans ce foutu collège, hurla Ian, alors…
- Attends… Et si c'étaient les Ficeurs ? Ficeurs, qu'est-ce que c'est ? D'abord, on les connaît pas, on sait pas d'où ils viennent… C'est de parfaits inconnus, tout à fait capables de tuer des personnes ! Will a dit que Mizu était leur Tutrice, à Naomi, lui et aussi Naïcha. Elle leur a dit de ne rien tenter pour s'échapper. Naomi a peut-être trouver un truc, et Mizu l'a empoisonnée…
- Non…soupira Will, les yeux dans le vague, effondré. Pourquoi ferait-elle ça ? Mizu veut nous sauver, elle l'a dit… Pourquoi elle nous tuerait, juste parce que Naomi a trouvé un moyen de s'enfuir ? Un avertissement suffirait.
- Charlie avait l'air sympa, aussi, releva Romain. Et puis les Ficeurs paraissent très humains… Je veux dire, ils ont quelques conflits, entre eux, si… La fille qui s'appelle Parodie a une idylle avec celui qu'on surnomme Alpha, par exemple. Et Charlie est jaloux, je l'ai entendu se disputer…
- Ah ouais ? fit William. Alors on pourrait commencer par semer la zizanie dans leur groupe, pour après les convaincre de nous aider à sortir, vous ne pensez pas ?
- Et Naomi ? demanda Jasper.
- Naomi guérira. Du moins je l'espère…

Naomi, suite au malaise qu'elle avait fait, fut conduite à l'infirmerie. Les infirmières l'avaient directement prise en charge, mais après la visite d'Atlas, chacune d'entre elles avaient été sommées de s'occuper d'autres patients. Et quelques heures après son intégration aux services médicaux, Naomi avait complètement disparu.
La nouvelle n'avait pas paru tout de suite, et quand Will était allé rendre visite à sa petite amie, on lui avait dit qu'elle n'était jamais venue à l'infirmerie. On lui refusait certaines informations.






POINT DE VUE DE WILL

Naomi… Naomi ! Où es-tu ? Je ne te retrouve plus… Mon dieu, où es-tu… Je t'aime tellement.
On toqua à la porte. Recroquevillé près de la fenêtre, les pensées moroses, je n'allais pas ouvrir. Jasper entra de lui-même, suivi de toute la bande, plus les filles.
Electra, en me voyant, hoqueta de surprise. J'étais en pyjama, il était midi passé, je n'avais ni mangé, ni bu depuis la veille cinq heures de l'après-midi. Ma dernière visite au lit vide de Naomi. Mes amis étaient au courant, et pour ne pas se plonger dans mon état, ils cherchaient activement ma petite amie. Mais il n'avait jamais plus de nouvelles que les heures qui précédaient.

Alors, m'enfermant dans mon mutisme, j'avais décidé de ne pas travailler, méprisant les menaces d'Atlas, qui ne cherchait même pas à comprendre la disparition de Naomi. Et pour cause. Il en savait, ce chien, plus que moi c'était sûr. Naissait en moi une haine féroce à l'encontre du tyran, et elle jaillirait si mon corps n'était pas une prison à mes sentiments.
Alice, la main sur son ventre, par réflexe de mère, s'approcha de moi, s'assit sur une chaise et me contempla. On voyait dans son regard un élan maternel, pareil à celui qui pointait au bout de son ventre. Je n'avais envie de voir personne, de n'avoir aucun contact avec quiconque. Pourtant quand elle me sera dans ses bras je n'émis pas le moindre refus. Son étreinte me mis le baume au cœur.
Jasper et Electra vinrent s'asseoir à la table apposée au-dessous de la fenêtre. Electra me prit les mains, Jasper ne savait quoi faire.
Une bonne partie du groupe, restait en dehors de cette marque d'affection, mais je sentis leur amitié à travers leurs regards embarrassés. Tous voulaient me réconforter, mais ne savaient pas comment m'exprimer leur encouragement et leur espoir.
Même Alice, qui comme le disait Naomi était une pie jacasseuse égoïste et commère, m'avait serré dans ses bras.
Alors Drew, bouc-émissaire du groupe et principal punching-ball dans lequel je tapais, ne pouvait s'empêcher d'exprimer sa tristesse lui aussi.
Tous mes amis. Tous ils étaient là et me soutenaient. Jusqu'à Romain, auquel je n'accordais pas beaucoup d'importance étant donné son comportement vis-à-vis des autres et ses farces de mauvais goût. Hanako, les yeux brillants, avaient les lèvres tremblantes.
Je m'étonnai donc de la voir la première reprendre consistance dans cette pièce aux allures funéraires.
- Je vais voir Atlas, dit-elle simplement, les yeux encore embrumés. Je vais le voir et je vais récupérer Naomi !
Ca paraissait logique. Et pourtant. Ca ne l'était pas. C'était Hanako qui parlait, fleur fragile au silence de mise. Un sentiment de culpabilité me serra les tripes. Je ne faisais que gémir ! J'étais entre autre une victime. Si Hanako, la plus discrète de notre groupe, devait agir à ma place…J'étais un pantin que manipulait Atlas, en fin de compte. Il souhaitait m'affaiblir. Et au-dessus de cet acte, qui me semblait personnel, il y avait toute notre bande. Celle des irréductibles, à ses yeux. Ceux qu'il n'avait pas encore fait chanter ou déprimer. Nous résistions dans la bonne humeur et lui causions de gros soucis. Je pris conscience du problème que nous représentions. Et des opportunités qui s'offraient à nous.

Les autres réagirent dans un bel ensemble, en levant le poing, leurs yeux remplis de promesses. Je me sentais comme une poussière dans leur détermination. Comme le fardeau, qui se repose sur tout le monde et pleure sur chaque épaule. Sans jamais aller contre sa situation.
Alors je dus me rendre à l'évidence. En me refermant sur moi, je n'étais pas mieux qu'Atlas.
Je me levai, bousculant Alice qui s'était mis de profil, un bras autour de mon épaule.
« Les amis…réussis-je à murmurer une fois debout. Je vous présente mes excuses… Pour avoir… Pour vous avoir abandonné, et pour m'être enfermé dans ma solitude. Désormais on cherchera ensemble Naomi. Et Atlas s'en mordra bien vite les doigts ! »
Un cri d'approbation accueillit ma déclaration. Nous nous mîmes à réfléchir.







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POINT DE VUE OMNISCIENT


- J'ai mal au ventre j'vous dis ! s'insurgea Aurore.
- Moi aussi. C'est votre bouffe, là ! J'ai pas arrêté de….
- Mesdemoiselles… Comment vous appelez-vous déjà ?
- Sylvestra et Aurore ! fit l'amie de Yuri sur un ton arrogant. Et vos rillettes étaient dégueulasses.
- Et bien ! dit l'infirmière en charge. Je le dirai aux cuisinières. Vous voulez bien attendre dans la salle d'attente ?
Sylvestra, un grand sourire aux lèvres, se glissa dans la pièce indiquée, le bras sous celui d'Aurore.
Ce qu'elle y vit accentua encore son enthousiasme. Une trentaine de personnes agglutinées un peu partout criaient à l'intoxication alimentaire.
Parmi eux, Jasper se leva et vint à leur rencontre.
- Pauvre chéries ! soupira-t-il, une lueur d'excitation dans l'œil. Vous avez mal au ventre ? Mais ça alors ! Comme nous tous… Vous auriez mangé quelque chose de pas très sain ? J'espère que vous n'avez pas mangé de l'herbe, comme Drew là-bas. Le pauvre est au plus mal. Mais bon, comme il arrête pas de gerber, ça lui nettoie l'estomac…
- Dis, le coupa Sylvestra, jetant un regard en direction du garçon aux cheveux verts, Drew a vraiment mal au ventre ? Parce qu'il est tout blanc.
- Bah oui, lui chuchota Jasper. Tu croyais qu'on allait laisser une occasion de rendre Drew malade, et que ce soit permis, en plus ? Regarde, il se vide le petit… de tous les côtés… Ah, l'herbe … le laxatif et autre produit miracle !
Sylvestra gloussa tandis que Drew se dirigeait une nouvelle fois vers les toilettes, la face déconfite.
Will leur fit signe à tous de le rejoindre. Il était assis sur un canapé, à côté de Ian, de Yuri et de Diamond. Son teint était toujours un peu échauffé, mais il avait repris des couleurs. Il était d'autant plus déterminé qu'il avait demandé à chacun de poursuivre l'enquête dans la bonne humeur. Et que le sourire même s'il était un peu forcé, finirait par prendre une réalité.
Il était heureux car il savait que Naomi l'attendait.
- Will ! s'exclama Sylvestra de joie. Tu lis quoi ?
Will lui montra le magazine posé sur ses genoux.
- Un… Un porno ? hurla-t-elle. Connard !
- Mais non ! fit Will en riant. C'est un magazine féminin, c'est tout…
- Et tu t'excites sur les filles ? rugit-elle encore. Espèce de pervers, Will je te…
- Attention, dit Jasper en s'incrustant. Il devient peut-être pédé…
Will envoya valser la revue sur la tête de Jasper qui s'envola plus loin, dans l'enthousiasme commun.

Sylvestra s'assit en face de Will, sur un fauteuil qu'elle rapprocha.
- Tu n'aurais pas vu Yuri ? lui demanda-t-elle.
- Euh… Non, il n'est pas encore arrivé. D'ailleurs je sais pas ce qu'il fabrique…Jasper !
L'interpellé accourut dans un sursaut.
- Dis, Jasp', t'as pas vu Yuri ? Il devrait être là, pourtant…
- Bah, non, je l'ai pas vu… Je crois que je l'ai croisé une dernière fois dans la chambre avant de partir à l'infirmerie, il était avec Yamaguchi.
- J'espère qu'ils vont pas en plus fou…
- Bah tiens, c'est eux ! fit Will en désignant un groupe de trois personnes.
Yuri les rejoignit, un grand sourire sur le visage. Il s'approcha de l'oreille de Will et lui glissa quelques mots.
- Quoi ? s'écria Will avant d'éclater de rire.
- Regarde ! dit Yuri en montrant du doigt une jeune femme habillée comme une adolescente.
- Que se passe-t-il ? interrogea Jasper, puis Ian, Sylvestra et bientôt ce fut un rassemblement autour de la nouvelle venue.
- Qui c'est ? questionna un garçon.
- C'est quelqu'un que vous devriez connaître, non ? Elle ne vous dit rien ? C'est…Saphira !

Au début, tout le monde aurait voulu la tuer ou faire quelque chose qui aurait pu détruire son souvenir amer, puisqu'elle était là devant eux, vulnérable et sans défense. Mais Yuri incitait à la prudence et à la transparence….
On l'amena dans un coin à l'écart, encadrée de toute la bande, y compris Will, Jasper, Sylvestra, Yamaguchi, Ian, Aurore, Romain qui venait d'apparaître, Diamond, Drew qui suivait, et quelques anonymes. Yuri ne voulait pas emmener beaucoup de gens avec lui, de peur que les caméras installées ne détectent un désemplissement anormal.

- Je ne vois pas Electra et Alice, fit Aurore à Diamond.
- Elles ne sont pas venues, répondit le jeune homme. Yuri et Will ne voulaient leur faire courir aucun risque.
- Ah…
Yuri fut bientôt interpellé par plusieurs personnes dubitatives :
- Yuri, Atlas ne va pas intervenir s'il voit qu'on a Saphira avec nous ?
- Oui, il pourrait y avoir de graves représailles !
- Et qu'est-ce qu'on va faire d'elle ?
- On pourrait s'en servir comme moyen de pression, vous pensez pas ?
- Ouais !
- Je crois qu'il faudrait mieux…
- Chut ! souffla Yuri. Pour répondre à la première de vos réactions, non, Atlas n'interviendra pas. D'un parce qu'à l'aide d'une certaine personne j'ai acquis un plan des systèmes d'écoute des pièces où nous sommes. J'ai donc pu les supprimer : Atlas ne peut percevoir aucune de nos conversations, et ça j'en suis certain. S'il n'a pas pu nous entendre, il a pu nous voir. Mais il n'a pas reconnu Saphira, car tout comme vous l'avez remarqué, physiquement elle a bien changé, et je l'ai déguisé pour qu'elle passe inaperçue. Donc il n'a aucune connaissance de qui nous avons avec nous. A part ça dans le coin où nous sommes maintenant, il n'y a plus de caméra, et Atlas ne s'en souciera pas. De deux… Comme vous la voyez là, Saphira est complètement inoffensive. Je ne sais pas ce qui s'est passé, je raconterai comment je l'ai trouvé plus tard, avec Yamaguchi. En attendant, il s'agit bien de l'utiliser comme cobaye de nos propres tentatives… En premier il faudrait réussir à la faire parler. Ensuite elle va regagner les rangs d'Atlas, et sera un agent-double. A condition qu'elle ne retrouve pas la pleine mesure de son rôle, et dans ce cas elle risquerait de nous faire faux bond…
- Yuri ! s'exclama Jasper. Et Naomi dans tout ça ? C'est quelque chose qu'on fait pour s'enfuir ou pour la libérer ?
Tous approuvèrent la remarque du blond. Yuri faisait office d'un chef sur son estrade. C'était une impression étrange pour tous. Eux qui avaient l'habitude de s'élever contre l'autorité, ne voulaient pas forcément être dirigés. Le meneur en prit conscience.
- Bon, les gens ! clama-t-il. Notre plan, vous vous en rappelez, est de faire échouer Atlas dans son éternel besoin de… de gouvernance, vous me suivez ? On doit le déstabiliser. Pour ça, il faut mettre toutes les chances de notre côté ! Cette concertation que nous avons faite pour nous retrouver tous malades et chambouler leur organisation n'a pas l'air de trop fonctionner. Pour l'instant, il n'y a eu aucune réaction dans le camp d'Atlas. Il ne faudrait pas trop attendre. Atlas est intelligent, il comprendra bien vite que c'est une mascarade destinée à le faire vaciller. Il ne réagira sans doute pas. Nous pensions qu'il ferait quelque chose, de crainte qu'avec un rassemblement pareil nous provoquions une émeute. Il devrait le faire. Il le fera sans doute, dans pas longtemps, quand, par la suite, comme il est prévu dans le plan, nous nous échaufferons et ça l'alerterait. Seulement voilà…
- Attends ! hurla presque Will. Tu n'es quand même pas en train de nous dire que tu abandonnes Naomi, parce qu'on a pêché une Saphira ? Qu'il faudrait qu'on pense à s'évader plutôt que de sauver Naomi ?
- Will, soupira Yuri. Non, je ne dis pas ça. On continue les recherches, mais dans l'ombre. Si Atlas se rend compte des activités que nous menons pour récupérer Naomi, il n'hésitera sans doute pas à refermer l'étau sur elle et…
- Hé, les gars, venez voir ! cria un garçon de 12 ans. Atlas parle à l'écran !
Tout le monde se précipita dans la salle d'attente et même dans le hall, pour voir le visage d'Atlas sur les écrans disposés à ses interventions verbales.
- …manifestation, disait-il. Je ne sais pas ce que vous voulez, et si vous décidez pour ça de provoquer des réunions de pareille envergure, vous ne l'aurez pas !
- Tu vois, glissa Yuri à l'oreille de Will, fixé sur l'écran.
- Mais ! reprit Atlas. Il y a possibilité de négociation. C'est pour cela que je veux voir les instigateurs de ce rassemblement, dans mon bureau, tout de suite ! Il n'y aura aucune sanction au préalable, mais je veux comprendre le pourquoi de cet acte ! Maintenant, dis…
- …persion, soupira chacun des présents.
Comme dit, tous les élèves retournèrent en cours, après l'accord de Yuri, qui ne pesait pas vraiment face au ton cinglant d'Atlas.

Il fut décidé que ceux qui iraient rendre visite à Atlas devaient être ces quelques personnes : Will, Yuri, Alice et Electra qui avaient donné des instructions en leur qualité de fortes têtes rebelles, également Jasper, Sylvestra et Diamond. Tous avaient participé à ce regroupement. D'autres, en dehors des sept choisis, avaient été écartés pour leur difficulté à s'exprimer en public, ou bien suivant leur implication dans l'affaire. Il fallait savoir tenir tête à Atlas. Certains y arrivaient à grande peine.

Contre toute attente, Atlas ne fit pas de l'entretien des entrevues individuelles. Il invita chacun à pénétrer dans son bureau et appela même à rajouter des chaises dans la pièce, puisqu'il en manquait.

Après que tout le monde se fut installé, il mit ses mains sous son menton, chaise reculée et jambes croisées. Il semblait très à l'aise. Son air hautain, supérieur, énerva de suite les trois filles : Alice, Electra et Sylvestra.
Yuri, le plus réfléchi des sept prit la parole après un silence, comme il avait été convenu entre eux :
- Si nous sommes là, dit-il après s'être levé, l'air provocateur, c'est pour obtenir des explications… Des…
- Si je suis là, coupa Atlas, ce n'est pas pour vous en donner. Je cherche à connaître vos motivations.
- Pour que vous nous donniez des explications, il faut bien sûr que vous sachiez sur quel sujet elles portent, admit Yuri, même pas ébranlé par la prise de parole du tyran.
- Nous sommes d'accord, fit ce dernier avec satisfaction.
- Commençons par le commencement, et ne me coupez pas, prévint l'orateur. Dans ce collège, ou lycée, puisque différentes tranches d'âge y sont réunies, on ne peut pas dire que l'on se sente en sécurité. Après le branle-bas-le-combat du début d'année scolaire, les disparitions, vos expériences douteuses et leurs conséquences, on ne peut pas dire non plus que vous vous sentiez vous aussi en sécurité, étant donné les tentatives de révolte, vos doutes et vos actions, qui ne mènent qu'à des impasses, finalement.
Il laissa planer une note muette dans la pièce, comme un point d'orgue aux critiques portés sur Atlas. Celui-ci laissait parler, un sentiment venimeux dans les yeux, mêlé à du véritable intérêt.
- C'est comme une chaîne, en fin de compte, reprit Yuri. Il y a toujours ce que vous faites pour contrebalancer ce que nous faisons. C'est frustrant, mais ce jeu risque pour vous de devenir ennuyeux, à force non ?
Atlas évita la question, de pure rhétorique cependant, d'un geste vague.
- Là n'est pas la question, même si elle viendra à se poser un jour. Parmi les plusieurs disparitions qui ont agité les élèves ces derniers temps, il y a celle de Diamond, ici présent mais qui nous a raconté son voyage étrange dans le monde…des jeux-vidéos… Drôle de colle, d'ailleurs. Passons. Dans votre palmarès des disparus, il y a… Naomi.
On sentit Will se tendre sur sa chaise. Atlas lui jeta un coup d'œil rapide avant de revenir se fixer sur Yuri. Electra n'y tint plus, devançant Alice et Sylvestra :
- Peut-être que tu viens de comprendre, espèce de lâche ! cracha-t-elle. Tu as enlevé Naomi, et ça nous en sommes certains !! Si tu ne nous dis pas où elle est, si tu ne nous le dis pas tout de suite, crois-moi, ça va péter dans ce collège et alors il vaudra mieux t'exiler dans le trou du cul du monde si tu ne veux pas avoir les fesses rouges !
Malgré la tension et la menace qui hantaient les paroles de l'italienne, tous se retinrent de rire. Le ton était dur, mais efficace. Une lueur s'alluma dans l'œil d'Atlas :
- Attention, avertit-il en la regardant droit dans les yeux, Mademoiselle Di Luna, ne brusquez pas votre bébé, lui qui est le seul à ce que je comprends qui soit en sécurité ici, avec le rejeton de notre chère Alice et celui de cette Emily ! Ne lui faites pas de mal, j'ai peur qu'il souffrira bien assez par la suite… Peut-être à cause d'une mère aussi…expansive que vous, Electra.
Electra rugit et on dut la retenir pour qu'elle ne se jette pas sur Atlas, malgré l'enfant qu'elle portait.
- Asseyez-vous, mademoiselle Electra, reprit-il. De toute façon, votre crise passagère est totalement inutile. Peut-être le baby blues, qui sait… Enfin bref, cette situation n'a rien d'attrayant pour moi. Moi qui pensais que vous réagiriez de sorte à ce qu'il y est un peu d'acti…
Atlas fut surpris de voir qu'il était tombé de sa chaise, acculé au sol par un Will enragé. Le groupe poussa un hoquet de stupéfaction.
- Maintenant, tu vas fermer ta grande bouche, Atlas. Je t'écoute, j'écoute mes compagnons. Apparemment les phrases détournées ne fonctionnent pas avec toi, il faut passer aux mains. Sache que je te donne quelques secondes à vivre si tu ne libères pas Naomi tout de suite ! Inutile d'appeler tes pions, sale chien. Je t'aurai brisé les vertèbres avant. Maintenant tu vas…
Will fut projeté par un formidable uppercut. Il tomba sur le bureau qui se renversa sous l'impact. On entendit un singulier craquement. Les documents qui volaient alentour empêchaient de voir l'expression sadique et tout à fait contrôlée d'Atlas. Il attendit que tout se calme dans la pièce.
Les filles se jetèrent sur Will – étrangement, c'étaient les plus dynamiques, sans doute l'effet des hormones – suivies par les garçons, écumant de fureur.
Atlas fit deux pas en avant, pour observer la scène. Il évita un coup de pied fouetté qui faillit bien lui décrocher la mâchoire et finalement se tint à l'écart, avec à la main une étrange télécommande.
- Je suis désolé si je lui ai délogé quelques vertèbres, lança-t-il aux gamins. Il m'avait menacé de cette façon, j'ai cru qu'il méritait la pareille !
Personne ne se risquait à parler, tant la tension malmenait la raison. Si un seul de ceux présents avait esquissé un geste, ou murmuré un mot, il est évident que ce fut une mise à mort générale d'Atlas qui aurait remporté la mise.
Et peut-être un massacre dans les deux camps, aussi probable qu'Atlas appellerait des renforts.
Néanmoins, le tyran ne se gênait pas de jouer avec les sentiments des uns, en remuant le couteau dans la plaie. Il s'assura d'un coup d'œil que Will respirait encore. Un regard menaçant de Sylvestra le retint d'en apprendre plus.
Dans un silence maintenant presque complet, Atlas reprit la parole :
- J'étais sûr que ça se passerait comme ça. Vous êtes tellement prévisibles, tous, autant que vous êtes, que ça m'enlève le plaisir du jeu. Evidemment, vous voir vous affaler sur votre ami dans l'espoir de sauver un de ses os m'est aussi très plaisant. Encore plus, ce qui vous attend va me réjouir comme jamais. La seule chose que je n'avais pas prévue était, que de mon côté, je change de plan… Je vous rendrai Naomi, votre terreur et votre résolution ont déjà bien altéré ma soif de vous voir tous révoltés et sans défense. Peut-être aura-t-elle un tout petit peu changé, je ne sais pas, le produit que j'ai glissé la fois précédente dans ses aliments, ayant eut l'effet de la rendre malade… Encore une expérience, ne t'en déplaise Diamond, et toi aussi Jasper. Je vois que vous n'avez toujours pas oublié votre folie, et vos soudaines ardeurs sexuelles, n'est-ce pas ? Remarque, Electra en a fait les frais, pour Jasper. Reste à savoir si Aurore n'est pas enceinte !
Atlas était vraiment méchant. Jasper devint rouge et Electra cracha presque sur le monstre qui leur faisait face. Quant à Diamond, personnage très secret débordant cependant de courage et de vitalité, il accusa le coup. Il respectait les filles en général, et n'acceptait pas alors ce qu'il leur avait fait subir lors de sa subite transformation. Rien de grave, mais pour lui si. Aurore avait été extrêmement choquée et l'évitait royalement depuis ; il s'était juré pour cela de venger son honneur perdu.
Atlas était devant lui. Comme beaucoup de fois, ils s'étaient retrouvés face à face. Dans cette pièce, il était le seul à le connaître mieux que personne, le seul à l'avoir fréquenté avant cet emprisonnement dans le collège. C'était son ennemi de toujours, l'obstacle qu'il fallait à chaque fois surmonter. Mais il était également le seul à connaître une petite partie de son histoire.
Il décida d'attaquer à son tour, et tenta de paraître le plus sincère possible avant d'entamer son assassinat verbal :
- Atlas, tu es vraiment l'être le plus abject que j'ai jamais connu ! cracha-t-il à la surprise de tout le monde. Toi et ton égo ne vous quittez donc jamais ? Même pas aux chiottes, où tu devrais laisser comme lui ton éternel sadisme ! Tu es plein de lâcheté, je te connais ! Je peux parier que tu n'as aucune fierté à faire ce que tu fais, et à être ce que tu es. Que tu te divertis juste pour t'enlever la possibilité de te connaître davantage. Tu es un monstre, Atlas, une erreur de la nature, mais au fond de toi tu es un être humain. Loin de moi l'envie de minimiser ta méchanceté ou ton cynisme, au contraire. Tu es un homme qui s'est transformé en monstre. C'est juste ça. Et comme tout assassin et criminel, tu as eu une partie de ta vie aussi noire que ton cœur maintenant. On pourrait presque te pardonner d'être comme ça. Seulement je n'y parviens pas, personne n'y parviendra ici, crois-moi, personne ne pourra éprouver de la pitié envers l'être qui les fait souffrir depuis le début. Tu es voué à mourir, à reprendre ton dû, tu sais. Ce que tu as entrepris ici est vain, vraiment, tu ne t'en rends pas compte ; tu repousses l'échéance. Bientôt, Atlas, bientôt. Je ne sais pas quand, mais bientôt. Avant, ressasse cette histoire, ressasse ce moment où tu as vu s'effondrer ta vie. Ou ton po...
- Ferme-la ! avait hurlé Atlas.
Il s'était jeté sur Diamond, un coutela en avant et s'apprêtait à le planter dans sa poitrine quand, à temps, Yuri le fit voltiger d'un coup de genou destructeur. Le nez en sang, il écumait de rage, et son couteau paraissait ruisselant tant la promesse de mort dans ses yeux se faisait présente, implacable.
Diamond se fit relevé par Will, un peu choqué par les évènements. Il lui adressait un regard dubitatif. Electra, aussi sceptique que son ami observait tour à tour Atlas et Diamond, se demandant de quelle période parlait ce dernier. Elle n'avait jamais imaginé l'efficace Diamond en jeune homme aussi acide. Non, il n'était pas acide. Il disait juste ce qu'il fallait dire pour déstabiliser Atlas. Mais ça ne lui ressemblait pas vraiment. Diamond était plutôt le genre de personnes qui se contentent d'agir, et ne parlent pas. Bon point. Electra n'avait pas pensé qu'un jour Diamond serait amené à exploser. Néanmoins… Il avait un certain respect pour les valeurs, et n'aurait pas apostrophé Atlas comme ça, devant tout le monde… Il n'en aurait pas fait une affaire collective, il…
Electra sentit une odeur suspecte dans la salle. Elle leva les yeux au plafond et aperçut de la vapeur qui sortait des bouches d'aération. Quand elle reposa son regard sur Atlas, il n'était plus là. Et Jasper et Sylvestra étaient à terre, agonisants. En un éclair, Electra agit. Elle se précipita sur la porte – fermée. Ils étaient bloqués.
Yuri, comme elle, avait pris les devants. Il inspecta tour à tour le plafond et le plancher, ne trouvant aucune sortie.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? s'exclama Will jeté à terre par Electra.
- Je ne sais pas ! souffla celle-ci. Mais tous à terre. Sinon vous allez vous asphyxier !
- J'ai mal au ventre ! gémit Alice.
- Mets-toi sur le dos ! lança Diamond. Bon sang, on s'est fait avoir ! J'ai l'impression que ce gaz n'est pas du gaz soporifique. On serait déjà dans les vapes à l'heure qu'il est, non ?
- C'était juste une diversion pour qu'il s'enfuie ?
- Peut-être… Enfin, ce n'est pas le genre d'Atlas de s'enfuir sans nous laisser un cadeau en partant, remarqua Will.
- Sans doute, admit une voix.
Tous se retournèrent avec effroi vers le plafond. Yamaguchi, la tête ballante dans le vide, les regardait avec un amusement certain.
- On dirait une scène de film, dit-il avant d'éclater de rire, et de tomber au sol. Et merde ! hurla-t-il en se tenant la tête. Ca tue !!
- Yam ! s'exclama Yuri. Qu'est-ce que tu fais là ?
- Bah ! soupira celui-ci en se débattant avec la corde attachée à son pied – qui lui avait permis de ne pas se briser le cou sur le parquet.
- Alors ? fit Will dans l'attente générale.
Il n'y avait plus aucune fumée dans la pièce, et l'on pouvait constater les dégâts autour d'eux. Déplorables…
- Bon ! Laissez-moi vous expliquer ! dit Yam après s'être finalement libéré de la corde qui pendait à côté de lui. Alors, franchement, c'était super d'arriver comme ça, dans la fumée et tout, mais bon je voyais un peu rien. Un peu comme, vous savez comme…
- Yam, si tu ne vas pas droit au but, menaça Sylvestra…
- D'accord, d'accord ! s'exclama-t-il, les mains levées en signe d'infériorité. Alors ! Les gens qui sont pas les « super-décideurs » du groupe, et ben ils se tournent pas les pouces en attendant que vous finissiez votre petite discute avec Atlas. Donc moi, qui comme je l'ai dit ne suis pas un « super-décideur » du groupe, bah je me suis pas tourné les pouces et…
Il s'arrêta, captant le message dans les yeux de Sylvestra.
- Oui, bon, pour aller droit au but, et bah j'ai décidé de m'infiltrer dans le bureau ! Et sauver la situation. Je l'ai bien fait, non ? Les conduits d'aération sont vraiment un moyen naze de sauver des gens, hein ! Je suis pas un espion, purée !
Personne n'osait réagir. Will le premier, qui accueillait le miracle avec un esprit toujours aussi sceptique.
- Et tu es venu nous secourir, comme ça, ça t'es passé par l'esprit et tu es arrivé ? dit-il finalement. Comment as-tu fait ?
Yam vira au rouge en un éclair. Il gigota, mal à l'aise dans la pièce.
- Et bien, fit-il, un grand sourire osé sur les lèvres, peut-être qu'on m'a aidé un peu… Voire beaucoup… Enfin…
- Qui t'as aidé ? demanda Alice.
- Et bah…
- Parle ! le prévint Sylvestra.
- Et oh ! s'écria-t-il. C'est bon, je parle. Bon, bah, quelqu'un m'a aidé… Ou plutôt deux personnes en fait… Mais je…
- Salut !
Electra leva la tête une nouvelle fois, comme tout le monde. A la surprise générale, une petite fille se tenait perchée dans le vide, comme avant Yamaguchi. Elle tomba avec assurance sur le sol.
- Coucou, tous ! s'exclama-t-elle en faisant une petite révérence.
Sylvestra adressa un regard peu chaleureux à Yam.
- Bah alors ! dit encore la petite. On ne dit pas bonjour ? Pas bien ça ! Pas bien !
- Mais c'est qui ? questionna Jasper, bouche bée.
- Ahh, soupira Yamaguchi. C'est… C'est Naomi ! Et l'autre c'est…Saphira !
Une adolescente descendit à la suite de Naomi. Elle avait de grands yeux verts et…
- Naomi ? hurla Will.
- Naomi, et Saphira ? hurlèrent tous les gamins réunis.
- Et moi, vous m'avez oublié? demanda une autre voix.

Electra la reconnut aussitôt.

- Dada! s'exclama la petite fille.
- Ah, euh, peut-être une autre personne aussi, bredouilla Yamaguchi, gêné... Enfin, un pokémon... un...Topaze!







A SUIVRE!