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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 03/10/2008 à 23:48
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:45

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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073 - Faites de beaux rêves
«On croit que les rêves, c'est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c'est que c'est fait pour être rêvé.»
(Coluche)

-L…Lin…Lind… Euh…
Déglutition.
-Lindbergh !
Norbert avança, direct et assuré. Pourtant piteux.
-Lindbergh, je tenais à m'excuser.
Linus soupira sans regarder son collègue et ami.
-C'est « monsieur le proviseur » dans ce bureau, Mr Finsbury.
Norbert soupira.
-Je suis profondément désolé d'avoir voté contre vous à ce conseil, monsieur le proviseur.
-Vous vous êtes déjà confondu en excuses et ma femme a été obligée de vous inviter à diner avec Mr Banks pour vous montrer qu'elle vous avait pardonné et pour se faire pardonner d'avoir été odieuse ! Il n'y a donc aucun souci, Mr Finsbury. Mr Banks ou Mr Heine se sont contentés de s'excuser après le conseil ou Madame Bowyer a été intronisée directrice définitive. Vous, vous ne faites que vous excuser depuis ce temps là !
-Je sais… et vous n'êtes pas le seul à…
Norbert se tourna vers Floper qui l'avait suivi, désapprobateur et lassé des pitreries de son maître.
-…. à m'en tenir rigueur, mais… je me sens d'autant plus coupable que vous m'avez nommé proviseur à votre place pendant un temps. J'en ai été très honoré.
-Je ne vous le cache pas, Mr Finsbury, sur le coup j'ai été horrifié par votre acte.
Norbert ferma les yeux de culpabilité.
-Ce qui explique cette bonne grâce de ma part. Je m'attendais à un vote de n'importe qui sauf de vous ou Mr Ludges… et sur le moment j'ai été blessé. En vous faisant ce cadeau d'être proviseur, j'étais assuré de vous blesser à mon tour, par vile vengeance cruelle, par ma gentillesse désarmante face à votre lâcheté apparente. Mais Mr Banks m'a tout expliqué. Vous avez fait tout ça pour me… protéger.
Norbert hocha la tête. Linus sembla perplexe.
-Vous avez fait ça par amour…
Norbert hocha douloureusement la tête.
-Mr Finsbury, vous savez que je vous apprécie beaucoup aussi. D'une manière différente, évidemment. Mais voilà ce qu'il en est, je suis marié, j'ai des enfants…
Norbert blêmit.
-Qu… Quoi ?! Non !! Mr Winchester je n'oserais pas… C'est juste… Un sentiment passager…
Linus se leva et enleva sa cravate puis déboutonna sa chemise.
-…Mais en toute honnêteté, si je devais tromper ma femme avec quelqu'un, ce serait bien plus volontiers avec vous, Norbert.
Norbert écarquilla les yeux, défait, muet de stupeur devant le proviseur qui se dénudait devant lui.
-Q… M… L….Li…
-Allons…
Linus enleva la cravate de Norbert. Torse nu contre lui, le proviseur excitait diablement les sens du doyen qui tentait de garder quelque contenance.
-C'est juste comme ça, pour s'amuser tranquillement entre adultes… Entre collègues consentants… N'est-ce pas ?
-Linus, mon Dieu… J… J'en ai… toujours rêvé !
-Et certains rêves deviennent réalité… Allons, retirez cela, c'est superflu, nous sommes grands, maintenant, nous pouvons nous déshabiller tous seuls ou… à deux… J'ai toujours eu très envie de voir ce dont ce joli fils de militaire…
Les yeux s'entrecroisèrent. Le sourire de Linus avait presque quelque chose de pervers, de diabolique. Norbert était tout excité. Et cette voix chaleureuse et chaloupée… ce souffle chaud et rauque…
-…est capable en dehors de tamponner les papiers que je lui apporte gentiment… S'il est capable de tamponner…
Le proviseur déboutonna soigneusement la chemise de Norbert avec habileté tandis que la respiration du doyen s'accélérait. Les doigts félins du britannique démêlaient les attaches du vêtement avec doigté et finesse.
-…autre chose… en moi…
Il en devenait grivois, tout en gardant son irrésistible charme britannique si sexy aux yeux du doyen.
-Lindbergh…
-Oh voyons Norbert, ne m'appelez pas comme ça. C'est Lucy qui m'appelle comme ça. Je suis en train de tromper cette immonde pouffiasse homophobe et intolérante, parce que je vous préfère largement à elle… Appelez-moi « Votre cher petit Linus »
-Mon cher petit Linus…
-Parfait…
-Mon… Linus…
-Norbert… Encore…
-Linus… Oh Linus… Mon petit Linus… Hmm…
-Quand vous dites mon nom j'ai envie de vous faire du bien, de vous satisfaire… Envie de vous faire… monter au plafond.
-Je vous aime… prenez-moi… Faites de moi… ce que vous voulez… je m'offre…
Le proviseur attrapa fermement la cuisse de Norbert, le rapprocha de lui, les corps des deux hommes intensément enlacés et le regarda, langoureux. Les lèvres se rapprochèrent.
-Approchez, Norbert. Donnez-moi…
-Oui…


-DONNEZ MOI UNE BONNE RAISON POUR NE PAS VOUS METTRE A LA PORTE !
Norbert se réveilla brusquement, sortant de la torpeur du rêve. Floper lui mordait la cuisse depuis tout à l'heure pour tenter de le réveiller. Le pantalon de Norbert était serré et inconfortable. Linus était devant lui, le regard noir.
-Vous DORMEZ au bureau maintenant, Mr Finsbury ?!
-Pardon… Pardon mon cher petit…
Linus pencha la tête, étonné. Norbert secoua la tête.
-Pardonnez-moi !
-J'avais cru entendre autre chose… Vous avez du mal à dormir ?!
-Oui… Petites insomnies, rien de… rien de grave.
-J'espère bien !
-Mr le proviseur…
-Oui, Mr Finsbury ?
Norbert soupira.
-Encore pardon pour ce vote…
Linus soupira.
-Excusez-vous une fois, je vous crois. Excusez-vous deux fois, je douterais de votre bonne foi. C'est un « Linus-isme ».
-…oui…
-Je vous ai pardonné. Vous êtes content ?
-Excessivement !
Norbert se ravisa.
-Enfin je veux dire… Très !
Linus sembla intrigué.
-Contrôlez-vous, mon brave… On jurerait que vous avez fait un cauchemar comme un bébé !
Linus repartit en soupirant, souriant et secouant la tête. Norbert s'avoua perturbé, sous le regard blasé de Floper.
« « Mon brave »… J'adore qu'il m'appelle « Mon brave »… »

Etienne entra à la faculté, tout content.
-Chabadabada…
-M'sieur !
Etienne se tourna par acquis de conscience. Il aperçut Hannah, Samuel, Ludovic et ses anciens élèves de première année.
-Oh…
-Vous allez bien ?
-Ca… peut aller, oui… Et vous ?
-Ca va, la seconde année… soupira Hannah.
-Ca va, mais notre nouvelle prof de stratégie est un peu stricte… soupira Samuel.
-A part ça on s'en sort ! sourit Ludovic.
Etienne hocha la tête. Karen approcha.
-Vous êtes encore LA, VOUS ?
Etienne sourit.
-Eh oui… vous aussi, ce qui me prouve que la saison de la chasse n'est toujours pas ouverte !
Le groupe Lonely Lust arriva ensuite pour saluer Etienne.
-Vous allez bien, les jeunes ?
-Oui et vous ? sourit Dylan.
-Comment vont Linda et le bébé ? demanda Juliette.
Etienne baissa la tête. Les quatre se regardèrent.
-Il y a… un problème ?! s'étonna Shahrukh.
-Ils vont… bien, tout va bien. Je vous laisse, mes étudiants m'attendent.
Etienne partit vers son escalier, malheureux, la mine amère. Il aurait bien aimé que cette conversation ne se soit pas produite. Un peu comme un rêve. Il arriva en cours, déconfit, mal assuré et trouva ses étudiants en pleine conversation avec quelqu'un. Pénélope semblait préoccupée.
-Oh ! Mr Smirnoff ! s'écria Jules. Nous avons une visiteuse qui se prétend être une de vos connaissances…
Etienne n'en attendait pas tant : Il aperçut en effet Jennifer Scoresby qui lui sourit.
-Eh bien, monsieur… Heureuse de vous revoir !
Etienne tendit la main à son ancienne élève qui tendait la sienne.
-Elle a vraiment été votre élève ?! s'étonna Pénélope.
-Oui…
Jennifer sourit.
-Les gens ne veulent jamais croire qu'on a été ensemble, qu'on s'est aimés… C'est triste !
Etienne sourit péniblement. Jennifer sentit que quelque chose n'allait pas. Elle renonça à poser une question qui pourtant lui démangeait. Elle sentait que ça avait été terrible voire affreux.
-Ouais. Pourquoi seriez-vous là, sinon pour revenir à la charge concernant votre harcèlement sexuel débuté un an auparavant ? soupira Etienne, faussement lassé.
-Je me suis dit qu'un procès n'était pas suffisant, je voulais vous clouer au pilori à nouveau ! sourit Jennifer, retrouvant son adversaire favori.
Etienne sourit.
-Bon tata Jennifer ! Dis-moiiii !
-Ok. J'ai perdu le concours de mon cinquième ruban, et je suspecte mon adversaire d'avoir triché.
Etienne hocha la tête.
-L'enjeu est évidemment crucial…
-Cinquième ruban, départ pour le festival, pas de cinquième ruban, pas de festival pour le moment.
-Ou est votre attachée de presse ? Pardon – Votre meilleure amie Clarissa ?
-Elle est en train de préparer une robe pour le festival… si grâce à vous j'y parviens.
-Comme c'est romantique, mon aide vous apportera un cinquième frou-frou et vous permettra d'accéder à la gloire.
Jennifer hocha la tête.
-J'ai besoin de votre aide en fait pour savoir si un mouvement utilisé par mon adversaire est légal ou pas. S'il n'y a pas… intervention.
-Vous savez comment m'intéresser ! C'est pas juste ! Vous avez le film ?
-En haute définition, lisible même sur un iPod ! Je sais que ça vous tentera...
Etienne hocha la tête.
-On se « contentera » d'un écran géant !
Andrew regarda Pénélope, intrigué.
-Un souci ?
-Euh… J'ai… perdu une de mes Pokéballs… Mais rien de grave, j'ai dû l'égarer quelque part…
Andrew s'étonna, puis haussa les épaules, indifférent.

La porte de l'appartement s'ouvrit. Jonathan regarda Estelle.
-Quoi ?
-Salut ! Je peux entrer ?
Jonathan laissa entrer Estelle.
-Tu veux quoi ?
-Jonathan…
Estelle prit une grande inspiration.
-Ecoute, je t'aime… vraiment.
-Je sais ça… Je t'ai dit que j'avais aussi des sentiments pour toi. Et après ?
Estelle s'approcha de Jonathan.
-Je voudrais juste… qu'on passe à… autre chose. Tu vois qu'on… devienne un vrai couple.
Jonathan fixa Estelle, intrigué.
-Tu vois… Je te trouve… mignon, sensible, attachant… Bon, tu as des soucis par rapport à une relation de couple, ce que je peux comprendre…
-Stop.
-Non, mais attends… Je veux te dire que je comprends tes raisons… mais je voudrais juste que tu t'ouvres un peu, que tu me laisses une chance…
-On a déjà eu ce genre de conversation, tu crois qu'en ressortant les mêmes conneries, tu vas arriver à tes fins ?
Estelle sembla hésitante, déstabilisée.
-Euh…
-Eh bah non. Ca ne marche pas comme ça dans le monde réel. Dans le monde réel, les gens ont des soucis pour aller deux par deux. Moi j'en ai.
-Moi pas ! sourit Estelle, avec son habituel air insolent.
Le coup partit. La main, dans la figure. Estelle se tint la joue, abasourdie. Il venait de la… gifler ?
-QUAND EST-CE…
Il continua à la frapper jusqu'à la plaquer contre un mur. Il lui attrapa un poignet et lui frappa le ventre de l'autre poing.
-…QUE TU VAS COMPRENDRE…
-AAAAH ! ARRETE !!!!
Il était effrayant et violent. Il la rouait littéralement de coups.
-…QUE TU ME FAIS CHIER !!! TU ME FAIS CHIER, TU M'ENTENDS ?!


-HYAAAAAAAAAAAAH !!!!!
Eddy écarquilla les yeux et regarda Estelle qui s'était réveillé en sursaut et en hurlant.
-Estelle ?! Tu dormais ?!!
-Oh… Oh mon… Oh…
-Mauvaise nuit ?!
Elle n'avait pas réussi à dormir. Insomnies, soucis, ce n'était pas la joie pour elle en ce moment. Et ce rêve… pourtant ce qu'elle préférait chez Jonathan c'était sa distance… Inconsciemment, non ? Ca l'embêtait, la frustrait ? Elle semblait maintenant troublée. Elle essuya des larmes invisibles tant le rêve l'avait choquée.
-Non… juste… un horrible cauchemar !
-J'ai cru comprendre, oui… Etrange position pour dormir, la tête suspendue par tes mains sur ton front…
-Oui… mauvaise habitude tirée de l'école !
Eddy recommença à fouiller ses tiroirs qui faisaient un bruit similaires aux « coups » de Jonathan.
« Ouh mon DIEU !!! » soupira Estelle, encore dans les brumes de son rêve.
-Je ne trouve pas un dossier…
Estelle soupira et décida d'aller chercher un café.
-Je te ramène quelque chose ?
Eddy releva la tête.
-Un chocolat !
-Tu ne bois pas de café ?
-La caféine concentrée augmente la tension.
-Mais ça aide les idiotes qui oublient de se coucher tôt.
-Tu devrais essayer la camomille ! conseilla l'intendant. Ca aide à dormir. A bien dormir.
Estelle sembla perplexe. Elle partit vers la machine à café. Elle croisa Jonathan.
-Hello…
-Salut…
Mais elle passa sans s'arrêter. Jonathan s'étonna. « Pressée ? »

-Bon, on passe la prestation, on s'en balance de votre horrible Lockpin mâle qui s'appelle Candy…
Jennifer sourit.
-C'est quoi ce truc avec les ballons ?! demanda Jules.
-Il jongle ! sourit Jennifer. Avec les mains, les pieds et les oreilles. Les juges ont beaucoup apprécié.
-C'est tellement… Ridicule ! Vous voulez voir du jonglage ? Allez au cirque !
Jennifer soupira.
-Bien… Dressez-moi le profil de l'adversaire.
Jules consulta ses notes.
-Le coordinateur adverse est Jimmy Panellucci. Il a utilisé un Lainergie pour son premier tour et pour la phase combat il a employé un Roserade.
-Moi j'ai pris Candy pour la prestation et Paprika pour le combat.
-Votre Lippou… se rappela Etienne.
-Lippoutou. Vous le savez enfin, je vous l'ai montrée !
-La dernière fois que je l'ai vue elle était encore une Lippouti… songea Smirnoff.
-Oh… Quoi qu'il en soit… Voyons la phase de combat.
Le combat commença normalement. Lippoutou employa Blizzard, contrée par une rapide Danse Fleur. Le Pokémon Plante se déplaça rapidement et frappa Lippoutou d'un Dard Venin bien mené. Lippoutou profita de l'ouverture laissée par l'attaque pour attaquer avec Poinglace. L'attaque repoussa Roserade qui…
-Pourquoi vous faites avance rapide ?! s'étonna Andrew.
-C'est chiant ! soupira Etienne.
-Quand je pense que votre petite amie est coordinatrice… soupira Jennifer.
Etienne resta impassible. Les quatre étudiants s'étonnèrent et se tournèrent vers Smirnoff.
-Vous avez une petite amie ?!
-Non.
Ils se tournèrent vers Jennifer.
-Soit je mens, soit j'ignore quelque chose ! assuma Jennifer.
Elle regarda son ancien prof qui avait un regard noir et figé. Il sortit Riolu qui grimpa dans les bras de son maître. Jennifer s'étonna.
-Un Riolu ?! Vous avez viré un des membres de votre équipe ?!
-Nan…
Jennifer garda le silence, face au déni du professeur.
-Là !! C'est là que tout s'est décidé !
Etienne, Andrew, Penny, Jules et Sadia regardèrent mieux l'écran. Roserade lança quelque chose sur Lippoutou qui atterrit dans ses yeux, stoppant une attaque, puis attaquant avec Lance Soleil.
-Bomb'beurk ? proposa Andrew.
-Ce serait plus puissant et plus nocif ! assura Sadia.
Penny sortit un livre listant les attaques.
-Detricanon peut être enseigné à un Roserade par un sortant de l'école de tutorat de niveau Platine… informa Jules.
-Detricanon, qui se contenterait d'aveugler ? Non… infirma Andrew.
Jennifer tira Etienne par le bras et lui parla en aparté.
-Vous allez bien ?
-Tu devrais les aider à voir si tu as gagné ton ruban ou pas.
-Monsieur…
-Ton problème à toi importe avant tout.
-Si vous croyez que je vais me contenter de cette réponse… Je sais qu'on est en novembre, c'est le mois ou tout le monde est d'humeur maussade mais…
-Daniel va bien ? Et Adam, tu l'as revu ?
Jennifer soupira.
-Et Linda ? demanda t-elle.
Etienne détourna les yeux et serra Riolu contre lui.
-Il est arrivé quelque chose ?! Dites-moi…
-Non…
-Dites-moi, monsieur… Et le bébé alors ?
-On a trouvé ! sourit Penny.
Etienne approcha. Jennifer soupira et approcha à son tour.
-Dégommage. Il a lancé un objet ! sourit Penny.
Les autres regardaient Etienne qui hocha la tête.
-Vous vous servez d'elle pour me donner vos hypothèses fallacieuses sans risquer de vous faire engueuler ? Vous êtes pitoyables d'utiliser la plus nulle des quatre sous prétexte qu'elle est mignonne et que je ne la virerais pas. Je vais dans les couloirs de l'administration.
Etienne partit. Jennifer soupira.
-C'est pas ça, les Roserade n'apprennent pas Dégommage.
Andrew hocha la tête. Penny semblait dépitée et dévastée. Sadia et Jules s'en retournèrent à leurs interrogations.

Etienne passa dans le couloir. Il entra dans le bureau de Norbert.
-Mr Smirnoff, je n'ai pas le temps…
-On peut parler ?
-Euh… Allez voir Kenny…
-C'est à propos de Linda…
Etienne s'assied. Norbert soupira, incapable de laisser Etienne en plan.
-Qu'y a-t-il ?
-Eh bien… Je n'arrête pas… de me demander ou elle se trouve, ce qu'elle devient. Je sais que je ne devrais pas, mais… Vous pensez que je devrais chercher à la revoir ?
Norbert secoua la tête.
-Moi j'ai cherché à revoir mon ex après notre rupture, ça ne m'a rien apporté de bon. Si je n'avais pas écouté Lionel, j'aurais peut-être pu essayer de reprendre contact avec mon père. Quand j'écoute Floper ou Kelvin, le Togetic que vous m'avez offert, ils me donnent de bons conseils. Pour votre question, demandez à vos Pokémon.
-Ils ne sont pas objectifs. Ils pensent en fonction de mon bonheur.
-Vous voyez, vous avez fait la réponse tout seul. Ca vous rendrait heureux de la revoir, n'est-ce pas ?
-Ou malheureux. Imaginez qu'elle se soit remise avec un autre !
Norbert hocha la tête, dissimulant difficilement son savoir gênant.
-Euh… Je n'ai pas trop le temps, là…
-Je comprends, excusez-moi. Je vais plutôt voir Kenny.
-Vous faites bien…
Etienne sortit du bureau de Norbert qui sortit à sa suite. Le doyen se passa de l'eau sur le visage et soupira, puis ses yeux s'embuèrent de larmes. Il se pinça les lèvres, conscient de mal agir sur un certain point. Quant à savoir lequel précisément…

La jeune femme arriva sur scène dos au public. Tous ses amis étaient là : Judith, Nathalie, Miranda, Richard, Norbert, Hildegarde, Eddy, Estelle, Etienne, Frantz, Peter, Sherman, Linda portant un pull appartenant à Kenneth, un danseur de claquette avec une coiffure rigolote, Clarissa, Linus, Jennifer, le proviseur Hadley, Daniel, Adam, Jonathan, Hermann, Morgane, Luciano Pavarotti, un Steelix nain nommé Sven et un type portant un plateau à fromage et en proposant à tout le monde. Et aussi des élèves en vrac.
La jeune femme se retourna vers son public : C'était Kenneth avec de longs cheveux blonds, une robe bleue et un chapeau de fermière.
- Moi, si j'étais un homme, je serais capitaine
D'un bateau vert et blanc,
D'une élégance rare et plus fort que l'ébène
Pour les trop mauvais temps.

Elle prit une fleur qu'on lui tendait en coulisses.
-Je t'emmènerais en voyage
Voir les plus beaux pays du monde.

Elle jeta la fleur.
-J' te ferais l'amour sur la plage
En savourant chaque seconde

Etienne lança un regard évocateur à sa femme qui dansait sur scène.
-Où mon corps engourdi s'enflamme
Jusqu'à s'endormir dans tes bras,

Tout en chantant, elle dansait nonchalamment sur la scène, un pas à gauche, un pas à droite....
-Mais je suis femme et, quand on est femme,
On ne dit pas ces choses-là.

Le public applaudit et encouragea sa divine chanteuse.
-Il faut dire que les temps ont changé.
De nos jours, c'est chacun pour soi !

Linus hocha la tête et désigna la jeune femme sur scène.
-Ces histoires d'amour démodées
N'arrivent qu'au cinéma.
On devient économe.

Judith se leva et quitta la salle avec Estelle tandis qu'elles s'embrassaient dans un baiser lesbien tout sauf chaste. Kenneth avait du mal à rester concentrée sur sa prestation.
-C'est dommage : moi j'aurais bien aimé
Un peu plus d'humour et de tendresse.
Si les hommes n'étaient pas si pressés
De prendre maîtresse...
Ah ! si j'étais un homme !

Le regard de la femme se remplit d'espérance.
-…Je serais romantique…
Ovation pour la magnifique chanteuse de cabaret.
-Merci ! Merci ! N'oubliez pas l'argent pour la collecte de fonds !

En coulisses, son mari vint la rejoindre.
-Kathleen, tu as été superbe.
Etienne embrassa son épouse.
-J'ai l'impression que tout le monde a maté sous ma robe…
-N'oublie pas qu'une seule personne t'aime en réalité, c'est Moi. Moi, ton Etienne, la seule personne qui ne te lâchera jamais. Et nous sommes condamnés à dépendre l'un de l'autre. A ne jamais nous quitter. Notre malédiction c'est d'être amis.
Il avait chuchoté ça avec un méthodisme diabolique.
Linda arriva avec un énorme ventre rond. Sa robe blanche semblable à celle d'une mariée était couverte de sang, notamment sous le ventre. Kenneth ricana.
-Mais c'est « Kill Bill » ! Viens, là, ma « Kill Bill »
-Etienne, tu veux bien nous laisser seuls ?
-Pourquoi ?
-J'peux te parler, dis ? cria Linda, beuglante.
Kenneth regardait Linda, intriguée.
-J'peux… Te parler ? Hou-hou ?


-J'peux te parler Kenny ?
Kenneth releva la tête, frappé par son rêve pour le moins… burlesque.
-Hein… Etienne ?!!
-Ouais… On peut discuter ? Tu dormais ?!
-Euh… ouais… Désolé ! Je suis rentré tard hier…
Etienne soupira.
-Décidément tout le monde a du mal à dormir en ce moment ! soupira Etienne. Estelle a passé la nuit dernière à faire les cents pas et à s'occuper de sa Feuforêve !
-Ouais… Novembre, tout ça… Mélancolie…
-Je… voudrais chercher à revoir Linda.
Kenneth sembla interloqué.
-Pardon ?
-Je veux essayer de la rechercher, de la retrouver, de… lui demander pardon…
-Ca ne marchera pas, ça ne t'avancera à rien…
-Au moins savoir comment elle va…
-Beaucoup mieux !
Etienne regarda Kenneth, entre désarroi et interrogation.
-Tu… l'as contactée ?
-Non, mais et d'une, là, tu souffres et de deux, tu y as cru.
Etienne baissa la tête.
-Si tu sais qu'elle est heureuse, pourquoi tu veux…
-Je veux avoir la confirmation…
-Si elle est avec un autre tu vas t'enfoncer dans ta dépression et je vais devoir te passer mes vieilles ordonnances multipliées par 5 !
Etienne soupira.
-En tout cas toi tu vas bien…
-Désolé d'aller bien. J'ai fait ce que j'ai pu, rien à faire, j'adore cette femme !
Etienne hocha la tête.
-Je peux pas te forcer à rester malheureux… ce serait méchant.
-Merci de t'en apercevoir.
-Je vais voir Estelle.
-D'accord mais elle ne te fera pas de cadeau, moi j'ai été gentil.
Kenneth hocha la tête. Etienne se leva et alla voir sa sœur qui était occupée.
-Repasse plus tard, Etienne, s'il te plait…
-Euh… C'était à propos de…
-Surement de Linda… dans ce cas là je te dirais : Pense à autre chose, aère-toi la tête !
Etienne hocha la sienne et partit, penaud.

L'on sonna les trompettes et l'on annonça l'entrant. Le château était rutilant, flambant neuf, lumineux.
-Sa majesté le roi Lindbergh Winchester !
Lequel arriva dans sa cour. Autour de lui, les servants et les courtisans. Il avança, fier et grand, traversant la salle dorée sur son magnifique tapis rouge, accompagné de Mistigri III et de ses deux frères, Mistigri I et Mistigri II.
Soudain, le roi s'agenouilla devant le trône. Toute la cour éclata de rire, se moquant du faux roi. Linus leva les yeux et regarda le vrai roi qui était Etienne Smirnoff en personne.
-Danse, bouffon !
Linus s'écarta. Il commença à danser.
-Pirouli, Piroula… Un bond, un pas, Pirouli, Piroula…
Etienne tapa dans ses mains en rythme avec Charlie, Lucy, Marine et Christine, assis sur quatre autres trônes.
-Permettez-moi de féliciter sa majesté Smirnoff… La reine est très belle !
-Merci, bouffon !
-Les princesses sont très jolies !
-Merci, bouffon ! Danse, danse pour ton Roy !
-Et le petit prince… Est en train de s'étouffer…
Charlie toussotait. Etienne soupira.
-Boh, ce n'est rien. Il fait ça quand il fait un caprice. Le portrait craché de son père !
Linus hocha la tête.
-Bouffon…
Linus se retourna vers Norbert, travesti en chevalier d'éon. Perruque de femme poudrée, robe de satin, visage fardé et mouche astucieusement placée.
-Oh ! Mais c'est cette grosse tarlouze de Norbert ! Vous vous tapez encore tout le voisinage, humiliant sa majesté par la même occasion ? sourit Linus.
Norbert sourit.
-Vous êtes un si bon ami, bouffon.
-Je te déteste aussi, sac à merde !
-Bouffon, recommence à danser ! grommela Etienne. Sinon, je te donne à manger au Jonas-thanatos !
Etienne désigna un homme de trois mètres de haut, enchaîné. Jonathan Ludges, méconnaissable.
-Ne me regarde pas… Ne me défends pas… Ne me parle pas. Tu n'es rien. Tu n'as jamais rien été.
Eddy passait parmi les courtisans avec un plateau de fromage.
Linus regarda vers les trônes. Etienne embrassait Lucy avec passion. Charlie était mort, étouffé. Marine et Christine tapaient dans leurs mains pour faire danser le bouffon.
-Debout, toi là !


-Ho ! Tain…
Jonathan secoua Linus, effondré sur son bureau.
-HMPH ! Heu….
-T'es encore bourré ?! soupira Jonathan.
-Non ! Non, non !
-J'aurais besoin de te causer.
-Tant que c'est à propos du travail, vas-y…
Jonathan regarda son ami qui avait visiblement du mal à se remettre de son réveil.
-Je repasse, si tu veux…
-Euh… tu voulais me parler de quoi ?
-De… Du passé, en fait.
Linus soupira.
-Viens t'asseoir.
Jonathan s'assied.
-Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda le proviseur à son adjoint.
-Bah voilà… Je repense à Irène et à Lise.
-Oh… As-tu seulement cessé d'y penser un jour…
-Je me demande de plus en plus quelle serait leur réaction si je décidais de refaire ma vie.
-Elles seraient surement très contentes de voir leur mari et père heureux de vivre. Ce que tu n'as pas vraiment l'air d'être.
-Je suis heureux… depuis quelques temps.
-Tu vois quelqu'un ? s'étonna Linus.
-Toi qui sais tout…
-J'ai une chance sur deux… La vieille Gisèle ?
Jonathan fit de gros yeux.
-Je plaisantais !!! s'empressa Linus. Je me doute de qui tu parles. J'ai… remarqué le manège.
-… j'ai toujours envie de t'en foutre une !
-Oui bon ça va ! Tu me connais, je préfère qu'on me dise plutôt que de révéler ce que je sais. Chercher à soutirer l'info, vieux truc d'avocat.
-Je sais pas trop quoi faire.
-Elle est au courant ?
-Bah oui, on se fréquente, elle se doute que je l'invite pas chez moi que pour les biscuits et le lait chaud !
-Pour ton histoire ! Elle le sait ? soupira Linus.
-Non… 'pas osé lui dire.
-Tu m'étonnes.
-Son frère le sait par contre.
-Ah ça, ça posera problème effectivement, son frère…
-Ouais… J'espère qu'il comprendra, pour elle et moi…
-Smirnoff est quelque peu virulent mais il est capable d'appréhender ce genre de chose… C'est sa grande sœur, certes mais…
-On parle du même ?
-Oui… Jonathan, moralement, tu ne pourras pas supporter si… il se passe quelque chose avec Estelle et qu'elle ne sait toujours pas. C'est… fort, entre vous ?
-Plutôt, oui. Au point que j'envisage, justement, de refaire ma vie avec elle...
-Oui effectivement… Tu dois lui dire. Surtout que… Noël approche.
Jonathan hocha la tête, soucieux.
-En tout cas, tu as mon approbation, affirma Linus. Je sais que ce n'est pas grand-chose…
-C'est beaucoup.
Linus hocha la tête. L'adjoint se mordilla les lèvres.
-Tu sais, quand tu allais être viré…
Jonathan se leva et se tourna vers la porte, histoire de ne regarder personne dans les yeux.
-…je songeais à commettre un quatrième crime sur la personne de la vieille. Si la petite n'avait pas été là… Je l'aurais fait. J'aurais tuée pour que tu puisses rester. Son regard m'en a dissuadé. Elle… m'apporte de bonnes vibrations. Je me sens bien quand elle est avec moi.
Linus s'étonna en entendant les mots de Jonathan. Il n'était pas choqué, mais surpris du ton calme de son vieil ami.
-Eh bah…
-Seulement voilà… J'ai… peur de décevoir ma femme et ma fille défunte en refaisant ma vie…
-Je t'assure que non. Elles seraient heureuses pour toi. Lance-toi.
Jonathan hocha la tête sans regarder Linus. Il repartit à son bureau, le visage couvert de larmes qu'il essuya rapidement.

Jules approcha le rétroprojecteur et montra les coupes anatomiques.
-Les Roserade ont trois doigts : Les trois pistils de leurs roses. Quand ils tiennent un objet, celui-ci est coincé entre ces trois doigts. Il arrive cependant que le Pokémon lâche l'objet par inadvertance ! Ce dans quelques cas : Vol, par Larcin…
-…mais un rapide examen au Pokédex a montré qu'elle ne le connaissait pas ! remarqua Sadia.
-…échange, par Passe-passe où Tourmagik…
-Idem, pour les deux, souligna Andrew.
-…ou échappe, par Sabotage !
Jules éteignit le rétroprojecteur et continua son exposé.
-En l'occurrence aucune des trois hypothèses n'est convenable. Nous en déduisons donc que l'attaque utilisée est illégale ! L'objet est utilisé de façon déloyale. Or il est stipulé dans les codes du combat que les dresseurs ne doivent faire des objets que l'usage qui en est donné. Sauf évidemment en cas de force majeure !
-Reste à savoir ce qu'était l'objet en question… Les mecs, ou est Penny ?!
Andrew s'étonna. Jennifer aussi.
-Elle cherchait sa Pokéball… se souvint le fils Marble.
-Elle a perdu une de ses Pokéball ? s'étonna Jennifer.
-Hm… On devrait la chercher, sinon le prof va nous enguirlander… marmonna Jules.
-La pauvre, le prof a pas été cool avec elle… marmonna Sadia.
Jennifer hocha la tête.
-Un truc que vous devez savoir avec Smirnoff, c'est que quand il est malheureux, il cherche à rendre les autres plus malheureux que lui. Sa conduite n'a rien de méchant ou de prémédité, c'est un mécanisme de défense.
Jules s'étonna.
-Il est… Malheureux ?
-Là, je sais pas ce qu'il a mais c'est grave…

La Pokéball que Penny avait perdue avait eu toute la journée des conséquences sur l'établissement : Quiconque avait osé s'endormir avait subi un rêve de plus ou moins forte intensité. Lequel était évidemment profondément absurde, avec toutefois un fond de sens.
Etienne revenait vers son cours, las et triste. Une ombre lui passa à côté.
-Hm ?!
Elle repassa. Etienne s'étonna. Riolu descendit d'entre ses bras. La créature apparut devant Etienne cette fois. Il s'agissait de Magirêve.
-… Qu'est-ce que…
Tout autour, le ciel s'assombrit. Etienne et Riolu s'étonnèrent.

Etienne était allongé dans un canapé. On le réveilla.
-Papa !
Etienne ouvrit les yeux et vit un enfant qui l'avait réveillé. Il sourit, mais une dame prit l'enfant.
-Laisse-le, mon chéri. Cet homme est sale !
Etienne se leva. Il y avait des dizaines de canapés autour de lui, il était dans un magasin « BUT ». Vêtu comme un SDF, en guenilles.
Il sortit du magasin, viré par les vigiles. Il observa autour de lui. Une voiture arriva sur le parking. Linda en sortit accompagnée d'un autre homme. En ouvrant la porte arrière, elle fit sortir trois enfants. La famille se dirigea vers le magasin, heureuse. Etienne chercha à toucher Linda qui ne l'avait pas remarquée. Il lui passa au travers à sa propre surprise.
Tombant au sol, il passa au travers celui-ci et tomba au milieu d'une route. Il se releva à temps, esquivant une voiture géante avec des types qui rigolaient dedans.
Il aperçut Kenneth, son vieil ami Kenneth, en compagnie de Linda, tous deux en tenue décontractée, le parfait petit couple. Etonné, il les écouta parler. Ils ne disaient rien, mais instinctivement, une pensée envahit Etienne.
« Tu n'es jamais né »
Cette impression que ton existence emmerde celle de tous les autres
Est bien réelle…

Etienne frissonna. Il se retrouvait dans un monde ou il n'existait pas. Ou les gens n'ont pas subi son existence. Son fardeau, le poids de sa vie n'était pas présent en cet univers. Et tout semblait aller tellement bien… Ses meilleurs amis étaient heureux. Il vit Kenny et Linda s'embrassant et s'aimant avec passion. La scène lui fendait le cœur, évidemment, mais Linda était là, comme dans tous ses rêves. Et sans lui, sans sa vie, tout le monde était plus heureux.


-Monsieur !! Oh…
Etienne se réveilla, patraque.
-Uh ?
Penny était face à lui, avec Riolu.
-Désolée ! Magirêve a tendance à s'échapper sans que je ne m'en aperçoive…
Etienne se releva, triste et désorienté.
-Tout va bien ?
-Hm… J'ai les idées claires maintenant. Il vaut mieux que je continue à faire comme si je n'étais jamais né. Que je la laisse tranquille.
Penny s'étonna. Elle ne comprenait pas, et de toute façon s'en moquait.
-Monsieur, vous pensez vraiment… que je suis nulle ?
Etienne regarda son élève, intrigué.
-Ce que les gens pensent de vous, ça compte vraiment ?
Penny s'interrogea.
-Euh… Oui, je suppose…
-Vous vous trompez. Ce qui importe c'est ce que vous pensez que les gens pensent. Ca, ce sera toujours vrai et ce sera toujours une réponse qui vous plaira. Vous n'êtes pas aussi intelligente que les trois autres, ça ne vous empêche pas d'être un bon élément.
La blonde sembla acquiescer.
-Retournons en cours. Je crois avoir la solution à notre énigme.

Etienne entra dans la salle. Jennifer et les trois autres discutaient toujours du cas.
-J'ai la solution, et elle ne va plaire à personne…
Jennifer plissa les sourcils.
-C'est la Boue Noire. L'ennui c'est que le but original de l'objet est de régénérer les Pokémon Poison et d'endommager les autres. Lippoutou a été gênée par la boue, mais n'a pas subi les effets contradictoires réels de la boue. Quand à savoir si elle a été lâchée intentionnellement ou pas, c'est indéterminable… Néanmoins, comme l'objet s'est passé de main à visage sans échange normal et légal… Théoriquement, tu as le ruban.
Jennifer hocha la tête.
-J'ai pris ma décision, je vais quand même refaire un concours.
Etienne s'étonna.
-Tu viens ici et…
Jennifer souffla.
-Un jour vous m'avez dit que pour réaliser mon rêve, je devrais me séparer de vous. Et au moment le plus crucial, je reviens vers vous. Ce n'est pas très logique.
-Si tant est que ce que je dise soit vrai tout le temps. Et ça n'est pas le cas. J'ai tort, parfois. Je dis des choses qui m'échappent. Je pense des choses que je n'arrive pas à dire. Par exemple j'adore Jules, je trouve Sadia trop musulmane, Andrew devrait se couper les cheveux, Penny sent le Lamantine crevé le matin…
-Autant de mensonges ridicules qui montrent à quel point vous êtes malheureux et seul ! soupira Jennifer.
Etienne baissa la tête.
-Si tu veux… En l'occurrence théoriquement, si tu tombes sur un juge toqué qui pense comme moi, tu aurais ton ruban, mais dans la pratique, Boue Noire a eu un effet non escompté, presque intéressant en tant que cas stratégique. Tu n'aurais pas eu ton ruban malgré tous mes efforts. Alors oui, vaut mieux que tu repartes à la recherche d'un autre ruban.
Jennifer hocha la tête.
-Tu as bien grandi, poursuivit le professeur.
Les quatre autres étudiants s'étonnèrent et l'ancienne élève sourit. Mais Etienne ne se retourna pas, il rangeait les dossiers tout en tenant Riolu serré contre lui.

Avant de repartir, Jennifer tint à avoir une explication avec Etienne sur un banc des jardins de la faculté.
-Ouah… Oh ouah quand même c'est du lourd !
-T'es la première à réagir comme ça…
-Non, ouah… C'est du lourd. Elle vous a largué comme ça… Clac ! Et tout ça pour ça…
-Ouais…
-Quelle sale pute quand même…
Etienne regarda Jennifer, les yeux écarquillés, balbutiant, et se demandant si Magirêve n'était pas encore dans les parages.
-P… Pardon ?!
-Enfin excusez-moi, mais… De quoi êtes-vous responsable au juste ?! D'avoir cru qu'elle faisait la sieste ?! D'avoir eu peur pour votre plus proche ami ? D'être revenu ? De ne pas avoir vérifié que l'appartement avait du gaz de ville et non du gaz naturel ? De ne pas avoir repéré un gaz presque inodore ?!! C'est… C'est débile, Mr Smirnoff ! Elle a rejeté la faute sur vous pour éviter de la rejeter sur elle, si vous voulez mon avis. Elle s'en veut d'avoir perdu son enfant, en fait, donc elle vous fait payer ce qu'elle croit être votre faute… C'est… c'est vraiment une sale garce !
-N… Non, elle… doit être malheureuse ! Enfin, je…. Ne lui reconnaitrais jamais de torts dans cette affaire, elle a beaucoup souffert probablement…
-Comme une chienne, ouais. Mais elle vous pardonnera peut-être dans ce cas-là.
Etienne regarda son ancienne élève, les yeux pleins d'espoirs et de larmes naissantes.
-Parce que si elle est malheureuse, souffre et si elle se sent coupable, c'est auprès de qui, qu'elle va chercher à revenir désespérément, à votre avis ? Eh bah auprès de vous !
Etienne s'étonna. Jennifer sourit et repartit.

Jonathan rentra chez lui, seul, le regard vague. Il aperçut une Pokéball avec un mot dessus sur la table du salon.
« Garde-là ce soir, ça te fera de la compagnie. Elle s'appelle Janette. Gros bisous – Estelle. »
Jonathan sortit la petite Feuforêve. Il sourit en voyant la créature tourner autour de lui.
-Eh bah… Merci qui, une fois encore ?
Jonathan mangea avec le petit fantôme. Quand vint la nuit, il la rappela dans sa Pokéball, déplia son canapé, sortit les draps et oreillers et se coucha, gardant la Pokéball sous son oreiller.

-Réveille-toi, John…
Tiens, un rêve. Il a l'air beau. Ca faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de rêve dans cette tête là…
Jonathan se réveilla en pleine nuit. Il lui semblait avoir rapetissé. Ou plutôt être redevenu un enfant.
Il franchit un grand couloir et se retrouva dans le salon. Il aperçut Irène, la femme qu'il avait toujours aimée.
-Jonathan, tu te rappelles de notre première rencontre ?
Jonathan secoua la tête, muet.
-On était enfants, comme là maintenant. C'était au bord de la mer, à Ville-Griotte. On regardait les Goelise qui volaient ensemble, en groupe, et on était avec nos parents respectifs. On s'est vus, et là je t'ai dit…
Jonathan acquiesça.
-Tu m'as dit que ton plus beau rêve, ce serait de voler comme eux. Comme les Goelise.
Irène hocha la tête.
-Je voudrais que tu voles aussi. De tes propres ailes.
Jonathan hocha la tête une fois encore, les yeux emplis de tristesse. Irène tourna le dos avant que Jonathan ne tende la main.
-Irène…
Elle partait dans le noir. Elle partait pour toujours.
-Irène… reviens… Irène…
Elle ne revint pas. Et elle ne reviendrait jamais.
Au lieu de ça, Jonathan se retrouva au milieu d'un banc de Goelise. Il lui semblait voler avec eux, un instant…


Sur le visage endormi de Jonathan se dessina un léger sourire apaisé, enfin.