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La treizième heure de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 16/08/2020 à 04:23
» Dernière mise à jour le 16/08/2020 à 04:30

» Mots-clés :   Kalos   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Suspense   Terreur

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-2 • L’heure d’arrivée
Le premier pas que fit Izaya sur la pierre dure qui recouvrait le sol de la gare d’Illumis sonna le début d’une toute nouvelle aventure pour lui. Il sortit du Train à Méga Vitesse bleu blanc rouge sans même lui accorder un dernier regard. Le jeune homme embrassa les lieux du regard, un plafond immense, un quai d’une longueur excessive, des colonnes prétentieuses… Tout était à l’image de la ville : démesurément grand, et d’une beauté urbaine à couper le souffle.

« C’est beau, hein, Marill ? Rien à voir avec Hoenn ! » demanda le jeune homme aux cheveux de jais à son Pokémon, qui était juché sur son épaule gauche. La souris rondouillarde au corps bleu et blanc acquiesça vivement. Son dresseur sourit de plus belle.

Non loin de là, au bout du quai duquel il n’avait pour l’instant pas bougé, un groupe de trois Vauriens l’observait d’un œil mauvais : un jeune homme dont l’unique mèche était teinte en bleu turquoise, et deux jeunes filles au crâne rasé d’où pendaient de longues tresse rose vif. Trois paires d’yeux gris transperçaient Izaya du regard.

– T’es sûr de toi, Hohneck ? J’ai un mauvais pressentiment au sujet de ce type, chuchota l’une des jeunes filles à son acolyte.

– Relax, Roxie. Tu vois bien qu’il est totalement inoffensif. C’est qu’un pauvre touriste avec un Marill, répondit le dénommé Hohneck.

– Alors pourquoi on le détrousserait ? s’étonna la seconde jeune fille. Un Marill, c’est pas ouf à voler. Si tous ses Pokémon sont aussi nuls…

– Parce que je suis sûr qu’il a du blé. Illumis c’est pas vraiment une ville bon marché, Mitzi, lui rappela-t-il. Alors, on y va ?

Même si elles ne semblaient pas tout à fait convaincues, les deux jeunes filles hochèrent la tête, et le trio s’avança donc vers le jeune touriste, d’un air menaçant. Ce dernier les regarda arriver le sourire aux lèvres. Il ne semblait pas pour le moins du monde intimidé par ces voyous qui s’approchaient de lui. Cette nonchalance mit Hohneck en colère : ce type se moquait d’eux ! Alors comme ça ils ne lui faisaient pas peur, hein ? Il allait voir ce qu’il allait voir !

– Hé toi ! Tu vas nous filer tout ton fric, et sans discuter ! J’te conseille pas d’essayer de résister ! lui lança rageusement Hohneck, Poké Ball à la main, l’air prêt à en découdre.

– Ouais ! Obéis et on ne te fera pas de mal ! renchérit Roxie, imitant son comparse.

Mitzi, elle, se contenta de fixer le jeune touriste d’un regard noir, les bras croisés. Contre toute attente, le jeune homme qu’ils étaient en train de menacer se mit à rire, d’un rire franc et mélodieux.

– Ça te fait rire ? cracha Roxie, hors d’elle.

– Tu vas voir ce qu’on fait aux gens qui prennent pas au sérieux le Gang des Allumés ! hurla Hohneck. Escroco, go !

La Poké Ball d’Hohneck libéra un reptile couleur sable aux écailles rayées de noir. Malheureusement, la déclaration de guerre d’Hohneck ne fit que redoubler les rires du touriste.

– En même temps, difficile de vous prendre au sérieux avec un nom pareil ! réussit-il à articuler au milieu de son fou rire.

– Grr ! Trop c’est trop ! Tu vas payer pour t’être moqué de nous ! s’écria à son tour Mitzi. Frison, go !

Furieuse elle aussi, Roxie envoya également son Vostourno au combat, et bientôt les trois Pokémon du Gang des Allumés faisaient face au touriste et à son Marill sur le quai désert de la gare d’Illumis. Le jeune homme s’arrêta alors de rire – mais pas de sourire – et redressa ses lunettes sur son nez, flegmatique.

– Je pense qu’une petite leçon d’humilité ne vous fera pas de mal, déclara-t-il d’un ton posé. Marill, à toi l’honneur.

La petite créature aux oreilles rondes et au ventre rebondi sauta alors de l’épaule de son dresseur et vint se placer face aux trois Pokémon du Gang. Leurs yeux lançaient des éclairs. Marill, lui, comme son dresseur, souriait d’un air béat. La haine et l’euphorie se percutèrent alors de plein fouet.

L’affrontement fut aussi terrible que bref. Le Marill de l’énigmatique touriste évitait de lui-même toutes les attaques de ses trois adversaires, et ce avec une grâce certaine. Les rares fois où son dresseur ouvrait la bouche, ses ordres ne se résumaient bien souvent qu’à un ou deux mots, voire un simple geste. Autrement, il se contentait d’observer la bataille comme s’il n’était qu’un simple spectateur, l’air satisfait, et bien sûr, sans jamais se départir de son sourire.

Lorsque le conflit cessa, l’issue était sans appel. Sur le sol de la gare d’Illumis, humidifié par les Cascades dévastatrices de Marill, gisaient inconscients l’Escroco d’Hohneck, le Vostourno de Roxie et le Frison de Mitzi. Leurs dresseurs, anéantis, se précipitèrent à leur chevet.

– Ils n’ont rien de grave, affirma le jeune homme. Marill sait doser sa force. S’il s’était donné à fond, vos Pokémon seraient tous morts à l’heure qu’il est. Et vous aussi, probablement. Cela dit, je vous conseille tout de même de vite vous rendre au Centre Pokémon.

Sa voix était effroyablement calme. À ces mots, les trois membres du Gang des Allumés rappelèrent leurs Pokémon dans leur Poké Balls et se redressèrent, penauds. Ils relevèrent la tête vers celui qui venait de les battre à plate couture. Pire même, qui venait de leur infliger une humiliation publique. Incrédules, les rares curieux qui se trouvaient là observaient la scène de loin. La réputation du Gang des Allumés les précédait, et personne n’avait envie de se mêler de leurs affaires : il était de notoriété publique que cela revenait à vouloir s’attirer des ennuis.

Et pourtant, cette fois-ci, c’était le gang qui s’était attiré des ennuis. Leur regard, tourné vers le jeune touriste, semblait exprimer un mélange complexe d’incrédulité, de haine profonde, mais aussi, étrangement, de reconnaissance :

– Tu… Tu nous laisses partir…? s’enquit Mitzi d’une voix blanche.

Elle n’arrivait même pas à cacher son étonnement.

– Rêve pas trop, Mitzi. C’est un piège. Il va nous frapper par derrière avec son Marill tueur dès qu’on aura le dos tourné, dit Hohneck d’un ton assassin.

Le jeune homme aux cheveux noirs secoua alors la tête d’un air consterné :

– Je viens juste de vous dire que si j’avais voulu vous tuer, j’aurais pu le faire sur-le-champ. Il ne m’aurait été d’aucun intérêt d’attendre. Non, je ne compte pas vous tuer. Je ne dénoncerai même pas votre ridicule tentative de m’extorquer de l’argent si vous acceptez de faire quelque chose pour moi, leur proposa-t-il.

Le gang écarquilla les yeux de surprise.

– Et c’est quoi ? demanda Roxie, méfiante.

– J’aimerais que vous m’acceptiez dans votre gang, demanda le jeune homme qui avait retrouvé son habituel sourire.

– Quoi ? s’étouffa presque Hohneck sous le coup de l’étonnement.

– Oui. Et comme vous venez de le voir, je pense que vous avez beaucoup à y gagner.

– Mais pourquoi ? demanda Mitzi, abasourdie.

– Excellente question, répondit le jeune homme. Voyez-vous, j’arrive tout droit d’Hoenn, où ma famille vit décemment. Ils n’ont aucune ambition… Alors que moi, je veux devenir riche, très riche. Plus que je ne le suis déjà. Je pense que nous avons au moins ça en commun. Illumis regorge de merveilles. C’est probablement la plus grande ville du monde. Mais s’enrichir n’est pas une mince affaire… J’ai déjà la force brute, mais vous, vous avez la connaissance.

Le trio s’entreregarda sans comprendre.

– La connaissance d’Illumis, reprit-il en précisant sa pensée. Je suis certain que vous connaissez les moindres recoins de la ville. Moi, je viens d’arriver. Ensemble, nous pourrions faire de grandes choses. Je pense que si nous faisons alliance, vous n’aurez pas à le regretter.

Ses yeux noirs brillaient de détermination. Mais un large sourire illuminait toujours son visage. Le Gang des Allumés était en proie à une confusion manifeste. Et pour cause, un touriste à l’air totalement écervelé s’était révélé être un dresseur de talent, et un fin manipulateur. Roxie songea qu’elle avait eu raison de se méfier. Mais il était trop tard pour regretter. Il fallait désormais trouver comment se tirer de ce mauvais pas.

Et une chose était très claire : cet homme était dangereux. Il valait mieux être dans son camp plutôt que de se retrouver contre lui. Ils venaient d’en faire les frais. Les trois complices échangèrent un regard lourd de sous-entendus. Il fallait se rendre à l’évidence : ils n’avaient pas vraiment le choix. Qui sait ce qu’il pourrait se passer si jamais ils refusaient. Derrière son sourire de façade semblait se cacher une âme emplie de noirceur. Il pourrait parfaitement les traquer pour les tuer un par un. Hohneck frissonna à cette idée. Il tenta malgré tout de reprendre contenance et grommela entre ses dents :

– Bon… C’est d’accord.

– Formidable ! s’exclama Izaya.

En quelques secondes, la vie du Gang des Allumés avait pris un tournant sinistre.

*
Alors qu’il marchait tranquillement dans les rues d’Illumis, Izaya sourit en se remémorant ce jour glorieux où il était arrivé à Illumis et où il avait fait la connaissance du Gang des Allumés. Il avait tout de suite vu leur potentiel comme subalternes faciles à manipuler. Et aujourd’hui, la chance lui souriait une fois de plus : il venait de faire la rencontre d’une autre candidate qui semblait encore plus encline à lui obéir aveuglément. Anja était pour lui la complice idéale : stupide, naïve, éperdument éprise de lui, et surtout, dotée de pouvoirs dont il pourrait se servir.

« Quelle belle journée ! Elle promet une soirée encore plus belle. » songea-t-il joyeusement. Il adorait se promener dans Illumis de nuit. Il admirait les bâtiments illuminés de la Rue Septentrionale tandis que ses pas le menaient à sa destination : la gare d’Illumis. Le lieu où tout avait commencé. Mais même si Izaya se sentait d’humeur nostalgique en belle cette soirée d’avril, il se rendait dans la gare pour une raison bien moins symbolique : il avait un message à adresser au Gang des Allumés.

Le moyen de communication du gang lui avait certes paru étrange au début : pour échanger, ses membres se laissaient des messages écrits qu’ils accrochaient derrière les panneaux d’horaires du TMV, car la gare était en quelque sorte leur QG. Ainsi, Izaya s’était retrouvé plutôt désappointé lorsqu’il s’était rendu compte qu’il avait acheté des Holokits à ces trois demeurés pour rien. Heureusement, il avait enfin pu se débarrasser de l’un d’eux en le donnant à Anja aujourd’hui.

Il avait naturellement tout d’abord trouvé ce système complètement absurde et bien moins pratique que la communication par Holokit. Cependant, lorsque le gang lui avait expliqué qu’il ne faisait pas confiance aux Holokits, car ils pouvaient être surveillés et mis sur écoute par la société qui les construisait, Izaya avait jugé qu’il ne valait en effet mieux pas courir le risque que leurs activités illicites soient découvertes.

Il s’était donc plié aux étranges pratiques du gang. Cela ne l’avait pas empêché de conserver son propre Holokit, dont il usait cependant désormais avec prudence, pour ne pas éveiller les soupçons. Avant de passer sous l’arche de pierre qui menait à la gare d’Illumis, Izaya huma une dernière fois l’air du soir. Le ciel était dégagé, et la pleine lune scintillait au milieu des étoiles. « Une nuit parfaite pour élaborer le plan le plus brillant de tous les temps. » pensa Izaya. Rien n’aurait pu gâcher son bonheur.

Il réfléchissait à son plan depuis qu’il avait quitté Anja, dans l’hôtel. Le plan parfait. Cette fois-ci il allait devenir riche pour de bon, et mener l’existence de luxe qu’il méritait. Et si cela impliquait de sacrifier quelques nuits au Grand Hôtel Le Crésus, eh bien qu’il en soit ainsi. L’occasion était trop belle. Izaya pénétra dans la gare le visage empreint d’une euphorie rare. Il était pour ainsi dire tout le temps joyeux, mais rarement autant.

Le bâtiment était toujours le même. Le même plafond immense, les mêmes colonnes impressionnantes… qui n’impressionnaient plus du tout Izaya, désormais habitué à elles. Blasé, même presque : le plafond avait beau être excessivement haut, il rêvait de plus haut encore. Et personne ne pourrait empêcher son rêve de se réaliser.

Le soir venu, la gare était quasiment déserte. C’était mieux ainsi. Personne ne le verrait écrire son message. Izaya se dirigea donc avec son flegme habituel vers le second panneau d’affichage de la gare. Il se plaça derrière, vérifia que personne ne l’observait, puis se mit à fouiller frénétiquement dans sa sacoche. Il en extirpa rapidement un petit calepin dont il arracha une feuille, du scotch et un stylo. Ces outils ne quittaient plus son sac depuis qu’il avait rejoint le Gang des Allumés.

Il apposa la feuille arrachée sur le panneau et écrivit ces quelques mots dessus : « Besoin d’aide. Point de RDV habituel. » Puis il scotcha le morceau de papier sur le dos du panneau. « J’espère que ces abrutis le verront dès demain matin et qu’ils se précipiteront pour venir me voir. Mais bon, ils sont tellement prévisibles que le contraire m’étonnerait fortement. » se dit-il avec amusement.

Son message délivré, Izaya quitta la gare le cœur léger. Il était tard. Mais il lui restait encore une chose à faire. « Heureusement, ils sont ouverts à toute heure de la journée… et de la nuit. » songea-t-il. À peine sorti de la gare, il héla le premier taxi bleu qu’il aperçut. Le chauffeur lui adressa un sourire courtois et dit :

– Merci d’avoir choisi les Taxis Illumis ! Le tarif de base est de 710 Pokédollars, mais il augmente avec la distance. Voulez-vous monter ?

Il semblait réciter un texte qu’il avait déjà répété des milliers de fois. Ce qui était probablement le cas. Izaya hocha la tête et prit place dans la petite voiture azur.

– Alors qu’est-ce qui vous intéresse ? reprit le chauffeur lorsqu’Izaya se fut installé.

Izaya lui offrit son plus beau sourire et répondit, allègre :

– Au Chic-à-Porter, s’il vous plaît.