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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 18/02/2015 à 09:10
» Dernière mise à jour le 20/10/2016 à 18:53

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 16 : Le désir de posséder
Tranchodon



Je tenais cette piteuse cité de Ferduval entre mes griffes. J'ai fait annoncer la traîtrise du maire Cresuptil, et j'ai exposé ce qui restait des cadavres des parents de Cielali. Tous les Pokemon du coin étaient atterrés par des faits d'une telle gravité. La Paxen la plus recherchée du continent s'était réfugiée ici, dans leur petite cité tranquille ? Le maire Cresuptil et une famille de Pokemon respectée l'avaient couverte ? C'était plus que pouvaient concevoir ces idiots provinciaux. J'allais faire en sorte qu'ils se rappellent ce qu'était l'Empire.

J'avais déjà donné des ordres à Pandarbare. Il avait fait une descente dans toutes les maisons de cette cité pour y sélectionner ceux qui étaient assez forts et jeunes pour servir l'Empire comme soldats. J'avais aussi ordonné le regroupement de tous les esclaves humains de la ville. Ils allaient servir de ravitaillement pour mes troupes. J'ai appris à mes soldats Pokemon à apprécier la chair humaine. Malgré toutes ces mesures violentes, aucun Pokemon n'avait été surpris à protester. Ils n'oseraient pas. Ils connaissaient ma réputation. Et comme j'étais déjà insatisfait de cette ville, ses habitants allaient tout faire pour ne pas me mettre plus en colère. Comme il se devait. Ici, j'étais le plus haut représentant de l'Empire. Ici, j'étais le maître.

Mais ça n'allait pas durer, je le savais. Je n'avais eu d'autre choix que d'informer le Général Légionair de ce qui s'était passé ici. La situation était assez grave pour que le chef des armées impériales soit mit au courant. Comme le général était occupé en ce moment à rechercher cette damnée base des Paxen, il allait m'envoyer un de ses sous-fifres avec une unité entière. Qui que soit le commandant, même s'il était moins gradé que moi, je devrais respecter ses instructions comme si elles venaient du Général Légionair, ce qui était d'ailleurs le cas.

Assis dans le bureau de Cresuptil à la mairie de la cité, je réfléchissai. Ludmila Chen avait eu un but en venant à Ferduval. D'après ce que l'humain de Frelali avait dit, la fille Chen était venue pour solliciter l'aide de cette Paxen oubliée, Solaris. Et elles avaient cité un nom : Tannis. Après quelques recherches, j'avais effectivement trouvé un Tannis Chalk dans la liste des Paxen identifiés. Mais cet humain était désigné comme décédé lors de la bataille de Balmeros, celle qui a vu la mort du Seigneur Protecteur Xanthos des mains de cette infâme Ludmila Chen.

Malgré mon grade et mon importance dans l'armée, je n'avais jamais eu de rapport circonstancié sur ce qui s'était passé lors de cette débandade il y a deux ans. Seul le Général Légionair et les autres Etoiles Impériales connaissaient le fin mot de l'histoire. Sans doute tenaient-ils à garder tout ça secret, pour éviter que se répande le récit d'une telle défaite pour l'Empire. En effet, j'avais toujours été estomaqué à l'idée de penser que les Paxen étaient parvenus à nous piéger de la sorte, et pire, à tuer le Seigneur Protecteur. C'était une honte pour l'armée impériale. Une honte qui ne prendra fin que quand cette rébellion insensée aura totalement disparu, et quand je pourrai accrocher la tête de Ludmila Chen dans ma chambre comme trophée. Après avoir dévoré le reste de son corps, bien sûr. À cette idée, je fus pris d'une violente envie de planter mes crocs dans de la chair humaine, et je m'apprêtais à sortir dans l'idée d'aller me trouver un esclave à manger. C'est alors que mon second, le commandant Pandarbare, arriva en se mettant au garde à vous.

- Mon colonel, trois skippers sont en approche et demandent l'autorisation d'atterrir.

Je hochai la tête. Ça devait être l'unité que m'envoyait le Général Légionair. Je sortis de la mairie et me rendis dans la cour pour les accueillir. Les skippers étaient les vaisseaux de tailles moyennes de l'Empire, capable de transporter une centaine de Pokemon, et disposant d'un armement assez important pour réduire une cité comme Ferduval en cendres en cinq minutes. Les soldats impériaux débarquèrent dans un ordre strict. Il y en avait environ trois cent, et tous de bonnes constitutions. Des Pokemon forts, et beaucoup de type Acier. Ce type était le meilleur atout contre les Paxen, car ils étaient insensibles à leurs bâtons Desgen, cet arme impie qui s'attaquait à l'ADN Pokemon.

De plus, le type Acier était bien sûr le type de Pokemon préféré du Général Légionair, qui en était lui-même un. Je reconnus le chef de ce détachement, le major Lancargot. De type Acier et Insecte, Lancargot portait une armure intégrale ainsi qu'un casque, et avait deux lances en guise de bras. Il était de petite taille, mais je savais que son habilité au combat était rarement égalable. C'était probablement le major le plus en vu du Général Légionair, et son avancement futur au grade de colonel ne faisait pas de doute. Peut-être s'il réussissait cette mission...

- Colonel Tranchodon, fit-il en me saluant impeccablement. Major Lancargot, commandant de la Quatrième Cohorte, envoyé ici sous ordre express du Général Légionair.

Je rendis son salut au major.

- Bienvenu à Ferduval, major. Le général ne m'a donné aucune directive, si ce n'est d'attendre votre venue. Puis-je prendre connaissance de ses ordres ?

- Ils sont très clairs, mon colonel. La fille Chen et ses compagnons sont secondaires par rapport à cette Solaris as Vriff. Sa nature en fait un adversaire des plus dangereux. Le général est sur le point de découvrir la base Paxen, et il ne veut pas d'elle dans les parages quand il attaquera. Solaris as Vriff doit mourir avant de pouvoir rejoindre la base Paxen. C'est un ordre de priorité absolu.

J'acquiesçai. Si c'étaient là les ordres du général, il n'y avait pas à discuter. Mais un point me dérangeait.

- Nous avons là une occasion en or de découvrir la base Paxen si nous les suivons, dis-je. Ne devrions-nous pas attendre avant de les attaquer ?

- Le général doute qu'ils se rendent directement à leur base, répondit Lancargot. Ludmila Chen n'aurait certainement pas traversé la moitié de l'Empire juste pour ramener cette Solaris au bercail. Non, ils se sont donnés une mission à faire en chemin.

- De quelle nature ?

Lancargot me dévisagea, comme s'il se demandait ce qu'il pouvait me raconter. Je cachai difficilement mon agacement.

- Je suis le second du Général Légionair, major, lui rappelai-je d'un ton doucereux. Tout ce qu'il vous a dit peut m'être dit.

- Le général s'inquiète de la présence de ce Tannis Chalk dans ce groupe de traître, dit enfin Lancargot. Ce Paxen pourrait posséder des informations sensibles sur l'Empire. Notamment sur la localisation d'un certain objet. Un objet appartenant à Sa Majesté l'Empereur lui-même.

À la mention de l'Empereur, je renonçai à en demander plus. Sa Majesté avait bien des secrets. Des secrets qu'aucun Pokemon de l'Empire, fut-il si élevé que moi, n'avait intérêt à chercher.

- Les Paxen veulent dépouiller l'Empereur d'une de ses possessions ? M'exclamai-je.

- C'est un peu ça, en effet, colonel.

- Impardonnable ! S'en prendre directement à Sa Majesté... L'insolence de ces scélérats est-elle donc sans limite ?!

Lancargot parut amusé de ma colère.

- Le général se refuse que l'Empereur soit dépouillé. Nous devons arrêter ces Paxen. Tuer Solaris as Vriff est prioritaire. Les autres peuvent mourir si on n'en a l'occasion, mais le général souhaiterai, si possible, que Ludmila Chen soit capturée vivante. Pour ses crimes atroces, elle doit subir une exécution publique comme son traître de père avant elle. Par contre, concernant l'humain Tannis Chalk, le général a ordonné sa capture. Cet humain ne doit pas être tué. Il sait des choses sur l'Empire, et le général veut savoir exactement quoi avant de l'exécuter lui-même.

- C'est noté, dis-je.

- Le général m'a placé, ma cohorte et moi, sous votre commandement. J'ai pour directive de suivre vos ordres tant qu'ils impliquent la réalisation des objectifs dont je vous ai fait part à l'instant.

Une bonne chose, songeai-je. J'avais craint que le général n'ait donné toute autorité à son envoyé. Mais ça voulait aussi dire que je serai le seul responsable s'il y avait un problème. Je ne devais donc pas échouer.

- Très bien. J'ai envoyé des pisteurs suivre les traces des Paxen. Selon leur rapport, nous diviserons votre cohorte pour la placer aux endroits où ils risquent le plus de se rendre. Venez à l'intérieur, major. Nous allons étudier tout ça sur des cartes.

Lancargot et quelque uns de ses sous-officiers suivirent la direction de mon bras et entrèrent dans la mairie. Avant que je ne les suive, Pandarbare me dit à l'oreille :

- Qu'en est-il de Frelali et de son humain, colonel ? Ils ne sont pas rentrés. Ils doivent poursuivre les rebelles seuls. Comme ils n'ont pas connaissance des ordres du général, ils pourraient tuer par mégarde le dénommé Tannis Chalk.

C'est vrai. Je les avais oublié, ces deux là... La peste soit de Frelali et de son ambition ! Je savais que s'il poursuivait les Paxen tout seul, c'était pour s'attribuer ensuite le mérite de leur capture devant le général Légionair. Mais d'un autre coté...

- Frelali n'est pas un imbécile, dis-je. Il sait probablement qu'il ne pourra rien face à Solaris de face. Si il est assez fou pour essayer, eh bien tant pis pour lui. Et puis... je crois qu'il en veut surtout à cette jeune Cielali, dans cette histoire. Il voulait l'épouser pour prendre possession de ses esclaves, et maintenant qu'ils sont dans le camp Paxen, il ne peut plus. Frelali n'aime pas quand il ne peut plus prendre possession de ce qu'il avait prévu. Il va donc tout faire pour se venger de Cielali. Et comme cette Pokemon m'importe pas, qu'il fasse donc ce qu'il veut.


***


Galbar




- Ne traîne pas Galbar ! Et fais moins de bruit quand tu marches, sinistre crétin. Les Paxen t'entendront arriver à des kilomètres à la ronde !

- Oui maître. Pardonnez-moi maître.

Je faisais de gros efforts pour bannir de ma voix tout signe d'exaspération ou de colère. Mais c'était facile pour maître Frelali de dire ça. Vu sa taille et son poids, évidement qu'il faisait bien moins de bruit que moi en marchant dans cette damnée forêt enneigée. Peut-être mon maître bénéficiait-il d'une certaine protection contre le froid, mais ce n'était pas mon cas. Quelle idée de partir seul poursuivre Kerel et les autres ! Je voulais participer à leur traque, oui, mais je voulais le faire sous la direction des Pokemon de l'Armée Impériale, pas seul avec mon maître qui geignait et m'engueulait à tout bout de champ. Pourquoi un Pokemon comme lui, qui aimait son petit confort, partait-il de la sorte à l'aventure au dehors, pour traquer des criminels dangereux ? J'aurai bien aimé le savoir, mais poser la question directement à mon maître, vu son humeur, aurait été quelque peu stupide.

C'était peut-être pour se faire bien voir du colonel Tranchodon. Mais j'avais pourtant l'impression que mon maître et le colonel s'entendaient plutôt bien. Donc, c'était plus probablement personnel. Mon maître voulait Cielali. Cette gamine Pokemon s'était refusée à lui, et maître Frelali adorait posséder ce qu'on lui refusait, même si c'était insignifiant. J'avais souvent entendu dire mon maître que Cielali n'était pas digne de son attention, qu'elle était une enfant gâtée et mal éduquée. Mais malgré tout, il avait décidé qu'elle serait à lui. Mon maître serait bien capable de plaider la clémence du colonel Tranchodon envers Cielali pour pouvoir s'en emparer ensuite.

Personnellement, les désirs de mon maître m'importaient peu. Frelali pouvait bien avoir Cielali, je m'en fichais. Mais j'avais mes propres raisons pour prendre part à cette chasse. Je n'avais toujours pas digérer la défaite que Kerel m'avait infligée dans l'arène. Comme il était à présent répertorié comme hors-la-loi et fugitif, j'avais tous les droits pour me charger de lui moi-même. Le tuer, ou le livrer au colonel Tranchodon. Les deux solutions étaient tentantes. Il va falloir que je choisisse vite.

Et puis... la femelle Paxen m'intéressait aussi. En apprenant qu'elle serait en jeu pour le Grand Tournoi, en la voyant pour la première fois, je me suis fait miroité un futur dans lequel je la gagnais, et où elle serait à moi, rien qu'à moi pour que je puisse me reproduire. Vu qu'elle était une Paxen énormément recherchée, ça n'allait pas se produire, mais je voulais au moins une fois goûter au plaisir de saillir une femelle. C'était là, après tout, tout le désir d'un esclave. Et savoir que cette fille était une criminelle de la pire espèce, ça m'excitait encore plus. Avant que Tranchodon ne la tue, je veux pouvoir la posséder au corps, ne serait-ce qu'une fois. Ce désir venait aussi du fait que cette femelle m'avait été refusée. Kerel me l'avait prise. Ça ne me plaisait pas. De ce coté là, je ressemblais un peu à mon maître. Je n'acceptais pas qu'on touche à ce que j'avais décidé comme m'appartenant.

Nous nous enfonçâmes encore plus profondément dans la forêt, délaissant le sentier qui faisait le lien entre Ferduval et la ville voisine. Bien sûr, les rebelles auraient été fous d'aller là-bas. La première chose que le colonel Tranchodon avait du faire en prenant le contrôle de Ferduval était sûrement d'envoyer le signalement de ces renégats à toutes les cités impériales du secteur. Kerel et sa bande ne pourraient plus aller dans n'importe quel lieu civilisé sans se faire repérer. Mais ce coin de l'Empire ne regorgeait pas spécialement de grandes cités, mais plutôt de terrains sauvages où il était justement assez aisé de s'y cacher. Mais je faisais confiance à mon maître pour les retrouver. Les Frelali étaient des prédateurs. Une fois leur proie reniflée, ils pouvaient la pourchasser jusqu'au bout du monde.

J'étais censé protéger mon maître des dangers de la forêt, mais c'était plutôt lui qui s'en chargeait. Non pas que les Pokemon courraient un danger quelconque dans les territoires de l'Empire, mais il existait toujours certains Pokemon qui refusaient de vivre de façon civilisée et s'en tenaient à leur vie sauvage d'avant la Guerre de Renaissance. Et il y en avait certain dans cette forêt, bien que peu d'entre eux oseraient s'en prendre à un Pokemon des cités.

- Maître, si je peux me permettre... commençai-je.

- Non, tu ne peux pas, coupa Frelali.

- Mais maître... Pardonnez-moi, mais... Si vous comptez vous en prendre à cette vieille Sol... Vous l'avez bien vu anéantir une partie d'un mur d'enceinte de Ferduval en invoquant un météore ?

- C'est moi qui ai sept yeux, Galbar. Oui, je l'ai vu, et bien plus visiblement que toi. Tu me penses assez idiot pour engager un combat contre cette humaine ?

- Non ! Bien sûr que non... J'aurai seulement voulu connaître votre plan... pour pouvoir vous aider de la meilleure des façons.

- Tu m'aideras de la meilleure des façons en faisant ce que je t'ordonne, répliqua mon maître. En savoir plus risquerai de te brouiller ton esprit déjà suffisamment limité.

Je retins une réplique cinglante qui m'aurait valu une punition douloureuse. Mon maître savait que je supportais mal les insultes, aussi était-il toujours que trop heureux de pouvoir mettre mes nerfs à rude épreuve. Mais mon maître savait que j'étais son esclave le plus précieux et le plus fort, et moi je savais qu'il le savait. J'ignorais ce qu'il avait prévu contre les rebelles, mais il ne pourrait certainement pas y arriver seul. Mon maître s'arrêta d'un coup, ses poils dorsaux se redressant et ses nombreux yeux regardant partout autour de nous.

- Il y a un Pokemon non loin, me prévint-il. Il approche.

- Cielali ou Cresuptil, maître ?

- Non. Je connais l'odeur de ces deux là. Mais ce n'est pas un Pokemon sauvage non plus.

Nous tombâmes sur un Skelenox, un petit Pokemon Spectre qui lévitait au dessus du sol enneigé avec un air absent.

- Toi là, fit mon maître en s'avançant. Qui es-tu ?

La lueur rouge dans le crâne qui faisait office de visage au Pokemon se posa sur Frelali.

- Je suis Skelenox.

Mon maître ricana.

- Aussi étrange que cela puisse te paraître, je m'en étais rendu compte. Mais encore ? D'où viens-tu ? Que fais-tu ici tout seul ? Tu n'as pas l'odeur des Pokemon sauvages.

- Je sers l'Armée Impériale. Je suis au service du colonel Tranchodon, dit le Skelenox d'une voix morne et neutre.

- Tu pourchasses donc les Paxen ? Où sont-ils ? Quelle direction ont-ils pris ?

Le Skelenox regarda derrière lui, comme s'il hésitait, puis dit :

- Je les ais vu partir vers l'Est. J'allais en informer le colonel.

- L'Est ? Répéta mon maître, guère convaincu. L'Est est rempli de cités impériales jusqu'à la capitale. Leur base ne peut pas se trouver vers là-bas ! Tu es sûr de ce que tu avances ?

- Je les ai vu, répéta le Skelenox.

Il y avait un problème avec ce Pokemon, je le sentais. Et mon maître, avec son sixième sens insectoïde, le sentait encore plus. Bien sûr, ce n'était pas totalement farfelu que les rebelles passent par les cités de l'Est pour rejoindre leur base au plus vite si elle se trouvait dans les Terres Sauvages du Grand Orient, comme beaucoup le suspectaient. Ça leur évitait de faire un énorme détour par le sud. Mais, recherchés comme ils étaient, c'était clairement du suicide.

- Je sais toujours flairer ma proie, dit Frelali. Et je ne sens pas ma proie à l'Est. Tu mens, Skelenox. Peut-être es-tu un traître, toi aussi ?

Le Skelenox ne répondit pas, se contentant de répéter comme un automate qu'il avait vu les Paxen se diriger vers l'Est.

- Maître, si je peux me permettre... dis-je. Ce Pokemon me semble avoir subi un lavage de cerveau ou une altération de mémoire. Cresuptil est un Pokemon Psy. Peut-être est-il responsable, pour nous diriger sur une fausse piste ?

Frelali m'observa un moment, puis ses mandibules s'agitèrent, signe qu'il souriait.

- Tu n'es peut-être pas si désespéré que ça, Galbar. Oui, c'est très probable. L'hypnose ou la confusion de l'esprit sont détectables si elles ont été pratiquées tout récemment. Ils ne doivent pas être loin. Et ils vont vers le Sud, comme je le suspectais.

- Mais il n'y a rien, au sud d'ici, maître... C'est la côte. Juste des villages de Pokemon pécheurs. Et plus loin, c'est la frontière avec le Dominat Uldien. Même s'ils avaient l'intention de se rendre à l'étranger, ils seraient bloqués.

J'étais assez fier de mes connaissances géographiques et politiques. Maître Frelali avait tenu à ce que j'étudie tout cela. Certes, j'étais un esclave de combat, mais je me devais de faire honneur au rang de mon maître en étant instruit. Le Dominat Uldien était un pays au sud de l'Empire Pokemonis, dont les frontières se trouvaient être un immense mur de cristal totalement impénétrable. Ce mur n'était pas quelque chose de naturel, mais bien l'œuvre d'un Pokemon : celui qu'on nommait le Nodiarchal, le seigneur et maître du Dominat. Il n'acceptait aucune venue d'étrangers, quels qu'ils soient, dans son royaume. L'Empire Pokemonis et le Dominat Uldien étaient des rivaux, mais aucun des deux ne tenaient à déclarer la guerre à l'autre, pas sans une provocation avérée. De fait, dans l'Empire, on n'en savait peu sur le mode de vie des Pokemon par delà le Mur de Cristal. Je me demandais s'ils avaient des esclaves humains, eux aussi, et comment ils étaient traités là-bas...

- Oh, ils ne vont pas se rendre dans le Dominat, fit mon maître. Leur base est ici, dans l'Empire, c'est une chose avérée, bien qu'on ne sache pas où. Mais avant le Mur de Cristal, il y a autre chose, mon bon Galbar. La Vallée des Brumes.

Je frémis malgré moi. Je connaissais ce nom. On disait que c'était un endroit hanté, d'où personne ne revenait jamais. C'était le territoire d'une colonie de Pokemon indépendants de l'Empire, qui n'aimaient pas beaucoup les citoyens impériaux, justement. Ce n'étaient pas des Paxen, ça non. L'Empereur les aurait exterminé depuis longtemps sinon. Mais ils n'étaient clairement pas amicaux envers les représentants de l'Empire. Comme ils contrôlaient parfaitement leur territoire, les attaquer aurait couté très chers en vie et en ressource. Aussi les autorités impériales les avaient laissés tranquille pour le moment, préférant se concentrer sur les Paxen.

- Ça semble en effet être un lieu digne d'une bonne cachette pour des Paxen en fuite, approuvai-je. Mais... pourra-t-on y pénétrer, maître ? Les Pokemon de là-bas gardent jalousement leur territoire.

- Ils n'ont jamais refusé l'hospitalité à quelqu'un néanmoins. Nous ne sommes que deux. Si nous nous présentons humblement devant eux, ils nous laisseront entrer. Il faut bien sûr y être avant les Paxen. Nous pourrons leur tendre une embuscade là-bas.

- Mais ils ont une certaine avance sur nous, maître...

- Vu qu'ils se cachent, ils vont éviter la route impériale, préférant continuer de longer la forêt. Ce sera plus sûr pour eux, mais plus long. Si nous rejoignons la route jusqu'à la vallée, on y sera avant eux.

J'acquiesçai. Ça paraissait logique. Mais en mon for intérieur, me rendre dans la Vallée des Brumes ne me tentait guère. Mais le souvenir de Kerel et le désir de posséder un moment la fille Paxen me donna le courage nécessaire. Je désignai le Skelenox de la tête.

- Et lui maître ?

- On va le laisser rentrer à Ferduval. Il ira raconter son bobard au colonel. Et comme son esprit aura alors eu le temps de bien assimiler l'altération qu'on lui a fait subir, il se montrera un peu plus convainquant qu'il ne l'a été avec nous.

Je clignai des yeux, surpris.

- Vous voulez... que le colonel Tranchodon suive une fausse piste ?

- Disons que je préfèrerai être celui qui aura réussi à retrouver et stopper les Paxen plutôt que mon vieil ami Tranchodon. Ça ne lui plaira pas, mais l'amitié du Général Légionair, ou mieux, celle de l'Empereur en personne, vaut mieux que la sienne.

Je me permis un ricanement, que mon maître ne releva pas. Maître Frelali aimait en effet tisser des relations avec les gens puissants comme il pouvait tisser une toile. Je comptais bien moi aussi avoir ma part du gâteau. Outre ma vengeance sur Kerel et le plaisir éphémère de la compagnie de Ludmila Chen, je voulais la reconnaissance. Je savais que j'étais un humain, que j'étais un esclave, mais je ne pouvais m'empêcher de cultiver une ambition débordante. Frelali aimait devenir copain avec des Pokemon hauts placés ? Tant mieux. Moi, j'aimerai devenir l'esclave d'un Pokemon plus haut placé que lui, et j'allais tout faire pour.