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Collège Pokémon : L'enfer de l'école [Fic collective] de AFFPP



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» Auteur : AFFPP - Voir le profil
» Créé le 09/06/2010 à 13:13
» Dernière mise à jour le 13/01/2011 à 20:38

» Mots-clés :   Action   Fanfic collective   Présence d'armes   Sinnoh

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Chapitre 30: Une surprise comestible! [MizU]
Chapitre 30: Une surprise comestible!

POINT DE VUE DE WILL.

-Allons-y ! murmurai-je. Et vite ! Faut pas qu'elle se réveille maintenant.
-Will ! râla une voix dans mon dos. Il est j'sais pas quelle heure du mat', et tu veux la réveiller ?
-Ta gueule ! enjoignis-je. C'est plutôt toi qui n'veux pas qu'on te réveille !
-Ouais ! grommela une seconde voix. Tu veux aussi mon poing dans ta gueule, pour te SIGNIFIER qu'on préfère s'la couler douce un dimanche ?
-Un dimanche pas comme les autres, bande de Drew !
-Oh, putain, c'est qu'il nous insulte ! s'esclaffa quelqu'un.
-Vos gueules, bande de connards ! hurla Drew, seul qui prenait son parti. Je vous prends tous moi, et maintenant.
-Ah ouais ? Bah, super, venez, Drew veut se battre !

Je soupirai. Ca y est, ils allaient encore faire passer le martyr du noob avant les impératifs.

-Quand il s'agit de taper des noobs, ça y va, hein ! repris-je. Maintenant, je vous rappelle que c'est…
-Oui, on sait, Will ! soupirèrent tous ceux présents dans la chambre.

Il y eut une pause.

-Attendez, les mecs ! éclata Jasper. Et si, on lui mettait le gâteau en pleine tête ? Beau cadeau, non ?

Énervé, je faillis me jeter dans la pénombre à la recherche de Jasper.
D'ailleurs, dans le silence et l'obscurité de la chambre, impossible de repérer quoi que ce soit, à présent. Tout était plongé dans l'atmosphère nocturne... Après tout, il ne faisait presque pas jour... Appuyant sur mon radioréveil, je consultai l'heure. Quatre heures du matin. Peut-être avais-je fait un peu fort, cette fois-ci... Mais comme je voulais un maximum de temps... J'allumai la lumière, et tout le monde poussa un cri en se couvrant les yeux, comme aveuglé... Je fermai moi aussi les yeux, en attendant de m'habituer à la lumière.

-Jasper, tu m'aideras, déclarai-je après. Yuri, aussi. Tu couvres mes arrières, et tu défonces les portes…
-Will, je ne suis pas spécialiste dans le défoncement des portes, me coupa Yuri. Je t'accompagnerai, et t'aiderai... Tu vas l'empoisonner, sinon.
-Moi ? Jamais ! contrai-je. Drew, tu fais diversion en restant dans l'armoire, Diamond, tu me suis, Ian, tu viens, mais tu fais pas le con... Et... Gold, t'es là ?
-Ouais ! répondit l'interpellé.
-Cool, tu fais la sortie avec nous. Mais pas question de passer par la case douches des filles de l'autre bâtiment, promis ?
-Promis... maugréa Gold.
-Arno et William, vous m'aidez – z'êtes bon en cuisine, j'espère – et Romain, tu m'accompagnes, parce que tu as que ça à faire. C'parti.

Personne ne bougea.

-Il paraît qu'il y a énormément de biscuits dans les cuisines.
-Oh my god !
-Tous à moiiii !
-Bande de nazes ! soupirai-je. Bon, tous en formation quinconce et on part.

Tout le monde se tut.

-Bon, pour faire plus simple, on va tous sortir, ajouta Yuri pour la bonne compréhension du groupe.
-C'est quoi une quinconce ? demanda Ian, perplexe, soutenu par Jasper.
-Rien, rien, laisse tomber... dis-je en me tenant l'arête du nez. Rien de rien. Maintenant, on y va, ou quoi?
-S'il y a des biscuits, je vois pas ce qu'on fait encore là ! rétorqua Jasper, très sérieux.

Décidément, ils y étaient tous accros, aux biscuits.
Prenant les rênes de l'opération, je commandai à mes amis de sortir en silence, par un geste de la main et un doigt sur la bouche. Je sortis à mon tour. Il faisait très sombre. Sortant de ma poche une lampe frontale, je l'allumai et la mis sur ma tête. Un faisceau lumineux parcourut les couloirs. Je souris, et m'engageai dans le corridor, atteignant à pas feutrés le hall. Les autres me suivaient.
Etrangement, ils ne faisaient pas trop de bruit, ce dont je leur étais reconnaissant. Mais c'était trop rêver.

-Tu m'as marché sur le pied ! fit Jasper à l'adresse de son jumeau.

Avant qu'il n'y ait de l'agitation, je priai tout le monde de se taire.

-Tout droit, me chuchota Yuri qui m'avait rejoint. Les clés sont rangées quelque part… je pense savoir où.
-Ok ! murmurai-je pour lui répondre.

Nous marchâmes en silence, dans le hall éclairé seulement de ma lampe frontale.
Yuri me pressa l'épaule, je m'arrêtai. Nous étions devant une porte de métal.
Maintenant, il faut savoir où nous étions. Embarqués dans ce village olympique, nous n'avions qu'une idée en tête – du reste, moi – préparer un gâteau. Ça semble farfelu, mais c'était la vérité.
En réalité, nous étions là depuis à peine la veille, d'où la réaction de mes amis face à mon désir de me lever tôt.

-Les cuisines doivent être par là, me chuchota Yuri. Entrons dans le réfectoire.
-Tu es sûr ? lui répondis-je à voix basse. Pas qu'on se retrouve dans quelque pièce…
-Ne t'inquiète pas ! J'ai examiné le plan du village pendant les premières épreuves.

Je soupirai. Poussant la lourde porte d'acier, nous entrâmes, non sans grincer des dents quand la porte émit un bruit aigu. Tout le groupe entra à ma suite.
Dans l'établissement des garçons, il y avait plusieurs chambres de six et une de douze. Heureusement, nous étions tous réunis – mes amis – dans une même chambre. Les filles étaient regroupées dans un autre bâtiment, à côté du nôtre. Ma tâche se révélait plus difficile, à cause de ça.
Pénétrant dans le réfectoire du petit déjeuner – que nous passions toutefois souvent avec les filles, qui nous y rejoignaient – nous contournâmes les tables par dizaine, dont la table mise à l'écart d'Atlas et ses troupes. Les moniteurs mangeaient également avec le chef. La cuisine apparemment petite n'était composée que d'un grill, d'une plaque à gaz, d'un réfrigérateur et d'un four. Trouvant une porte recouverte de peinture blanche qui s'effritait, j'en tins la poignée et l'abaissait, rencontrant une résistance.
-Mer…mince, murmurai-je. Fermé. Pas de clé, dans le coin ?
-On en cherche une ! répondit Arno, occupé à fouiller des tiroirs.
-On peut enlever la serrure, sinon! intervint Jasper, les yeux brillants d'excitation (l'œuvre des biscuits, sans doute).
-Ca va pas ? s'écria presque Yuri. Quel trafic, ce serait !

Réfléchissant pendant quelques secondes, je vis une fourchette briller juste sous mes yeux, posée sur le plan de travail. La saisissant, je tirai une mine triomphante à toute ma petite troupe, qui cependant n'en démordit pas. Jasper s'esclaffa presque : « Une fourchette ? Qu'est-ce que tu veux faire avec ? ».
Je me renfrognai. Quel soutien ! Me baissant sur la serrure, je glissai la fourchette. L'agitant dans le trou, j'attendis que le mécanisme s'enclenche. Rien.

-Quelqu'un aurait une carte de crédit ? risquai-je aux autres.

Certains pouffèrent.

-On est pas dans un mauvais James Bond, Will, s'empressa d'ajouter Yuri. En plus, ce sont tes responsabilités. Donne-moi...

Avant qu'il puisse finir sa phrase, la porte s'ouvrait, sous mes yeux étonnés. "Rien qu'un bon coup de fourchette!" rétorquai-je, fier .

Néanmoins, la porte ne s'était pas ouverte toute seule, et une tête noire nous prévint de la présence de quelqu'un… Alerté, j'entrai aussitôt, crispant mes mains sur la fourchette, la brandissant comme s'il s'agissait d'un couteau. La tête fit une rotation et deux grandes oreilles couleur ébène nous apparurent également. Je soufflai. Les yeux du Noctali me regardaient, interloquées et à la fois attentifs. Topaze, en train de se goinfrer de biscuits aux éclats de chocolat/noisette.

-Je n'aurais pas dû laisser la porte ouverte ! fit Topaze entre deux bouchées.
-Non ! grogna Jasper qui venait d'entrer. T…Mes biscuits ! Pas encore !
-Et si ! renchérit Topaze, à la fois fier et défiant.
-Tu…tu…, balbutia Jasper.

Le blondinet écarquillait les yeux. Heureusement que le collier traducteur de Topaze facilitait nos échanges, autrement nous aurions difficilement régler la situation – ou bien n'aurait-elle pas pu empirer, du moins.

-Allez ! chuchota Yuri à Jasper. Je parie qu'il en reste…Mais, dis-moi, que fais-tu ici, Topaze ? Tu t'es enfui de ton établissement ?

Topaze croqua dans son biscuit et mâcha bruyamment, pour énerver Jasper. C'était le dernier biscuit. Il avala lentement, prit son élan et grimpa sur un meuble à hauteur de Yuri, pour pouvoir converser convenablement. Un instant, il resta immobile, évaluant le nombre de garçons de la pièce et les observant. Tout le monde était là.

-Et bien, oui, fit-il enfin. Je me suis faufilé par une fenêtre. Quelle idée, ces JO !
-Et pourquoi tu t'es faufilé par une fenêtre ?
-Pour les biscuits, répondit immédiatement Topaze. Enfin... à moitié.
-A moitié ? demanda aussitôt Arno.
-Et bien...hésita le pokémon. En fait...
-En fait ?! s'impatienta Jasper.
-En fait, je suis venu en éclaireur, finit par dire Topaze.
-En éclaireur ? nous nous exclamâmes ensemble.
-Oui...Etincelle voulait...cuisiner, m'a-t-elle dit.
-Cuisiner ? interrogeai-je, devançant les autres.
-Elle est au courant, répondit Yuri à la place du pokémon d'Electra.

Nous poussâmes un soupir collectif.

-Elle arrive ? fit Arno.
-Oui, elle est derrière la porte, et pas toute seule.

Nous nous retournâmes en même temps. Electra, Yami, Hanako, Alice, Sylvia et Sylvestra nous regardaient d'un air estomaqué. Nous nous contemplâmes un moment, sans un mot. Yami brisa le silence.

-Salut les garçons ! s'exclama-t-elle. Vous venez nous aider ?

La conversation s'engagea alors, en véritable dispute.

-On a pris avant vous l'initiative ! raillai-je.
-Elle est ma meilleure amie ! rétorqua Electra, furibonde.
-Les garçons ne connaissent rien à la cuisine !
-Les filles sont maladroites !
-Gold pisserait le sang, et ce serait dégoûtant !
-Ta gueule !
-Va brouter de l'herbe.
-S'pèce de bretzel !
-Vos gueules ! conclurent Arno et Yuri, les plus raisonnables – avec Hanako qui ne disait mot.

Nous restâmes figés un instant.

-Travaillons ensemble ! Meilleur sera le résultat ! fit Yuri.
-Répartissons –nous les tâches, rajouta Arno.
-Les œufs, loin des filles ! renchérit Ian.
-Ian ! râlâmes-nous de concert.

Et ce fut ainsi que nous nous activâmes en cuisine. Mais avant de commencer l'entreprise qui devait rester discrète, nous planchâmes sur la recette, les ingrédients et quantités.

-Purée, je suis pas fort en proportionnalité, je vous le dis tout de suite! ronchonna Ian.
-Alors, fais comme moi ! le héla Jasper. Coule-toi la douce, profite de ces belles chaises pour rattraper la nuit !

Je grognai. Ian vint le rejoindre et s'étendit sur deux chaises face à face, posant ses pieds avec réjouissance. Les deux blonds n'avaient rien fait depuis que l'entreprise avait débuté.

-Bien, fit Yuri. Donc, on mélange les trois recettes, ou on les arrange ?
-Attends, m'inquiétai-je. Quelle heure il est ?
-Juste 4h26, Will, relax ! soupira Alice, qui tombait de fatigue dans les bras de Romain.
-Ok, marmonnai-je, stressé. Hanako, tu veux bien répéter ?
-Oui... fit timidement Hanako, sa voix comme un murmure. Et bien...il faut...casser quatre œufs...plus 100 g de...farine...400 g de riz...

Ecoutant, j'en profitai pour noter les indications d'Hanako. Celles-ci me parurent parfois imaginaires « Sept feuilles d'eucalyptus trempées dans du soja » ... Mais je passai outre.

-Ok, dit Yuri. Electra ?
-Ouais, c'est la panna cotta .

Et ça continua ainsi. La troisième recette était celle, toute simple, d'Alice. Une forêt noire. Nous réunîmes à plusieurs les différents ingrédients, fouillant dans la grande cuisine le nécessaire. Nous trouvâmes à peu près tous les ingrédients… Mais il manquait…le final.

-Il n'y en a pas ! m'écriai-je, bien que sachant qu'il fallait faire silence.
-Ne panique pas ! m'enjoignit Yuri. On va en trouver, t'inquiète !

Soupirant, incrédule, je continuai à fouiller les tiroirs, jusqu'à ce que Yami s'écrit, toute enthousiaste, qu'on allait commencer à cuisiner. Nous sortîmes plusieurs récipients, ainsi qu'une spatule, un fouet électrique, une cuillère à café et un mixeur, puis nous mîmes au travail.

-Ok ! commença Alice, les manches retroussées, éloigné du plan de travail par son ventre protubérant. Œufs ! Quatre, on commence par la recette d'Hanako.
-Tiens, dis-je en lui tendant les œufs.

Cependant qu'elle en attrapait un, l'autre glissait de sa main et se brisait au sol, répandant le jaune et le blanc sur le carrelage propre. Alice jura et je m'empourprai. Vite, je me mis à la recherche d'une pelle. Après avoir tout nettoyé, j'entrepris de lui redonner un autre œuf. Elle l'attrapa, et une fois les œufs cassés et battus, nous y mélangeâmes le lait, le sucre et le peu de farine.
Tout continua ainsi, jusqu'au colorant vert et au mixage de feuilles de menthe. La mixture prit une teinte verte, comme les cheveux d'Hanako. La laissant reposer, nous attaquâmes la recette d'Electra.

Ce fut une catastrophe. La gélatine ne tenait pas, ça n'avait pas de goût...Electra recommença, sans nous cette fois. Elle réussit au bout d'une demi-heure.

-L'heure ? m'étranglai-je.
-5h09, Will, m'informa Romain qui se balançait sur ses pieds dans le coin de la porte.
-Alice, c'est long, ton truc ? questionnai-je, angoissé.
-Mais non ! Tu vas arrêter ? m'admonesta-t-elle. On lui a fait boire un somnifère.
-Quoi ? m'époumonai-je. Mais, vous êtes folles ! Comment tu veux qu'elle se lève ?
-Au moins, elle sera endormie, marmonna Alice.

Elle se mit au travail. Elle m'écarta de son entreprise. J'en fus assez irrité, mais oubliai vite, entamant une plaquette de chocolat en la regardait faire. D'ailleurs, elle et Romain était les seules à cuisiner, à ce moment-là. Tout le monde avait ramené plusieurs chaises du réfectoire et s'étaient assis tranquillement. Certains somnolaient. Electra avait la tête sur les genoux de Jasper, Topaze s'était couché en travers de son cou et sur son épaule. Elle soupira d'aise. Néanmoins, je m'inquiétai pour le bruit que faisait le batteur électrique… Si quelqu'un nous découvrait…
-C'est bon ! m'appela Alice, la mine triomphante couverte de tâches noires et marron.
-Super ! me rassurai-je en accourant.

Cependant, je courus, et glissai sur le reste d'œufs. Avant de tomber, Yuri m'approcha, me tint par la chemise, m'empêchant de réduire à néant le travail d'Alice. Celle-ci me râla dessus, mettant en sûreté son précieux mélange. Je remerciai Yuri et sortis un plat d'un grand tiroir. Le plat était lui-même très large. Alice me tendit la main et me le prit. Appelant Hanako à ses côtés, elle lui demanda d'étaler sa mixture sur le fond du moule, après l'avoir beurré, ce qui m'incombait.
Sortant le beurre du frigidaire, je l'étalai à l'aide de la plaquette à-même le verre du plat.
-Quel nul ! soupira Alice. Fais le fondre, prend un mouchoir…

Lui obéissant, je recommençai ma tâche.
Le gâteau se présentait ainsi : trois couches de gâteau de différentes recettes. Tout d'abord, du bas, le gâteau au riz/menthe d'Hanako, la panna cotta d'Electra, et par-dessus, l'espèce de forêt noire, gâteau au chocolat d'Alice. Elle y rajouta quelques copeaux de chocolat et présenta à tout le monde le gâteau dans son moule.

Certains s'exclamèrent de joie, d'autres, se forçant à ne pas bailler, ne firent pas vraiment preuve de joie. Alice fourra le tout dans le four, programmant à 55 minutes de cuisson. J'envisageai le pire.
Nous voilà, 55 minutes plus tard, tous endormis. Le bip du four me réveilla et, me munissant d'un gant de cuisine, je sortis la préparation du four. L'installant sur le plan de travail, je réveillai les autres. Tous baillèrent, s'étirant comme si sortis d'une nuit longue. Le gâteau était finalement une réussite. Je distinguai les trois couches l'une sur l'autre. Le gâteau était rectangle, et assez haut. Hanako le saupoudra ensuite de poudre verte et Electra fit un cœur rose, à l'aide du colorant alimentaire rose, puis on proposa à Hanako d'écrire sur le gâteau à l'aide d'un pochoir. Celle-ci s'exécuta.

Peu après, cachant le gâteau sous de l'aluminium, nous quittâmes la pièce – pas avant avoir rangé tout le matériel, ce qui nous prit une demi-heure.

-Quelle heure ? fis-je une nouvelle fois.
-6h52.

Nous gagnâmes les couloirs silencieusement. Puis, sortant par la porte de derrière, nous arrivâmes devant les dortoirs des filles – après avoir traversé la neige en chaussons et en pyjama. Naomi était restée seule dans la chambre de six. Entrant dans le bâtiment par la porte principale, nous nous glissâmes dans les couloirs, toujours sans faire de bruit.
Arrivés devant la porte de Naomi, nous nous figeâmes, l'air de réfléchir.

-On fait quoi ? murmura Gold.
-Bah...on entre ? supposai-je.
-Bah, oui !

Ainsi, Electra sortit la clé de sa poche, la glissa dans la serrure et la tourna. Je tenais le gâteau dans mes deux mains, sur un grand plat de verre. La porte s'ouvrit dans un grincement qui nous fit suer d'angoisse.
La pièce était sombre. Nous n'y voyions rien. Electra nous fit signe d'avancer, et nous pénétrâmes dans la chambre à pas feutrés. Jasper riait sous cape, ce que je lui reprochais d'un coup de coude. Tendant le gâteau à Electra, j'allumai ma lampe frontale et reprenait le plat. La lumière jaillit et éclaira le fond de la pièce. Tous les lits étaient vides, les couvertures chiffonnées. Seul un lit, dans le fond de la pièce était ballonné, des petites bosses faisaient se soulever la couverture, au rythme d'une respiration lente. Naomi dormait. Evidemment, avec le somnifère ! pensai-je en jetant un regard foudroyant à Alice.

Jasper éclata dans un rire communicatif. Sans que je l'eusse voulu, un rire nerveux me prit également, et la pièce s'emplit d'échos. Naomi se tourna, puis, se mettant assise, s'étira, les yeux fermés, se préservant de la lumière à l'aide de ses mains.

-Que… Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en baillant.
-Naomi ! criâmes-nous ensemble.

Aussitôt, emporté par la joie, je courus jusqu'à son lit. Arrivé près d'elle, je trébuchai malencontreusement sur une couverture. Le gâteau m'échappa des mains. Tout le monde retint son souffle.
Splash !

Le gâteau s'était étalé sur la tête de Naomi, le plat gisait dans un coin.

-Euh...joyeux anniversaire ? murmurai-je, agacé.

___________________________
Le jour se levait. Nous ne nous étions pas recouchés. Atlas était venu voir par lui-même d'où venait tant de chahut. Découvrant Naomi, la face poisseuse de sucre et chocolat, il éclata à son tour d'un rire sardonique. Il nous dit qu'il aurait fallut le prévenir plus tôt, et que nous ne serions pas châtié, puisque c'était pour la bonne cause. Tout heureux, il demanda à Naomi d'aller se doucher. Tous, nous soupirâmes, déçus. Tant de mal pour rien ! Heureusement, Atlas déclara que ce jour serait entièrement consacré à Naomi, car elle venait d'avoir 16 ans. Il ordonna prestement aux cuisiniers de préparer le même gâteau que nous, et je lui filai les recettes et instructions à contrecœur. Les cuisiniers s'ordonnèrent et commencèrent leur besogne à 7 heures du matin.
Regagnant ma chambre en traînant des pieds, je n'eus que quelques instants pour ruminer mes pensées, tandis que beaucoup s'esclaffaient des événements passés. Les moniteurs toquèrent à notre porte, comme maintenant chaque matin qui allait suivre, et nous demandèrent d'aller déjeuner. M'habillant hâtivement, je dévalai les degrés du couloir pour me rendre encore dans le réfectoire que je n'avais pas quitté il y a longtemps.
Les garçons me suivirent, nettement plus en forme que quand il s'agissait de cuisiner. Ce matin-là, les filles nous rejoignirent. Toutes entouraient Naomi et bavardaient avec elle. Elle avait les cheveux mouillés, une serviette sur les épaules. Elle était habillée. Un pullover vert, qui s'accordait parfaitement à ses yeux, une jupe rouge et noir à carreaux écossais, et des leggins verts pomme.
Elle me sourit – ce fut plutôt une grimace – mais je savais qu'être au centre des bavardages ne l'attrayait pas trop. Je compris qu'elle se lassait des paroles multiples de ses amies, et je vins la prendre à part, lui offrant la paix. Gêné toutefois, j'attendais les reproches.
C'est toute à ma surprise qu'elle rit à gorge déployée elle aussi.

-Quel gâteau ! s'exclama-t-elle et tout le monde entendait. J'ai encore des copeaux de chocolat dans les cheveux…
-Désolé, Naomi. Vraiment désolé, me repentis-je.
-Pourquoi tu t'excuses ? fit-elle en fronçant les sourcils. C'est la plus belle surprise que je n'aie jamais eu !
-Ah bon ? m'étonnai-je.
-Mais oui ! Tout le mal qu'on s'est donné pour moi…. C'est à peine croyable, tu sais ! Je n'en reviens pas. Tout ça pour mon "anniversaire".
-Oui ! dis-je, soulagé. Dans ce cas, joyeux anniversaire, ma chérie.

Réconfortée, elle me serra dans ses bras, et nous nous embrassâmes longuement, sous les applaudissements des autres. Je leur jetai un regard acerbe, et tous regardèrent leurs bols de céréale.

-On va manger ? demandai-je à Naomi.
-Et bien… En fait, j'ai un peu mangé le gâteau…Que je trouve délicieux !

Je ris.

-Ah ! De toute façon, les gâteaux, tu n'as pas fini avec eux. C'est ta journée, aujourd'hui.
-Oui, c'est bien ce qui m'ennuie ! grimaça-t-elle.
-Atlas a préparé aussi un géant gâteau.
-Quoi ? s'étrangla-t-elle. C'est pas vrai !

Nous installant à la plus grande table excepté celle d'Atlas, nous posâmes nos plateaux et nous dirigeâmes vers le buffet. Atlas nous précédait. Il dépassa un élève et se mit à côté de Naomi, me frôlant de son colt.

-Ma chère Naomi ! s'écria-t-il d'un air enjoué. Joyeux anniversaire !
-Merci...marmonna-t-elle en fuyant le regard d'Atlas, étrangement gênée.
-Et bien, la journée t'est consacrée!

Elle soupira, mal à l'aise. Laissant Atlas en plant, elle se servit en céréales, prit quelques barquettes de confiture et de miel. Attrapant le pain, elle me tint par le bras et m'emmena près de la fontaine de jus d'orange.
Le chalet était bien agencé, tout comme le réfectoire. Le buffet faisait face aux baies vitrées, qui donnait sur un terrain enneigé surplombé du dortoir des filles et, beaucoup plus loin, de la station de ski avec le comptoir aux tickets. Le chalet était tout de bois, et des poutres étaient apparentes sur le plafond. Le parquet était d'un brun chaud, les murs recouverts de cire marron et ornés de quelques poutres posées aléatoirement et porteuses par d'autres fois.
Il faisait chaud, et c'était agréable, d'être assis dans un lieu aussi convivial que celui-là. Il faisait vraiment un contraste délicieux avec l'extérieur, la joie du ski et des séjours au chaud.
Naomi paraissait troublée. La prenant par l'épaule, je la rassurai.

-Il ne te fera plus de mal, je te le promets ! assurai-je, les sourcils froncés de détermination.
-Oui...murmura Naomi, comme si elle ne croyait pas en mes mots.

Puis elle fut appelée par Electra et les filles. Je la suivis à la table où étaient posés nos plateaux, mais je ne vis plus celui de Naomi. Je tournai la tête, vers la table d'Atlas. Il nous regardait, les coudes sur la table, les yeux brillants de sadisme.

-Allons ! Naomi ! lança-t-il. C'est ton jour. Viens donc manger avec moi !

J'étais sidéré. La bile me monta à la bouche. J'explosai.

-Jamais! hurlai-je. C'est son anniversaire, c'est elle qui choisit! Fermez votre gueule un peu!

Tout le monde me dévisagea, estomaqué. Atlas éclata de rire, encore une fois. Je devins tout rouge. Qu'avais-je dit ? Qu'allait-il me faire ? Malgré mes appréhensions, j'eus envie de lui sauter dessus. Naomi posa une main douce sur mon visage. Elle me fit un léger baiser sur les lèvres, puis, pantelante, se dirigea vers Atlas.
Crispée, elle s'assit à sa table. Il sourit, et me lança un regard victorieux. "Naomi..."chuchotai-je en me mordant la lèvre inférieure.
Je m'assis à côté de Jasper, et ne mangeai pas de la matinée. Je jetais souvent des regards à la table d'Atlas. Celui-ci me fixait la plupart du temps, ce qui eut pour effet de m'énerver au plus au point, si bien que dix minutes après m'être assis, je me levai et quittai la salle. Tout le monde me regarda partir, gênés. Naomi qui vidait justement son plateau vint me rejoindre, à l'extérieur sur les escaliers.

-Will... Qui sait ce qu'il m'aurait fait, hein ? me dit-elle, repentante. Si je n'étais pas venue... J'ai peur de lui, tu comprends !
-Je sais...pardonne moi, fis-je d'une voix blanche.
Nous nous enlaçâmes, et pris soudain de joie, je la tirai par le bras et l'emmenai dehors, dans le froid. Piquant un manteau de fourrure qui patientait sur un piquet, je le lui mis sur les épaules. Elle l'étendit jusqu'à mes propres épaules et nous nous y emmitouflâmes. Je la guidai jusqu'à un petit monticule de neige. Elle frémit. Rajustant le manteau, je compris également que ses chaussures n'étaient pas adaptées à la neige. Elle était en ballerine. Souriant, je m'écartai d'elle, et la prit dans mes bras. Ses pieds décollèrent du sol et elle me regarda avec surprise. Elle enlaça mon cou de ses bras couverts du manteau et je lui baisai le front.

L'amenant au monticule, je le déposai sur mes pieds, pour qu'elle n'attrape pas froid. C'était la première piste. Bien que courte et pour les débutants, la piste paraissait extrêmement raide. Elle parut cependant émerveillée par les montagnes environnantes, surtout celles, sombres et trapues, qui nous faisaient face. Reprenant une scène typique, je mis mes mains sous ses aisselles et déployait ses bras, en croix. Elle me regarda par-dessus son épaule et sourit, puis se pencha en avant, menaçant de tomber en avant. Souriant à mon tour, je murmurai : «Nous sommes les rois du monde».
Soupirant d'aise, elle fit mine de vraiment tomber en avant. La soutenant, je m'étonnais qu'elle veuille vraiment tomber, reculant un peu, je relâchai mon étreinte. Elle fermait les yeux. D'un seul coup, elle me fit face, me crocheta les épaules et nous roulâmes vers la pente, ensemble.
Nous rîmes et il y eut un long écho. Nous dévalions la pente à toute vitesse. La neige rentrait sous mon T-shirt, mais elle me serrait, et finalement, j'avais assez chaud…
Nous dévalâmes la pente ainsi pendant plusieurs secondes, jusqu'à rater un virage. Nous fûmes propulsés dans la forêt.
Etonnamment, nous ne nous fîmes pas mal. Partant d'un rire joyeux, je me relevai, prenant par la main Naomi qui avait un peu le tournis – comme moi. Nous avions descendu et la piste, et les petites collines qui isolaient la piste de la forêt alentour. Je ne m'inquiétai même pas des conséquences de notre éloignement, et me vint l'idée de partir, loin, de tout laisser, pour rester avec elle. La même idée passa apparemment dans la tête de Naomi, car elle me pressa la main et partit en courant avec moi. Soudain, je tombai en avant, accompagnant Naomi dans ma chute. Nous poussâmes un cri et atterrîmes face dans la neige. Me relevant après quelques secondes de surprise, je découvris Mizu qui attisait les braises d'un feu mourant. Elle nous sourit à tous deux.

-Vous vous échappez ? demanda-t-elle, désintéressée.
-Euh…non, c'est l'anniversaire de Naomi, en fait, répondis-je, surpris et à la fois inquiet.
-Ah, joyeux anniversaire, alors, Naomi ! lança-t-elle.

Naomi acquiesça et la remercia.

-Bon. Vous savez qui je suis ? demanda-t-elle.
-Euh...bah, non, fîmes-nous à l'unisson.
-C'est bien ce que je pensais. En fait, on m'a désigné comme étant votre tutrice à tous trois.
-Tous trois ? questionnai-je.
-Vous deux, et Naïcha. Vous étiez du même monde…
-Oui, de la même région, on est encore dans le même monde, hein ! ironisai-je.
-Bien sûr. Et bien, vous voulez vous enfuir, ou pas ?
-Bah...commença Naomi. Ce serait super. Mais on ne peut pas abandonner....
-Oui, je sais, la coupa Mizu. Bon, et bien, j'ai une offre à vous faire.
-D'accord, mais avant, en quoi consiste votre travail de... Tutrice ? l'interrompis-je avant qu'elle ne commence à parler.
-A veiller sur vous, et autre chose, que je ne dois pas vous dévoiler.
-Ok. Continuez.
-Je vous propose donc un marché. Le marché, ce serait que vous n'agissiez pas individuellement pour vous sauver.

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Point de vue de Naomi.

Mizu me regardait fixement. J'espérais qu'elle ne se doutait pas de ce que je tramais dans le dos d'Atlas. En ce cas, je ne voyais pas pourquoi elle me regardait ainsi.

-Si on peut tenter quelque chose, ajouta Will, on le tentera.
-Non ! tempêta Mizu. Vous ne le tenterez pas, point.
-Bien sûr que si ! s'interposa Will.
-Vous risqueriez d'être tuer, c'est tout, dit Mizu, plus calme.
-Et bah, on aura essayé, au moins ! grogna Will.
-Et si vous sortiez sains et saufs, sans blessés, à part peut-être Atlas ?

Nous écarquillâmes des yeux incrédules.

-Oui, je peux vous sortir sans que vous ayez à agir, fit-elle.

Nous ne répondîmes pas. Soudain, un coup de feu nous fit sursauter. Nous chuchotâmes « Atlas » ensemble.

-Vous acceptez? demanda Mizu, ignorant les multiples coups de feu qui retentissaient à présent.

Figés, nous ne pouvions parler, quand, malgré que ce fût un mensonge, je répondis:

-Oui, on accepte ! Partons, maintenant !
-A la prochaine ! nous lança-t-elle alors que nous l'avions déjà perdue de vue.

Nous courûmes, remontâmes la colline et fûmes à découvert. Atlas descendait déjà la piste en motoneige, le visage crispé, accompagné de quelques moniteurs et gardes. Quand il nous vit, il sortit son colt et le pointa sur Will. Mon cœur faillit sauter de ma poitrine quand Atlas appuya sur la gâchette. Je poussai un cri et sautai sur Will, mais rien ne se passa. Rouvrant les yeux, je vis Atlas sourire et dévoiler ses dents. Il rangea son colt. Je faillis hurler ma colère. Une motoneige descendit vers nous.
C'était Saphira. Elle nous ordonna de monter derrière. Je me plaçai derrière Will, qui préférait que je ne m'approche pas trop de Saphira. Celle-ci siffla méchamment et nous gravîmes la piste.

« Joyeux anniversaire-e-e-e, joyeux anniversaire-e-e-e, joyeux anniversaire Naomi… »

Tout le collège chantait pour moi, et j'étais extrêmement troublée. J'étais rouge de honte. Jasper s'époumonait en dérayant. Will chantait en riant.
Tout le monde était assis à une grande table – enfin, pas tout le monde, le collège était réparti dans le réfectoire. La lumière s'était éteinte, et Will était parti. Il avançait maintenant dans la pièce obscure, accompagné par la lueur de 16 bougies…
Je soupirai, mal à l'aise. Will posa le gâteau devant moi. Le chant se tut. Tous comptèrent jusqu'à trois. J'inspirai lentement, et relâchai tout l'air.

-Ah...ah...Il en reste deux ! cria Jasper.

Je les soufflai en une seconde. Will applaudit avec ferveur et tous les autres le suivirent. Je hochai la tête, pour remercier ceux qui étaient présents. Nous n'étions que le matin, et j'avais déjà une fête...J'aurais préféré que le repas ait lieu le soir...
-Naomi, les cadeaux, c'est pour ce soir, d'accord ? me dit Atlas, calmant d'un geste la cohue.
-Oui, oui...murmurai-je.

Le petit instant de fête fini, Atlas nous ordonna de nous rendre dehors, et de nous mettre en groupe, pour les vraies épreuves. Courant dehors, nous nous rangeâmes deux par deux, moi avec Will.
Atlas arriva, accompagné de deux moniteurs.

-Bien ! commença-t-il. Je vais appeler les élèves par leurs prénoms. Veuillez vous ranger de côté quand on vous appelle.
Première discipline : Ski de fond. Alexandre...

La liste continua.

-Deuxième discipline : Patinage. Naomi, Ambre...

Je me mis de côté après avoir serrer Will dans mes bras. Il appela ainsi tout le collège.

-Très bien, fit Atlas en se frottant les mains. Les premières seront celles de…saut à ski. Puis, le patinage ! Et le slalom. Puis, le ski acrobatique, et le ski alpin. Le snowboard. Tout ça en deux semaines, hein ! Aujourd'hui, cependant, ce sont les épreuves de saut à ski et patinage. Ceux qui ne sont pas dans les disciplines du jour peuvent traîner au village, s'entraîner ou bien venir encourager les patineurs et skieurs ! Je m'adresse aux patineurs. Il y aura une épreuve en couple, il faut donc une chorégraphie. Vous avez jusqu'à la fin de la semaine pour la proposer. Pour ce qui est de l'épreuve individuelle, qui se déroule aujourd'hui... Va falloir improviser ! Ah ah ! Bon, les skieurs, vous venez.

Jasper tremblait de tous ses membres. L'excitation ? La peur ? Personne n'aurait pu le dire mieux que lui. Electra, qui ne pouvait pas concourir pour cause de...grossesse intempestive, demanda à Jasper s'il allait bien.

-Je vais très bien. Je vais pouvoir exploser le record du monde ! Hé, hé !
-Ne t'avance pas trop! intervint Drew, qui était dans la même discipline que Jasper. C'est moi qui vais tout péter !
-Ah ouais ? rugit Jasp'.
-Ouais !
-Viens te battre, mauvaise herbe !
-Comment tu m'as appelé ?

Les deux garçons s'affrontèrent du regard. Jasper se jeta dessus et le tira par les cheveux. Drew cria. Jasper attrapa son caleçon, le souleva, le tendit et patienta en criant :«Attention! Ca va faire mal! ». L'élastique se tendit... PAF! Drew sauta en l'air comme s'il était sur un ressort.
Nous éclatâmes de rire. Atlas ne dit rien et nous fit signe de le suivre, vers la patinoire. Je tendis la main vers Will. Il me sourit tristement et agita la main. Il me rejoindrait au moment des épreuves.
Sur le chemin, Atlas nous parla. Surtout avec moi.

-Alors, Naomi. Tu as pensé à ce que tu allais faire comme chorégraphie ?
-A peu près..., répondis-je en essayant d'écourter la conversation.
-Sache que vous aurez à peu près une heure d'entraînement. De toute façon tu ne passes pas en première.
-D'accord...

Je marchai plus vite et rejoins Ambre, qui se trouvait dans ma classe. Nous marchâmes ensemble et arrivâmes à la patinoire sans qu'Atlas nous ait accostées. Nous entrâmes.
En passant devant le comptoir, un petit homme qui tremblait de tout son être nous jeta un regard apeuré. Il transpirait abondamment. S'emparant d'un mouchoir, il s'essuya le front et se composa un visage neutre.

-C'est vous qui avez loué la patinoire ? demanda-t-il en s'adressant à Atlas, d'un air professionnel.
-Exact, fit Atlas, un sourire moqueur sur le visage car il avait bien compris la gêne du secrétaire. Pouvez-vous…
-Les patins sont dans la pièce d'à côté, le coupa le monsieur sans le regarder. Vous en prenez à votre taille, vous me les donnez, je vous fais un...devis, j'imagine, vu le nombre...
-Oui, merci. Et le vestiaire ?
-La porte à gauche.

Nous quittâmes le hall et pénétrâmes dans la pièce où étaient entreposés tous les patins. Des étagères et des étagères en étaient encombrées. Des bancs nous permettaient de nous asseoir pour les essayer. Une porte ouvrait sur la patinoire. Atlas nous demanda d'enlever nos vestes et de les mettre dans le vestiaire. Ceci fait, je cherchai ma taille. Voyons... 22... Voilà.
J'enlevai mes chaussures et les mis les patins. Ils m'allaient parfaitement. Me levant pour voir s'ils ne me faisaient pas mal, je vérifiai également mon confort en avançant mon pied. Parfait. Les enlevant et remettant mes chaussures sans les lasser, je revins vers l'accueil et posai sur le comptoir les patins. Atlas était assis sur un banc, en face du monsieur, à le regarder fixement. Le secrétaire me prit les patins, regarda la taille, nota, me demanda mes chaussures. Je les retirai à nouveau et emportai les patins pour m'asseoir et les mettre.
Atlas m'indiqua la porte qui menait à la glace. Je l'empruntai, enfilant par la même occasion mon blouson.
J'étais face à l'immense patinoire. La glace s'étendait sur des centaines de mètres. Toute heureuse, je déposai mon anorak sur un gradin et marchai – avec difficulté – vers la porte basse qu'il fallait franchir pour avoir accès à l'immensité glacée. Resserrant les lacets de mes patins avant de glisser, j'enfilai également mes gants. Une phrase de Mizu m'avait vraiment choqué : « Si tu ne mets pas de gants, m'avait-elle dit, et si tu tombes, les gens vont te passer dessus, et tu n'auras plus de main ». Elle avait été catégorique, même si sa réflexion était un peu exagérée…
J'entrai sur la glace. Cela faisait un bail que je n'avais plus pratiqué le patinage artistique.
Pendant longtemps, j'en avais fait avec Gwen, qui était la championne dans ce domaine. D'ailleurs, elle allait nous battre à plate couture lors des épreuves. Sa mère, qui était elle-même championne d'arène de type glace affectionnait ce sport, et avait transmis à sa fille sa passion. De ce fait, ces JO étaient une aubaine pour Gwen.
Je me rappelais de ces longs week-ends où Gwen et moi partions pour la patinoire. Elle m'avait en partie appris, du reste j'avais assimilé quelques techniques.
A présent, je glissai, faisais le tour de la patinoire. Des élèves vinrent à leur tour, beaucoup moins à l'aise, eux. Certains ne savaient pas patiner du tout, et avançaient au ralenti, jambes crispés, presque à genoux sur la glace. Ils n'étaient pas bons dans les autres disciplines, et avaient choisi celle où ils avaient le plus de chances…
Gwen rejoignit le groupe. Avec quelle aisance elle parcourait la surface gelée ! Elle n'avait rien perdu. Me rappelant cependant que nous n'étions plus si proches, je ne la suivis pas et m'échauffai de mon côté.
Je savais faire quelques « trucs », en patinage. L'axel, quelques sauts, patiner en arrière, etc...
Mais Gwen était beaucoup plus habituée et également plus à l'aise sur la glace que je ne l'étais. J'échauffai mes bras, et réfléchis à la chorégraphie. Voyons… Bon, c'était une prestation courte, donc ça irait. De toute façon, à part Gwen et un garçon qui se débrouillait mieux que moi, je n'avais pas de concurrent direct. Ainsi, la médaille de bronze m'était accessible. L'important, c'était de rester stable sur la glace. Et d'avoir confiance en soi.
Je patinai en arrière. Comme ça, c'était bon. Demi-tour, stop… Je levai les patins et « marchai », puis je repris ma course en avant. Tour sur la glace, ok. Un pas en avant, deux. Trois, deux, un... Je m'élançai... Oups, faux pas.
Je tombai sur les mains. Bon, pas grave. Je reprendrai ça plus tard. Patinant encore, je décidai de finir par un saut et de m'asseoir sur les gradins.
Le pas en avant, jambe qui passe par derrière, appui, saut ! Je retombai parfaitement. Super, je savais au moins faire ça.
Je revins vers les gradins, m'assis. Je regardai Gwen. Elle m'impressionnait vraiment. Elle était vraiment gracieuse.


"Naomi Kiryu, en scène!" fit la voix d'orateur d'Atlas.

Une boule se forma dans ma gorge et mon estomac se tordit d'angoisse et de trac. Je me levai. Will me caressa l'épaule, me serra dans ses bras et me fit un léger baiser sur le front. Je repris courage. C'était à moi.

Avançant avec fluidité sur la glace, je fis un tour sur moi-même, et m'arrêtai. Saluant le public d'un geste incertain et d'une révérence maladroite, je fis signe aux techniciens du son d'envoyer la musique. A ma grande surprise, ce fut la balade que j'avais choisie qui commença sur un rythme lent. Sortant de ma poche droite une pokéball, je la lançai en l'air et en jaillit des torrents de paillettes bleues. Mon Noctali apparut, atterrissant sur ses quatre pattes en parfait équilibre sur la surface glacée. Je souris.
Je l'avais surnommé Nepturio, comme me l'avait proposé Electra. Il était majestueux, tout couvert de paillettes. Moi aussi, je l'étais, je pense. Serrée dans une tenue clinquante, toute de paillettes vêtue, pareille à mon nouveau pokémon, je devais faire une prestation d'une minute. J'avais pris de longs gants qui me remontaient jusqu'au coude, et mes cheveux étaient réunis en une ample queue de cheval qui se balançait à chacun de mes mouvements.

Nous avions droit à un soutien extérieur. J'avais donc tout naturellement convié mon pokémon fraîchement acquis. Il bougea sa queue qui balaya le sol froid, et tout commença. La musique se fit d'un seul coup plus entraînante. Claquant des doigts, j'avançai un pied, me mis debout sur la lame de mes patins, fis un petit tour sur moi-même tout en continuant à donner du rythme des doigts. Neptu s'élança et je le suivis, patinant plus vite. Nous effectuâmes un tour sur la patinoire. Puis je jetai un coup d'œil à mon pokémon qui sauta dans les airs. En un claquement de langue, je lui fis comprendre qu'il devait lancer une attaque. Il souffla une brise glacée qui se gela et forma une étrange figure de glace arquée. Je tournai autour avec de foncer sur l'extrémité la plus haute de la figure jusqu'à me baisser en arrière quand j'allais la heurter de la tête. Je glissai sur les genoux pour rejoindre Nepturio. Me remettant debout, je me remis à patiner d'une manière plus saccadée, me calquant sur la musique. Je patinai alors en arrière, et mon pokémon me suivit, glissant plutôt que courant sur la glace. Vite, j'avançai un pas en avant, puis deux. Jambe gauche... Axel, saut !


Ouf, j'étais bien retombée. Bougeant mes bras avec grâce, je levai ma jambe et l'attrapai avec une de mes mains, de façon à faire le flamant rose. Tenant l'équilibre sur une seule lame, je parcourus quelques mètres avant de ré accélérer et de me diriger vers l'arc.
Avant de me le prendre de plein fouet, je stoppai, et effectuai une rotation en m'accroupissant au fur et à mesure. Super ! Reprenant ma course, je fis un geste à Neptu. C'était mon final. Galopant jusqu'à moi, il passa entre mes jambes et prit appui sur ses pattes arrière. Sautant comme la fois dernière, il inspira et lança un puissant Laser Glace au-dessus de ma tête. Le laser construisit lentement une espèce de pont de glace extrêmement lisse.

Il fallait que j'y arrive. Fronçant les sourcils, concentrée, je pris mon élan, et m'élançai. Neptu me poursuivit. Le pont était court, il faudrait que je m'arrête à temps ! A ma totale surprise, je montai sur le pont, mes patins glissant dessus comme sur la patinoire. Je devais m'arrêter... Mais... Oh non, j'avais pris trop d'élan ! J'allais trop vite ! J'allais tomber du haut de l'espèce de pont ! Il fallait que je saute. Neptu courut jusqu'en dessous du bout du pont. Jambe droite ? Gauche ? Saut fléchi ?

Aïe ! Je n'avais plus le temps. Rester stable, c'est tout ce qu'il comptait. Je m'élançai du haut du pont, tel un ange brillant de mille feux à la lumière filante des projecteurs. Vite ! Ecart, attention à l'atterrissage...
Ramenant ma jambe droit devant moi, je fixai le sol de glace se rapprocher à vitesse affolante. Allais-je y arriver ? Un choc. Une vibration parcourut mon corps tandis que...je glissai. Impossible. J'avais réussi ? Malheureusement, une vive douleur à la cheville droite me fit ployer. Je me l'étais tordue. Vite, un tour, et c'était fini. Nepturio plongea sur moi. Il souffla encore son vent glacé. Le même arc que l'autre se forma derrière moi tandis que je stoppai – pas très gracieusement, j'avais trop mal. Neptu était au-dessus de ma tête, sur sa structure de glace en forme d'anse. Il se laissa rouler, puis il tomba dans mes bras. Je ployai sous le poids et souris devant moi. Des applaudissements retentirent.
Will se leva et mit ses mains en porte voix : « T'es la meilleure Nao ! ». Seulement que les acclamations redoublèrent, la porte donnant sur l'entrepôt des patins s'ouvrit, dévoilant le secrétaire affolé. Il courut et enfonça le portillon donnant sur la patinoire. Il criait au secours. Les applaudissements cessèrent ainsi que la musique.
Il arrivait à ma hauteur. D'un seul coup, Atlas sortit, colt en main. Il visa la tête du pauvre homme. Le coup de feu retentit. Je poussai un cri.

L'homme s'écroula en répandant son sang sur la surface immaculée.

« Bravo Naomi, pour ta prestation ! fit Atlas en rangeant son arme. Maintenant, je tiens à prévenir tout le monde : personne ne prévient la police, où il finira comme ce bon monsieur. Merci bien ! »