Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 25/04/2014 à 09:44
» Dernière mise à jour le 20/08/2018 à 23:06

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 38 : Castel Haldar
Je revins à Cinhol, et je fis ce que je devais faire. J'ouvris les portes du Royaume aux armées républicaines. Je trahis les miens, et je tuai tous les Pokemon du royaume, afin que mon ami ne se servent pas de leur force vitale pour son plan. Pour ça, je me maudis mille fois. Et mon épée ressentit ma peine. Elle devint ma peine.



*****



Adam n'aurait pas su dire s'il marchait ou s'il flottait. En tous cas, il était au dessus d'un sol mouvant et fait de ténèbres. Du reste, tout ici n'était que ténèbres qui semblaient couler comme une sauce épaisse. Pas une once de lumière dans cet univers, mais divers mélanges de couleurs sombres qui se mouvaient en un patchwork absurde. Adam devait bien regarder où il se... déplaçait, faute d'un meilleur terme. Une fois, il manqua de se faire emporter par une coulée de truc noir et rouge.

La première fois, il n'avait rien remarqué des choses qu'il y avait dans ce courant nauséabond, mais la seconde, il les vit. Et eu un haut-le-cœur. Il y avait des squelettes dans cette mare sombre. Plein, partout. Parfois des squelettes de Pokemon, mais la grande majorité étaient des humains. Certains même étaient des cadavres avec encore de la chair dessus, le plus souvent en décomposition. Adam emprunta une habitude de sa mère adoptive et traça sur sa poitrine un symbole religieux sensé repousser le mal.

- Créateur de miséricorde, murmura-t-il. Je suis où là ?!

- C'est un lieu qui pourrait se rapprocher de l'Enfer, répondit mentalement Castel. Ce que tu vois, ce sont les images de tous ceux qui sont morts pour augmenter le pouvoir de la météorite. Comme tu le sais, elle se nourrit de l'énergie vitale des Pokemon en priorité, mais aussi de la souffrance des gens. Beaucoup que tu vois ici sont des hommes et des femmes de Cinhol qui sont morts par la faute de Nirina pour apporter plus d'énergie négative à la météorite. Les restes des Pokemon, eux, sont ceux qu'Uriel a tués il y a cinq cent ans dans la cité royale.

- Ça ne me dit toujours pas où je suis...

- On peut dire que ce lieu est l'intérieur de la météorite. Son âme, en quelque sorte. N'oublie pas que l'acier dont elle est constituée, celui avec lequel les épées ont été forgé, est vivant. C'est un métal spécial qui se nomme Vifacier. Il ressent, et emmagasine les souvenirs et les émotions. Uriel est venu ici, car ce monde est hors des frontières normale de l'espace-temps. Il n'est ni régenté par Palkia, ni par Dialga. Même Arceus le Tout Puissant n'a aucune emprise ici. Ici, et seulement ici, Uriel pourra transcender la mort et faire que son âme se reconstitue et retrouve son corps d'origine.

- Question stupide : vu que comme tu dis on est à l'intérieur de la météorite, ou de son âme, ou de que sais-je d'autre... Il n'aurait pas été plus simple de la détruire pendant que Ryates se trouvait dans ce monde plutôt que d'y aller comme des cons ?

- On ne peut pas détruire si facilement cette météorite. Et même si on avait réussi, ça aurait sûrement provoqué une catastrophe planétaire.

- OK, oublie ce que j'ai dit.

Adam ne se sentait pas à l'aise ici. Ce n'était pas seulement le cadre qui lui faisait penser qu'il avait atterrit dans le monde des damnés, mais parce qu'il ressentait diverses choses dont il n'aurait pas su donner de nom. Il était excité, confiant, et très heureux, des émotions qu'il n'aurait normalement pas du ressentir dans cette situation. Il avait l'impression que ce lieu lui donnait des forces. Il s'y sentait bien, et c'était ça qui l'inquiétait. Après avoir marché - ou flotté - un temps incalculable ( incalculable car justement ici le temps n'avait pas cours ), Adam parvint dans un lieu cyclique, où les ténèbres liquides s'étaient massées pour former comme un dôme. Il se situait en hauteur, et Adam avait l'impression de distinguer tout autour de lui l'immensité de ce monde noir et répugnant.

Il eut alors le pressentiment d'un danger - ou bien était-ce Castel ? - et se retourna juste à temps pour bloquer l'attaque de Ryates, qui avait surgit de nulle part, avec une sorte d'épée de brume noire qui sortait de son poignet. Ryates recula immédiatement une fois son attaque surprise ratée, et Adam put voir ce que son oncle était devenu. Toute sa peau avait noircie, ses yeux, entièrement révulsés, étaient blancs, et il était entouré d'une ombre noire aux yeux rougeoyant.

- Je vois le dégoût sur ton visage, Castel, ricana-t-il. La vue de l'âme de ton vieil ami te répugne donc à ce point ? Pourtant, c'est à cause de toi que je suis ainsi.

À sa voix grave et surnaturelle, Adam comprit que c'était Uriel qui parlait, et non Ryates, qui était totalement possédé. Comme la première fois, à Naglima, où Adam dut faire face au Rejeté de la Lumière, il sentit son corps se paralyser et son esprit être submergé par la peur. Il lui semblait que l'ombre d'Uriel aspirait tout autour de lui toutes les émotions positives pour ne laisser que froideur, chagrin et désespoir. Mais Adam avait Castel avec lui, et l'âme de son ancêtre repoussa la sombre aura d'Uriel.

- Tu es donc parvenu à venir ici, poursuivit Uriel. Tu as percé à jour mon plan et tu l'as utilisé à ton avantage. Tes intrigues incessantes et tes manipulations t'ont toujours bien servies. Pour autant, je n'ai pas encore perdu. Il ne me faut que quelques minutes pour retrouver mon corps. Pendant ce temps, mon hôte va t'occuper.

Toute la masse ténébreuse qui avait envahi Ryates quitta son corps pour se regrouper au dessus d'eux. Ryates, de nouveau lui-même, s'inclina devant la masse d'ombre.

- Comme vous l'avez ordonné, Seigneur Uriel. Je vais m'occuper de ce gêneur.

Ryates fit face à Adam, en tendant la main pour invoquer plusieurs de ses spectres. Adam les laissa approcher. Meminyar en main, il ne les craignait pas. La lumière dorée qui se dégageait de l'épée suffisait à les repousser, et quand Adam les tranchait avec, les apparitions obscures explosaient. Sauf que Ryates ne se limitait pas à quelques fantômes qui ne faisaient que danser autour d'Adam. Il semblait pouvoir matérialiser n'importe quoi avec les ombres. Des épées, des boules d'énergie, des mains qui sortaient de nulle part. Adam parvenait toujours à les dissiper si elles s'approchaient trop, mais il était loin de pouvoir atteindre Ryates.

- Comment faites-vous ça ?! S'exclama Adam avec incompréhension. Vous ne tenez pas Peine, et Uriel est hors de vous. Alors comment...

Ryates éclata de rire.

- Tu pensais que c'étaient Peine et le Seigneur Uriel qui me donnaient mes pouvoirs ? Imbécile. Ils ne faisaient que les développer encore plus, mais ces pouvoirs sont bien à moi. Je suis un élu, et ce depuis ma naissance. Je suis né ainsi, à savoir manipuler les ombres. C'est pourquoi le Seigneur Uriel m'a choisi ! Je suis de la race divine des Modeleurs, ces humains supérieurs à tous les autres. Je suis le Shadowmod, le maître des ombres. Plus il y en a autour de moi, plus je peux les mettre à mon service.

Ainsi donc, Ryates était comme Syal. Mais si Adam comprenait parfaitement que le cuivre pouvait blesser voire tuer un homme, il avait du mal à l'imaginer pour les ombres. Pourtant, il ne se sentait pas prêt à recevoir une attaque de Ryates pour en faire l'expérience. Ses spectres avaient fait nombre de victimes à Naglima. Ryates devait utiliser le même genre de matière que les attaques Ball'Ombre des Pokemon. Mais pas une seule fois il ne toucha Adam. Plus le jeune homme maniait Meminyar, plus il avait l'impression de devenir plus doué. L'esprit de Castel, sans prendre possession de son corps, raffermissait de plus en plus ses liens avec Adam. En fait, depuis qu'il était entré dans ce monde, Adam se sentait physiquement plus fort. Il avait l'impression d'être invincible, comme si dans une autre vie il avait été un guerrier imbattable, et qu'il venait tout juste de s'en souvenir.

Comprenant qu'il ne gagnerait pas avec la puissance, Ryates tenta de l'avoir par la ruse. Il changea la direction de ses projectiles d'ombre, il l'attaqua par derrière ou par en dessous, et même de toutes les directions à la fois. Mais Meminyar n'avait cessé de gagner en lumière, et même si Adam ratait une ombre, elle était irrémédiablement anéantie par la lueur de l'épée avant même de toucher son possesseur. Et Adam continuait d'avancer. Le jeune homme eut le grand plaisir de voir la peur naître dans les yeux sombres de Ryates. Adam se permit même le plaisir d'une petite provocation.

- Tes ombres ne pourront jamais éteindre la lueur que représentent Castel Haldar et Meminyar, Ryates. Cette lumière est l'espoir de Cinhol, et j'en suis son porteur !

Le visage du Patriarche se tordit sous l'effet de la haine.

- Misérable ! Tu n'es rien ! Ta vie, si on peut appeler ça comme ça, touche à sa fin dans tous les cas ! Mais je ne vais pas laisser loisir à Castel de le faire. Tu périras dans mon tombeau des ombres, et lui avec toi !

Ryates leva les deux bras et les ombres se mirent à entourer Adam, si nombreuses que même Meminyar ne put toute les repousser. Puis elles se mirent à monter, recouvrant peu à peu Adam, jusqu'à qu'il fut enfermé dans un véritable dôme de ténèbres. Ryates sourit d'un air satisfait, jusqu'à que son tombeau d'ombre parte en morceaux, sous l'effet de la lumière dorée pure qu'Adam avait fit jaillir de Meminyar.

Adam ne laissa pas le temps à son oncle d'être stupéfait. Il chargea. Ryates tenta de le repousser avec ses ombres, mais Adam les supprima toutes. Quand il fut arrivé devant Ryates, pétrifié de terreur, il n'hésita pas. Il enfonça Meminyar de toutes ses forces dans sa poitrine. Ryates poussa un cri, et il semblait que la lumière de Meminyar s'échappa de sa bouche et de ses yeux. Quand Adam retira l'épée, il chuta à genoux, mais bizarrement, ses lèvres ensanglantées s'étirèrent en un sourire douloureux.

- J'admets ma défaite, Castel. Mais... prépare-toi à admettre la tienne. Il est... trop tard.

Adam suivi son regard. Les ténèbres qui formaient l'âme d'Uriel s'étaient totalement massées, jusqu'à prendre une parfaite silhouette humaine. Puis peu à peu, les ombres se changèrent en chair et en habits. Un visage apparut à la place de l'ombre aux yeux rouges. Tout cela ne prit pas moins de dix secondes, et l'homme qui venait de renaître atterrit devant Adam.

Il l'avait déjà vu en rêve, mais il ne s'en souvenait guère. Uriel était un homme dans la trentaine. Il avait les traits finement dessinés, les yeux mauves, et des cheveux noirs de jais qui lui arrivait jusqu'aux épaules. Il portait une tenue qui siérait à n'importe quel noble, un justaucorps noir, une cape courte galonnée de fils d'or. Son regard luisait d'intelligence, et d'une certaine forme de douceur. Difficile à croire que cet homme, qui paraissait normal et même emprunt d'une certaine noblesse et beauté, était en réalité un démon. Adam se l'était toujours imaginé sous sa forme d'ombre, tout noir, avec des yeux rouges. Uriel regarda sa propre main avec laquelle il bougeait lentement ses doigts. Puis il toucha son corps, son visage. Il eut un infime sourire, comme s'il trouvait amusant de retrouver son corps après cinq cent ans sous la forme d'un spectre désincarné. Puis il en vint à Adam.

- Ton visage était la dernière chose que j'ai vu de mon vivant, dit-il d'une voix veloutée et agréable. Ton visage est la première chose que je vois à ma renaissance. Tu es plus jeune que dans mes souvenirs, Castel, mon ami. La catastrophe que tu as causée ne t'a pas épargné toi non plus.

Adam sentit son corps rugir d'une joie sauvage, et ses membres trembler. En son subconscient, il sentait que rien ne lui aurait fait davantage plaisir que de passer Meminyar dans le corps d'Uriel. Et il sentait que Castel l'y poussait avec une force qu'Adam eut du mal à maîtriser. Ryates, toujours à terre en se vidant de son sang, gémit aux pieds d'Uriel.

- Mon Seigneur... J'ai fait tout ce que vous avez dit ! Grâce à moi, vous êtes de retour !

- Certes, acquiesça Uriel en daignant regarder son serviteur. Mais pourtant, tu as failli à ton devoir le plus important, Ryates. Castel est ici, alors qu'il n'aurait jamais dû y être.

- Le Trio des Ombres l'avait pourtant empêché de bouger ! Se défendit le Patriarche. Je ne comprends pas...

Uriel soupira.

- Tu as été stupide de faire confiance à ces trois là, et encore plus stupide de penser qu'ils me servaient moi. Ils ont un tout autre maître...

Ryates toussa une nouvelle fois, en crachant quantité de sang. Il n'en avait plus pour longtemps.

- Pitié seigneur, vous m'aviez promis... Vous aviez promis l'immortalité ! Vous aviez dit que je serai le premier parmi les hommes...

Uriel haussa les épaules.

- Soit, tu seras donc le premier.

Uriel se pencha pour toucher la joue de Ryates. Alors, le corps du Patriarche sembla se liquéfier, et à peine eut-il le temps de pousser un cri qu'il se mit à tourbillonner jusqu'à devenir une forme instable et pénétrer dans le corps d'Uriel. Celui-ci observa ensuite sa main d'un air intéressé.

- Je vois. Tout comme toi Castel, j'ai hérité de certaines particularités de la météorite avant de mourir. Il semble que je puisse aspirer toute vie en moi et absorber leur force et leur pouvoir.

Comme pour le prouver, Uriel manipula les ombres autour de lui, les faisant fluctuer

- Intéressante capacité. Mais pourquoi toujours des ombres ? Est-ce mon destin de toujours être avec elles ? Sans doute que oui. Après tout, c'est moi qui l'ai choisi...

Il revint à Adam.

- Castel n'est pas encore totalement revenu apparemment. À qui ai-je donc l'honneur de parler ?

- Attaque ! Tues-le, maintenant ! lui ordonna mentalement Castel.

Adam parvint à grand peine à refouler les ordres de Castel. Il n'allait sûrement pas attaquer le premier, surtout si Uriel n'avait apparemment aucune intention de se battre.

- Je suis Adam Haldar, répondit le jeune homme. Et contrairement à ce que vous ou Ryates pouvaient penser, je ne suis pas Castel, ou sa réincarnation, ou que sais-je d'autre. Il squatte juste mon corps depuis que j'ai touché cette maudite épée.

Il désigna Meminyar. Un pauvre sourire s'afficha sur les lèvres d'Uriel.

- Je vois. C'est-ce qu'il t'a raconté ? Que son âme était enfermée dans Meminyar ?

Adam ignora la question. Il n'allait pas laisser ce maître de la manipulation le couvrir de ses mensonges.

- Pourquoi avoir tué Ryates ? Demanda-t-il plutôt.

- Regrettes-tu sa mort ?

- Non, pas du tout. Mais c'était votre serviteur !

- C'était un homme mauvais, répliqua Uriel. J'admets l'avoir un petit peu poussé dans les ténèbres, mais il a mal interprété mes souhaits. Son ambition et ses désirs égoïstes l'ont poussé à faire des choses que je ne lui avais jamais demandé. Je me suis servi de lui, mais je ne veux plus avoir à supporter sa présence.

Adam secoua la tête.

- Vous êtes bien pire monstre que lui.

Uriel fit mine de réfléchir à cette affirmation.

- Tu trouves ? Oh, c'est sans doute vrai, oui. Tout ce temps enfermé dans Peine, à me languir dans les ténèbres, mon âme brisée, avec pour seule compagnie ces trois Pokemon spectraux... Ça m'a rendu quelque peu de mauvaise humeur, et amer. Je dois avouer que c'est étrange... En récupérant mon corps, il me semble avoir récupéré mon âme d'antan, pas abimée par ces cinq siècles passés à ruminer ma rancœur.

- Je ne parle pas de ça, répliqua Adam. Vous avez tenté de détruire Cinhol par le passé ! Vous avez passé un pacte avec ces trois Pokemon pour qu'ils vous en donnent le pouvoir ! Vous avez vendu votre âme au mal, poussé par la folie d'avoir perdu votre épouse. Vous avez tué tous les Pokemon de la ville, et trahi tous vos amis. Voilà ce que vous êtes, Uriel le Rejeté de la Lumière !

Uriel fit la moue.

- Il y a des choses que je ne peux pas nier. En effet, j'ai passé un pacte avec le Trio des Ombres. Je leur ai vendu mon âme. J'ai trahi mes camarades de Cinhol, et j'ai bel et bien tué tous les Pokemon à l'intérieur, même les miens. J'ai fait tout cela, oui. En revanche, je n'ai jamais eu la moindre intention de détruire Cinhol, et je n'étais pas fou d'avoir perdu mon épouse, pour la simple bonne raison que je n'en ai jamais eue.

Adam cligna des yeux, surpris. Il voulu croire qu'Uriel mentait, mais il ne sentait aucune tromperie dans sa voix.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?! L'histoire affirme que, fou de chagrin après la mort de votre femme, vous avez voulu détruire Cinhol pour la retrouver avec tout le royaume.

- L'histoire peut-être allègrement modifiée, surtout quand on est infiltré au bon endroit pendant des siècles. Castel a...

Mais avant qu'il n'ait pu continuer, il s'interrompit en un hoquet de surprise et de douleur. Adam venait de lui lancer Meminyar dessus, le transperçant de part en part. Et Adam était aussi surpris qu'Uriel, sinon plus. Il n'avait jamais voulu ça, il en était sûr ! Son bras avait bougé tout seul !

- Cette conversation a assez duré, dit une voix.

L'image de Castel s'était matérialisée à coté d'Adam, comme quand il était apparu aux nobles de Naglima dans le Temple Royal. Sauf que cette fois, il semblait bien plus consistant, bien moins transparent.

- Pourquoi avoir fait ça ?! S'écria Adam, furieux. Tu n'as pas le droit de te servir de mon corps contre ma volonté !

Adam sursauta. Pas à cause de la réponse de Castel, mais à cause du regard totalement méprisant et froid que son ancêtre lui lança.

- J'ai tous les droits sur ce corps, déchet. Tu n'es rien.

Adam ne comprenait pas ce qui se passait. Jamais Castel ne lui avait parlé comme ça. Il s'était toujours montré gentil et aimable, même trop. Agonisant, Meminyar toujours au travers de son corps, Uriel sourit.

- Quelle cruauté, Castel... Tu n'as jamais rien dit à ce garçon.

- Ce n'est même pas un garçon, répondit Castel. Juste une personnalité ridicule qui va bientôt disparaître de toute façon. Mais tu le précèderas, mon vieil ami. C'est terminé. J'ai triomphé. Tous mes plans que j'ai mis en œuvre depuis cinq cents ans... Ils s'achèvent ici. Cette fois, tu ne seras pas là pour m'arrêter.

Uriel le regarda droit dans les yeux, avec une force et une détermination palpable.

- Je ne serai pas là... Mais tu trouveras toujours quelqu'un pour t'arrêter, Castel. Le Sauveur du Millénaire n'est pas une personne ; c'est une idée, un symbole d'histoire. Ça, tu ne pourras jamais le détruire !

- MEURS POUR DE BON, URIEL ! S'écria Castel.

Il retira lui-même Meminyar du ventre de son ennemi, et en un coup latéral, il le décapita. Adam vit avec horreur et stupeur la tête d'Uriel se perdre dans le sol d'ombre, et son corps le suivre, jusqu'à qu'il ne reste plus rien. Alors seulement, Castel lâcha Meminyar, puis, ouvrant grand la bouche, les yeux écarquillés :

- Ah ah... Ah ah ah ah ah... MOUHAHAHAHAH AHAH AH AH AH ! EHHHH AH AH AH AH !

Adam n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait et ce qu'il entendait. Son ancêtre, le noble, l'admirable, le grand héros Castel Haldar était en train de jubiler et de rire comme un psychopathe.

- Mais que... Qu'est-ce qui se passe ?

Cessant son rire de fou, Castel se tourna vers lui, ses nobles traits défigurés par un ignoble sourire et ses yeux bleus brillants de méchanceté et de folie.

- Je suis seulement content, Adam. Tu comprends ? Ma vengeance est achevée. Uriel ne sera plus jamais une épine dans le pied pour moi !

- Une... vengeance ? Mais qu'est-ce que tu veux dire, à la fin ? Et lui, que voulait-il dire, à propos de l'histoire ? Je ne comprends plus rien !

Castel haussa les épaules.

- Bah, comme de toute façon, tu vas disparaître, autant tout te dire. Je n'ai jamais vraiment raconté la vérité sur ce qui s'est passé ce jour là, il y a cinq cent ans. Enfin, pour être exact, j'ai omis certains faits, et j'en ai modifié d'autre, tout comme j'ai modifié tous les écrits qui relataient cet épisode.

- Que...

- Uriel n'a jamais voulu détruire Cinhol. Il a bien passé un marché avec le Trio des Ombres pour recevoir Peine, mais ceci dans un seul but : m'empêcher de réaliser mon projet.

- Et qui était...

- La destruction de l'Ancien Monde, répondit simplement Castel.

Un frisson glacial parcourut Adam.

- C'est impossible... Tu n'aurais pas pu... pas toi...

- Si, j'aurai pu, avec la météorite, et tous les Pokemon de la ville. Je comptais aspirer leur force vitale pour provoquer une explosion qui aurait détruit bien la moitié du globe. Mais Uriel avait compris mon plan, et pour m'en empêcher, il tua lui-même tous les Pokemon de la ville avant que je ne me serve d'eux. Nous nous sommes ensuite battus, et il est bien mort, son âme s'étant réfugiée dans Peine, tandis que le royaume fut téléporté dans ce monde, à cause d'une anomalie de la météorite provoquée par Peine. La météorite de Vifacier fut vidée de toute sa puissance en venant ici, et je n'avais plus de moyen d'atteindre l'Ancien Monde. Mais je n'avais pas renoncé. Je suis resté caché près des rois successifs, les manipulant pour atteindre mes objectifs. Le premier d'entre eux était de redonner son énergie à la météorite. Et comme il n'y avait aucun Pokemon dans ce monde, il fallait se servir de l'énergie négative dégagée par les humains. En clair, il fallait des morts, beaucoup de morts, et beaucoup de souffrance. C'est ainsi que j'ai poussé les différents rois à faire la guerre à leurs voisins, à aller conquérir de plus en plus de pays. Un état perpétuel de guerre, tout cela pour remplir la météorite d'énergie négative. Avec Nirina, j'ai changé de stratégie. Comme il n'y avait plus rien à conquérir, j'ai œuvré en secret pour qu'elle assassine son propre peuple. Uriel a mis ça sur le compte de Ryates, mais c'était moi qui agissais, en réalité. Car Uriel avait autant besoin de moi d'aller dans ce monde, pour récupérer son corps. Ah, et entre temps, j'ai aussi fait forger les anneaux de transferts, pour le jour où je retournerai prendre ma vengeance sur l'Ancien Monde.

Adam était paralysé, vidé. Il ne voulait pas croire cela. Il ne pouvait pas le croire ! Castel, celui que tout le monde considérait comme un héros, comme le Sauveur du Millénaire... Même Adam avait appris à le considérer comme un ami. Pourquoi... Comment avait-il pu se jouer de tout le monde de la sorte ?!

- Pourquoi...? Ne put que demander Adam.

- Parce que l'Ancien Monde m'a pris ma femme, répondit Castel. Ma chère et tendre Enysia. Ils l'ont tué... Cette damnée République de Bakan ! Je voulais les détruire, tous autant qu'ils sont. Et je le veux toujours.

- Mais... Enysia était la femme d'Uriel ! Protesta Adam. C'est ce que tu as dit... c'est ce qui était écris dans ton journal !

Castel éclata à nouveau de rire.

- Ce journal était en réalité celui d'Uriel, pauvre sot. Je l'ai fait modifier assez pour personne ne s'en rende compte, tout comme j'ai fait en sorte de créer une légende autour de ma personne. Le Sauveur du Millénaire... en réalité, c'était Uriel qu'Arceus avait désigné. Et cette histoire de bénédiction de mes Pokemon... Encore un beau mensonge. Si mes Pokemon peuvent renaître à volonté, c'est seulement parce qu'ils ont sombré avec moi dans la perturbation qu'a provoqué la météorite quand Uriel l'a poignardé avec Peine. Ta copine Anis était proche de découvrir la vérité, je le sentais. Tout ce temps qu'elle passait dans la bibliothèque... Elle allait finir par trouver un livre qui serait passé entre les mailles de mon filet. Alors j'ai tenté de la distraire un peu, en provoquant ce si triste incident durant ton mariage...

- En provoquant... Toi ?!

- Moi. Encore et toujours, sourit Castel. Qui selon toi a appris à Ryates le moyen de contrôler l'esprit de Padreis ? Ce n'était pas le Trio des Ombres, non, bien qu'on lui ait fait croire. Ryates était sous le contrôle quasi-permanant de Venisi, qui travaille pour moi. Elle le contrôlait grâce à son Pokemon spectre, Shinecros. Ce n'était ni Uriel ni le Trio des Ombres, mais elle seule. Elle l'a poussé à manipuler Nirina pour qu'elle tue tant de gens. Tout cela selon mon plan, bien sûr. Je n'avais pas prévu qu'Ylis meure. Padreis devait tenter de te tuer, échouer, et se donner la mort. Mais ça c'est passé encore mieux que dans mes prédictions. La mort de ton épouse n'a fait qu'accélérer ta décision d'attaquer Cinhol. Tu l'as senti, cette sensation d'arrachement quand la femme de ta vie est morte dans tes bras ? C'est la même que j'ai ressenti, moi, il y a cinq siècles. Et pour cela, l'Ancien Monde va brûler. Tous ses habitants vont brûler, en même temps que ma vengeance.

- Tu es fou ! S'exclama Adam. Complètement fou !

- Pire. Je suis sain d'esprit, répliqua Castel.

- Tu ne pourras rien faire ! Tu n'es qu'un esprit ! Je dirai à tout le monde la vérité ! Jamais tu ne...

Adam s'arrêta, car il se sentait soudain très faible, et avait un mal de tête atroce.

- Je ne suis pas un esprit, dit la voix lointaine de Castel. Ce que tu vois de moi n'est en fait que la matérialisation de ma volonté. Elle est en train de détruire la tienne, de détruire ton âme, pour que ton corps soit totalement mien.

- Non... C'est mon corps ! Tu ne le prendras pas !

- Ce n'est pas ton corps, répliqua Castel. Ça n'a jamais été le tien. Tu n'es rien, Adam Haldar. Tu n'existes pas. Ce corps a toujours été le mien.

Adam commença à avoir la vision qui se troublait, et ne put plus se tenir sur ses jambes. Dans un dernier éclat de conscience qui lui restait, Castel lui montra la vérité. La dernière. La pire de toute. Comprenant ce qu'elle signifiait, Adam hurla. Ou plutôt, ce fut son âme qui hurla. La dernière chose qu'il fit avant que ce qui avait été Adam Velgos ne disparaisse à tout jamais dans le néant. Car Adam n'était qu'une invention, une chimère. Une personnalité qui avait émergé de ce corps qui n'était pas le sien. Le corps de Castel Haldar.


***


Vingt ans plus tôt...


Venisi mena Rushon encore plus bas dans la vieille ville, là où peu de monde allait. Ce fut dans une maison à moitié pourrie par les années qu'elle entra, invitant Rushon à le suivre. À l'intérieur, le roi trouva une autre personne. Elle était drapé d'un manteau à capuchon, aussi Rushon ne put voir son visage, mais vu sa taille, ça devait être un tout petit enfant, ou un nain.

- Maître, fit Venisi d'une voix douce et émotive que Rushon trouva bizarre. Le roi de Cinhol est là.

La silhouette se retourna, retira son capuchon, et Rushon put voir son visage. Il eut un sursaut de stupeur. C'était bien un enfant. Aux cheveux blonds et aux yeux bleus, typiquement Haldar. Tout petit, qui ne tenait à peine debout. Pourtant, quand il parla, ce fut avec un ton très adulte, qui donna un frisson à Rushon.

- Bonjour Rushon, dit le petit enfant. Je m'appelle Castel Haldar. Vous voulez bien être mon père pour un moment ?