Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Minuit, l'heure du cringe
de Nicéphore

                   


Oui, moi aussi ça m'arrive de venir fouiller dans de vieux blogs actifs de 2017 à 2019, donc je peux comprendre ! Un peu embarrassée par ce qu'il y a ici, mais ça fait de bons souvenirs.

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


[Texte] Texte-couleur numéro cinq
Qui a failli s'appeler "Texte-couleur numéro combien déjà ?". Ce qui est drôle, c'est qu'il a fallu un voyage scolaire à Marseille pour que je retrouve deux pages d'écriture par soir, malgré un carnet de voyage à tenir à un rythme infernal, des levers à six heures, des abbayes toute la journée et une chambre à huit dans une auberge de jeunesse. J'ai donc demandé à mes camarades de chambrée de me lancer une couleur, et comme deux d'entre elles se sont dévouées pour, respectivement, de l'orangé et du violet, je n'ai pas tranché et voilà. Pas grande fan du résultat, mais la productivité, c'est cool, même en recyclant des bougies sur des tables.

Je ne sais pas qui est le personnage, mais je trouverai bien !



Le crépuscule s’infiltre dans la minuscule pièce, avec un air du soir chargé de gaz et de moustiques. Les bestioles agaçantes, attirées par la seule chaleur, se déçoivent puis se contentent à l’intérieur de la simple flamme d’une bougie, verrouillée d’un bocal de verre.

Son orangé ne se diffuse que dans les alentours du bureau où on l’a posée avec soin : des boîtes rondes, des bouts d’épingles, beaucoup de pelures de gomme se partagent la faible lueur, et en dégagent de longues ombres. La petite scène n’est rythmée que par les frissons de la flamme. Quelques êtres piaillent au-dehors, et couvrent les pulsations lentes d’une calme présence humaine.

Autour du bout de feu, tout est d’ombres, dont les contours se dessinent flous dans la tête de l’habitante seule. Par habitude ou grâce au peu de lumière qu’il lui reste, elle visualise sans mal son environnement restreint. Blanc de jour, il lui apparaît maintenant d’un sombre strié de mauve, d’un violet-noir carré au niveau d’un des murs et de son étagère, une teinte plus haut dans le reste de l’espace, avec ces variantes de pourpre que seul l’œil fatigué de noir imagine dans l’obscurité. Ses repères restent néanmoins le halo clair au centre, et ce rectangle de bleu nuit dans le coin penché du plafond.

Assise à moitié en tailleur sur une petite chaise, elle pense à on ne sait quoi, les traits invisibles dans l’ombre. Elle fixe les lignes fausses qu’elle connaît, impossibles à distinguer dans une ambiance si trouble. Elle les voit, peu à peu, s’assombrir : le violet presque noir vire au noir tout à fait, les angles se peuplent d’ombres de plus en plus intenses.

Lorsque plus aucune couleur ne régulera son champ de perceptions, elle bougera sa chaise vers le bord de la pièce, s’y lèvera, agrippera de ses doigts le bord de la lucarne et baignera ses yeux dans les teintes évanouies du soir presque tombé. C’est elle qui infiltre crépuscule, le violet, dans sa chambre. Pour garder des couleurs à portée de paupières, elle recommencera autant de fois qu’il le faudra.

Mais quand la nuit noire sera là ?
Article ajouté le Samedi 16 Mars 2019 à 13h35 |
0 commentaire
[Texte] Belle est l'aide
Je suis ce genre de personne qui se sent mal de poster des articles de blog quand elle n'a pas commenté ceux postés avant, d'autant plus quand il y a des textes dans le lot. Pour le coup, c'est du manque de temps, je pars demain matin pour quatre jours sans réseau.

C'est un personnage inspiré d'une personne croisée il y a cinq ans et pendant cinq minutes. C'est fou qu'il y ait des gens comme ça auxquels je pense encore, et c'est fou d'en faire une personne nommée selon un site de prénoms anciens (PS pour les auteurs, cherchez dans les prénoms anciens pour vos personnages, c'est une véritable mine d'or).



« Je peux vous aider ? »

    C'est une rue tranquille, assombrie et relativement étroite. Les façades, jaunes, s’alignent en longue parade au gris sale de l’église qui les écrase depuis le trottoir opposé. Les quelques voitures se sont garées à cheval sur la chaussée, faute de place. Une petite table ronde de jardin, en métal rose, se perd entre ces mastodontes : un îlot de terrasse naufragé, à l’extrême bord de la langue de goudron de la rue.

    Un vieux grand-père en chemise bleue chargé de sacs de courses, deux dans chaque main, s’escrime seul contre une porte en bois lourd, rehaussée d’une marche carrée trop haute pour ses sandales. Il lance un œil reconnaissant à la dame à la montre, par-dessus son épaule. Celle-ci s’est déjà élancée dans un froissement de voiles pour maintenir le battant sombre vers l’entrée convoitée. Ouf, fait le vieux, et il la remercie.


    « Je peux vous aider ? »

    C'est un terrain dégagé par le bâti, mais rafraîchi d’arbres, quatre pelouses coupées par un chemin en croisement bétonné ; le tout dans une pente douce en pleine ville. Les bancs réguliers s’affaissent sous les lecteurs silencieux ou les buveurs bruyants, et les brins d’herbe proches, sous les mégots de cigarette. Le vent souffle.

    Le petit garçon relève les yeux vers elle en sursautant doucement. Son regard s’attarde sur la montre à gousset qui pend à son long cou, par-dessus plusieurs épaisseurs d’écharpes et de foulards, de vestes et de robes. Elle connaît bien ce regard. Cela ne veut pas dire qu’elle connaît ce gamin, mais cette œillade curieuse et discrète qu’elle sent passer sur elle, avec un sourire, à chaque fois qu’elle traverse la rue.

    Le petit accompagne une petite, elle aussi chargée d’un petit cartable, lourd, mais que secouent de petits sanglots étouffés. Ses genoux potelés s’agitent de tremblements, et là où le garçon porte un regard inquiet vers les trois grands huskies qui courent sur l’espace vert, elle regarde le vide. Elle a très peur des chiens, et craint autant de traverser leur terrain de jeu que de le contourner par l’un des chemins transversaux. La grande femme se baisse vers elle, lui parle un peu, se relève et lui prend la main, pour avancer avec elle, à petits pas, vers le bout du chemin. Les chiens sont loin, vers le haut de la butte. Le petit gars soucieux marche proche de son amie en jetant à la dame de muets témoignages d’admiration.

    Elle les quitte quelques mètres plus loin, pour recevoir deux « merci », l’un éperdu, l’autre rougi et trempé de larmes.


    « Vous avez besoin d’aide ? »

    Deux yeux en amandes jaunes se haussent vers la drôle d’humaine colorée accroupie de l’autre côté du grillage. L’objet qui se balance autour de son cou vient taper contre les mailles de fer, sur un ton sec ; le chat, de l’autre côté, retire prestement sa patte du petit trou sous le rideau de ferraille, surpris, laissant sa proie poursuivre sa route le long des herbes du trottoir. La femme dresse ses ongles peints en remparts au scarabée noir, maladroit, qui pratique un détour de quarante-cinq degrés dans la direction inverse de la grille.

    Le chat, gris et blanc par ailleurs, et passablement sale, observe ce manège les pupilles dilatées. Le jeu d’aiguillages se poursuit encore quelques instants, jusqu’à ce que la bestiole à six pattes ne s’enfuie inconsidérément vers une fin plus cruelle — par le petit trou à fleur de béton. Le matou ne se préoccupe plus alors de sa grande bienfaitrice, tout occupé qu’il est à faire rouler la carapace brillante entre les feuilles mortes de son territoire


    « Je peux vous aider ? »

    Cette fois, l’écho des mots résonne à travers une grande pièce de velours rouge, bordée de deux tableaux, un guéridon vieilli, des guirlandes, quelques dessins d’enfants absents, un tortueux lampadaire d’intérieur en bois poli. Au-dessus de la belle cheminée, elle aussi décorée, s’étend un grand miroir ébréché et taché dans les coins.

    C’est à ce miroir que s’est adressée Hermeline. Il reflète une femme grande, au visage saillant et la peau veloutée, que l’éclairage habille de teintes brunes. Ses yeux n’ont pas besoin de telle parure : le maquillage s’y concentre déjà pour, d’une ombre de longs cils et d’un trait souligné, élargir habilement le regard — et habilement dissimuler les cernes. Le nez est droit, les lèvres fines et ternes, les cheveux, noirs, rêches et bouclés, cascadent sur des épaules à l’accès barré par les couches de tissus.

    Même pas un instant, le bleu des yeux, l’espiègle du visage se voile d’un nuage triste, aussitôt dissipé par l’éclat du soleil. Les lèvres de la quadragénaire se haussent d’un sourire amusé — elle, de l’aide ! — puis, d’une volte-face, s’effacent du miroir. Sa montre cliquetant, elle retourne déambuler, sans but, sans compagnie, dans son grand appartement vide, clos, ostentatoire pour des yeux qui n’existent pas, décoré pour son propre goût, sans plus d’une seule place usitée à la grande table du salon, sans plus d’une place au lit défait. Un petit air faux s’éloigne dans les couloirs.
Article ajouté le Lundi 11 Mars 2019 à 23h03 |
3 commentaires
Aux auteurs pas que de fanfics
Bonjour !

On pourrait croire que je suis productive, mais est-ce de la productivité que de faire des articles courts par curiosité ? À défaut, on dira que le blog bouge, et ce n'est pas le cas tout le temps, donc, je suis productive. Au passage, j'ai réaménagé un peu tout ça en virant de vieux articles (une douzaine de pages de blog en tout, quand même) : j'ai seulement conservé ce qui est textes ou réflexions sur l'écriture, ou sur mes vieilles fics, histoire de pouvoir garder un œil sur la progression et sourire d'anciens commentaires gentils. J'ai donc inventorié les morceaux d'écrits du coin ici, ce qui me permet d'ailleurs de me dire que si, peut-être, je suis productive en ce moment.

Enfin donc bref, je viens juste poser des questions instructives (pour moi) parce que je n'ai pas grand-chose de mieux à faire et que c'est toujours sympathique. J'espère juste que ce n'est pas trop fréquent, si certains doivent écrire des pavés, qu'ils ne le fassent pas tous les trois jours ! Alors : Pourquoi construire un univers pour une histoire ? Quels sont les intérêts, par rapport à cadrer un récit dans le monde réel, ou, pour les auteurs de fics, dans le Pokémonde ? Pourquoi se lancer là-dedans ? Évidemment, je cherche par là à me rendre compte des différentes motivations qui peuvent animer chacun.

Trop de gentillesse sur mon dernier article m'a amenée à me pencher un peu plus sur les bouts de puzzle d'un monde bancal et de personnages encore creux. J'aimerais pouvoir consolider l'un et remplir peu à peu les autres, dans l'espoir de partager un peu plus par ici. Qui sait !



  • (Un jour je saurai lier les morceaux proposés aux sujets des articles)


Bonne fin de journée !
Article ajouté le Lundi 18 Février 2019 à 17h11 |
9 commentaires
[Texte] Gare aux malheureux
J'ai retrouvé récemment, en triant l'empilement spéléologique A4 qui orne un coin de mon bureau, deux feuilles couvertes d'une écriture endormie et relatant le seul rêve scénaristiquement exploitable que j'ai fait dans ma vie. Ça date de mars 2018, mais je n'ai pas trouvé ça si mal, et ça s'adaptait vraiment bien aux fondements de l'univers en construction.

Pour un peu de contexte alors, dans une partie indéfinie et vraisemblablement grande de ce monde aux contours flous, la notion de bonheur supplante celle de richesse. Il n'y pas de riches et de pauvres (ou du moins, c'est peu important, avec des inégalités réduites), mais il y a des heureux, socialement valorisés, et des malheureux, pestiférés. Non, ce fonctionnement n'est donc pas beaucoup plus sain : dans la recherche du bonheur se crée un certain individualisme chez pas mal de gens, et même si les points de vue sont évidemment divers, de manière globale, on considère mal quelqu'un qui n'a pas réussi à se construire une vie qui lui plaît. Cela entraîne plein d'implications au niveau culturel, mais je dois y réfléchir plus en détail, comme à la notion globale. Bref. Je n'ai pas grand-chose en fait.

Même en réécrivant, j'ai du mal à supprimer certaines tournures trop facilement poétiques, qui s'écoutent trop sonner, trop artificielles, et ça m'embête assez.

Et donc sinon c'est encore un truc bizarre sans contexte. Ne vous sentez pas obligés de commenter/de commenter constructivement, mais ça m'intéresserait d'avoir un ou deux points de vue/interprétations là-dessus !



Leur duo est assez mal assorti. Ils marchent ensemble, mais on ne sait pas pourquoi, et d’ailleurs, eux non plus. Ils ne se connaissent pas. Ne se sont jamais vus avant. Mais ils marchent et ils parlent. Par bribes.

Ce n’est pas franchement joyeux. La fille a dans les quatorze ans et porte une robe très longue, en mauvais état ; elle serre autour de ses épaules une couverture noire à franges décoiffées. Elle marche d’un pas courbé, irrégulier, le regard sur le sol, avec les pans vert clair de la robe déchirée qui effleurent les dalles de la gare. Elle ne voit du sol que le reflet vide. Ses cheveux sont d’un châtain bouclé et emmêlé, au-dessus d’un visage enfantin, alignant un nez retroussé, des joues rondes et de taches de rousseur. Elle a l’air d’avoir froid aux poignets.

Deux têtes de haut la séparent du garçon qui chemine à côté, de plus forte carrure, mais ses épaules s’affaissent aussi. Il garde une main dans la poche d’un grand manteau marine, l’autre en-dehors. Il a la figure ronde, un nez large et imposant recadré par des lunettes carrées à la monture noire. L’acné rougit le tout par endroits, des cernes le bleuissent jusque loin au-dessous des yeux. Il est plus difficile de lui donner un âge, peut-être dix-huit ans ou plus, ou un peu moins. Ses lèvres irrégulières portent quelque chose de triste. Ses longs cils ferment un regard pointé sur la gamine, bien plus bas ; il marche à grandes enjambées lentes.

Autour, la gare est peuplée : partout, des piliers droits soutiennent, des poubelles accueillent, des distributeurs offrent, des bornes de compostage mordillent en ronronnant, des bancs, des vitres, des stands de nourriture très chère se tiennent là et observent, et entre tout cela, beaucoup de gens pressés. Les lumières, diffuses, baignent l’ensemble d’un jaune orangé cru parsemé d’ombres nettes. On aperçoit parfois les sources d’éclairage, en relevant la tête : des halos jaune violents sous la verrière bleu sombre, invisible. On dirait que c’est le soir.

Les pas résonnent contre les dalles grises ambrées, pour se répercuter sur les arêtes tranchantes de cet intérieur brut ; ainsi, ils s’amplifient… Avec les apostrophes, les discussions et les exclamations indistinctes de la masse de la foule, ça donne un brouhaha classique de gare : ceux que l’oreille s’abstient d’entendre tant ils viennent de partout à la fois, et assourdis par l’espace. Il règne une odeur indéfinie de mélanges, où se perçoit néanmoins une dominante de poussière — pourtant, l’endroit est propre.

Le duo ne prête aucune attention à tout cela, à part peut-être aux dalles et aux pointes de leurs chaussures, en plus de la conscience, chacun, de la présence de l’autre, et de la foule autour. Ils dépassent un kiosque à journaux vêtu d’un patchwork de couvertures aux couleurs pastel photomontées.

« En fait, oui, je savais que ça pouvait aller mal à certains endroits, mais c’est une sale image et nous, en belle famille, on a été évidemment élevés dans les règles de l’art du bonheur. Je n’me suis jamais sentie concernée. C’est plutôt mal vu partout. » La voix de la gamine a quelque chose de terne et lourd.

Comme le reste. Ses cheveux sont sans éclat, ses lèvres, ses yeux de même sont raidis par une forme de vide pesant. Elle ne parle pas fort, comme s’il ne régnait pas un seul bruit alentours, mais le garçon l’entend quand même. Il hoche la tête, d’un mouvement qui suggère qu’il n’y avait pas d’autre réaction à avoir, comme s’il fallait hocher la tête et c’est tout.

« Je n’pensais pas à ça. »

Hochement de tête à nouveau. En fait, il fait correctement semblant, mais n’écoute pas vraiment ce qu’elle dit. Il entend sans écouter, pour laisser les paroles, finalement, s’évaporer dans le vide sans autre récepteur. Ce sont ses pensées à lui qui sont perdues dans un vide, à l’intérieur même de sa tête qu’il secoue à l’instinct. Une ou deux phrases embrouillées lui viennent encore aux tympans avant que la fille ne se replonge dans son mutisme et dans les lignes des dalles, brouillées par ses yeux tristes.

Mais en fait, elle n’est plus si éprouvée. Elle l’a été, mais ça s’est calmé vite. Elle garde cet air perdu d’usage, pour rester d’apparence affectée aux côtés de ce garçon qui, on dirait, ne connaît pas ou plus non plus le bonheur. Il arrive des choses terribles et en être témoin, un témoin rare, est déstabilisant ; mais au fond, elle s’en fiche assez des autres qu’elle-même. Ça a toujours été comme ça et c‘est sûr que ça ne changera pas d’un coup : tant pis ! Elle est ébranlée là, mais elle s’en remettra, car c’est une égoïste. Voilà ses pensées assumées.

Elle se demande quand même ce que pense le garçon, lui, qui semble un peu absent et ne parle que peu. Il est possible qu’il la méprise parce qu’elle tient un discours que lui connaît déjà : son visage ne trompe pas malgré de premiers efforts, il n’est pas heureux. C’est mal vu. Aussi, c’est pour ça que la foule les évite et ne les regarde pas trop.

Sans que l’un ne guide l’autre, leurs pas se retrouvent immobiles sur les pavés plus gris d’un des quais de la gare. Il y a moins de monde ici. Les rares voyageurs en devenir se massent autour des bancs et des distributeurs automatiques ; le sol fait une bande de trois mètres à peine depuis le mur, puis c’est la voie en contrebas et ses rails rouillés sales.

Ils se postent sous les lumières jaunâtres, face à la voie. La fille se demande si son compagnon inconnu attend le train, et si oui, pour quelle destination. Il ne lui dit pas de partir, ni rien, alors elle reste, le regard coincé sous le chemin de ferraille, immobile dans sa tenue agitée par la brise. Il leur semble que tout est silencieux, et ils attendent longtemps.

Le grondement d’une locomotive naît alors peu à peu du calme, ses yeux jaunes déchirent le fond sombre de la gare, et on ressent la puissance de cette habituelle vibration d’air à l’arrivée d’un train. Le garçon avance. Le véhicule aussi, mais il est encore loin… la gamine se rend compte que c’est son compagnon qui est près de la voie, vraiment trop, trop près. Elle ne voit plus son visage, rien qu’un dos au manteau agité de bourrasques, rien que son coup d’œil au serpent métallique, et son dernier pas vers l’avant. Dans un sursaut écarquillé, elle comprend.

Elle lui saute alors carrément sur les épaules ; le train hurle, elle claque ses bras en croix sur le torse du garçon, et pèse, tant qu’elle peut, vers l’arrière ; la paroi floue des wagons succédés file d’un coup devant eux, éjectant ses cheveux derrière sa tête. Un instant, elle contemple en suspension ce dangereux obstacle mouvant, son allure indécente, puis finalement, ils tombent en arrière. Le garçon essaie encore de se relever, elle le retient, sans cris, sans larmes, mais les oreilles pleines de sourds battements de cœur affolés, et les yeux de carnages en devenir. Les gens s’écartent.

Le train siffle, il s’arrête, laissant entrer les passagers pressés d’échapper à la noirceur de la scène qui se déroule à même le sol. Le garçon s’affale au terme d’un dernier élan sans conviction, elle l’a encore retenu de toutes ses forces. Mais enfin, elle ne le connaît pas. Elle ne l’a jamais rencontré avant. Elle l’a juste vu malheureux, la chose si rare.

Le train n’est plus là. Ils restent tous les deux sur le quai, pantelants, pour finalement échanger un long regard sans signification. Ils ne savent toujours pas pourquoi.
Article ajouté le Vendredi 15 Février 2019 à 17h50 |
8 commentaires
Aux auteurs de fanfics
Bonsoir !

J'aime bien les articles pour ce genre de questions sur l'écriture. Vos fanfics vous permettent-elles parfois d'étoffer des projets hors-Pokémon, de les préciser, de les modeler, ou même de les définir ? Même de façon plus générale, de quelle façon vos projets peuvent-ils se nourrir mutuellement ? Ou alors, y en a-t-il certains pour voir les fics comme des prototypes à des projets hors-fandoms futurs ? Oula c'est profond.


Et parce que c'est court comme article, pourquoi pas retrouver le bon vieux temps en partageant la tendance musicale Lunyesque du moment ?




Bonne soirée !
Article ajouté le Vendredi 08 Février 2019 à 20h37 |
23 commentaires
Lectures I
Bonjour ! Et j'ajouterais même "comment vous portez-vous" parce que je trouve ça sympa.

Histoire d'être plus explicite qu'un article méchant, effectivement oui, le grand et lumineux Flageolaid a quitté Pokébip hier pour se tourner vers d'autres horizons, et écrits. En oubliant tout l'aspect feels et mouchoirs de l'histoire, on peut s'intéresser au manque occasionné dans la section fanfics où le haricot magique était surtout actif. Que faire sans le Soleil ??? Continuer à lire et écrire en fait, tiens.

Si je veux rigoler en dramatisant, je peux dire "olala la pression il va falloir qu'on remplace l'énorme investissement de Flageolaid dans la section", mais on sait bien qu'il n'y a pas de pression et qu'on participe au site pour se divertir, pas pour passer des heures de sa vie à essayer de mettre de l'animation à tous prix là-dedans. On commente parce qu'on aime une fic principalement, ou alors, quand on s'appelle LunElf, parce qu'on aime apporter des conseils et du soutien à d'autres auteurs et faire des rencontres et potentiellement causer écriture et etc.

Bon du coup ouais je divague un peu en fait ; je voulais surtout partager quelques fics que j'ai eu l'occasion de lire récemment, pour la visibilité et pour que bah ça me fait plaisir et plein de trucs enfin bref c'est cool. C'était un peu le but des analyses/interviews du Journal au début des choses, orienter des lecteurs vers des fics qui leur plairaient et mettre en avant des auteurs prometteurs (entre autres), mais j'ai un peu peur que justement les potentiels lecteurs ne soient pas spécialement tentés de lire un long truc sur une fic inconnue. Je vous propose donc des résumés courts ici, et espère avoir matière à faire d'autres articles du genre au fil du temps !

Tellement formatée par le Journal que j'ai mis vingt minutes pour trouver une mise en page sans cadres


| "Rayquaza", de PZ

Recueil de trois One-Shots
Créée le 15/11/2018
Terminée
Absence d'humains / Drame / Hoenn / Médiéval


_____Ça date déjà un peu, mais soit ! Il s'agit là comme indiqué d'un recueil d'O-S, au nombre de trois, qui s'articulent autour d'un fil vert conducteur : la figure de Rayquaza. Pourtant, ce Pokémon n'est pas placé au centre de ces trois textes, se contentant d'intervenir au second plan dans plusieurs situations, ce qui laisse une grande marge de diversité à chacune des histoires. Effectivement, celles-ci prennent place dans des cadres complètement différents, à plusieurs époques de l'histoire du monde Pokémon, et ne se suivent que dans la chronologie au sens pur et dur du terme : il est ainsi possible de les lire séparément.

_____Du coup, l'auteur a vraiment expérimenté des choses très variées dans chacun des O-S composant son triptyque :
Le premier offre un côté comique à l'histoire de Kyogre et Groudon en donnant à ces monstres de puissance une expression très humaine — mondaine, si j'ose dire, avec des dialogues amusants ;
Le second, bien plus sombre, dépeint un univers très complet et très gris à travers plusieurs points de vue, histoire de dénoncer quelques horreurs parmi une communauté glauque de Mélo, Mélofée et Mélodelfe œuvrant à la recherche d'une "terre promise" ;
Le dernier reprend des éléments du film Pokémon Deoxys pour rapprocher les précédentes histoires de l'univers que l'on connaît.

_____Le point fort de cette fic étant donc la diversité évoquée et ré-évoquée : chaque texte porte une ambiance particulière, très atypique à chacun d'eux, et avec des histoires d'une belle originalité (il n'y a qu'à voir le résumé du deuxième O-S). Ça se parcourt sans mal et sort de l'ordinaire, très intéressante lecture !

La fic
L'auteur



| "Livre d'images", de Misa Patata

Recueil de One-Shots
Créée le 01/12/2018
En cours (parution occasionnelle)


_____Ce recueil-ci part d'un concept original : amatrice d'art, Misa choisit un tableau pour l'illustrer d'un texte, en fonction de l'ambiance de l'image ou de ce qu'elle représente... et pourrait raconter. Là encore, on obtient un panel de textes très variés selon l'interprétation faite de chaque œuvre choisie, et chaque O-S peut se lire indépendamment de ses confrères. Ainsi, on va d'une suite d'instants figés décrits sur le moment à l'histoire auto-suffisante développant ses personnages, en passant par des textes aux allures de conte. L'auteure n'hésite pas à exprimer sa propre perception de chaque peinture tout en prenant des libertés, pour nous offrir des scénarios complets que l'on n'aurait pas cru fondés sur de simples scènes peintes.

_____Tout cela sait faire ressortir, selon les textes, les différents talents de Misa : le développement de personnage sur un format court, l'écriture de scénarios solides ; et c'est tout de même le style qui est le plus mis à l'honneur, parfois par de jolies descriptions, sinon simplement au fil du texte. Je saurai donc recommander ces quelques O-S aux amateurs de belles plumes ou belles ambiances, à ceux qui recherchent la pause agréable dans une journée grise, ou même encore aux incultes artistiques comme moi (découvrir un tableau à chaque fois est toujours un plus sympathique).

La fic
L'auteure



| "Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !", de FaNhistoria

Fic longue (27 chapitres à ce jour)
Créée le 15/09/2018
En cours (parution hebdomadaire)
Action / Alola / Amitié / Kalos / Présence de shippings


_____Alors à priori je sais que ça effraie un peu de devoir rattraper une fic déjà bien entamée, mais il faut faire plaisir aux fans du format long au lieu de s'appesantir sur les O-S, n'est-ce pas ? En plus, les chapitres sont courts, et le principal avantage que je trouve à cette histoire, c'est qu'elle se lit quasiment d'une traite et avec le sourire.

_____L'histoire met en scène deux personnages de l'anime XYZ de Pokémon, ou les deux protagonistes de la courte série "Méga-Évolution" : Alain et Manon/Martine (merci à l'auteure d'avoir conservé le nom anglais dans sa fic), envoyés dans la région d'Alola. Ils vont tous les deux découvrir la région sous le regard attendri du lecteur, pour se retrouver peu à peu mêlés à certaines magouilles impliquant des Ultra-Chimères. Le tout dans une ambiance bon enfant et colorée, avec des péripéties à la façon de l'anime et une relation très touchante entre les deux personnages. Servi par un style fluide, autant dire que oui, ça se lit tout seul !

_____Cela dit, je crains un peu que cela plaise moins à des lecteurs davantage portés sur l'action ou l'aspect sombre et réaliste des fanfics Pokémon. Ici, on est sur du gentil et touchant, pas dans le sens naïf — au contraire — mais avec en tous cas une action qui peine à démarrer et pas mal de passages qu'on pourrait trouver trop longs ou superflus. Mais si vous êtes un tant soit peu guimauve (j'exagère) ou que vous aimez bien l'anime et les choses simples, foncez, c'est une perle et ça fait passer d'agréables soirées !

La fic
L'auteure



| "Une Légende s'éveille...", de Ramius

Fic courte (6 chapitres à ce jour)
Créée le
En cours (parution hebdomadaire)
Hoenn / Organisation criminelle / Présence de personnages du jeu vidéo


_____Indéniable coup de cœur du mois/de l'année (c'est encore facile de dire "de l'année")/de ce que vous voulez, j'ai peur de trop appuyer là-dessus mais j'ai adoré cette fic dès les premières lignes (un pressentiment ?). Là, c'est pour les amateurs de réalisme : nous sommes dans une Hoenn qui s'est énormément développée grâce au commerce d'une certaine variété d'algues. L'enrichissement de la région permet à l'auteur de mettre en place tout un aspect économique et politique, deux notions largement explicitées et mises en scène, et dont les inévitables travers seront le point de départ de notre histoire : celle de Max et Arthur, dirigeants des Teams Magma et Aqua dans les jeux de la 3g, méconnaissables ici dans leur opposition au système défaillant. Ouille en fait, c'est dur de faire court pour résumer tout cela.

_____On a donc affaire à une histoire "classique" complètement revisitée avec un étonnant réalisme, des détails plus qu'appréciables sur l'économie et la politique — compréhensibles même quand on n'y connaît rien—, et un scénario qui diffère assez de ceux des jeux (c'est le moins qu'on puisse dire) pour rester palpitant. Donc l'histoire est intéressante, les personnages, adaptés au goût de l'auteur qui conserve quand même leur essence, sont franchement sympathiques dans leurs interactions, et le tout est agrémenté d'une excellente expression, claire et facile à suivre. Je ne peux pas dire plus (pas sans rentrer dans les détails, du moins), c'est génial, lisez.

La fic
L'auteur




Bon voilà, ça suffira pour une première fois. Du coup, il s'agit surtout de fics avec peu/pas de commentaires quand on exclut les miens, et principalement d'auteurs pas trop connus. J'espère avoir pu donner envie à certains de s'y pencher !
Et comme je suis loin de tout lire sur le site (on n'est pas tous Flageolaid), je serais ravie d'échanger avec les habitués sur vos propres lectures (ou sur celles-ci si vous y avez jeté un œil), au plaisir de découvrir de nouvelles choses, qui sait ! Comme le dit Soundlowan dans sa géniale dernière interview, ce sont les échanges à propos de lecture et d'écriture qui nourrissent la communauté, et je serais très heureuse d'en discuter autour d'un chocolat chaud avec ceux qui veulent.
(+ je n'autorise pas à plagier cet article, j'y encourage fortement)

Deux articles en deux jours, et mes devoirs ne sont pas faits. Passez une bonne soirée !
Article ajouté le Lundi 04 Février 2019 à 19h46 |
2 commentaires
Le Monstre
C'est bon, il est parti. Je peux enfin sortir du silence. Il est temps de vous dévoiler la cruelle vérité en ce qui concerne un désormais ancien membre du site. C'est une personne que vous connaissez tous, que ce soit sur l'espace fics, celui des blogs, voire même du côté des galeries. Vous le connaissez, et vous l'appréciez.

À tort.

Flageolaid est une personne abominable.


Ceci annonce clairement la couleur. Il disparaît sur les photos.
Seul le naïf n'y reconnaîtra pas un signe de profonde malfaisance, signe de la tromperie qu'il exerce sur ses semblables.

Déjà "Flageolaid", hein. Figurez-vous que son pseudonyme a pour seule ambition de sortir de l'ordinaire : le monstre veut, dès son inscription, être remarqué. Pire encore, il trouve charismatique cette déformation amusante d'un mot ordinaire. Et avouez donc, lequel de vous n'a jamais souri devant ce pseudonyme ? On a tous souri, en l'assimilant à cette sorte de petits haricots, mais cette image naïve ne cachait qu'un homme ricanant des apparences trompeuses, et de nous tous, crédules tombant dans le panneau. Il préparait alors la suite de sa "carrière" sur Pokébip.

Ses premiers commentaires sur le site, que certains ont su trouver un peu secs, laissaient transparaître son véritable caractère. Habile, il a pourtant réussi peu à peu à les adoucir de façon à se faire mieux apprécier de la communauté. Il a bien réussi son coup, parvenant au fil du temps à tisser des liens avec certains membres, qui en ont durement fait les frais.

Plusieurs choses se passaient en parallèle. D'abord, il a publié des fanfics. Évidemment, ces publications étaient soigneusement calculées : les premières, de niveau volontairement moyen, ont su servir de faire-valoir à ses écrits suivants pour qu'un lecteur régulier puisse noter une évolution dans son travail. Malgré une apparente modestie, un recul sur ses textes et des réponses polies à ses lecteurs, son potentiel mégalomane était bien présent, et s'est révélé il y a peu de temps sur le serveur public des auteurs du site :


Qui douterait encore après ça ?

Pourtant, c'est loin d'être tout. Je passerai rapidement sur les nombreux stratagèmes qu'il a pu employer pour se faire aimer des membres du site. Il a lancé des projets collectifs avec succès. Il a publié des recettes de cuisine sur son blog. Sur ce même blog, il nous a nargués, avec de nombreux articles qu'il prétendait écrits "au second degré" : évidemment, il n'y a exprimé que ses profondes convictions, insultant envers les auteurs de fics ainsi que le Comité de Lecture. Son article de "conseils aux auteurs de fics", notamment, illustre bien sa mentalité répugnante, et il n'y a pas à douter que lui-même suit ses propres conseils, cet article soi-disant "pour rire" servant alors à le dédouaner auprès de ses lecteurs. Je citerai les passages les plus explicites :

"liez-vous avec les membres qui commentent beaucoup les fics qu'ils lisent en espérant voir grossir votre lectorat"
"Rapprochez-vous également d'un membre du Comité pour accélérer la validation de vos futurs écrits"


L'exemple le plus flagrant de cette volonté de popularité reste ses commentaires sur de nombreuses fanfics. Nous l'avons tous vu sauter sur les nouveaux auteurs, à peine arrivés, et déjà enfermés dans ses griffes. En incluant ses suivis de fics régulières, avec des commentaires toujours ponctuels, Il s'assurait un large lectorat. Celui qu'on a fini par surnommer le "Soleil de la section" n'agissait en réalité qu'en suivant ses propres intérêts.

Malgré cette façade engageante, pourtant, il ne parlait pas à grand-monde. Son absence sur Discord a su lui éviter de devenir trop proche des membres, où il aurait alors risqué d'être démasqué. Auprès de tous, il restait donc charismatique et mystérieux, impression renforcée par son absence d'avatar il y a encore quelques mois. Pour ceux qui le connaissaient, la situation était toute autre.

Parlons d'abord de ses simples connaissances, soit les personnes dont il suivait les fics, majoritairement. On peut évoquer Lief97 et Kazumari. Harcelés sans cesse, ils ont dû quitter le site quelque temps afin de se reconstruire psychologiquement. Rodstar a cessé de poster. Keeibuy, ébranlé, peine à maintenir son rythme de parution. Ne parlons même pas d'Eliii, tout bonnement disparu suite à ses interventions, et j'en oublie tant. Que leur faisait-il réellement ? Qui peut savoir ce qu'il pouvait leur envoyer, probablement par MP, pour déclencher de telles réactions ?

Moi, je le sais.

Le nom de "Flammes contraires" ne vous est, pour la plupart, pas étranger. Cette fic est la plus représentative de ma production à mon arrivée sur le site. Une production de débutante, évidemment pleine de défauts. J'ai très vite clamé qu'ayant évolué depuis ce temps, je ne voulais plus entendre parler de cette fic-là. Ça ne l'a pas empêché d'écrire plusieurs commentaires pour la rabaisser, soulignant des défauts dont j'avais déjà conscience, dans le but de me faire perdre confiance en moi-même. Parallèlement, il continuait à dire (et continue toujours) qu'il aimait cette fic, cette fic que je détestais, pour chambouler mes perceptions de mon travail. Je suppose qu'il s'est passé la même chose avec les O-S d'Eliii, que l'auteur n'appréciait pas, encensés par Flageolaid. Et ces manipulations allaient plus loin que de simples commentaires publics. Il me harcelait par MP. Une fois, il a réécrit le prologue de Flammes contraires, façon subtile de me dire qu'il était bien plus doué que moi. Et je vous passe ses piques incessantes sur le sujet.

Je dois donc parler de ma propre expérience pour faire ressortir la vérité. Je ne dirai pas tout. Certaines choses sont trop terribles pour être mentionnées.

Il m'a souvent insultée en faisant passer cela pour de la taquinerie. Pire, je me souviens très bien de cette fois où il a tenté de me réduire à l'état de simple créature de jeu vidéo, encore un procédé visant à me rabaisser.


Pour peu de communiquer souvent avec lui, il était franc sur ses véritables pensées envers les membres de Pokébip. Il en a insulté ouvertement.


Car oui, il n'a pas hésité à prendre mon numéro de téléphone pour me harceler même durant ces pauses de réseau, mes vacances, où je mets tout en œuvre pour m'éloigner de lui. Par téléphone, par MP, par mail, tout le temps. Il ne se passe pas un jour sans que j'aie l'horreur de découvrir l'un de ses messages sur l'un de ces supports. En public, il se montre conciliant, commentant régulièrement mes textes en des termes élogieux. Parfois, il m'appelle, le soir. En m'empêchant de faire mes devoirs comme il se doit (je passerai sous silence ses multiples tentatives pour me détourner de mon travail scolaire ou me faire arriver en retard en cours, avec des MPs aux pires moments), mais surtout, de façon à faire peser davantage ses humiliations.

Il est parti, à présent. Je ne saurais exprimer avec justesse l'ampleur de mon soulagement. Cela va prendre du temps, mais je vais enfin pouvoir essayer de dépasser tout cela, retrouver une vie normale sans sa présence néfaste autour de moi. Prenez garde à lui s'il revient, que mon sacrifice n'ait pas été vain.



J'espère que vous vous en serez doutés, tout est évidemment à prendre au second degré (celui que l'intéressé affectionne). J'adore Flageolaid et j'adore son travail, et j'ai presque eu du mal à finir cet article — parce que je déteste ceux du genre, mais en fait oui, c'est drôle de le faire soi-même. Lisez sa dernière fic, lisez même toutes les autres et dites-lui qu'il est génial.

Bonne soirée !
Article ajouté le Dimanche 03 Février 2019 à 20h25 |
16 commentaires
[Texte] Boîte
Bonsoir !

Quand le dernier article à l'accueil des blogs date de dix jours, c'est intéressant de ressortir un texte inachevé de ses dossiers pour le bâc- finir et le poster. Ça parle de deux personnages qui habitent la Rue de la Quarantaine décrite plus tôt dans le blog, que j'avais dû déjà introduire il y a plus ou moins longtemps, mais comme je ne sais plus en quels termes, je ne donne pas plus d'informations (logique évidemment). Ce texte date donc d'il y a un mois à peine, ses phrases sont trop longues, et il saura rappeler quelque chose à mes visiteurs aguerris. Je crois que c'est un bon résumé.

S'il y a des gens qui lisent, bonne lecture !



Quatorze heures dix.

La pièce est évidemment plongée dans l’ombre.

« Élise. »

Une ombre chaude et enveloppante s’efface devant deux sources lumineuses : une fente dans le volet déverse timidement son propre éclat doré, tandis qu’une bougie souligne, sur un bureau, les contours de petites étagères. L’obscurité flotte dans l’air confiné en compagnie d’un quasi-silence et d’une indélogeable odeur de caféine. La déambulation de ces trois visiteurs est limitée par cinq murs rapprochés et quelques meubles, notamment un lit, un bureau croulant de rangements en désordre, un énorme oiseau bête en peluche et une commode de bois peint. On n’en distingue pas grand-chose. Il fait bon, d’un air qui suggère que la fenêtre a été ouverte plus tôt dans la journée.

« Élise, j’ai une idée. »

Au-dessus de la bougie et d’une main suspendue fermée sur un stylo, le visage de Lucia s’est tourné vers l’arrière. Sous cette faible lueur, ses traits pointus se découpent plus doucement, ses yeux noirs déjà grands lui mangent toute la figure, brillants, tout au fond, du reflet de la flamme. Allongée sur le matelas, l’interpellée papillonne sans bouger plus que les paupières, s’accoutume aux ombres puis se redresse :

« Vas-y ?
— Alors oui en fait (la chaise de la jeune femme passe sur deux, puis un seul pied, puis entame une rotation maîtrisée sur elle-même alors que les doigts de sa propriétaire se cramponnent au bord du bureau). Comme d’habitude, je ne sais pas trop si ça marcherait. Je pensais à une boîte, en carton ou peut-être en bois, tiens, avec une fente, comme une boîte aux lettres, mais des lettres qui seraient adressées à personne par tout le monde. Attends, je m’explique. En fait, les gens mettraient là-dedans des anecdotes sur eux. Enfin, des trucs. Par exemple si quelqu’un a tendance à faire craquer ses doigts très souvent alors que ça agace ses connaissances, il l’écrit et il le met. Si quelqu’un aime observer les gens. Si quelqu’un, je sais pas, si quelqu’un aime la sauce tomate. Ou les chiens. Enfin pour dire que ça pourrait être n’importe quoi. Des trucs sur eux en fait, oui. »

Elle s’arrête pour faire tourner son stylo sur la table en y portant son regard. Élise écoute attentivement tout en faisant de son mieux pour s’adosser au mur.

« Et on récolte nous-même les messages, ou ?
— Ou on laisse les gens en laisser et en prendre, je ne sais pas trop. Dans le premier cas, il faudrait un système de cadenas peut-être, ou juste une fente si on fait confiance aux passants pour ne pas se barrer avec la boîte ou piquer des papiers. Il faudra aussi trouve une boîte d’ailleurs. Dans le second cas, ce serait plutôt un bac sans couvercle. Ou un fil avec des pinces à linge. Ou. Je ne sais pas. »

Elle se tait. Élise se redresse entièrement.

« OK. Oui. Complètement. »

Son expression est devinable à son seul ton : des yeux un peu écarquillés, les sourcils hauts et l’ensemble agité d’un léger hochement de tête convulsif.

Cela signifie qu’elle est particulièrement enthousiaste parce qu’elle trouve l’idée particulièrement bizarre, brillante et stupide. Elle se lève donc et quitte la pièce :

« Je vais voir ce qu’on a comme boîtes !
— Y’en a dans le jardin et le placard du milieu du couloir ! » répond Lucia plus fort en entendant déjà les pas rapides de sa comparse dans l’escalier de bois.

Restée seule dans le noir dilué par l’ouverture de la porte, elle reste un instant pensive, puis repose la pointe de son stylo sur un bloc de post-its bleus sauvagement effeuillé en permanence. Ce n’est que la seconde idée de la semaine.
Article ajouté le Vendredi 01 Février 2019 à 20h55 |
2 commentaires
[Texte] Rue de la Quarantaine
Je me suis brutalement souvenue de ce petit truc, écrit avec quelques autres durant mes terribles vacances. Je réfléchissais à ce moment à un projet dont je n'ai plus parlé depuis longtemps, pour l'excellente raison que je l'avais complètement oublié : le nom de code en était "Chaussette", et j'ai réalisé il y a peu que les bases que j'en avais pouvaient et s'inscrire dans le début d'univers que je construis, et représenter une histoire qu'il me plairait d'écrire. Je garde ça dans un coin de ma tête en espérant glisser de temps en temps un texte dans le dossier éponyme.

Beaucoup disent aimer mes descriptions, et ce sont effectivement des passages que j'adore écrire et dont je suis assez contente en général. Cependant, ces derniers temps, j'ai souvent l'impression qu'elles sont trop complètes pour être agréables, trop précises pour laisser au lecteur la liberté de s'imaginer librement les choses, trop cadrées pour, finalement, aider à une représentation instinctive d'un lieu donné. J'espère que celle-ci n'est pas trop dans ce cas, mais je vais essayer de travailler ça.
Je trouve aussi cette description-là un peu monocorde au niveau du rythme...



Plus qu’une rue, c’est un escalier coincé entre deux murs en pente.

Du bas, cette rue débouche sur une artère plus grande en un passage assez sombre à première vue, un passage dont on ne voit que des marches grises escarpées et parsemées de plaques d’égout pour peu de ne pas lever la tête. On le remarque à peine.

Du haut, on soupçonne déjà mieux la couronne de lilas qui s’affaisse sur la venelle, le soleil qui y filtre pour glisser sur le sol en taches orangées, et la lumière que ça dégage. En plus de cela, les marches qui descendent engagent davantage le passant à s’y risquer.

Lilas ou non, de toute façon, une petite rue dans la montée, ça s’emprunte bien mieux en descente. Cela tombe bien : surplomber cette rue dès l’entrée laisse le loisir de l’apprécier.

Elle se sépare en deux moitiés : à droite, les marches occupent la plus grande part de largeur. En béton gris usé, elles ploient un peu en leur milieu, et sont proportionnées de manière à faire pester l’arpenteur (un peu trop longues, pas assez hautes), mais sans doute pour l’esthétique.

À côté, à gauche, s’étend une large bande plate un peu en contrebas, une gouttière marbrée de rayures régulières, transformée en torrent par temps de fortes pluies. Sèche pour le plus souvent, elle est trop abrupte pour être pratiquée — à moins d’enfants aventureux — et collectionne ainsi les paquets de feuilles mortes, ou de bonbons, ou de ficelles de provenances mystérieuses. Au-dessus, quelques passerelles au mieux de béton fissuré, au pire de planches bancales, relient les escaliers à des portes déglinguées sur le mur opposé.

Le mur de gauche change souvent de couleur et de revêtement, tantôt brun, tantôt crème ou blanc cassé, voire seulement en mauvais état. Les portes semblent donner sur des jardins pour la plupart, ce qui ouvre le ciel du passage, bouché malgré tout par quelques immeubles hauts en contre-plongée — qui, pourtant, ne dépassent pas les trois étages.

Le mur de droite ne s’arrête que plus loin vers le ciel, uniformément gris, et sans porte : il semble protéger une grande propriété, se dira le premier venu, mais les grandes propriétés sont rares dans ce coin de la ville. Le mystère plane donc… comme les effluves de feuilles qui émanent de derrière ce mur.

Cet ensemble est passablement sale. La présence de végétaux au-dessus d’une grande longueur de rue y est pour quelque chose : les feuilles et brindilles s’amoncellent dans tous les coins pour pourrir tranquillement, du lierre, en sale état, lézarde tous les murs. Ce n’est qu’une contribution aux saletés habituelles d’un coin de rue un peu sombre, dans une ville pas spécialement propre. Mouchoirs, sacs plastiques et trucs pas très identifiables se battent en duel dans les recoins avec leurs camarades d’infortune biodégradables.

Au bas d’un mur néanmoins, quelqu’un a eu le goût, pour contrebalancer, de peindre une grande fleur colorée près d’une touffe d’herbe qui dépasse.

La voûte de verdure agrémente donc l’espace d’une fraîcheur et d’une odeur agréables, le lilas est joli même par ses seuls pétales tombés au sol, et parfois, les logements proches gratifient le passage de gammes de piano appliquées ou d’airs des années 70.

Ainsi, il est sympathique d’y passer à moins d’une crue de gouttière, et sympathique d’y vivre pour peu d’aimer les fleurs.
Article ajouté le Samedi 12 Janvier 2019 à 18h58 |
5 commentaires
[Texte] Note
L’hiver s’annonçait particulièrement rude cette année-là. Outre des récoltes moyennes, la cité de Village accueillait une importante population nomade, dont les quartiers, sur l’emplacement décidé par la Direction, étaient encore en pleins travaux. Aucun abri ne les isolerait, cette année, des rudes températures. D’une façon plus globale, l’humeur des habitants était toujours maussade, pour les raisons que l’on connaît.

Néanmoins, de leur demande, la Direction lança ce fameux projet d’architecture originale et lumineuse qui parle à tout Villageois aujourd’hui. Le mot d’ordre était Réconfort, et il en fut ainsi… On érigea d’abord un socle, une estrade carrée d’un mètre de hauteur, accessible par quelques marches, et dont la superficie empiétait largement sur le centre de la Place Decoret pour une quinzaine de pas de côté. Dans ce support tout de planches dorées et le sol en dessous, on perça quatre grands trous, aux quatre coins, pour y lever quatre piliers vers le ciel gris. Tout de noir revêtus, ils s’évasaient légèrement vers l’extérieur, et la structure ainsi formée culminait à quelques trente mètres. Une fois renforcée, celle-ci accueillit un chapiteau pyramidal reposant ses coins sur chacune des quatre poutres. Pour combler les espaces entre elles, on utilisa de larges plaques de roche transparente acheminée de la carrière proche, polies, et reposant sur des maillages de poutres transversales plus fines.

Au centre de cet édifice désormais isolé du vent, une nouvelle construction du même bois que le sol, à la forme d’un arbre atteignant presque le plafond, offrit l'asile, dit-on, cinq milliers de bougies au sein ses branches ; chacune protégée par un petit écrin de verre. Plusieurs personnes furent engagées à les entretenir, plusieurs heures par jour de pluie, plusieurs heures par nuit.

Des bancs furent ménagés à l’intérieur pour laisser les habitants, de temps en temps, profiter de la chaleur et de la lumière dégagées. De loin, l’objet était un phare doré, rappelant à chacun que la lumière existait même en ces temps sombres.

Cette œuvre terminée fin décembre de l’An Terne, on lui donna ce nom. Cette première lanterne se déclina ensuite en ces objets bien plus petits, transportables, que l’on a vu fleurir une époque avant l’évolution des lumières magnétiques.



Une idée qui me trottait dans la tête depuis septembre. Je l'ai adaptée à mes maigres débuts de worldbuilding qui traînent ces derniers temps, sans réfléchir plus que ça à la cohérence, ni à si je garderai cet élément bizarre dans mon... univers. Oulà non, n'allez pas croire que j'ai un univers. Non non.

Bonne soirée !

Article ajouté le Samedi 05 Janvier 2019 à 22h54 |
23 commentaires