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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 01/03/2011 à 18:34
» Dernière mise à jour le 01/03/2011 à 18:34

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Sinnoh. Partie Sud de la chaine de montagne Couronnée. Base Echo 1 de Rising Sun, Hangar principal.

Jeudi 22 Avril, 20 heures 39 minutes.



Reprenant le champion dans une acclamation générale, c'est dans une cacophonie de son et lumière que les dresseurs de la ligue appelèrent tous leurs pokémons hors de leurs balls dans un énorme défilé de pokémon aquatique et électrique qui occupèrent rapidement l'espace d'entrée. Les sbires réagirent en faisant sortir la part de pokémon retenue en réserve de leurs pokéballs selon les directives (qui se sont avérées judicieuses) des Admins, tentant ainsi de rééquilibrer la balance. Puis tous se jetèrent dans la mêlée.

La bataille commençait.

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Profitant encore de l'effet de confusion du Flash, les dresseurs du champion Aquatique furent les premiers à ouvrir les hostilités –après le «bélier». Suivant le plan établi par le maitre de l'Île, la myriade de pokémon Eau relâchèrent un concert d'attaque aquatiques comprenant toutes leurs capacités, aussi classique qu'hétéroclite ; des connus Tetartes aux véloces Mustebouees qui perçait les rang d'Aqua-Jet et de pistolet à Eau courte portée, ou encore secondés par de non moins hargneux Carapuces et Carabaffes et d'un rare Aquali qui soulignait l'avancée de Tour Rapide et de Vibraqua, en passant même par un Wailmer immobile qui inondait les rangs des sbires de jet d'Hydrocanons surpuissants comme une plate-forme de tir ; Rejoint en cela par les duveteux Wouattouats et Lainergies les nombreux Pikachus qui sabraient la place de Cage-Eclair, et des peu communs mais teigneux Elekids, d'un Elektek, de Luxios et de Dynavolts qui se ruaient telle la foudre dans les lignes des pokémon ennemis de crocs et de poings Electrique (en prenant soin d'éviter de toucher leurs alliés sensibles) ; la liste était non exhaustive quand à la variété de pokémon présents du côté des arènes.

Leurs adversaires n'en étaient pas en reste. Bien qu'affaiblis par le rude coup porté par le Pingoléon, ils n'allaient pas se laisser abattre sans défendre chèrement leur peau. Parmi leurs effectifs pokémon (trop variés pour ne pas avoir été volés) se trouvaient des pokémons venant des quatre coins des archipels : Absol, Herbizarre, Dardagnan, Kaiminus, Feurisson, Coxyclaque, Nosferalto, Maraiste, Feuforêve, Scorplane, Heledelle, Chapignon, Nidorino, et encore bien d'autres... C'était presque à croire qu'ils avaient au moins un pokémon de chaque espèce réunit dans leurs rangs ; sans compter que leurs Admin en alignaient de puissants et rares dans leurs équipes : Hariyama, Ninjask, Rhinoféros, Staross, Mentali, et encore... Ce furent d'ailleurs ces derniers qui stoppèrent la percée des dresseurs de la ligue dans leurs rangs en contrant directement les pokémon électrique dans une contre-attaque synchronisée de technique trop variées pour que les pokémon Electrique n'y résistent totalement.

Mais, alors qu'ils leur semblaient justement que la situation commençait à se renverser en leur faveur pour permettre de reformer les rangs, l'Hariyama, qui dans sa frénésie s'était occupé de mettre au tapie une demi-douzaine de pokémon Electrique, fut projeté en arrière comme un fétu de paille dans un cri de douleur rageant, avant d'aller s'écraser durement à l'arrière derrière eux. Une forme massive bien plus haute que les autres pokémon électrique sortit des rangs, l'air baraqué et antipathique avec ses deux énormes câbles se mouvant sur ses flancs comme des fouets électrique, le poing encore crépitant d'électricité statique. Un des pokémon les plus rares qui existent du type Electrik, un Elekable, qui ne pouvait appartenir qu'à une seule personne en ce lieu : le champion de Rivamar.

A la suite du pokémon se trouvait justement ce dernier et toute son équipe : un Luxray, un Voltali, un Raichu et le Magnezone qui toisait la scène de son vol Magnetik. Mais ça n'était pas finit, car à sa propre suite sortait les équipes d'élite de la ligue : les pokémons Psychique du pilier du conseil, ceux variés et puissants de l'héritier et du kamikaze (dont le Pingoléon sortit finalement du trou qu'il avait littéralement foré dans son cri de défi), suivit par ceux aquatiques du champion et gardiens de la ville, à laquelle ils n'auraient jamais dû s'en prendre.

Il ne fallait pas être devin pour se rendre compte que l'affrontement serait à sens unique, pourtant les Admins hurlèrent leurs ordres à leurs escouades et à leurs pokémons de tenir bon. C'est à ce moment là qu'une nouvelle série d'attaque parvenue sur le flanc droit des dresseurs de la ligue, balayant une partie de leurs effectifs alors que la surprise ne leur permit pas de s'en protéger ; La porte blindée droite s'était ouverte, et les renforts de sbire de l'escouade Vincent profitèrent de la brèche pour lancer leur contre-attaque en direction du Wailmer central, afin de briser leur élan en son point le plus sensible.

Galvanisés par l'arrivée des renforts qui faisaient pencher le poids du nombre en leur faveur, les sbires retournèrent dans la mêlée en redoublant de vigueur. Mais les élites n'allaient pas rester là à les laisser faire, et le Coatox de l'Admin Vincent se retrouva immédiatement au prise avec la terrible Hippodocus du conseil 4 Terry ; dont la venue annoncée par son cri puissant fut soutenue par la levée soudaine d'une forme de tempête de sable et de poussière.

La contre-attaque avait avortée aussi vite qu'elle était arrivée, mais la bataille arrivait à son paroxysme de combativité : les Admins reformèrent un semblant d'ordre parmi les sbires pour mener un combat d'arrière garde visant à avoir à l'usure leurs adversaires moins nombreux, l'Admin Vincent occupait le flanc droit (du point de vue de l'entrée) pour occuper les dresseurs de la ligue le plus longtemps possible avant de rejoindre ses collègues. Tandis que de leurs côtés les champions profitaient de leur puissance de frappe supérieure pour percer efficacement dans la carapace grouillante qui leur faisait face, profitant ironiquement de leur supériorité numérique d'élite pour s'occuper des Admins en un contre un : Barry contre Umeno, Tanguy contre Séraphin, Brice contre Vincent (prenant le relais de Terry) et Lucio contre Martin ; Lovis se chargeant purement de l'attaque de masse en prenant la tête du commandement tactique des dresseurs et en mettant en avant la spécialité de ses pokémons : tout raser dans un raz-de-marée (s'occuper d'un seul sbire, même fort, n'était pas suffisant pour eux : il fallait bien des dizaines pour les rassasier.)

Ainsi, malgré un rapport de combat de trois contre un d'effectif en faveur de Rising Sun, la puissance pure et la présence des champions était suffisante pour rendre la lutte équitable.

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Tandis que la base était parcourue par les échos tonitruants des combats qui résonnaient jusqu'au tréfonds de la base, Séisme et autre Hydroqueue dont les chocs répétés commençaient à faire apparaitre de fines zébrures dans la roche, l'équipe du chef scientifique de l'arène (qui était restée en retrait) finit à son tour par entrer dans la place et se ruer vers le terminal le plus proche dans le but de profiter de l'accalmie pour le pirater ; couvert par son Capidextre, le Cotovol de la championne plante, l'Hippodocus de la conseil 4, et les deux agents de Moon Dawn (dont les deux petites souris électrique de la femme se tenaient prêts à balancer la sauce à tout moment.) Rapidement ils réussirent à accéder aux données de base et à en retirer les informations basiques pour se diriger vers l'objectif ; Euréka, ils se trouvaient justement dans la direction de la porte ouverte par laquelle les derniers renforts de sbires étaient arrivés !

A cette nouvelle, la réaction de Terry ne se fit pas attendre (l'âge n'émoussant en rien sa réactivité hallucinante)


«Théa : Lame de Roc !»


L'hippodocus réagit prestement. D'un coup de patte ferme dans le sol, plusieurs pics de roche aux formes inégales sortirent de terre au beau milieu de la ligne défensive maintenue par l'escouade de l'Admin Vincent ; plongeant immédiatement cette dernière dans la confusion. L'équipe d'infiltration de Nate en profita immédiatement pour se ruer à l'intérieur, se hâtant aussi rapidement que possible malgré le relief chaotique des carcasses d'appareil et des gravats de la porte blindée qui rendaient la course difficile.

L'Admin nota les nouveau venus avec une pointe d'horreur en comprenant leur objectif, mais était trop occupé avec l'héritier et à éviter que son Coatox ne tombent face à son Gallame pour les en empêcher. Il en avertit son escouade malmenée du danger en leur ordonnant de tout faire pour les stopper, tandis qu'il donnait un ordre réflexe à la foulée de justesse à son pokémon batracien pour éviter une fatale Coupe Psycho du combattant Psy.

Les sbires se remirent rapidement en formation pour intercepter les nouveaux venus dans leur course folle, mais un éboulement de pierre qui leur tomba comme une pluie de roche les en empêcha à nouveau : l'honorable membre du conseil 4 se tenait devant eux, avec son Hippodocus responsable du Tomberoche, en leur interdisant le passage d'un sourire aussi calme qu'inquiétant. Elle se tourna à la suite vers la championne de Vestigion.


«Florianne, ces foulées fatigantes ne sont décidément plus de mon âge. Aurais-tu l'amabilité de bien vouloir t'occuper seule de leur sécurité ? Je m'assurerais personnellement qu'aucun de ces voyous ne viennent gêner vos efforts.»


La championne prit note du changement de tactique de la vénérable dresseuse d'un petit sourire, simplement amusée à l'idée de savoir que ses arrières étaient totalement assurées par l'une des dresseuses les plus puissante du type sol, et qui pourtant s'était adressée à elle comme si elle lui avait reléguée la tâche la plus compliquée alors qu'elle comptait tenir seule face à plus d'une dizaine de sbire, et encore plus de pokémon.

Une fois toute l'équipe d'infiltration à bonne distance de cette dernière, comme elle le jugeait, Terry fit calmement sortir un à un les autres compagnons de sa «douce» Théa : un Rhinastoc aux défenses impressionnantes, un Scorvol aux pinces coupantes et à la queue bardée d'une pointe intimidante, ainsi qu'un Grolem dont la simple vibration dans le sol causée par son arrivée suffisait à faire palpiter les pauvres diables les plus proches devant lui faire face.


«Commençons.» Déclara-t-elle doucement comme s'ils allaient prendre le thé.

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Au même moment, dans le poste de contrôle : le Capitaine Yooku Dhalm assistait silencieux à la lutte acharnée menée dans le hangar qui était affichée sur l'holo-table en détail.

La salle était parcourue d'un brouhaha véhément tandis que chaque poste relayait les signaux de rappels et de demande de renforts médicaux venant du hangar, jusqu'à ce qu'on signal d'alerte sorte du lot pour parvenir au Capitaine.


«Capitaine : une partie de la force de frappe ennemie est parvenue à pénétrer dans le secteur Béta ! Ils semblent se diriger tout droit vers les installations internes !»

Immédiatement il sortit de sa contemplation, alerté par le danger.

«Scellez les portes blindées !»

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Pendant ce temps, courant dans le dédale de couloir, à la suite du commandant scientifique de l'équipe d'infiltration qui les y dirigeait via les infos hackées sur sa pokémontre ; la championne ne put tout de même s'empêcher de chercher à vérifier qu'ils étaient bien sur la bonne route. Car ils n'avaient pour l'instant parcourut que des couloirs vides.


«Vous êtes sûr qu'on va dans la bonne direction ? C'à fait un moment qu'on court et on a encore croisé personne !»

«Sûr à plus de 90% ! A gauche, maintenant !» Répondit-il en réflexe avant de prendre un autre couloir suivant la direction citée.

«Comment ça : «à 90%» ?! Vous voulez dire que vous ne savez pas où on va ?!» Reprit-elle de stupeur.

«Vous ne croyiez tout de même pas qu'en accédant à un terminal de troisième rang je pourrais tomber directement sur le plan intégral de la base, quand même ?!» Renvoya-t-il au tac-au-tac. «Tout ce que j'ai pu obtenir sont les données concernant le hangar, par lequel nous sommes arrivés, et le circuit logistique de ce dernier. J'ai pas le temps de vous faire un cours, alors écoutez bien : chacun de leur véhicule fonctionne à l'énergie électrique, ce qui nécessite, pour un tel parc de véhicule, qu'elle doit leur être acheminée directement depuis ce qui doit leur servir de générateur principal après être passée par plusieurs nœuds de sécurité pour éviter tout retour de surchauffe en cas d'imprévus. En hackant la console j'ai pu télécharger le flot d'approvisionnement de ce dernier, et là ma pokémontre m'indique la direction prise par la ligne de nœud la plus productive d'entre toute : celle qui est intrinsèquement reliée au générateur.»

«On va vers les générateurs ?» Interrogea surprise cette dernière. «Je croyais qu'on se dirigeait vers leurs serveurs ?»


Le scientifique ne répondit pas, à son tour surprit d'entendre la réponse – non, plutôt de constater le manque de réflexion de la championne. C'était d'une telle évidence pour lui qu'avec le stress du moment, s'il n'était pas en train de courir, il l'aurait probablement rembarré d'un sarcasme suffisamment mesquin pour lui sommer de se taire ; d'éviter de remettre ses compétences en doute et de se contenter de le suivre. Mais, heureusement pour le groupe, l'homme encore cagoulée se rapprocha d'elle à sa hauteur pour répondre pragmatiquement à son interrogation.


«En prenant le contrôle du générateur, et en l'éteignant, on les prive de tous leurs systèmes principaux, mais surtout on les empêche d'essayer d'effacer tout le contenu de leurs serveurs pour annihiler toute chance qu'on puisse mettre la main dessus. Ce qui est le réflexe de base quand on pense que les données importantes peuvent tomber dans les mains ennemies.»

«Oui ça j'avais devinée.» Répondit-elle d'un contre évident, qui interpella à lui seul le scientifique. «Mais je voulais savoir si les serveurs possèdent un générateur de secours comme celui des arènes, justement pour pouvoir toujours accéder aux données en cas de coup dur ; parce que si c'est le cas on perd du temps pour rien, même si on leur coupe l'énergie.»

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Le scientifique fut parcourut d'un désagréable sentiment d'avoir été floué ; la remarque était si claire, si évidente, qu'il n'arrivait pas à croire qu'il ne l'ait même pas intégré à ses plans. D'ailleurs le fait que la championne fasse la comparaison entre la structure de la base et celle des arènes démontrait l'écart qui les séparait vraiment ; pas celui de l'intelligence, mais de l'expérience sur le terrain. L'étude du terrain est primordial pour un dresseur et peut faire toute la différence dans n'importe quel combat, même à un contre dix. Mais pas uniquement. L'étude de son ennemi est encore plus primordiale ; c'est même la base des bases en termes de combat en général. Hors le fait était que l'ennemi qu'ils affrontaient étaient les anciennes teams, avaient leurs expériences, mais surtout des ressources importantes qui rivalisaient avec celles de la Ligue (comme en témoignait l'appareil de folie récupéré dans le parc, et même cette base en plus évident.) Et surtout qu'avec la récente connaissance d'un espion dans la Ligue, il ne fallait absolument pas être étonné que ce dernier ne rencarde pas uniquement les teams en informations sur leurs mouvements, mais aussi sur tout ce qui est potentiellement utile en terme de logistique, d'ingénierie, de tactique et contre-tactique, renseignement, etc. En ce sens la Ligue avait bénéficiée de l'aide d'architectes militaire, avec tout ce que cela impliquait en termes de contre-mesure d'urgence pour s'assurer que si un ennemi cherche à prendre la place, il fallait le faire gaspiller énormément de ressource en le retenant un maximum pour ensuite détruire toute fonctionnalité utile afin qu'il n'obtienne en retour pour ses efforts strictement rien du tout : la mille fois prouvée tactique de la terre brulée.

Comment n'y avait-il pas pensé, se dit-il. Mais il faut dire qu'il n'avait jamais réellement participé à une opération de cette envergure autre part qu'à un poste derrière un bureau, et que, tout aussi intelligent qu'il soit, le stress de l'action et l'obligation de devoir prendre des décisions à tour de bras en le strict minimum de temps n'était pas dans ses habitudes. Contrairement aux champions.

Il ne savait pas quoi répondre, partagé entre l'extrême gêne d'avouer son manque de prise en compte et la frustration hypocrite de demander pourquoi elle n'avait pas avancée cette hypothèse avant l'attaque. L'instant d'après il se demanda, dans un autre réflexe hypocrite, si l'homme qui lui avait répondu n'avait lui non plus pas pensé à cela. Mais alors que justement la championne retournait son attention vers lui en attendant sa réponse, un court mais intense bruit d'alarme au son désagréable se fit entendre par-dessus le système d'éclairage du couloir dans lequel ils étaient qui vira à l'orange vif. Dans les trois secondes qui suivirent, dans un bruit de claquement sec et lourd, plusieurs grosses plaques à l'aspect de volets blindés sortirent du sol et du plafond du couloir dans lequel ils étaient, à l'image d'une vague inquiétante qui se rapprochait de plus en plus. Avant que la championne ou le scientifique ne viennent à réagir, les deux agents s'étaient rapprochés d'eux en même temps pour les tirer brutalement à l'arrière ; ce qui eut pour effet de les faire chuter, quand eux-mêmes s'avancèrent en résulta de la poussée initiale fournit pour les attraper.

Avant de chercher à connaitre la raison d'un tel traitement, la femme enchaina au reste du groupe.


«ECARTEZ-VOUS DES LIGNES NOIRES AU SOL !»


L'avertissement fut souligné d'une autre porte qui se scellait dans un bruit de claquement faisant penser à la mâchoire d'un Granbull se refermant sur un os, et le broyant. Le réflexe ne se fit pas prié, et tous le reste du groupe à proximité d'une ligne noire s'était invariablement jeté hors de sa zone d'action. Juste à temps. Dans un nouveau bruit plus fort que les derniers, l'espace qui séparait la championne, le scientifique et les agents fut brutalement scellé, quand deux nouveaux volet se rencontrèrent dans un claquement lourd, et qu'il se passa la même chose en arrière entre ceux du groupe s'était écartés en réflexe dans la direction de l'entrée.

Au final, le groupe fut scindé en trois.

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A l'avant, de l'autre côté de la porte blindée, l'homme s'était mit à frapper fort sur l'accès scellé du plat de la main.

«Vous m'entendez ?»Fit-il en haussant la voix pour passer la barrière de l'obstacle.

La réponse en retour lui apparut sous la forme d'un son étouffé par les volets métallique.

«Tout le monde va bien de nôtre côté.» Lui répondit le scientifique. «Mais on n'a été séparé également à l'arrière, et je ne trouve aucun accès technique afin de contourner leurs protocoles de sécurité pour débloquer ces portes.» Pesta-il.

La seule qui vit l'homme sourire à cette remarque fut la femme à ses côtés.

«Dans ce cas je crois qu'il est vraiment temps de faire nôtre part du boulot.» Renvoya-t-il.


Après avoir rangé ses matraques, il prit sa pokémontre à sa main pour régler et programmer des paramètres de communication. Une fois les modifications effectuées, il la régla sur la fréquence adéquate et obtint rapidement une réponse.


«Nathaniel, vous êtes enfin arrivés à la base ?» Lui demanda la directrice sur un ton masquant la contrariété qu'elle se doutait qu'ils s'étaient déjà lancés dans l'attaque sans l'avertir.

«Oui madame, on n'y est en plein dedans d'ailleurs.» Lui répondit-il avec politesse.


Un silence de cinq secondes se fit, qu'il imputa surement au fait que la directrice prenait une inspiration pour calmer ses nerfs (ce qui était le cas, même s'il ne le voyait pas.) Puis elle laissa couler pour aller au fait.


«Situation.» Exigea-t-elle.

«Percée par l'entrée principale de la base et engagement frontal d'environs toutes les forces de la Ligue contre celles de Rising Sun. Avantage numérique conséquent pour ces derniers avec une énorme variété de pokémon, mais l'initiative menée par la Ligue a percée de manière significative et a portée ses fruits au-delà de toute espérance ; les membres d'élite étant plus nombreux que les leurs, la Ligue a réussit à assoir son avantage et à le conserver pour l'instant. La partie scientifique de l'attaque a profitée de l'occasion pour mener l'opération d'infiltration dans leurs bases de données, mais Rising Sun a réagit en condamnant les accès blindés du couloir dans lequel nous nous trouvons et nous sommes au final séparés en trois sous-groupes.» Répondit l'agente.

«Autres accès à proximité ?»

«Négatif.» Reprit-il. «Le couloir est dénué de toute autre forme d'accès que le circuit d'aération au dessus de nos têtes. Je dirais qu'on doit être dans un couloir d'engoulement défensif. Par contre il y'a un boitier agencé au mur qui semble relié à un système tiers quelconque.»

«Ouvrez-le et branchez vous dessus.»

«Il y'a une serrure renforcée dessus.»Répliqua-t-elle après examen sommaire sur ce dernier. «Impossible à forcer sans un pokémon adapté ou au moins du matériel de croche-»

«C'est fait.» L'interrompit son collègue en montrant le boitier ouvert sous ses yeux stupéfait. «J'y relie actuellement ma pokémontre pour vous brancher sur le système.»


Alors qu'une petite fenêtre de chargement s'affichait sur l'écran de la montre, l'agente Shonai vit que Nathaniel rangeait dans poche ce qu'elle cru voir comme étant une sorte de petit stylet finement denté. Ce dernier nota son interpellation et en éluda la question avant même qu'elle ne la pose.


«On a tous nos petits talents cachés.» Se contenta-t-il d'expliquer d'un petit sourire.


C'était évident qu'il n'allait pas s'étendre là dessus, car même elle avait des raisons personnelles quand à avoir rejoint Moon Dawn –autre que d'arrêter la Faucheuse. Mais cela n'était que maintenant, alors qu'ils allaient au front pour la première fois en tant que tels, qu'elle se rendit compte qu'elle ne connaissait strictement rien de celui qui était son coéquipier. En soi cela n'était pas un problème, et même un avantage, de ne chercher à rien connaitre de ses collaborateurs dans une organisation secrète. Mais à l'inverse cela pouvait aussi se révéler un grave défaut dans le cas du contre-espionnage ; car en connaissant quelqu'un, même de façon superflue, et noter soudain un changement dans son comportement pouvait le démasquer et mettre à jour ses intentions.

Mais il y avait un détail sur l'agent l'accompagnant qui devait, au moins pour la logique de base du métier, lui donner intérêt à en apprendre plus sur lui et lui donner une raison de poser la question : son âge apparemment jeune, très jeune par rapport aux autres ; y comprit elle.


«Mais dans quel service tu œuvrais avant ?» Demanda-t-elle habilement.


Habile en effet, car en demandant dans quel service il opérait, et l'ayant donc amené à la réunion de la fondation de Moon Dawn (dont il fut celui qui la baptisa ainsi), elle cherchait à la fois à en apprendre plus sur l'origine de ses compétences, mais surtout de son passé ; sans avoir à chercher à l'apprendre directement au risque qu'il n'élude une nouvelle fois la question.


«Tu ne voudrais pas plutôt dire : quel genre de service de sécurité irait embaucher un adolescent capable de crocheter même des serrures conclues comme inviolables ?»

Malheureusement pour elle (mais ironiquement bien de savoir qu'elle n'était pas avec un idiot) ce dernier avait vu au travers de son jeu. Mais il consentit, contre son appréhension, à lui répondre.

«Disons que j'ai faite une promesse à quelqu'un, et que pour tenir cette promesse du mieux que je pouvais je devais rapidement obtenir mes diplômes pour postuler au poste de Policier.» Il soupira en repensant au passé. «Evidemment j'étais trop jeune pour eux pour entrer dans les services actifs. Mais ça n'a rien empêché. Je n'en démordais pas d'entrer dans la Police malgré tout, et je n'ai pas lâché l'affaire une seule seconde. Finalement, alors qu'ils étaient sur le point de me balancer dehors, il y'en a un qui a voulu mettre cette soi-disant résolution à l'épreuve en me prenant comme assistant ; une bonne à tout faire en vrai.» Corrigea-t-il sur un rire.

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Un silence d'attention s'était installé dans le couloir bloqué, que seul le bruit de crépitement informatique de la pokémontre s'activant à ouvrir les portes brisait. Elle l'écoutait posément tandis que même les deux souris sur ses épaules semblaient intéressées par son histoire ; ils étaient d'ailleurs les seuls à l'entendre de toute façon. La porte bloquait suffisamment le son pour que la ligue n'entende rien, sa pokémontre concentrait toutes ses ressources à profit pour servir d'interface optimale à l'équipe de renseignement afin de craquer le système du boitier –quand celle de l'agente était de toute façon hors communication-, et la simple logique du principe d'engoulement et l'absence de caméra indiquait clairement qu'il ne devait y avoir aucun système de surveillance autour d'eux (En effet, à quoi servirait-il de dépenser des ressources considérables à mettre des caméras et des micros de partout, surtout dans un piège, quand on sait qu'ils seront les premières cibles d'un éventuel piégé ? D'autant plus qu'il ne lui suffirait que de casser ou «aveugler» la dit caméra pour qu'elle ne serve plus à rien, ce qui était très facile avec un pokémon. Et les caméras de très haute sécurité pouvant justement y résister sont de toute manière tellement coûteuse qu'elles sont impossible à standardiser pour un emploi aussi «hasardeux»)


«Les trois années qui suivirent furent proprement inqualifiables, tellement j'en ai chié.» Continua-t-il. «Bien sur je n'étais pas naïf au point de croire que dans la Police tout était rose et blanc, mais je n'imaginais pas à quel point j'étais loin du compte quand au noir que je penserais y trouver. Cet homme était tout autant un inspecteur que mon instructeur, et pour le suivre dans des endroits auxquels je n'aurais jamais osé fouler le pied, j'ai dû en apprendre toutes les combines possibles pour savoir m'en tirer par moi-même ; cela inclue le crochetage.» Finit-il en souriant.


Pendant ce temps la pokémontre continuait son travail d'interface pour l'équipe de renseignement qui, malgré le temps qui semblait indiquer qu'ils rencontraient du mal, craquaient et reprogrammait les lignes de code du scellement du couloir à une vitesse prodigieuse. Ce qu'ils ne savaient pas -elle captée par son histoire et lui à la réciter- c'est qu'ils n'étaient pas en train de craquer le système du couloir juste pour ouvrir les portes, mais d'en prendre intégralement le contrôle ; de tous ceux qui pourraient encore être sur leur chemin pour leur éviter à nouveau d'être piégés, mais en plus de pouvoir retourner le piège contre le trappeur en cas d'imprévu. Cela nécessitait donc qu'ils se fassent extrêmement discrets par rapport à tous leurs pare-feu, mais sans pour autant oublier d'être rapide. En ce sens, et avec seulement deux membres, pour la première fois, via une logistique purement expérimentale (qu'ils étaient les seuls à devoir affiner de surcroit) c'était impressionnant ; au point que si un véritable hackeur pouvait assister à leur performance en directe, il jurerait voir de la sorcellerie.


«Pendant trois ans ?» Reprit-elle surprise. «Mais, tu as quel âge ?»

«Dix-sept pour l'instant.» Répondit-il calmement, et elle de faire des yeux ronds.

«Dix-sept ? Mais ça voudrait dire que tu as commencé à quatorze ans ?!» Fit-elle stupéfaite. «Mais comment tu t'es retrouvé embarqué là ?!»


C'était évident qu'elle en était choquée d'apprendre qu'un policier, un inspecteur par-dessus le marché, avait prit comme assistant un enfant à peine adolescent. Pour elle cela relevait purement et simplement de la folie furieuse. Mais le plus incroyable était que malgré tout il était là ; que sa mésaventure a donné comme résultat qui fut conduit jusqu'à Féli-Cité et vraiment donner l'élan pour intégrer Moon Dawn. En ce sens, c'était tout autant par curiosité personnelle que professionnelle qu'elle voulait, et devait en savoir plus.


«Comme je l'ai dis, pendant trois ans il a été mon instructeur –plutôt deux pour être exact ; la première n'avait pas été super productive du côté pratique.»Reprit-il plus réservé. «Pendant ces deux années j'ai vu, et parfois été obligé de laisser faire des choses que je n'aurais jamais voulu voir se dérouler sous mes yeux, pour pouvoir ensuite prendre leurs auteurs à revers et les faire affronter les conséquences de leurs actes. C'est à cette période que j'ai trouvé mon partenaire à poil, comme les deux sur tes épaules.» Fit-il en indiquant les deux souris. «Ses méthodes auraient été considérées par ses pairs comme à la limite, pour ne pas dire tout simplement intolérables s'ils avaient été au courant ; moi-même j'avais du mal à avaler ce qu'il faisait, alors que je le suivais. Mais j'ai vu les résultats qu'il obtenait et le travail incroyable qu'il abattait derrière, et ça m'a apprit rapidement que je ne pouvais pas me fier aux préjugés ni aux apparences –des deux côtés. Rien que pour ça il m'avait rappelé une personne que je connaissais bien. Celle à qui j'ai fait cette promesse…»

Il s'arrêta un instant pour regarder sa montre et en surveiller la progression, mais il semblait à la jeune agente d'y avoir vu une expression triste passer sur son visage.

«Mais… Pourquoi, enfin… Comment tu es arrivé à Féli-Cité ?» Reprit-elle avec tact pour éviter de paraitre blessante.

«Comment un gamin, même pas policier, à la botte d'un tel homme sans scrupule a-t-il pu être entré dans une réunion privée concernant des membres de sécurité jugés aussi droits que compétents, quand moi-même j'ai déjà un cadavre dans mon placard ?»


Il vit dans les yeux de sa collègue que sa remarque l'avait vraiment blessée ; que même s'il se souciait de remettre les choses dans leur contexte, sa description venait à sous-entendre qu'elle était tout aussi dénuée de scrupule qu'insensible à ce qu'il pouvait ressentir. Mais il était aussi vrai que si elle voulait le connaitre un peu mieux il lui fallait être le plus précis possible, et donc corriger les choses. Quitte à paraitre froid. En ce sens il avait bien fait, car même si elle prit mal la remarque, cela lui permit de savoir –avec surprise- qu'il avait déjà un mort sur la conscience. Ce qui était plus que suffisant pour comprendre le côté un peu excentrique derrière lequel il s'affichait, et le laisser continuer.


«Même s'il franchissait souvent les limites de la légalité, il y'a une chose chez lui qui restait inchangée : son sens de la justice.» Reprit-il. «Même s'il tombait sur une pourriture de la pire espèce qui pouvait exister, et que le faire disparaitre de la surface de la terre ne pouvait que rendre un fier service à l'humanité, il ne s'abaissait jamais à laisser parler la poudre avant les mots et la loi ; sauf pour intimider ou blesser superficiellement afin d'éviter la fuite. Même quand il était de toute manière promit à la peine de mort. Car pour lui une arme de mort n'en devient qu'une à partir du moment où on choisit de l'utiliser pour tuer, même pour un pistolet.»

Il se tourna avec un sourire légèrement attristé vers la jeune femme.

«Tu peux te douter que c'était lui qui avait reçu l'invitation de Féli-Cité ; il faut dire que lui et le directeur se connaissait très bien, d'après ce qu'il m'avait dit.»

« «Avait»…» Répéta-t-elle hésitante à prendre des conclusions hâtives, mais continua quand même. «Tu veux dire qu'il est…»

Il hocha la tête un bref instant d'un mouvement lent, mais conserva son sourire.

«La descente de trop ; pour ne pas dire la descente finale.» Résuma-t-il platement. «Alors qu'il était sur le point de mettre un terme aux activités d'un véritable nid de Sevipers, un imprévu m'a fait me mettre en avant avec mon partenaire alors qu'on l'accompagnait de loin. Rapidement ça a dégénéré quand les sirènes de polices se sont mises à retentir, et une fusillade a éclatée. Il s'est jeté en avant pour nous sortir de là et nous amener à l'abri, puis de nous couvrir pour qu'on puisse fuir pendant qu'il les retenait…»

Un silence pesant planait alors que même les souris se retenaient presque de respirer pour éviter que le bruit ne vienne l'interrompre.

«On a attendu dans un coin que tout ce termine, jusqu' ce que les sirènes d'ambulance prirent le relais de celle de police. Depuis le temps on avait acquit le réflexe de se tirer par la porte de derrière pour ne pas être vu «publiquement» ensemble, à cause de ce qui se passerait si ça se savait, et d'en profiter pour rentrer par nos propres moyens. C'était ingrat comme traitement, mais c'était nécessaire. Seulement jusque là ça n'avait jamais tourné au vinaigre à ce point là, et je suis sortit délibérément pour savoir comment ça s'était passé –comment il allait.»

Il marqua une lourde pause, alors que les souris se mirent à déglutir.

«Quand je suis arrivé, les vipères se faisaient embarquées par la police, ou à l'hôpital pour celles qui étaient suffisamment blessées. Sous bonne garde. J'ai passé le cordon de sécurité quand j'ai reconnu l'imperméable marron de mon tuteur tâché de sang, et qu'il était amené dans une ambulance sur une civière avec un masque et trois infirmiers autour de lui. Les flics ont rapidement voulu m'éconduire, mais l'un d'eux m'avait reconnu comme son assistant et eut le tact de m'indiquer le nom de l'hôpital dans lequel il était emmené à défaut de ne pouvoir me laisser aller sur une scène de crime.» Il marqua une nouvelle pause. «Lorsque je suis arrivé à l'hôpital, à son chevet, il ne fallait pas être médecin pour savoir que c'était grave. L'un d'eux, celui qui l'avait opéré pour en extraire les balles justement, m'informa qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Les pokémons de soin peuvent aider à cicatriser les chairs, mais pas à remplacer le sang ; en ce sens il en avait déjà trop perdu. Et son groupe était l'un des plus rares qui existent pour couronner le tout. Il considérait qu'il pouvait me l'expliquer vu qu'il semblerait qu'il n'avait aucune famille et que j'étais pour l'instant la seule personne à ses côtés, et peut-être la dernière qu'il ait l'occasion de voir…»


Malgré le tournant dramatique que prenait cette histoire, son sourire triste avait à nouveau laissé place à son sourire franc. Il la surprit tout autant que ses petites souris de part cette réaction qui tranchait radicalement avec c'à quoi ils devaient s'attendre.


«Même à l'article de la mort, il était trop entêté pour ne pas faire mentir le médecin. Il a retiré son masque un instant pour le regarder droit dans les yeux et lui demander de lui accorder un moment entre nous. Le médecin a accepté, malgré le choc initial de le voir aussi lucide dans une telle condition. La première chose qu'il m'a dit une fois qu'on était seul, c'était : «tu vois, Gabriel, se battre avec conviction c'est bien, mais avec un gilet pare-balle c'est mieux.» J'ai rigolé comme un idiot ; pendant un instant j'ai cru qu'il allait s'en tirer contre toute attente, pour être franc.»

Il sourit de plus bel, mais se renfermait un peu plus dans sa cagoule.

«Il m'a très vite fait redescendre sur terre en redevenant sérieux, et surtout après m'avoir sermonner durement sur le fait qu'il m'avait entendu tenter de le rejoindre sur la scène de crime contre tout ce qu'il m'avait enseigné ; me traitant même d'imbécile pour avoir été aussi négligeant… Mais c'est là que j'ai noté une contradiction qui m'a étonné : il m'a dit que j'avais été négligeant pour avoir tenté de le rejoindre, mais pas concernant la fusillade qui en était responsable.» Il sourit de manière plus réservé. «Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a traité à nouveau d'idiot de ne pas voir l'évidence : Il y'a toujours une merde imprévue qui peut arriver, et c'est de la manière de savoir les gérer qui fait la différence entre un pauvre idiot négligeant et un vrai policier. Je n'avais pas été négligeant...»


Alors qu'il en profitait pour vérifier la progression sur la pokémontre, qui semblait indiquer un déblocage imminent, l'agente ne disait strictement plus rien en espérant que son silence lui vaudrait ironiquement l'attention nécessaire pour qu'il termine ; ce qui fut le cas.


«Je n'avais jamais entendu un tel compliment de sa part avant ; le reprenant même d'une remarque cynique –que je regrette encore- en lui demandant si c'était le fait de mourir qui le rendait si social…»Fit-il en perdant son sourire. «Il ne la pas relevé. Il a juste après enchainé sur le fait qu'il avait reçu une lettre de la part de son ami et collègue à Féli-Cité, et que dans son état il ne pourrait pas y répondre. Je lui ai demandé pourquoi cette transition, il m'a répondu parce que je m'y rendrais à sa place.»

Bien qu'elle commençait à comprendre le pourquoi, elle continuait d'écouter pour savoir le comment.

«Devant ma totale incompréhension, il décida finalement de me révéler les raisons pour lesquelles il me prit sous son aile. Dans son métier, voir les collègues craquer et franchir la ligne sous la pression est plus fréquent qu'il ne voudrait lui-même l'admettre, ce qui au final en fait pâtir toute la profession et rend les gens méfiants à l'égard de la police. A juste titre. Tomber sur des types suffisamment intègres et intelligents qui accepteraient de passer leurs journées les mains dans la merde humaine pour un salaire de misère et très peu de reconnaissance, c'est vraiment une chimère : plus personne de cette catégorie ne cherche volontairement à devenir policier ; ou à la place on tombe sur des crétins naïfs aux rêves de gosses qui finissent leurs jours à la circulation. Mais moi je suis venu dans le commissariat où il était, du haut de mes quatorze ans avec mes diplômes en poche, avec aucune autre intention que de revendiquer le fait que je voulais entrer dans la police. Il m'a simplement rit sur son lit en me disant n'avoir jamais vu un tel naïf de toute sa vie, mais aussi aucun avec de telles tripes.» Il se remit à sourire. «La première année il avait cherché à me pousser à bout en faisant de moi sa bonne à tout faire, pour voir si j'étais capable d'endurer les pires injustices et garder mon sang-froid pour me jeter ensuite dans le bassin à Carvanha. Et pendant deux ans j'ai continué de le suivre et de lui apporter le soutien d'un second de confiance sans jamais faiblir…»

L'éclairage orangé fluctuant de la pièce ne lui permettait pas d'être catégorique, mais elle crut voir une larme couler sur sa joue.

«Il m'a dit qu'il ne pouvait même pas oser espérer avoir la chance de tomber sur quelqu'un comme moi, qui lui redonnait espoir en ce qu'il faisait. Et s'il était une chose pour laquelle il retarderait sa mort le plus longtemps possible, c'était de faire en sorte qu'avec sa disparition, et le fait que je n'étais toujours pas majeur, que je ne finisse pas à mon tour à la circulation une fois la majorité atteinte et mon entrée légale dans la police : «Quelqu'un comme toi ne mérite absolument pas la médiocrité d'un poste d'intérim ou d'être recardé à un rôle de figuration, ce serait le pire gâchis de toute l'histoire, et même la mort ne me ferait tolérer cette insulte.» m'avait-il dit.»

Il se prit à sourire de nouveau, de manière solennelle.

«La lettre contenait une sorte d'invitation de la part de son ami pour une réunion privée entre «personnes de confiance», selon ses termes. Il avait tout de suite deviné que son vieux camarade allait lui sortir un truc encore plus fou et dangereux que ses propres méthodes, mais dont il était sûr qu'il voulait et allait y adhérer. En vérité, après cette affaire, il comptait s'y rendre et, si cela s'avérait aussi intéressant qu'il le pensait, comptait tout faire pour m'y obtenir une place… Il ne le pouvait plus maintenant. Mais ça n'était pas parce qu'il ne pouvait pas le faire que je ne le pouvais pas non plus. Il m'a indiqué de lui donner de quoi écrire et il a rédigé sa signature en gros le plus clairement possible avant de me la rendre, et de me donner son dernier ordre : celui de la scanner dans son ordinateur pour l'extraire et la graver selon une méthode illégale pour qu'elle apparaisse sur l'invitation, comme l'ayant signé lui-même.»


Ce qui expliquait comment il avait pu entrer si facilement dans la réunion, se rendit-elle compte. Mais c'est aussi là qu'elle comprit qu'il arrivait au bout de son histoire, quand elle le vit se tourner vers elle avec une expression de satisfaction en montrant la pokémontre et le petit bruit qu'elle faisait, suivit du grincement métallique sourd des portes qui s'ouvraient pour débloquer le couloir, et les réunir avec le reste du groupe.

Mais juste avant que les volets ne commencent à s'ouvrir, le jeune homme la gratifia de la note finale qui parachevait son récit.


«Les forces qu'il a mit en œuvre pour me donner cette chance l'ont amenées à bout. Mais juste avant de fermer les yeux et de mourir, il m'a dit ceci : «souviens-toi que même au plus noir de la nuit, la justice ne craint pas la mort.»»

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Lorsque les scientifiques et la championne firent jonction avec les agents, le chef scientifique ne put s'empêcher d'évoquer tout autant sa stupéfaction que son admiration pour avoir réussit à débloquer tous les accès aussi rapidement, alors que ses propres collègues bossaient encore il y'a peu à craquer le code ; et aussi à les remercier pour leur avoir évités de finir brutalement coupé en deux sans leur intervention. Mais il se posait tout de même une question.


«Comment vous avez fait en si peu de temps ?» La devança la championne. «L'équipe de grosse tête était encore en train de chercher par où commencer quand vous avez ouvert.»

Bien que vexé au sobriquet de grosse tête, le scientifique indiquait la même perplexité dans son regard. L'agent ne trouva rien d'autre que de lui montrer son sourire et sa pokémontre.

«Je vous avais bien dit qu'on ferait nôtre part du boulot.» Railla-t-il doucement, avant d'enchainer sérieusement. «Vous détailler comment serait bien trop long, et on a déjà suffisamment perdu de temps. Je vous propose de nous séparer à nouveau en deux groupes : l'un qui ira au générateur, et l'autre aux serveurs pour les devancer sur tous les fronts. Vu que le générateur nécessitera certainement une équipe complète pour bien s'en occuper, les serveurs sont pour nous. Des objections ?» Demanda-t-il poliment.

«Pas vraiment.» Admit-il.

«Moi j'ai pas vraiment d'objection, mais j'ai une question.» Intervint la championne.

«Oui ?» Releva l'agente en voyant qu'elle s'adressait à elle.

«Pourquoi vos pokémons pleurent-ils ?»


La question la surprit en se rendant compte (surtout à l'habitude) qu'elle avait oubliée les deux petits poids plume sur ses épaules, mais fut quelque part amusée de constater que c'était le cas : la Posipi et le Negapi avaient leurs yeux embués par des larmes qui coulaient chaudement dans leurs pelages. L'agent à son tour nota la réaction des petites souris, et se prit à sourire en pensant qu'il pouvait les avoir ému avec son histoire.


«C'est sûrement dû au choc. Ces pokémons sont connus pour être très émotifs, et réagir parfois un peu trop émotionnellement devant une situation stressante.» Avança-t-il tout bêtement.

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Au moment où l'agente cherchait un mouchoir à donner à ses petits amis à poil, leurs pokémontre se mirent à retentir d'un bref signal leur indiquant contact. La directrice s'adressa à nouveau pour faire état de la situation.


«Leur système défensif est emmêlé avec leurs propres sécurité, vous pouvez avancer sans risque. Nous en avons aussi profité pour récolter des informations partielles du système et à la regrouper pour obtenir une carte fragmentée de la base ; nous la chargeons en ce moment sur vos montres.»


Les données s'affichèrent rapidement de la pokémontre sur une petite map projetée en hologramme, devant le regard scié du scientifique : il avait même eut le temps de gruger des données pareilles ? Mais d'où ils sortent ces types ?! Il croyait collaborer avec une organisation composée d'humains normaux, pas de surhommes dans le domaine informatique !

Puis, une fois toutes les données transférées, l'homme de leur groupe défit sa pokémontre pour la lui tendre ; et eut en retour une interrogation générale.


«A part si vous êtes extra lucides, vous allez avoir besoin des plans pour vous diriger aussi vers les générateurs sans encombre ; en même temps ça permettra d'être sûr de rester en contact.» Avança-t-il. «Une objection, directrice ?»

«Aucune.» Répondit-elle depuis la montre. «Cependant faites y très attention. Et au cas où il y'aurait un risque que l'une d'elle puisse tomber dans leur main, détruisez là : il ne faut prendre aucun risque.» Statua-t-elle fermement.

«Comprit.» Rendirent-ils en même temps ; même si le scientifique se permit de rajouter. «Merci pour vôtre aide.»

«C'à n'est pas encore finit.» La coupa-t-il platement. «Une fois que vous aurez atteint le générateur, vous nous brancherez dessus pour que nous le pirations et en prenions le contrôle pour leur envoyer un excédent de courant droit dans leur centre de contrôle. Suis-je claire ?»


Et lui d'être figé comme une statue. Il n'avait pas rêvé : elle lui a donnée un ordre, alors qu'ils ne sont pas dans les mêmes services ?! Mais le pire c'est qu'il se sentait mal le réfuter. D'une part parce que l'idée était trop bonne pour être ignorée, de l'autre parce que cette femme commençait à lui laisser une sale impression ; il croyait que Lovis exagérait avec sa belle-sœur. Preuve que c'était tout l'inverse. Et puis surtout la différence de «hargne» entre eux lui donnait virtuellement des sueurs froides de la contredire ; ils venaient pour éteindre le générateur, elle voulait carrément le retourner contre eux ! Mieux vaut compter ce genre de personne dans ses amis que ses ennemis…

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Ils continuèrent ensemble pendant une dizaine de mètres jusqu'à une intersection entre plusieurs couloirs. Puis, alors qu'ils étaient sur le point de se séparer pour aller chacun de leur côté, l'agent s'étant présenté comme Nathaniel adressa une petite tape dans le dos du scientifique en lui indiquant la montre du doigt.


«Elle est dure au début, mais je suis sûr que vous allez apprécier rapidement son côté professionnel.» Lui fit-il d'un sourire avant de partir dans une autre direction. «Tâchez juste de pas la contredire !»

Il rigola en commençant à courir de son côté à la suite de l'autre agente qui l'avait distancé, laissant le scientifique en plan tandis qu'il réfléchissait à ses paroles.

«Flippants ces types…» Marmonna-t-il à voix basse avant de partir dans l'autre direction.

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Le Capitaine Yooku regardait les données affichées sur l'holo-table avec fébrilité : la barre de chiffre d'écrasage de données des serveurs se remplissait lentement, et il pestait de plus bel en sachant que trop bien que chaque seconde comptait. Constatant que, malgré l'avantage numérique, la puissance des la ligue menait une véritable percée en règle dans leurs forces, et qu'à ce rythme la base serait perdue avant l'aube.

Puis, à nouveau, un rapport alarmant lui parvint d'un des sbires de la salle au poste de sécurité ; plus alarmant que tous les autres.


«Capitaine : les prisonniers du couloir 31B ont réussit à s'échapper ! On ne sait pas comment ils ont fait, mais ils ont réussit à ouvrir le boitier et à pirater la sécurité sans que nous ne le sachions !»

«Fermez strictement tous les accès du secteur Béta ; cela comprend les sous-secteurs Epsilon et Gamma. Et condamnez tous les accès informatique !» Ordonna-t-il en réponse, une pointe de stress poignante s'étant emparée de lui à la nouvelle.


Condamner définitivement les accès était très risqué, car cela voulait dire que ni la Ligue, ni Rising Sun ne pourrait plus les rouvrir sans une aide purement logistique : le principe de condamnation définitive revient à fermer la porte électroniquement, puis ensuite d'envoyer une brève surtension qui vise à en détruire tous les composants interne pour la rendre inutilisable ; et donc nécessiter de remplacer chaque boitier de contrôle. L'équivalent de se tirer une balle dans le pied. Ce qui montrait à quel point il était déterminé à gagner la moindre seconde de plus concernant la suppression des données.


«Impossible ! On n'a plus accès au système de sécurité des couloirs !» Lui fut-il renvoyé dans une intonation de stupéfaction horrifiée. «C'est incroyable ! Ils ont réussit à nous pirater sans même que nous ne le remarquions et à nous interdire l'accès au contrôle des portes blindées de tous le secteur Béta ! Et le pire, c'est qu'ils ont même retournés nos propres protocoles de sécurité contre nous : on est en train de se battre avec nos propres pare-feu pour en récupérer le contrôle !»

«Quoi ?! Mais c'est impossible !» Renvoya-t-il en laissant éclater sa frustration. «Ils ne sont même pas enfermés depuis une dizaine de minutes que vous me dîtes que toute la sécurité du secteur Béta leur est acquise ?! Où est leur opérateur ; localisez-le immédiatement et bottez-le hors du système !»

«Impossible !» Lui fut renvoyé une seconde fois par une autre sbire. «Les scans n'ont détectés aucune intrusion vectorielle hors de la base, et on a même pas localisé l'origine de l'attaque sur les seuls boitiers qu'ils pouvaient hackés ! C'est comme s'ils étaient venus et repartis aussitôt une fois le travail effectué, sans même qu'on s'en doute, mais qu'ils sont en même temps toujours là et peuvent nous prendre à revers à tout moment sans qu'on les voit ; c'est de la sorcellerie !» S'exclama-t-elle paniquée.


Sa propre équipe de contrôle, des spécialistes informatique rompus et entrainés aux attaques de hacking, qui étaient incapable de trouver une solution à ce problème informatique et d'être désespérés au point de qualifier cette situation de la sorcellerie ? Cela ne pouvait pas être possible, c'était un cauchemar. Dans tous les renseignements glanés sur les effectifs composants la Ligue, il n'y avait que très peu de hackeur de très haut niveau pouvant avoir les compétences pour effectuer ce genre d'opération ; ils se comptaient même sur les doigts de la main. Mais tout aussi bon qu'un hackeur soit, il reste toujours un humain : il en fallait au moins plusieurs pour arriver à ce résultat. Si une telle force de hacking avait été créée, il en aurait été forcément avertit ! En plus les hackeurs de la liste ne correspondent pas au profil des gens allant sur le terrain, encore moins dans un combat de cette envergure ! Et de surcroit, tout aussi «magique» qu'il soit, aucun hackeur ne peut accéder à un ordinateur sans un accès direct –de la même manière qu'on ne peut pas pénétrer dans un ordinateur à distance par internet si celui-ci n'y est pas relié : c'est la limite physique absolue et incontournable de l'informatique.

En faisant le constat de toutes ces informations, il ne pouvait en tirer qu'une seule et évidente conclusion : il y'avait quelqu'un dans le groupe qui était piégé, non affilié à la ligue, et qui avait les compétences, le matériel et les tripes pour leur mettre des bâtons dans les roues. Mais même si cette théorie répondait au premier point, elle ne convenait pas pour les autres qu'il avançait : même avec le matériel et les compétences : hacker seul leur système reste impossible sans un central servant d'usine de traitement.

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C'est à ce moment que les caméras (fonctionnant en parallèle avec le système de sécurité sur le système de surveillance ; donc qui n'était pas atteint par le piratage) lui relayèrent le scindement du groupe infiltré dans la base : un allant dans une direction semblant indiquer le générateur… Et l'autre vers les serveurs ; celui-ci étant composé de deux personnes, dont l'une avec deux pokémons sur ses épaules. Mais toutes deux encagoulées... Quand tous les autres dresseurs qui se battaient dans le hangar montraient clairement leurs visages.

Un groupe visiblement à part de la Ligue… Comme le leur.


«Affronter le feu par le feu…» Réalisa-t-il à voix basse. «Comment n'ai-je pas pensé à cela plus tôt…»


Malgré l'effervescence de la salle, le Capitaine restait devant la table d'un calme inquiétant en regardant les deux personnes à part continuer leur implacable avancée jusqu'aux serveurs ; Ils avaient en même temps réussit à obtenir une carte du complexe. Il en était sûr, même s'il ne savait pas comment.

L'absence de l'Admin Thierry avait enfin trouvée sa raison : la ligue frappait, et frappait même très fort. Mais il n'y avait pas qu'elle… Cela ne pouvait pas être une coïncidence : un nouvel ennemi se profilait pour aller à l'encontre de Rising Sun ; un ennemi qu'il considérait déjà comme plus dangereux que la Ligue, car jouant sur le même terrain que le leur. Parce qu'ils n'étaient pas là pour simplement mettre un terme à leurs agissement sur cette base : ils voulaient frapper si durement que le premier coup leur serait inoubliable et terrible. Et il ne pouvait faire autrement que d'admettre que, pour l'instant, c'était le cas : la base est compromise, leur plan réduit à néant, ses hommes qui se font taillés en pièce sur leur propre terrain et ses seconds aux prises avec les meilleurs dresseurs de l'île, et même d'une autre…

Mais le pire était qu'ils allaient être révélés au grand jour, sur toutes les îles. Il était prévu de faire connaitre au monde leur existence si le plan du marais avait réussit, et ils se seraient montrés en héros et vainqueurs sur toutes les archipels… Mais là, une fois que la bataille serait perdue –il n'en doutait pas qu'elle l'était-, ils seraient montrés en vaincus pitoyables via une défaite qui s'avèrerait désastreuse à jamais, et la Ligue récoltera tous les lauriers ; une défaite dont ils ne pourraient probablement pas s'en relever…

Il ne voyait qu'une seule issue pour l'empêcher.

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«Activation du système d'autodestruction.» Déclara-t-il calmement.

Le silence se fit dans la pièce alors que chaque tête de chaque membre devant son poste se retournait vers le capitaine.

«Mais… Et nos hommes ?» Finit par faire remarquer une voix hésitante.

«Ils ont vingt minutes pour se sortir de là, pas une de plus.» Trancha-t-il sans concession. «Si la ligue a accès aux données des serveurs, Sinnoh sera définitivement perdue pour nous. Condamnez tous les accès menant aux serveurs. Puis préparez-vous à vous à vous rendre au point de sortie par le tunnel de repli Zéta. Exécution.»


Alors que les hommes et femmes composant l'équipe de contrôle s'affairaient à relayer les instructions, le Capitaine tapota brièvement sur sa pokémontre et un petit pilier de métal sortit du sol au devant de l'holo-table, sur lequel se trouvait un mécanisme en forme de serrure rouge encadrée d'une ligne barrée de noir et de jaune sous un clapet en plexiglas, et en dessous un digicode. Il y entra la combinaison de chiffre adéquate et le clapet s'ouvrit. Il défit ensuite le haut de sa tenue de Capitaine pour en retirer d'autour de son cou une sorte de pendentif rouge aux formes semblant correspondre à celle de la serrure. Il se saisit de la clé, l'enclencha dans la serrure et la tourna une fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

En réponse l'écran d'affichage en 3D de l'holo-map s'éteignit pour prendre celui inquiétant d'une forme de compte à rebours rouge marqué sur 0:00. A nouveau l'homme tapa sur le digicode, une fois sur le 2 et une fois sur le 0, pour afficher 20:00. Puis il reprit la clé…

Le compte passa immédiatement à 19:59.

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Puis, alors que les sbires réduisaient informatiquement leurs postes à l'état le plus vierge et inutile qu'il soit avant de partir s'enfuir loin de la base, le Capitaine quitta la pièce sans un mot pour s'assurer personnellement que cette dernière mission n'échoue pas.

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Alors qu'ils couraient tous deux rapidement dans les couloirs et réduisaient significativement la distance les séparant de leurs objectifs, en se fiant aux données de la pokémontre, la lumière fluctuante des gyrophares qui continuaient à indiquer l'état d'alerte de la base se tut brutalement ; ce qui les fit s'arrêter tout d'un coup alors que les lieux furent plongés dans une inquiétante obscurité. Les seuls repères de lumières encore viables étaient des barres de lampes halogènes encastrées aux coins du sol de chaque côté du couloir pour déterminer dans quelle directions ils devaient aller.


«Je crois qu'ils ont trouvés le générateur.» Se prit-il à dire dans un petit sarcasme.


Mais alors qu'ils s'apprêtaient à repartir, les gyrophares se rallumèrent tout d'un coup aussi rapidement qu'ils furent éteints. A une différence près : leur lumière était passée d'un orange fluctuant à un rouge omniprésent menaçant.


«Le générateur de secours s'est déjà activé aussi vite ?!» Avança Shonai étonnée.

«Non, c'est autre chose.» Contra-t-il inquiet. «La lumière est très vive contrairement à il y'a deux minutes, ce qui indique que ça ne lésine pas côté énergie pour garder une telle cadence de candelas. C'à colle pas avec l'idée d'un générateur de secours-»


Il n'eut pas le temps de développer plus loin que les hauts parleurs de la base l'en on interrompu pour annoncer la raison désastreuse de ce changement ; nouvelle qui se répandit dans toute la base et qui capta l'attention de tous les belligérants dans le hangar.


«Alerte, Alerte : Système d'autodestruction de la base enclenché. Compte à rebours avant explosion : vingt minutes. Que tout le personnel cherche à évacuer la base le plus vite possible. Alerte, Alerte : Système d'autodestruction de la base enclenché…»

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Immédiatement le hangar sombra en plein chaos : les sbires cédèrent à la panique, et firent demi-tour de la base dans laquelle ils essayaient de se replier pour se jeter avec la férocité du désespoir dans les rangs de Ligue ; étant le seul obstacle qui les séparait de la sortie. Ces derniers, aussi choqués et paniqués qu'eux, ne purent endiguer la soudaine et furieuse contre-attaque des sbires, qui se marchaient dessus et s'attaquaient mutuellement sans distinction pour espérer atteindre la sortie et sauver leurs vies. C'est à cet instant que le poids du nombre fit définitivement pencher la balance en faveur de Rising Sun, même si la bataille était le dernier de leur souci. Car malgré la présence des élites de l'Île, ces derniers ne pouvaient espérer retenir à eux seuls le chaos qui s'abattaient aussi bien dans les rangs ennemis que les leurs ; car étant toujours aux prises avec les seuls sbires rivalisant de volonté avec eux pour garder un semblant de maitrise de soi malgré l'urgence.

Il n'y en avait qu'un qui gardait toujours la même niaque que d'habitude ; la menace d'une explosion risquant peut-être de le tuer n'étant rien par rapport à un danger qu'il avait déjà affronté par le passé, et qui ferait passé cette alerte menaçante pour un ridicule spam de publicité.


«ESPECES D'ENCULES ! JUSTE AU MOMENT OU JE PRENAIS MON PIED !!!»


Partageant son sentiment, l'équipe de Barry entra dans un état de frénésie à la limite de la folie sanguinaire, avant de déverser toute leur rage vers l'équipe de l'Admin lui faisant face ; celle-ci, ayant déjà fort à faire avec tout ce qu'il lui arrivait en même temps sur les bras, ne put qu'être témoin impuissante de sa défaite alors que toute son équipe fut brisée en morceaux par la série d'actions et de manœuvres suicidaires dans laquelle s'était engagée l'équipe de son adversaire dresseur au tempérament massacrant. «Barry le Kamikaze» méritait bien son nom : il n'y avait qu'un kamikaze qui pouvait continuer à se battre avec un tel panache alors que sa vie était menacée.

Mais, ayant comprise depuis l'annonce de l'alerte que la bataille était déjà perdue, l'Admin Umeno joua la carte du dernier recours : elle prit le sifflet qui pendait à son cou et, d'un sifflement perçant à une échelle inaudible pour l'homme, souffla dedans avec l'effet désiré : tous les pokémons conditionnés dans les rangs des sbires furent libérés de leur emprise pour se retrouvés largués au pire moment ; le chaos évoluant encore à une échelle plus dramatique et ingérable. Puis, dans un dernier geste de défi, elle fit signe à tous les Admins du repli final en courant dans la direction opposée à la sortie et s'engouffrant dans la vague de sbire apeurée, avant d'y disparaitre tout aussi rapidement.

Le dresseur tête brulée savait, par expérience, qu'ils essayaient de se tirer par une autre sortie en profitant de la confusion ; n'hésitant pas à abandonner leurs propres alliés à leur sort. Cette lâcheté et acte de trahison étaient parmi les pires choses qu'il ne pouvait tolérer au monde, et se damnait intérieurement de ne pas pouvoir faire appel à un soutien «supérieur» qui se serait fait surement vital pour les rattraper. Mais pour l'instant il devait les oublier pour se concentrer sur l'évacuation générale.

Car sinon, la place deviendrait un tombeau.

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«Putain, il ne manquait plus que ça !» Pesta Nathaniel. «Je croyais que les Teams ne faisaient pas emploi de ces tactique purement terroristes dans leurs «philosophies» ?!»

«C'à pourrait effectivement être le cas s'il s'agissait des anciennes Teams, mais ça ne s'applique pas à Rising Sun !» Fit-elle remarquer en tentant de calmer ses deux souris.

«Et ben fais chier !» Gueula-t-il d'un coup en activant la pokémontre que sa collègue lui avait confiée en remplacement de la sienne. «Directrice, vous avez entendue ?»

«Oui, on est au courant.» Répondit-elle froidement. «Retournez sur vos pas pour vous préparez à faire la jonction avec le groupe de l'arène, puis quittez la base immédiatement.»

«Une telle occasion ne se représentera pas, directrice ! Les serveurs ne sont même pas à vingt mètres !» Contra-t-il insistant.

«Et vous n'aurez jamais le temps d'y arriver, de les hacker et de vous sortir de là à temps avant que tout n'explose.» Trancha-t-elle d'un ton si cassant qu'il aurait semblé pouvoir briser l'écran de la montre.

«On n'a pas besoin de les cracker, juste d'en extraire physiquement autant de morceaux de composants mémoire que possible pour les étudier plus tard ! Et ça peux se faire à l'ancienne en même pas deux minute !»

«Ce qui aura pour effet de détruire et de rendre de toute manière la majorité des données illisibles !» Lui répondit-elle en haussant la voix pour bien se faire comprendre.

«Majorité, ça veut dire qu'il y'aura toujours une minorité. Et une minorité ça vaut toujours mieux que rien !» Renvoya-t-il.

«Nathaniel, c'est quoi ce bruit ?» Les interrompit Shonai.

«De quel bruit tu parles ? Il n'y a que la foutue sirène que j'en-»


Alors qu'effectivement le bruit émit par la sirène tapait sur les nerfs, il croyait arriver à discerner un bruit qui n'avait rien à voir avec ce dernier. En voyant les oreilles des deux souris sur les épaules de Shonai se tourner dans la direction d'une porte juste à proximité de là où ils étaient, il cessa sa lutte infructueuse avec la directrice pour se concentrer sur ce bruit… Un bruit qu'il lui apparaissait comme plaintif, désespéré.

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«Y'a quelqu'un d'encore coincé ici !» S'exclama-t-il à haute voix.

«Quoi ?!» Lui répondirent la directrice et les deux agents à ses côtés restés silencieux jusque là.

«Alors on fait quoi, directrice ?» Sur un ton défiant dont la colère qui y résonnait indiquait de toute manière ce qu'il avait déjà décidé de faire. «On se tire et on laisse crever quelqu'un en même temps que la seule chance qui se présentera à nous avant des lustres, ou on se répartit à nous deux la tâche de sauver la personne qui appelle sans doute désespérément à l'aide et d'en profiter pour cracker ces putains de serveurs en même temps ?!»

«C'est de la folie !» Cria-t-elle depuis le micro en s'époumonant presque. «Vous n'êtes même pas certains que c'est effectivement une personne qui appelle à l'aide ; ça peut être tout autant un énième appareil électrique ou système informatique qui émet un bruit d'urgence ! Vous n'allez pas risquer vôtre vie sur la foi d'une intuition ?!»


Le silence qui vint après l'exclamation de la directrice ne dura qu'une seconde ; mais dans le contexte de mort et du poids de la décision qui en dépendait, elle fut suffisante pour être considérée comme un instant extrêmement long. Finalement, quand il se décida à répondre, ce fut sur un ton d'un tel calme qu'il désarçonna jusqu'à la directrice.


«De la personne que je respectais le plus au monde, j'ai bien appris une chose. C'est que sur cette Terre, à partir du moment où on est né : si on n'est pas prêt à mourir, on n'est pas prêt à vivre. Et moi je ne suis pas prêt à laisser mourir quelqu'un qui n'est pas prêt à vivre.»

Sa réponse n'obtint en retour, pour la première fois dans toute sa vie –aussi bien professionnelle, que personnelle-, le mutisme inédit de la directrice. Mais il ne s'arrêta pas là.

«Maintenant, si vous ne voulez pas m'aider, contentez-vous de rester silencieux et d'attendre. Mais de mon côté, si vous voulez bien m'excuser, j'ai du travail qui m'attend. Quand au blâme, ça attendra mon retour ; mais ne comptez pas sur moi pour le prendre depuis un cercueil.»

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Sans attendre sa réponse, il défit la pokémontre d'un geste aussi rapide que méthodique pour la rendre à sa propriétaire, pour ensuite se diriger vers la porte devant son regard médusé ; il n'attendait même pas de réaction de sa part ! Mais lorsqu'il l'ouvrit et qu'il était sur le point d'entrer, il se tourna vers elle avec un regard d'ambre qui lui donna l'impression d'oublier complètement qu'ils étaient en danger d'une mort aussi violente que brutale.


«Qu'est-ce que tu fais encore là : tu ne devrais pas faire échapper tes pokémons ?»


Le calme avec lequel il s'était adressé à elle l'avait tout aussi retournée que la déduction qu'elle devait tirer de sa phrase : il n'avait pas un seul instant pensé d'avantage aux serveurs lorsqu'il a entendu à son tour cet appel à l'aide, et il n'avait même pas imaginé l'idée de la forcer à le suivre dans sa manœuvre suicidaire ; il lui donnait même l'excellente raison de faire exactement ce qu'il lui indiquait par le biais de ses petites souris. En somme : elle n'avait plus vraiment de raison de rester, étant donné qu'il allait sûrement lui aussi s'enfuir avec la personne prisonnière une fois qu'il l'aurait libéré. Elle ne le connaissait plus en profondeur que depuis quelques dizaines de minutes, mais pourtant elle était sûre de déjà le connaitre, au point que s'il risquerait la vie d'une personne s'étant préparée à la perdre, il n'en ferait rien avec une qui ne l'était pas. Y comprit la sienne.

Mais c'était justement ce point qui la travaillait durement, et les mots qu'il avait il y'a peu énoncés lui revenaient déjà dans son esprit. Elle avait déjà acceptée de faire une croix sur son ancienne carrière, sur sa petite existence tranquille d'ex agente du SDG (Service de Démantèlement de Gang), et savait qu'en intégrant Moon Dawn elle passait purement dans le domaine de l'illégalité : tout cela par conviction. Mais maintenant qu'elle pouvait vraiment agir, que l'opportunité incroyable se présentait à elle de faire ce qu'elle savait être juste, la voilà qui craignait pour sa vie et hésitait à fuir ; en piétinant outrageusement cette même conviction qui l'avait menée jusque là ?

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Elle baissa la tête et émit un rire jaune pour la première fois depuis des mois ; surprenant même ses petits partenaires. Avant de rendre son regard au jeune homme, qui ne dit pas un mot.


«Excellente idée.» Lui répondit-elle d'un ton faussement acerbe. «Il faudra juste que tu m'expliques comment tu comptes t'occuper de sauver cette personne et de craquer les serveurs en même temps.»

Il resta silencieux un instant avant de détourner le regard prêt à entrer dans la salle, puis de reprendre la parole.

«Et tes deux petits amis à poil ? Est-ce qu'ils peuvent transporter même qu'une petite barrette de mémoire sans problème ?»


Le sous-entendu fut émit avec tact, mais trop évident pour elle. C'était vrai : elle pouvait se permettre de risquer sa vie, mais pas celle de ses petits compagnons. Elle les fit donc descendre ensemble de ses épaules sur le sol, et commença à s'expliquer devant leurs regards incompris.


«Vous m'avez toujours accompagnés dans les pires descentes qui soient quand on était encore en service, malgré la peur et le stress que ça vous faisait subir. Vous avez étés courageux, et vous l'êtes encore.» Commença-t-elle pour les rassurer et les inciter à l'écouter. «N'allez pas croire que je vous pense incapables de me suivre encore une fois, mais je sais que vous avez peur en ce moment ; peur de ce qui nous attends si on reste trop longtemps. Alors rejoignez le groupe de la Ligue, prenez le chemin inverse, et attendez calmement nôtre retour. Je vous promets de revenir.»


Puis, les voyant trembler d'hésitation, elle clapa modérément dans ses mains pour leur rappeler le signal qu'ils utilisaient dans leurs entrainements ; lorsqu'elle les encourageait à lui obéir pour des manœuvres en lui faisant confiance.

Les souris hésitèrent un instant de plus. Puis commencèrent à reculer, lentement… Pour finir par courir. Puis, arrivés à plusieurs mètres dans leur course : ils s'arrêtèrent. Se retournèrent vers leur dresseuse… Rongés par le doute.


«Allez !» Rajouta-t-elle d'une petite note encourageante sur un fin sourire.

Et les deux souris repartirent. Sans se retourner.

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Shonai se retourna ensuite vers Nathaniel, qui, malgré toute l'idiotie que ça impliquait, avait pourtant eut l'amabilité de l'attendre avant de se lancer.


«Désolée pour ça. Je crois que je nous ai fait perdre un peu plus de temps…» Fit-elle remarquer pourtant calme.

«Il reste un peu moins de dix-huit minutes.» Lui renvoya-t-il sur le même ton.

«Alors finissons-en.» Trancha-t-elle.

La phrase suffisant à elle-même, ils replongèrent dans l'action en continuant chacun de leur côté.

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Lorsqu'elle pénétra dans la pièce de tous les maux, Shonai remarqua qu'une chose tranchait radicalement avec par rapport à tout ce qu'elle avait vu pour l'instant du complexe : elle était intégralement plaquée en métal, du sol au plafond ; pas un seul centimètre carré n'était de roche. Puis, avant qu'elle n'ait pu chercher à analyser quoi que ce soit de plus, la porte derrière elle se ferma dans un bruit pneumatique étouffé ; plongeant la salle dans une obscurité d'un silence lugubre.

Tout de suite elle ne s'y sentit pas à l'aise. Cet endroit était trop «artificiel», même selon ses propres termes : l'isolation était parfaite au point qu'elle n'entendait même plus le bruit de l'alarme, les piliers occupant l'espace étaient arrangés en rang espacés comme des tombes dans un cimetière (le silence renforçant cette impression), et les seuls repères de lumière qui lui permettait de faire cette analyse étaient les mêmes barres halogènes que dans le couloir, dont la lumière d'un vert pâle créait dans le lieu une atmosphère oppressante ; les reflets craintifs donnant naissance à un jeu d'ombre sinistre et immuable.

L'endroit ne pouvait pas être plus inhospitalier, se dit-elle. Mais elle n'avait pas prévu de rester à contempler la déco de toute façon. Plus vite elle s'occupait de sa tâche, plus vite ils pourraient s'en aller. Et ne plus penser à cet endroit une fois qu'il sera enseveli sous un tas de gravats.

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Alors qu'elle commençait à récupérer certains des composants jugés nécessaires dans le dernier pilier de la rangée (sur une intuition ; elles étaient généralement bonnes), elle vit et entendit à nouveau l'alarme lorsque la porte d'entrée s'ouvra à nouveau en réponse à une présence humaine.

C'à a été rapide, pensa-t-elle. Mais elle ne détourna pas les yeux de ce qu'elle faisait, car le temps était trop précieux pour être gâché en banalité. A la place, et constatant le temps qu'il restait à sa montre, elle se rendit compte qu'il fallait partir au plus vite avec ce qu'ils avaient déjà acquis.


«Avec ceci on ne sera pas venu pour rien.» Commença-t-elle en emballant les premiers composants. «C'à mettra sans doute du temps pour décoder les données, mais ça devrait au moins nous en apprendre un peu plus sur eux. Encore quelques composants à emballer et on pourra partir rapidement.»


Mais à la place d'une quelconque approbation, s'attendant même à un sarcasme, elle entendit un déclic familier qu'elle reconnut avec effroi ; l'ayant si souvent entendu dans sa profession. Dont son origine se trouvait dans son dos, pointant d'une pression menaçante.


«Je ne crois pas, non.»


[A suivre]