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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 22/10/2008 à 18:28
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:53

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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080 - Nuit Blanche
« Assieds-toi à ta place, et l'on ne te fera pas lever. »
(Miguel de Cervantès)

-Osmerang !!
L'os partit en trombe. Le Pokémon adverse esquiva. L'Ossatueur reprit son os.
-Masse d'Os !!
L'attaque fouetta l'air. Le Pokémon esquivait toujours d'habiles sauts.
-Vibraqua !!!
Le Chaglam leva une patte, l'écrasa au sol et envoya une vague droit sur le Pokémon Sol.
-Combo Griffe et Queue de fer !!
Le chat frappa Ossatueur de coups de griffe et de queue. Le Pokémon à Os retomba en arrière, dépassé par la vitesse du Pokémon de Linus.
-Et voilà, une victoire de plus pour Mistigri III !
Le gamin sourit d'avoir battu un grand du quartier du centre-ville. Les autres regardaient, étonnés.
-Ouah…
-Lindbergh, t'es trop fort !
Le gamin sourit, fier de lui.
-C'est normal. On s'entraine tous les jours lui et moi !


-Estelle…
Elle se réveilla difficilement. Etienne la regardait.
-Tout va bien ?!
-Depuis hier elle est comme ça… marmonna Kenny.
Estelle se releva du lit d'Etienne ou elle dormait. Kenny dormait à ses pieds et Etienne sur son canapé. Situation étriquée mais vivable. La jeune femme n'en avait plus que pour deux jours avant d'être la proie de toutes les forces d'Antoine. Et elle savait à quel point il pouvait être dangereux.
-Ca va aller, Estelle ? Tu… as l'air patraque !
-Non, non ça va…
Elle semblait pourtant au comble de la détresse. Mais elle s'efforça de garder un visage impassible. Elle déjeuna avec les garçons qui parlaient de trucs sans intérêt (Voiture, garage, cas stratégique, courses à faire…)

Ce matin là, calme plat dans les bureaux. Linus caressait son Chaglam.
-Oui mon minou, qui c'est le minou à son pépère…
Le Pokémon ronronnait sous les caresses affectueuses de son maître. Norbert sortait promener Floper qui regarda jalousement Mistigri III.
-Désolé, mon vieux… Toi tu as dépassé le poids limite pour ce genre de papouilles !
L'Hippopotas sembla se lamenter.
Estelle arriva devant Linus.
-Voilà les relevés téléphoniques, budgétaires, les listes…
-Merci bien, Mademoiselle Smirnoff… Vous semblez lessivée !
-Ca va, vous en faites pas… Insomnies, encore…
-Surveillez-vous, Miss Smirnoff…
-Oui oui…
Elle s'en retourna à son bureau, soupirant sur son sort. Elle regarda Eddy qui s'était remis au café.
Jonathan arriva devant son bureau. Il regarda la jeune femme qui détourna les yeux. Jonathan entra.
-Salut… Ca va ?!
-Oui…
Jonathan s'assit face à Estelle qui soupira.
-Je… j'ai du travail !
-Tu ne dois pas te laisser submerger ! Ce type est un crétin !
-Tu ne le connais pas, Jonathan…
-Lui non, mais toi je te connais. Estelle, tu n'as pas à subir tout ça. Tu peux échapper à tout ça…
-Jonathan… sors d'ici.
Le grand brun regarda la femme qu'il aimait et qui paraissait souffrir le martyre.
-Si tu as besoin de moi, mon bureau – que dis-je – mon appartement t'es ouvert. Viens me voir quand tu veux.
Estelle hocha la tête.
-Je… j'ai pas envie de t'impliquer dans un truc qui ne te regarde pas…
-Tout ce qui te concerne me concerne. Les bonnes choses comme les mauvaises.
Estelle hocha la tête.
-Je veux pas… être un poids pour toi, tu as déjà assez de problèmes avec ta conscience…
-Je peux en prendre pour deux. Compte sur moi.
Estelle sourit.
-Merci…
-T'en fais pas. Ce midi on mange ensemble, ok ?
-Mon frère…
-Je m'en fous de ton frère. Tu as besoin de soutien. Qu'il vienne de moi ou de lui.

Le midi à la faculté, tout se passait avec régularité. Les élèves d'un côté, les profs et les administratifs de l'autre. Parmi les administratifs, on repérait plusieurs couples distincts.
D'abord Norbert et Eddy, couple gay qui mangeait par habitude autour des tables respectives des trois profs lesbiennes et des secrétaires. Question de sécurité.
Puis Kenneth et Judith. Ils se mettaient au beau milieu de la plèbe, et on sentait bien que ces deux là ne se gêneraient pas pour se montrer à tout le monde. Sans pour autant faire d'effusions grotesques en public.
Il y avait également Gisèle qui mangeait avec le couple de la loge avec qui elle avait sympathisé.
Ce jour là, la régularité allant de soi et du ballet cosmique après tout, consistant à ce que Linus mange avec son vieil ami Jonathan et à ce qu'Etienne et Estelle mangent ensemble comme deux bons frères et sœur, fut brisée. Estelle partit avec Jonathan, comme promis.
-M… Mais Estelle tu…
Linus se chargea, avec toute la galanterie britannique dont il pouvait faire preuve, de prendre Etienne par le bras et de l'accompagner à une table.
-Vous me faites quoi, là ?!
-J'ai décidé que vous et moi n'avions pas assez d'intimité alors je fais en sorte que mon plus vieil ami s'éloigne de moi en s'accaparant votre chère sœur ! Voyez l'étendue de mon génie diabolique !
-Hmph…
Norbert et Eddy virent le manège. Eddy s'étonna, grimaça et hocha la tête.
-Ok, maintenant je comprends pourquoi tu croyais avoir un espoir avec ces deux là ! ricana l'intendant
-Hm… Les hétéros libérés, notre pire cauchemar ! sourit Norbert.
Linus et Etienne déjeunèrent donc face à face.
-J'avais envie de tout sauf de vous parler. Ma sœur ne va pas très bien, et j'espérais…
-Je sais, mais elle est bien mieux avec Jonathan pour le moment.
-Je suis pas de cet avis !
-Croyez-moi. Jonathan est quelqu'un de très bien.
-Qui a tué des gens !
Le proviseur soupira.
-Parlons d'autre chose, voulez-vous…
-Voyez ! Ca ne vous rassure guère non plus !
-Euh… Juste comme ça, quand vous mangez avec un noir, vous passez le repas à lui faire remarquer qu'il est incongru qu'il ait un ami blanc ?
-… Jamais j'mangerais avec un noir ! J'en connais même pas !
-… mouais… Bon, on peut parler de choses plus simples ! Vous avez des problèmes en ce moment ?
-Je me pose des questions disons. Ma sœur a des problèmes, un lien étrange avec un prof ici… Antoine de Beaufort !
-Lui… Etrange, depuis qu'il est là j'entends un peu trop parler de lui, c'est le remplaçant de Miss Trautmann !
-Hm… Il avait essayé de la draguer…
-Ah oui… Plus les jours passent plus je me demande si j'ai engagé quelqu'un de très fiable… Les élèves ont fait des reproches quant à ses multiples absences. Il a eu une altercation avec Norbert et… Jonathan est venu me dire qu'il lui avait « collé une droite à ce pignouf et que s'il y avait des sanctions à prendre, que je les prenne. » Bref…
-Ah oui dites-donc…
-J'espère qu'il ne va pas me faire de crasses directement… A moins que ce ne soit déjà fait, ou en cours…
Linus et Etienne regardèrent vers la table d'Antoine autour de qui étaient réunis six professeurs.
-Vous avez pas dit que vous aviez une grève en préparation ?
-Miséricorde… Bon, ça passera comme le reste, je suppose…

-Je vous demande pardon ?!!
-On vous a volé des dossiers ! Pas seulement à vous, à plusieurs autres avocats du cabinet !
Linus grimaça.
-C'est impensable !! Ces dossiers… Enfin, Miss Kinsley, qui est entré dans mon bureau ?
-Un certain Anthony de Montfort est passé, également vos rendez-vous de 11 à 18 heures…
-Grands Dieux…
-Maître Winchester, que faisons-nous ?
-Pardi, nous allons découvrir qui est le responsable de cette infamie !...

-…C'est vous, Winchester.
L'avocat regarda son chef de cabinet, étonné.
-Pardon ???
-La fuite vient de chez vous. Dossiers perdus, passe dans l'établissement volé, près de deux millions de pertes… Ca part de votre bureau.
-C'est impossible !
-Ca ne vous serait pas arrivé avec votre précédent secrétaire. Un vrai chien de garde !
-Oh non…
-Enfin bref, par chance nous avions des copies des dossiers sur informatique… Avec un peu de chance le cabinet s'en relèvera.
-Je suis… vraiment désolé.
-Ce n'est rien… Sachez juste qu'à la moindre bêtise… ce sera fini pour vous.
-…ce n'est rien en effet…

-…Vous êtes viré !
Linus soupira.
-Je ne savais pas que cet homme était…
-Qu'est-ce qui vous a pris de croire qu'un homme qui a tué les clients d'une banque qu'il braquait pouvait être innocent ?!
Linus soupira.
-Ce… Il n'a fait que tuer des gens… qui l'avaient floué et fichu sa vie en l'air. J'ai pensé qu'il avait droit au bénéfice du doute et à la légitime défense, j'ai passé trois jours à étudier le code pénal…
-Vous avez engagé le cabinet !! La confiance du cabinet ! Je suis désolé… Vous êtes un excellent avocat… Mais vous êtes viré.
Linus baissa la tête et acquiesça.
-J'ai été heureux de travailler pour vous...


Etienne fixait sa sœur qui était avec Jonathan. Linus soupira.
-En face, beau brun !
Etienne soupira.
-J'ai pas envie de tailler une bavette avec vous…
-Oh, allons. Avant d'être proviseur je suis aussi un homme. Nous avons tous les deux eu un été mouvementé.
Etienne hocha la tête.
-J'ai perdu mes parents aussi, je… comprends votre douleur, commença Linus.
-C'est dur de se dire qu'on est orphelin. Avant, elle existait encore mais je n'allais pas la voir. Ma mère. C'est elle qui s'est déplacée… Je n'aurais pas fait l'effort sinon… Et depuis, j'ai cette terrible culpabilité d'avoir été un mauvais fils.
Linus hocha la tête.
-On est toujours un mauvais fils. Les seules personnes qu'on n'arrive jamais à convaincre réellement qu'on les aime, ce sont nos parents.
-Ca vous fait quel effet d'être parent… Vous… essayez de vous faire aimer ? Vous… attendez des preuves ?
Linus sourit.
-Ma plus grande fille m'a avoué qu'elle me respectait plus encore que sa star préférée le soir ou elle m'a présenté celui qui maintenant est son fiancé et futur mari. Ma cadette m'écoute avec attention quand je lui raconte des histoires de ma jeunesse. Et il y a trois jours, Charlie m'a dit comme il me le dit très souvent qu'il m'aimait très fort.
Etienne s'étonna.
-En fait, vous avez tous les jours les preuves…
-…mais vous n'arrivez jamais à manifester votre bonheur en retour… acquiesça Smirnoff.
-Exactement. C'est le grand drame d'être parent. Vous aimez vos enfants, mais jamais vous… ne serez à même de leur redonner le dixième de l'amour qu'ils vous donnent. Et plus tard en grands-parents vous verrez vos enfants être de bien meilleurs parents que vous, et les regrets vous envahiront.
Etienne hocha la tête.
-Enfin bref… C'est horrible de me dire que… Je n'aurais peut-être jamais de famille à moi…
-Mais si, Etienne, voyons…
-J'ai trente-deux ans… Pas de femme, pas de situation… C'est juste carrière, carrière, carrière… Kenny va bientôt partir avec sa dulcinée, Estelle, quoi que je fasse, finira avec Jonathan… Même Norbert et Eddy vont finir par se marier… Et moi…
-Je comprends que vous… pensiez être vers la fin de votre vie, mais Etienne… j'ai 42 ans, et je vais bien. Et je regarde vers l'avenir. J'aime ma femme, j'aime mes enfants… Pour rien au monde je ne voudrais que ça change. J'ai même encore des preuves actuelles que… je suis encore séduisant, ce qui me rassure quant à ma propre qualité d'être humain.
-J'étais persuadé que Norbert se déciderait un jour ! ricana Etienne.
-Ooooh vous avez deviné !
-Qui d'autre ! Le pauvre…
-Il me rappelle moi à son âge. Il se cherche, il… Quand j'avais 35-36 ans, j'ai failli divorcer d'avec ma femme.
-Et qu'est-ce qui vous a réunis ?
-Eh bien… Un soir j'ai… réussi au prix de nombreux efforts à reconquérir le cœur de ma femme avec qui j'étais en froid depuis bien sept mois. Nous avons passionnément redécouvert le lit conjugal. De cette soirée adorable est né notre petit Charlie.
-Ouah…
-Eh oui, la vie d'un couple marié est pleine de surprises, mine de rien. Je suis persuadé qu'avec Linda vous vous retrouverez.
Etienne regarda Linus, pas très fondu d'espoir.
-Croyez-moi… cette femme vous aime vraiment. Vous la retrouverez.
-Je sais pas trop… Elle… Elle a l'air d'avoir tiré un trait sur moi…
-Ne vous en faites pas. On croit avoir tiré un trait sur les gens… En réalité on les aime toujours comme au premier temps. L'amour ne s'oublie jamais. Le véritable amour.

-Franchement, si tu nous avais dit avant ou on irait, je serais resté chez Veronica !
Linus soupira sous le refuge, entouré de sa petite famille, en plein été, au cœur de la vieille Angleterre. Sauf que la croyance populaire voulant que l'Angleterre soit une nation pluvieuse n'était pas fausse : Il pleuvait des cordes.
-Désolé… Je pensais que ça serait bien de… revenir sur les terres originelles de la famille.
Lucy tenait Charlie. Elle sourit.
-C'est là que votre père et moi avons passé notre enfance !
Christine regarda le paysage de landes et de pluie.
-On se croirait dans « Le Chien des Baskerville » !
-Manque plus que l'épagneul recouvert de phosphore ! soupira Marine.
-Oh les filles… Quand il fait beau, cet endroit est magnifique.
-Là, fait pas beau ! s'exclama Charlie, sous les rires de la famille.

Quand le soleil revint, il était vers son couchant. Lucy resta à distance avec les filles et Charlie.
-Tu es sur, chéri ?!
Lindbergh regarda sa femme et hocha la tête.
-Ce… C'est ce que je dois faire. Sinon je m'en voudrais toute ma vie. Désolé de… vous tenir éloignés de ça…
-C'est rien, P'pa… acquiesça Christine.
-T'inquiète pas… marmonna Marine.
-Allez papa ! murmura Charlie.
-Courage, mon chéri. On est derrière toi ! assura Lucy.
Linus s'approcha de la grande tombe. Il se recroquevilla à mesure qu'il approchait.
-Papa, maman…
Les tombes de Gillian Dolorès Stapleton-Winchester et James Lindbergh Winchester Sénior étaient conjointes. La même date de mort pour les deux.
-Eh bien… Me revoilà. Un peu tard, il est vrai. Ca fait bien… Vingt-deux ans. Ca a du vous faire un choc, mon départ, ma fuite… Papa, tu n'avais plus de fils à sermonner. Maman, tu n'avais plus personne sur qui crier. Comme vous avez dû être tristes !
Linus soupira.
-Quoi qu'il en soit… Je suis venu vous dire que malgré cette jeunesse immonde ou j'étais mieux hors du cercle familial que dedans… Malgré les coups, les insultes, les brimades, la rigueur… Malgré le malheur et la solitude qui en résultait… Je vous aimais profondément. Vous avez fait de moi, l'homme que je suis aujourd'hui. J'ai vécu beaucoup de choses depuis mon départ. Avec Lucy, la fille que vous m'aviez interdit de rencontrer, j'ai fondé une famille. J'ai trois enfants magnifiques. J'ai un travail enrichissant. Une vie bien remplie. Je n'irais pas jusqu'à commettre l'hypocrisie de dire que vous me manquez, mais… J'aimerais que vous soyez là pour voir ce que je suis devenu. Juste pour voir votre réaction. Enfin, je me suis souvenu de votre… attachement aux valeurs républicaines. J'ai décidé, pour éviter d'être un fils indigne de… chanter modestement un court extrait de chant patriotique pittoresque… hm-hm :
"God save our gracious Queen,
Long live our noble Queen,
God save the Queen !
Send her victorious,
Happy and glorious,
Long to reign over us,
God save the Queen !"

…C'est étrange de… rechanter en anglais. Voilà bien longtemps que cela ne m'était arrivé… Voilà. Je pense que… c'est somme toute ce que vous méritiez amplement. Je vais repartir sur Londres pour achever ces vacances… et je ne vous cache pas que me forcer à faire cette élégie funèbre restera votre châtiment pour avoir éduqué votre fils unique de la sorte. Parce que… j'ignore ce que j'avais fait mais… je le payais bien.
Linus tourna les talons sans avoir versé une larme.


-Résultat, finalement ma mère est morte. Mais j'aurais été sa grande fille jusqu'au bout.
Jonathan hocha la tête.
-Je vois. Ce devait être un moment horrible…
-C'est tout mon univers qui s'écroulait… j'avais vécu presque la moitié de ma vie avec elle…
-C'est normal enfin c'était ta mère… la mère de n'importe qui meurt, c'est horrible.
-Ouais… mais… je pensais que j'allais rester forte… en fait cette épreuve m'a affaiblie.
-Tu parles de ce qui t'arrive en ce moment avec l'autre…
Estelle soupira.
-Je… j'arrive pas à croire que j'en sois arrivée à… avoir peur de lui à ce point !
-Il paye pas de mine mais apparemment il en tient une couche pour ce qui est de faire chier son monde.
-Avec Beaufort c'est porté à l'état d'art… Il… C'est un monstre ! Quoi que tu fasses il trouvera ta faiblesse et il l'exploitera jusqu'à la fin. Qui se situe au moment où il a eu ce qu'il voulait.
Jonathan acquiesça.
-Si ce type essaie quoi que ce soit contre toi je te promets que…
-Tu n'arriveras pas à me protéger contre lui… Il est… trop puissant. C'est ça aussi le problème avec lui…
Jonathan soupira.
-Oui bon… si tu pouvais arrêter un peu de parler de lui…
-Ne sois pas jaloux je déteste ce type !
-Mais tu t'en préoccupes un peu trop à mon goût.
Estelle sourit enfin.
-Avec toi je me sens en sécurité.
Jonathan sourit.
-J'vois pas pourquoi tu ne serais pas en sécurité. Personne ne va te tuer !
Estelle hocha la tête.
-Je suis désolée que tout ça mette notre relation… entre parenthèses.
-Pour une fois que c'est toi qui a besoin de temps…
Estelle ricana tout en caressant le Korillon qu'Etienne lui avait confiée.

-Gromph…
-Etienne… retournez-vous, vous vous faites du mal !
Le prof boudait.
-Qu'est-ce qu'elle fiche avec lui… J'ai toujours pensé que ma sœur avait de plus hautes aspirations que sortir avec un type qui a fait de la prison !
-Comme par exemple devenir secrétaire dans une université ou habiter chez son frère ? marmonna le proviseur.
-… Vous comprenez que j'aie peur pour son futur, au moins ?
-Commencez par avoir peur pour son présent. Votre sœur a besoin de vivre, pas d'être enfermée dans son cercueil avant l'âge !
-Je sais mais… Elle est tellement fragile…
-Elle a en effet une grande sensibilité sous sa colère apparente. C'est une jeune femme très attachante.
-J'aurais tellement préféré qu'elle soit votre maitresse !!! soupira très sérieusement Etienne.
-…Vous êtes complètement malade, mon pauvre Smirnoff !
-Dites-moi, vous n'avez jamais trompé votre femme ?
Linus plissa les yeux.
-Pourquoi cette question ?!
-Parce que si je vous la posais et que vous me demanderiez pourquoi en prenant un air suspicieux comme maintenant, vous supposeriez que je sais quelque chose, donc vous l'auriez effectivement trompée.
-Je… n'ai jamais trompé ma femme. Je n'ai jamais connu d'autre femme qu'elle, par ailleurs.
-Oh-ho… Voilà qui est étonnant.
-Vous allez me dire qu'il y a eu d'autres femmes que Linda dans votre vie ?!
-Oui, je suis sorti avec la championne de l'arène locale pendant deux semaines !
Linus soupira.
-C'est comme si vous aviez acheté le journal ce matin : Tout le monde l'a fait avant vous !
-Ouah… J'aurais dû la lui sortir quand j'ai rompu !
-Croyez-moi, Blanche Withenelly n'est pas de première fraicheur… Loin de là. En matière de garce…
Etienne regarda Linus, un grand sourire aux lèvres. Linus eut soudainement un frisson.
-Ce… C'est loin d'être ce que vous croyez…
-Ah oui ?! C'est QUOI, alors ?!
-… ne répétez pas ça à ma femme, je vous en supplie, Smirnoff !
Etienne prit un air sérieux et hocha doucement la tête.

Linus sortit du bar, saoul comme un trou. Son Chaglam, à ses côtés, regardait son maître titubant.
-Viré… MOUAH ! Viré par ce TROU DU CUL ! J'vais lui en FOUTRE !
Le Chaglam miaula en soupirant. Linus se mit au volant de sa voiture, avec son Pokémon sur le siège passager. Il commença à rouler pour rentrer chez lui.
-Quand Lucy va apprendre ça… Lindbergh Winchester viré… va être trop contente… trop…
Il continua à rouler, traversant Doublonville pour rentrer, lorsque soudain, il heurta quelqu'un.
-Oh… Oh mon…
Linus sortit alors qu'il faisait nuit. Il avait percuté une jeune femme qui se releva presque comme si de rien n'était.
-Oh… Je suis… désolé…
-Ca va… Vous ne rouliez pas trop vite… Mais quand même…
-Pardonnez-moi je suis… comme qui dirait… un peu saoul… J'ai été licencié alors…
-Ah oui ?! Moi mon abruti de mec vient de me larguer comme une chaussette… Ca vous dirait qu'on...
-Hein ?
-J'ai envie de m'envoyer en l'air !
Linus écarquilla les yeux.
-Qu… quoi ?! Voyons non, je suis père de famille !
-Vous venez de me percuter en voiture ! Vous étiez bourré ! Si j'appelle la police vous en prendrez pour cher, mon vieux !
-… Vous me faites du CHANTAGE ???
-C'est marrant, les mecs saouls le sont tout de suite moins quand il s'agit de femmes !
-… Je… Ne peux pas… Appelez la police, je suis incapable de… non !
Blanche soupira.
-Au pire on fait ça tranquilles à l'arrière de votre caisse !
Linus semblait désemparé.
-Euh…
-Si j'appelle la police vous allez en taule, vous perdez votre permis, votre famille et votre voiture ! Allez retrouver du travail après ça !
-Dheu… Euh…
Linus frissonna alors qu'elle le poussait à l'intérieur de la voiture sous le regard interloqué de Mistigri III.

Quelques minutes plus tard, Blanche ressortait de la voiture, remettant sa culotte.
-A plus !
Linus resta un long moment allongé sur sa banquette arrière. Mistigri III regarda son maître qui n'avait la tête qu'à sa femme et à ses filles.
D'autant qu'il se souvienne, il ne reprit la route qu'à cinq heures du matin, avec un nombre incalculable d'idées de suicide en tête. Finalement il rentra malgré la culpabilité, malgré la honte. Commença alors avec sa femme le début d'un long froid conjugal qui ne s'achèverait qu'avec la conception de leur fils…


Etienne garda la bouche grande entrouverte. Tout en racontant son histoire, Linus caressait frénétiquement son Chaglam.
-Quand je me souviens de ça… Je me rappelle avoir pensé pour me relever et rentrer que… Les seuls moments heureux de ma vie avaient été mon mariage. Et surtout… Que ce que j'avais vécu ce soir là pouvait me faire perdre l'essentiel de ma vie…
Etienne restait béat de stupéfaction.
-Vous avez été VIOLE par une…
-CHUUUUUUT SOMBRE CRETIN !!!!
-Vous vous êtes fait violer par une femme ?!! Mais c'est… J'comprends que toutes les tarlouzes de l'établissement vous courent après, repérage à l'odeur !
-Oh ça va dites !! Ce n'est pas vraiment ma plus grande fierté…
-En effet vous avez du vous sentir… humilié !
-Je ne pouvais pas faire autrement ! Elle avait la loi de son côté… J'étais saoul, si j'avais été sobre je lui aurais récité les articles du code civil que je pouvais lui coller au cul… Mais au lieu de ça…
-Vous lui avez collé un autre genre d'articles !
-Exactem… Non mais vous êtes malade, Smirnoff !
-Mouais… Surement ! En tout cas ne vous inquiétez pas, votre secret sera très bien gardé.
-Oh c'est simple, parlez-en et je m'assure que votre sœur finisse avec Jonathan !
-… Vous êtes fort…
-N'est-ce pas…

Fin du repas. Etienne alla voir Estelle qui semblait pressée de partir.
-Euh, Estelle…
-Etienne, ça va, ne t'en fais pas. Je t'assure que tout va bien.
Le frère plissa les yeux.
-Si tu as un souci avec l'autre crétin, je…
-Tu parles d'Antoine, là, bien sur…
-Euh, oui !
-Ca va aller. Je gère. Oh, et ce soir je serais chez Jonathan. Ne t'en déplaise !
Etienne tomba des nues.
-Euh… O… Ok oui… Euh… Fais… fais ce que tu veux.
-Merci !
Etienne soupira alors qu'Estelle s'éloignait. Antoine arriva à hauteur d'Etienne.
-On dirait que les choses sérieuses commencent…
Etienne lança un œil noir sur Antoine.
-Qu'est-ce que tu veux, toi ?
-La même chose que toi… Peut-être pas de la même façon mais quelque chose me dit que chacun aura ce qu'il mérite d'ici peu…
Etienne regarda le professeur d'histoire s'éloigner en ricanant. Etienne sembla intrigué.

Norbert entra dans le bureau de Linus, fermant la porte derrière lui.
-Bonjour Norbert…
Lequel semblait stressé.
-Un souci ?
-Non ! Euh… J'ai envie de vous offrir quelque chose mais j'hésite…
Linus soupira.
-Si c'est un service à thé j'accepte volontiers, si c'est un bon pour un câlin gratuit vous me voyez désolé de…
Norbert posa une Pokéball sur le bureau de Linus.
-… Oh…
-C'est… pour me faire pardonner d'avoir eu des pensées inconvenantes envers vous et pour vous montrer toute mon amitié à votre égard. Mr Smirnoff a pour tradition d'offrir des Pokémon aux gens auxquels il tient… J'ai décidé que je vous ferais le même honneur.
Linus hocha la tête.
-Merci… Merci bien.
Linus sortit le Pokémon. Un Evoli lui sourit.
-Oh… Adorable !... J'espère que Mistigri…
Le chat grogna.
-…s'y fera… Il est très mignon…
-Euh… Elle ! C'est une femelle !
Linus s'étonna. Il regarda la petite Evoli.
-Eh bien… Merci infiniment, Norbert…
-De rien !
Linus s'étonna et regarda la petite renarde.
-Eh bien… J'avais déjà quatre Pokémon, il ne m'en manquait plus qu'un cinquième… Vous vous prénommerez Elizabeth !
L'Evoli sourit.
-Sache, petite Elizabeth, que j'ai une politique spéciale en matière de Pokémon, vous ne serez donc entrainée et utilisée qu'à des fins d'autodéfense.
Le Pokémon se frotta affectueusement contre Linus.
-Héhé ! Voyons, voyons ! « Dire que si c'avait été un mâle je l'aurais appelé Norbert Junior… »

-Et il a dit oui ?!
Estelle ricana.
-Si tu l'avais vu, le pauvre ! On aurait dit que je lui avais annoncé que je quittais la maison pour devenir strip-teaseuse !
-Quelque chose me dit qu'il aurait préféré…
-Surement !!
Ils rirent encore. Jonathan sortit ses clés.
-Ca fait quoi, une semaine que t'as pas passée la nuit à l'appart…
-Ouais, en effet…
Il ouvrit la porte. L'appartement était tout propre.
-Ouah, t'as nettoyé !
-Oui j'ai pensé que tu… n'accepterais pas de dormir dans un appartement tout sale…
-Oh ça je m'en moque ! Ce qui m'importe c'est…
Jonathan ferma la porte.
-Toi ! D'être ici… avec toi…
Elle approcha et l'embrassa. Le baiser gagna en intensité.
-On devrait déplier le canapé…
-Mais noooon…
Peu après elle lui retira son pull et son t-shirt. Lui la déshabilla de son chemisier et examina doucement son soutien-gorge.
-Ca va aller ?
-Oui oui… Je… j'en ai envie. Vraiment.
-Au moins autant que moi ? sourit Estelle.
-Je sais pas…
Ils s'embrassèrent et s'écroulèrent tous les deux sur le canapé. Lui était dans une plénitude totale, appréciant pleinement cet instant rêvé et espéré inconsciemment depuis si longtemps. Elle était pleinement satisfaite de ce moment, le trouvant d'une tendresse et d'une douceur inattendue. Ils restèrent un long moment à s'étreindre, dévêtus, sur le canapé du salon. Peu à peu, un regard intense fut échangé. Puis l'étreinte prit un autre sens, une autre passion plus prenante, plus profonde. L'émoi les saisit tous deux d'égale mesure. Peu à peu ils se donnèrent à chacun la tendresse et l'amour qu'on pouvait attendre de l'autre, cherchèrent sans cesse à attendrir ou à plaire le plus à l'autre. Il était en elle, et rien ne pouvait plus la combler en cet instant. Jamais il ne lui avait paru si beau, si grand, si heureux et fier. Lui se sentait bien, enfin heureux, libéré de la contrainte et du poids de la solitude du deuil. Il aimait cette femme, cette femme l'aimait. Il avait toutes les raisons d'être heureux. Et elle de même. Quand ils eurent assez profité de leur bonheur, ils se séparèrent et se regardèrent, satisfaits et amoureux. Ils s'embrassèrent avant de s'endormir paisiblement l'un sur l'autre.