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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 16/08/2015 à 08:49
» Dernière mise à jour le 18/05/2019 à 22:12

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 292 : Face aux corrompus
À sillonner les longues coursives du Mégador, Tender ignorait totalement comment se déroulait la bataille au dehors. Ses hommes se battaient, et il ne pouvait pas les aider, ni même leur donner des ordres. Pour le général qu’il était, c’était difficilement supportable. Mais c’était lui qui avait tenu à venir à bord de ce mastodonte. Pas en tant que général, mais en tant que grand-père. Il avait fini par considérer sa fille Siena comme perdue. Le prince Julian était donc ce qui pourrait représenter le plus l’héritage de sa fille, de conserver une partie d’elle qui ne soit pas encore souillée. Tender n’avait pas été un bon père. Il avait laissé un autre homme élever sa fille, la tenant dans l’ignorance des années durant. Siena n’avait été qu’une entourloupe, un plan destiné à couvrir les origines de l’enfant de Livédia et d’Elohius, en l’occurrence, les enfants.

Mais elle n’en restait pas moins sa fille. Tender avait sincèrement aimé et chérit Livédia Crust. Mais il n’avait pas réussi à en faire de même pour Siena. La raison était simple : Siena lui ressemblait trop, à lui, et pas assez à Livédia. Il s’était vu dans cet enfant dès le début, et l’avait éloignée. Il regrettait cela. Il avait failli avec elle, et avait en même temps failli à Livédia. Si son fantôme se matérialisait à l’instant devant lui, Tender ne serait même pas capable de la regarder dans les yeux. Peut-être était-ce pour cela que Siena a fini par devenir ce qu’elle est aujourd’hui ? À vivre dans l’ombre d’un père célèbre et caché, elle a désiré briller pour l’éclipser. Tender se souvenait encore de ce jour, où il avait avoué à Siena être son père. Mais la gamine l’avait déjà compris, puis apprise de Giovanni lui-même. Elle avait pleuré ce jour là, plus de colère que d’autre chose. Et elle lui avait fait une promesse. Elle avait promis de le dépasser, d’être plus haut gradée que lui, de devenir plus célèbre que lui dans la Team Rocket.

- On peut dire que tu as tenu ta promesse gamine, et de loin, marmonna Tender.

- Vous parlez à qui là ? L’interrogea Zeff qui marchait à ses cotés.

- À personne. Aux souvenirs…

- Vous radotez déjà, grand-père ? Bah, vous êtes à l’âge où on commence à perdre la boule après tout…

Tout en parlant, Zeff cisailla, avec son argent, une ouverture vers l’étage au dessus, là où ils devaient se rendre. Il se laissa emporter par son argent, puis fit de même avec Tender.

- Dis-moi mon garçon, me détestes-tu ? Lui demanda Tender.

- J’aurai une raison particulière de le faire ?

- Livédia aurait voulu que je t’élève comme un fils avec ses trois enfants. Elle tenait beaucoup à toi.

Le visage de Zeff se ferma, comme à chaque fois qu’on évoquait Livédia Crust devant lui. Zeff Feurning n’avait jamais connu l’amour, si ce n’était avec elle, il y a tant d’année. Elle l’avait recueilli alors qu’il était seul. Gamin apeuré et esseulé qu’il était, Zeff s’est raccrochée à elle comme à une bouée. Elle avait été à la fois une mère et une grande sœur pour lui.

- C’est moi qui ai décidé de partir à sa mort, répondit Zeff. J’ai moi aussi abandonné les gamins. Je n’arrivais pas à les voir… sans la voir elle.

Tender poussa un soupir amusé.

- Eh bien, nous sommes pareils alors. Arceus a crée les femmes pour nous faire souffrir à nous, les hommes. Et comme nous sommes des lâches, nous ne cessons jamais de fuir.

- Vous vous en voulez pour ce qu’est devenue Siena, devina Zeff.

- Bien évidement. Je suis son père, même si je ne le mérite pas.

- Non en effet, vous ne le méritez pas, répondit Zeff. Mais pas parce que vous avez été absent pour la gamine. Vous pensez qu’elle est devenue comme ça parce que vous ne lui avez pas enseigné la voie de la justice ou une autre connerie de ce genre ? Vous pensez comme les jumeaux que c’est parce que cet Horrorscor lui a lobotomisé la cervelle ? C’est rien de tout ça, moi je dis ! Elle est devenue comme ça par choix, c’est tout. Elle voulait la force, le pouvoir et la reconnaissance. Depuis toujours, elle était ambitieuse. Siena Crust est la personne avec le plus de volonté que j’ai jamais rencontré. Penser qu’elle a perdu la boule à cause de quelqu’un d’autre, c’est lui manquer de respect.

Tender médita à ces propos, puis remarqua :

- On dirait que tu l’admires.

- C’est vrai. Elle était juste une gamine sans aucun pouvoir, et elle est parvenue à accomplir tout cela de ses propres moyens. Partie de rien, orpheline, elle a conquit tout Johkan et la Team Rocket alors qu’elle a quoi ? Vingt-deux ans ? Sûr que ça en jette. J’ai toujours respecté la force, et elle n’en manque pas. Après, sûr qu’elle est maintenant une pétasse que je n’hésiterai pas à buter, mais ça n’enlève rien à mon admiration.

- Belle jambe que l’admiration ! Cracha Tender. J’ai perdu mes deux épouses. J’ai perdu mon fils Lusso, et voilà que je la perds elle.

- Il vous reste le gamin de Lusso. Et on va amener celui de Siena dans pas longtemps. Alors cessez de vous morfondre, mon vieux ! Vous avez déjà un pied dans la tombe, alors n’y foutez pas l’autre.

Tender ricana doucement.

- C’est pas une façon de s’adresser à un général, morveux.

- J’m’adresse à vous comme je veux maintenant. Je suis plus un Rocket, et vous non plus d’ailleurs, donc vous n’êtes plus mon officier supérieur.

Quand ils en vinrent à rencontrer des hommes de Venamia, Zeff se tailla un chemin parmi eux- au sens propre du terme - avec son argent. Si Ithil et Goldenger pouvaient espérer passer plus ou moins inaperçu, ce n’était pas le cas de Tender, qui était très connu dans la Team Rocket. Inévitablement, l’alarme se mit à sonner, mais ce n’était pas pour eux. Le vaisseau venait de subir un tremblement retentissant que chacun sentit, peu importe où ils se trouvaient.

- Le fana des prières et le héros débile ont réussi leur coup, apparemment, commenta Zeff. Grouillons-nous. J’aimerai mieux ne pas rester dans ce foutu vaisseau quand la flotte de Lunaris arrivera.

Les quartiers du prince Julian était gardés par deux GSR en armure. Eux se firent un peu plus coriace pour Zeff, mais il ne vint quand même à bout. Avant de rentrer, Tender dit :

- Cache les cadavres.

- Hein ? Pourquoi ça ? On n’a pas vraiment le temps là…

- Je veux pas avoir à expliquer à un môme de trois ans pourquoi y’a des mecs tranchés devant sa porte !

En pestant, Zeff s’exécuta, et Tender entra. Il resta un moment pétrifié sur le seuil, pensant s’être trompé d’endroit. Cette salle et gigantesque, et ressemblait à un parc d’attraction. Il y avait des jouets et des peluches partout. Des pyramides entières ! Il y avait aussi des dizaines de Pokemon, et encore plus de Pokeball. Et au milieu de tout ça, Son Altesse Julian oc Lunaris, qui jouait avec dix trucs à la fois, entourés de Pokemon. Tender ne l’avait plus vu depuis qu’il était un bébé qui tétait encore au sein de Siena. Il tenait de sa mère ses cheveux et ses yeux ; les cheveux lavandes clairs de Tender, et les yeux d’un bleu de glace de Livédia. Quant au reste de son visage, c’était le portrait craché de son bellâtre de père. Le garçonnet se tourna vers Tender. Il avait l’air plus curieux qu’inquiet par la visite de cet étranger.

- T’es qui, monsieur ? Demanda-t-il. Un soldat de maman ?

- Euh…

Tender tâcha de se reprendre. Était-ce si difficile que ça de s’adresser à son petit-fils ?!

- En fait, je suis le papa de ta maman. Tu ne t’en souviens pas, mais on s’est déjà vu souvent, quand tu étais… plus petit.

Le garçon n’avait pas l’air de comprendre. Sans doute ne devait-il pas assimiler le fait que sa mère ait un père, comme lui. Pour tous les bambins, les parents étaient au dessus de tout.

- Je suis venu te chercher, Julian, reprit Tender. Je te ramènes à ton papa.

Ça, le gamin parut le comprendre. Il laissa tomber tous ses jouets et se leva immédiatement.

- Papa ?! Je veux papa, oui, oui !

Il fit un pas vers Tender, mais s’arrêta, l’air troublé.

- Mais… et maman ? Elle vient aussi ?

- Ta mère est… très occupée, Julian. Elle ne peut pas.

- Mais j’ai dit que je resterai avec maman ! Sinon elle va encore être triste et pleurer…

Tender haussa les sourcils. Venamia, pleurer ? C’est à ce moment que Zeff fit son entrée.

- C’est ta maman qui veut que tu ailles voir ton papa, expliqua-t-il avec l’air de celui qui s’y connait avec les enfants. Tu la reverras plus tard.

- Et toi, t’es qui ? Demanda Julian d’un ton curieux.

- Un copain à ta maman. Tu veux lui laisser un message, pour pas qu’elle s’inquiète ?

- Un message ? Avec… des lettres ? Maman a commencé à m’apprendre les lettres ! Je sais reconnaître le J et le U, comme dans mon nom !

Tender était perplexe. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas élevé un gamin, mais parlaient-ils tous déjà si bien à cet âge ci ? Ça l’étonnerait. À son âge, Lusso avait été très loin de commencer à apprendre l’alphabet. C’était à peine s’il savait distinguer un Miaouss d’un Caninos…

- En voilà un p’tit gars intelligent, sourit Zeff. Je vais l’écrire pour toi, regarde…

Zeff utilisa son argent pour tracer un message dans le mur. Quand il lui expliqua ce qu’il y avait écrit, le garçon rigola.

- Eh monsieur le copain de maman ! Comment tu fais ça avec ton truc qui brille ?!

Zeff claqua des doigts, et son métal se désolidifia pour voler autour de Julian. Puis il entoura la taille du gamin, et le fit léviter au dessus du sol. Julian s’éclaffa de bon cœur.

- Allez, on t’amène voir ton papa comme ça, lui dit Tender.

- D’accord, papy, répondit l’enfant.

Tender se tourna pour cacher son trouble. Oui, c’était un gamin en avance. Trop même. C’était bizarre…


***


Mercutio avançait lentement et précautionneusement vers le pont du vaisseau. Il se servait du peu de Flux qu’il pouvait pour se cacher aux yeux des gardes GSR qui passaient constamment. Il lui était facile de brouiller un peu leurs esprits pour leur faire croire qu’il était des leurs, d’autant plus facile qu’avec l’urgence de la bataille et l’explosion qui avait secoué le Mégador quelque minutes plus tôt, ils n’avaient que faire d’un gringalet sans uniforme qui se baladait dans les coursives. Le Mégador embauchait plein de civils ; ils devaient le prendre pour un larbin quelconque.

Plus il approchait de la salle de commande, plus Mercutio la sentait bondée. Vilius était là, il reconnaissait sa présence. De même que celle, plus ténébreuse et brouillée, de Silas Brenwark. Mais de Venamia, aucune trace. Il n’arrivait pas à la sentir, comme si elle n’était tout simplement pas à bord. Pourtant, elle était là, sans nul doute possible ; Galatea avait contacté le Mégador, et c’était sur elle qu’elle était tombée.

Alors qu’il s’apprêtait à pénétrer l’antichambre de la salle de commandement, avec ses vitres où l’on pouvaient voir toute la bataille se dérouler, et ses énormes passerelles donnant sur des dizaines d’ascenseurs et téléporteurs pour se rendre un peu partout dans le vaisseau, Mercutio sentit enfin une présence qui arrivait droit sur lui. Mais pas celle de Venamia. Il se cacha derrière une haute console, avant de reconnaître la présence de Faduc.

Mercutio avait oublié qu’ils avaient un allié à bord du Mégador. Mais pourquoi le gamin était-il seul ici à pareil moment ? En tant que capitaine de la GSR, ne devrait-il pas être aux cotés de Venamia, ou bien en plein milieu de la bataille ? Il voulu se montrer pour lui demander son aide, mais quelque chose le retint. La présence de Faduc dans le Flux était des plus troubles. Mercutio pouvait ressentir sa haine brûlante et sa folle envie de meurtre. Quelque chose qui n’allait vraiment pas avec le souvenir que Mercutio avait du gosse : celui d’un adolescent timide, consciencieux et avide de servir.

Faduc semblait attendre quelque chose. C’était alors que la porte à l’avant s’ouvrit, laissant apparaître Lady Venamia dans un tourbillon de cape. Mercutio fut en quelque sorte soulagée de la voir, mais il ne pouvait toujours pas le sentir dans le Flux. C’est alors qu’il remarqua la petite pierre verte encastrée au centre de son armure-uniforme : de l’Ysalry, sans l’ombre d’un doute. Voilà qui expliquait tout. Ce fichu cailloux avait l’agaçante capacité de repousser le Flux tout autour de lui. Nul doute que Venamia avait du retenir la leçon de leur dernière rencontre. Mercutio ne pouvait maintenant rien sentir de Venamia avec son pouvoir, ni l’affecter d’une quelconque manière. Voilà qui était embêtant. S’il ne pouvait pas utiliser le Flux sur Venamia, son plan pour la capturer allait en prendre un coup. Venamia avait l’air vraiment furax, mais ses yeux se rétrécirent quand elle remarqua Faduc en face d’elle.

- Madame, commença l’adolescent.

- Faduc. Que fais-tu là au juste ? Nous sommes en pleine bataille, et le Mégador a été infiltré !

- Je voulais vous parler, madame. C’est important.

- Je n’ai pas le temps. Les traîtres de la X-Squad ont saboté le superlaser, et je dois…

- C’est vous qui avez tué le commandant Penan, n’est-ce pas ?

Venamia s’immobilisa. Mercutio, quant à lui, retint une exclamation. Qu’est-ce que Faduc racontait ? Siena n’aurait jamais… Quand même pas Penan… Pourtant, même sans le Flux, il était capable de détecter le trouble dans la voix de sa demi-sœur.

- Qu’est-ce que tu racontes, Faduc ? Le commandant Penan était mon père adoptif. Je le respectais énormément. Pourquoi l’aurai-je tué ?

- Parce qu’il savait. Il avait appris que c’était vous, qui aviez attaqué la prison où était retenu Crenden. C’est vous qui avez tué trois de ses anciens cadets.

Venamia serra les poings. Derrière ses yeux - celui d’un bleu de glace et l’autre rouge - elle devait se demander si elle ne devait pas tuer Faduc ici et maintenant. Mercutio lu la vérité dans sa posture, même caché sous sa console. C’était vrai. Venamia avait vraiment…

- C’est vous, hein ? Insista Faduc.

Venamia haussa finalement les épaules.

- Oui, je l’ai tué, confessa-t-elle. Mais c’est lui qui m’a attaquée. Il comptait m’assassiner. Ce n’était que de la légitime défense.

Les yeux de Faduc, à cet instant, étaient l’incarnation même du vide et du néant.

- Vous l’avouez bien facilement… Pourquoi avoir menti tout ce temps ?

- Parce que ça aurait pu me poser des problèmes que l’on sache que j’ai tué Penan alors que je devenais la nouvelle Agent Spéciale. Maintenant, je n’en ai plus rien à faire. Même si tout le monde venait à l’apprendre, je suis désormais intouchable. Et puis, j’imagine que tu as du mener tes petites recherches. Tu es un garçon intelligent, Faduc, mais aussi bien insouciant. Tu te découvres en m’annonçant que tu sais tout, alors qu’on est seul ? Et si jamais l’envie me prenait de t’éliminer pour garder le secret ?

Faduc ne cilla pas, alors qu’il devait savoir que Venamia pouvait le tuer d’un éclair d’Ecleus sans qu’il ne s’en rende compte.

- Je comptais d’abord vous prendre par surprise, c’est vrai. Mais je me rends compte que le commandant n’aurait jamais cautionné une telle attitude. Il croyait en l’honneur. Je devais vous entendre dire la vérité, face à face.

Venamia ricana. Un rire mauvais qui ne manqua pas de faire trembler de fureur Mercutio.

- Tu agis exactement comme lui. Cet idiot de Penan, qui n’a rien dit à personne. Il voulait faire justice lui-même. Au final, il est mort dans l’oubli. Tu veux suivre ses traces ? J’avais de grands espoirs pour toi, Faduc. J’en ai toujours. Qu’est-ce que ça t’apporterai, de mourir pour quelqu’un de déjà mort ?

- Rien que l’honneur d’agir comme un Rocket, un vrai, répliqua Faduc en empoignant un poignard. Ce que vous avez oublié, Siena !

Faduc chargea. Venamia, qui voyait le futur, n’avait absolument rien à craindre d’une attaque aussi puérile. Alors Mercutio jugea le moment venu d’intervenir. Il produisit une poussée de Flux vers Faduc pour l’éloigner de son chemin. Venamia, qui était concentrée sur lui, n’avait pas fait attention au changement de futur en direction de la console. Elle se tourna juste à temps pour bloquer le poing bionique de Mercutio avec Ecleus. Son sourire s’élargit, tel un rapace devant sa proie.


***


La bataille continuait de faire rage au dessus du Pilier Céleste. Un petit transporteur Rocket avait quitté le Mégador et avait traversé l’engagement pour atterrir sur l’îlot où se dressait l’immense tour antique. Quand la rampe d’accès fut abaissée, deux capitaines de la GSR posèrent le pied sur l’île, escortés par quatre soldats. Les deux capitaines étaient Ian Gallad, un grand baraqué aux longs cheveux blonds, et Sharon, une petite fille de dix ans qui ne portait, en guise d’uniforme, que le symbole de la GSR sur une épaulière. Mais personne ne s’y trompait, parmi les gardes : bien que Ian Gallad était un dur à cuire et un combattant d’élite, c’était Sharon qui était la plus dangereuse. Même les soldats GSR ne voulaient pas servir sous ses ordres.

- Ohhhhhhh, s’exclama Sharon en levant la tête le plus possible. Je vois même pas le sommet ! On peut monter tout en haut ? Hein Ian, on peut ?

- Nous ne sommes pas là pour visiter, rétorqua son collègue. Monsieur Brenwark nous a envoyé le détruire.

- Peuf… Silas est idiot. À quoi ça sert, de détruire une tour ? Ça ne saigne pas, une tour. Ça ne cri pas de douleur, et ça ne demande pas de nous épargner en pleurant, une tour…

Ian observa la gamine d’un œil distrait et critique. Althéï et Naulos avaient eu une mauvaise influence sur elle. Quand elle était entrée de la GSR, elle était tout aussi violente et destructrice, mais en même temps innocente. Elle ne comprenait pas que tuer était mal, et ne s’en réjouissait pas non plus. Mais aujourd’hui, la petite se plaisait à arracher les membres de ses ennemis. Ses gènes faisait qu’elle était la plus puissante de tous les Shadow Hunters, mais son esprit enfantin et son sadisme nouveau la rendaient encore plus belliqueuse. Ian n’aimait pas ça. Il était entré dans la GSR pour apporter l’ordre et la justice. Il espérait que quand tous leurs ennemis auront été défait, et que Lady Venamia gouvernera sur le monde entier, elle se sépare de tous ces cinglés qu’elle avait pris avec elle.

Ian ne voyait pas bien ce qu’ils faisaient ici. Il devrait être dans son FurtiX en train de se battre, ou dans la base G-5 en train de la prendre d’assaut. Mais Silas, avec autorisation de Venamia, les avait envoyés ici avec pour mission de dynamiter le Pilier Céleste. Ian ne le sentait plus trop, le Silas. C’est lui qui l’avait présenté à Venamia, dans le temps, mais il avait appris entre temps que le bon vieux Brenwark était lié à cette espèce de secte des Agents de la Corruption. Qui étaient-ils, Ian n’en savait trop rien, mais clairement pas des adeptes de l’ordre et de la justice.

Silas Brenwark était intervenu dans un des plans de Lady Venamia sans son autorisation, en soudoyant Althéï pour qu’elle sauve le colonel Tuno. En réponse à ça, Venamia avait fait emprisonner Althéï et avait mis les points sur les i avec Brenwark. Mais dans ce cas, pourquoi maintenant elle faisait cause commune avec lui en voulant détruire ce vieux Pilier Céleste ? Ian ne comprenait pas. Mais il n’avait pas besoin de comprendre. Il avait juré loyauté à Lady Venamia. Obéir. Protéger. Servir. Des serments simples pour un homme simple. Le soldat qu’il était faisait confiance à Lady Venamia, et était honoré de compter comme l’un des capitaines de sa GSR. Surtout qu’à présent qu’elle était Chef d’Etat, c’était un peu lui, Ian, qui dirigeait la GSR. Donc si Lady Venamia disait que ce Pilier devait être détruit, il devait être détruit. Point à la ligne.

- Allez, viens, fit-il à Sharon. Plaçons nos explosifs à l’intérieur, et fichons le camps d’ici.

- Oh oui oh oui, chantonna Sharon. Surtout qu’il parait qu’il y a des intrus à bord du Mégador, et qu’ils ont fait explosé le superlaser ! J’espère pouvoir en attraper un ou deux !

Ian ne se leurrait pas sur l’identité des intrus. Ils affrontaient la X-Squad, qui avait fait cause commune avec la traîtresse Estelle. Que Venamia puisse affronter son frère, sa sœur et son père sans rechigner démontrait toute la puissance de sa volonté et de sa justice. Le groupe de GSR entrèrent dans le Pilier. Ce n’était que ruine, mais il y avait quelque escaliers encore entiers pour grimper en haut. Il y avait aussi pas mal de symboles intéressants. Un grand lieu d’histoire et d’architecture. Triste de le détruire.

- Eparpille les explosifs sur les bords, ordonna-t-il à Sharon. Ça devrait suffire à le faire s’écrouler sans qu’on explose tout, et…

Il s’arrêta. Toute la pièce était devenue sombre, comme si on avait éteint les lumières. L’air était devenu froid et lourd. Ian pensa d’abord à un Pokemon sauvage, mais aucun Pokemon normal n’était capable de faire ça. Sharon, curieuse, pointa le doigt vers quelque chose.

- Ohhhhhh ! C’est quoi ça ?

En effet, c’était quoi ça ? Ian n’aurait pas pu y répondre. Quelque chose était sorti du sol ; un sol qui ressemblait à de la gélatine noire. La chose… était humaine, mais pas tout à fait. Deux bras, deux jambes et une tête était visible, mais le corps tout entier était enseveli de ténèbres. Et puis, ses membres étaient grossiers, malformés, distordus. L’individu avait les cheveux blancs, et un œil bleu sur un visage déformé par un mélange de souffrance, de joie et de colère.

Comme la créature représentait de toute évidence une menace, les quatre gardes GSR n’hésitèrent pas et ouvrirent le feu. Mais la chose noire plongea à nouveau dans le sol, ne laissant qu’une tâche sombre derrière lui. Puis la tâche sombre se mit à tourner à toute vitesse dans la salle. Les soldats GSR tentèrent de le viser, mais il allait trop vite. Finalement, il ressorti du sol au milieu d’entre eux, et des lances de ténèbres sorti de son corps transpercèrent les soldats GSR. Mais l’œil de glace de la créature était rivé sur Sharon.

- Je t'ai trouvé… dit l’être d’une voix aussi mal foutue que son corps. Tu es là… oui… Je vais te tuer… tuer… TUER !!

Sharon semblait plus surprise que terrifiée.

- Le monsieur moche en noir dit qu’il veut me tuer, Ian. C’est un méchant alors ?

- Il semblerait, acquiesça lentement Ian.

- Ujianie… continua à marmonner la créature. Ujianie… va pouvoir reposer en paix…

Ujianie… N’était-ce pas là le nom de la Shadow Hunter que Sharon avait éliminé ? Ian fronça les sourcils, ébahi.

- Colonel Tuno ?!

La créature poussa un gémissement inhumain et fondit sur les deux capitaines GSR.