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Le Jour et la Nuit de Alienai



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Informations

» Auteur : Alienai - Voir le profil
» Créé le 31/10/2016 à 19:46
» Dernière mise à jour le 31/10/2016 à 19:46

» Mots-clés :   Aventure   Slice of life   Suspense

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Chapitre 4 : la fleur
Il était déjà 10h passées quand Julie ouvrit les yeux. Sa rencontre nocturne l'avait amenée à se réveiller plus tard que prévu. Ce n'était pas un problème, car rien n'était prévu aujourd'hui avant cet après-midi. Elle se remémora certains moments de sa soirée, et repensa soudainement à l'échantillon de poison qu'elle avait récupéré. Sa curiosité scientifique la poussa à sortir du lit et reprendre le boulot ainsi qu'une tasse de thé. Les Pokémon d'Alola présentaient des caractéristiques inédites jamais observées dans les autres régions. Elle rechercha sur internet des extraits de travaux du professeur Euphorbe, responsable de la région d'Alola, pour s'informer davantage sur la faune locale. Elle tomba justement sur un article concernant les Tritox. Ce Pokémon de type poison et feu pouvait sécréter une substance capable de corroder le métal dont les Pokémon de type acier étaient recouverts. Cette découverte avait suscité autant l'attention des chercheurs que celle des stratèges en combat Pokémon. Julie espérait pouvoir observer de plus près ce genre d'espèce. Elle se rappela de son rendez-vous de tout à l'heure avec des Pokémon aquatiques et s'intéressa à d'autres articles sur leur sujet.

Les espèces de type eau abondaient naturellement dans cet archipel. La chercheuse s'intéressa plus particulièrement aux Denticrisse, dont les couleurs criardes semblaient affecter les Pokémon les plus rapides. Il y avait également les étranges Froussardine. Ces Pokémon poissons se regroupaient en bancs pour combattre, en donnant l'impression de ne former qu'une seule entité. Julie se posait tout un tas de questions quant à la légitimité de ce genre de capacité, sachant que le nombre maximum de Pokémon présents simultanément sur le terrain était, à sa connaissance, de trois par équipe. Bref, elle parcourut un moment ces articles et nota quelques références d'ouvrages du professeur Euphorbe. Elle envisagea un futur passage dans une librairie pour accéder à des informations plus précises.

La fin de matinée passa rapidement. Après un déjeuner léger mais complet, elle retrouva plus tard Mathéo qui l'attendait en voiture. Le jeune homme prit la route du port où leur équipement de plongée les attendait. Il démarra la conversation :

« Vous en avez déjà fait ? De la plongée ? »

Julie était encore un peu perdue dans ses pensées et mit quelques secondes à réagir.

« Hm ? Ah, oui. J'en ai déjà fait à l'aquarium de Roche-sur-Gliffe à Kalos. Là-bas ils disposent d'un bassin naturel d'étude des Pokémon aquatiques.
– Ah ? Et ça vous avait plu ?
– Plutôt, oui.
– Tant mieux ! Si vous avez aimé cette expérience, vous allez adorer explorer les fonds d'Alola. »

Cette réplique sonnait comme un slogan publicitaire. Elle attribua cette impression à la fierté du conducteur pour sa région natale. Ils arrivèrent à destination quelques minutes plus tard. Tout ne semblait jamais bien éloigné sur cet île. Les deux jeunes gens se changèrent en maillot de bain avant de s'équiper de leur tenue, chacun sous la supervision d'un moniteur. Julie aperçut brièvement le haut du corps de l'instituteur. Malgré son petit gabarit, il présentait une certaine musculature typique des personnes qui pratiquaient régulièrement la natation. Sur sa poitrine était visible un tatouage aux motifs exotiques. Son observation fut interrompue par son moniteur qui lui indiqua comment vérifier si sa bouteille d'oxygène fonctionnait correctement. Il lui récapitula toutes les étapes à respecter pour plonger puis remonter. Une fois le duo prêt, ils se rendirent sur un bateau à moteur conduit par un autre personnage local. Celui-ci les amenèrent dans un coin propice à l'étude des espèces sous-marines de Pokémon. Pendant le voyage, Mathéo fit une remarque en s'adressant à l'assistante.

« Ça vous va plutôt bien, dit-il en faisant allusion à sa tenue de plongée. »

Julie baissa la tête pour tenter de comprendre ce qui l'avait amené à exprimer ce compliment. Elle se savait plutôt svelte, mais dans la norme par rapport à sa petite taille. Cette tenue mettait en évidence les quelques formes de son corps. Sa poitrine ne paraissait pas plate, même si elle n'était pas beaucoup développée non plus. Elle supposa que cette remarque n'était motivée que par de la gentillesse et l'accueillit avec un sourire, sans rien ajouter.

Le temps était parfaitement ensoleillé et l'océan plutôt calme. L'embarcation filait rapidement sur l'eau, bondissant à chaque rencontre avec une vague. Une fois arrivés, les plongeurs s'équipèrent avant d'entamer leur excursion aquatique. Julie plongea en arrière – méthode conseillée par les moniteurs – et se laissa emporter vers les fonds marins d'Alola. Elle communiquait par signe avec Mathéo qui lui indiqua que tout allait bien. Elle put observer les Pokémon sur lesquels elle s'était renseignés auparavant, en chair et en cartilage. Elle reconnut même certaines espèces originaires d'autres régions, mais avec des couleurs ou des aspects légèrement différents. Équipée d'un appareil photo étanche, elle prit de nombreux clichés et filma la nage gracieuse de ces Pokémon poissons. Un Démanta se manifesta même au loin, mais trop éloigné pour qu'ils puissent l'observer de plus près.

La balade aquatique commençait à s'éterniser, et les moniteurs leur firent signe de remonter. Julie s'apprêtait à regagner la surface, lorsqu'un étrange rocher attira son regard. De plus près, il s'agissait clairement d'un Pokémon, accroché à son récif. Elle le manipula délicatement pour le détacher sans lui faire mal. Il s'avérait plutôt glissant, elle le ramena alors à la surface en le maintenant avec une main contre sa poitrine. Une fois remontée sur le bateau et son masque à oxygène enlevé, elle montra sa trouvaille avec fierté.

« Regardez ! Je viens de tomber dessus ! C'est un Concombaffe, c'est ça ? »

Mathéo accueillit la découverte avec étonnement. Prudent, il lui conseilla :

« Manipulez-le tout doucement, d'accord ?
– Bien sûr, je fais attention. »

Contrairement à ce que son apparence pouvait laisser croire, le corps de ce Pokémon était plutôt mou. D'une couleur noir, des piques rouges recouvraient son dos, et deux petits yeux se trouvaient de chaque côté de sa bouche. Sa forme arrondie lui donnait un petit air mignon. Même si Julie savait qu'il fallait se méfier de ce genre d'apparence – surtout chez les Pokémon – , elle ne put s'empêcher d'approcher son index de la bouche du Concombaffe. À peine l'effleura-t-elle du doigt que le Pokémon sursauta. Des tissus visqueux blancs s'échappèrent subitement du petit être pour former une sorte de poing qui se brandit. Par surprise, elle le lâcha en direction de l'océan, et le Pokémon tomba dans l'eau comme un caillou. Avec plus de peur que de mal, la situation provoqua l'hilarité des deux jeunes gens. Mathéo fit ensuite remarquer :

« Ah, c'est la première fois que je vous vois rire comme ça. »

Elle ne pouvait pas le nier. Ce n'était pas l'émotion qu'elle exprimait le plus souvent. La dernière fois que ça lui était arrivé c'était... hier soir en réalité. Elle se souvint de sa rencontre avec Forsythia, une personne assez singulière. Peut-être que les habitants d'Alola dégageaient une aura particulière, différente de ce qu'elle avait connu à Unys ou même à Kalos. Où peut-être que c'était la région d'Alola en elle-même qui influençait son comportement. La vie y avait l'air plus simple, et les gens plus accessibles. Cependant, des pensées réalistes reprirent le pas sur l'esprit de Julie. Elle repensa à cette histoire de team Skull, et se dit que cette façade paradisiaque risquait de cacher des histoires plus sombres qu'elle ne pouvait imaginer.

En regagnant la terre ferme, Julie fit connaître son désir de poursuivre ce genre d'étude sur le terrain. Elle voulait également rencontrer au plus vite ses homologues d'Alola et partager ses connaissances avec eux. Mathéo lui rappela son planning:

« C'est prévu la semaine prochaine, non ? »

En effet, l'impatience de la jeune femme devait se courber face au terrifiant pouvoir de l'agenda. Le professeur Euphorbe était une personnalité très occupée, et c'était déjà exceptionnel qu'elle ait pu obtenir un rendez-vous avec lui. Il y avait également des responsables de la fondation Æther qui souhaitaient la rencontrer. C'était apparemment une organisation qui accueillait les Pokémon blessés pour s'occuper d'eux. Son siège social se trouvait sur une île artificielle d'Alola, qui servait également de lieu de recherche avec divers laboratoires. L'évocation de cette endroit était d'ailleurs l'une des motivations qui avait poussé Julie à accepter ce voyage.

En fin d'après-midi, l'instituteur lui proposa de l'emmener assister à une fête traditionnelle qui était sur le point de commencer. Pressée d'exporter toutes ses photos sur son ordinateur et de mettre au propre toutes les notes qu'elle avait pu prendre, elle hésita avant que Mathéo n'ajoute :

« On y verra des Pokémon typiques de chez nous ! »

Ils se dirigèrent donc vers la grande place d'un village où une foule de gens s'était amassée sur toute la bordure. Le soleil se rapprochait lentement de la surface de l'océan à l'horizon. Divers stands de boissons et pâtisseries traditionnelles faisaient tourner leur commerce en attendant le début de l'événement. Le duo arriva à se frayer un chemin jusqu'à un endroit plus clairsemé d'où ils pourraient admirer le spectacle. Celui-ci démarra, sous les acclamations du public, par un envol de Plumeline. Julie reconnut ce Pokémon qu'elle avait déjà vu lors de sa croisière, mais il semblait tout de même différent. Ceux-ci arboraient une couleur rouge vive, et tournoyaient dans les airs au rythme de la musique. Dans un mouvement synchronisé, ils lâchèrent des plumes incandescentes qui mirent le feu à des bolas et des bâtons portés par des hommes en pagne traditionnel. Ces derniers commencèrent à jongler avec, tandis que la foule applaudissait. Ils furent suivis par un groupe de femmes qui portaient elles aussi une tenue légère typique d'Alola. Elle étaient accompagnées par un Pokémon en forme de totem, aux couleurs jaune et orangé. Un Tokorico selon Mathéo. Celui-ci dégageait un champ électrifié aux pieds des danseuses qui se déhanchaient au milieu des éclairs d'énergie. Un véritable spectacle son et lumière qui s'acheva sur une distribution de colliers de fleurs par des Guérilande, des Pokémon de type fée. Julie reçut l'un de ses colliers qu'elle mit immédiatement autour du cou.

« Vous aimez les fleurs, lui demanda Mathéo ?
– Oui, répondit-elle. Mais j'ai surtout envie de garder ce collier pour l'étudier plus tard. »

Il laissa échapper un petit rire en pensant que c'était du second degré, avant de finalement se dire qu'elle en était réellement capable. Une fois le spectacle passé, les festivités continuaient sur la grande place. Les dresseurs organisaient spontanément des échanges ou des combats comme le voulait la tradition de l'île. Y participer permettait de remporter des tickets échangeables contre divers lots disponibles dans les commerces environnants. Il n'était encore pas très tard quand le duo repartit, le soleil n'avait pas encore fini de se coucher et rayonnait d'une couleur orangé. Le jeune homme proposa alors un nom de restaurant dans lequel ils pourraient dîner ce soir, mais Julie déclina :

« Désolée ! C'était très intéressant aujourd'hui, mais je dois absolument synthétiser mon boulot à la maison.
– Oh... D'accord. »

Une pointe de déception ne passa pas inaperçue, ce fut pourquoi elle reprit :

« Désolée encore ! Je vous promets qu'on ira une autre fois, mais mon travail reste une priorité. »

Il lui sourit et répondit à son tour :

« Ne vous inquiétez pas, je comprends. Vous avez raison, vous êtes venue ici en premier lieu pour bosser. Dans ce cas, je vous souhaite bon courage, et à la prochaine fois !
– Oui, merci ! À vous aussi ! »

Ils se séparèrent et Julie regagna son domicile à pieds. Ce n'était pas très loin, ils avaient déjà accompli une bonne partie du trajet en se rendant au festival. L'obscurité commençait à prendre le pas sur la voûte céleste. Elle posa ses affaires et s'assit à son bureau. Cette journée aurait presque pu être une journée de vacance si elle n'avait pas à répondre de ses obligations. Elle regarda les photos présentes sur son appareil en notant au clavier les observations qu'elle avaient pu faire sur chaque espèce de Pokémon. Elle se dit que la prochaine fois il serait intéressant d'avoir plus de matériel à disposition pour prélever des échantillons, d'organe interne de Concombaffe par exemple. Malheureusement, le sien n'était pas vraiment adapté aux expériences en eau de mer. Le professeur Euphorbe auraient probablement de quoi l'aider dans ce domaine.

L'océan... La plupart des théories scientifiques donnaient à cette vaste étendue d'eau le rôle de berceau de la vie. Si celle-ci était apparue à cet endroit, il y avait de fortes chances pour qu'il en fût de même avec les Pokémon. Et l'archipel d'Alola ne pouvait être plus proche de cet élément. Après d'autres recherches, il se trouvait que certaines thèses évoquaient l'influence des cycles solaires et lunaires sur les Pokémon d'Alola. Julie n'était pas fan de ce genre de théorie toujours un peu vague. Pour elle, cela relevait de l'astrologie et autres disciplines nullement basées sur la raison. Néanmoins, elle se trouvait obligée de les étudier au même titre que les autres car reconnues par une partie de la communauté scientifique. Elle tenait particulièrement à cette éthique pour rester la plus objective possible.

Toutes les photos de la séance de plongée étaient passées, mais il en restait. Les suivantes avaient été prises durant le festival. Celles-ci ressemblaient davantage à de vraies photos de vacances, même si la plupart étaient focalisées sur les Pokémon. Mathéo avait tenu à en prendre des moins sérieuses, du coup certains clichés montraient leur tête à l'un ou l'autre, parfois les deux en même temps, mal cadrés ou flous. Julie se concentra sur les photos de Pokémon et reprit ses notes à l'ordinateur. Elle saisit ensuite le collier de fleurs offert par un Guérilande. Si les plantes sélectionnées pour celui-ci étaient tout à fait normales, il semblait qu'elles étaient recouvertes d'un parfum déposé par le Pokémon. Elle se souvenait de quelque chose à ce sujet dans l'un des articles du professeur Euphorbe. Même si cela était dommage de gâcher une si belle confection, l'assistante se résolut à dénouer les fleurs du collier pour les conserver. Apparemment, celles-ci auraient des vertus curatrices reconnues et étaient utilisées pour fabriquer des médicaments.

Alors que la nuit était tombée depuis un long moment déjà, une sensation familière stoppa Julie dans son travail : la faim. Elle enregistra ses notes et prit le chemin de la cuisine. Ce domaine était loin d'être sa spécialité, d'autant plus que l'heure tardive ne la motivait pas à se mettre aux fourneaux. Même si c'était une mauvaise habitude, elle se saisit d'un paquet de nouilles instantanées. Ce n'était pas le genre de met le plus pratique à manger en travaillant, mais il avait le mérite de bien combler la faim. Elle fixa le paquet un instant avant de chercher une casserole, la fatigue ralentissant sa réaction. Soudain, la fenêtre révéla une ombre se déplaçant à l'extérieur.

Par réflexe, elle chercha sa Pokéball dans ses affaires, mais s'arrêta en constatant une sensation de déjà-vu. Le mouvement qu'elle avait aperçu n'avait pas été pas assez discret pour être hostile. Au contraire, on aurait dit qu'il avait été volontairement visible. Elle se dirigea alors vers la terrasse et sortit accueillir son visiteur.

« Ça va, Forsythia ? »