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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 01/06/2014 à 09:21
» Dernière mise à jour le 19/07/2018 à 01:11

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Film 3 : Thanese et la molécule d'or (1/8)



Dans un lointain passé...



La nuit était tombée, froide, menaçante, remplie de Pokemon sauvages qui ne rêvaient que de faire un festin de deux humains. Pourtant, Grebel aurait mille fois souhaité se trouver dehors à cet instant, à la merci des prédateurs de la forêt, plutôt que là où il se trouvait. Ayant achevé sa prière aux dieux - la sixième depuis qu'ils étaient entrés - son compagnon Maslou ouvrit la porte du premier corridor. Le couloir, sombre, continuait longuement jusqu'à la porte du second corridor. Et après lui... la salle maudite.

La crainte de Giratina lui-même n'aurait pas suffit aux deux humains pour pénétrer dans cette pièce. Mais leur devoir était de se rendre dans le second corridor, pour apposer sur la porte de la salle suivante un cristal. Ce cristal, c'était le grand Mew, père et gardien de ce monde, qui le leur avait donné. C'était un objet magique, qui était la source d'énergie qui protégeait la salle maudite, et empêchait quiconque de l'ouvrir. Le précédent cristal, posé il y a plusieurs siècles, commençait à faiblir, et Mew avait demandé au Peuple des Justes de le remplacer par un autre. Le Peuple des Justes gardait l'accès à ce temple depuis sa construction. C'était son devoir de veiller à ce que la... chose qui y résidait ne puisse s'échapper. Et Grebel et Maslou étaient les deux plus courageux jeunes hommes du Peuple des Juste. C'était à eux d'accomplir la tâche que Mew leur avait confié.

Pourtant, à mesure qu'il approchait de la salle scellée, Grebel ne se sentait pas l'âme d'un brave. Il savait ce qui était enfermé dans ce temple. La Fin de Tout, la mort et le cataclysme incarné, que Mew avait scellé il y a des milliers d'années. Quelque chose d'intemporel et d'immortel qui avait failli causer la destruction du monde jadis. Cette chose ne devait sortir sous aucun prétexte. C'était pour cela que Grebel et Maslou devaient s'approcher le plus possible de cette porte pour y apposer le nouveau cristal qui retiendrait le monstre enfermé durant encore des milliers d'années.

Mais quand ils furent dans le second corridor, et qu'ils virent devant eux la porte scellée, les deux hommes ne purent s'empêcher de trembler violement. Ils étaient à quelque pas du mal absolu, de la destruction incarnée. Et la porte qui le retenait commençait à céder. Le précédent cristal d'énergie de Mew qui repoussait le mal derrière avait perdu de son éclat lumineux. La chose pouvait sortir d'une minute à l'autre. Ils n'avaient que trop tardé.

- Dépêchons-nous, dit Grebel en tâchant de se reprendre. Posons ce cristal et sortons d'ici au plus vite.

Maslou acquiesça, mais ne fit aucun pas pour s'avancer plus. Comme c'était Grebel qui avait le cristal, il s'avança vers la porte, lentement, prudemment, comme si chacun de ses pas étaient susceptible de provoquer une catastrophe planétaire. Il n'y avait aucun bruit dans ce corridor, et la pression qui s'y dégageait n'était pas normale. Un lieu maudit, assurément. La demeure du plus grand mal qui soit. Priant une nouvelle fois Arceus de lui donner la force, Grebel approcha sa main tremblante pour retirer l'ancien cristal de son emplacement afin d'y mettre le nouveau. Mais il tremblait tellement qu'au moment où il enleva l'ancien, il fit tomber le nouveau par maladresse. C'est à ce moment que la porte scellée commença à tomber en morceau. Plus rien ne retenait ce qui se trouvait derrière de s'en prendre à la porte.

Grebel était totalement paralysé par la peur pour faire un seul geste. Il ne pouvait que contempler la porte se désintégrer sous ses yeux. Derrière lui, Maslou avait déjà pris la fuite en hurlant, et avait même refermé la porte du second corridor derrière lui. On ne pouvait l'ouvrir que de l'extérieur, ce qui faisait que Grebel était désormais bloqué. Mais ça n'arrêterai pas la Fin de Tout. Une porte non protégée par un cristal ne tiendrai que quelque instants face à lui... Grebel était désormais sûr de sa mort, et cette certitude, étrangement, lui rendit courage. À quoi bon trembler alors qu'on était condamné ? Il devait faire ce qu'il pouvait pour barrer le passage du Grand Fléau. Il sauverait alors des millions d'êtres vivants. Non, des milliards. Mew lui serait redevable. Il intercèderait en sa faveur auprès d'Arceus le Père pour que Grebel rejoigne le Paradis des justes.

L'homme ramassa le nouveau cristal, juste au moment où la porte eut totalement disparu. Il pouvait voir la Fin de Tout se diriger vers lui. Une brume jaune, très indistincte, mais ô combien mortelle. Grebel sentit déjà ses membres lui brûler là où la brume jaune l'avait atteinte. Hurlant, plus de défi que de douleur, Grebel courut vers la porte précédente. Toutes les portes avaient un emplacement pour y mettre un cristal, au cas où. Le mieux aurait été d'en mettre un à chaque porte pour plus de sécurité, mais il fallait environ un millénaire au Mew pour créer un seul cristal. Tandis que son corps commençait à fondre sous l'action de la Fin de Tout, Grebel trouva en lui les dernières forces pour placer le cristal sur la porte. Peu importe si le cristal se trouvait à l'intérieur. La Fin de Tout ne pouvait s'en approcher. C'était la seule chose qui le repoussait.

Comme en réponse à son acte, la brume jaune s'agita furieusement, ayant apparemment comprise qu'elle avait manqué sa chance de s'échapper. Par la faute de cet humain. Et donc, au lieu de l'achever rapidement comme elle en avait l'intention, elle prolongea son agonie, détruisant son corps à petit feu, pendant très exactement trois jours. Grebel paya chèrement son courage. Il expérimenta une forme de douleur qu'aucun humain n'aurait dû connaître, qu'Arceus n'avait même pas imaginé à créant sa race. Grebel, au travers de ses cris terribles, pria longuement le Créateur, réclamant pitié. Mais il n'y avait aucune pitié là où il y avait la Fin de Tout. Seulement la douleur et la destruction.


***


Des milliers d'années plus tard...



Giovanni, l'Agent 001 de la Team Rocket, regardait l'équipe scientifique en train de déterrer ce qui semblait être le toit d'un ancien bâtiment, de toute évidence un temple, datant de plusieurs milliers d'années. Profondément enfoui dans la Forêt de Jade, la végétation l'avait peu à peu recouvert jusqu'à l'enterrer totalement. Ce n'était que par hasard qu'un dresseur de Pokemon, lors d'un combat violent, était tombé sur le bout du toit qui dépassait du sol après une attaque de Pokemon de grande envergure.

C'était une découverte majeure. Qui savait ce que pourrait contenir un temple caché qui datait d'une époque lointaine ? Peut-être un Pokemon légendaire non répertorié ? Peut-être un objet de grands pouvoirs ? C'était pour cela que l'Agent principal de la Team Rocket menait lui-même les recherches. Ils avaient eu de la chance de tomber sur l'information du dresseur avant les autorités du gouvernement. Ils devaient terminer avant qu'elles ne se pointent.

Mais ça prenait longtemps, même avec l'aide d'une dizaine de Pokemon d'excavation. Giovanni avait même appelé les siens, de puissants Pokemon sol, pour aider. Au bout de deux jours de travaux, la mère de Giovanni, Urgania, qu'on surnommait Madame Boss dans la Team Rocket, était venu voir ça d'elle-même. La dirigeante de la Team Rocket s'intéressait de très prés à tout ce qui touchait à l'occulte et aux légendes. Un temple sous terre avait de quoi éveiller sa curiosité.

Giovanni se tenait prêt à accueillir sa mère et patronne tandis que son hélicoptère se posait près du lieu de fouille. Elle fut la première à descendre. Madame Boss avait environ la cinquantaine, et pourtant, elle en paraissait trente de moins. Son visage ne présentait aucune ride d'aucune sorte, et ses longs cheveux violets étaient brillants et tous colorés. Aucun gris ou blanc, et Giovanni savait que sa mère n'utilisait aucun produit. La chef de la Team Rocket semblait juste intemporelle. Elle était comme Giovanni s'en rappelait quand il était enfant. Elle n'avait pas vieilli. Elle avait gardé le corps de ses vingt ans. Son propre fils paraissait même plus âgé qu'elle.

Mais il y avait quelque chose chez Madame Boss qui laissait entrevoir son âge véritable. C'était ses yeux. Ses deux yeux rouges, brillant d'un éclat anormal, reflétant toute la sagesse et l'expérience d'Urgania, et aussi son avidité sans limite. Giovanni savait que sa mère n'était pas normale. Elle cachait bien des choses sur sa véritable nature. Elle n'était pas une simple humaine comme les autre. Elle était plus, bien plus. Tout le monde la craignait, même son propre fils. À la suite de Madame Boss venaient la femme de Giovanni, Priscilla, ainsi que ses trois enfants. Estelle, sa fille aînée de sept ans, qu'il avait eu de sa femme précédente, et les jumeaux Vilius et Rugard, âgés de cinq ans, qui eux étaient de Priscilla. Voyant son père, Estelle sautilla jusqu'à lui.

- Papa !

Giovanni se pencha pour la prendre dans ses bras. Avec ses cheveux châtains clairs et ses grands yeux brillants, la fillette ressemblait tant à sa mère, Claire, qui était décédée lors de l'accouchement. Estelle ne l'avait pas connue donc, mais il n'y avait pas un jour sans qu'elle manque à Giovanni. Un vide que même Priscilla, pourtant une épouse aimante, ne pourrait jamais combler. Un vide d'autant plus cruel que Claire était morte à cause de lui. Il se força à chasser ces souvenirs et regarda Madame Boss.

- Mère. Pourquoi avoir amené Priscilla et les enfants ?

- Tu manques à tes devoirs d'époux et père, mon fils, lui reprocha Urgania. Cela fait plus de deux mois qu'ils ne t'ont pas vu. Comme je venais te retrouver, je leur ai proposé de venir aussi. Car une fois cette affaire réglée, tu iras sans doute sur une autre mission sans prendre le temps de passer un peu de temps à la base, n'est-ce pas ?

Giovanni se retint de répliquer que s'il était toujours en mission, c'était de son fait. N'était-il pas l'Agent 001, destiné à devenir Boss à la suite de sa mère ? C'était ce qu'Urgania ne cessait de lui dire. Sentant venir la réplique qu'il lui aurait valu une sévère réprimande de la part de sa mère devant ses propres hommes, Priscilla posa une main sur le bras de son mari en guise d'avertissement. Giovanni hocha la tête, reconnaissant, et dévisagea ses deux fils. Comme il les voyait rarement, et qu'ils étaient jumeaux, il lui était difficile de les différencier. Ils avaient tous les deux les cheveux roux comme Priscilla et ses propres yeux. La seule différence était leur caractère. Vilius était un garçon intenable qui ne cessait d'enchaîner les bêtises, tandis que Rugard était sage comme une image.

- Alors, comment ça avance, ici ? Demanda Madame Boss, observant les travaux et le temple au fond avec gourmandise.

- Lentement. Nos scientifiques veulent agir avec prudence, de peur d'abîmer une partie du temple. D'après les estimations de Storc, il serait vieux de plus de dix-mille ans.

Storc, de son vrai nom Saki, était l'Agent 007. Elle était venue avec Giovanni pour étudier cet édifice et ses mystères et dirigeait les fouilles sur le site. C'était une femme pâle aux cheveux gris, experte en archéologie, légendes et mythologies. C'était aussi la maîtresse de Giovanni. Enfin... l'une de ses nombreuses maîtresses. Comme Madame Boss l'avait si bien fait remarquer, Giovanni était rarement avec son épouse, et par conséquent, il trouvait un peu de réconfort ailleurs.

- Fascinant, avoua Urgania. Je veux qu'on ouvre ce temple dans les plus brefs délais. Je ne tiens pas à ce que les Dignitaires nous remarquent.

- J'ai fait quadriller la zone, mère. Personne ne peut s'approcher. Le risque est que l'info qu'il se passe quelque chose ici arrive à l'oreille des Dignitaires plus vite que prévu.

- D'où la nécessité d'accélérer les travaux. Je me fiche des ruines. C'est-ce qui est dedans qui a de l'importance.

Giovanni n'était pas vraiment d'accord. La compréhension même de ce lieu était aussi importante que ce qu'il y avait en ce lieu. Posséder quelque chose et le comprendre étaient deux choses différentes. Mais Giovanni ne put que suivre les ordres de sa mère. Comme toujours. Saki ne fut pas vraiment ravie non plus, mais elle aussi obéit, et ordonna qu'on détruise le toit pour qu'on puisse s'infiltrer à l'intérieur sans avoir tout déterré. Ceci fait, on demanda trois volontaires. Giovanni voulait en être, mais sa mère l'arrêta.

- On ne sait pas ce qui se trouve à l'intérieur. Tu es trop précieux pour la Team Rocket pour risquer ta vie de la sorte.

Pour la Team Rocket, oui... songea Giovanni avec amertume. Pas pour Madame Boss. Tout ce qu'Urgania voyait en lui, c'était la continuité de l'organisation. Jamais elle ne l'avait vraiment aimé comme son fils. Peut-être était-ce à cause du père de Giovanni. Urgania lui avait toujours dit qu'il lui ressemblait étant jeune. Et s'il y avait bien quelqu'un qu'Urgania détestait, c'était Samuel Chen. Giovanni avait du mal à concevoir qu'ils aient pu un jour faire un enfant ensemble : lui. Bien sûr, Madame Boss n'avait jamais révélé l'identité de son père à Giovanni. Ça, il l'avait découvert tout seul, en fouillant un peu. Il regrettait de ne pas l'avoir connu en tant que père. Il aurait sans doute mieux fait qu'Urgania. Mais à présent, le professeur Chen était un ennemi reconnu de la Team Rocket. Un ennemi de Giovanni. Il n'était rien d'autre. Les trois hommes revinrent une demi-heure plus tard, l'air penauds, et quand ils affrontèrent le regard rouge de Madame Boss, l'air effrayés.

- Eh bien ? Qu'avez-vous trouvé ?

- Ce temple est totalement vide, madame, fit l'un d'entre eux. Ni gravures, ni écritures... il n'y a rien.

Urgania n'en fut pas pour autant découragée.

- Et qui s'embêterai à bâtir ce genre d'endroit pour rien, dîtes-moi ? Il y a sûrement un mécanisme, une salle cachée...

- Nous avons scanné les lieux, madame. Nous avons la taille du temple ainsi que toutes ces pièces. Il n'y a rien de plus que l'ordinateur ne montre.

- Par contre, intervint un second, j'ai trouvé ça, accroché à une porte...

Il tendit un petit cristal rose à Madame Boss. Celle-ci s'en empara, cligna des yeux, puis son regard se fit plus sombre.

- Je sens l'aura de Mew dans cette chose. Je la reconnaîtrais entre mille...

- Mew ? S'étonna Saki. Le premier des Pokemon, le père de ce monde ?

Saki ne savait rien de la passion de Madame Boss pour le Pokemon Mew, mais son fils la connaissait bien. Pour une raison ou pour une autre, Urgania semblait bien connaître ce Pokemon mythique que l'on disait disparu, et elle semblait aussi lui vouer une haine sans égale. Quel lien y'avait-il entre Madame Boss et Mew ? Encore un des nombreux secrets d'Urgania, que même Giovanni n'avait pu résoudre.

- Faite-moi analyser ça, ordonna-t-elle en remettant le cristal à Saki. Et continuez à fouiller ce temple. Sans doute quelque chose vous a échappé, et...

Soudain, Madame Boss s'arrêta, et tout le monde se figea. L'un des scientifiques Rockets qui avaient exploré le temple se mit à trembler, puis il tomba à genoux en hurlant. Tout le monde put voir, éberluer, son corps se mettre à se trouer d'un peu partout, tandis qu'une espèce de fumée jaune s'en échappait.

- Que tout le monde recule ! S'exclama Urgania.

La brume jaune se dispersa, et se mit à détruire tout ce qu'elle touchait, que ce soit vivant ou non. Elle attaquait la chair comme de l'acide, rongeant les os et faisant évaporer le sang. Ce fut vite la panique générale. Certains Rockets tentèrent de tirer sur cette chose, et ne parvinrent qu'à blesser ou tuer leurs propres camarades. Apparement dotée d'une conscience propre, cette brume dorée attaquait tous ceux qui se trouvaient près d'elle, humains ou Pokemon. À deux exceptions près. Urgania s'était entourée d'une espèce de barrière d'énergie qui repoussait la brume, et cette dernière semblait ne pas vouloir s'approcher de Saki qui tenait le fameux cristal. Giovanni ordonna la retraite, et parti vite au campement pour retrouver sa famille. Il avait une longueur d'avance tandis que la brume continuait à massacrer les autres Rocket, mais elle fini par le suivre. Au campement, Priscilla et les enfants attendaient, anxieux de tout ce bruit.

- Chéri, qu'est-ce qui se passe ?

- Montez dans l'hélicoptère, tout de suite !

Il restait un hélicoptère au camp, celui dans lequel Urgania était arrivée. Personne pour le piloter, mais Giovanni savait manœuvrer ces engins. Il devait mettre sa famille à l'abri. Son devoir aurait été de protéger Madame Boss, mais à l'heure actuelle, il se fichait de sa mère, qui d'ailleurs pouvait se défendre grâce à ses pouvoirs mystérieux. Il prit Estelle et Vilius dans ses bras et courut jusqu'à l'hélicoptère. Après les avoir fait rentrer, il se retourna, pour voir, effrayé, sa femme Priscilla tenir son second fils Rugard et courir vers eux, mais la brume jaune les rattrapait. Giovanni voulu aller à leur rencontre, mais un crissement métallique l'arrêta. La brume venait aussi de derrière, et commençait à s'en prendre à la taule de l'hélicoptère.

Si l'hélicoptère était détruit, ils mourraient tous. Et la brume était déjà sur Priscilla, qui tentait de couvrir Rugard de son corps. Giovanni put voir sa femme être dévorée peu à peu par la brume jaune, il put entendre son cri d'agonie. Et quand il mit en marche l'hélicoptère, la dernière vision qu'il eut, ce fut celle de son fils Rugard, qui, au milieu de la brume, tendait la main vers lui, comme l'appelant, ou le suppliant. Maudissant Arceus, maudissant sa mère et se maudissant lui-même, Giovanni, le cœur brisé, quitta cet endroit maudit avec les deux enfants qui lui restait.

Profondément choqués, Estelle et Vilius ne quittèrent plus leur père d'une semelle à la base. Giovanni, qui n'avait jamais vraiment l'occasion de s'improviser père, devait s'occuper d'eux et les rassurer en plus de faire le deuil de sa femme et de son fils. Estelle était en âge de comprendre que sa belle-mère et son frère Rugard étaient morts. Mais pas Vilius. Inséparable avec son frère jumeau, il ne cessait de le demander, hurlant sans arrêt. Giovanni aurait sûrement perdu la raison s'il n'y avait pas eu Estelle. Sa fille, seulement âgée de sept ans, parvint à s'occuper de Vilius comme une mère l'aurait fait. Madame Boss revint à la base deux jours plus tard, indemne, tout comme Saki. La brume ayant apparemment disparue, toutes les deux en avaient profité pour faire des recherches sur ce phénomène.

- Il s'agissait d'un composé chimique inconnu, lui dit sa mère. On a prélevé des mesures infimes dans l'air sur place. Le professeur Cubens y a isolé une molécule particulière, dont nous n'avions pas connaissance. En nombre, elle produit un champ d'énergie capable de détruire toute matière. Apparement, ce serait une sorte d'arme chimique jamais vu, sans doute le plus terrible de tous. Il était scellé pour une bonne raison.

- Scellé ? Répéta Giovanni.

- Oui. Cette molécule ne pouvait pas quitter ce temple. Le cristal que Storc a récupéré agit comme un repoussoir sur cet élément. Mais il était presque déchargé. Tôt ou tard, cet organisme aurait quitté sa prison. Nous ignorons où il est passé à présent.

- Et Priscilla ? Rugard ?

Urgania tâcha de prendre un ton de commisération.

- Aucune trace, tout comme le reste de nos hommes. Je l'ai dit, cet organisme détruit la matière. Ils ont été totalement...

- C'est votre faute, coupa Giovanni. C'est vous qui les avez amené ici !

- Je ne pouvais pas savoir que...

- C'est vous qui avez tenu à ce qu'on pénètre dans ce temple au plus vite, sans prendre le temps de tout vérifier. Priscilla... J'ai encore perdu une femme, à cause de vous, une nouvelle fois !

Urgania abandonna son visage emprunt d'une pitié forcée, et retrouva bien vite son naturel froid et cassant.

- Tout comme Claire, Priscilla a été sacrifiée pour les besoins de la science.

- Les besoins de la science... C'est comme ça que vous appelez le fait d'avoir implanté dans ma femme enceinte une formule dont tout le monde savait qu'elle allait sûrement la tuer ?

- Mais elle a fonctionné. Estelle est venue au monde avec un pouvoir étonnant, qui fait d'elle une surhumaine. Et imagine ce que nous pourrons faire si nous contrôlons cette molécule destructrice !

Giovanni secoua la tête. Sa mère l'écœurait.

- Partez. Laissez-moi...

À partir de ce jour, Giovanni se promit de toujours aimer ses enfants, de s'occuper d'eux, de s'intéresser à eux. Il se trouva d'autres femmes, beaucoup, et eut plein d'autre enfants, cachés ou non. Mais il laissa une place dans son cœur pour chacun d'eux. Il ne voulait pas ressemblait à sa mère. Jamais.


***


Dans un lieu lointain, quatre Pokemon d'un type inconnu s'éveillèrent. Ils l'avaient ressentit. Ailleurs, quelque part, leur concepteur, la Fin de Tout, s'était à nouveau réveillé. Il était en liberté. Il s'était trouvé un incubateur.

- Il est de retour, fit le Pokemon doré.

Deux autres, un rouge et un blanc, répétèrent cette phrase.

- Le concepteur est revenu. Il bouge. Il désire. Il se rassemble.

Le Pokemon noir, deux marteaux dans les mains, battit le sol du pied.

- Le concepteur a faim. Il dévore. Pour évoluer. Pour grandir.

- Le concepteur sait, dit le Pokemon blanc brumeux. Le concepteur est.

Le Pokemon doré leva la lance d'or qu'il tenait, crépitante d'une énergie aussi meurtrière qu'affamée.

- Nous allons rejoindre le concepteur. Tel est notre devoir. Il nous a crée pour lui. Pour son règne. Le temps est venu, mes frères. Notre concepteur va bientôt entrer en guerre contre son pire ennemi : le monde.