Dans ton monde de Silver_lugia

Retour dans la pokéball. L'endroit est aménagé comme le salon de la demeure où je vivais avant. Moquette bleue, un canapé moelleux, un lit, quelques décorations murales. C'est propre. La première fois, je n'avais pas vraiment fait attention à l'aménagement de la pièce. Elle est plutôt jolie. Simple. Ça me plaît. Pierre a parlé de "faire référencer mon espèce". Qu'est-ce que c'est ? Est-ce qu'on va me faire subir des tests ? Je n'aime pas ça. Je ne suis pas un pokémon, pas étonnant qu'il ne sache pas ce que je suis. Mais j'ai peur de ce qui pourrait arriver. Peut-être qu'on va m'étudier, me garder dans une petite cage. Je ne pourrai plus regagner mon monde. Non ! Je ne veux pas ! Comment sort-on de cet endroit ? J'ai beau scruter les murs, je n'aperçois aucune porte. Ainsi, je suis bloqué ici ? La sueur vient tremper ma fourrure rousse. Que vais-je devenir ?

« Rusty, ça va bien ? »

La voix de Macronium retentit dans le salon sphérique. J'avais oublié que nous pouvions communiquer.

« Euh... Pierre a parlé de "faire référencer mon espèce". Tu sais ce que ça veut dire ? interrogé-je.
- Pas vraiment, répond Macronium. À ce jour, il existe quatre cent quatre-vingt-treize espèces de pokémons connues par les humains. Tu dois appartenir à une nouvelle espèce, on n'avait jamais vu de pokémon comme toi auparavant. Pierre va sûrement t'amener au laboratoire du professeur Cerisier pour qu'il t'examine.
- Mais je ne suis pas un pokémon !
- Pas un pokémon ? intervient la voix railleuse d'Ossatueur. Si tu es bien vivant, tu es soit une plante, soit un humain, soit un pokémon. Tu n'es ni une plante, ni un humain, donc tu es un pokémon !
- Non ! répliqué-je. Je suis un chat ! Un animal !
- Animal ? interroge une voix qui appartient soit à Posipi, soit à Négapi. C'est quoi ? »

Je ne peux pas leur répondre que je viens d'un autre monde, ils ne me croiraient pas. C'est peine perdue.

« Rien. Laissez tomber. »

Le silence se fait. Je suis de nouveau "seul" dans ma pokéball. D'un bond souple, je saute d'un le canapé. Qu'il est confortable ! Peut-être que si je dors, je retournerai dans la clairière, et je verrai Joliflor. Peut-être qu'elle m'expliquera comment regagner mon monde. Ça vaut le coup d'essayer. Je me roule en boule, la quête posée sur une patte. Je m'apprête à fermer les yeux. Soudain, un voile rouge vient s'interposer devant mes yeux. Je n'ai plus aucune sensation. Lorsque le voile se retire, je suis debout sur une table. Je suis dans une vaste pièce, sombre malgré la lueur blafarde de l'éclairage artificiel. Des étagères remplies de livres sont collées aux murs. Dans le fond de la pièce, j'aperçois des machines étranges, dont l'utilité m'est inconnue. Le sol est recouvert d'un carrelage gris sale. Un homme petit, malingre, dont le menton est caché par une épaisse barbe du même brun que ses cheveux, m'observe d'un oeil scrutateur, au fond duquel on peut lire de l'incompréhension. Quel est ce pokémon étrange ? se demande-t-il sûrement.
Je dois être dans le laboratoire dont m'a parlé Macronium, et cet homme doit être le professeur... Fraisier ? Prunier ? Cerisier ? Oui, voilà, le professeur Cerisier.

« Le voici, Professeur. » annonce Pierre derrière moi.

Le professeur ne dit mot, et continue de m'observer. Inconsciemment, il se penche de plus en plus sur moi. Il marmonne de temps en temps quelques mots, étouffés par sa barbe, que je n'arrive pas à comprendre. Il finit par s'éloigner, prend une loupe sur son étagère, revient, m'ébouriffe la fourrure. Je tressaillis. Cette caresse à rebrousse-poil est très désagréable. Le professeur ne semble pas s'en apercevoir, et continue de remuer mes poils, observant à la loupe les carrés de peau ainsi dévoilés. Enfin, il s'arrête. Il se redresse, fixe Pierre droit dans les yeux. Le dresseur semble gêné. Grand silence.

« C'est la première fois que je vois un tel pokémon. » annonce-t-il enfin.

Puis il part dans des explications, bourrées de mots savants, incompréhensibles pour moi. Pierre, lui, semble à peu près comprendre. Le professeur allume un ordinateur - seule machine que je reconnais dans ce laboratoire - et y tape des mots à toute vitesse. Ses dix doigts courent sur le clavier. Sans doute entre-t-il des données me concernant. Il appuie enfin sur une touche, éteint la machine, et retourne auprès de Pierre.

« Voilà. L'espèce a été correctement référencée, et les données ont été envoyées à tous les pokédex actifs de la région.
- D'accord. Merci Professeur ! »

Et Pierre me rappelle dans ma pokéball.



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Je me réveille dans une sorte de grenier. La lumière - sans doute intense - du soleil filtre à travers des rideaux beiges. Je suis allongée dans un lit d'humain, au moins dix fois trop grand pour moi. À côté du lit, sur une chaise, Fabien me regarde. Son visage se fend d'un large sourire lorsqu'il croise mon regard.

« Ah, Foudre, tu es réveillée ! Je me faisais du souci pour toi, tu sais. »