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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 19/02/2017 à 08:53
» Dernière mise à jour le 29/11/2019 à 18:04

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 302 : La chute de Lunaris
Duttvriff était la capitale de l’Empire Lunaris, une cité toute récente bâtie à la frontière des anciens royaumes de Duttel et empire de Vriff ; un symbole pour illustrer la réunification de ces deux états en un pays nouveau et tout puissant. L’Empire Lunaris régnait sur 80% de la région Elebla ; une région qui faisait le double de Kanto. L’Empereur Octave, un homme de paix, s’était toujours attaché à apaiser les tensions entre voisins, à rapprocher les peuples et à créer des relations amicales avec tout le monde. La région Elebla avait toujours vécu dans la guerre, et toujours fermée aux régions voisines, ce qui lui a valu d’accumuler un retard technologique flagrant. Ce renouveau qui s’était enclenché il y a cinq ans aurait dû amener Elebla vers une ère de paix, de prospérité et de progrès.

Mais Lady Venamia, la Dirigeante Suprême du Grand Empire de Johkan, en avait décidé autrement. Il y a un an, suite à la désormais célèbre bataille du Pilier Céleste, elle avait déclaré la guerre à la fois à Hoenn et à Lunaris. Pendant que la Confédération Libre d’Igeus se regroupait dans la région Bakan, Venamia avait lancé ses forces immenses sur l’Empire Lunaris, qui n’avait cessé de perdre du terrain, incapable de rivaliser avec les troupes d’élites et l’armement de Johkan. Erend Igeus était finalement entré officiellement en guerre avec Venamia il y a six mois, mais avait choisi comme front Hoenn, laissant donc Lunaris sans défense ni soutien. Et ce qui devait arriver arriva.

Duttvriff, qui se trouvait au centre de l’Empire, avait assisté, impuissante, jours après jours, à l’avancée inexorable de l’armée de Venamia, qui mettait peu à peu le pays à feu et à sang. Venamia avait attaqué Lunaris de tous les côtés, l’encerclant dès le début, et petit à petit, elle réduisait le cercle. Comme elle contrôlait également l’espace aérien grâce à des vaisseaux de dernière génération, les gens de Duttvriff n’avaient pu fuir nulle part. Et aujourd’hui, la capitale impériale était en feu. Le dernier obstacle de Lady Venamia pour conquérir totalement l’Empire Lunaris brûlait sur ses bases, tandis que l’armée de Johkan s’adonnait aux pires atrocités à l’intérieur.

Sur le balcon de son palais, l’Empereur Octave ne perdait pas une miette du triste spectacle. L’odeur du brûlé, les cris de son peuple, les explosions… tout cela résonnait en lui comme la preuve de son échec. Son échec envers son pays, son peuple, ses ancêtres, et envers lui-même. Les Lunariens étaient en train de payer le prix de son choix de s’opposer à Lady Venamia. Elle était responsable bien sûr, mais au final, c’était bel et bien Octave qui les avait condamnés. Et cela lui pesait bien plus que la certitude de sa mort imminente. Mais Octave ne voulait en aucun cas être ailleurs. Il devait se tenir là, il devait être le témoin impuissant de l’agonie de son peuple. C’était son dernier devoir de souverain.

Quand l’armée de Venamia avait commencé à encercle la capitale, Octave avait hésité à contacter son ancienne amante pour lui annoncer sa reddition. Sa fierté en aurait pris un sérieux coup, mais peut-être son peuple aurait-il été épargné. Mais il y avait renoncé. Parce qu’il savait très bien que Lady Venamia - dont la cruauté n’était plus à démontrer - n’aurait jamais épargné les civils. Mais aussi parce que ça aurait été faire insulte à son propre peuple.

Les Lunariens étaient fiers, et ils préféraient mourir plutôt que s’aplatir devant une personne aussi indigne que Lady Venamia. Ils l’avaient bien fait savoir à leur empereur avant que Venamia ne lance l’assaut. Octave tenait à se montrer digne d’eux, et faire face à Venamia avec toute la grandeur dont il était capable. Parce qu’elle allait venir, c’était certain. Elle ne renoncerait pas à une occasion de lui donner le coup de grâce elle-même, pour se délecter de sa défaite et de son désespoir.

- Sire… fit derrière lui la voix de son Chancelier. Les forces ennemies ont pénétré dans le palais. Dois-je rappeler la Garde Impériale ?

- Si vous voulez, répondit Octave d’un air absent. Nous devons recevoir la Dirigeante Suprême avec tous les égards dus à son rang, n’est-ce pas ? Mais ne prenez que les volontaires. S’il y en a qui veulent se rendre ou tenter de fuir, qu’ils le fassent.

- Tous les hommes de la Garde Impériale resteront à vos côtés, Majesté, lui assura le Chancelier. Et moi aussi.

Octave aurait bien voulu leur demander pourquoi ? Quelle loyauté pouvait-il donc bien leur inspirer, lui qui avait apporté la ruine à leur empire ? Était-ce parce qu’ils avaient tous fidèlement servi son père avant lui ? Qu’aurait donc fait le roi Antyos à sa place ? Il aurait sûrement fait ce qui aurait été le plus sage. En l’occurrence, il n'aurait tout simplement pas pris parti dans ce conflit que Venamia avait elle-même provoqué. Mais en s’alliant à elle contre les Dignitaires puis contre Erend Igeus, Octave avait contribué à la porter au pouvoir à Johkan. Il avait retourné sa veste une fois qu’il avait eu connaissance des horreurs qu’elle avait commises, mais c’était trop tard. L’heure était venue aujourd’hui pour lui de payer ses fautes. Il l’acceptait, et ne pouvait que prier pour que son fils Julian demeure sain et sauf avec la X-Squad et hors de portée de sa folle de mère. Julian était l’héritier de Lunaris, et lui seul pourrait un jour le rebâtir.

Quand la Garde Impériale commença à arriver dans la salle du trône, Octave fit une dernière chose. Il libéra ses trois Pokemon, Mémorios, Dimoret, et le Pyrax qu’il tenait de son père. Il les aimait, et ça n’aurait servi à rien qu’ils meurent ici. Venamia ne ferait pas preuve de plus de pitié parce qu’ils étaient Pokemon. Elle avait été une dresseuse attentive autrefois, mais aujourd’hui, les Pokemon n’étaient plus que des outils à ses yeux. Comme tout le reste d’ailleurs, hommes ou nations.

- C’est ici qu’on se sépare, mes amis, dit Octave à ses trois Pokemon. Vous avez été de fidèles compagnons. Voici donc mon dernier ordre : partez. Tâchez de fuir la cité, et ensuite, retournez à l’état sauvage, ou trouvez-vous un autre dresseur. Mais survivez.

Les Pokemon protestèrent, évidement. Octave s’y était attendu, bien qu’il ne comprenne pas le sens de leur loyauté. Avait-il été un si bon dresseur qu’ils préfèrent mourir avec lui ? Octave en doutait. Et si leur attitude le toucha au fond de lui-même, il demeura ferme, et réitéra son ordre avec force. Accablés de chagrin, les trois Pokemon n’en finirent pas moins par partir. Octave leur souhaita bonne chance, et se retourna vers ses fidèles de la Garde Impériale. Ils étaient tous là, comme le Chancelier l’avait prévu. Eux, il aurait été inutile de tenter de les convaincre de fuir. Ils avaient fait serment de le protéger jusqu’à la fin, et pour un Lunarien, ancien Duttelien, il n’y avait rien de plus sacré qu’un serment. Surtout pour des hommes qui avaient, pour la plupart, été formés par Sire Djosan en personne…

- Messieurs, nous allons mourir aujourd’hui, leur dit Octave d’un bout en blanc. Les forces de Venamia vont débarquer dans la salle du trône d’une minute à l’autre, et au final nous massacrer, cela ne fait aucun doute. Ils ont l’armement, ils ont les Pokemon, ils ont le nombre. Ils vont tous nous tuer, oui. Mais avant cela, ils vont devoir nous craindre !

Il tira son épée du fourreau, et ses hommes rugirent leur approbation en faisant de même. Quand ils faisaient face à la certitude de leur mort imminente, les hommes se divisaient en deux catégories : il y avait ceux qui pleuraient, qui criaient et qui tentaient désespérément d’échapper à leur sort, et il y avait ceux qui l’acceptaient, et qui étaient déterminés à faire une dernière action d’éclat. Les fiers guerriers de Lunaris appartenaient bien sûr tous à la seconde catégorie.

Octave lui-même ne se qualifiait pas vraiment d’homme courageux, mais il n’était pas assez pleutre pour se cacher derrière son trône en gémissant tandis que ses valeureux chevaliers mourraient pour lui. Il comptait bien tuer quelque uns de ses ennemis avant de rendre l’âme. Pas Venamia, bien sûr. Il n’était pas assez sot pour penser qu’il puisse lui faire quoi que ce soit ; il doutait même qu’elle se présente en première ligne. Mais pourquoi pas quelques soldats, voir des membres de sa GSR ?

La Garde Royale fit cercle autour de son empereur, et tous attendirent les envahisseurs. Ils pouvaient les entendre derrière la porte barricadée de la salle du trône, sans doute en train de poser des explosifs pour pouvoir entrer. Quand la porte ouvragée vola en éclat, la Garde Royale n’attendit pas que l’ennemi ouvre le feu pour attaquer, et se jeta sur lui. Il y avait une vingtaine de soldats d’élite de Venamia, ceux avec l’armure noire et leur brassard à Eucandia, les fameux GSR. Cette organisation était le fer de lance de Venamia, sa milice spéciale avec laquelle elle s’était faite un nom dans la Team Rocket. Aujourd’hui bien sûr, le nom de Garde Suprême des Rockets ne voulait plus rien dire, car la Team Rocket n’existait plus vraiment, mais les initiales étaient restées, de même que la terreur qu’elles inspiraient.

Les GSR tiraient les Gardes Royaux comme des lapins, avec leur laser violet à Eucandia, qui traversait sans problème les plus épaisses armures. Même si un coup d’épée leur parvenait, leur bouclier d’énergie, lui aussi à Eucandia, le déviait. Il fallut que cinq des Gardes Royaux se jettent en même temps sur un seul GSR pour le faire tomber et finalement en venir à bout, au prix de leurs vies. Octave lui était parvenu à blesser l’un des GSR à la jambe avec sa lame, avant de recevoir un tir dans le dos qui le paralysa et laissa au sol, immobile. Ce n’était pas un tir mortel, mais bien incapacitant. Bien sûr. Venamia avait donné des ordres à son hommes pour qu’ils ne le tuent pas. Elle se réservait sans doute ce plaisir. L’Empereur ne put donc que regarder, impuissant, l’ensemble de ses hommes se faire massacrer, avant que le silence ne revienne dans la salle du trône désormais dévastée.

Octave ne se souvint pas du temps qu’il resta par terre, incapable de bouger, dans une semi-inconscience. Quand on le releva de force, la nausée manqua de le faire vomir. Deux GSR le tenaient par les épaules. Une rangée s’était formée, au garde à vous, devant l’entrée de la salle. Quand Venamia arriva, tous les GSR levèrent le poing devant eux, dans leur salut spécifique. Avec Venamia, il y avait son commandant de la GSR, Ian Gallad, reconnaissable à sa haute stature et à son Pokemon, ce Kinghyena, qui se pourléchait ses mains rouges de sang. Venamia engloba la salle du trône du regard, puis ce dernier s’arrêta sur Octave, qu’on força à s’agenouiller.

Octave regarda celle qu’il avait un temps aimé. Jadis une adolescente, petite, menue, coiffée avec des couettes, qui avait bien plus de force que ne le laissait deviner sa taille, Siena Crust était une fille imperturbable, capable de garder un visage impassible alors qu’elle était entourée de Pokemon hostiles au fin fond d’une caverne, et d’en défier un en combat singulier. Octave se souvenait lui avoir alors souvent répété sa phrase fétiche de l’époque : « Vous êtes dingue ?! ».

Aujourd’hui, Siena n’était plus rien de tel. Elle ne s’appelait même plus Siena. C’était une femme désormais, qui avait grandi de taille mais aussi de formes. Elle avait laissé pousser ses cheveux lilas qui lui descendaient jusqu’à la taille. Elle était plus belle que jamais, mais aussi plus froide, plus terrifiante, avec son œil bleu de glace et son autre d’un rouge surnaturel. Elle portait son armure habituelle noire avec sa cape bleue, et avait toujours en main son fameux éclair tranchant en métal, qui se trouvait être un Pokemon Légendaire du nom d’Ecleus. Elle avait toujours son fouet électrique à la ceinture, et un brassard à Eucandia dernière génération sur le poignet droit.

Siena Crust avait été un jeune soldat Rocket idéaliste et ambitieuse, d’apparence insensible mais qui pensait sincèrement à ses proches et à ses amis. Aujourd’hui, à vingt-trois ans seulement, Lady Venamia était la Dirigeante Suprême du Grand Empire de Johkan, une femme puissante et cruelle qui n’avait pour seuls intérêts que ses conquêtes futures. Elle venait d’ajouter l’Empire Lunaris à son palmarès, et Octave craignait que ça ne s’arrête pas là, loin de là.

- Voici Sa Toute Puissante Majesté, Octave an Lunaris, fit Venamia d’un air ironique en simulant une révérence devant lui. L’Empereur dans toute sa gloire.

Son cortège de GSR ricana. Pas tellement pour se moquer d’Octave, mais parce que ne pas rire aux traits d’humour de la Dirigeante Suprême pouvait se révéler très dangereux…

- Vous semblez bien pâle, Votre Grandeur, poursuivit Venamia. Vous avez l’air de manquer de sommeil. Ne vous inquiétez pas, nous allons y remédier très vite. Mais avant toute chose…

Venamia s’approcha jusqu’à lui, et lui donna un violent coup de pied au visage qui renvoya Octave au sol, en le faisant cracher du sang.

- Tu as dû prendre ton pied hein, il y a un an, à Hoenn ? Quand mon Mégador était endommagé et quand j’étais encerclée de toutes parts. Voilà que je vois arriver ta flotte lunarienne, et alors, je me dis naturellement : « Nous sommes sauvés ! Mon Octave ne m’a pas laissé tomber. Il est venu pour moi ». Essaies un peu de deviner ce que j’ai pu ressentir quand ta flotte, au lieu de combattre les traîtres, s’est mise à encercler mon vaisseau ?

Octave essaya de rire, mais il ne réussit qu’à gémir de douleur.

- Ce que tu as pu ressentir ? Répéta-t-il. Ne te moque pas de moi. Tu as cessé de ressentir quoi que ce soit depuis un moment. À part peut-être la colère ou le plaisir sadique…

Venamia se mit à genoux devant Octave et l’attrapa par le col de son armure. Alors que l’Empereur déchu s’attendait à un coup de poing, il fut surpris de ressentir la caresse de la main de Venamia sur sa joue. Une main très froide…

- J’avais besoin de toi, fit-elle doucement. Nous aurions dû gouverner ensemble. Nous aurions transformé le monde à notre image, et nous l’aurions légué à Julian. Mais tu m’as tourné le dos, parce que tu es faible. Tu l’as toujours été. Tu es incapable de faire le nécessaire pour acquérir plus de force.

- Le nécessaire hein ? Comme massacrer des milliers d’innocents, enlever et retenir prisonnier ton propre fils, assassiner ton père adoptif, et héberger dans ta tête ce Pokemon de la Corruption qui t’a perverti ?

- Rien ne sera jamais trop. Qu’importent le prix et les sacrifices. Je ferai ce que personne avant moi n’a pu ou n’a osé faire : je vais rétablir l’ordre dans ce monde pourri. Tu crois que tout peut aller pour le mieux en prêchant l’amour et la paix ? Tu penses que c’est ça qui va faire avancer les choses ? Ne me fais pas rire ! C’est la peur. La peur et le sang. Ce monde en a besoin, et je vais lui en donner.

Venamia remis Octave debout par la seule force de ses bras. Octave en profita pour lui cracher dessus un mélange de sang et de salive.

- Tu es un monstre, décréta-t-il. Arceus me pardonne d’avoir jadis pu éprouver de l’amour pour toi.

Venamia s’essuya calmement et sourit. Ce n’était pas cette fois un sourire sadique ou cruel auquel elle était habituée, mais un sourire étrangement triste et sincère. Octave put y retrouver un moment le souvenir de celle qu’elle avait été autrefois.

- Moi, je ne regrette pas. J’ai eu Julian grâce à ça, et je le récupérerai, sois en certain. Je songerai à toi à chaque fois que je le regarderai, comme on se souvient vaguement d’un doux rêve dans lequel on se réfugie pour échapper de temps en temps à la cruelle réalité.

Venamia empoigna son éclair jaune tranchant. Octave entrevit son mouvement fluide et rapide, puis il ne vit plus rien du tout. Seulement le noir.


***


La tête de l’Empereur Octave roula au sol, tandis que son corps s’effondrait dans une fontaine de sang. Venamia en était trempée de la tête au pied, mais peu lui importait. Elle se sentait comme obligée de ruisseler du sang de son ancien amant, tout comme elle s’était sentie obligée de le tuer elle-même, d’une mort propre et rapide. À croire qu’elle était encore sentimentale. Horrorscor ne cessait de la mettre en garde contre ce genre de faiblesse, mais qu’en savait-il, lui ? Il n’était qu’un morceau d’âme déchiré, forcé de parasiter l’esprit d’un autre pour survivre. Venamia était humaine. Elle n’avait jamais renié cela, et en était même fière. Ni Mélénis, ni G-Man, ni Pokemon, ni Modeleur, ni quoi que ce soit. Juste humaine.

- Enterrez-le aux coté de ses ancêtres adorés, ordonna Venamia à ses hommes. Et que la tombe soit conservée. Julian pourra aller s’y recueillir plus tard. C’est important, de se souvenir de ses origines…

Venamia le pensait vraiment. Et ce n’était qu’une raison de plus d’haïr son propre géniteur, qui n’avait pas eu le courage de l’élever comme sa fille et qui lui avait toujours caché sa filiation. Oh, elle irait tuer Tender en temps et en heure. Et elle ne manquerait pas non plus de l’enterrer de façon décente, comme il se devait. Elle pourrait alors chérir le souvenir qu’elle avait d’un militaire de talent et d’un homme fort. C’est drôle, comme on idéalisait les gens une fois qu’ils sont morts…

Venamia s’assit sur le trône de l’Empereur, qui lui revenait à présent. Elle n’allait certes pas se nommer impératrice de cette bande de bouseux qu’étaient les lunariens, mais elle ne manquerait pas d’annexer tout le territoire et de le rattacher à son Grand Empire de Johkan, qui allait donc tripler de volume. Même si Elebla ne recelait pas grand-chose en termes de richesse, elle serait une formidable arrière-base pour ses troupes. Elle pouvait aussi fournir quelque chose de précieux : des hommes.

- Dirigeante Suprême, l’informa son fidèle Ian Gallad, les combats continuent en ville. Les habitants semblent être prêts à renoncer qu’une fois qu’ils seront morts.

Venamia en avait pour ainsi dire l’habitude. Ces gens d’Elebla en avaient dans le froc ; on ne pouvait pas leur enlever ça. Mais elle comptait quand même les briser. Elle pourrait tuer tout le monde sans grande difficulté, mais ce serait avouer sa défaite de ne pas avoir su conquérir leurs âmes en plus de leurs terres.

- Fouillez chaque maisons et rassemblez les enfants, ordonna Venamia. Amenez-les sur les remparts du palais, et pendez-en un chaque quart d’heure, jusqu’à que le dernier lunarien se soit rendu. Ça va sans doute les encourager à déposer les armes un peu plus vite.

- La plupart des enfants mâles se battent avec leurs parents, madame. C’est un peuple de sauvages.

- Contentez-vous des plus jeunes alors. Prenez toutes les filles, et même les bébés.

Un éclat de rire se fit entendre tandis qu’une personne vêtue d’un habit sombre entrait sans s’annoncer. Une personne qui portait un masque jaune avec un grand sourire.

- Toujours aussi peu psychologue, ma chère, fit l’individu. Pendre des bébés n’a jamais été la meilleure façon d’assagir les gens. Généralement, ça a plutôt l’effet inverse.

Venamia soupira, agacée de cette visite, mais fit signe à ses hommes de baisser leurs armes. Bien sûr, à par Gallad, aucun des GSR présents ne reconnaissait la personne sous ce masque, même s’il avait été jadis un des leurs ; le tout premier GSR.

- Silas. Qu’est-ce que vous fabriquez ici ?

- Oh, j’ai eu l’écho que vous vous apprêtiez à prendre la capitale de Lunaris, et pour rien au monde je n’aurai voulu manquer vos retrouvailles avec votre cher Empereur Octave. Hélas, je crains d’arriver un peu trop tard apparemment, conclut-il en voyant deux GSR traîner le corps décapité de l’Empereur.

Venamia n’aimait pas Silas Brenwark, et elle lui faisait encore moins confiance. Pourtant jadis, il avait été son bras droit, celui avec lequel elle avait formé la GSR originelle. Mais sous ses airs de gars sympa et loyal s’était caché un véritable faux jeton doublé d’un intriguant de première. D’un côté, il avait été Silas Brenwark, un Rocket et Gardien de l’Innocence respectable, fils du Premier Apôtre Oswald Brenwark. Mais de l’autre, il était Mister Smiley, un mystérieux Agent de la Corruption, un des plus proches du Marquis des Ombres, se faisant parfois passer pour lui.

Aujourd’hui, il servait d’intermédiaire entre le Marquis et Venamia qui en avait fait son allié. Quand elle avait appris que Silas s’était toujours joué d’elle, n’étant là que pour l’espionner pour le compte du Marquis, elle s’était depuis toujours méfiée de lui. Cet homme était un serpent qui, en tant qu’ancien Agent 004 de la Team Rocket et codirigeant de cette même Team, avait des contacts et des espions partout. De plus, il semblait posséder un pouvoir très inquiétant lui permettant de modéliser l’imaginaire en réel. Enfin, il pouvait emprunter des portes entre les dimensions connues de lui seul, ce qui faisait qu’il pouvait aller et venir où bon lui semblait en très peu de temps.

Il y avait aussi un lien malsain qui semblait l’unir à Lyre Sybel, une autre Agent de la Corruption. Venamia ne connaissait pas toute l’histoire, mais apparemment, Silas était le responsable de la transformation de la Pierre des Larmes en une doublure de Lyre ; une doublure qui avait pris le nom d’Eryl, et qui se trouvait maintenant aux côtés d’Erend Igeus comme prétendue Reine de l’Innocence. Venamia ne faisait confiance à personne qui se trouvait du côté du Marquis. Elle se serait bien passée de leur aide, mais ils lui avaient sauvé la mise lors de la bataille d’Hoenn il y a un an, et surtout, leurs fameux Démons Majeurs - sept Pokemon d’une puissance terrifiante - lui étaient d’une grande utilité sur le front.

- Veuillez retirer votre masque ridicule, lui enjoint Venamia. Vous troublez mes hommes.

- Mille excuses, fit Silas en s’inclinant.

Il retira son masque Smiley, mais derrière il portait un autre masque, qui lui affichait un sourire sadique montrant une dentition pointue. Silas rigola de sa propre blague. Venamia secoua la tête de dépit. Autre chose qu’elle détestait chez cet homme : ses enfantillages constants. Le monde entier lui semblait être une énorme blague faite que pour lui. Il retira son second masque pour enfin dévoiler son visage. Un beau visage, au demeurant. Le teint sombre, les yeux roses et rieurs et des cheveux noirs de jais. Les GSR se détendirent à l’instant. Le visage de Brenwark, ancien Agent 004 et surtout l’un des pères fondateurs de leur propre unité leur était évidemment connu.

- Bon, vous êtes ici pour quoi ? S’impatienta Venamia. Le Marquis aurait-il un message ?

- Oh non non. C’est moi qui en ai un pour vous.

- Althéï ?

Althéï Dondariu était une ancienne gradée de la GSR, membre de l’équipe originelle. C’était une Modeleuse, et pas n’importe laquelle, car la matière qu’elle contrôlait, c’était le sang. C’était une psychopathe naturelle qui adorait vider ses ennemis de leur sang et s’en abreuver. Venamia aurait pu s’en accommoder, mais cet imbécile de Silas avait tenté de la recruter comme Agent de la Corruption, en la faisant sauver le colonel Tuno que Venamia avait fait condamner. Venamia l’avait donc mise aux arrêts à la prison du Pic Démoniaque, là où on enfermait les criminels les plus dangereux.

Mais Althéï avait été libérée peu après. Le responsable, qui avait tué tous les Rockets de la prison et pris possession de la prison, était le même que celui qui avait éliminé Sharon, une autre GSR de Venamia. Ce personnage, selon Silas, s’était également payé la loyauté d’une Agent de la Corruption - Lilwen - et possédait toutes les recherches scientifiques de son père, Vrakdale, lui aussi un Agent de la Corruption, récemment tué par la X-Squad. Cet homme s’était fondé une espèce de secte, dans laquelle il avait rassemblé tous les détenus du Pic Démoniaque, et des rats de laboratoire de Vrakdale, des abominations mi-hommes mi-Pokemon. Ils se faisaient appeler les Réprouvés, et commençaient depuis quelque temps à semer le désordre dans le monde entier.

Leur chef, un homme qui se faisait appeler le Maître des Cauchemars, était une personne bien connue de Venamia, et il avait toutes les raisons de lui en vouloir. Venamia avait donc chargé Silas de s’occuper de cet épineux problème. Trouver ce Maître des Cauchemars, Althéï et tous les autres Réprouvés, et les éliminer. Le souci, c’était que le Maître des Cauchemars, ou Nightmare selon les versions, avait l’occulte pouvoir de s’immiscer dans les rêves d’autrui pour les changer en cauchemars, allant jusqu’à tuer la personne dans son sommeil. Ça ne fonctionnait bien sûr pas sur Venamia, qui était protégée par Horrorscor, ni sur les personnes de son proche entourage, mais ci et là, on dénombrait plusieurs GSR ou autres partisans du Grand Empire qui ne s’étaient plus jamais réveillés.

- Suivre Althéï m’est facile, répondit Silas. Il me suffit de suivre les cadavres vidés de leur sang. Mais c’est plus au sujet de son nouveau patron que je voulais vous alerter. Je viens d’apprendre que le Président de Bakan, Glen Kearney, avait été retrouvé mort dans son lit, alors qu’il ne souffrait d’aucune maladie quelconque. On ne peut y voir là que l’œuvre de Nightmare.

- Pourquoi s’en prendre à Kearney ? S’étonna Venamia. C’était un allié d’Igeus.

- Je doute que notre bon Lord Vrakdale soit un partisan d’Igeus. Il s’est sans doute servi de Kearney pour lui soutirer des informations… voire lui ordonner des choses. C’est là que ça devient inquiétant. Si Nightmare peut manipuler n’importe quel Chef d’Etat dans le monde, même vous, vous risquez d’avoir des problèmes.

Venamia acquiesça, et la colère reprit ses droits.

- Tout ce merdier, c’est de votre faute, Brenwark ! C’est vous qui avez sauvé Tuno en retournant Althéï !

- J’avais dans l’espoir d’en faire tous les deux de nouvelles recrues pour le Marquis, se justifia Silas. Je ne pensais pas que quelqu’un comme ce bon colonel Tuno allait devenir ce qu’il est aujourd’hui et fonder sa propre caste de terroristes déments.

Venamia critiquait Silas, mais elle se savait tout aussi responsable. C’était elle qui avait emprisonné Tuno dans ce labo contenant plein de sérum pour créer des G-Man artificiels. Puis elle avait forcé Tuno à écouter comment Sharon démembrait en direct sa chère Ujianie. Depuis, Tuno s’était transformé en quelque chose d’à peine humain, son esprit obnubilé par la vengeance. Et Venamia ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais elle avait peur.