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Les Chroniques des Univers: [Tome 3] Le Cristal du destin de imhotep43



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» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 01/06/2010 à 20:59
» Dernière mise à jour le 01/06/2010 à 20:59

» Mots-clés :   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 27: Tryptique des Alizés: Tornade de supplices
Le vent du sud soufflait sur les cimes du Mont Couronné, un souffle puissant, et chaud à la fois, promesse d'une saison chaude, mais aussi porteur de l'humide fraîcheur de l'orage grondant au loin... une saison de plus, une saison parmi tant d'autres passées et futures. S'il y'avait bien quelque chose que Renaissance ne détruirait pas, c'était ce vent à la fois si silencieux et si puissant.
Ainsi songeait Silver, au milieu du vide, téléporté à plusieurs milliers de mètres au dessus du cratère béant qui depuis vingt ans offrait sa bouche aux yeux des satellites, alors qu'au sol, on jurait toujours que cette montagne était une montagne comme les autres, et qu'on ne soupçonnait pas le moins du monde qu'elle fut un volcan, tellement elle avait été discrète au cours des derniers siècles.

A cette altitude, il était difficile, voire impossible pour certains de respirer, mais pour Silver, qui avait gravi des montagnes bien plus hautes que le Mont Couronné, qui culminait à peine à un ou deux milles mètres, il se sentait revivre. Au milieu des nuages, en chute libre, avec si peu d'oxygène et tant d'adrénaline, il haletait déjà, son coeur battant la chamade.

Quel était cet ennemi qui osait le défier sur sa terre ? Quelle audace le poussait à s'aventurer dans ce lieu sacré qu'était les Colonnes Lances afin de tout détruire ?

"Et surtout, question principale, combien de mètres avant l'impact ? susurra-t-il. Software ? Tu peux te connecter aux données du réseau Phénix ?"

De sa ball, un petit Pokémon aux allures de canard en plastique émergea lentement, et commença à tomber à la même vitesse que son dresseur. Dans un bruit qui rappelait furieusement celui de ces vieux modems qu'on connectait à internet en composant un numéro de téléphone, il récupéra les données relatives à l'altitude de son dresseur en un temps plus que rapide, de l'ordre d'une ou deux secondes. Le petit écran du PDi se brouilla, le temps pour le Pokémon de le pirater et d'afficher un logiciel supplémentaire, qui indiquerait l'altitude de son propriétaire quelques instants plus tard...

"Merci Software... On déploie les moteurs dans 17 secondes..."

Là où d'autres auraient douté en la foi aveugle qu'avait Silver en son compte à rebours, Software se contenta d'acquiescer d'un signe de tête. Pourtant c'était lui l'ordinateur, pas son dresseur. Mais il avait confiance...

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A plusieurs centaines de kilomètres au sud, un train pas comme les autres attendait... Un train sous-marin, fleuron de la technologie selon certains, fléau galopant selon d'autres qui, bien qu'ayant des intentions moins nobles, avaient aujourd'hui les choses bien en main. Dans les méandres du tunnel sous-marin, les membres de Renaissance avançaient petit à petit à l'intérieur et à l'extérieur du train immobilisé, faisant évacuer les passagers, qu'on pouvait désormais qualifier d'otages, vers les endroits où ils seraient solidement gardés.

Au milieu de la masse et de simples sous-fifres cagoulés, des têtes se distinguaient des autres. Une personnalité politique par ici, un grand journaliste par là, un sportif connu en départ de vacances... Bref, une poignée de sommités qui, si elles venaient à mourir aujourd'hui, braqueraient les projecteurs sur leur mort violente, et indirectement sur l'incapacité de la police, mais surtout des Elus, à les sauver, elle et plusieurs centaines d'innocents...

Du côté des ravisseurs, une tête se détachait du reste. Peut-être parce qu'elle n'était pas cagoulée, mais surtout parce qu'elle dépassait les autres membres de Renaissance d'une bonne trentaine de centimètres. Un colosse, plus grand et plus large que quiconque ici, et dont tous les muscles semblaient bandés à chaque mouvement qu'il faisait.

Il s'adressa à un des hommes qui l'accompagnaient dissimulés derrière leurs masques :
"Quand est ce que tout cela sera prêt ? fit-il impatient.
-On fait ce qu'on peut, je vous signale, rétorqua l'intéressé. Mais si vous êtes pressés, amorcez les, ces bombes... Histoire que l'une d'elle vous pète à la gueule et qu..."

Il ne termina pas sa phrase. Le colosse le saisit par le coup et le leva à plusieurs dizaines de centimètres du sol. Il lui suffisait de serrer un peu la main pour broyer le coup du pauvre hère... Il répéta alors, tout aussi sérieusement:
"Quand est ce que tout cela sera prêt ?"

Cette fois, l'homme en face de lui se serait bien gardé de lui lancer une pique, mais, bien malgré lui, il ne pouvait pas répondre à la question du géant, car l'oxygène n'arrivait plus jusqu'à ses poumons. Il ne dut son salut qu'à l'intervention d'un autre sbire qui rappela à la raison le titan.

"Mais vous voyez pas qu'il ne peut plus respirer ? C'est une affaire de minutes maintenant pour que les explosifs soient tous reliés, c'est tout ce qu'on peut vous dire..."

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Sortant la lame fraîchement nettoyée et encore brillante de l'huile qui la faisait coulisser librement dans son fourreau et l'empêchait de rouiller, Silver pensa un moment la garder en main, mais il la laissa là, tombant comme lui, pendant le peu de temps qu'il restait. Sa poignée et sa garde, ainsi que le plat de la lame étaient ornés de symboles anciens, une langue morte d'un peuple qui s'était autrefois appelé Omagua, et le léger mouvement de rotation qu'il lui avait imprimé avant de la lâcher la faisait tournoyer comme une pièce de collection sur son présentoir imaginaire.

Les symboles se suivaient, et cette langue morte chantait aux oreilles de Silver, qui la parlait malgré sa désuétude. Il fallait rappeler aussi qu'il était le dernier descendant de la lignée d'Omagua, et que cette épée sacrée, que d'aucuns nommèrent Excalibur, était le seul souvenir qu'il possédait personnellement de cette civilisation. Il savait que ce peuple avait voyagé au travers des mers pour partager son savoir et ses légendes, mais le peuple s'était presque éteint, et ceux qui portaient en eux le sang d'Omagua ne le soupçonnaient même pas pour la plupart. Seul leur héritage technologique, en avance de plusieurs centaines d'années sur le reste du monde, existait encore aujourd'hui, mais on attribuait ces découvertes à d'autres, à des scientifiques ou des inventeurs locaux.

Silver trouvait à la fois cela triste et tellement courageux, de ce courage gratuit qu'on les hommes de bien, qu'il avait juré de retrouver des descendant de la dynastie d'Omagua, et qu'il en convaincrait au moins quelques uns de revenir sur les terres de leurs ancêtres, peut-être pour refonder cette lignée. Car le talent d'Omagua, bien que spolié, dérobé, accaparé par d'autres, restait pourtant bien en avance sur l'époque actuelle, alors que les derniers Omaguaiens étaient morts mille ans auparavant.

Seul était resté l'ancêtre direct de Silver, celui que, dans les mémoires de son temps, on nommait Sophio... Nom étrange pour un homme d'aujourd'hui, mais le hasard avait voulu que l'élu, le "sage" de l'acier soit un homme, et non pas une femme.

Cet homme avait donné un autre objet, objet que Silver ne possédait depuis plus, tout du moins physiquement. Car son ancêtre, des centaines d'années avant même que le mot ordinateur ait un sens, avait inventé le CD-rom... Un CD particulier, qui avait disparu quand Silver avait compris que si les PC n'existaient pas, les Pokémon existaient bel et bien. Et le seul Pokémon capable de comprendre ce langage, c'était un Pokémon comme le sien. Software, au même moment qu'il assimilait les données de ce CD avait commencé à briller, et avait évolué en Porygon-Z alors que cet objet déjà vieux disparaissait, transformé en poussière, sans doute du fait de sa vieillesse, ou peut-être par d'autres mécanismes inconnus de Silver et de ses contemporains...

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La ligne du TSA fonctionnait en circuit fermé. Une boucle plus ou moins ovale de quatre mille kilomètres de circonférence, essentiellement sous-marine, qui reliait Sinnoh à Kanto, puis à Hoenn et revenait à Sinnoh via une escale par le continent. Une boucle formée d'un seul énorme "tuyau", qui contenait deux voies parallèles permettant aux trains de se croiser à tout moment.

Chaque voie était séparée de l'autre par une lourde cloison hermétique parsemée de sas permettant un trafic réduit même en cas d'inondation de l'autre tunnel. Plus question de croisement cependant, mais on pouvait toujours envoyer une équipe d'entretien bien plus facilement par rail que par bateau, dans une longue plongée sous-marine qui faisait perdre d'autant plus de temps.

Mais malgré l'épaisseur de cette double cloison, nul doute que la bombe lancée contre le TSA allait détruire les deux lignes en même temps et les inonder de manière plus que fulgurante. En temps normal, des "pare-feux" qui tenaient ici plus le rôle de pare-eau auraient cantonné l'inondation à une petite portion du réseau, mais avec ce bug informatique généralisé à Sinnoh, tout le système de protection était compromis. Le chef-d'oeuvre du père de Cyrus allait bientôt subir une attaque de grande envergure qui exploitait parfaitement les failles d'une infrastructure qui n'en avait en apparence aucune. Mais quand il ne reste plus que des miettes d'un système tout entier, ces miettes ne ressemblent que très peu au gâteau dont elles proviennent.

"Quel dommage de détruire tout ça... fit remarquer un des hommes encagoulés.
-On ne fait rien sans rien, tu sais, répondit un de ses homologues. Et puis ils reconstruiront tout quand tout ça sera fini. Quand j'étais gamin, j'allais où je voulais... Et le train, non, les plans du train n'existait même pas !"

Le premier des deux, plutôt jeune en apparence, chercha à se remémorer cette période, mais il devait avoir... quoi ? trois, quatre ans quand le TSA avait été mis en service.

"Oui, tu as sans doute raison...
-Bien sûr qu'il a raison, fit une voix grave et puissante qui s'immisça dans la conversation.
-M... monsieur Az...
-Double cinq ! le coupa la voix. A moins qu'il faille que je t'explique encore une fois l'intérêt des pseudonymes dans cette histoire...
-Double cinq, les explosifs sont en place de notre côté, rajouta le plus âgé des sbires. Je racontais juste le petiot comment on faisait à mon époque, sans train ni rien.
-Bon travail, fit-il avec un accent très prononcé. Fils, rajouta t'il à l'attention du plus jeune et plus effrayé des deux. Rappelle-toi que toute cette machinerie n'a pour seul but que d'aider les faibles... Les mauvais dresseurs, les non-dresseurs... Les parasites, conclut-il. Et que doit-on faire des parasites ? demanda t'il comme un professeur demande à son élève de lui réciter une date d'histoire.
-Les... les exterminer !"

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Il fut tiré de sa rêverie lorsque que les nuages disparurent pour laisser place à une vue magnifique sur Sinnoh. Sa plongée intérieure n'avait duré que quelques secondes, mais à cette vitesse, c'était plusieurs milliers de mètres qui avaient défilé pendant ce laps de temps. Lilian avait eu la délicatesse de le lâcher comme prévu, à plusieurs kilomètres du point de chute... Point qui portait bien son nom aujourd'hui plus que jamais.

"Tiens, je ne m'étais même pas soucié de ça auparavant, mais comment diable Lilian veut que j'atterrisse vivant ? Je n'ai aucun Pokémon volant ?"

Software émit une série de bips bizarres, indiquant ainsi qu'il réfléchissait. Si ses facultés étaient proches de celle d'un ordinateur, il restait toujours un facteur qui pouvait rendre ses recherches longues, infiniment longues, la quantité de données à traiter... Heureusement pour lui et pour son dresseur, la réponse arriva quasi-instantanément. En croisant les données du terrain avec ce que savaient son dresseur et Lilian, il apparaissait que la dernière fois qu'ils avaient eu à monter ensemble sur cette montagne, Silver s'était servi d'une anomalie magnétique pour gravir les parois du cratère tel un morceau de fer attiré par un aimant.

"C'est donc ça ? Un peu de surf sur les courants magnétiques ? Dans ce cas..."

Alors qu'il aurait normalement du toucher le sol depuis plusieurs secondes, Silver ralentit de plus en plus, défiant en apparence les lois fondamentales de la gravité, mais en réalité, il s'accrochait à un point immatériel à partir duquel il pouvait manier les charges magnétiques et ainsi être repoussé du sol, tel un aimant placé face à un aimant de même polarité.

Il aperçut du coin de l'oeil une silhouette qui regardait dans sa direction, et il distinguait désormais assez de détails pour voir une importante quantité de matériel à ses côtés. Il voyait presque les yeux plissés de cet homme sous le plat de sa main, positionnée comme une visière. Il était seul, et si un homme seul suffisait pour une opération de cette envergure, c'est qu'il était dangereux...

"Dans ce cas, termina Silver pour lui-même, autant lui faire comprendre dès le début que je suis moi aussi dangereux..."

Il attrapa sa lame au vol et trancha dans le vide, envoyant une onde d'Aura qui alla s'écraser au pieds de l'inconnu. En touchant le sol, la poussière soulevée forma un brouillard qui alla aveugler l'inconnu l'espace d'un instant. Les présentations étaient faites, la bataille pouvait commencer.

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"Bien, je pense qu'on peut se permettre une petite pause avant de plonger, Casper..."

Le Dracolosse semblait plutôt d'accord avec son maître pour le coup.

"On est normalement juste au dessus d'un sas d'accès. Je crois que c'est ici que ton boulot s'arrête, rajouta Antoine avant de sortir la ball du pokémon dragon..."

Cependant, le Pokémon frissonnait, comme s'il sentait le danger... Antoine daigna tenir compte de ces craintes. Il connaissait son Pokémon, et l'espèce des Dracolosse était réputée pour avoir une prescience et un instinct redoutable.

"Tu crois que je risque quelque chose ?
-Je sens le mal là dedans, un mal sombre, tentaculaire... Tu ne pourras pas lutter seul... Pas "à la régulière"..."

Antoine resta là, les yeux fermés... Casper "parlait" rarement, et même si, comme tous les Elus, son dresseur avait la capacité d'entendre les pensées des Pokémon avec lesquels il avait développé un lien solide, il était surpris à chaque fois d'entendre cette voix fluette et fragile qui contrastait avec la carrure massive du dragon.

"Je n'ai pas l'intention de me battre à la régulière si ça peut te rassurer. Votre boulot sera de couvrir mes arrières."

Avant de rajouter autre chose, il lança une autre ball sur le dos du Pokémon désormais en vol stationnaire. Il en sortit un manchot majestueux, aux ailes qui, bien qu'atrophiées étaient dures comme de l'acier.

"Pingoléon est un vétéran, il vous expliquera comment placer vos attaques face à une équipe de petits sbires. Comme à la vieille époque de la Team Galaxie. Moi je m'occuperai de leur patron, ou de leur patronne et à mon avis, la bombe, s'il y'en a une, ne sera pas loin. Maintenant, c'est pas non plus une raison pour traîner, alors action."

D'un geste, il rappela Dracolosse dans sa ball et se laissa tomber à l'eau. Pingoléon vint se positionner sous lui, et il s'accrocha fermement à son cou. Le temps de prendre une grande inspiration et la descente allait pouvoir commencer.

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Il toussa longuement, la poussière s'étant insidieusement infiltrée dans ses poumons quand il avait tenté de respirer, au milieu de ce nuage de particules en suspension.

"Et bien, on dirait que notre ami veut jouer à fond dès le début... A mon tour."

Sortant un colt du holster situé sous sa gabardine noire, l'individu, plutôt jeune et portant une longue natte qui lui descendait jusqu'au bas du dos se mit à genoux. Si ses poumons étaient encrassées par la poussière, ses yeux d'aigle, d'un bleu presque transparent ne se feraient pas avoir par un peu de sable volant avait déjà repéré l'ombre qui tournait autour de lui.

Il prit une détente formidable au moment où l'ombre allait fondre sur lui et la gratifia d'une bonne salve de balles. Deux allèrent se ficher dans le coeur, trois dans la tête et une perça un poumon. Du moins, c'est ce qui aurait du se passer, car en retombant au sol, il remarqua que l'individu qui lui faisait face était tout sauf mortellement blessé.

"On dirait bien que je vais devoir introduire mon auguste personne, finalement, fit l'inconnu aux yeux pâles. C'est dommage, j'aurai bien aimé m'occuper de toi dans les plus brefs délais...
-Rien ne t'empêche de faire cela après t'être présenté, répondit son adversaire en ôtant les balles qui s'étaient écrasées sur sa figure et son torse. Pour ma part...
-Inutile, fit l'inconnu en levant deux doigts à hauteur de sa tête, qu'il baissait dans un mouvement très présomptueux. Cheveux argentés, des yeux couleur de verre, une épée ornée de gravures, tu te nommes Marc, mais tes amis te connaissent mieux sous le nom de Silver."

Bien que s'attendant à tomber sur un individu qui connaissait son adversaire, ce dernier dut avouer sa surprise.

"Je ne t'entends plus... Serais-tu surpris ?
-Comment est tu au courant de...
-Allons, on est au vingt-et-unième siècle. Internet, les satellites, ça devrait te dire quelque chose. Tu crois sans doute que tu as effacé toutes les traces derrière toi, mais tu as oublié une chose, tout comme tes petits copains. Vous n'avez pas balayé vos traces avant que vous ne deveniez des Elus. Il nous reste encore un paquet de suspects, mais à mesure que, parmi ceux de notre liste, on découvre ceux qui vivent une vie normale, seuls ceux qui se cachent ne peuvent être que des Elus."

Silver resta un moment silencieux. Ainsi, en se cachant au lieu de se fondre dans la masse, ils s'étaient eux même mis en évidence.

"Ah, j'oubliais la question, reprit l'inconnu. Je me nomme Léo, mais tu peux m'appeler Double Six... Et je suis celui qui va mettre fin à ton existence."

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"Les parasites sont des gens comme toi et moi, petit... En apparence seulement. Partout ailleurs, ils seraient les bienvenus, mais pas chez nous. Car chez nous, les Pokémon sont à la base de tout ! Il y'a quelques années de ça, il était inconcevable de renoncer à son voyage initiatique... Mais maintenant, il y'a tellement de facilités, tellement de moyens de transport, de magasins, que tout ça a disparu... Je me rappelle quand j'ai débarqué à Hoenn, ma toute première rencontre avec ce monde... Et puis il y'a eu la guerre, qui nous a tous touché, mais qui avait le mérite de ne laisser vivre que les meilleurs dresseurs ! Comme la ligue, mais en jouant à chaque fois avec la mort, au lieu de jouer avec les règles."

Le colosse reprit sa respiration, chaque fois qu'il racontait cette histoire, il pouvait presque passer des minutes entières à se taire, juste le temps de se rappeler.

"Aujourd'hui, Hoenn n'est plus en guerre, et les parasites ont décidé de tout reconstruire "en mieux".
-Et... et ce n'est pas bien ça ? demanda le jeune homme cagoulé.
-Ce n'est pas "du mieux". C'est du parasitage, mon garçon, fit-il en levant la voix, mais sans vraiment s'énerver... On a construit des autoroutes, des trains, on a rasé des forêts, fait exploser des montagnes... Le voyage, ce n'est pas poser son cul dans un bus et attendre tranquillement qu'il nous porte à la prochaine ville où l'on défiera un champion en place depuis 3 mois, à peine plus vieux que toi. Le voyage, ce n'est pas détruire la nature pour la remplacer par du béton... Le voyage est une communion, mon garçon... Et nous brisons ce lien qui nous unit avec notre mère la Terre. C'est contre ça que Renaissance se bat... C'est contre ça que nous nous battons, que TU te bas ! Les générations futures te remercieront, tes petits enfants, et leurs enfants auront la fierté de dire que leur aïeul s'est battu pour eux..."

Un nouveau silence, un silence presque solennel et le géant reprit enfin.

"Tu n'es pas un parasite, tu es un homme, et un homme décide de son destin...
-Pour ne pas que le parasite le décide à sa place, termina-t'il comme pour répondre à une litanie connue.
-Ce garçon est foncièrement bon, numéro 24, fit le colosse à l'attention du plus vieux des deux. S'il meurt, car beaucoup mourront dans cette guerre, il faudra lui ériger une statue qui accueillera les gens dans le village où il est né.
-Je porterai sa mémoire comme il portera la mienne, et l'esprit vengeur guidera nos coeur vers la victoire. Gloire à Renaissance...
-GLOIRE A RENAISSANCE !"

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Comme pour expliquer son surnom, il bondit sur son adversaire dans une détente incroyable, et dégaina un deuxième six-coups, une arme à feu qui semblait certes vétuste, mais qui ajoutait une touche certaine à son habit. Autour du coup, un domino noir orné de douze diamants, un double six, terminait de rendre le personnage totalement surnaturel.

"Il est dopé aux amphet' ou quoi ? s'étonna Silver alors que Léo venait de faire un bond de presque dix mètres sur son opposant.
-Tu te demandes sans doute d'où je tiens cette force ? répondit Double six à la question restée informulée de son rival. Allons, je t'aide, c'est le Tyran qui est à l'origine de tout ça.
-Thérapie génique, comprit alors Silver. C'est pas l'essence qu'ils ont amélioré, c'est le moteur..."

Léo vida son deuxième six-coups sur son ennemi, sans succès. Sa peau avait pris la couleur et la solidité de l'acier. Cillant à peine, il en tira les conclusions qui s'imposaient...

"T'ai-je dit que j'étais un expert en armes à feu ?
-Dois-je te dire que l'acier résiste à tes petits projectiles ?
-Balles standard, aucun mérite, répondit du tac au tac Léo. Que diras-tu face à ça ?"

Dans un mouvement d'une vitesse très supérieure à la moyenne, il fit sauter de sa ceinture deux chargeurs de balles qui allèrent s'insérer presque d'elles mêmes dans les colts déjà déchargés de leurs précédents barillets. N'importe quelle personne en face de lui aurait pu remarquer la pointe rouge des balles au travers des trous du barillet. Mais pas l'adversaire de Double Six.

"Voyons voir ta résistance à mon petit cocktail explo..."

Car cet adversaire avait tout simplement disparu.

"T'es pas marrant, Silver, fit Léo avec une voix presque enfantine. J'ai même pas le temps de t'expliquer ce qui t'attend."

Une série d'aiguilles métalliques émergea du sol, tout autour de Léo, dans un silence presque parfait. Malheureusement, ce "presque" n'était pas suffisant pour échapper aux oreilles de l'intéressé. Alors qu'elles auraient du le transpercer de toutes parts, elles ne firent que s'entrechoquer alors que, d'un nouveau bon survitaminé, Léo les avait évitées.

"Trop lent, beaucoup trop lent", fit-il en retombant, un genou en avant, son imperméable flottant avant de toucher le sol à son tour.

Le domino autour de son cou était désormais bien visible, car plus du tout caché derrière son maillot blanc.

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Contre le hublot, Antoine regardait le spectacle de cette foule totalement subjuguée. Trop occupé à neutraliser le garde à l'intérieur du sas, il en avait raté une partie. Mais tout cela lui semblait trop beau pour être vrai... Bien que moins philosophique et plus caricaturale, sa phrase à lui lui réchauffa autant le coeur...

"Mouais, tous des tarés... Va falloir leur botter le cul avant de nettoyer la merde qu'on leur a mis dans le cerveau."

Alors que dans le tunnel, les cris de joie couvraient le reste des bruits, Antoine en profita pour ouvrir rapidement la porte intérieure du sas qui grinçait avant de la refermer tout aussi prestement.

"Shazam, tu nous cache..."

Derrière lui, une ombre se déplaçait furtivement. Dans un halo de noirceur, la forme d'un Spectrum se dessina un instant avant de recouvrir Antoine et lui-même d'un halo ténébreux.

"Merde, le tunnel est éclairé plein pot !" nota Antoine.

En effet, hormis quelques zones plus sombres parmi laquelle celles où il se trouvait, le tunnel était éclairé comme en plein jour, et une ombre même furtive se déplaçant dans cette lumière, ça allait attirer l'attention. Sauf si on arrivait à la capter, cette attention.

"Shazam, tu vas devoir jouer les pickpockets pendant que je m'occupe de faire le clown... Tu les écoutes, tu cherches où est le boitier qui commande tout ce bordel et tu remontes à la surface."

Le pokémon apparut plus clairement et tourna la tête d'un air inquiet, comme pour dire:
"Et toi ?"

Antoine me mit à sourire... Il avait envie de gâcher la petite fête... Voilà ce qu'il allait faire.
Cependant, en voyant la rame et les mouvements à l'intérieur, il perdit son sourire.

"Non, fit-il pour lui-même, il y'a peut-être un mécanisme secondaire. Le seul moyen de sauver tout ce petit monde, c'est de dégager les preneurs d'otage dans le wagon et de le téléporter à l'extérieur. Lilian va avoir du boulot. Shazam, tu t'occuperas d'eux. Je me débrouillerai avec la bombe..."

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Silver restait invisible. Mais Léo ne semblait pas être né de la dernière pluie. Il ferma les yeux, qui lui étaient inutiles, et laissa son cerveau se concentrer sur ses autres sens. Avec l'augmentation de sa force, avaient été également implémentées d'autres améliorations tel qu'un sens plus aigu des choses, qui, tel les ultrasons d'un Nosférapti, lui permettaient de repérer les obstacles cachés, ou dans le cas présent, les personnes cachées par les obstacles visuels. Un claquement de langue suffit à produire l'onde sonore nécessaire pour activer ce sens "radar" et lui révéla un homme qui se tenait plaqué contre une colonne, un peu au sud de sa position.

"Tu sais que tu ne peux pas gagner... Tu le sais au moins ? fit-il pour détourner l'attention et couvrir l'infime bruit de pas qu'il faisait. J'ai la force de dix hommes, et un temps de réaction de 0,3 secondes. Même si tu pouvais espérer être aussi fort que moi avec tes dons et ton entraînement spartiate, tu n'arriverais jamais à me porter un seul coup."

Il s'approchait furtivement de l'endroit où il avait repéré Silver et ce dernier ne semblait pas l'avoir repéré, au vu des informations données par son sens radar. Diminuant petit à petit la puissance de sa voix afin de faire croire à son adversaire qu'il était toujours au même endroit, il allait pouvoir fondre sur lui et le cribler de balles dans quelques secondes.

"Je suis bien trop fort pour toi, arrête de te cacher... Attaque ou fuis et perds le peu d'honneur qu'il te reste... Enfin, essaie de fuir déjà..."

Surgissant derrière la colonne fendue, il se trouva face à face avec Silver qui, contre toute attente, semblait l'attendre. Alors que Léo allait faire feu, son adversaire se contenta de sourire avec un air benêt, en disant:
"0,3 seconde ? Pas mal..."

Il donna un violent coup de pied rotatif que Léo ne vit pourtant pas venir...

"Je suis tombé à 0,2 avec la dernière version de mon logiciel...
-Tu... tu es... une machine ? fit Léo interdit, et désormais à terre.
-Je ne t'entends plus. Serais-tu surpris ? répéta à son tour Silver."

S'engagea alors une lutte farouche au corps à corps, dans laquelle les pieds et mains se mêlaient, dans une intense série d'attaques et de contres, et chaque membre trouvait toujours un autre pour le bloquer, à une vitesse que personne n'aurait imaginé possible, même pour le meilleur des lutteurs.
Mais alors que Silver semblait prendre le dessus, saisissant un bras de son adversaire à l'aide des deux siens, Léo en profita pour saisir son revolver de son membre resté libre... et tira...

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Dans le tunnel, l'ambiance restait plutôt solennelle. Les "Gloire à Renaissance" volaient à tout va, tandis que les cris de peur des passagers restaient étouffés par la présence intimidante des sbires qui surveillaient le train et ses occupants.

"Gloire à Renaissance, reprit le titan qui leur servait de chef, gloire à...
-Ta gueule avec ta propagande nazie !"

De la masse émergea un cri de stupeur... Qui avait osé ? Le géant se tourna vers l'origine du bruit, sans rien voir d'autre qu'une des caisse en fer qui avait servi à transporter les explosifs au milieu des voies. Le bruit des armes qu'on recharge succéda à ce silence de mort.

"Montre-toi, où je fais exploser ce train ! menaça l'immense individu d'une voix qui indiquait tout sauf de la plaisanterie."

Mais pour toute réponse, il ne reçut qu'un cri, presque animal, de la part de son adversaire...

"Beeeeeh ! Si ça saute, tu sautes. Si ça saute, on saute tous ! C'est vraiment ça que tu veux ?
-C'est un sacrifice que je...
-WROOONG, fit la voix, imitant le genre de buzz qu'on pouvait entendre dans les jeux télévisés, mauvaise réponse. Les tarés dans ton genre sortent toujours le même baratin, mais dans le fond, tu sais que tu as une issue de secours.
-Si tu ne te montres pas...
-Oh, je te rassure, j'arrive !"

Contre toute attente, la caisse d'explosifs se mit à léviter, et se dirigea à pleine vitesse vers le titan. Antoine, bien installé à l'intérieur, lança vers l'arrière laissé ouvert ses balls, et laissa ses Pokémon prendre les sbires par surprise alors que ceux-ci canardaient sans succès le cercueil de fer. Les éléments se déchaînèrent sur eux pendant que, à la grande surprise d'Antoine, la caisse était arrêtée net...

Sans demander son reste, il sauta hors de son logement avant de se retourner... La masse de muscles avait arrêté à mains nues son projectile et projetait pour l'instant de le lui renvoyer en pleine figure...
Antoine jeta un oeil à ses Pokémon qui s'étaient lancés dans la bataille... Ils avaient l'habitude de combattre sous un feu de balles... Ils se débrouillaient très bien tous seuls...

Le temps de revenir à son adversaire et il ne vit qu'une masse de métal lui foncer dessus à son tour, qu'il évita in extremis en sautant, d'un saut bien trop haut pour être simplement humain.

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Une seule balle, à bout portant... Léo ne ratait jamais sa cible d'habitude... Surtout avec ses balles à tête rouge, les balles perforantes, effilées, dont le coeur était constitué d'un puissant explosif qui perçait même les plus puissants blindages. Et ce coup ne fit pas exception aux habitudes. Un tir en pleine tête, la balle entrant dans le crâne de Silver comme d'autres outils rentraient dans du beurre, libérant son contenu instable qui explosa comme une bombe, laissant s'éparpiller un peu partout le contenu du cerveau de l'Elu, fait de divers morceaux de métal pur et de processeurs étrangement cristallins.

"Alors, on a perdu la tête ?" fit Léo pour lui-même, le corps de son adversaire chutant violemment sur le sol, alors que les seules blessures que son adversaire avait étaient dues aux projections des composants électroniques du cerveau en bouillie de Silver.

Il se releva, et sans un regard pour celui qu'il venait de tuer, il essuya son imperméable de la poussière qu'il avait accumulé durant la lutte au sol. Cette bataille était finie...

"Les ordinateurs n'ont pas de tête..." fit une voix qui n'aurait pas du pouvoir parler...

Léo avait très bien compris ce qui se passait, et ce même si son cerveau s'obstinait à lui dire que c'était impossible... Son adversaire n'était pas mort. Ignorant pourtant cet illogisme de pensée, il se concentra sur les faits et se retourna sans un regard envers cette étrange créature de métal, qui avait des airs humanoïdes si on exceptait la tête manquante et les débris d'acier fumants qui avaient lacéré tout son corps. Même s'il ne semblait pas trouver quoi que ce soit de logique dans la vision de cette étrange apparition, Léo dut laisser à plus tard les questions métaphysiques, car la masse de métal et de composants électroniques fonçait sur lui à une vitesse, qui, déjà surprenante pour un être humain normal, l'était encore plus pour un mort.

"Tu es une machine ? siffla t'il seulement...
-Sur les quatre mots de ta phrase, il y'en a un qui me gêne... répondit une voix étouffée, semblant provenir de l'intérieur du corps de cet être improbable. Trouve lequel et tu trouveras ta réponse."

Machine, cyborg, androïde... Le terme exact importait peu à Léo. Le plus urgent était de finir ce qu'il avait commencé. Il vida un chargeur sur l'être sans tête, faisant voler le métal fondu dans une bonne partie du cratère du Mont Couronné. Mais alors qu'il allait lever l'autre bras et tirer six nouvelles balles, il remarqua avec effroi que le métal semblait irrésistiblement attiré par le corps de plus en plus difforme... Comme dans un mauvais film d'horreur, l'être en face de lui était en train de se reconstituer, tel un macabre jeu de construction...

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Malgré la peur qui commençait à le tenailler, Léo resta impassible. Peut-être que cette faculté de régénération n'était pas infinie. Quatre balles perforantes arrachèrent un à un les membres de la créature qui commençait à renaître, et deux allèrent se ficher dans la tête tout juste recréée de son adversaire bionique mais c'était peine perdue. D'abord homme-tronc, Silver récupéra ses jambes puis ses bras, puis à nouveau sa tête au grand dam du pistolero.

S'il ne servait à rien de démembrer cette créature alors autant changer de technique. Les deux barillets vides sautèrent presque aussi magiquement que les précédents avant d'être remplacés par deux autres, remplis de balles dont la pointe verdâtre laissait présager un nouveau type de munitions.

"Laisse-moi deviner, nouvelles balles ? Que peuvent-elles bien faire ? des tâches sur les vêtements ? des trous en forme d'étoile ou de lapin ?
-Espèce de... commença Léo."

Mais rien d'autre ne sortit de sa bouche. Il était trop habitué aux victoires faciles pour vouloir se compliquer d'avantage la tâche en révélant à nouveau à un ennemi déjà fort coriace ce à quoi il allait à avoir à faire.

Et le ballet mortel recommença à l'initiative du tireur cette fois-ci. Dans un nouveau saut boosté, il alla se placer au sommet d'une colonne brisée de plusieurs mètres de haut. De la réaction de son opposant allait dépendre sa victoire.

"Tu veux jouer les filles de l'air... Alors jouons ce match dans les cieux."

Comme il l'attendait, Silver l'avait rejoint d'un saut aidé par les courants magnétiques sur une colonne située à plusieurs dizaines de mètres de la sienne. Mais alors que ce dernier allait attaquer, son regard fut attiré par un reflet à la limite de son champ de vision... S'autorisant un mince coup d'oeil dans cette direction, il aperçut une batterie d'ordinateurs et de matériel étrange, mais toutefois orné de signes fort reconnaissables tels que "Explosif" ou "Dangereux".

C'était sans nul doute l'installation qui allait détruire le cratère sous peu et laisser libre cours au flot de lave destructrice qui allait inonder les versants de la montagne et ensevelir Charbourg voire Unionpolis sous des mètres de pierre en fusion et des tonnes de cendres. Levant les yeux au ciel, il remarqua l'obscurité qui petit à petit s'installait... Le coucher du soleil.

"Le compte à rebours risque d'être serré... Et je doute que tu puisses désarmer cette bombe et moi en si peu de temps..."

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"Vol... fit simplement son adversaire devant les performances aériennes d'Antoine. On voit que vous ne me connaissez pas... La force brute aurait été bien plus efficace..."

Bien que tout à fait calme, Antoine restait cependant l'esprit fixé sur ce que venait de faire le colosse.

"Il a propulsé ça à la seule force de ses mains ?"

Cependant, s'il restait inerte, c'était sa vie qu'il risquait... Un coup d'oeil furtif dans la rame lui montra qu'un des gardes venait de s'effondrer, probablement victime de l'hypnose de Shazam... Tout se passait bien pour tout le monde... sauf Antoine.

Il évita un autre projectile lancé à bout de bras par son opposant. A son tour, il découvrait que son adversaire ne pouvait pas être né ainsi. Même avec sa carrure, c'était physiquement impossible.
A force de voler dans les pires conditions, sa vue était devenue aussi perçante que celle d'un aigle. Il remarqua ainsi les nombreuses cicatrices sur le corps de son adversaire. Le genre de cicatrices que laissait un bistouri. Et des traces de piqûre d'aiguilles, récentes, ornaient un peu partout son corps.

"Chirurgie esthétique ou trifouillage génétique ? Vue ta gueule, je pencherai pour le second, ou alors faut vraiment changer de chirurgien-plasticien..."

L'autre chose qui le frappa, ce fut le pendentif qui contrastait vraiment avec cette masse. Le genre d'ornements qui n'allaient pas trop avec ce genre de personnes... Le domino orné d'un double cinq pendait négligemment autour de son cou... Un signe de reconnaissance... Un classement dans la hiérarchie.

"Reste à espérer que le plus mauvais à le chiffre le plus grand !"

Double cinq, contrairement à son acolyte au sommet du Mont Couronné, cherchait peu la conversation. Son seul souci pour l'instant était de mitrailler son adversaire avec des objets plus ou moins lourds... Mais Antoine les évitait pour l'instant aisément. Là où tout se compliqua, c'est lorsque il atteignit ce qu'il était venu chercher.

En effet, petit à petit, Double cinq s'était reculé, et s'était rapproché d'une sorte de caisse, contenant...

"Des mines de contact ? Ben voyons !"

Ce genre de choses pouvait exploser en frôlant Antoine de trop près. Après avoir cherché pourquoi on aurait pu donner à cet empaffé une telle arme aussi inadaptée, Antoine conclut aisément que son adversaire était du genre TRES bourrin, mais pas finaud pour deux sous. Pas le genre à qui on refilerait du matériel de pointe... Plutôt les explosifs qui ne servent à rien pendant que les sbires un peu plus fute-fute utilisaient le matériel de professionnel... Mais il remettrait ses considérations à plus tard, une mine venait de lui être lancée dessus avec une précision redoutable.

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Regardant apparemment sans comprendre la scène, Silver resta un instant totalement immobile, telle une statue plus vraie que nature. Il entendit à peine le bruit de pas furtifs et précis d'un homme qui sautait de colonne en colonne, dans sa direction...

Léo...

Il n'entendit qu'un coup de feu, et reprit soudain conscience de la situation. Il était à côté de lui, il pouvait presque entendre son souffle puissant mais néanmoins fatigué par autant de résistance de sa part. Jamais, non, jamais avant lui, Léo n'avait été poussé dans de tels retranchements. Les balles perforantes ne lui avaient servi qu'une poignée de fois, et c'était la première fois qu'il tirait ces balles vertes. Autant dire que la compétition arrivait à un niveau jamais atteint pour lui. Mais il avait marqué un point décisif.

Silver leva sa main au niveau de son visage... Du moins ce qu'il en restait, car au bout de son bras, il ne restait plus qu'un moignon duquel suintait un étrange liquide qui dégageait des bulles au contact du métal qui formait son corps. Et alors qu'il tentait de reproduire le miracle curateur dont il avait usé plusieurs fois durant ce combat, il n'y arriva pas...

"Acide concentré... lança Léo comme un cri de victoire. Le métal qui composait ta main s'est dissout."

Il aurait voulu tenter un autre tir, mais en face de lui, Silver semblait étrangement lent, et ses mouvements étaient saccadés comme l'auraient été ceux d'un petit robot dont les piles se seraient usées. Cet acide avait il détruit son système ?

Ignorant son adversaire, Silver semblait se concentrer vers un point invisible... Au vu de sa nature bionique, on aurait pu attribuer cette lenteur à une mise à jour, un repos de l'unité centrale ou, plus probable sur un champ de bataille...

"Une communication extérieure... Vous avez réussi à contourner le brouillage ! comprit Léo. Mais tu ne diras rien à ton supérieur, ça non !"

Une deuxième balle alla s'échouer dans le genou gauche de Silver, puis une troisième dans l'omoplate droite, faisant voler le bras déjà amputé de sa main. Ainsi dépourvu de deux de ses membres, il chuta, alors qu'une autre balle allait finir sa course dans ce qui aurait du être le coeur de Silver.

Léo l'avait mis à terre...

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"Des mines, ben voyons..."

Antoine repensait à tout ça... Il avait vu des gens stupides, mais à ce point, ça en était navrant. A l'époque de la Team Galaxie, au moins, les adversaires avaient un certain sens de la logique... Mais là...

"Soit il compte vraiment mourir, soit il a une issue de secours... Son baratin pourrait très bien couvrir sa fuite. Il faut montrer à ces gars que leur idéal est bateau..."

Alors qu'Antoine se serait presque amusé à éviter les explosifs, il repassa aux choses sérieuses. Un mur invisible se dressait entre lui et les projectiles les figeant dans les airs.

"Alors, Renaissance... Je suppose que tu n'en es pas le chef... Trop bourrin pour ça... Je vois bien un bras droit, un homme de main... Bref, un élément important, bien trop pour mourir comme ça au milieu de ces incompétents..."

Antoine jeta un oeil aux sbires qui peinaient à contenir sa petite équipe, un autre plus furtif à Spectrum, qui continuait à charmer ceux à l'intérieur du train.

"Il n'y a pas d'élément plus important que les autres. Si je meurs ce soir, je mourrai comme tous mes compagnons. Seule la valeur est importante ! Pas un grade quelconque..."

Cependant, Antoine était devenu plus que sûr que les yeux de son adversaire faisaient leur propre ballet. Un coup sur lui, un coup vers sa gauche... Vers le bord du tunnel, la roche... Vers... un sas ! Un autre sas que celui qu'Antoine avait pris pour rentrer dans le tunnel.

"Je vois, celui que j'ai emprunté était vide... Mais il doit rester au moins une capsule d'évacuation dans celui-là..."

Il allait lui faire comprendre que les gens dans son genre n'avaient aucune chance face à lui.

"C'est beau ton petit speech, mais tes petits camarades sont au courant que tu vas survivre et pas eux ?
-Je ne vois pas de quoi tu parles...
-Alors je vais être plus clair..."

Il projeta une des mines contre la paroi, révélant l'intérieur du sas. Une série de compartiments pour nacelles de survies étaient désormais visible... Dans le tout premier, et dans lui seul, une armature en forme d'oeuf, manifestement conçue pour un usage individuel, attendait que l'on s'en serve...
L'explosion avait attiré l'attention de tous les sbires de Renaissance, et le fait qu'une seule nacelle soit encore amarrée fut interprété très vite par leur cerveau. Surtout que c'était la grosse brute qui était chargé de décrocher ces navettes pour empêcher toute fuite.

"Maintenant que tes petits collègues sont au courant, on va pouvoir s'amuser..."

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Il n'était pas mort, Léo en était certain. La dernière balle avait touché un endroit vital pour un humain normal, mais ce cerveau électronique devait avoir des protocoles de secours... à supposer que son protocole original ait été endommagé par ce tir au coeur... Mais il ne pouvait plus constituer de menaces, alors Léo le gratifia des formules d'usage...

"Une dernière volonté ? Sache pour ta postérité que tu es de loin l'adversaire qui m'a opposé le plus de résistance ! Tu veux que je fasses graver ça sur ta tombe ? Ou tu préfères que je le mette sur un bouquet de fleurs ?"

Sans dire un mot, Silver leva son unique bras valide et pointa son doigt vers l'endroit où était située la bombe, alors que le compte à rebours allait bientôt atteindre zéro... Léo se demanda un instant s'il lui faisait l'audace de lui demander d'arrêter cette explosion, mais en plissant les yeux, il remarqua une silhouette attablée contre un des ordinateurs... Il n'était pas seul.

"Espèce d'enfoiré... Tout cela est inutile !"

Il termina de vider son premier chargeur sur la tête de Silver et enchaîna avec le second. Une, puis deux, trois, quatre balles réparties sur le corps désormais mort de l'homme en face de lui. Et puis cinq et enfin...

Il ne trouva pas la force d'appuyer sur la gâchette une dernière fois... Et alors qu'il se demandait pourquoi, il ressentit soudain la douleur qui lui transperçait le ventre. Abaissant ses yeux à l'endroit précis où il avait mal, il découvrit la lame d'une épée qui venait de transpercer son coeur et de lacérer son poumon gauche, brisant un ou deux os net au passage.

"Dans la phrase "tu es une machine", lui susurra une voix à l'oreille, le mot qui me gênait, c'était le verbe... Bien que créée par mes soins, je n'ai fait que contrôler la machine..."

Il tira la lame vers le haut, et elle laissa une longue déchirure diagonale allant du coeur et remontant jusqu'au bras gauche. Avant même de songer à chuter, Léo lâcha simplement son arme, qui tomba au sol sans un bruit. puis il s'écrasa lourdement contre le sol, sans comprendre qui était ce nouvel arrivant, jusqu'à ce qu'il lui fasse face.

Devant lui, la copie conforme de l'adversaire qu'il avait affronté, la copie ou plutôt... l'original...

"Mes félicitations, tu es un des premiers à battre mon alter ego mécanique... Il faut dire aussi que pour créer et maintenir une telle illusion, j'ai bien eu besoin de cette anomalie magnétique."

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Le blast de l'explosion de la mine avait caché une déchirure lumineuse plus discrète, celle d'une téléportation. Les sens affûtés d'Antoine lui permirent de comprendre que quelqu'un venait lui prêter main forte. Ce quelqu'un venait d'atterrir de l'autre côté de la rame, ce qui le rendait totalement invisible aux yeux de Renaissance pour le moment...

"C'est qui ? murmura Antoine dans sa tête."

Pas de réponse. C'était bien l'apparition d'un allié, reconnaissable à l'aura rose qui était caractéristique des téléportations de Lilian, mais Antoine ne parvenait pas à établir une connexion mentale avec le nouveau venu... Pas un élu... Ce qui laissait Arno ou Hélio. Lorsqu'il remarqua le corbeau d'un noir de jais qui portait main forte à Spectrum pour endormir les gardes, il élimina le premier choix pour ne conserver que le second. La partie était désormais presque gagnée.

Mais presque gagné, ça ne comptait pas... Tout comme presque survivre... Une déchirure se propagea dans la structure bétonnée du tunnel, à partir de l'endroit où la mine projetée par Antoine avait atterri. Des fissures qui se propageaient et laissaient désormais fuir des masses d'eau non négligeables.

"Merci de me faciliter le travail, imbécile, fit Double cinq. Amorcez le compte à rebours, ordonna t'il en beuglant. Si j'ai voulu laisser une capsule, c'est pour que l'un d'entre nous puisse survivre et raconter notre sacrifice à tous ! Toi, fit-il à l'attention du jeune qu'il avait harangué un peu plus tôt. Tu es le fils le plus jeune de ce bataillon. Il convient que ce soit toi qui survive pour conter nos exploits...
-Bien rattrapé, commenta Antoine, mais personne n'amorcera cette bombe !"

D'un coup de menton, il montra le train, dans lequel plus aucun sbire n'était visible. A la place, il ne restait plus qu'Hélio et deux pokémons de la couleur de la nuit.

"Dans ce cas, je le ferai, fit-il en appuyant sur un bouton caché à sa pokémontre."

Mais Spectrum avait bien travaillé, il avait désamorcé tous les compte à rebours présents dans le train. Le problème était qu'il ne semblait pas y'avoir des explosifs que sur la coque de la rame. Un détonateur placé sur un carton de plastic qui n'avait pas pu être installé à temps venait d'être enclenché. Ces mêmes explosifs qu'Antoine avait utilisé comme bouclier plus tôt...

"En temps normal, ça n'aurait pas suffi à détruire la structure du tunnel, mais avec l'aide que tu m'as procuré, fit le colosse en arborant un sourire mauvais, ca nous emportera tous aisément.

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Léo comprenait alors... Il avait vu tomber Silver et son épée, mais au moment où il avait été aveuglé par l'onde d'Aura, Silver avait créé ce double, à l'aide du métal naturellement présent dans ce sol riche et tel une marionnette, il l'avait guidé avec les fils invisibles du magnétisme.

A ce moment là, il aurait du le voir, le deviner, parce qu'à partir ce moment, et jusqu'à ce qu'elle le transperce par derrière, cette épée avait disparu des mains de son adversaire. Et au moment où le double avait mystérieusement ralenti, ce n'était pas à cause de la douleur où d'une quelconque communication, mais simplement parce que l'attention de Silver était accaparée par autre chose... la bombe par exemple. Pourtant, alors que sa vision se voilait, il distinguait toujours cette silhouette près des ordinateurs... Il n'était pas seul, ils étaient deux... deux plus cette improbable machine... Il s'était fait avoir en beauté...

Cependant, il ne pouvait s'empêcher de sourire.

"Toi... et ton pote... Tout ça ne sert à rien...
-Oh crois-moi, s'il y'a quelque chose à désamorcer, elle y arrivera...
-Toi aussi... tu te trompes, fit-il haletant... Il n'y a rien à désamorcer..."

Silver resta un instant silencieux... Tout cela n'était qu'un leurre ? Un homme, un des lieutenants de Renaissance, apparemment, avait perdu sa vie pour rien ? Devant lui, le corps agonisant semblait pourtant vouloir lutter pour vivre. Peut-être était-ce du à la série de fortifiants génétiques qu'il avait reçu...

"Nous voulons recréer Sinnoh, pas la détruire. Cette bombe n'est qu'un avertissement. Pour les dresseurs qui croient encore que tout cela n'est qu'un jeu... Ceux-là vont mourir... Jusqu'au dernier !
-Et comment ? COMMENT ? fit Silver, sachant que quelque chose lui échappait.
-La bombe n'explosera pas... pas ici..."

Dans sa tête, Silver se rassura un instant. Tout cela n'était qu'un bluff. Le chemin du blast de lave allait de l'île de Fer au Mont Ardent... Il passait par ici et...

"Le Mont Ardent, répéta Silver à haute voix."

L'autre hypothèse était que le blast allait se déplacer d'Ouest en Est pour atteindre sa pression maximale à l'autre sommet de l'archipel. Tous les gens là bas allaient mourir, mais l'île principale ne craindrait rien... Un parfait avertissement...

"La zone de Combat ! Mais ce ne sont que des innocents !
-Foutaises ! Des parasites ! Des gens qui croient que le combat est un jeu... Mais c'est une... lutte... et les faibles et les parasites doivent... périr...
-Ordure !"

De rage, Silver décapita le corps agonisant de son adversaire. Même boosté génétiquement, il ne se relèverait pas de cela. Alors que Kim essayait encore de désamorcer la fausse bombe, Silver surfa sur les courants pour atteindre le sommet du cratère. De là, il avait une vue imprenable sur l'île voisine du Mont Ardent.

Comme si le compte à rebours l'avait attendu, le blast se déclencha à ce moment. Une série d'explosions souterraines, commandées par un ordinateur central qui devait être au sommet du volcan en face de Silver, se fit sentir, d'abord de plus en plus proches, puis, une fois le Mont Couronné passé, de moins en moins sensibles. Il était trop tard.

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Antoine se précipita sur les explosifs. Le compte à rebours n'affichait qu'une trentaine de secondes.
"La capsule de survie, pensa t'il."

Mais malgré les ordres de double Cinq, les sbires s'étaient précipités sur la seule issue de secours, empêchant tout accès à celle-ci... Et en si peu de temps, il ne pourrait pas tous les neutraliser. Et en plus, Double cinq jouait des pieds et des mains pour avoir sa place au milieu de tout ce foutoir. Ce qui laissait une seule solution.

"Hélio ! Je vais avoir besoin de toi !"

Antoine rappela ses pokémon, alors que l'ancien chef de la Team Galaxie accourait à sa rencontre.

"Attrape ça, ça va me gêner ! Tout le monde est dans le train ?"

Hélio attrapa la ceinture de balls de son acolyte au vol.

"On a peu de temps. On a neutralisé les explosifs situés sur le train, et il est conçu pour être hermétiquement isolé en cas d'inondation.
-C'est quoi ton plan ?
-Monte dans le wagon ! On a plus le temps pour les explications ! Lilian a tout prévu."

Antoine ferma par ses pouvoirs toutes les autres portes encore ouvertes, ne laissant que celle par laquelle Hélio venait de monter. Dans un terrible tremblement, la structure supérieure du tunnel s'arracha sur toute sa longueur, alors que les eaux sous-marines s'écartaient devant ce Moïse des temps modernes. Il ne manipulait pas l'eau, mais il pouvait créer une bulle d'air immense au milieu des flots. Le tunnel sous-marin était désormais un cratère à ciel ouvert, et l'effort considérable que cela demandait à Antoine transparaissait sur son visage en sueur. Dans un dernier effort de concentration, il lâcha ces quelques mots...


"Sauf qu'on n'a plus le temps de prévenir Lilian... Au revoir Hélio !
-Qu'est ce que... Antoine, non !"

Mais la dernière porte venait de se fermer entre eux deux alors que le train s'envolait tel un serpent de métal. Antoine devait se concentrer pour programmer son don, pour qu'il puisse fonctionner sans lui, car lui, il devait rester là...

Le train s'envola, et Antoine se précipita comme une fusée dans la masse des fidèles de Renaissance, non sans un regard au compte à rebours qui n'affichait plus qu'un seul chiffre. Il attrapa le titan aux mains surdimensionnées qui leur servait de chef.

"Tu ne me retiendras pas plus de trois secondes, gamin ! hurla le colosse.
-C'est largement plus qu'il ne m'en faut..."

Alors que la pupille de Double Cinq se contractait en comprenant ce qui venait d'arriver, Antoine conclut seulement en murmurant dans sa tête...

"Je t'aime Aurore..."

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"Non, NON ! Ils nous ont leurrés ! Dès le début, leur cible c'était la zone de combats !"

Silver s'envola en direction de Kim, qui ne comprenait pas pourquoi le compte à rebours avait atteint zéro, pourquoi les bombes avaient frémis et pourquoi elle était toujours en vie.
"Silver, on a réussi ! hurla t'elle, les larmes aux yeux."

Mais l'explosion du cratère du mont Ardent coupa court à toutes félicitations.

"C'était quoi ça ?
-Leur cible c'était pas le Mont Couronné, c'était l'autre montagne, Kim !
-Ca veut dire que...
-Le Mont Ardent vient d'entrer en éruption ! Et les premières bombes volcaniques ne vont pas tarder à tomber sur les zones habitées de l'île !
-Non... non... Ils avaient dit qu'ils allaient..."

Kim se remémora alors les indications précises qu'elle avait entendu... Non... Jamais rien n'avait parlé du Mont Couronné précisément...

"Alors ça veut dire qu'on... a perdu ?
-Il faut voler là bas, prévenir Koner et les autres ! On peut encore sauver des gens !
-Je n'ai pas de pokémon Vol, moi, tu en as un ? fit Kim effarée par la tournure des choses..."

Une autre explosion retentit au loin. Le cratère déversait sa fureur désormais, alors que la prophétie de Renaissance prenait vie ! Silver, accompagné de la jeune élue du feu cette fois-ci, remonta les courants magnétiques pour se poster aux premières loges, au bord du cratère du Mont Couronné et contempler, sans aucune possibilité d'agir, la colonne de fumée qui déjà se répandait dans le ciel. Bientôt, la ligue Pokémon serait sous le nuage et quelques pierres propulsées dans les cieux pourraient même transpercer son toit... Kim venait de s'effondrer, ses jambes ne la supportant plus...

"Des milliers d'innocents, des milliers de personnes qui venaient juste là pour se détendre...
-Renaissance, fit Silver entouré d'une aura gris acier. Je..."

Il ne savait même pas comment terminer sa phrase, il avait perdu les mots, perdu l'envie même de décrire cette horreur. A la place, il se contenta de laisser éclater sa colère dans un cri de rage, alors qu'à plusieurs dizaines de kilomètres, le cataclysme promis par Renaissance venait de se réaliser...

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"Antoine, non !"

Trop tard, la porte s'était refermée. Alors que le serpent de métal prenait de l'altitude, Hélio cherchait du regard Antoine, perdu dans cette foule de fanatiques. Il l'aperçut un bref instant avant qu'une explosion terrible ne se produise.

"Les explosifs vont endommager la coque ! fit un individu dans un uniforme qu'Hélio reconnut comme celui des contrôleurs du TSA !"

Mais ce ne fut pas le cas. Les formidables masses d'eau qui les entouraient s'effondrèrent de concert sur l'arrière du train, protégé par son étanchéité, et étouffèrent le blast qui ne fut perçu à la surface que par une flamme d'une hauteur ridicule comparée à celle qu'elle aurait pu avoir.

"Antoine... fit Hélio à bout de souffle."

Ce qui venait de se dérouler était inconcevable. A peine dix secondes plus tôt, Il venait de tous les sauver, et maintenant Antoine était...

"C'est moi... C'est moi qui devait le secourir et il est... Il est mort, pour nous sauver..."

Le serpent de métal volait dans le ciel marin, dirigé par la magie d'un homme désormais mort vers une direction inconnue.

"Cette puissance, ça a du l'épuiser... Il n'a même pas pu se protéger..."

Hélio était assis par terre, interdit, tenant encore la ceinture d'Antoine dans la main. Il avait prévu son coup ! C'était la seule solution et il le savait...

"Mais pourquoi n'est-il pas monté dans le train ? fit-il pour lui-même."

Il revoyait le colosse au torse orné d'un domino. Il revoyait la nacelle de sécurité. Et il comprit. Ce jour là, Renaissance devait perdre tout son escadron, car si un seul s'en sortait, il ferait de ses camarades des martyrs. L'histoire était écrite par les vainqueurs, et celui qui avait survécu aujourd'hui, c'était Hélio...

"Monsieur, nous arrivons en vue de Sinnoh ! fit un autre homme en uniforme, sans doute le conducteur cette fois-ci. Je ne sais pas comment nous sommes sensés nous arrêter...
-Ne... vous inquiétez pas... Il a tout prévu...
-Mais qui ? Qui a tout prévu ?"

Parmi les passagers, la rumeur se propagea, tenant en un seul mot... "Elus". Ces hommes existaient, et ils venaient de les sauver. Peut-être même que l'homme haletant et dévasté qui était parmi eux en faisait partie.

"On dirait qu'on se dirige vers... le Mont Couronné, comprit un passager."

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Au sommet du cratère, un point lumineux apparut à l'horizon, grossissant sans que personne ne l'aperçoive, car les yeux de Kim et Silver étaient pointés dans l'autre direction. Mais lorsque le monstre de métal atterrit dans le cratère, le bruit qu'il fit aurait tout entier suffi à le repérer où qu'on regarde.

"Qu'est ce que... Dites moi que je rêve !
-C'est le train, fit Kim, une lueur d'espoir dans les yeux, Antoine a réussi ! Il les a sauvés !"

Ils se précipitèrent à nouveau au centre du cratère, où le train volant venait de s'écraser alors que l'aura rémanente, dernier fragment d'un ami désormais mort venait de disparaître...
Toutes les portes s'ouvrirent en même temps alors que tout le monde sortait bouleversé de ce train.

"Hélio devait prêter main forte à Antoine ! Trouve l'un et on trouvera l'autre, expliqua Kim."

Ils n'eurent pas grand mal à repérer Hélio dans la foule qui s'était agglutinée autour de lui, formant un formidable rassemblement d'abeilles autour de ce miel qui venait de leur sauver la vie. Se frayant un chemin en jouant des pieds et des mains, ils eurent un frisson en ne voyant que l'un des deux... Habitué à ce genre de peurs, Silver la contint un bref instant...

"Antoine ?"

Mais Hélio fit un signe de tête des plus lourds de conséquence. Un hochement pour dire non... le "Non" qui signifiait la négation de toute chose, y compris de la vie...

"Comment ça, non ? fit Kim au bord des larmes... Il est... ? Non, Antoine ne peut pas mourir... C'est une blague ! Une énième blague sans goût d'Antoine !
-Hélio prit Kim dans ses bras alors que la jeune femme venait à nouveau de perdre l'usage de ses jambes sous le coup de l'émotion.
-Hé... Hélio... Je m'excuse de...
-Vous avez réussi, fit Hélio coupant Silver. Bravo à vous.
-On a échoué, le blast ne devait pas aller ici, mais au Mont Ardent. J'ai besoin de ton Corboss... Il faut sauver ce qui peut être sauvé là-bas...
-Comment peux-tu penser à ça maintenant, Antoine est mort ! éclata Kim...
-Chut... Chuuuuut, fit calmement Hélio."

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D'une main il serrait la jeune fille et de l'autre, il attrapait une ball à sa ceinture pour la lancer en direction de Silver.

"Si Koner est encore vivant, il saura quoi faire, rejoignez-nous ici pour nous aider à évacuer aussi. Même si Renaissance veut nous retrouver, il leur faudra plusieurs jours pour gravir le cratère.
-Et s'ils viennent par les airs ?
-On aura de quoi les accueillir mais je n'y crois pas trop... Leur principal atout jusque là a été la discrétion et la planification. Je m'y connais en organisations criminelles."

A l'entente de ces paroles, les plus âgés des passagers du train reconnurent alors leur sauveur... L'ancien dirigeant de la Team Galaxie était en effet plutôt une référence en matière de méfaits planifiés.

"Vas-y. Sauve ce qui peut l'être. Je m'occupe de Kim... Et d'eux..."

Silver prenait son envol alors que les agents du TSA, bien que dépassés par les évènements, tentaient de contenir la foule. Des journalistes s'échappaient cependant du lot pour tenter de questionner Hélio dans un déluge de demandes...

"Qui êtes vous ? -Les Elus existent ? -Une déclaration après ce sauvetage miraculeux ?
-SILENCE ! tonna l'ancien chef de la Team Galaxie, avec la voix du dirigeant d'antan. Ecoutez-moi tous, bande de gratte-papiers. Si vous êtes tous en vie, c'est grâce à un homme qui a perdu la sienne. Cet homme avait une fiancée, et bientôt un enfant. Cet homme était le fils du grand Koner, le tacticien imbattable de la tour de combats !"

Il marqua une pause, et retint un sanglot. C'était un hommage, c'était une harangue, mais c'était surtout la seule chose qu'il pouvait faire...

"Cet homme s'appelait Antoine ! Et dans votre intérêt comme dans le mien, vous allez raconter ce qui s'est passé ici. Mais pas dans un journal, pas à la télé, ou alors vous y risqueriez votre poste et votre vie. Vous tous ici... Vous êtes ce qui ressemble le plus au premier chaînon de la résistance. Oui les Elus existent, et notre ennemi n'en doute plus une seconde.

Renaissance, car c'est son nom, veut nous faire sortir pour nous tuer les uns après les autres. Oui Sorbier en était un, et il l'ont tué, oui, Antoine en était un, et ils l'ont tué aussi ! Et pour la première fois de leur vie, les Elus et moi-même allons avoir besoin de tout votre soutien, et du réseau clandestin le plus puissant possible pour pouvoir contrer ces fous idéalistes ! Renaissance veut leur peau et s'ils meurent tous, alors l'enfer que vous avez vécu ce soir... Cet enfer deviendra votre quotidien ! Et les morts qui ont jonché cette journée funeste..."

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"Ces morts ne seront que les premières pierres du chemin pavé d'horreur qui vous mènera à cet enfer !"