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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 17/09/2017 à 09:35
» Dernière mise à jour le 14/01/2020 à 15:43

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 329 : Dans l'antre de l'ennemie
Erend se réveilla comme il s’était évanoui : dans la douleur. Ce n’était pas cette fois la main démoniaque de Lyre Sybel qui aspirait sa force vitale qui était en cause, mais des chaînes aux maillons taillants qui maintenaient fermement en place son corps ensanglanté sur une espèce de pieu. Il était attaché quelque centimètres au dessus du sol, histoire qu’il ne puisse pas bénéficier d’appui pour soulager ses bras meurtris. Il remarqua également qu’il était totalement nu, mais c’était là le moindre de ses soucis actuel.

- Mes salutations, Erend Igeus, fit une voix étrange et résonnante. Cela fait un petit moment que nous nous sommes vus.

Avant d’essayer d’identifier son interlocuteur, Erend jeta un coup d’œil à la pièce où il se trouvait, le tout en essayant de bouger le moins possible, car chaque geste lui coûtait une douleur atroce. La salle était grande, mais totalement vide. Il n’y avait aucune fenêtre, et les murs étaient noirs, avec le symbole du Grand Empire de Johkan un peu partout. Seule chose remarquable sur le mur d’en face d'Erend, exposé de telle sorte qu’il ne pouvait pas le manquer, un portrait géant de Lady Venamia dans toute sa gloire, drapée de sa cape et de son uniforme noir couvert de médailles, son éclair d’Ecleus dans sa main lui accordant une aura divine.

Erend ricana ostensiblement à cette vision, puis s’intéressa à son visiteur. Un seul coup d’œil suffit pour savoir que celui-ci n’était ni humain, ni Pokemon. Tout son corps était fait de métal, et ses yeux bleus luisaient d’une lueur purement artificielle. L’être mécanique avait une crinière rouge sur tout le haut du dos, dont la totalité des pics auraient pu transpercer un homme. Erend n’était pas habitué à rencontrer de tel personnage, mais celui-ci, il s’en rappelait fort bien.

- Vous êtes… D-Zoroark… s’étonna-t-il.

- Je suis honoré de voir que vous vous souvenez de moi, dit le Pokemon Méchas.

- Comment aurai-je pu oublier ? Vous vous êtes fait passer pour l’un de mes collègues Dignitaire tout au long de la guerre avec la Team Rocket, ceci dans l’unique but de l’aggraver.

- Et vous m’avez laissé faire alors que vous étiez au courant, lui rappela D-Zoroark.

- Vous serviez bien mes intérêts, se justifia Erend. J’avais besoin que les Dignitaires acceptent pleinement le conflit contre la Team Rocket.

D-Zoroark ricana de bon cœur.

- J’ai su dès l’instant où je vous ai vu que vous seriez un humain tout particulièrement intéressant. Bien plus que votre père que j’ai si facilement manipulé. Eclairons un peu votre situation maintenant. Savez-vous où vous vous trouvez ?

Erend regarda autour de lui à nouveau et fit mine de réfléchir :

- Hum… Vu les symboles sur les murs et ce charmant portrait mégalo-kitch… Je pense pas me tromper en affirmant que je suis chez Lady Venamia, au Palais Suprême de Veframia ?

- Correct. Lyre Sybel et Vilius vous ont amené à elle, et elle vous a placé dans cette pièce en attendant que vous vous réveillez. J’ignore ce qu’elle a prévu pour vous, mais vous devriez vous attendre à quelques moments désagréables.

- Je lui fais confiance pour ça. Qu’en est-il de Julian ? Il va bien ?

- Ah, le rejeton de Venamia ? Il a été capturé avec vous. Venamia l’a amené autre part. Il doit être tout aussi prisonnier que vous, mais je doute qu’elle ait fait usage de chaînes en pointes pour lui.

Erend ne pensait pas que Venamia soit assez sadique pour torturer son propre enfant, mais il craignait quand même ce qu’elle pourrait lui faire quand elle découvrirait qu’Erend l’avait totalement retourné contre elle.

- Et vous, qu’est-ce que vous fabriquez ici ? Demanda-t-il ensuite au Pokemon Mécha. Vous êtes un allié de Venamia ?

- Allié est un bien grand mot. Disons que je suis un observateur. J’ai un peu aidé Venamia à arriver au pouvoir en prenant l’apparence de l’ancien Chef d’Etat Traest Treymar, mais depuis je me contente d’observer cette guerre.

- Oh, alors Treymar, c’était vous aussi ? S’étonna Erend. Ceci explique cela. Les Pokemon Méchas ont donc aidé à l’ascension de Venamia ? Elle n’avait pas assez d’amis maléfiques du côté d’Horrorscor ?

- Mes… frères Méchas ne sont pour rien dans tout cela. J’ai agi de mon propre chef après avoir coupé les ponts avec eux. Désormais, je suis un fugitif, me cachant chez les humains sous mes nombreux visages. Ici, au Grand Empire, on me connait comme étant l’ancien Agent 006 de la Team Rocket. Venamia est au courant, et me laisse tranquille tout en écoutant mes bons conseils à l’occasion. Je ne suis pas spécialement de son côté non plus. Je vous l’ai dit : je ne fais qu’observer. Un peu comme vous, les humains, quand vous regardez un beau match Pokemon et que vous encouragez les deux à la fois.

- Charmante comparaison, sourit Erend. Pour des êtres aussi évolués que vous, nous ne sommes que des Pokemon débiles qui se battent pour les bons yeux du public ?

- Ne vous dépréciez pas autant, Erend Igeus. Je le répète ; vous êtes un humain fascinant, tout autant que Venamia. Je dois avouer que je me suis prit d’affection pour les humains. Vous êtes si rigolos, si inventifs, si prompts à vous entretuer… Mes semblables veulent à terme vous exterminer, de même que les Pokemon, pour créer un monde uniquement composé de Pokemon Méchas, basé sur l’ordre, la logique et la perfection universelle. Mais ce serait un monde bien ennuyeux. Un monde que je refuse. J’attends donc de voir le résultat de cette guerre mondiale, et le moment venu, je me rangerai du côté du vainqueur pour combattre mes frères et mon père, D-Arceus. C’est lui le véritable ennemi de l’humanité, pas Horrorscor.

Erend avait en effet entendu parler de cet être, un robot super-évolué et quasiment invincible qui avait été conçu par la Team Rocket il y a plus de vingt ans : Diox-BOT, le Pokemon Mécha originel, à l’image du Dieu Arceus. Il avait été pensé comme une arme ultime au service de la Team Rocket, mais Diox-BOT n’avait pas pu être contrôlé, finalement. Il s’était échappé en éliminant tous les scientifiques du projet, dont la propre mère des Crust, Livédia. Il n’y avait qu’un seul survivant : le professeur Natael Grivux, qui travaille pour la X-Squad actuellement.

- C’est rassurant de savoir qu’on pourra compter sur quelqu’un d’aussi digne de confiance que vous, ironisa Erend.

- Oui, enfin… y’a toutes les chances pour que ce ne soit pas vous. Je ne donne pas cher de votre peau maintenant que Venamia vous a entre les mains, et sans vous, votre Confédération va s’écrouler comme un château de cartes. J’ai étudié assez la politique humaine pour savoir que ni votre soi-disant Reine de l’Innocence, ni votre conseil de Chefs d’Etat ne pourront maintenir cette alliance à flots. Je suis venu vous saluer par respect pour vous et l’amusement que vous m’avez procuré, mais je crois que Lady Venamia a gagné cette guerre. Ce sera donc avec elle que je lutterai contre les miens.

- L’humanité est mal barrée alors…

- Pourquoi ? Lady Venamia a déjà combattu mes frères, et a triomphé. Elle a éliminé D-Deoxys aux côtés de ses anciens compagnons de la X-Squad. D-Suicune a lui aussi été vaincu à Unys il y a deux ans. Diox-BOT est d’un tout autre niveau bien sûr, de même que la plupart de mes autres frères, mais je garde espoir. Vous les humains, vous avez quelque chose que les Pokemon Méchas n’auront jamais : l’art de ne jamais renoncer, et de toujours trouver des solutions toujours plus absurdes les unes que les autres. Les miens ne résonnent que par la pure et simple logique. Ils n’arrivent donc pas à prévoir vos actions, tandis que eux sont très prévisibles.

Des bruits de pas se firent entendre dans la pièce, suivis par une voix moqueuse qu’Erend attendait depuis son réveil.

- Mais ce cher Igeus aussi est très prévisible, D-Zoroark. C’est ce qui lui vaut d’être ici, enchaîné, totalement à ma merci.

Lady Venamia n’aurait pas pu avoir un visage plus satisfait. Son œil rouge brillait intensément d’une joie cruelle contenue, et même son œil gris et froid semblait s’être un peu réchauffé. Son sourire laissait présager des choses assez désagréables pour Erend, surtout qu’elle avait en main son fameux fouet électrique.

- Il a agi exactement comme que je l’ai prévu en envoyant ses protecteurs DUMBASS à la recherche d’une chimère que j’avais tout spécialement créée pour eux, poursuivit-elle.

- J’admet, lui concéda Erend. C’était un piège grossier, et j’ai foncé dedans. Cela étant, même avec les DUMBASS pour me protéger, je ne sais pas si ça aurait changé grand-chose face au Marquis des Ombres. Mais s’il n’avait pas été là, ce n’aurait sûrement été tes troupes ou ces mercenaires de la Garde Noire qui auraient pu m’attraper !

- À chacun ses alliés, se contenta de dire Venamia. Moi, j’ai les Agents de la Corruption et les Démons Majeurs, et toi, tu as les kalosiens, leur fromage et leur champagne.

Erend ne répondit pas à cette pseudo blague provocatrice. Il préférait pour sa part les kalosiens à des gars qui ne rêvaient que d’apporter ruine et corruption au monde.

- Bien. D-Zoroark, je vous ai laissé faire vos adieux à Igeus. Merci de vous retirer maintenant. Ce qui va se passer dans cette pièce ne regarde que nous.

Le Pokemon Mécha s’inclina ironiquement, puis dit à Erend :

- C’est donc un adieu, Erend Igeus. Merci pour ces quelque années d’amusement. Je vous souhaite… euh… de passer un agréable moment.

Les deux humains attendirent qu’il se retire, puis une fois qu’il eut refermé la porte derrière lui, Erend demanda :

- Alors, quel est le programme ? Cuir, fouet et bondage, apparemment ?

- Je vais te tuer, naturellement, dit Venamia. Du moins je finirai par le faire une fois que je serai lassée. Avant, je compte bien sûr te torturer de diverses façons possibles, et ce pendant des semaines, des mois, peut-être même des années.

- J’ai toujours apprécié ton honnêteté, sourit Erend.

- Tu es responsable de ton propre sort, Igeus, répliqua la Dirigeante Suprême. Je t’avais pourtant fait une offre alléchante, quand nous nous sommes combattus sur Atlantis, tu te souviens ?

- Ah oui, tu veux dire t’épouser, diriger le monde ensemble, faire un gosse et fonder une lignée millénaire de tyrans ?

- J’étais sincère. Mais c’était une offre limitée. Je ne te la reproposerai plus, et tu vas vite regretter de ne pas avoir accepté.

- Je doute de le regretter. La mort me parait plus douce qu’une vie commune avec toi. Nous aurions eu très vite besoin d’une armée de conseillers conjugaux…

- Nous n’aurions pas été obligé d’être constamment ensemble. Tu aurais pu régner sur un continent par exemple, loin de Johkan. Nous ne nous serions retrouvés que de temps en temps, pour… quelque moments de plaisir…

La voix de Venamia avait soudainement pris des accents sensuels, ce qui faisait très bizarre sur cette femme. Erend remarqua avec inquiétude qu’elle s’était rapprochée de lui. Beaucoup trop rapprochée.

- Euh…

Venamia l’empêcha de parler en emprisonnant ses lèvres avec les siennes. Erend fut si stupéfait qu’il ne chercha même pas à s’arracher au baiser. C’était étonnant de constater qu’une femme si froide, qu’on surnommait même Cœur de Glace, puisse posséder une bouche si chaude et douce… Le besoin d’air fit que Venamia recula, mais un temps seulement. Elle retourna l’embrasser au cou désormais, en descendant petit à petit. Erend était un peu prit de court par la tournure des évènements. Il s’était attendu à bien des tortures originales et sadiques, mais pas à celle-là.

- Je… tenta-t-il de dire tandis que Venamia suçait avidement ses tétons. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…

- Vraiment ? Lui a l’air de penser différemment pourtant, fit Venamia en montrant du doigt l’entre-jambe d’Erend.

Elle commençait à retirer sa cape et son uniforme avec hâte, tout en collant son visage sur le sien, et Erend put contempler au plus près ses yeux vairons, l’un bleu l’autre rouge. Ils fichaient les jetons de loin, mais de près, ils étaient magnifiques…

- Je te désire, Erend Igeus, dit-elle. Tu es mon égal d’esprit, la personne qui aura été la plus digne de m’affronter. Je crois qu’au fond de toi, tu me désirais aussi. Mais j’ai fini par gagner, et crois moi, je vais te faire souffrir comme jamais un humain n’a souffert. Alors, profite de cet instant, qui sera véritablement ton dernier d’agréable. Nous avons beau être des conquérants, des visionnaires, des maîtres penseurs, nous restons aussi des humains, alors laissons un peu parler nos désirs refoulés, d’accord ?

Erend ne prit pas la peine de donner son accord. Venamia n’en avait pas besoin de toute façon, attaché et impuissant comme il l’était. Tenter de résister ne lui aurait apporté que plus de souffrance. Puis pourquoi résister, après tout ? Erend n’attendait rien, aucune aide, aucun miracle. Il n’avait comme horizon que les tortures que Venamia avait prévues pour lui, puis la mort. Ce bref moment était sans doute le seul plus ou moins agréable qu’il aurait. Alors Erend se laissa aller aux caresses et aux baisers de Lady Venamia. Non… en ce moment précis, elle n’était pas Lady Venamia, mais Siena Crust.


***


Vilius commençait à avoir mal au crâne du fait des cris stridents et incessants du prince Julian qui se débattait comme un beau diable contre les murs de sa chambre, comme s’il espérait pouvoir les détruire.

- JE VEUX PAS, JE VEUX PAS, JE VEUX PAS ! Je veux pas retourner chez maman ! Elle est méchante ! Je veux Erend !

Vilius soupira, sachant que toute tentative pour calmer le gamin échouerait. Il pesta en silence contre Venamia qui lui avait demandé de rester avec son gosse le temps qu’elle arrive. Apparement, elle était partie s’amuser avec Igeus avant même d’avoir revu son fils qu’elle n’avait plus vu depuis un an. Tu parles d’une mère…

- Vous êtes tous méchants dans le Grand Empire ! Poursuivit Julian. Vous avez attaqué le pays de papa ! Vous avez envoyé de méchants Pokemon pas beau détruire Hoenn ! Je VEUX PAS rester ici !

Eh bien, Igeus ne l’avait pas manqué, à sa jeune Altesse Royale, constata Vilius avec amusement. On aurait dit que le gosse récitait une leçon. Il ne devait pas comprendre la moitié des concepts qu’Igeus avait tenté de lui apprendre. Vilius se demanda vaguement si quelqu’un à la Confédération lui avait dit que Venamia avait coupé la tête à son père l’Empereur Octave.

Le fait est que ce garçon était précieux politiquement ; Igeus l’avait bien compris. Le Grand Empire avait beau avoir conquis la région Elebla, il ne pouvait pas encore prétendre à la diriger. Elle était trop vaste, et de ci de là, le peuple se soulevait toujours. Pour faire rentrer tout le monde dans les rangs et véritablement annexer Elebla à Johkan, il fallait que l’Empire Lunaris ait un souverain légitime, dans lequel le peuple se reconnaîtrait. Vilius savait que Venamia comptait placer son fils sur le trône impérial au plus vite. Même si les lunariens sauraient très bien que c’est Venamia qui commandait derrière, ils accepteront Julian oc Lunaris comme empereur légitime.

- JE VEUX PAS JE VEUX PAS JE VEUX PAS JE VEUX…

- Moi non plus, je veux pas ! S’exclama Vilius.

Le garçon arrêta ses cris, surpris. Vilius vérifia que la salle n’était pas encore équipée de caméras et de micros, puis hocha la tête à l’adresse du petit prince.

- Oui, je veux pas. Ta maman me donne toujours le sale boulot… des trucs méchants à faire. Je n’ai pas envie de les faire. J’aurai plutôt envie de lui dire mes pensées et de l’envoyer chier. Mais je me retiens, et je m’oblige à faire ce qu’elle veut, même quand il s’agit de jouer la nounou d’un braillard comme toi. Pourquoi d’après toi ?

Vilius doutait que ce gamin de quatre ans ait bien compris ce qu’il voulait dire, et pourtant, il avait l’air de réfléchir.

- Je ne sais pas…

- Bah, je le fais, parce que comme tu as dit, ta maman est méchante. Si on ne l’écoute pas, elle peut nous faire très mal. Il y a des moments où on doit se taire et obéir bien gentiment… et d’autres où on peut enfin agir. Pour l’instant, je te conseille de ne pas trop faire d’histoires avec ta mère, gamin.

C’était un drôle de conseil à donner à ce petit, mais ce dernier semblait assez fin pour en saisir le sens général. La preuve, ses hurlements cessèrent. Vilius ne connaissait pas encore clairement le degré de sadisme dont pouvait faire preuve Venamia, mais il était probablement élevé. Il se souvenait encore, il y a un an, qu’elle avait carrément menacé de torturer Julian devant son père quand il s’était rebellé avec sa flotte lors de la bataille du Pilier Céleste. Mieux valait pour le gamin de ne pas trop se mettre sa mère à dos.

En revanche, il fallait qu’il lui reste totalement opposé. Les germes d’un plan avaient été posés dans l’esprit de Vilius après sa défaite contre Estelle. Il était revenu auprès de Venamia en bon assistant servile, mais il avait décidé d’agir, cette fois. Il ne pouvait pas grand-chose pour Igeus, mais il comptait bien faire quelque chose pour saper le pouvoir de Venamia de l’intérieur. Julian pouvait y avoir peut-être un rôle le moment venu. Mais pour l’instant, il fallait se faire discret, aussi Vilius ajouta :

- Il ne faut pas dire à ta maman ce que je t’ai dit, hein ? Ce sera notre petit secret à nous deux, nous les braves gars courageux qui n’aimons pas les gens méchants comme elle.

Julian acquiesça en essuyant ses larmes. Il était heureux de s’être trouvé un allié inattendu, et son sens de la réflexion, si développé pour un enfant de son âge, prit le dessus sur ses instincts enfantins, à savoir pleurer et gémir. Ce fut justement à ce moment que Venamia débarqua, échevelée, le visage rouge et le souffle court. Vilius se demanda avec inquiétude ce qu’elle avait pu fabriquer avec Igeus. Trouvant Julian silencieux malgré les cris avec lesquels il était entré au palais, Venamia haussa les sourcils.

- Eh bien, vous avez réussi à le calmer, Vilius ?

- C’est un brave garçon qui sait écouter ce qu’on lui dit, répondit Vilius.

Pas comme toi, ajouta-t-il mentalement. Venamia observa son fils, qui attendait, les yeux baissés, refusant de croiser son regard.

- Alors Julian, tu n’embrasses pas ta chère maman ?

Avec des gestes mécaniques, le garçon s’approcha de Venamia. Celle-ci s’accroupit et le prit dans ses bras. Un geste un peu trop possessif aux yeux de Vilius, mais qui semblait néanmoins sincère. Son gamin était la seule personne au monde pour qui Venamia pouvait encore avoir un peu de tendresse.

- Tu m’as manqué, mon trésor, fit la Dirigeante Suprême. Jamais je ne te laisserai plus loin de moi, désormais. Plus personne ne pourra t’enlever à moi.

Venamia recula et examina le visage de son fils en détail. Outre les cheveux et les yeux qu’il tenait de sa mère, il avait la même beauté sculpturale que son bellâtre de père. Vilius songea qu’il ferait chavirer bien des cœurs de fille plus tard.

- Tu as grandi, constata Venamia. Tu es devenu si beau, mon Julian…

- J’ai quatre ans maintenant, fit le garçonnet avec fierté. Je sais compter jusqu’à vingt !

- Que voilà un garçon intelligent !

- C’est Erend qui m’a appris, précisa Julian. Il m’a aussi appris beaucoup de chose !

Vilius trouva que ce n’était pas le genre de chose qu’il aurait fallu dire devant Venamia, et effectivement, le visage alors souriant et attendri de la Dirigeante Suprême se ferma.

- Pas que des choses biens, à ce que j’ai cru comprendre… Il t’a raconté beaucoup de mensonges, Julian. Sur moi, et sur énormément de choses.

Vilius craignit que le gamin ne proteste et dise à Venamia qu’elle était méchante ou un truc du genre, mais étonnant, et fort heureusement, il baissa la tête et dit un timide :

- Oui maman.

- Je vais m’employer à restaurer la vérité. Tu es quelqu’un de très important, Julian, tu le sais ? Pour moi bien sûr, mais aussi pour l’Empire que j’essaie de créer. Tu en hériteras rapidement, et il faut vite que tu apprennes son fonctionnement. Désormais, plus de nourrice, de précepteurs ou de Pokemon pour jouer avec toi. Je vais me charger de ton éducation. Je vais t’apprendre comment diriger, comment devenir quelqu’un de puissant !

Elle frotta la tête de son fils avec un sourire, lui promit de revenir très vite, et s’en retourna. Elle avait amené avec elle toute une unité de GSR chargée de garder cette chambre vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Vilius la suivit, quand Julian demanda :

- Maman, où est Erend ? Tu… tu ne lui as pas fait mal, hein ?

Venamia se retourna à peine.

- Je ne veux plus que tu parles de lui. C’est un voleur et un menteur, et je compte bien le punir. Oublies-le, et concentre-toi sur ton avenir glorieux !

Venamia et Vilius laissèrent la porte se refermer électroniquement derrière eux. Vilius lui dit prudemment alors :

- Vous êtes sûre que c’est bon ? Laisser un gamin de son âge enfermé seul dans une pièce énorme, sans rien pour jouer ?

- Il a passé l’âge de jouer, répliqua Venamia. J’ignore ce qu’Igeus lui a mis dans le crâne pendant un an, mais il faut vite que je rectifie le tir. Il va se concentrer sur la gestion de son futur empire, et la théorie politique.

- Il n’a que quatre ans, sérieux… protesta Vilius. Laissez-le encore un peu profiter de sa jeunesse et de son innocence. Les enfants de personnalités ont toujours tendance à grandir trop vite, et finissent souvent désabusé. J’en sais quelque chose…

- Si jamais j’ai besoin de conseils pour savoir comment élever mon propre fils, je vous sonnerai, répliqua Venamia d’une voix cassante. Autre chose à me faire savoir ?

Vilius accepta la remontrance sans broncher. Il ne servait plus à rien de conserver une quelconque fierté, désormais.

- Le commandant Vaork de la Garde Noire demande à vous voir pour discuter du paiement de l’assaut sur Algatia.

- Il l’a déjà eu, son paiement !

- Il exige plus. Les pertes de la Garde Noire ont été conséquentes, et qui plus est, il est au courant que Lyre Sybel s’est servi des cadavres de ses guerriers comme zombies. Il a ajouté que mort ou vivant, un guerrier de la Garde Noire se fait toujours payer pour ses services.

Venamia grogna. Vilius savait qu’elle mourrait d’envie d’envoyer sur Vaork une salve de sa foudre mortelle en guise de paiement, mais se mettre à dos la Garde Noire maintenant serait une bien mauvaise idée, et même Venamia en était consciente.

- Payez ce qu’il veut, mais je me passerai de voir sa sale tronche. Au fait, c’est vrai ce que l’on dit ? Un Démon Majeur se serait rallié à la Confédération ?

- Il semblerait oui. Lyre était assez furax à ce sujet. Comme quoi, le bon Marquis ne contrôle pas autant ses bestioles qu’il voudrait nous le faire croire.

- J’irai lui en toucher deux mots, promit Venamia. Maintenant qu’Igeus est entre mes mains, la Confédération est affaiblie, et je veux terminer cette guerre au plus vite. Piochez dans toutes nos garnisons et nos bases dans le monde ; je veux qu’on double nos forces en présence à Hoenn et qu’on écrase la Confédération une fois pour toute !

Vilius hocha vaguement la tête, tout en songeant à ce qu’il allait faire pour enrayer la machine de guerre parfaitement huilée de Venamia.