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Tome II : Le Nœud de Regigigas de Alecx



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» Auteur : Alecx - Voir le profil
» Créé le 18/02/2010 à 12:57
» Dernière mise à jour le 18/02/2010 à 12:57

» Mots-clés :   Action   Aventure   Sinnoh   Suspense

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Chapitre 14 : D’un garçon qui a mal tourné [Le combat 1/2]
Il était à peine plus de sept heures et demie lorsque Hélio arriva à Rivamar. La pluie tombait dru, réduisant fortement la visibilité. Le ciel était noir, d'un noir ténébreux et profond, annonciateur d'un mauvais présage. Le tonnerre grondait dans les nuages, semblables à de divins tambours annonçant l'irrémédiable châtiment. Des éclairs zébraient le ciel, déchirant l'air avec violence, illuminant par flashes les paysages assombris, maintenant désertés par les Pokémon. Dehors, nulle âme qui vive. Personne n'osait faire face à la puissance des éléments. Le vent soufflait sauvagement en gémissant, comme s'il eût été hanté par quelque fantôme en peine, fouettant quiconque avait l'audace de se mettre en travers de son chemin. Et Hélio, couvert d'un ciré sombre, avançait dans cette tempête.

Cet homme connaissait bien Rivamar, ville où il avait passé sa jeunesse. Il connaissait chacune des petites rues qui permettaient d'aller plus vite. Ce qui avait changé, depuis qu'il était parti, c'était ces grandes routes surélevées faites en panneaux solaires. Elles ruinaient le paysage, semblables à une fausse note dans un délicieux concerto. Mais il avait d'autres choses à faire que de s'attrister du temps qui passe. Il devait se rendre quelque part.

Flottant telle une ombre, il se dirigea avec assurance dans les ruelles étroites et obscures de la ville. Il évita soigneusement de passer à proximité du Centre Pokémon, qui était certainement l'endroit où devait se trouver le plus de monde. Et, bien qu'il ne le sût pas, il avait raison de se méfier de cet endroit, où se trouvaient actuellement deux de ses plus grands ennemis. Mais sa méfiance lui serait inutile, puisque, derrière lui, avec une habilité surprenante, discrète comme un Kecleon, se déplaçait Morgane.

Hélio, après avoir traversé toute la ville, finit par arriver à proximité de l'endroit où il voulait se rendre. La maison dans laquelle il s'était tant de fois rendu étant plus jeune poignait à l'horizon au sommet de sa saillie rocheuse, le store qui se trouvait sur le côté de la demeure claquant frénétiquement dans le vent. S'y rendre signifiait qu'il devrait d'abord monter sur les passerelles aériennes, mais avec ce temps, il n'y aurait personne pour le voir. La relique attendrait. Julien et Morgane ne risquaient pas de débarquer à Rivamar avant un long moment. D'ici qu'ils arrivent, il serait peut-être même en possession du Nœud. Il monta donc les escaliers et se dirigea rapidement vers l'habitation. Il ne voyait pas de lumière par la fenêtre, sans doute dormaient-ils encore. Il n'était pas tout à fait huit heures après tout.

Il allait frapper lorsqu'une idée lui traversa l'esprit : et s'ils étaient morts ? Déjà à l'époque, ils étaient d'un âge avancé. Et si le Temps avait eu raison d'eux ? Et si, après avoir frappé, il se retrouvait en face d'un inconnu, que ferait-il ? Oh, la réponse, il la connaissait. Il savait ce qu'il ferait s'il se retrouvait face à d'autres personnes que celles qu'il venait voir. Alors qu'attendait-il ? Sans plus attendre, il cogna fermement trois coups de son poing. Puis il patienta, immobile. Un éclair illumina le ciel. Enfin, il entendit quelques bruits. Puis une voix, fatiguée, rouillée, retentit :
-J'arrive, j'arrive !

Et la porte s'ouvrit.
-Qu'y a-t-il ? demanda la vieille femme qui l'avait ouverte.

Hélio retira sa capuche, exposant ses cheveux bleus aux intempéries.
-Je suis revenu, dit-il d'une voix grave.

La vieille femme porta la main à sa poitrine.
-Oh mon Dieu ! Mon enfant, c'est bien toi ?
-C'est moi, Grand-Mère.
-Entre ! Entre donc ! Cela faisait si longtemps !

Des larmes coulaient le long des joues ridées de la vieille femme.



Morgane était restée en bas, mais elle avait pu assister à la scène. Et même si elle n'avait pas entendue la conversation, elle av ait bien vu au comportement de la vieille dame que le criminel n'était pas venu ici pour accomplir un autre méfait. Maintenant qu'il s'était arrêté, elle pouvait le lâcher des yeux. Aussi partit-elle en courant aussi rapidement que possible, traversant les rues à toutes vitesses. Il devait être approximativement huit heures, et certaines personnes, malgré leur réticence, commençaient à émerger. Des adultes partaient au travail, des jeunes allaient en cours… Les gens s'obligeaient à sortir malgré la météo, qui les incitait plutôt à rester chez eux.

La jeune femme s'interrogea sur ce qui allait se passer maintenant. Ils étaient trois, mais parmi eux ne se trouvait qu'un seul dresseur. Toutefois, ils avaient le considérable avantage de compter dans leurs Pokémon le surpuissant Regigigas. Et Darkrai aussi. Hélio, lui, possédait au moins les trois golems. Allaient-ils se battre ? Julien y avait l'air bien résolu. Et Lucas, d'après ce qu'elle en avait entendu dire aux informations – le dresseur le plus rapide depuis des années ! – quand Julien était encore à l'hôpital, ne refuserait certainement pas un combat.

Après dix minutes de course folle, elle finit par arriver en vue du Centre Pokémon. Julien était là-bas, adossé à la façade, aux aguets. Si elle ne l'avait pas laissé prendre sa place aux abords de la route 222 tout à l'heure, ce n'était pas tant parce qu'elle s'inquiétait de son état que de ce qu'il aurait fait s'il avait vu Hélio en premier. Elle avait craint qu'il n'eût agi immodérément.

Quand il la vit, il se tourna vers elle, alerte, la bouche sèche, attendant qu'elle prononce l'évidence.
-Il est là, dit-elle.

Le cœur de Julien battait à tout rompre dans sa poitrine.
-Très bien, fit-il. Je vais prévenir Lucas.



Julien pénétra dans le Centre et se rendit directement à la cantine, où Lucas lui avait signifié qu'il se trouvait avec Alice. Et il les y trouva effectivement, assis à une table, visiblement en pleine conversation. Quand Lucas le vit arriver, il se leva aussitôt, le questionnant du regard. Regard auquel Julien répondit d'un mouvement de tête affirmatif.
-Alors c'est parti, dit Lucas.
-Tu es sûr que je ne peux pas venir ? demanda de nouveau Alice. Je suis une excellente dresseuse, je pourrais vous être utile !
-Si il y a bien un combat, je pense que son niveau va dépasser le simple duel en Arène, annonça-t-il à regret en se souvenant de sa dernière bataille contre Hélio.
-Bon, souffla-t-elle avec regret. J'aurais voulu que mon entraînement soit réellement utile, pour une fois.
-On doit se presser, dit Julien.
-Allons-y.

Et tous deux rejoignirent Morgane dans la salle d'accueil du Centre, où elle s'était abritée pour les attendre.
-Bon, fit Julien. Peut-être qu'on ne va pas se battre ? Je… Je ne sais pas quoi dire, ça me semble tellement irréel. Lucas, Hélio possède trois Pokémon légendaires, les serviteurs de Regigigas. Les anciens serviteurs. Je ne veux pas qu'il arrive quoi que ce soit à Hélio, il faut qu'il soit dans la capacité de me dire où sont mes enfants. Surtout… Faites attention à vous, et s'il m'arrive quelque chose… Libérez Jade et Florian s'il vous plaît.
-Il ne t'arrivera rien, lui dit Lucas.
-Plus de temps à perdre, le coupa Julien.

Et, comme Morgane l'avait fait quelques minutes plus tôt dans l'autres sens, ils partirent en courant.

Sous la pluie.



-Je me souviens encore de ces jours où tu venais frapper à la porte en pleurant, parce que tes parents s'étaient encore disputés, où parce que les élèves de l'école t'avaient embêté, soupira Mamie Tally. Je t'offrais un chocolat et des madeleines, ou bien des biscuits.

Mamie Tally avait invité Hélio à s'asseoir et lui avait servi un grand bol de chocolat chaud, comme autrefois. Elle-même prenait son petit-déjeuner. Hélio se souvenait très bien de ces jours où il se rendait ici en pleurant, lui aussi.

Hélio est dans sa chambre. Il est dix-sept heures trente. Il est rentré de l'école depuis maintenant trois quarts d'heure. Il est alors en Cours Préparatoire à l'école primaire de Rivamar. Il est plus jeune que tous ses camarades ; il a sauté une classe. Sa maîtresse de seconde section, en maternelle, a dit à ses parents qu'il s'ennuyait en cours, aussi l'ont-ils fait directement passé en CP. L'école n'est pas très loin de chez ses parents. Tous les jours, il s'y rend tout seul à pied, même quand il pleut. Il aime bien les cours, la maîtresse est gentille avec lui et est toujours impressionnée par son travail. Mais il n'aime pas les autres élèves. Personne ne veut jouer avec lui, personne ne vient lui parler. Dans la cours de récréation, il est toujours tout seul. Alors il compte les cailloux, les examine. Il aimerait bien en faire manger à François, pour qu'il s'étouffe avec. François, c'est le meilleur élève de la classe après lui, et il n'est pas content. Alors il n'arrête pas de le traiter de bébé, de se moquer de lui et de dire qu'il n'est pas normal. Mais Hélio est normal. Ce sont les autres qui sont bêtes. Ce n'est pas lui le bébé, ce sont les autres. Ils passent leur temps à jouer à des jeux stupides. Hélio, lui, aime lire. Il lit beaucoup. Mamie Tally lui a encore offert un livre la semaine dernière. Un très gros, sans image, parce qu'elle sait qu'il n'aime pas les livres avec des images.
Ce soir, en rentrant de l'école, Hélio s'est tout de suite installé à son bureau pour faire ses devoirs. Maintenant encore, il trouve que c'est trop facile, mais il ne dit rien et fait son travail sans rechigner. Il a rapidement fini ses devoirs, et alors il se met à lire. Ce livre-ci raconte l'histoire d'un garçon qui, comme lui, était rejeté par les autres. Mais un jour, parce qu'il travaillait, il a réussi à devenir riche, et ses camarades qui se moquaient de lui, parce qu'ils préféraient jouer, sont devenus pauvres. Mais le garçon ne voulait pas que ses camarades soient tristes comme lui, alors il a partagé son argent avec eux, et tout le monde était content. Et à la fin, le garçon avait plein d'amis. Hélio n'aime pas cette fin. Le garçon n'a-t-il pas compris que, s'il a des amis, c'est uniquement parce qu'ils veulent son argent ? Hélio, lui, aurait tout gardé pour lui et n'aurait rien donné aux autres. Ils n'avaient qu'à travailler et être amis avec lui.
A travers la porte de sa chambre, Hélio entend ses parents qui se disputent. Encore une fois. Il aimerait bien qu'ils arrêtent de se disputer, mais ils ne sont jamais d'accord. Hélio sait que c'est de sa faute, parce qu'il « coûte cher », comme dit son papa. Et puis, il n'est qu'un « zombie plongé dans les livres » et « il n'a pas d'amis ». Quand Hélio entend son papa taper sa maman, il se met à pleurer. Et alors, il sort de sa chambre par sa fenêtre, et il court chez Mamie Tally. Mamie Tally lui offre un chocolat chaud et des madeleines, et elle, elle l'écoute. Et il peut pleurer, parce que elle, elle ne se moquera pas. Et Papy Georges, qui lui dit « Allons mon garçon, il ne faut pas te mettre dans ces états parce que les élèves se moquent de toi. Tu verras, un jour, ils seront punis ». Et Hélio sait qu'il dit vrai, il sait qu'un jour, ceux qui se moquent de lui seront punis. Il s'en assurera.
Mamie Tally n'est pas vraiment sa grand-mère, mais elle lui a dit de l'appeler comme ça, le jour où ils se sont rencontrés. Hélio rentrait de l'école en pleurant, seul, et il avait croisé Tallita. Elle lui avait demandé ce qu'il lui arrivait, et alors il n'avait pas voulu lui répondre. Mais elle lui avait dit que si il lui disait, il aurait droit à un chocolat et des madeleines, et alors il lui avait demandé : « C'est vrai ? » et elle avait rigolé en lui répondant « Tout ce qu'il y a de plus vrai ».


-Qu'est-ce qui ne va pas Hélio ? lui demanda Mamie Tally, le tirant de ses souvenirs.

Papy Georges n'était plus là ; « car c'est ce que Dieu a choisi ».
-Je me doute, ajouta-t-elle, que si tu es venu ici, c'est que tu as encore besoin de parler.
-Je ne suis pas sûr de ce que je fais, avoua Hélio, faisant lentement tourner sa cuillère dans son bol.
-Et que fais-tu ?

Hélio ne répondit pas.
-Quoi que tu fasses Hélio, si tu as foi en ce pour quoi tu œuvres, alors continue, lui dit-elle sérieusement en lui prenant la main. Je sais que tu ne peux agir que pour une cause que tu juges noble.
-Et si jamais je devais en mourir ?
-Mourir pour une noble cause t'ouvrirait les portes du Paradis. J'ai confiance en toi Hélio. Je ne sais pas ce que tu es devenu depuis que tu es parti, ni ce que tu fais puisque tu ne veux pas le me dire, mais tu ne peux faire que quelque chose de bien.



Dehors, collés au mur de la maison, Julien et Morgane attendaient. Morgane n'avait pas voulu qu'ils entrent en trombe chez cette vieille dame, qui n'avait rien fait. Aussi s'étaient-ils cachés et patientaient-ils maintenant, attendant qu'Hélio sorte. Puis ils lui tomberaient dessus. Lucas, lui, s'était camouflé ailleurs, vers la passerelle en panneaux solaires, pour être sûr qu'Hélio ne puisse pas s'enfuir. Le vent soufflait fort, il faisait froid, et tous étaient trempés jusqu'aux os. Mais ils attendaient, patiemment.

Au bout d'un quart d'heure qui leur parut une éternité, la porte finit par s'ouvrir, dévoilant un homme encapuchonné sous un ciré sombre. Ils retinrent leur souffle, espérant qu'il ne les voie pas pour garder l'avantage qu'offrait l'effet de surprise. Mais ils oublièrent vite cette idée. Hélio ricana.
-Si vous voulez vous battre, éloignons-nous de cette maison. A moins que Julien ne veuille voir ce qu'il arrivera à ses enfants si je presse le bouton de cet appareil.

Et en disant cela, il sortit un petit boîtier en plastique noir on ne peut plus simple, d'où émergeait un unique bouton blanc, de forme circulaire. Julien se mit à trembler, non pas à cause de la température qui devenait de plus en plus basse, mais de rage, envers cet homme qui se servait d'enfants innocents comme d'un bouclier. Le binôme sortit de l'ombre.
-Très bien, lâche ! cria-t-il pour bien se faire entendre. Allons plus loin, là où il n'y aura pas de spectateurs.
-Je savais que vous seriez arrangeants, se délecta Hélio.

Et ils marchèrent pendant cinq minutes, en silence, en direction de la plage, s'éloignant de la ville. Lucas se faisait aussi discret que possible, léger comme une ombre. Hélio ne l'avait pas encore vu, et le jeune dresseur avait en cela un avantage. Quand ils furent arrivés, Hélio prit la parole :
-Je suis étonné de vous trouver ici, confia-t-il. Mais je m'y étais attendu. Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas venu sans prendre de précautions.

En disant cela, il leva la main qui tenait la télécommande, tandis que l'autre désignait les six Balls accrochées à sa ceinture. Il ne vit pas Lucas s'approcher derrière lui et ne put l'empêcher de s'emparer du boîtier noir.
-Qu'est-ce que… Toi ?!
-Salut Hélio, ça faisait longtemps hein ?

Et avant que Hélio n'ait pu réagir, Lucas envoya l'appareil aussi loin qu'il le pût, dans l'océan. Hélio rit, d'un rire mauvais.
-Qu'à cela ne tienne ! Il n'empêche que c'est moi qui ai les gamins, et que personne ne sait où se trouve mon QG. Pas même les sbires qui y travaillent.

Il se tourna vers Julien :
-Julien, si vous voulez revoir vos mioches un jour, DONNEZ-MOI vos Clefs, ordonna-t-il d'une voix glaciale.

Julien essaya d'adopter un ton calme.
-Vous n'avez sans doute pas compris : nous sommes trois contre un, et vous n'avez pas d'issue. Vous allez gentiment nous dire où se trouve votre QG, nous y conduire, et peut-être que vous aurez la chance de visiter un commissariat.

Sans prévenir, Hélio envoya une de ses Balls en l'air, dans un mouvement de fureur.
-Corboss, attaque Cru-Aile !

De la PokéBall qui tournoyait en l'air surgit un rayon lumineux, qui prit bientôt la forme d'un Pokémon, gros, les ailes déployées. Un oiseau sombre fut visible, son énorme masse fondant sur Julien à toute vitesse. Ce fut Lucas qui intervint.
-Elektek, attaque Poing-Éclair !

Le Pokémon surgit de sa PokéBall à une vitesse impressionnante, mais beaucoup moins que celle à laquelle il fonça sur son adversaire, le poing tendu. L'oiseau se reçut l'attaque de plein fouet, manquant ainsi sa cible. Visiblement peu affaibli, il retourna auprès de son maître, se posant à côté de lui. Lucas rejoignit Julien et Morgane, et Elektek se plaça entre eux et Hélio.
-Oh, il semblerait que notre jeune dresseur ait capturé de nouvelles bestioles depuis l'épisode du Mont Couronné ? Qu'à cela ne tienne, je vais t'apprendre à défier Hélio, chef de la Team Galaxie ! Corboss, attaque Ball'Ombre !

Le combat venait de commencer. Hélio, chef de la Team Galaxie, affrontait de nouveau Lucas de Bonaugure, le jeune dresseur qui l'avait mis en déroute six mois auparavant. Le criminel avait soif de vengeance et comptait bien ne pas perdre cette fois-ci.
-Elektek, crée un Mur Lumière !

Le Pokémon fit apparaître devant lui une barrière presque invisible qui, si elle n'arrêta pas l'attaque lancée, la ralentit cependant, rendant le choc plus supportable. Elektek encaissa la sphère inconsistante sans trop de dégâts.
-Laisse-moi t'aider Lucas ! dit Julien.
-As-tu d'autres Pokémon que Regigigas ? demanda-t-il.

Julien songea à Togekiss, mais il ne lui avait jamais appris à se battre.
-Non, mais Regigigas est suffisant pour écraser ses Pokémon !
-Elektek, utilise Fatal-Foudre !

Puis il se tourna vers Julien.
-Si Hélio possède bien les Pokémon que tu m'as dit, il les a sûrement emmenés avec lui. A ce moment-là, nous aurons besoin de nos Pokémon les plus forts.

Grâce à la pluie, l'attaque d'Elektek ne put qu'atteindre sa cible. Le Corboss fut frappé par un éclair impressionnant, dont la puissance avait sans doute été amplifiée par l'orage. Lorsque la foudre frappa le sol, une onde de choc parcourut l'air en grésillant, faisant prendre aux gouttes d'eau qui tombaient une trajectoire étrange. L'oiseau noir s'effondra au sol. Lucas leva le poing en signe de victoire. Elektek paraissait essoufflé, mais satisfait.

Mais l'oiseau se releva, et ce fut au tour d'Hélio d'afficher un air ravi.
-Je crois que nous n'avons pas un niveau comparable.

De tout ce qu'aurait pu dire Hélio, aucune autre phrase que celle-ci n'aurait pu avoir un tel impact sur Lucas.
-Elektek, réutilise Fatal-Foudre !

De nouveau, un puissant éclair s'abîma des entrailles du ciel, trouvant Corboss juste en son point d'impact. Mais une fois encore, cela parut ne pas être suffisant. Toutefois, Lucas remarqua que le Pokémon était maintenant bien affaibli. Et mieux encore : il était paralysé. Hélio s'en rendit compte lui aussi, et les traits de son visage se tendirent.
-Corboss, attaque Tranche-Nuit ! grogna-t-il.

Avec difficulté, son oiseau s'élança en avant. De ses ailes émanait une menaçante aura sombre. Malgré sa paralysie, il restait encore très vif, et Elektek n'avait aucune chance de l'éviter. Et en effet, il prit l'attaque de plein fouet. A ce moment-là, Lucas se rendit compte de la différence de niveau entre son Pokémon et celui de son adversaire. Elektek avait lancé à deux reprises son attaque la plus puissante, et l'oiseau était encore capable d'attaquer. Et avec deux techniques, Corboss venait de mettre K.O. Elektek.

Horrifié, Lucas vit son compagnon s'effondrer sur le sol mou et humide, incapable de faire le moindre mouvement. Le corbeau poussa un cri rauque, moqueur.
-Reviens, Elektek, dit Lucas, la voix teintée d'humiliation. Désolé d'avoir sous-estimé notre adversaire. Hélio ! J'ai gagné tous mes combats jusqu'à présent, je ne compte pas perdre celui-ci ! En avant, Rhinoféros ! Attaque Éboulement !

Le Pokémon de roche jaillit vaillamment de sa Ball, la corne en avant, en poussant un rugissement bestial. Puis des blocs de pierre vinrent s'effondrer sur l'oiseau ténébreux, comme surgis de nulle part tellement ils quittèrent rapidement leur emplacement.
-Corboss, lance Surpuissance, ordonna Hélio.

Lucas se raidit. Julien grimaça. Il avait eu l'occasion de voir les trois golems lancer cette attaque, et il était bien placé pour dire qu'elle était destructrice. Mais Corboss, paralysé, au bord de l'épuisement total, ne put effectuer l'attaque. Lucas sauta sur l'occasion.
-Rhinoféros, utilise Pouvoir Antique !

Le Pokémon s'exécuta immédiatement et fit aussitôt jaillir des rochers du sol, à pleine vitesse, droit sur l'ennemi. L'oiseau, violemment percuté par les rocs, finit écrasé par leur masse, et ne s'en releva pas. Hélio, loin d'avoir l'air attristé, sourit et fit revenir son Pokémon dans sa Ball.
-Eh bien… Il t'aura fallu deux Pokémon pour venir à bout du plus faible élément de mon équipe. Que vas-tu faire face à ça ?

En disant cela, il lança une PokéBall en l'air, d'où sortit un titanesque Léviator. Il poussa un hurlement de fureur, et le tonnerre s'ajouta à son cri. La pluie tombait dru, et Lucas savait aussi bien que Hélio ce que cela signifiait : Léviator était avantagé. Le jeune homme porta la main à sa ceinture pour prendre la Ball de son Rhinoféros – il n'avait aucune chance de le battre – mais avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit, Hélio cria :
-Léviator ! Utilise tout de suite ton Hydrocanon !

Et le gigantesque serpent de mer propulsa un jet d'eau dévastateur sur le pauvre Rhinoféros, qui se fit emporter pour aller rouler sur le sable de la plage, dix mètres plus loin. Hors d'état de nuire.
-Lâche, tu avais vu que j'allais changer de Pokémon ! cracha Lucas.
-Vraiment ? Oh, excuse-moi ! De toute façon, un bon Pokémon aurait résisté.
-Salaud ! Vas-y Roserade !

Un magnifique Pokémon Plante, gracieux, sortit de la Ball envoyé. Sa tête était une rose blanche éclatante, et ses bras étaient de larges bouquets de fleurs, l'un rouge, l'autre bleu. Un délicieux parfum montait aux narines de qui se trouvait à proximité et apaisait l'esprit. La pluie semblait revigorer la créature, qui souriait avec confiance.
-Roserade, Tranch'Herbe !

Le Pokémon tendit ses bras devant lui, et de ses bouquets de roses sortirent des dizaines et des dizaines de feuilles acérées, lancées à pleine vitesse. Elles atteignirent leur cible, claquant avec force contre sa peau épaisse, cependant le terrifiant Pokémon ne parut pas bien affecté. Hélio éclata de rire en voyant l'air choqué de Lucas.
-Hahaha ! Aurais-tu oublié le double type de Léviator ? C'est aussi un Pokémon Vol !

Lucas eut honte de le reconnaître, mais il avait oublié. Il avait oublié ce détail essentiel, qui faisait que son Roserade n'avait que très peu de chance de l'emporter sur ce monstre.
-Léviator, Lance-Flamme ! s'écria Hélio, victorieux.

Le serpent de mer s'élança sur Roserade, réduisant au maximum l'écart entre eux deux, et cracha des gerbes de flamme. Avec une distance de moins d'un mètre, même la pluie ne put affaiblir assez l'attaque pour que Roserade y résiste. Et le pauvre Pokémon végétal s'effondra, ses grands pétales flétris par la chaleur extrême à laquelle ils avaient été soumis.

Lucas faisait le compte. Deux Pokémon en deux attaques. Avec Elektek, cela faisait trois Pokémon hors de combat. Il ne lui restait plus que Brasegali, Etouraptor et Tortank. Par ce temps, il était hors de question d'utiliser Brasegali tant qu'il pouvait l'éviter. Etouraptor n'était pas particulièrement désigné pour lutter contre un Léviator… Et Tortank n'arriverait sans doute pas à lui faire beaucoup de dégâts. Lucas était tenté d'utiliser Darkrai. Le Pokémon Ténèbres ne ferait qu'une bouché de ce misérable adversaire. Mais, au fond de lui, il considérait cela comme une défaite. S'il n'était pas capable de venir à bout d'un simple malfaiteur, comment ferait-il lorsqu'il serait au sommet de la Ligue Pokémon ? « La route est encore longue jusque là, pensa-t-il. Aujourd'hui, je n'en suis pas à ces histoires de Maître Pokémon. Je dois utiliser tous mes moyens pour venir à bout d'un criminel qui a kidnappé des enfants. Alors je mets mon orgueil de côté et… »

Et il se laissa inonder par l'énergie qui habitait son corps, la concentrant dans sa main. Aussitôt, le Symbole qui s'y trouvait gravé se mit à luire, d'une lumière blanche et pure, bien que personne ne la vit à cause de la mitaine en cuir qu'il portait par-dessus. Une aura glaciale semblait l'entourer. A côté de lui, dans des volutes sombres et inconsistantes qui semblaient danser telles d'épaisses flammes, Darkrai apparut. Hormis Lucas, quiconque se trouvait à ses côtés se sentait instantanément envahi par le désespoir et la peur, à moins que la créature ne désirât faire preuve de bonté. Ce qui fut le cas pour Julien et Morgane, qui purent rester à proximité du Pokémon Noirtotal sans se sentir mal-à-l'aise.

Hélio eut un rictus mauvais. Il n'avait pas prévu que le gamin se rende compte aussi rapidement de son plan ; mettre K.O. un maximum de ses Pokémon à l'aide des siens, surentraînés, pour ensuite pouvoir passer à la seconde étape. Tant pis.
-Hahahaha ! Le challenger de Bonaugure décide d'abandonner le combat à la loyale pour utiliser un Pokémon qu'il n'a pas eu à capturer ! Mademoiselle, messieurs, que le véritable combat commence !

Hélio envoya ses quatre Balls restantes en l'air.

La pluie tombait plus fort que jamais, comme en un crescendo à l'issue sinistre.