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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 24/09/2008 à 14:31
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:36

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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063 - L'autre famille
« Etant philosophe, j'ai un problème pour chaque solution »
(Robert Zend)

-Smirnoff… Estelle.
-Présente…
La fillette semblait très simple, très calme. Elle détestait qu'on l'appelle de façon si officielle. C'était une femme, pas une voiture.
-Tu feras équipe avec Trevor !
Estelle soupira. Elle regarda le garçon qu'elle connaissait à peine. Un garçon de 10 ans, assez mignon, les yeux las, brun, toujours habillé d'un t-shirt blanc avec un M rouge dessus.
-Pour cet exposé, vous devrez observer un Pokémon et rapporter avec précision dans un journal ses faits et gestes. Le Pokémon doit être observé à l'état sauvage. Interdiction de le capturer ou d'observer un Pokémon dressé. Compris ?
-OUI MADAME ! répondit la classe en chœur.

Estelle ferma son casier. Trevor était là.
-Hm… Problème. Comment me débarrasser de toi ?
-On a un devoir à faire. Si tu te débarrasse de moi tu vas avoir ta note divisée par deux !
Estelle sourit.
-Trevor… Je te connais pas trop. Tu es souvent à l'écart.
-Ouah… Tu t'intéresses à moi ? N'importe qui serait embarrassé d'être avec quelqu'un qu'il ne connait pas.
Estelle regarda Trevor.
-Tu m'intéresses. Tu as les deux qualités qui rendent quelqu'un d'intéressant pour moi. Tu as l'air inhumain et je ne sais rien sur toi.
Trevor s'étonna.


-Je sais pas.
Kenneth se frappa le front. Estelle soupira. Les Pokémon d'Etienne semblaient tout aussi concernés.
-Je sais pas si je suis prêt à enseigner à nouveau. Après tout ça… Franchement… Nan.
-Etienne, si tu n'enseignes pas, tu vas dépérir ! grommela Kenneth.
-Plus que maintenant ? s'étonna Estelle.
-Ouais. La dernière fois que tu as perdu ton droit à enseigner, ça a foutu notre amitié en l'air. Cette fois… Tu vas saisir l'occasion pour aller mieux.
-Je sais pas.
-Etienne… Remplis ce dossier ! imposa Estelle.
-Tu comprends pas, Estelle, c'est pas que…
Le Seviper d'Etienne s'approcha. La sœur d'Etienne soupira.
-Tu veux pas changer le nom de cette horreur ? J'ai donné ton nom à un Pikachu, toi tu as donné mon nom à… Ce Seviper !
-Te plains pas, il a donné mon nom à un iPod… soupira Kenneth.
-Ecoutez… J'ai besoin de… d'y réfléchir sérieusement.
-La Prérentrée est dans seulement une semaine !
-Je saiiiis…
Etienne alla s'enfermer dans sa chambre.
-Il est chiant… soupira Estelle. T'es sur qu'il doit retourner à la fac ?
Kenneth soupira.
-Si Etienne ne retourne pas travailler, il va devenir une épave. Je ne veux pas le voir comme ça.
Estelle hocha la tête.
-Je sais… Je l'ai vu un peu comme ça, après… son procès.
Kenneth hocha la tête.
-Je sors, je vais promener Trevor.
-Ok, acquiesça Kenneth, alors qu'Estelle sortait. Celle-ci balança une Pokéball dans les escaliers et libéra un Mangriff.
-Tu viens, Trevor ? On a du travail à faire.
Estelle sortit de l'immeuble et partit vers la faculté de Doublonville. Elle observa l'endroit, entra et se présenta à la loge.
-Bonjour. Je suis Estelle Smirnoff. Je voudrais avoir le nom d'un responsable que je pourrais contacter au cas où je souhaiterais… postuler à une candidature ou venir en auditrice libre…
La dame de la loge lui passa une brochure.
-Merci !
La jeune femme et son Mangriff marchaient dans les rues, alignés comme des gravures de mode.
-Dis-donc, Trevor, tu n'as rien perdu de ta superbe !
Le Mangriff sourit à sa maîtresse. Elle se rendit dans une cabine téléphonique et consulta l'annuaire pour obtenir les adresses des personnes concernées.
-BANKS, Edward – 16 rue de la Mitre, Doublonville… C'est le type de l'intendance, je ne pense pas qu'il puisse m'aider… En plus c'est à l'autre bout de la ville… LUDGES, Jonathan – 4 place du courtois Gallame, Doublonville… C'est juste à côté ! En plus c'est le proviseur adjoint. En route, Trevor ! Nous avons des mercenaires à recruter !
Le Mangriff suivit sa maîtresse, à peine surpris par son air désinvolte.

Estelle manqua de s'endormir. Trevor sortit des biscuits qu'il s'empressa d'avaler.
-On observe un troupeau de Groret et tu manges des biscuits ?
-Tu en veux ?
Estelle regarda Trevor, à peine surprise et refusa poliment.
-Tu peux noter… « Les femelles Groret portent leurs petits sur leur ventre durant la période d'allaitement. La mère se tient sur sa queue-ressort, et s'occupe de son bébé sur son ventre. Le Spoink enfant a besoin de téter longtemps pour fortifier sa queue afin de pouvoir sauter, ce qui explique que les femelles Groret adoptent cette position permanente pendant plusieurs semaines. Le mâle Groret ramène à manger à sa femelle, mais il n'a pas le droit de la nourrir directement. S'il s'avise de l'assister ainsi, on observe un comportement de rejet extrêmement violent de la part de la femelle ».
-C'est noté, marmonna Trevor en posant le cahier.
-C'est si ennuyeux… Mon petit frère adorerait ça, lui… L'autre jour il jouait à imiter les Zigzaton qui fouillent dans nos poubelles. Ce qu'il peut être ridicule parfois…
-Il a six ans, ton frère… laisse-le s'amuser.
-Tiens donc, tu soutiens les frères zinzins ?
Trevor hocha la tête.
-T'as la chance d'être fille ainée. Moi j'ai que des grands frères, c'est franchement pas la joie.
-Ouais… C'est clair.
-Allons. On finit ce devoir et après on aura la paix.
-Ok…

-Alors Estelle, ce devoir, ça avance ?
Estelle regarda son père qui s'assit à côté d'elle dans la cuisine.
-J'aurais jamais cru qu'observer des Groret ce serait si ennuyeux.
-Les Groret sont des créatures intéressantes, Estelle.
La fillette soupira.
-Et le garçon avec qui je fais mon devoir est bizarre. Il m'a proposé des biscuits.
-C'est terrible, tu devrais aller déposer plainte.
Estelle sourit. Erwan tapota l'épaule de sa fille.
-Je sais que tu as en toi le feu qui fait que… tu aimeras un jour les Pokémon pour ce qu'ils sont.
-Je sais pas trop. Je vois pas la différence entre un Pokémon et un humain. Je veux dire… Trevor me propose des biscuits, et les mâles Groret proposent de la nourriture à leurs femelles. Et on refuse toutes les deux !
Erwan regarda sa fille.
-C'est bien ce que je disais. Tu aimes les Pokémon.
-J'ai jamais vraiment dit le contraire.
-Eh bien… Contrairement à Etienne, tu n'as jamais… été très réceptive à mes leçons…
-Papa, si je t'écoutais, ma chambre serait un refuge pour Pokémon !
Erwan ricana.
-Je sais. Mais tu es ma fille, j'ai de grands espoirs sur toi. Je sais que tu feras de grandes choses un jour.
Estelle regarda son père, intriguée.


Tiiiiiiiiiin !
-Quelle affreuse sonnerie…
Mangriff acquiesça.
Jonathan ouvrit.
-Mademoiselle… C'est pour quoi ?!
-Bonjour ! Je suis Estelle Smirnoff.
Jonathan regarda la femme devant lui.
-Ouais… T'es genre la mère de l'autre ablette…
-… Vous parlez de mon frère Etienne ?!
-Voilà…
-J'apprécie le… compliment… Ecoutez j'ai besoin de vous. Mon frère refuse de se réinscrire au poste d'enseignant cette année.
Jonathan regarda Estelle, étonné.
-En quoi j'peux t'aider pour ça moi, je suis proviseur adjoint, moi, pas recruteur… Pis c'est pas mes oignons
-S'il vous plait ! Mon frère a vécu des choses pas faciles !
-Ah ouais ? C'est toujours pas mes oignons.
-Jonathan ! Vous devez m'aider, mon frère m'a dit qu'il avait des amis dans l'administration !
-J'suis pas vraiment un ami de ton frère moi… Je suis genre… un gars qui le connaît !
Il allait fermer la porte mais Estelle la bloqua du pied.
-J'ai besoin de votre voiture pour aller contacter les autres !
-Les autres ? Tu nous as pris pour les X-Men ou quoi ?

Quelques minutes plus tard, dans la voiture de Jonathan…
-Ouais. Tu nous as vraiment pris pour les X-Men…
-Je vous remercie encore ! C'est important que mon frère reprenne son travail.
Ils se garèrent devant l'immeuble de Norbert, à Ecorcia.
-J'monte pas là haut.
Estelle fronça les sourcils.
-Pour que vous partiez et me laissiez là toute seule comme une idiote ?! Nan !
-T'as quel âge, minette ?
Estelle se tourna vers Jonathan.
-D'une, c'est malpoli de demander son âge à une femme…
-Je sais…
-De deux, ne m'appelez pas Minette ! J'ai 35 ans !
-Ouah… Tu fais vachement plus jeune…
-Merci… Eh ! Venez avec moi !
-J'ai pas envie.
-Jonathan ! Viens !
Le grand proviseur adjoint regarda la sœur d'Etienne Smirnoff.
-Ah on se tutoie ?
-C'est toi qui a commencé ! rappela Estelle.
Elle le tira par le bras. Le proviseur adjoint se laissa faire. « Si je lui colle un pain, l'autre grande nouille va m'étriper… »
Arrivés à la porte de Norbert, Estelle frappa.
-C'est très chouette cet immeuble, il doit être plein aux as, ce doyen... Pourquoi tu restes éloigné de la porte ?!
-Parce qu'il est… 14h30 et que je connais un peu l'emploi du temps du loustic.
-Ah ?!
Norbert ouvrit, vêtu d'un t-shirt et d'un short de sport. Pas vraiment l'idée qu'on se faisait d'un doyen des professeurs.
-Oui ?!
-Bonjour… Mr Finsbury… Je suis Estelle Smirnoff !
Norbert s'étonna.
-Décidément j'aurais rencontré toute la famille… Vous êtes… la tante d'Etienne ?
Jonathan éclata de rire.
-Sa sœur !!!
-Oh… Pardon… Bonjour, Mr Ludges.
-Salut…
-Qui c'est ?!
Norbert se tourna vers l'intérieur.
-C'est la sœur d'Etienne et Jonathan !
-Ah ?! Etienne est revenu ?
Eddy arriva, dans une tenue similaire à Norbert. Il serra la main de la jeune femme.
-Mademoiselle, bonjour. Eddy Banks !
Estelle regarda les deux hommes, très surprise. Elle regarda Jonathan qui hocha la tête significativement. Estelle regarda les deux hommes à nouveau, quelque peu choquée.
-Oui, euh… Mon frère… hésite à revenir… à la faculté… « Je crois commencer à comprendre pourquoi »…
Norbert sembla réfléchir.
-Il était bizarre sur la fin de l'année dernière, il a fini ses cours sans venir nous voir ou nous parler… Pareil pour Kenny… Enfin bref, ils étaient bizarres tous les deux. Et la démission de Miss Trautmann… Mais impossible de discuter avec aucun des deux, fermés comme des huîtres.
Estelle soupira.
-Etienne et cette fille, Linda… Ils se sont séparés.
Têtes surprises de Jonathan, Norbert et Eddy.
-Hein ?! tilta Jonathan
-C… C'est vrai ?! s'étonna Eddy.
-Mais… balbutia Norbert.
-Oui… Elle… Elle a perdu son enfant et elle tient Etienne pour responsable.
Norbert porta une main à sa bouche, choqué. Jonathan resta ébahi.
-Purée…
-Ca fait… Ca fait deux mois et il n'a rien dit à personne ! Mais…
-C'est pour ça que j'ai besoin de votre aide. Avec vous, mon frère se sentait bien. Kenneth est trop gentil avec lui, moi je ne sais plus trop comment il fonctionne…
Norbert semblait assez affecté. Eddy lui-même ne semblait pas très à même d'aider Estelle qui semblait désespérée. Un Hippopotas à la mine peu éveillée arriva, intrigué.
-Euh… Si vous vouliez bien… vous habiller, on va chercher le père Linus et voir Etienne ensuite, informa Jonathan.
-Oui, oui, tout de suite !
-Et nous allions faire un jogging ! ajouta Eddy pour dissiper tout malentendu.
-Bien sur, on y croit ! soupira Jonathan.
Ils fermèrent la porte. Estelle s'étonna et hocha la tête. Jonathan ricana.
-T'en fais pas, ils sont gentils comme tout.
-Désolée, j'ai pas l'habitude…
-Tu travailles dans quoi ?
Estelle soupira.
-En ce moment je n'ai pas d'emploi… Dans le civil je suis éleveuse, je participe à des concours d'apprêt.
-Hm.
-Toi tu es le proviseur adjoint, c'est ça ?
-Ouais. Ca en jette, nan ?
-Tu ressembles à tout sauf à un proviseur adjoint !
Jonathan sourit à la jeune femme souriante face à lui. Les deux hommes sortirent de leur appartement et le groupe se dirigea vers la voiture de Jonathan.

-Bah tu vois, finalement, on a eu une bonne note.
-Oui, j'avoue que tu n'as pas été trop nul.
Trevor sourit. Estelle retourna à son casier ou elle rangea des livres. Trevor était toujours avec elle.
-Tu vas rester derrière moi et me suivre ?
-Bah, je pensais qu'on…
-Qu'on ? Ah… tu…
-Bah j'aime pas trop trainer avec des gens de la classe, mais toi ça me gêne pas.
Estelle regarda le garçon qui la regardait, gêné.
-Tu veux qu'on soit amis c'est ça ?
Trevor plissa les yeux.
-C'est pas le genre de chose qui se demande…
-Eh bah alors ? Demande pas. Tu veux que je te raconte mon week-end ?
Trevor s'étonna.
-T'es vraiment pas comme les autres filles…
-Je déteste les foules, les gens communs ou qui se ressemblent tous. D'après mon père j'ai le syndrome Absol. Je suis une marginale quoi. Alors, je te raconte ?
Trevor hocha la tête.
-Et après je te raconterais le mien.
-Ca marche. D'abord j'ai été me promener dans le parc avec ma mère, en fait on allait au marché…

-Salut Trev' ! On est encore dans la même classe cette année ?
Le gamin regarda Estelle, dépité.
-Désolé, Es'. Mes parents déménagent.
Estelle sembla surprise.
-C'est pas grave… on… on s'enverra des lettres…
-Je pars à l'étranger. On va vivre aux Etats-Unis.
Estelle était vraiment déçue. Son visage exprima un certain désarroi.
-C'est pas cool… Pas cool du tout.
-Je suis désolé…
-C'est pas de ta faute… même si je m'étais sacrément attachée à toi.
Trevor soupira.
-T'es une fille bien. Tu te trouveras un autre ami.
-Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? De refaire un autre devoir sur les Groret avec un type de la classe ?!
Ils ricanèrent.
-Adieu, Estelle.
Elle baissa les yeux vers le sol.
-Adieu, Trevor…

L'année suivant celle-ci, Estelle reçut son premier Pokémon.
-Un… Mangriff ?!!
Tout le monde était surpris. Beaucoup avaient reçu de petits Pokémon, amenés à évoluer en de gros Pokémon, et elle avait un Pokémon de bonne taille qui n'évoluerait jamais.
-Ouah…
-Estelle !
-Cool…
-Euh… Ca va être dur de te pomponner… Mais t'as l'air…
Le Pokémon se releva et révéla un symbole en forme de M rouge sur son ventre. Estelle se remémora le t-shirt préféré de Trevor, celui avec le M.
« Trevor… »

-Madame Jenkins !
-Oui Estelle ?
-Euh… comment on surnomme un Pokémon ?
L'institutrice soupira.
-Théoriquement il suffit de lui signifier qu'on l'appellera de telle façon.
Estelle s'étonna.
-C'est comme… un ordre, quoi ?
-Voilà, tu dis à ton Pokémon : Dorénavant, tu t'appelleras Jean, Michel… Et lui retiendra ce nom comme étant le sien. Les Pokémon ne savent pas vraiment ce qu'ils sont, mais ils ont conscience qu'on s'adresse à eux en repérant les fréquences.
-Euh… Mais si j'ai plus envie de l'appeler comme ça après ?
-Tu pourras toujours l'appeler par son nom d'espèce, tout comme les membres de ta famille pourront s'adresser à lui par son nom de Pokémon.
-D'accord. Merci madame.
-Estelle, tu es passée au bureau retirer ton titre d'acquisition et ta carte dresseur ?
-Non ! Il faut que j'y aille, n'est-ce pas ?
-Vaut mieux pour toi…
La jeune fille partit dans les couloirs. Elle sortit Mangriff.
-Dorénavant, tu t'appelleras Trevor.
Le Pokémon regarda sa maîtresse.
-Compris, Trevor ?
Le Mangriff hocha la tête. Estelle sourit, satisfaite.


-Papa ! Ayéééé !
Lindbergh soupira et s'attela à sa tache ingrate.
-J'espère que tu apprendras vite à être propre, Charlie…
-Désolé papa !
-Mais non, papa plaisante, voyons…
On sonna.
-Comme par hasard ! soupira le proviseur qui se lavait les mains au lavabo avec son fils.
Il ouvrit la porte et aperçut sur son perron une femme trentenaire, un grand dadais avec un sérieux début de calvitie, un blondinet en chemise et un petit brun embarrassé.
-… C'est… pour quoi ?
-Monsieur Winchester, je suis Estelle Smirnoff.
-… La sœur d'Etienne ?! Ravi de vous rencontrer…
Estelle sourit qu'on ait ENFIN constaté qu'elle était la sœur d'Etienne.
-De même. Ecoutez, j'ai besoin que vous m'aidiez à raisonner mon frère. Il refuse de se réinscrire au poste d'enseignant.
-Mademoiselle, je ne peux pas forcer un employé à renouveler son contrat.
-Linus, il…
-C'est assez délicat…
-Euh…
Linus regarda ses collègues étonné.
-Bon, entrez… Je garde mon petit dernier, moi…

Quelques minutes plus tard, le proviseur se frictionnait le visage.
-C'est… terrible… Oh seigneur…
Norbert, Eddy et Jonathan avaient l'air tout aussi peinés. Charlie dirigeait un rallye à trois voitures dont une volante, forcément très avantagée sur les autres. Qui la battrait, serait un champion.
-Vous comprenez maintenant…
-L'ennui c'est que… Je vais avoir des problèmes cette année, le rectorat m'impose une directrice…
-Mon frère ne vous causera aucun problème, je vous le promets !
Linus regarda Estelle.
-Nous parlons toujours d'Etienne Smirnoff ?
-Oui…
-Votre frère est quelque peu… Enfin, vous savez…
Estelle regarda Norbert et Eddy qui la regardèrent, étonnés
-Quoi ? Il est quoi ?!
-Il est assez irascible, asocial… Frustre, impliqué… expliqua Linus.
-Ca va, ce n'est pas non plus un… détraqué !
-Vous pourriez arrêter de me… dévisager, surtout en disant ça ?! demanda Norbert.
-Excusez-moi, soupira Estelle. Bref… Vous ne voudriez pas venir lui parler ?
Linus soupira et regarda son fils qui était revenu sur ses genoux, toujours en pleine supervision du rallye.
-Je garde mon fils, là, sa mère et ses sœurs sont dehors…
-Eh ben… On le prend avec nous !
-J'ai pas de siège enfant ! remarqua Jonathan.
-Vous roulerez doucement ! Allez !
Estelle se leva, sous les yeux effarés des hommes.
-Allez ! On se bouge !

-Je n'arrive pas à croire que je vous ai suivis ! Grommela Linus à l'arrière de la voiture de Jonathan, tenant son fils Charlie, 6 ans, dans ses bras.
-Rassurez-vous, j'ai du mal à le croire aussi en ce qui nous concerne… soupira Norbert.
Estelle regarda Jonathan qui conduisait.
-Nous y voilà…
L'assemblée se dirigea vers l'immeuble ou habitait Etienne. Ils montèrent les marches.

Kenneth soupira lorsqu'il vit Estelle entrer.
-T'en as mis du temps pour aller promener ton Mangriff…
Elle fut suivie de Jonathan, Norbert, Linus avec Charlie, et Eddy, à l'étonnement du CPE.
-Cool… Une réunion du conseil administratif… Je vous sers un verre ?!
-Volontiers ! demanda Eddy.
-On s'installe pas… grommela Norbert.
-J'ai ramené les amis d'Etienne pour qu'ils l'aident à reprendre son taf.
Kenneth hocha la tête.
-Bonne idée ! Tu aurais dû rameuter l'Etat du Panama aussi…
-Hmph… Etienne !
-Il est toujours dans sa chambre, l'iPod vissé sur ses oreilles, allongé dans son lit…
Estelle soupira.
-Aide-moi à servir du thé aux invités, ils en ont pour la semaine !
Linus soupira. Il donna Charlie à Norbert et frappa à la porte de la chambre d'Etienne.
-Smirnoff, ouvrez ! C'est Winchester !
Pas de réponse.
-La porte est ouverte… signifia Kenneth.
-Il est peut-être en sous-vêtements et je ne suis pas chez moi, figurez-vous !
-C'est un homme correct, il se douche et s'habille chaque matin ! Vous vous rendez compte ?! ironisa Kenneth.
Linus soupira et ouvrit la porte. Etienne était assis sur le bord de son lit, la musique à fond dans son engin. Linus vint s'asseoir face à Etienne qui retira ses écouteurs, surpris.
-Vous allez bien ?
-… Salut, Linus.
Linus soupira.
-Etienne, allez-vous bien ?
-Question idiote. Si vous êtes là c'est que Kenny ou Estelle – Plus probablement ma chipie de sœur – vous a ramené ici, donc vous savez tout, donc…
-Je sais, oui… Je suis vraiment désolé pour vous.
-Bah merci d'être vraiment désolé pour moi.
Linus soupira.
-Vous n'avez pas à mettre votre carrière en l'air pour ça… Vous n'avez même pas postulé pour un voyage itinérant !
-Non, en effet.
Linus regarda Etienne. Il soupira et se leva, puis sortit de la chambre.
-J'aurais besoin d'un téléphone ! marmonna le proviseur.
Kenneth lui passa le fixe de l'appartement.
-Merci.
Norbert regarda Linus.
-Vous avez réussi à le convaincre ?
-Il n'est pas très expressif mais il est vivant… un peu trop d'ailleurs. Il ne veut rien entendre, il est comme d'habitude.
-Je vais essayer, marmonna Eddy.
L'intendant entra dans la chambre.
-Bonjour, Mr Smirnoff.
-Oh. Salut Eddy.
-Ca va pas fort, hein…
-Vous m'avez connu en meilleure forme.
-Ouais… Quand vous êtes arrivé à Doublonville, j'étais chargé du dossier vous concernant, c'est moi qui gérais tout ce qui était lié à votre mise au placard… Vous étiez super mal à cette époque. Ca s'est arrangé, et grâce au travail, vous le savez ça, hein ?
-… Maintenant, travailler, ce serait inutile. Ca va avec Norbert ?
-Ce ne serait pas inutile. Ca va très bien, merci.
-Eddy, vous n'avez aucune idée de ce que je traverse…
-Non, en effet… Moi le jour ou la « Femme de ma vie » m'a quitté, j'étais heureux. C'est diamétralement opposé à votre situation. Vous avez beaucoup perdu… Presque tout en fait.
-Ouais.
-Mais si vous revenez travailler, votre vie va reprendre un sens ! C'est sur que… Ne rien faire, à force, ça va vous lasser ! Alors que quand vous reprendrez le travail, ça ira mieux pour vous, vous aurez une occupation !
Etienne hocha la tête. Eddy se releva.
-Revenez parmi nous, Etienne !
Eddy sortit de la chambre.
-J'ai fait ce que j'ai pu…
La porte de la chambre se ferma derrière lui.
-Oh… Pas dans le bon sens on dirait ! geignit l'intendant.
Norbert était sur le canapé avec Charlie tandis que Linus téléphonait à la faculté.
-Oui… Passez-moi le bureau de l'académie centrale… Je patiente.
Charlie regarda Norbert.
-Il fait quoi papa ?
-Des trucs très importants !
Estelle frappa à la porte de la chambre, désormais verrouillée.
-Etienne, non ! Ne t'enferme pas à clé !! Grogna Estelle.
-Laisse-moi tranquille. Renvoie ces gens chez eux.
La sœur d'Etienne soupira.
-Quel entêté…
Norbert se leva et alla frapper à la porte.
-Etienne, c'est Norbert !
-Rentrez chez vous.
-Etienne, voyons, il ne faut pas vous enfermer comme ça c'est inutile !
-Vous avez un compagnon, vous êtes heureux. Rentrez chez vous.
-Etienne, je suis profondément désolé pour vous ! C'est moche ce qui vous est arrivé…
-Apprends-lui un truc… soupira Jonathan.
Norbert se tourna vers le proviseur adjoint.
-Vous avez une idée, vous, peut-être ?!
Jonathan soupira.
-Non, et pour tout vous dire je m'en fiche. Je suis là parce que cette poulette m'a tiré hors de chez moi !
Estelle soupira à son tour.
-Vous en avez rien à faire, hein ?
Tout le monde regarda Estelle.
-C'est… C'est vous ses collègues mais vous n'en avez rien à FOUTRE…
-Que veux-tu qu'on fasse ?! grommela Kenneth. Il veut pas, il veut pas !
-Il veut pas mais il doit le faire ! Parce qu'au fond de lui il veut le faire !! geignit Estelle, au bord des larmes.
Ils étaient tous impuissants ou attristés. Elle frappa à la porte.
-Etienne, bon sang ! Maman aurait voulu que tu bosses !! Ouvre !
Jonathan, Norbert, Eddy, Kenneth et Linus regardaient l'éleveuse tambourinant à la porte. Le proviseur adjoint semblait lassé.
-Je t'en prie !!
- Bon, pousse-toi.
-Hein ?
Jonathan se tenait à côté de son Motisma.
- Pousse-toi. Je vais lui parler.
Estelle regarda Jonathan.
-Fais-moi confiance. Je saurais trouver les mots.
Linus quitta sa conversation téléphonique, étonné.
-John…
-Te bile pas, Lino. Si on l'aide pas, elle va se jeter par une fenêtre…
Motisma transforma un de ses bras en passe-partout. Il ouvrit la porte. Jonathan entra sous le regard rempli d'espérance d'Estelle. Il ferma à clé la porte derrière lui. Estelle se pencha vers la porte pour écouter. Linus fronça les sourcils.
-Mademoiselle Smirnoff je vous interdis d'écouter ce qu'ils vont se dire !!
-Pourquoi ?!
-Je vous l'interdis, c'est tout !
-Je ne suis pas votre employée, vous n'avez aucun ordre à me donner !
Linus plissa les yeux.
-Maintenant si. Vous êtes engagée à titre de secrétaire dans mon établissement.
Kenneth écarquilla les yeux. Eddy soupira.
-Han non une nouvelle furie dans mon bureau !!!
Norbert compatit d'une tape sur l'épaule.
-Euh… Je n'ai aucune expérience… J'ai été secrétaire médicale pendant un mois et on m'a licenciée en plus…
-Pas grave. J'ai besoin de quelqu'un pour gérer le secrétariat, vous êtes la seule que j'aie à ma portée. Oui allô bonjour ! Proviseur Linus Winchester, Doublonville… Oui, j'appelle pour vous demander si la faculté peut accueillir une classe supplémentaire de formation supérieure de stratégie… A vocation semi-itinérante si possible… Voilà… Une de plus ! Vous avez des dossiers à proposer ? Hm… Très bien…
Kenneth s'étonna.
-Attendez Winchester, vous faites quoi, là ?
-Très bien… Pour dans trois jours ! Voilà. Contactez-les tous les quatre ! Merci bien.
Linus se frotta les mains.
-Si Smirnoff me remet son dossier dans les heures qui suivent, il aura une bonne surprise.
Norbert, Eddy, Estelle et Kenneth regardèrent le proviseur qui prit son petit dernier dans ses bras.
-Reste à attendre que Jonathan l'ait convaincu. Ce qui, si ce que je crains se confirme, devrait être rapide !

Etienne resta sonné.
-Ouah…
Jonathan hocha la tête.
-Donc tu vois… Je suis passé par presque la même chose. Je sais ce que tu as ressenti. Sauf que moi, j'ai vu que la prison comme moyen de m'en sortir. Toi t'es retourné chez tes parents. Il faut toujours s'évader de cette vie-là pour en revenir à une autre après un truc pareil. Mais il faut songer à se reconstruire après. T'as fini ta période « Exil », il faut revenir à la vie « Normale » maintenant. Sinon, là tu vas vraiment devenir Mr Rasoir, comme tu disais.
Etienne hocha la tête.
-J'voulais mourir, sur le coup, ouais…
-J'avais envie aussi. Que les autres balles me percutent moi plutôt qu'elles.
Etienne baissa la tête.
-Faut que je sorte et que je signe ce dossier, c'est ça ?
-Vaut mieux pour ta tête, et un peu pour le parquet, parce que sinon ta sœur va inonder.
Etienne souffla.
-Quand je vais revenir à la faculté, je vais avoir l'impression qu'elle enseigne encore dans la salle juste à côté de la mienne… Je vais… Pas arrêter d'espérer son retour… Plus encore que maintenant…
Jonathan fit la moue.
-T'as le droit d'espérer. Le droit, seulement. Parce que, te fais pas d'illusions, elle ne reviendra pas comme ça, si tant est qu'elle veuille revenir. Moi j'habite dans la même ville qu'il y a vingt ans. J'espère plus rien, cependant.
Etienne hocha la tête.
-Sors de là et reprend ta vie. C'est fini l'exil.
Etienne regarda Jonathan.
-Toi aussi, t'as eu du mal à y retourner ?
Jonathan hocha la tête.
-Et un abruti trop sérieux est venu me faire sortir aussi. Alors…
Etienne soupira et se leva avec Jonathan.
-Oh, petite tête…
Etienne se tourna vers Jonathan.
-Pas un mot de ce que je t'ai raconté à qui que ce soit, sinon je te bute. Compris ?!
Etienne hocha la tête, pas rassuré.
Il ouvrit la porte. Estelle sauta à son cou.
-Crétin !
-Hydre monstrueuse…
Etienne soupira et serra la main de Norbert.
-Z'allez bien ?
-Oui… j'espère que vous aussi… mieux, du moins…
-J'fais c'que j'peux… soupira Etienne.
Linus et Kenneth étaient assis à la table de travail d'Etienne, devant le dossier. Charlie était posé sur les genoux de son père.
-Euh…
-Mr Smirnoff, j'ai une proposition à vous faire.
Etienne s'assit devant son patron. Il serra la main de l'enfant.
-Enchanté, bonhomme.
-Papa dit que t'es un prof !
-Ouais, exactement.
Etienne regarda Linus.
-Futur proviseur !
-J'espère quand même qu'il trouvera mieux… marmonna Linus. J'ai donc une proposition à vous faire : Je vous donne le contrôle d'une cellule de formation supérieure de stratégie.
Etienne écarquilla les yeux. Kenneth hocha la tête.
-Pareil, ouais… J'y aurais pas cru.
-Vous… Vous êtes sérieux, Linus ?!
-Oui. Vous allez enseigner à quatre grands esprits d'une vingtaine d'années, travaillerez sur des cas récents, qu'on vous amènera, aurez accès à la médiathèque de l'établissement…
Etienne resta interdit.
-A… Avant vous refusiez presque que je touche à la porte de la fac…
-C'est une porte automatique qui s'ouvre toute seule, même mon fils sait qu'il ne faut pas y toucher !
-On peut pas l'attraper elle s'ouvre trop vite ! rétorqua le gamin.
Etienne regarda l'enfant.
-Futur philosophe…
-N'est-ce pas… soupira Linus. Signez ce dossier que j'aille le déposer illico à la loge.
Etienne soupira et commença à remplir le dossier, sous les regards impatients. Estelle, derrière lui, était heureuse de le voir ainsi motivé pour le travail. Elle repensa à sa propre vie qui jusque là avait si peu d'importance, et qui allait en prendre une, pourtant, maintenant…

La directrice arriva dans la salle de classe, accompagnée de trois professeurs.
-Bien… Madame Sonia Margelin, professeur en stratégie…
-J'appelle Helen Vaude et François Littel.
Les deux élèves se levèrent et rejoignirent leur professeur itinérant.
-Monsieur Robert Cartwright, professeur en méthodologie du dressage.
-J'appelle Jessica Nobel et Rudy Davis.
Deux autres élèves se levèrent pour rejoindre leur professeur.
-Et enfin, Rupert Hanson, professeur en élevage et éducation des Pokémon.
-J'appelle Estelle Smirnoff !
La jeune femme se leva, 15 ans au bas mot.
-Accompagnée par son camarade Antoine de Beaufort !
Un gamin du même âge se leva et se plaça aux côtés d'Estelle et du professeur Hanson. La directrice regarda les groupes.
-Bien. Vous étiez les derniers élèves à partir. Je suppose que… Cette grande histoire qu'est votre vie de dresseur… ne fait que commencer !