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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 05/10/2008 à 16:22
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:46

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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074 - Sainte de Nuit
« Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. »
(Antoine de Saint-Exupéry)

-Partout dans le monde, les capitales de tous les pays s'agitent !
Les hommes regardaient, avec leurs uniformes de prisonniers.
-C'est un moment exceptionnel, chaque année il a lieu dans une ambiance joviale et festive ! Etats-Unis, Asie, Afrique, Europe, Poképolis, tous ces endroits se mettent en fête à l'approche de la date tant attendue.
Certains sourient, nostalgiques. D'autres se tripotent ; la présentatrice est très sexy et une femme à la télé, ça vaut toutes les femmes du monde quand vous n'en voyez jamais. D'autres avaient envie de serrer ce petit cou vieillissant ou même de violer sauvagement cette garce qui osait porter une tenue féminine à la télévision. On n'a pas idée d'exciter l'œil à ce point !!
-En effet, la période de NOEL est l'occasion pour chacun d'apporter à ses PROCHES la JOIE de VIVRE, de leur montrer le plaisir de VIVRE ENSEMBLE ! L'esprit de Noel est en vous ! Profitez de ce jour pour être réuni avec ceux qui vous aiment !
Jonathan était le seul à pleurer dans cette assemblée de violence et de fantasmagorie sexuelle.


-Alors pour son anniversaire, il faisait la gueule… s'étonna Kenneth.
-Etienne n'a jamais été très anniversaire, mais Noël…
Le professeur semblait en effet très enjoué à l'idée de la période des fêtes. Erwan portait un bonnet de père Noël. Etienne faisait des biscuits en compagnie de son premier Pokémon sous l'œil étonné et gourmand de Riolu. Estelle soupira.
-Tu comptes faire quelque chose, Etienne ? Ce soir, je veux dire ?
-Je vais aller porter ces biscuits à qui de droit, et ensuite faire mon devoir de témoin.
Estelle soupira.
-Sans moi… Soirée charité et religion, très peu pour moi !
-Ah non, toi et Kenny vous venez avec moi. C'est la sortie familiale de l'année.
-C'est TA sortie de l'année ! Moi chez moi Noël c'est musique et lecture dans ma chambre ! soupira Estelle.
-Tu ne passais pas le réveillon avec maman et Ian dernièrement ?
-Non, ils allaient se faire un resto. Et moi j'étais condamnée à aller faire la fête avec des amis ou rester tranquille à la maison.
-Eh bah tu vas faire un effort et…
Elle prit son manteau, son sac et sortit. Kenneth plissa les yeux.
-Elle passe sa vie dehors cette fille ! Un de ces jours, je vais apprendre qu'elle fait du striptease ! soupira Etienne.
-Oh crois moi, tu préfèrerais qu'elle en fasse…
Etienne s'étonna.
-Tu sais ou elle va…
-N…Non…
-Tu as déjà envisagé ma réaction donc tu sais ou elle va si souvent donc tu as le moyen de le savoir sans qu'elle te le dise parce qu'elle te déteste et qu'elle ne te l'aurait jamais dit. Donc tu sais, et c'est relatif à vous deux...
Kenny soupira.
-Tu es trop fort… Mais QUAND EST-CE que tu te présentes aux élections présidentielles ?!
-N'est-ce pas. M'enfin, on verra plus tard, je n'ai pas le temps de me préoccuper de sa crise d'ado ou de ma campagne future qui nécessitera d'abattre beaucoup d'arbres...
-Je suis inclus dans ta « soirée » ?
-Ouais. Tu vas venir avec moi pour ce soir. Désolé que tu n'aies pas pu passer la soirée avec Judith.
-Elle est avec sa famille à Rivamar pour la semaine. D'après son dernier SMS, je lui manque !
-Elle est intelligente cette femme, elle est dans une ville ultra touristique ou même le père Ludges trouverait de quoi s'amuser et plutôt que de te dire « Je me marre avec un Escort-boy » elle te flatte à distance.
-Je m'attendais pas à ce que tu ne sois pas cynique avec elle…
-Je l'ai toujours pas vraiment rencontrée…
-Normal, je lui ai dit de t'éviter.
Etienne fit de gros yeux. Kenneth regarda Etienne, sans surprise.
-Désolé, mais la dernière fois que j'ai voulu que tu t'entendes avec une fille que je fréquentais, ça a fini en rupture.
-Ca c'est très marrant. Le gars qui me dit de ne pas culpabiliser pour ma rupture à moi me fait culpabiliser pour la sienne. Tu fais dans le téléfilm comique allemand ? Fräulein Hildegarde a ressorti la caméra ? Tu vas faire de l'humour avec la shoah en la casant dans des blagues salaces ?! C'est quoi le point commun entre une tourte au homard et un rabbin ? Le temps de cuisson ! TADAAA !
-Je préfère rester prudent quand à cette relation. Ca se passe très bien.
-Ca veut dire que tu me considères comme un ennemi dans ta relation ? s'étonna Etienne.
-Comme un poids dans ma relation plutôt. Mais je te dis ça en toute amitié. Tu me fais chier, mais je te le dis ! Si j'étais un connard je ne te l'aurais pas dit, j'aurais posé une fausse lettre de licenciement et tu aurais été viré. Le plan était presque parfait, mais pourquoi a-t-il fallu que tu poses des questions…
-Trop mignon… Je sens que la soirée comprendra nombre d'occasions de t'humilier, c'est pas plus mal.
-Joyeux Noël, Etienne ! sourit Kenneth.
-Bon, tu prends les sachets de biscuits, on y va.

Norbert mettait une cravate. Il était mal à l'aise. Eddy arriva dans la salle de bains et Norbert fut parcouru d'un frisson.
-Ca va ?
-Oui… Oui, oui… répéta Norbert, stressé.
-C'est la cravate que Linus t'a offerte ?
-Euh bah… oui !
-Et tu as décidé de la porter dès ce soir ?
-…Pourquoi pas ?
-Rien, c'est juste que… c'est notre premier réveillon, j'avais pensé qu'on pourrait se faire ça toi, moi et les Pokémon, tranquillement.
Norbert souleva la cravate.
-Sors de là, Linus, il t'a vu !
Eddy ricana et regarda Norbert, étonné.
-Seriez-vous jaloux, Edward Banks ?
-Non… Non, c'est ton ami, mais… tu accordes une importance démesurée à ses gestes.
-Tu sais que j'ai acheté un cadeau pour son fils aussi ! Tremble !
Eddy sourit.
-C'est juste de la jalousie mal placée… C'est le soir de Noël, j'ai envie de t'avoir pour moi tout seul !
-Pourquoi je me suis tué à t'acheter un petit cadeau ? J'aurais dû me mettre un ruban autour du cou, c'aurait été parfait !
-Tu veux rire un bon coup ? J'ai pensé personnellement te faire le coup l'espace d'un instant !
Ils ricanèrent.

-Monsieur le directeur…
-Hmmm ?
-On a un souci. Le prisonnier 24601 refuse de sortir de sa cellule.
Le directeur s'étonna et sortit ses dossiers. Dehors, le froid ambiant et normal de Noël 1990.
-24601… Jonathan Ludges… Il refuse d'aller au réveillon, c'est ça ?
-Il a cassé les doigts de la main d'un gardien il y a 5 jours, mais il n'a apparemment pas été au trou assez longtemps à son goût. Il a eu des coups de fil qu'il a refusé de prendre… Je me demande ce que ce type a avec la période de Noël mais…
Le directeur soupira.
-Ce sont des prisonniers, Niels. Ils n'ont pas de logique. Leurs actes sont conditionnés par ce qu'ils peuvent obtenir en retour. Essayez encore de le forcer à sortir, et s'il ne sort pas… Laissez tomber.
Ce soir là, le secrétaire Niels réveillonna avec sa famille et le visage tuméfié par des coups de poing. Il avait juste demandé au prisonnier 24601 de « Bouger un peu son cul et de profiter de cette magnifique soirée »…


Elle avait frappé trois fois et sonné deux fois.
-Il est pas là ou quoi…
Il était seulement 20 heures. Elle soupira. Il ouvrit finalement, mais seulement un peu.
-Oh non… soupira t-il, visiblement emmerdé
-Jonathan ?
-Laisse-moi…
-John… Laisse-moi… Laisse-moi entrer… S'il te plait…
-Chu… un peu dans le coltard… je viens de vider une bouteille et demi, là…
Estelle se mordilla les lèvres.
-Et moi je me suis cassée de chez mon frère…
-Retournes-y.
-Non, je veux passer cette soirée avec toi !
-Et moi je veux voir personne, pas même toi.
Estelle plissa les yeux.
-S'il te plait, John !
Elle voyait le malheur et la détresse dans ses yeux. Et lui était incapable de lui dire non. Il aurait repoussé n'importe qui même la vieille raciste qui habitait à l'étage d'un violent coup du plat de la main ou en claquant la porte, mais elle il ne pouvait pas. Il soupira et ouvrit.
Quand elle entra, c'était plus sale qu'à l'accoutumée. Le sol était jonché de détritus. Sur la table basse, des bouteilles. Une effectivement vide, une autre entamée. Télé éteinte, seule une petite lampe allumée. Pièce à moitié obscure, lumière tamisée.
-Ca va pas fort…
-C'est pas vraiment le genre d'ambiance à laquelle tu devais t'attendre…
-Je t'imaginais pas non plus avec les cotillons et les guirlandes mais ça ira…
-Je te préviens tout de suite je… suis pas d'humeur.
Estelle regarda Jonathan. L'espace d'un instant elle regretta d'être entrée.
-Euh… Je lâche un de mes Pokémon pour te tenir compagnie ?
-Non, laisse tes Pokémon à ta ceinture. J'ai cassé deux trois bouteilles, y'a des éclats par terre…
Estelle hocha la tête et regarda le sol ou se trouvait effectivement du verre pilé. Jonathan resta dans sa cuisine, face à ses placards. Estelle tenta de s'approcher.
-John…
-Je sais pas… ce que je veux faire… Je voudrais que tu partes…
Estelle hocha la tête.
-Mais en même temps j'ai pas envie que tu ressortes dans le froid, et ça me ferait mal de te virer de chez moi…
-Et si on buvait tous les deux ?
Jonathan regarda Estelle.
-Des sodas ou du jus de fruits, plutôt que des alcools… de bonne qualité certes mais… qui pourraient te faire perdre un peu la raison…
-Je vais pas te faire de mal…
-Je sais, ça… Tu ne me feras pas de mal, mais tu vas t'en faire… Toi, tu ne vas pas bien ! Je t'avouerais que tu me fais un peu flipper là, je sais pas trop ce que tu as, si ça se trouve je fais une connerie immense en restant là, ou même en te parlant avec légèreté…
Estelle approcha et prit le bras de Jonathan qui sembla souffrir le martyr.
-Je suis là… Je suis là, Jonathan…

Etienne et Kenneth étaient vêtus pour le temps qui était glacial. Ils étaient dans un quartier mal famé.
-Euh… Tu fais ça à tous les Noël ? demanda Kenny.
-La majorité, oui… L'an dernier je n'ai pas pu le faire en personne, j'ai payé un infirmier de l'hôpital pour le faire.
Etienne entra dans le refuge pour Pokémon.
-Salut Mira !
-Oh, c'est el señor Etienne !
Kenneth s'étonna.
-Tu distribues les biscuits à des Pokémon des rues ?
-Eh oui. C'est ça d'être un amoureux des Pokémon. Tu passes dans ce rang là, tu leur tends le paquet et tu les laisses manger.
-Les autres amis vont au resto, faire la fête en boîte, boire un coup dans un bar… Nous on va nourrir les Pokémon !
-Ce qui explique qu'au bout d'un moment, ils se fâchent et s'entretuent. Nous on va rester amis des années durant !
Kenneth soupira, nourrissant un Castorno.
-Tiens fermement le sac au dessus du sol. Ils doivent sentir que tu les soutiens. Ces Pokémon sont lâchés par tout le monde, ce genre d'attention c'est tout ce qu'ils ont !
Kenny soupira quand un Tadmorv vint se servir, l'aspergeant de liquide gluant. Etienne sourit.
-Je SAVAIS que j'arriverais à t'humilier !!

Jonathan soupira. Il était devant le sapin, chez le marchand. Irène arriva.
-Tu trouves ?
-Je sais pas… ça me déprime un peu tout ça… Ces sapins, cette fête…
-Tu n'aimais pas Noël quand tu étais petit ? s'étonna la femme de Jonathan depuis quatre ans maintenant.
-Pas vraiment… J'essaie de me forcer pour la petite, mais Noël et moi…
Irène hocha la tête.
-Tu sais pourquoi je t'ai épousé, je me suis installé avec toi et ai accepté de garder le bébé qu'on a eu ?
Jonathan sourit.
-Oui et tu vas le redire !
-Parce qu'on peut compter sur toi, John. Tu feras toujours abstraction de tes sentiments pour faire plaisir aux gens que tu aimes. Tu te donnes corps et âme dans ce que tu fais. Même si ça ne te plait pas, tu trouveras une motivation quelque part. J'aime cette force que tu as. Parce que tu la partages avec ceux qui t'aiment.
Jonathan regarda Irène, souriant.
-Celui-là me plait bien. Ni trop grand, ni trop petit… les branches sont bien graduées. Il sera facile à décorer.
Irène sourit et embrassa la joue de son mari.
-Avec toi tout a l'air idéal !
Jonathan garda un sourire enjoué tout en achetant le sapin.


Jonathan et Estelle étaient sur le canapé, côte à côte. Elle ne savait pas quoi dire, lui non plus. Quoi qu'elle dirait, elle savait que ça le rendrait malheureux, colérique, nerveux, triste… Elle opta non pas de lui parler de lui, mais de lui parler d'elle. Elle aura déjà l'air moins chiante.
-Tu sais ce que tu me rappelles ?
Jonathan secoua la tête.
-Mon père. Il était démineur. J'ai l'impression d'être comme lui, à son travail. J'ai une bombe face à moi. Il faut que je la désamorce, et si je fais un faux mouvement, tout s'écroule.
Jonathan haussa un sourcil.
-Il est mort en faisant son travail. C'était le premier jour d'Etienne à l'académie, et moi j'entrais en cinquième année. Pas de chance, quoi. Il était tout pour nous et… il me manque énormément…
Jonathan tapota l'épaule d'Estelle.
-J'suis désolé.
-Je sais que toi aussi t'as une histoire triste. Mais tu m'en parleras pas, hein ?
Jonathan soupira et sembla triste. Elle se serra contre lui.
-C'est pas grave. Tu peux garder ça pour toi si tu estimes que c'est nécessaire.
Elle ignorait à quel point elle lui faisait mal rien qu'en le touchant.

-Vous êtes vraiment très adorable de faire ça, señor Smirnoff !
Kenneth et Etienne lavaient le sol du refuge.
-T'es sérieux, tu fais ça à chaque Noël ?!
-Oui et après tu feras un généreux don à cette gentille association.
-QUOI ?! Non !!!
Il regarda la gérante qui le regardait. Il soupira « Va refuser…… »
-Pourquoi tu crois que je t'ai autorisé à habiter chez moi ?
-Parce que Linda avait quitté ta maison, je me suis dit que j'allais soutenir mon ami !
-Faux, coucher avec toi était seulement la première partie de mon plan diabolique pour que tu fasses ce don !!
-C'est ce genre de remarques qui font croire aux gens qu'on est gays ! soupira Kenneth.
-Qui l'a dit ?!
-La boulangère me regarde super bizarrement depuis la fois ou tu m'as pincé les fesses quand je regardais les religieuses au chocolat !
-C'est toi qu'elle regardait, tu matais des religieuses… Choquant, quoi ! Et je t'ai pincé les fesses parce qu'une idiote aux gros seins te regardait.
-Hoooon… Et j'imagine que pour le don j'ai pas le droit de refuser…
Kenneth regarda la gérante hispanique qui secoua la tête.
-Une promesse c'est une promesse, Señor Heine !
Kenneth manqua de pleurer. « Pourquoiiiii ! »
Et Etienne de songer « Parce queeee ! »

-Eloigne-toi, s'il te plait.
-Ok.
Estelle s'éloigna. Jonathan s'allongea un peu tandis qu'Estelle s'écartait.
-John…
-Hm ?
-Je me doute que tu veux pas trop me parler, là…
-Pas trop non…
-Eh bah… Moi je veux que tu me parles !
Jonathan soupira.
-Tu comprendrais pas.
-Mais si. Je suis très compréhensive. Tu sais bien.
-J'ai pas envie de te faire pitié.
-C'est mon genre peut-être ?
Elle sourit. Il détourna les yeux et s'assit en travers du canapé. Elle s'assit en face de lui.
-Allez. Parle !
Jonathan mit sa tête entre ses genoux.
-Ca va pas tout effacer… Mais ça t'aidera…
Jonathan regarda Estelle, les yeux remplis de larmes. Elle se rapprocha.
-Allez, John.
-J… Je… J'ai été… Marié. Je me suis marié à 18 ans avec une fille que je connaissais depuis la maternelle.
-C'est bien.
Elle lui caressait le visage. Il allait pleurer, mais il devait le faire. Parce qu'Estelle méritait d'être aimée à sa juste valeur. Parce qu'il devait recommencer tout à zéro, à 47 ans, avec cette femme, si c'était possible.

-On voulait juste vous demander de jouer de la guitare sèche pour la fête de Noël de cette année…
Jonathan secoua silencieusement la tête. Les infirmières insistèrent.
-C'est pour des enfants !
-Qu'ils aillent se faire foutre.
-Des enfants malades !
-QU'ILS AILLENT SE FAIRE METTRE ALORS !!! PUTAIN…
Jonathan soupira lourdement. Les infirmières lâchèrent l'affaire.

-Chaque Noël c'est pareil. Noel 90 : Vous torturez un gardien et vous massacrez mon secrétaire. Noel 91 vous simulez une tentative de suicide en vous brûlant le bout des doigts sur votre lampe et en démontant votre prise de courant ! Noel 92, vous arrivez à vous faire casser la gueule assez fort pour rester un mois à l'infirmerie. Noel 93, vous menacez d'avaler des lames de rasoir pour qu'on ne vous emmène pas DE FORCE au repas de Noel et ça finit avec un séjour à l'infirmerie quand vous passez votre pied à travers les barreaux du lit. Noel 94, vous vous coincez la main dans le siphon des toilettes !! Et là vous… vous prétendez pédophile pour ne pas contribuer au spectacle de Noel.
-J'ai juste dit que les enfants pouvaient aller se faire mettre !
-Des enfants malades ! Enfin… quel est votre problème avec Noel, prisonnier 24601 ?!
-Moi ? J'adore, la preuve j'invente un truc chaque année pour pas venir !
Le directeur soupira.
-A partir de maintenant vous serez dispensé de fêter Noel.
-Ah bah quand même !
-Mais Mr Ludges, Noel c'est quand même un moment dans l'année ou vous devriez être heureux. Ca pourrait faire partie de votre réinsertion de retrouver ce plaisir de Noel.
Jonathan soupira.
-Imaginez que… votre frère meure le jour de votre anniversaire.
Le directeur s'étonna.
-Ca vous plaira de fêter vos anniversaires futurs ?
-Ah ça non…
-Voilà, c'est exactement ce que je ressens.
Jonathan retourna à sa cellule.
-Oh et à l'avenir, laissez-moi les menottes. Je suis dangereux. Vous vous souvenez ?!
-Je sais que non, sourit le directeur.
Jonathan partit en soupirant.


-…et résultat… chaque année…
Estelle avait les yeux remplis de larmes.
-Oh… Oh mon…
-Je sais, c'est moche…
-Oh Jonathan je suis…
-Désolée, je sais. Tu vois, tu fais comme tous les autres.
-C'est une histoire… horrible ! Ouah…
Jonathan hocha la tête. Il essuya les larmes naissantes.
-Jonathan…
-Tu peux pas t'imaginer combien ça m'a fait du bien de t'avoir rencontrée, après tout ça… J'ai l'impression d'avoir comme ressuscité…
Estelle semblait embarrassée.
-John… Je… sais pas si je peux… endosser tout ça.
-Je me doute bien… et je ne te dem…
-En fait… Ca… me pose un problème de conscience.
Jonathan aurait juré que c'était à lui d'en avoir. Estelle était décidément pleine de surprises.
-Pardon ?
-Oui… Enfin… Quand même, je succède au grand amour de ta vie…
-Tu… tu n'es pas elle, mais elle t'adorerait…
Estelle se leva sous le regard peiné de Jonathan.
-Désolée… C'est… trop ! Ca me… Ca me gêne !
Jonathan se décomposa.
-John… Je ne pourrais jamais… les… te les faire oublier…
-Quinze ans de mitard n'y ont rien fait, alors une meuf…
-Je suis… un peu honteuse de ma réaction… tu m'as ouvert ton cœur et je me comporte comme si tu m'avais annoncé que tu avais une maladie contagieuse…
-Non, non, je comprends, Estelle… Tu veux… Un truc à boire ?
Elle le vit se lever. Il la regarda, elle aussi. Elle s'approcha de lui, irrésistiblement charmée. Il la regarda. L'alchimie fonctionna comme au premier jour, premier regard. Ils étaient… faits l'un pour l'autre, c'est au moins la seule certitude commune qu'ils avaient.
-Non, ça ira.
-Tu ne veux rien boire ?
-Ca ira. Tu…
Les visages s'approchèrent.
-Ca fait vingt ans, aujourd'hui… murmura Jonathan.
-24 décembre 1989, 24 décembre 2009… murmura Estelle, oui, exactement vingt ans.
-J'ai trop attendu… probablement…
-Tu…
Il lui toucha le visage. Elle ignorait de quoi elle avait envie. Lui aussi, exactement.
Ils s'embrassèrent. Un doux baiser du bout des lèvres. C'était la première fois que Jonathan embrassait quoi que ce soit depuis vingt ans. Estelle sentait les mains de Jonathan sur elle, puis les lèvres se touchèrent plus intensément mais avec précaution, toujours. Une tendresse et une délicatesse infinie s'en dégageaient. Il était d'une douceur incroyable. Jamais elle n'aurait cru qu'un géant de près de deux mètres serait plus délicat avec elle qu'un jeunot d'un mètre soixante. Elle ouvrit les yeux. Il avait encore des larmes naissantes au coin des yeux, il semblait fébrile. Elle referma les yeux et savoura son baiser, si doux et si tendre, tout ce qu'il donnait était intense et immense. Un océan à lui tout seul.
Ils s'éloignèrent. Enfin, leurs bouches s'éloignèrent. Estelle n'avait plus qu'une envie c'était de rester avec lui. Elle le serra dans ses bras. Il était si heureux… tellement heureux…

-Etienne, t'es pas sérieux…
Ils entrèrent dans l'église Arcéultique. Etienne déposa une obole dans un baquet. Ils entrèrent alors que la messe de minuit allait commencer.
-Dans quoi tu m'embarques… soupira Kenny.
Ils s'assirent à un banc. Le prêtre arriva.
-Mes frères – en ces temps de trouble, en ces moments ou la guerre fait rage, ou l'argent manque dans la poche, ou les gens sont de plus en plus mauvais, pensons aux Pokémon, dont la bonté naturelle doit être prise en exemple.
-Etienne, tu crois pas sérieusement à ces conneries ? chuchota Kenny.
Etienne regarda Kenneth, impassible, et chuchota :
-On n'est plus amis ?
Kenneth s'étonna.
-D'où tu sors ça ?
-Ma compagnie ne t'a jamais été aussi désagréable.
-Pas du tout !! C'est juste que là…
Le prêtre leva les yeux vers Kenneth qui s'était énervé. Lequel fit silence et s'excusa d'un geste.
-Pas du tout mais enfin Etienne, tu avoueras que comme sortie, on trouvait mieux quand on était gosses !
-Je voulais juste qu'on passe du temps ensemble… murmura Etienne.
-Dans une église Arcéultique ?!!
-C'est ma religion, je te demanderais un minimum de respect.
Le prêtre annonçait toujours.
-Nous allons maintenant nous lever et chanter à la gloire des Pokémon en ce soir de Grande Compassion, le cantique de l'amour éternel.
-Grande Compassion ?
-Oui, la Noel est appelée Grande Compassion, d'après nos préceptes, Arceus aurait donné la vie à toute chose en ce monde ce jour là, faisant preuve de sa grande compassion.
-Mouais… à croire que toutes les grandes religions se sont données le mot… ou bien les chaînes de magasins…
-Tu permets, on chante…
Le prêtre donna le signal et l'orgue démarra.

Ce soir, je ne dors pas, j'ai trop de peine
Je ne reçois plus réponse aux prières vaines
Longtemps effectuées

Je ne comprends pas pourquoi ces êtres
Si longtemps auprès de moi leur maître
Continuent de m'aimer

Je recherche là ou je ne devrais pas chercher
Mais je ne sais plus vers qui ou quoi me retourner
Je ne sais pas si cette quête est juste

Et aussi longtemps que je les dresse
Mon cœur battra d'amour pour eux sans cesse
Qu'ils soient dignes ou non de m'aimer
Qu'importe, je les chérirais.

Au fond de moi cette étincelle
Cette lueur sans pareil
Qui continuera de brûler
Aussi longtemps que je le voudrais

Car je les aime, je les adore
Ils sont pour moi ma raison, mon effort
Leur amour me transperce chaque jour
Je le ressentirais toujours
Je vous salue ô glorieux Arceus
Que jamais votre nom ne s'use
Au nom des cieux en ce jour saint
Accordez-nous votre soutien
Accordez-nous votre soutien
Accordez-nous votre soutien…


Kenneth hocha la tête en s'asseyant avec les fidèles. Il aimait toujours autant les karaokés en playback.
-Etienne, il n'a jamais été question qu'on ne soit plus amis !
-Tu as besoin que je prenne de la distance. Cette épreuve là est de trop entre nous.
-Quelle épreuve ?! demanda Kenneth.
-Faisons maintenant, en l'honneur d'Arceus, deux minutes de silence dans l'intimité de la prière.
Kenneth grommela. La religion, c'est chiant…

Estelle et Jonathan étaient l'un contre l'autre. Le canapé avait été déplié, les oreillers et les draps sortis. Ils s'étaient dévêtus juste ce qu'il faut pour être à l'aise. Ils étaient allongés, tendrement enlacés autour d'un plat de biscuits.
-Ca va ?
Jonathan hocha la tête, le visage neutre.
-Ca va. Je me sens… léger.
-Moi je me sens bien. Je suis contente de te voir heureux.
-Dire que j'allais passer la soirée à boire… Depuis cinq ans que je suis sorti de taule, je bois à chaque Noël, pour… que la soirée passe très vite. Au fait, tu m'as pas ramené de cadeau…
-Non le cadeau c'est moi ! sourit Estelle.
-En même temps j'ai pas pensé à toi non plus… C'est pas sympa.
-On verra plus tard, tu m'offriras un cadeau plus tard… On a le temps.
-Ca… ne te dérange pas de sortir avec un homme qui a presque 50 ans ?!
Estelle sourit.
-Au contraire, c'est ça qui me plait chez toi, tu n'es pas un homme de mon âge. J'ai toujours préféré les hommes murs.
-Pour ce qui est… de mon passé, je ne te demande pas non plus de…
-En fait c'est compliqué… en tant que femme je… ressens une certaine culpabilité à… passer après tout ça. Après une femme qui t'aimait autant.
-Je sais, mais… tu me rends vraiment heureux et… c'est un peu comme si tu… prenais le relais. Tu n'as pas à te sentir coupable. C'est moi qui devrais, mais… J'ai accepté leur départ, je dois maintenant accepter mon bonheur.
Estelle sourit.
-Tes flatteries sont usées jusqu'à la racine mais elles sont jolies.
Jonathan sourit à son tour.
-Par contre… si on pouvait éviter de… coucher ensemble ce soir… et pour l'instant, de manière générale.
-Oh bien sur ! Ca craint en période de fêtes en plus ! Beurk ! grimaça Estelle.
Jonathan hocha la tête.
-On pense pareil.
-Ca ne veut pas dire que j'aie envie de rentrer chez mon frère ce soir.
Jonathan s'étonna.
-Tu veux découcher ? Tu prends tout ce que je te dis au pied de la lettre ?!
Elle ricana avec lui. Ils s'embrassèrent de nouveau.

-Oh putain c'que c'était chiant !!
Etienne garda le silence. Ils allaient sortir de l'église.
-Purée, tu fais ça à chaque Noël, sérieusement ?!
-Eh oui.
-Bon, on en était resté où… Oui ! C'est quoi ce truc d'épreuve ?!
Le prêtre vint à la rencontre d'Etienne.
-Frère Smirnoff, puis-je vous parler ?
-Mon père, bonsoir. Joyeuse Grande Compassion à vous.
-Merci… Vous teniez à me voir ?
Kenneth observa, intrigué.
-Oui c'est à propos… du bébé. Il aurait dû naître dans le courant du mois… voire début janvier…
-C'est toujours une souffrance pour vous…
Kenneth tomba des nues.
-Un peu, oui… En fait je voulais vous demander si vous pouviez me conseiller des… cercles religieux pour parler de ça avec des gens qui ont vécu mon expérience… Je sais que l'église en organise assez souvent…
-Il y a le cercle des cœurs brisés, ou celui des enfants perdus, quand à savoir lequel vous correspond le plus…
-ETIENNE !
Lequel se tourna vers son ami Kenny, abasourdi. Le prêtre regarda le blond, intrigué.
-T… Tu veux vraiment aller dans ces conneries ? Pleurer avec des inconnus sur la perte de telle ou telle personne ?!
-Kenny, c'est pas tes…
-Monsieur, veuillez nous laisser…
-Hors de question que vous ne me voliez mon ami !
Etienne fit de gros yeux.
-Euh… Kenny, je cherche de l'aide, je ne signe pas de PACS, de contrat immobilier ou de contrat de travail dans une boîte de strip-tease…
-Mais enfin Etienne REGARDE TOI ! Tu demandes conseil à un prêtre Arcéultique !
-Monsieur…
-Non, j'vais pas me taire ! Etienne est mon ami, je sais que… je suis pas un super ami pour lui, mais je refuse qu'il aille se confier à d'autres et surtout pas à un mec en robe qui croit que toucher une femme c'est un aller simple pour le sud du Kosovo !
-…tu cites Rammstein ?! Wunderbar...
-Etienne, réagis, mais pas par la religion ! C'est comme si tu prenais de la morphine pour soigner un rhume ! Tu te soignes excessivement et au final tu n'es pas guéri et dépendant à de la merde en boîte !!
-Compareriez-vous… tenta le prêtre.
-Tu… méprises mes tentatives pour refaire surface, je suis bien obligé de…
-QUELLES TENTATIVES ??? Tu te contentes de blobloter à l'appartement, seul comme un névrosé avec ton Riolu dont tu te sers comme substitut au bébé ! J'espère chaque jour que tu ne vas pas ramener un Lockpin, un Lippoutou ou un Gardevoir à l'appartement pour faire substitut à Linda !!!
Le visage d'Etienne prit une teinte furieuse. Kenneth ferma les yeux, attendant le coup de poing. Etienne réalisa que Kenny avait raison.
-Tu… C'est pas faux.
Kenny ouvrit les yeux.
-Je… J'essaie de m'en convaincre, c'est tout… que… c'est…
-Surnomme ce Riolu. Traite-le comme n'importe lequel de tes Pokémon. Mais ne t'en sers pas comme d'un alibi pour pleurer sans honte !
-Et si je veux le surnommer…
-Appelle-le… Kenny, ou Norbert, ou alors comme ton grand-père ou ton oncle Alec…
-Connor.
Kenneth regarda Etienne, surpris.
-Je veux l'appeler Connor, c'est… probablement le nom que j'aurais donné… au bébé si c'était un garçon.
Kenny hocha la tête.
-C'est toujours aussi morbide mais bon… C'est tout toi !
Ils se serrèrent dans leurs bras.
-Désolé pour cette soirée craignos !
-Oh dans l'ensemble c'était sympa. Et puis bon, on est rabibochés !
-Etait-on vraiment fâchés ?
-Moi oui, grave de chez grave ! Tu sais que tu peux tout me dire, hein ?
-Bah oui…
-Bah alors ! Je suis pas heureux sans toi. Je le réalise chaque jour ! Alors… accorde-moi au moins le bénéfice de t'aider si tu en as besoin ! Quoi que tu traverses !
-On dirait Norbert et Eddy… Bon, monsieur le prêtre, on est prêts. Mariez-nous !
Kenneth éclata de rire. Les deux amis sortirent de l'église sous les yeux effarés du prêtre.
-On va dans un bar sympa ?
-Ouais, allez. On va s'écrouler autour d'un double coca glacé !
-Hmmm !

Ce soir là, le Noël de tout le monde se passa à la perfection.
Kenneth et Etienne passèrent la fin de leur soirée dans un bar ou ils regardèrent avec les autres gens présents une émission de variétés. Mais ils rirent surtout beaucoup ensemble.
Estelle passa la nuit blottie au creux des bras d'un Jonathan apaisé.
Eddy et Norbert réveillonnèrent entourés de leurs Pokémon.
Linus passa un très bon Noël en famille, avec néanmoins une pensée toujours présente pour ce pauvre Jonathan qu'il hésitait à appeler.

Aux moments les plus heureux succèdent toujours les périodes les plus tristes…