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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 12/11/2010 à 05:34
» Dernière mise à jour le 22/12/2010 à 05:03

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Am Morgen.
(« Le Matin ». Troisième partie.)



Sinnoh. Verchamps. Poste de Police de la ville, couloir de l'entrée auxiliaire 3.

Lundi 12 Avril. 1 heure 04 minutes.



La Callidus était en effet impressionnante mais demeurait toujours imparfaite (normal pour un prototype) Si elle avait correctement réussi à la subtiliser à la vue des deux policiers –malgré le fait qu'elle n'était même pas à 1 mètre d'eux- une fois rentrée à l'intérieur via une adroite pirouette sans toucher le sol, ses reflets furent quand même captés par le Medhyena ; passer d'un environnement pluvieux et froid à un environnement calme et chaud n'étaient des conditions pas évidentes à contrebalancer pour sa tenue. Heureusement, le Medhyena ne donna suite à ses suspicions grâce à son maitre, et il pu refermer la porte derrière lui –et elle- sans problème.

Elle était dans la place.


Première chose à faire en priorité : trouver le terminal informatique et électronique du poste de police, y insérer un virus qui lui donnerait le contrôle quasi absolu de l'endroit, mais ne s'en servirait que de manière insidieuse et sournoise, les policiers ne sachant même pas qu'ils étaient manipulés.

Deuxième chose à faire : s'assurer de mettre en place les précautions nécessaires pour mettre hors-course leur système de secours automatique, les immergeant totalement dans la semoule en les rendant plus vulnérable que jamais.

Et la meilleure façon de naviguer librement dans l'endroit était de marcher au milieu des ombres, et d'être l'ombre de la lumière dans celle-ci.

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Longeant les murs simplement, comme un être habitué aux lieux, la Faucheuse n'avait encore rencontrée personne devant elle dans la première partie du couloir. Puis celui-ci ce détacha en une bifurcation de deux nouveaux couloirs perpendiculaires au sien. Sachant que –au vue des caméras extérieurs- il devait y avoir des caméras dans ces deux couloirs, la Faucheuse s'agenouilla lentement au sol –toujours transparente- et laissa deux petit fils transparents s'échapper de ses poignets comme ses lames, se tortillant tels deux petits serpent en montant le long du mur, s'accrochant et « coulant » le long du plafond pour se diriger vers un coin d'embranchement de mur chacun.

Possédant des lentilles visuelles identiques à celle des parties recouvrant ses yeux, le bout des serpents relayaient ce qu'ils voyaient dans le couloir : de chaque côté il y'avait 2 caméras se surveillant mutuellement, tout en surveillant la bifurcation de leurs yeux inquisiteurs. Sa transparence ne la rendait pratiquement pas visible aux yeux des policiers, mais dans « pratiquement » il y a un risque qu'ils puissent la voir. Il fallait donc agir discrètement.

Donnant une nouvelle fois de la voix –dont seule fut la Callidus à entendre- les serpents se dirigèrent chacun vers une caméra via le long du coin reliant le mur au plafond, réduisant ainsi fortement le risque de se faire « éventuellement » repérer (on surveille le sol sur lequel on marche et pas le plafond, ça serait con) Ils arrivèrent chacun dans l'angle mort de ces dernières, et les fins crochets dont ils étaient munis –comme la Callidus- leur permirent de pénétrer dans les câbles des caméras, et de modifier insidieusement leur programmation pour ne plus relayer qu'une image en boucle.

Une fois que la Callidus confirma que les caméras étaient aveugles, la Faucheuse sortit de son couvert pour arriver en plein milieu du couloir, sans crainte, et de prendre la direction de gauche. Une fois passée au-delà des champs de vision des caméras, elle rappela ses serpents en arrêtant l'image en boucle (pour éviter que quelqu'un se rende compte que plus personne ne passe ici) et put continuer son chemin.

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Les choses commençaient à se corser. Elle prit correctement les bifurcations en se référençant aux plans des lieux, mais la SCS n'avait pas pu la mettre au courant de l'exact nature du barrage de sécurité menant aux terminaux (étant trop récent) : deux gardes restaient fermement à leurs positions devant la porte blindée sur laquelle était marqué en gras « Terminaux », munie d'un système de serrure sophistiqué à plusieurs niveaux de passes ; rétiniens, digital, vocal, et passe magnétique. Tenter de passer en force serait préjudiciable. Il faut tenter une autre voie.

Qui dit terminaux dit serveurs, dit température, dit air conditionné, donc conduits d'aérations. Seulement, au vu de la sécurité qui ne plaisantait pas, elle était sûre de trouver un système de sécurité au moins aussi efficace dans les conduits, peut-être même des pokémon. Mais ses serpents vont le lui confirmer. Ils glissèrent à nouveau de ses poignets, s'infiltrèrent dans les conduits, et leurs multiples spectres visuels lui retransmirent des barrages de lasers invisibles très nombreux, agencés dans une toile aux angles morts inexistants… Mais pas de pokémon. Parfait.


Laissant de côté les gardes et la porte, elle reporta son attention vers la fine bouche d'aération sur le mur au dessus de sa position –se trouvant cachée derrière le mur d'un autre couloir-. Ses serpents revinrent dans ses poignets (leur autonomie étant limité et ils devaient se recharger dans ses poignets, mieux valait garder leur pleine capacité quand ce sera vraiment nécessaire) Et elle réactiva les crochets de sa tenue, grimpant au mur comme une araignée.

Devant la grille du conduit, elle fit entre-sortir ses serpents sur les vis de la bouche, leurs crochets et ventouses imposèrent leur poigne sur ces derniers, et les dévissèrent dans une vitesse et une précision silencieuse surnaturelle. La grille fut dégondée de son enclave dans la même optique silencieuse, les serpents la tenant de leur constitution fine mais néanmoins puissante, permettant à la Faucheuse de se glisser dedans totalement, avant de reposer la grille et de remettre les vis comme si jamais rien ne s'était passé.

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Une fois assurée que la grille était parfaitement remise, et ses serpents rentrés dans leurs tanières, la Faucheuse avança lentement dans le conduit menant aux terminaux, à l'image d'une chenille dans ses déplacements, jusqu'à s'arrêter complètement une fois arrivée aux barrages de lasers.

Bien que transparente, son invisibilité laissait paraitre sa consistance, et si un seule de ces laser la touchait, l'alarme serait donnée. Elle donna donc l'ordre à sa tenue de désactiver le camouflage, récupérant ainsi toutes ses fonctions à plein potentiel (logiquement bridées par le camouflage continu) et passa à la partie la plus risquée du plan : tester pour la première fois les capacités d'adaptation de la Callidus dans des conditions réelles.

Sa silhouette noire ne contrastait pas beaucoup avec le gris métallique des conduits (à cause de l'obscurité qui y régnait) et, si le conduit était éclairé, elle y apparaitrait comme en plein jour ; alors quel était son plan pour passer outre tous ces lasers ? Sa réaction et sa réponse furent simples : elle s'avança normalement vers les lasers, et pointa la bout de ses doigts de sa main vers le plus proche d'entre eux, comme une enfant tâtonnant quelque chose de curieux qu'elle n'a jamais vu.

N'importe qui aurait sentit ses poils se hérisser à cette véritable folie, et çà se comprenait, elle prenait le risque de se faire totalement découvrir, et piéger comme une débutante, mais elle connaissait les capacités de la SCS, et savait sa Callidus capable de la tâche qu'elle lui confiait dans ces conditions.

Son doigt effilé vint à l'encontre du laser, dans une démarche lente et calculée, le faisceau de lumière vint se faire toucher par le doigt de la Faucheuse… Et passer au travers de ce dernier sans déclencher l'alarme, comme si il n'existait pas.

Satisfaite de voir que ses expectations étaient fondées, la Faucheuse reprit sa vitesse normale aux travers du barrage de laser, passant ce dernier d'une façon irréelle ; comme si les faisceaux la transperçait de part en part, sans aucune résistance ni déviation. L'ironie était qu'elle était visible aux yeux humains, mais à cet instant elle était comme inexistante pour la lumière… Sa tenue Callidus calculait la trajectoire et la nature de chaque faisceau avec une précision de l'ordre du millième de millimètre, captait ces derniers en les absorbant instantanément dans son système intégré, avant de les renvoyer à la « sortie » de sa surface comme si de rien n'était, que la Faucheuse n'était pas là.

Et elle passa le barrage sans l'ombre d'un problème.

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Elle finit par arriver dans la salle en question, éclairée par la lumière blafarde venant du sol, indiquant par la même que son système de détection de mouvement était actif ; double précaution si jamais quelqu'un réussissait à passer le barrage de laser… Pas mal, mais pas assez.

Elle sortit et refit la même opération avec cette grille que l'autre. Sa silhouette transparente rampait le long des murs, une fois que les quatre caméras de la salle furent corrompues par une image en boucle, les crocs de ses serpents ayant injectés leur venin dans leurs veines informatique.

La salle était remplit de serveurs semblables à d'énorme blocks rectangulaires dans leurs formes, alignés en rang strict, chaque espace calculé au centième près. La faucheuse se mit à proximité du plus proche de sa position, se mit droite par rapport au sol, debout, tendit ses mains vers le block, le toucha, laissa ses crochet et ses ventouses s'y planter de toute leur force… Et elle relâcha ceux de ses pieds.


La tension de ses muscles était au paroxysme de leur synchronisation avec les fibres nerveuses de la tenue Callidus, la maintenant en « lévitation » à quelques dizaines de centimètres du sol par une force impressionnante. Comme si elle faisait des pompes, et que le mur où elle se trouvait précédemment était le plafond, elle fléchit ses bras de façon lente et méthodique, se rapprochant lentement du block à l'image d'une gymnaste divine défiant la gravité à chaque instant.

D'une souplesse à en faire pâlir les meilleurs contorsionnistes du monde, elle ramena ensuite ses jambes félines par-dessus son corps, pour faire toucher ses pieds sur les bords du dessus du block, et y enfoncer pleinement ses crochets réactivés. Une fois cela fait, s'assurant de nouveau que sa prise était parfaite, elle rétracta les crochets de ses mains, et se redressa sur ses pieds le plus naturellement du monde ; la gymnastique et le travail de la souplesse du corps surpassent sans peine les haltères.

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Une fois parfaitement redressée sur le block, elle fit de nouveau sortir ses serpents de ses poignets, dévissa les plaques du dessus du block qui composaient son revêtement, trouva tous les câbles du système informatique du poste de police, et y laissa s'engouffrer ses serpents qui vinrent relâcher leur puissant virus dedans… La place était sienne, première phase franchie.

Pour tester si effectivement elle avait le parfait contrôle du système, elle ordonna à la Callidus de désactiver le système de détection de mouvement de la salle, et les lumières se turent instantanément. Elle put donc descendre sans crainte du block sur le sol, retourner vers la bouche d'aération, refaire tout le trajet en sens inverse jusqu'au couloir des deux gardes, et réactiver les systèmes de sécurités comme si de rien n'était et que rien ne s'était passé. Personne n'en saurait rien.

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Ayant abandonnée son approche « furtive » à l'égard des caméras (son virus leur laissant voir les policiers mais pas elle) elle parcourait les couloirs aussi librement et sereinement que leurs occupants légitimes. Ces derniers passaient à côté d'elle, mais ne la voyaient pas. A la place, ils tournaient la tête ailleurs quand une porte ou un matériel électronique relié au système faisait un bruit « étrange », ou s'ouvrait d'elle-même comme par magie, mais n'y prêtait pas plus d'attention que çà.

Les bureaux étaient presque déserts, enfin sauf ceux de l'entrée quand elle y arriva, toujours invisible aux yeux des « mortels ». Les plans lui indiquaient que le seul accès menant aux cellules était de passer par la double porte se trouvant derrière le comptoir principal de l'accueil, mais son ouverture n'était pas actionnée par le système informatique du centre, mais par une bonne vieille serrure à clé… Elle devait reconnaitre qu'au moins ces policiers étaient d'un niveau décent au niveau de la sécurité, par rapport à Rising Sun ; combiner des méthodes à la pointe de la technologie avec des méthodes anciennes simples relevait du génie. Seulement, si la porte ne peut être ouverte que grâce à une clé, alors il doit forcément en avoir plusieurs doubles pour préparer à toutes éventualités, et donc l'un d'entre eux devait se trouver ici. Il ne suffisait plus qu'à le trouver.

Plus facile à dire qu'à faire. Si elle se mettait à ouvrir et fouiller tous les tiroirs et endroits de l'accueil où pouvaient se trouver les doubles, elle se ferait immédiatement repérée. A la place il faut observer, patienter, et attendre sagement qu'une occasion se présente lorsqu'un des policiers à le dos tourné, ou l'y « inciter » via une insidieuse petite forme de manipulation, si insidieuse qu'il n'aura même pas l'impression d'être manipulé.

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Sinnoh. Verchamps. Poste de Police de la ville, hall d'accueil.

Lundi 12 Avril. 1 heure 38 minutes.


L'agent Nathielle s'étira de tout son long sur sa chaise, après plus d'une heure à ne pas avoir bougée de celle-ci, attirant l'attention de ses deux autres collègues qui la dévisageaient d'un air vicieux pour l'un, et d'un air las pour l'autre. L'agent remarqua leurs regards, et plus particulièrement celui de François qui se rinçait l'œil en reluquant ses seins, très bien mis en avant par son grand étirement.


« Tu peux toujours rêver François. » Lui répondit-elle d'un air cassant.

« Mais c'est ce que je fais. » Lui rétorqua-t-il au tac au tac, continuant sa contemplation ouvertement, ce qui énervait sa collègue prodigieusement.

« Sérieusement, est-ce qu'il t'arrive de penser à autre chose qu'au sexe dans ta vie ? » Commençait-elle à fulminer.

« Mais je ne pense pas au sexe, je pense à ta somptueuse poitrine. Je suis sensible à l'art vois-tu. Je préfère admirer une œuvre d'art que d'y toucher. » Dit-il d'un sourire malicieusement lubrique.


Elle faillit ouvrir à nouveau la bouche pour émettre une réplique cinglante à son pervers de collègue, mais fut stoppée dans son élan par le dernier de ce trio, qui poussa un long et très las soupir de dépit.


« On a pris tous les deux le service à la demie, et il est même pas moins vingt que vous vous engueulez déjà… » Il poussa un nouveau soupir.
« Putain, la nuit va être longue… »

« Si ton obscène collègue –qui se prétend agent- évitait de me reluquer à chaque fois aussi ouvertement, ça se passerait nettement mieux, crois-moi. » Fulminait-elle en posant son regard furieux sur ce dernier.

« T'avais pas qu'à naitre aussi magnifique, d'abord ! » Lui répliqua-t-il. « Si t'étais laideron je ne te porterais même pas la moindre attention, c'est clair. Mais voilà : t'es un pur canon dans tous les sens du terme, et je ne peux pas m'empêcher de t'admirer. M'enfin merde quoi, je suis un homme bon sang ! Je suis biologiquement programmé pour réagir ainsi à la présence d'une femme ! »

« Tous les hommes sont programmés comme çà, mais ça veut pas dire qu'ils doivent tous se comporter comme de vrais goujats obsédés ! »

« Ceux qui se prétendre être des hommes selon ces critères ne sont en vérité que des tapettes ! AUCUN homme, digne de ce nom, ne se retournerait sur le passage d'une beauté aux formes parfaitement sculptés, et surtout qui possèderait un cul aussi sublime que le tien ! »


Elle voulu se lever de sa chaise pour lui montrer les formes parfaitement sculptés de ses poings, la colère à son paroxysme, mais fut à nouveau stoppée par Tanguy, le troisième de l'équipe de nuit.


« Je ne suis pas une tapette, Je suis un homme ; et pourtant je ne me retourne pas sur le passage d'une femme –belle ou non- pour mâter ses fesses… » Contre argumenta-t-il.

« Oui mais toi t'es pas une tapette, tu es « gai » ; note l'ironie dans la phrase je te prie. » Répliqua-t-il d'un air de clown cynique.

« … Putain… La nuit va être aussi longue que tu es con… » Et il soupira de plus belle.

« Je n'espère pas, sinon le soleil ne se lèvera plus jamais ! » Reprit-elle d'un air insultant envers le pervers.

« Tant mieux pour moi, je pourrais rester ici à me rincer l'œil éternellement… » Répliqua-t-il de son éternelle répartie impossible à prendre en défaut.

« Ok, j'en ai marre. Collègue ou pas je vais te shocké au tazer. Au moins je serais sûre que tu ne me briseras plus les oreilles avec tes commentaires répugnants. »

« Vite, le gilet anti-électrique ! » Répliqua-t-il d'un air amusé en se mettant à couvert.

« Et la directrice ? » Reprit immédiatement son collègue. « Je ne crois pas qu'elle se montrera très compréhensive si tu shock un collègue au Tazer durant les heures de services. » Même s'il n'en avait rien à carrer.

« Ne t'inquiète pas pour çà. Elle est actuellement dans son bureau, et ne demande à être dérangée que lorsque cela s'avère nécessaire. » Alors qu'elle fouillait dans ses tiroirs à la recherche de son arme.

« Un policier mis à terre et parcourut de spasmes à l'accueil du poste suite à un choc électrique reçut d'un tazer d'un autre policier, ce n'est pas la déranger nécessairement ? » Répliqua-t-il de cet éternel ton las.

« Encore faudrait-il qu'elle soit au courant. » Elle sourit d'un air sadique. « J'ai la seule clé de l'accueil permettant d'ouvrir la porte, et l'utilisation de la ligne privée est le seul autre moyen de l'avertir. Mais gare à vos fesses si vous la faite déplacer avec çà, car elle n'apprécie vraiment pas d'être dérangée pou rien. »

« Mais il faudra quand même que tu expliques comment les pics de ton tazer se retrouveront dans mon corps, ma sublime et plantureuse succube… » La narguait-il en mettant sa combinaison anti-électrique.

« Mon doigt à glissé sur la gâchette ; tu ne connais pas tes classiques ? » Lui répondait-elle d'un air sardonique, qui virait peu à peu à celui de l'interpellation, pour finir à celui de la légère inquiétude.

« Un problème ? » Demanda Tanguy, même s'il n'en carrait que dalle.

« Je n'arrive pas à trouver mon tazer… » Répondait-elle surprise. « J'étais pourtant sûre qu'il était là… Je le range toujours ici, et je n'y touche presque jamais ; je ne m'en suis même pas servit depuis plus d'un mois… » Alors qu'elle continuait de fouiller dans son tiroir.

« Tu en es sûre ? » Répondait son collègue obscène, néanmoins un peu plus sérieusement en se sentant concerné par son état interpelé.

« Certaine, je suis catégoriquement sûre de l'avoir mit là. »

« Mais c'est où « là » ? »

« Dans le tiroir au dessus de celui dans lequel se trouve les doubles, toujours ! » Commençait elle doucement à paniquer.

« Du calme, stresser ne t'avanceras à rien. » Lui répondit Tanguy.

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Ce dernier se leva, légèrement moins las que d'habitude, se dirigea vers la jeune femme au comptoir d'une démarche professionnelle, tandis que son autre collègue patientait sans dire un mot –sachant très bien qu'il n'est pas homme à se lever pour rien-. Il arriva aux côtés de la jeune agent, et reprit les investigations avec elle, calmement, l'incitant à ne pas paniquer.

Cette dernière, honteuse de se rendre compte qu'elle réagissait comme une enfant, précisément devant lui, le remerciait de l'aide qui lui apportait, et même doublement du fait qu'il ne lui en tenait pas rigueur ; pour lui de toute manière, enfoncez un collègue parce qu'il agit comme un être humain c'est l'équivalent de se tirer une balle dans le pied. Il est las, mais pas con, et n'en a surtout rien à carrer de la considération que pouvait bien lui porter le monde : il fait son boulot et c'est tout, mais il le fait bien.


« Merci Tanguy… »

« Remercie-moi quand tu auras trouvée ton tazer, et pas avant. » Sa réprimande paraissait dédaigneuse, mais n'était en fait nullement insultante.

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Les minutes passaient rapidement au fur et à mesure que la recherche devenait de plus en plus poussée et infructueuse, ne cédant pourtant pas à la panique, la situation frustrait l'agent Nathiel comme rarement, surtout en constatant que le troisième larron ne faisait rien du tout.


« Tu nous dis si tu te sens fatigué, on voudrait pas que tu t'épuises pour rien ! » Lui crachait-elle d'une remarque acerbe.

« Déjà que tu n'aimes pas quand je te reluque, maintenant il faudrait que j'approche ? Je suis con, mais pas fou. »

« François c'est pas le moment là ; aides-nous à trouver son tazer, parce que là elle risque gros. » Reprit Tanguy d'un air plus concerné que d'habitude.

« J'arrive… »Fit-il d'un air plus sérieux.


Il accepta de ranger son attitude désinvolte et obscène le temps d'aider ses collègues dans leurs recherche, ne tenant pas à ce que la jeune femme soit blâmée et repostée au service de jour actif (ne pouvant plus la reluquée). Il se leva, si dirigea vers le comptoir en le contournant de l'autre côté que son collègue déjà présent… Et s'arrêta devant l'une des chaises vides situées à quelques mètres de la jeune femme, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

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Le centre de police de Verchamps était une structure basée sur le principe architectural d'une feuille d'érable mise en diagonale : l'entrée était l'interstice de la tige, qui se divisait ensuite en trois couloirs distincts : le couloir de droite (en partant de l'entrée) menait aux bureaux de l'administration et du centre technique sur les étages supérieurs, celui de gauche menait quand à lui aux salles d'entrainement (stand de tir, entrainement dojo/tatami, ect…) et à l'armurerie dans les étages inférieurs, et enfin celui du centre menait aux cellules et aux salles d'interrogatoires ; trois parties distinctes aux yeux du public, mais la vérité était bien plus subtile qu'il n'y paraissait.

Ces trois parties « distinctes » étaient en fait toutes reliées entre elle par un réseau de petits couloirs identiques aux veines d'une feuille, uniquement connues des policiers qui doivent apprendre par cœur à se diriger dedans, les plans sommaires ne révélant pas ces derniers dessus. L'accueil faisait office de leurre dans le sens où le comptoir –en forme de demi-lune inversée du côté gauche- indiquait de façon subliminale dans quel sens devait aller le public, les deux autres portes ne pouvant être empruntées que sur autorisation, et étaient de toute façon reliées à des caméras de l'autre côté (prenant par surprise un intrus sur le fait, étant donné qu'il ne peut se trouver là autrement que sur autorisation). Le bout des feuilles faisaient office de sorties auxiliaires, divisées et surveillées chacune de leur côté par le système de sécurité du poste, et permettait aux policier de se redéployer rapidement dans n'importe quel direction de la ville.

Cet endroit était un piège d'une redoutable efficacité, les « petits couloirs » jouant le rôle de système lymphatique, et les trois couloirs le rôle du chameau magique : les personnes y rentrent comme de l'eau, mais ne peuvent ressortir par l'endroit d'où ils sont entrés. En faisant croire que les trois parties sont complètement séparées les unes des autres, les policiers obligent les assaillants à se diviser en groupe correctement répartis –donc à les diviser-, ou alors à les forcer à se concentrer en un seul gros groupe qui ne pourrait occuper que ce qu'ils croiraient n'être qu'une partie « isolée » du complexe, et donc à les piéger par la ruse.


Ce n'est pas le travail de Curtis, mais la marque d'un génie dans le domaine militaire. Il ne faut pas oublier que la police est toujours une branche armée des services public, et donc possède un potentiel militaire aux yeux de la loi –même si bien plus limité que celui des militaires-. Et il ne faut pas oublier non plus que la team Rocket avait réussi, même sur une période courte, à occuper 2 villes entières par le passé : Safrania pour la sylphe Sarl, et Doublonville pour sa tour radio. Leur mode opératoire avait été furieusement efficace : les flics étaient retenus dans leurs propres QG par les hordes de pokémon qu'avaient volés les membres de la team rocket, et ils avaient étés rendus fous par les test que firent ces derniers avec la technologie de folie ; rendant ainsi les policiers incapable de faire face à ces derniers sans les tuer, déterminés à se battre à la mort par la folie.

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Quel est le lien entre l'architecture du bâtiment et les techniques de la Team rocket ? Lorsqu'ils « assiégeaient » un poste, deux tactiques s'offraient à eux : L'infiltration méthodique via une entrée auxiliaire, ou l'attaque en force sur l'accueil.

L'infiltration les voyaient répandre leurs Tadmorv dans les couloirs pour semer la confusion, et d'en profiter pour foncer vers leurs cibles réelles : soit les terminaux pour détruire leurs communications, soit le directeur pour couper la tête d'une potentielle révolte et maintenir les policiers en laisse.

Ou alors passer en force : occuper l'accueil tel un vrai siège, les obliger à leur faire face avec leurs pokémon fous alliés, les retenant le plus longtemps possible.

Ces deux tactiques avaient chacun leurs point forts et faibles : l'infiltration misait sur le long terme et une occupation de ville prolongée, là ou le passage en force était une tactique éclair qui prenait les policiers au dépourvus ; la première avait servie pour Safrania, et la seconde pour Doublonville.

Dans les deux cas le poste de police et l'arène étaient visés en premier, paralysant ainsi la défense de la ville. C'était là que résidait L'Ancienne faille des iles face aux organisations criminelles des teams : l'arène était toujours isolée en première et ses systèmes de liaison aux centre pokémon coupés, empêchant ainsi le champion de faire sortir ses pokémon puissants pour faire face aux sbire, tout en le privant de soin et de communication.

La parade trouvée par le conseil des maitres fut de rénover entièrement les arènes et les postes de police à l'image d'une forteresse, tout en conservant l'idée d'un bâtiment public géré par le personnel naturel de ces endroits. Les arènes reçurent la participation des rangers et de la sylphe dans le domaine, et les policiers les compétences d'architectes militaire. Résultat : forteresse limite imprenable dans les deux cas, sauf avec une énorme armée aux ressources d'occupation impressionnantes.


Pour en revenir à l'accueil du centre de police de Verchamps, la demi-lune était taillée d'une manière comparable à une serpe, l'entrée étant le manche, et était « hachée » en plusieurs guichets –comme une banque- séparés par deux accès limités en forme de couloirs, menant respectivement aux deux autres « secteurs » du poste et de l'autre côté de l'accueil. Et le coin le plus repoussé servait de cafét' avec une salle de repos ouverte sur l'extrême gauche de l'entrée, derrière l'accueil. C'était là que se trouvaient les trois agents de nuit de ce soir, et plus précisément l'agent François qui regardait la chaise où sa collègue s'asseyait d'habitude, dès que c'était sa pause, son tazer posé négligemment sur cette dernière.

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« La nature est décidément aussi cruelle qu'intraitable. » Commença-t-il sur un ton aux multiples intonations de son caractère sardonique.
« Même une femme aux formes aussi divine que toi ne peut avoir l'intelligence allant avec, c'est imparable… » Sourit-il en tenant le tazer de la jeune femme d'un sourire qui se voulait volontairement provocateur et insultant.


Cette dernière retourna son attention sur son connard de collègue –décidant que s'en était trop pour cette nuit, et qu'elle allait lui faire sa fête avant tout- mais vira d'un visage dont les traits étaient crispés par la colère à celui d'un visage totalement surpris à la vue du tazer dans les mains de ce dernier.


« Où l'as-tu trouvé ? » Demanda-t-il en oubliant totalement l'insulte misogyne de l'agent au profit d'une réelle inquiétude.

« Là où tu l'avais oubliée, sur ta chaise de repos. » Répondit-il de cet éternel air exaspérant prétentieux.

« Impossible ! » Répliqua-t-elle automatiquement. « J'ai pris ma pause il y'a une heure et je n'avais pas sortit mon tazer, j'en suis certaine ! Et pourquoi l'aurais-je sortit pour prendre un café ? La seule personne face à qui je me ferais un plaisir de l'utiliser : c'est toi ! Et tu n'étais même pas encore arrivé ! »

« Haaa, Nathielle, Nathielle, Nathielle… » Commença-t-il à soupirer d'un faux air las, contrastant furieusement avec celui de son estimé collègue.
« La mauvaise foi ne te mènera nulle part. Accepte de reconnaitre tes erreurs, et regarde la réalité en face : tu es blonde jusqu'aux tréfonds de ton être… »


Ramenée ironiquement à la réalité par ses propos qui la firent sortirent de ses gonds, elle s'approcha rapidement de son enfoiré de collègue pour récupérer son tazer, et pouvoir en profiter pour le shocké avec. Mais ce dernier le mit hors de sa portée grâce à sa taille résolument plus grande, donnant l'image au troisième collègue d'une dispute puérile entre gamins, accentuée par la tournure de la scène.


« Ca suffit : rends-moi mon tazer ! »

« Niet kamalrlade. Mon intuition maskuline m'hulrle que tu vas me glrlillé sur place, dès que je t'aulrlais rendu ton piétit joujou. » S'amusait-il de lui répondre d'un accent russe vraiment à chier.


Cette dernière, au paroxysme de la frustration, délaissa son collègue l'espace d'une seconde, prit un élan, et lui carra un puissant coup de pieds dans les parties… Mais ce dernier ne ressentit rien du tout, ne courba nullement l'échine malgré la puissance qu'elle y avait mise, et continuait de la dévisager d'un air moqueur.


« Tu vois : blonde jusqu'au bout. L'option « par-couilles anti choc » est comprise dans le gilet anti-électrique. »

« Espèce d'enfoiré ! J'aurais ta peau un jour, je te le jure ! » Alors qu'elle revenait à l'assaut.


Cette fois-ci elle tenta d'utiliser ses techniques de combats apprises durant ses sessions d'entrainement, mais son connard de collègue les contra chacune d'une précision redoutable, même à une main ; il n'était pas l'un des meilleurs combattant du poste pour rien, et il souriait en sachant parfaitement qu'elle ne pouvait rien lui faire.

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L'échauffourée continua ainsi pendant de longues minutes, durant lesquelles la jeune femme n'arrivait nullement à faire craquer son adversaire, et Tanguy restait en retrait sur le côté d'un air las. Puis, fatiguée de voir qu'elle n'arrivait à rien, l'agent Nathielle s'arrêta à contre cœur, furieuse et frustrée envers son bâtard mais néanmoins doué collègue ; ce dernier n'ayant même pas lâché une goutte de sueur.

Celui-ci fournit à nouveaux un sourire malicieux à la jeune femme, et s'approcha pourtant d'elle d'un démarche calme et posée, reprenant un ton plus sérieux, mais gardait néanmoins son sourire.


« Je veux bien te rendre ton tazer, si tu acceptes une contre partie en échange… »

« Quoi donc. » Répondit-elle d'un ton acerbe, pas dupe pour un sou qu'il allait lui demander un truc insensé.

« Un diner… »

Elle éclata d'un rire jaune délibérément insultant, mais qui l'amusait pourtant tout autant par sa connerie.

« Un diner ?! Avec toi ?! MÊME PAS EN-«

« Qui a dit que ce serait avec moi ? »


Il l'avait coupé dans sa phrase du ton le plus calme qui soit, la stoppant nette dans sa lancée, totalement interloquée et larguée par ce qu'il venait de dire. Elle aurait pariée sa chemise sans problème que c'était un enfoiré pervers obsédé de première, et qu'il n'hésiterait pas à profiter de la moindre occasion pour l'emmerder prodigieusement, étant passé maitre en la matière. Mais là elle ne savait plus quoi penser, et cela l'énervait tout autant.


« Dans ce cas là : avec qui ? Ton beau-frère vendeur de tracteurs ? Ton cousin éboueur ? » Lui répondit-elle d'un sourire incrédule délibérément insultant.


Il ne dit pas un mot, et se contenta juste de pointer le doigt dans sa direction… Plutôt celle de Tanguy. La jeune femme fut cette fois-ci totalement prise au dépourvue, tout comme le collègue concerné qui était passé d'une tête lasse et « je m'enfoutiste » à celui d'une personne n'appréciant pas la tournure que sa prenait. Et il le fit savoir.


« François, c'est quoi ce plan foireux ? Qu'est-ce que tu me fais là ? » Répondit-il d'un air légèrement colérique, plus concerné que ce qu'il ne voulait en faire voir.

« J'avoue que j'aimerais bien comprendre où tu veux en venir ?! » Reprit la jeune agent, dans un état proche de celui de son collègue, tous deux n'appréciant pas la blague.

« Haooon vous êtes mignons comme çà, à réagir de façon si synchronisée, si parfaite : comme les deux tourtereaux que vous refusez de vous admettre. » Il finit sa phrase dans un très large sourire.

« Quoi ?! Jamais de la vie ! »
« Pardon ?! Jamais de la vie ! »


La vitesse avec laquelle ils répondirent fit doubler le sourire de l'enfoiré d'agent, et fortement interpeler les deux autres qui se regardaient d'un air surpris par leurs réactions mutuelles.

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« Physique élémentaire : deux non égal oui. » Puis il continua sur sa lancée. « Tu n'es peut-être pas au courant Nathielle mais, avant de venir ici, j'ai fait un stage d'un an dans le programme de la formation à la détection de mensonge. Je n'ai peut-être pas figuré parmi les meilleurs, je l'admets, mais reconnaitre deux personnes ayant résolument une attirance l'un pour l'autre est un jeu d'enfant pour moi ! »

« Tu te fais des films ! » Répondit immédiatement Tanguy. « D'où que tu as vue que j'étais attiré par Nathielle ? »

« Pareil pour moi ; à partir de quand tu t'es mis cette idée en place ?! » Reprit la jeune femme. François sourit d'un air satisfait, voyant ses deux compagnons tomber dans le piège.

« En premier lieu : l'esquive : la réaction de ne pas répondre directement à son interlocuteur en détournant la conversation. En deuxième lieu : la synchronisation ; Deux personnes qui ne s'apprécient pas pleinement ne reprennent pas immédiatement les mêmes arguments que son comparse. »

Les voyants hésité à ses révélations, il savait qu'il devait enchainer au plus vite pour ne pas leur laisser le temps de s'adapter.

« Et puis surtout : vos gestes vous trahissent bien plus que vos mots. Tanguy, tu n'as pas remarqué qu'elle s'était directement calmée quand tu t'es rapproché pour l'aider dans ses recherches ? On ne se calme pas aussi vite en présence de quelqu'un avec qui on est neutre au niveau des sentiments ; elle aurait dû logiquement continuer à râler et à paniquer si tel avait été le cas. Et puis toi, Natielle, tu n'as pas remarquée que Tanguy, d'habitude le monsieur « j'en ai rien à branlé des autres », n'a pourtant pas hésité bien longtemps avant de te proposer son aide ? Normalement il met au bas mot vingt minutes pour aider un collègue dans la même situation que toi, s'assurant d'abord que c'est un véritable incompétent avant de daigner lui fournir de l'aide, et là il réagit en même pas cinq minutes… »

Ils voulurent ouvrir la bouche pour répliquer, mais ce dernier les prit de court à une vitesse encore plus impressionnante.

« Ha, ha, ha, ha ? Faites très attention à ce que vous pourriez dire et faire : je le devinerais instantanément si vous mentez ou pas… »


Il s'approcha d'eux d'un sourire à la limite du dément, foulant leur intimité d'une précision diabolique, et ces deux derniers reculèrent instinctivement en même temps, le faisant sourire une ultime fois.


« Pourquoi reculez-vous en même temps si j'ai tort ? Je ne vous menace pourtant pas, sauf si j'ai mis dans le mille. Auquel cas vous devez réagir exactement comme à l'instant : posture défensive… »


Piégés à la perfection par le flot de ses mots, les deux agents de police se donnèrent un regard strictement identique : le regard de l'appréhension et du doute, celui du genre à dire « est-ce que c'est vrai ? » Sans se mettre soi-même à découvert en laissant l'autre répondre en premier, évitant ainsi de vouloir faire le premier pas et risquer un revers cuisant.

Le premier, amusé par la scène, faisait sauté le tazer dans sa main en lui faisant effectuer des pirouettes de roulement, et en le rattrapant à chaque fois impeccablement.


« Je t'ai demandé un diner avec lui, pas que vous sortiez ensemble. Cela ne vous engage à rien d'autre… » Mentit-il délibérément tout en ne mentant pas directement dans ses propos.

« … Je parie que si je refuse l'offre, tu va nous sortir encore tes théories fumeuses pour le restant de nôtre vie ? » Répondit Tanguy d'un air « délibérément » las.

« Effectivement ! » Répondit-il d'un sourire limite malsain.

« Si j'accepte ton offre, après tu nous fous la paix définitivement ? » Reprit la jeune femme.

« Je le jure sur mon badge ! » S'exclama-t-il d'un air limite victorieux. Puis il s'approcha de la jeune femme et lui tendit son tazer le plus calmement du monde, un petit sourire malicieux sur les lèvres.
« Alors : marché conclut ? »


Cette dernière le regardait d'un air colérique, mais néanmoins faussement outré par sa manœuvre. Elle le regarda droit dans les yeux, lui montrant bien la haine qu'elle portait à son égard –et à son sourire malicieux-, et porta à nouveau son regard sur son tazer dans sa main. Elle le prit violemment de cette dernière d'un geste ample pour lui montrer sa frustration, et ceci ne fit que le faire sourire de plus bel.


« UNE fois, pas plus ! » S'exclama-t-elle à haute voix pour être bien entendue.

« Bien sûr… » Reprit-il de la voix douce de l'expert manipulateur.

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Mais il savait que cela n'allait pas se limiter à un seul diner, pour deux raisons : pourquoi parler fort, pour bien se faire entendre, alors que l'accueil est vide ? Et surtout : pourquoi ne pas avoir simplement prit le tazer de ses mains, sans tenir compte des conditions de son marché ? Il était parfaitement tendu devant elle, et elle n'avait qu'à le prendre sans rien dire…

Il sourit de plus belle quand son collègue vint se planter devant lui pour le réprimander à voix basse : « Ne me refait plus jamais çà, c'est clair ? » l'air furieux. Mais ce dernier sourit de plus belle en lui répondant « Ju-ré-. » Sur une note musicale. S'il était vraiment furieux, il l'aurait frappé sans ménagement.

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Une fois réinstallés à leurs places respectives, les deux collègues « forcés » de diner ensemble ne s'adressèrent plus la parole et faisait tout pour détourner le regard de l'autre, amusant le dernier encore plus, se régalant d'un spectacle dont il savait qu'il ne se lasserait pas avant bien longtemps.

Seulement, au bout de quelques minutes, le silence forcé qui se faisait lui pesait sur les nerfs ; de l'action que diable ! Il fallait les faire réagir, donner un coup de pied dans la fourmilière, mais pas n'importe comment… Il fallait y aller par la ruse, les forcer à faire quelque chose auquel ils ne pouvaient se désister.


« Après le coup du tazer, tu ne voudrais pas vérifier si les doubles sont encore là ? » Reprit-il d'un air goguenard. Mais cette dernière ne lui répondit nullement, ne voulant plus lui adresser la parole.
« Tu m'assures que tu n'as pas sortit ton tazer de ton tiroir et tu étais honnête dans tes propos, je l'ai parfaitement vu. Alors je te demande simplement de bien vouloir vérifier si les doubles sont encore là. »

« Donc, tu me faisait tourner en bourrique délibérément. » Répondit-elle d'un ton froid. Ca y est, une réaction ! Il tient le bon bout ! Surtout, il ne faut plus la lâcher.

« Si un gamin de 6 ans me dit en face qu'il est sûr que le père Cadoizo va venir lui offrir des cadeaux, là aussi je ne pourrais trouver autre chose que de la sincérité sur son visage. »

« Et ça veut dire quoi ? » Cassa-t-elle d'un ton encore plus froid.

« Qu'on peut absolument être sûr de quelque chose sans savoir que c'est faux. Tu as très bien pu sortir ton tazer sans t'en souvenir, l'esprit occupé à autre chose, mais le fait est qu'il était sur la chaise où tu t'assis tout à chaque fois. Je ne remets pas en cause tes capacités de jugement, je veux juste savoir si les doubles sont toujours là. »


L'agent Nathielle finit par accéder à la demande incessante de son collègue casse-bonbon, espérant ainsi qu'il lui foutrait la paix. Elle saisit le trousseau de clé attaché à la hanche de son uniforme, prit celle du tiroir où se trouvait les doubles en question, l'ouvrit d'un air mitigé entre l'appréhension qu'ils puissent ne plus être là et la colère de penser que François puisse douter qu'ils soient là –lui donnant raison sur sa santé mentale si tel est le cas-, et fut profondément soulagée d'y voir les doubles correctement à leur place.

Elle saisit ces derniers de ses doigts fin, les amena bien devant son visage à l'attention du collègue dont elle voulait ardemment se servir de son tazer sur lui -ne serait-ce que comme matraque- d'un sourire revanchard. Ce dernier sourit à son tour à sa réaction, et décida d'aller un peu plus loin.


« Félicitation : tu n'es pas cinglée… Du moins, pas encore… »

« Je t'emmerde. » Termina-t-elle d'un ton cassant. Laissant tomber les clés d'un son métallique en continuant de le dévisager, de fermer le tiroir tout aussi rapidement du plat de sa main –toujours en le dévisageant pas-, et de finalement daigner reporter son attention sur ce dernier pour le fermer à double-tour…


… Sans se rendre compte que, dans l'infime intervalle durant laquelle elle laissa les clés en dehors de sa surveillance, deux petites formes serpentines et transparentes –déjà en place sur ledit tiroir- s'empressèrent de subtiliser le double à une vitesse et une furtivité surnaturelle, juste pendant l'infime instant durant lequel le son métallique s'estompa ; l'affaire de quelques dixième de seconde.

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Les deux fins serpents synchronisaient leurs mouvements et répartissaient leur charge à la perfection, ne laissant aucune des clés s'entrechoquer dans un son métallique fatal, ou les faisant tomber par inadvertance –ce qui revenait à la même fin tragique-. Ils revinrent lentement et discrètement vers leur maitresse, très lentement, car les clés n'étaient pas invisibles contrairement à eux. Il fallait donc être extrêmement précautionneux.

Une fois aux pieds de cette dernière, elle saisit le trousseau de double aussi habilement que ses serpents, lui les donnant dans un geste de soumission faisant penser à une gorgone, et somma à sa Callidus de se préparer à lui fournir une diversion pendant qu'elle ouvrirait la porte.

Car pour l'instant elle étudiait la serrure rustique de la porte, vérifiant par la même si sa simplicité apparente n'était pas un piège sophistiqué ; Deux précautions valent mieux qu'une. Elle savait de source sûre que la porte n'était pas munie d'une sécurité électronique reliée au système, mais peut-être l'était-elle sur un système indépendant ? Elle fit passer l'un de ses fins serpents dans le trou de la serrure, plus fin que celle-ci, et la vision de ses lentilles lui révélèrent l'intérieur de cette dernière sous tous les angles. Pas de poudre, pas de substance quelconque ni la présence du moindre système électronique : une serrure de porte banale dans tous ses aspects.

Cela ne la rassura pas pour autant. Se relâcher n'était pour elle qu'un concept vague –uniquement quand elle devenait Cynthia Luna-, et elle ne se laissait strictement jamais aller durant ses contrats : l'attention toujours exacerbée au maximum. Il n'y a pas d'autres secrets de réussite que celui-ci : toujours rester parfaitement concentré.

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Sa manœuvre en ayant subtilisée insidieusement la tazer de la jeune femme, pour le mettre à un endroit aussi visible que cacher, était absolument parfaite. Elle avait attendue patiemment que cette dernière ait le dos tourné lors de son étirement pour le lui subtiliser, au nez et à la barbe des policiers trop occupés à la mâter pour noter autre chose.

Ses observations lui avaient indiquées qu'ils devaient se connaitre entre eux depuis quelque temps : la façon dont ils étaient plus ou moins relâchés quand ils s'adressaient la parole, les infimes modifications dans la fréquence vocale et les muscles faciaux lorsqu'ils se regardaient, les choix de sujet dans leurs phrases et leurs répliques, ect… Rien n'échappait à ses yeux inquisiteurs, ni aux lentilles omniscientes de sa tenue.

Ses études dans le sujet de la psychologie et du comportement indiquaient fortement que le garde au regard obscène était habitué à taquiner la jeune femme, et que celle-ci –comme tout primate qui se respecte- était le genre de personne habituée à y mettre un terme par l'intimidation vide d'action ; du genre à lui faire peur en sortant une arme dont elle savait qu'il ne pouvait en mourir. Le tazer était donc tout désigné.

Ses autres observations en étaient arrivées à la même conclusion que le dénommé François entre les deux autres agents, mais bien plus rapidement que lui (dans le sens où elle n'a eu besoin que de les voir une fois pour le savoir, là où ils doivent se connaitre depuis longtemps.) Elle savait donc qu'il allait « porter secours » à sa dulcinée, exactement comme son caractère le laisser supposer. Ses déductions lui disaient que si elle arrivait à instiller le doute dans l'esprit de la jeune fille, via des petits déplacements d'objets de place- celle-ci (de part ce qu'elle est la plus jeune) perdrait au bout d'un petit moment son sang-froid, et finirait par s'inquiéter pour ce qui paraissait le plus important dans ce moment là : les clés d'accès. Donc de lui révéler leur position.


Seulement elle n'avait absolument pas prévue que la situation évoluerait à ce point : le « pervers » qui joue le copain amenant la femme dont son pote est amoureux entre ses bras. Ca fait cliché, mais grand dieu que c'est efficace. En moins de temps qu'il n'en a fallu pour le faire, non seulement ils avaient oubliés l'histoire du tazer qui bouge tout seul, mais en plus ils étaient relâchés au-delà de toute espérance en lui fournissant ce qu'elle cherchait. La chance sourit aux audacieux, comme dit le proverbe, mais elle ne croit pas à la chance autrement que comme un pourcentage mathématique.

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« Maintenant. »


La Callidus émit un bref signal pour indiquer qu'elle obtempérait à l'ordre, et automatiquement l'ordinateur devant lequel se trouvait l'agent Tanguy s'éteignit.

Totalement surpris par l'appareil qui venait de le lâcher sans coup férir, il émit un petit grognement en se rendant compte que sa machine avait totalement plantée –après avoir tenter de la rallumer plusieurs fois-. Ses collègues se rendirent rapidement compte de ce brusque changement de comportement chez ce dernier, et s'enquérir immédiatement de la situation.


« Un problème, Tanguy ? » Fit François d'un air malicieux, heureux de voir que la situation évoluait un peu.

« Mon poste a lâché tout seul, juste comme çà. Pas d'écran bleu, pas de message d'alerte ou autre, juste comme çà. » Dit-il sans cacher son agacement.

« T'es sûr de pas avoir appuyé sur la mauvaise touche ? » Fit-il l'air taquin, le remettant au même niveau que la jeune femme d'une manière habile.

« Ta gueule. » Répondit-il sèchement. « Il s'est éteint de lui-même, et j'y suis pour rien. »


Les deux autres collègues se rapprochèrent à leur tour de l'ordinateur, totalement silencieux et éteint, et, constatant qu'ils ne savaient pas pourquoi et qu'ils n'y pouvaient rien, décidèrent de contacter le service technique.


« Allô, le service technique ? Ici l'accueil : un de nos postes vient de nous lâcher. Vous avez une explication ? » Demanda la jeune femme.

« On est en train de vérifier certaines contre-mesures d'urgence dans le système afin de prévenir tout tentative d'infiltration dans nôtre réseau privé depuis l'accueil, car c'est ici qu'il y'a le plus de chance de se faire hacker par un potentiel ennemi, en posant un mouchard par exemple. Ne soyez pas étonnés si vous voyez d'autres ordinateurs s'éteindre dans l'heure qui suit. »

« C'est curieux qu'on ne fut pas mis au courant d'un tel test, qui nous concerne pourtant directement. » Répliqua François d'un ton suspicieux, et la voix répondit d'un soupir.

« Je sais. » Répondit la voix d'un air limite las et désolé. « C'est un test de sécurité surprise imposé par le chef du service, comme çà sur le coup. Désolé que l'ordinateur qui fut éteint fût celui sur lequel vous bossiez. »

« Vous saviez qu'il était en activité, mais vous l'avez quand même éteint ? » Répondit la jeune femme surprise. Et la voix soupira de nouveau, avant de lui répondre sur un ton plus secret.

« Officiellement, le chef dit que c'était pour s'assurer du contrôle direct et absolu des ordinateurs, et leurs réactions immédiate à une procédure d'arrêt d'urgence sans perte de données ; si on se fait pirater, on veut quand même garder une trace du hackeur pour remonter jusqu'à lui. Et pour se faire, il faut faire le test sur un ordinateur allumé et fonctionnel. »

« Et officieusement ? » Répondit François. Et là la vois ce fit plus secrète encore.

« Officieusement… » Elle marqua une pause, comme si elle regardait autour d'elle que personne ne l'écoute.
« Je crois qu'il vous a dans le nez. Je ne sais pas pourquoi, mais ordonner un test aussi impromptus dans la situation actuelle… C'est quand même bizarre. Je veux bien admettre que c'est le moment plus ou moins rêvé pour nous hacker, vu le bazar du parc qui bouffe nos effectifs, mais il aurait pu attendre demain pour cela, que l'équipe de jour prenne le relais. Ce serait moins risqué et réaliste, mais au moins on aurait d'avantage de personne sur lesquelles faire les tests. »

« Le dernier point est censé nous remonter le moral ? » Répondit Tanguy d'un ton dédaigneux.

« Y'a plus de dix postes à l'accueil. L'équipe de jour est au moins composée au minimum de sept membres actifs sur les ordinateurs, et l'équipe de nuit –vous- à peine de trois. Je n'arrive donc pas vraiment à comprendre pourquoi on rend le travail de l'équipe de nuit plus difficile, là où celui de l'équipe de jour serait à peine gêné… Mais c'est pas moi le boss, je fais qu'obéir. »

« Je n'ai qu'une question. » Reprit François. « Vous étiez censé vous justifier autant que çà ? »


Ses collègues émirent des regards curieux à son encontre, car sa question avait tous les attributs d'un piège. Mais, aussi sophistiqué qu'il fut, la voix répondit seulement quelques secondes plus tard.


« Je n'aime pas vraiment m'en prendre à des collègues sans leurs accords. On est censé agir comme une équipe. Je veux bien reconnaitre l'utilité de tests surprise, mais pas dans des situations montrant clairement qu'il y'a de l'abus. Je suis technicien moi, pas un partisan d'une vendetta personnelle via la hiérarchie de police et l'utilisation du système informatique. Si on commence à se tirer dans les pattes pour un oui ou pour un non, alors toute cette rénovation et toutes ces belles paroles n'auront servies à rien ; Je me suis pas engagé pour çà. »Finit la voix sur le ton d'une colère contenue.

« Je te comprends. » Répondit François. « Mais je ne crois pas que l'un d'entre nous soit dans le nez du chef technicien… Comment s'appelle-t-il déjà ? » Questionna-t-il d'un air d'avoir vraiment oublié son nom.

« Genre, vous avez oublié son nom. » Répondit la voix d'un air faussement surpris. « C'est impossible de ne pas se souvenir de Flin Stolx, même en dehors du poste. Où voulez-vous en venir ? »


Les trois collègues se regardèrent entre eux l'espace de quelques secondes, secondes dont perdit ironiquement le tendeur de piège François à trouver la parade –pas aussi doué qu'il se croyait dans le domaine-, et trouva une excuse bidon.


« Désolé, mais pour moi son nom ressemble à une pub pour produit de machine à laver. » Il émit un petit rire en espérant que ça passerait, en vain.

« Bon écoutez, je ne suis pas née de la dernière pluie, alors si vous me soupçonnez de quelque chose parce que j'ai enfreins la règle de ne devoir rien vous dire en temps normal : vous me le dites directement. Je suis la technicienne de 1er rang Johanna Stynn, poste 08 du deuxième étage secteur technique 1. Si vous avez un doute venez me voir, mais ayez l'obligeance d'apporter le café parce qu'ici il est infect. »


La réponse fit parfaitement mouche sur l'agent suspicieux, dont les regards courroucés de ses collègues venaient le fusiller. Mais il tenta un dernier coup de bluff, poussant le tout jusqu'au bout.


« Ok j'arrive ! Euh, le café : avec ou sans croissant ? »

« Pas besoin, j'ai des madeleines. Mais le café noir s'il vous plait. Un truc qui me reste vraiment sur la langue, pour oublier le goût désagréable de l'eau croupie qu'ils osent appeler « café ». » La note finale de la phrase fut prononcé dans un ton de dégoût prononcé, et l'agent lâcha l'affaire.

« Ah meeeerde… »

« Quoi ? »

« La machine à café nous a aussi lâchée… Vous faites aussi un test dessus ? » Plaisantait-il.

« … Franchement… Vous auriez pas pu trouver une meilleure excuse que çà pour ne pas reconnaitre que vous me suspectiez de quelque chose, dont je ne sais rien en passant ? »


L'agent se raidit en serrant les dents, totalement grillé, et ses collègues soupiraient d'un air extrêmement las de voir à quel point il pouvait être vraiment, mais alors vraiment lourd quand il s'y mettait. Tanguy reprit la parole.


« Désolé, c'est un sale con égocentrique et arrogant qui, parce qu'il a fait une formation « sommaire » à la détection de mensonge, se croit supérieur eux autres, en pensant exactement deviner ce qu'ils pensent. »

« … Tanguy, c'est çà ? » Devina la voix.

« Ouais, désolé j'ai oublié de me présenter. » Se doutant que sa réputation était connue dans tous les secteurs du poste.

« Pas grave. Juste pour te dire : bienvenue au club. Mais vous passez pas les nerfs sur lui. Au moins vous êtes que trois et au même rang hiérarchique, tandis que moi, mes collègues et le boss… »

La voix marqua une pause, et l'ordinateur de Tanguy se ralluma comme si de rien n'était, en parfait état de fonctionnement, exactement comme avant qu'il ne s'éteigne. Puis la voix reprit.

« Normalement ça devrait être retourné à la normale, sans perte de donnée. Est-ce que c'est bon ? »

« Ouais, c'est parfait. » Répondit Nathielle. « Merci Johanna. »

« De rien, c'est mon boulot. J'vous enverrais un p'tit avertissement quelques minutes à l'avance sur le PC de Tanguy lorsqu'on recommencera. Et pas un mot de çà aux autres, ok ? »

« Bien sûr. » Répondit l'intéressé. « Et encore désolé pour l'attitude de l'autre con, vu que je sais qu'il ne s'excusera pas. » Comme pour confirmer ses dires, ce dernier sifflait en regardant ailleurs.

« Pas grave, j'ai connus pire. Puis au moins je suis sûr de n'avoir rien à craindre de lui, vu que c'est pas mon supérieur. Et puis vous devez être au courant de l'histoire de l'ancien vice-directeur de la Sylphe Sarl qui bossait pour le compte de la team rocket, donc je suis pas franchement étonnée d'être soupçonné par un collègue. Mais quand c'est vôtre patron qui vous soupçonne… C'est déjà un pas vers la porte et le licenciement. »

« Alors… Ma question va paraitre conne, mais… Pourquoi dans ce cas là nous aider ? » Demanda François d'un air largué et gêné par cette contradiction, et littéralement foudroyé du regard par les deux autres.

« Je l'ai dit : je me suis pas engagé dans la police pour participer à des guerres intestines à la con. Je préfère être viré par la porte de derrière en faisant confiance à mes collègues, que de gravir les échelons en leur marchant sur les pieds. Mais en attendant que mon boss trouve une raison pour que la directrice me vire, je continue de bosser. Aussi longtemps que je reste là, je m'assure que mes collègues vont pas commencer à se mettre mutuellement sur la gueule. C'est tout. »

« Une unité fragmentée ne mène qu'à la débâcle… » Répéta François, honteux. « Je suis désolé pour t'avoir soupçonnée. Mais je suis un con fini et je me fais tellement chier… D'autant plus que mes deux collègues ne s'avouent pas qu'ils sont amour-*Guearg* ! »


Sans que « Johanna » ne le « voit », les deux autres policiers s'étaient directement jetés sur leur collègue –prochainement mort-, laissant le combiné aux proies à une scène sonore bien curieuse.


« Allô, allô ? Y'a quelqu'un ? Qu'est-ce qui se passe ? »

« Rien de bien grave. On empêche juste ce crétin finit de balancer des inepties à la pelle. » Répondit la jeune femme, qui faisait un nœud autour de la bouche de leur collègue avec l'une des serviettes de la salle de repos. Tandis que Tanguy lui attachait les mains dans le dos à l'aide de menotte.

« … Nan mais sérieux, quoi… Qu'est-ce que j'avais dit sur les luttes intestines… »

« Oui mais là c'est pas pareil : entre se battre entre flics et ligoter un con, y'a une marge. »

« Vous allez ligoter partir en croisade pour ligoter tout le mon- oh merde, mon boss revient ! Désolé les gars, je coupe la connexion. J'vous enverrais le message dès que j'pourrais ! » Pressait-elle sur un for chuchotement.

« Ok. » Répondirent-ils en cœur, terminant de bâillonner le pauvre idiot qui aurait mieux fait de fermer sa gueule.

Et n'ayant pas remarqués, depuis l'extinction de l'ordinateur, que la double porte fut ouverte en grand, mais silencieusement.

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Depuis le début de la discussion avec les policiers jusqu'à la fin, la Faucheuse avait réussi à passer tous les barrages de sécurité avec une aisance déconcertante. Les gardes présents détournaient au dernier moment à cause d'un bruit électronique importun, lorsqu'elle ouvrait les portes faites de barreaux d'acier pour les refermer derrières elle aussi silencieusement et précisément que rapidement.

Maintenir une telle conversation avec une telle « décontraction », déjouer les pièges captieux du « pseudo-expert en détection de mensonge », continuer de maintenir sa discrétion en ne laissant nullement se reflets être perçus par les gardes, tout en enchainant les commandes vocales vers la Callidus… Aucun autre être humain n'est capable d'une telle prouesse, sauf en abandonnant tout ce qui fait de lui un humain : les sentiments. Mais ce n'est pas la seule chose à faire pour obtenir le même « statut » que la Faucheuse.

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Cette dernière finit par arriver devant la cellule de sa cible, celle dans laquelle se trouvait un homme, endormis, la coupe de cheveux au bol proéminente devant elle.

L'un de ses serpents sortit à nouveau de ses poignets, et alla se loger dans la fente servant de serrure électronique à la cellule. Il désactiva les barreaux de cette dernière, qui allèrent se loger dans le sol et les murs dans un bruit de lame rangées dans leurs fourreaux.

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Le bruit réveilla le sbire, qui n'était pas vraiment endormis –encore tourmenté par l'idée de s'être fait avoir comme un gland-. Il tourna la tête pour voir les barreaux de sa cellule ouverts, la tête complètement estomaquée ; ne voyant ni n'entendant aucun bruit dans les couloirs, déduisant qu'il était seul.

Il se leva. Se rhabilla en enfilant son manteau. Puis commença à poindre le bout de son nez dans le couloir, de droite à gauche, sans voir personne, se demandant comment cela pouvait être possible. Mais il chassa cette idée de sa tête l'instant suivant. Il avait une chance de se tirer, il devait la saisir. Même si elle était infime.

Il commença donc à sortir de sa cellule en passant par le milieu de cette dernière, fier et droit comme un paon vaniteux, mais fut stoppé net dans son mouvement en ayant heurté quelque chose d'invisible, plus surpris encore que par la désactivation des barreaux.

N'ayant pas eu le temps de comprendre comment cela pouvait être possible, la « chose invisible » le prit par le cou d'une puissante poigne -le sbire sentant cette force lui écraser la gorge-, et se faire soulever au dessus du sol par cette dernière, ses pieds ne foulant plus le béton.

Il tenta de savoir à quoi il avait à faire, instinctivement, en prenant et tâtant de ses mains l'endroit où sa gorge était serrée par un étau puissant qu'il l'empêchait de respirer. Et, au moment où il posa ses mains sur ce qu'il devina être de fin bras, l'invisible devant lui se matérialisa sous la forme d'une silhouette dénuée d'identité, noire comme la nuit.


Etant étouffé par la poigne de fer de cette dernière, il ne pouvait manifester la peur qui l'animait en poussant un cri. Mais sa bouche figée dans un effroi rare valait bien ce cri. Il se sentit avancé et ramené calmement dans le fin fond de sa cellule par cette silhouette aussi effrayante que puissante, et se faire poser au sol et allonger comme s'il n'était qu'une poupée capricieuse entre les mains d'une enfant. Il sentait ses forces le quitter, l'oxygène lui manquer, la bave coulant de sa bouche come les larmes de ses yeux qui commençaient à devenir vitreux… Il allait mourir.

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Mais, alors qu'il était sur le point de perdre conscience et sombrer pour toujours, la silhouette relâcha son étreinte puissante et mortelle au dernier moment. Il respira instantanément une énorme bouffée d'air, toussant et crachant sous l'effet de sentir sa trachée et sa gorge presque broyées sous l'étau. Dès qu'il retrouva un peu de ses forces et de ses esprits, il reporta son attention sur la silhouette inquiétante qui lui faisait face, toujours debout et immobile, figée comme une statue.


« Rising Sun. » Dit-elle d'un ton neutre sans vraiment s'adresser à lui.


Il écarquilla les yeux à la mention du nom de son organisation, déduisant instantanément que la silhouette voulait dire qu'ils l'avaient envoyés l'éliminer. Et un frisson inimaginable lui parcourut l'âme en pensant qu'elle avait passée tous les systèmes de sécurité sans que personne ne l'arrête, ne connaissant qu'une seule personne dans l'underworld capable de cela. Les larmes coulèrent de ses yeux abondamment alors qu'il affichait un visage figé par le désespoir et la terreur.


« Pitié, je ne veux pas mourir ! Epargnez-moi, par pitié ! »

« Dis-moi tout de ce que tu sais sur Rising Sun. Ne m'épargne aucun détail, même insignifiant. » Cet ordre avait une intonation à valeur absolue ; on ne le contredisait pas.

« Rising Sun est la conglomération de toutes les restes des teams de toutes les iles à avoir jouées un rôle durant ces dernières années dans le monde pokémon, et dont les ressources et les contacts potentiellement utile sont rassemblés sous l'égide de la très haute autorité de la cour de Lupercal ; nos chefs. Je ne connais pas leurs noms, je vous le jure ! » Fit-il paniqué à l'extrême.

« Team Rocket, Aqua, Magma, Galaxie, Go-Rock, Ombre, Snatch… » Elle ne les énumérait qu'à titre rhétorique. Et la tête de sa cible lui donnait toutes les confirmations dont elle avait besoin.

« Ou… Oui… » Répondit-il faiblement, paralysé par son imposante présence.
« Il y'a une autre team qui pourrait peut-être nous rejoindre : la Team Plasma. Elle est basée à Unys. Mais pour l'instant elle n'est pas intéressée par nôtre organisation. »

« Le plan d'avant-hier : quel but. » Ce n'était pas une question.

« Le Wailisseur de Verchamp. On devait profiter de la confusion pour s'en emparer et l'emmener aux fonds des marais, vers nôtre base de Sinnoh. »

« Effectifs. »

« Je- je sais pas exactement. Mais comme Sinnoh fut la région la plus durement touchée par les modifications de la ligue, nous ne sommes pas plus de 300, je le jure ! »

« Bases secondaires, déjà en place ou en préparation. »

« Je ne sais pas, je ne suis qu'un sbire. Mais j'ai entendu dire que ça pourrait être sur l'ile de la nouvelle lune, au large de la côté ouest de l'ile. C'est tout ce que je sais, je vous le jure ! Pitié, épargnez-moi ! »


« Visiblement » satisfaite de ses réponses, la Faucheuse se retourna le plus calmement du monde et fit mine de s'en aller de la cellule du sbire. Ce dernier s'était vidé de son urine dans son pantalon, et une odeur désagréable envahit la pièce rapidement, mais il était sauf.

Il se sentait vide, brisé jusqu'aux tréfonds de son âme, la simple présence de cette silhouette le rendant aussi fragile et chétif qu'un enfant. Il pleurait les larmes de son corps tremblant de manière incontrôlé, tétanisé de savoir que sa vie ne valait désormais plus rien et ne tenait qu'à un fil. Il se sentait prêt à tout dire à la police, tout, jusque dans ses moindres détails, du moment qu'il pouvait partir loin d'ici et ne plus jamais entendre parler de Rising Sun, et surtout pas d'elle.


Malheureusement pour lui, la silhouette de la Faucheuse s'arrêta à la frontière de l'entrée de la cellule comme si on avait mit un film sur pause. Le sbire sentit ses frissons incontrôlables repartirent de plus beaux, les battements de son cœur s'accélérer à toute vitesse, tout comme sa respiration.

Elle ne se retourna pas vers lui, mais lui adressa la parole d'un ton plus neutre et noir que l'enfer.


« Tu ne sais rien de plus. » Toujours pas une question, mais qui imposait une réponse.

« Je le jure… » Sa voix était brisée et ténue, comme si le son produit par ses cordes vocales implorait de ne pas sortir de sa bouche.

« Tu as dit ne pas connaitre tes chefs. »

« C'est vrai… »

« Alors… »


Elle se retourna lentement en direction du sbire. Sa tête et son corps pivotèrent dans un mouvement surnaturellement calme, telle une poupée aussi vide et noire que l'abysse animée par une volonté inexistante. Sa silhouette terrifiante se détachant de la pièce telle une faille dans la réalité entre l'univers et le néant, obligeant le pauvre mortel qu'il était à contempler sa forme d'un noir abyssal aux profondeurs insondables.


« … Pourquoi es-tu dans une organisation dont tu ne crois pas suivre un chef de la team galaxie. »


Il sentit son cœur s'arrêter de battre l'espace d'un instant, un choc d'une ampleur inquantifiable parcourir son être comme si d'un simple regard elle pouvait pulvériser son âme et la réduire en poussière.

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Elle s'approcha à nouveau de lui. Ses pas lent et silencieux, masqués par l'ombre produite par la lumière de la lampe de mur dans le couloir de la cellule derrière elle, donnant l'impression qu'elle glissait sur le sol dans un halo de ténèbres aussi fin et effilé que des lames de rasoir.

Ses iris étaient rétractés au-delà du possible, comme si ses yeux préféraient la cécité que de contempler l'avatar de la mort. Plus aucun son ne lui parvenait dans les oreilles, même pas celui des battements terrifiés de son cœur. Il ne sentait plus le sol sous ses pieds, ni la sensation mouillée de l'urine maculant ses pantalons. Et son nez ne sentait même plus l'odeur du liquide en question.

Chaque partie de son corps, de la plus grosse à la plus petite unité, tremblait d'une peur primale ne lui laissant aucun répit. Sa peur était telle que son cerveau tenta de faire quelque chose d'absolument inimaginable dans le règne de l'évolution pour y pallier : il tentait de couper tous les 5 sens qui permettaient au corps d'interagir avec l'univers, préférant laisser errer celui-ci dans les ténèbres plutôt que de contempler la nature intrinsèque de l'être lui faisant face.


Malheureusement pour lui l'avatar de la mort s'en rendit compte, et l'en empêcha en fondant sur lui comme si l'ombre de sa silhouette était sa véritable forme. Elle sortit les fine lames de ses poignets et les y enfonça dans son corps, plus précisément dans les veines de sa gorge les plus à même de délivrer leur contenu le plus rapidement. Ce qui ne prit pas beaucoup de temps, vu la vitesse du rythme cardiaque anarchique de son cœur.

Lentement –à cause de la terreur qu'il ressentait- les effets de ses drogues commençaient à agir, et le sbire se trouva bientôt incapable d'esquisser le moindre mouvement, comme si véritablement tout son corps était devenu aussi amorphe qu'un Marcacrin. Son rythme cardiaque se ralentit pour finir par se stabiliser, tout comme sa respiration et le reste de ses fonctions vitales. Il était dans un état à la limite du végétatif, la bave coulant de sa bouche entrouverte mollement comme un vieux gâteux, et les larmes continuant de couler de ses yeux mis clos. Complètement abrutis et soumit à la moindre volonté de la Faucheuse.


« Personnes composant la cour de Lupercal. »

« Je ne sais pas… » Répondait-il sans aucune volonté, mais pourtant conscient de son état épouvantable.

« Pourquoi suivre une organisation n'étant pas dirigée –même conjointement- par un leader de la team Galaxie. »

« Maitre Cyrus avait signé le pacte d'intégration de la team Galaxie dans Rising Sun, mais déléguait les commandes à un nouveau commandant. Aucune information ne court sur son identité, mais le fait que maitre Cyrus lui ait donné sa pleine autorité est suffisant pour que tous les anciens sbires aient rejoint Rising Sun… »

« Mars, Jupiter, Saturne, Pluton. »

« Aucune idée. Les membres de l'ancienne team galaxie espèrent qu'ils s'agissent bien d'eux, mais n'en n'ont aucune preuve… »

« Utilisez-vous toujours les anciens relais et codes du temps des anciennes team, ainsi que les planques de l'époque. »

« Plus à Sinnoh pour la team Galaxie, la ligue à tout détruit. Mais des rumeurs cours au sujet d'anciennes bases de secours dans les iles Sévii, et une rumeur selon laquelle le QG principal se trouverait sur une île d'Hoenn invisible aux moyens de détection, même les plus sophistiqués... »

« Hiérarchie. »

« Vague. Je n'ai rejoint l'organisation que très récemment, mais mes compétences en matière de sabotage m'avait permit d'être rapidement sélectionner. Les sbires sont toujours la base t compose la majorité de nos forces, viennent ensuite des sbires faisant office de supérieurs lorsque le chef de l'ile les choisit pour chaque mission, suivit par des admins à la position inchangeable qui relais les ordres du chef de l'ile, et enfin le capitaine qui est le chef représentant de Rising Sun sur l'ile.
On pourrait donc divisé la hiérarchie en 4 niveaux distincts, en considérant que le niveau 4 est le sbire. Mais l'autorité continuellement renouvelée de la position de chef 3 rend cette même tentative de classement inutile. Sans compter tous les autres secteurs d'activités dont je ne sais rien… »


Il s'écroula dans un râle, cette fois-ci complètement et définitivement vidé de toute information utile, ayant même déféqué dans ses sous-vêtement sous la double pression contradictoire de la Faucheuse et de ses drogues, son esprit réduit en parodie de volonté… Mais ce n'était pas encore fini. La Faucheuse lui réservait un tout dernier rôle : le rôle de sa vie… Et de sa mort.

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Elle somma à ses serpents de se manifester à nouveau de ses poignets, et de se diriger vers la bouche du sbire. Ceux-ci y pénétrèrent sans effort, le sbire n'opposant même pas la parodie d'une vaine résistance, s'infiltrèrent dans son larynx pour arriver au niveau des cordes vocales, y planter leurs crochets, et y délivrer un petit mais puissant choc électrique qui réduit celles-ci au silence ; le sbire tenta d'émettre un faible cri de douleur, mais aucun son ne sortit de sa gorge.

En ressortant du corps de l'homme, ceux-ci s'arrêtèrent vers les incisives de ce dernier et les y arrachèrent de leurs socles de chair d'une précision chirurgicale démoniaque, laissant sa bouche se remplir de sang sans qu'ils n'en soient recouverts d'une seule goutte, et le laissant souffrir en silence. Puis ils descendirent le long de ses bras –toujours reliés à la faucheuse- et y mirent chacun leur incisive entre ses doigts, s'enroulant autour de ses derniers comme les fils d'un marionnettiste dément.

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Les quelques rares bribes de conscience qui animaient encore l'homme s'évaporèrent comme de l'eau au soleil, quand son cerveau amorphe réussit le dernier exploit de comprendre ce qu'elle allait lui faire : Elle prit le contrôle de ses mains et de ses bras comme une marionnettiste, amena ses incisives se tremper dans le sang de sa bouche –comme la plume d'un stylo-, et le fit se tourner vers le mur pour qu'il commence à y dessiner quelque chose ; sa carcasse guidée par les serpents de la Faucheuse.


Lorsqu'elle termina son œuvre macabre, la Faucheuse relâcha les bras du corps dénué de conscience de l'homme, le refit se tourner et adosser au mur et, une dernière fois avec ses propres membres, lui fit se trancher la gorge avec ses propres dents ; l'abandonnant ainsi en le laissant se vider de son sang.


Elle quitta la cellule sans se retourner en arrière, la fermant comme elle l'avait ouverte, vierge de toute trace de sang à l'aller comme au retour. Commença à repartir en prenant le chemin inverse, réactivant son camouflage, et laissant à la puanteur de l'urine et des déjections se mélanger celle du sang.


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Sinnoh. Verchamps. Entrepôt 16, relié à baie par une voie marine.

Lundi 12 Avril. 2 heures 47 minutes.


Ayant réussit son triple homicide, à sortir du poste de police en effaçant toute trace de son passage avant de leur rendre les pleins pouvoirs, évitant toujours les patrouilles (inutiles) qui continuaient leurs rondes (toutes aussi inutiles) dans le port, et retournant à l'intérieur même de l'entrepôt ou se trouvait son moyen de transport sous-marin personnel ; Sans qu'une seule goutte de sang ne se soit retrouvée sur sa tenue ou sa silhouette seulement « vraiment » aperçut par un être encore vivant pour en témoigné… Le tout en même pas 3 heures.

La Faucheuse méritait son nom, aussi implacable que la mort.


Mais il était désormais temps d'attaquer la dernière partie du plan et de son parfait alibi avec Flo. Elle s'approcha du bord d'eau interne de l'entrepôt, fit la même manœuvre que sur le toi où elle tua Gralph Spencer, et marcha ainsi à la verticale jusque dans l'eau, pénétrant celle-ci comme si elle entrait dans un nouveau monde, dérangeant à peine la surface.

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Une fois sous l'eau, la tenue Callidus désactiva ses crochets et son camouflage pour laisser la Faucheuse libre de ses mouvements ; cette dernière respirant à la perfection grâce aux filtres de son masque jouant aussi le rôle de branchies. L'espace entre ses doigts se modifia pour former des palmes, tandis que la plante de ses pieds s'allongeait pour former la queue d'une sirène aux reflets d'ébène.

Ainsi sommairement adaptée au milieu marin, la Faucheuse put descendre rapidement jusqu'au fond du bassin d'eau et y trouver exactement ce qu'elle avait laissée là : à peine plus gros qu'elle de plusieurs dizaines de centimètres, le « Calchant » -prototype de sous-marin de poche- était en stand-by au fond de l'eau, inerte et éteint. Mais ce dernier se réveilla à l'approche de la Faucheuse, et la fine bulle vitrée qui occupait sa « tête » s'ouvrit comme un iris pour la laisser s'y engouffrer –d'abord par les pieds qui reprirent leur forme normale-.

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De forme fine et cylindrique, le Calchant était le diamant de la technologie de propulsion sous-marine. Ressemblant à une torpille, son moyen de propulsion était d'un tout autre niveau et n'était pas placé à la queue. Répartis de chaque côté sur la longueur : 4 fins hydro-propulseurs très puissants, aux allures de hache en demi-lune, aspiraient l'eau et la rejetait de l'autre côté avec une force incroyable, prenant exactement l'emplacement théorique où devraient se trouver les « roues » si c'était une voiture. Ces même propulseurs tournaient à 360° en parfaite synchronisation ou même indépendamment les uns des autres, conférant une maniabilité inégalable dans le domaine, pouvant même rivaliser avec la grâce d'un Rosabyss couplé à la vélocité d'un Serpang.

Et là où la SCS avait fait très fort, surclassant sans problème tous les autres modèles de sous-marin au monde –même les prototypes théoriques des autres nations-, était que le cockpit était lui aussi immergé dans l'eau, laissant cet élément parcourir le sous marin intégralement sans la moindre résistance. Ce faisant, le principe de poussée d'Archimède était pratiquement totalement contre balancé par la technologie du sous-marin, permettant à ce dernier « d'être » l'eau.

L'intérieur était quand à lui moulé aux formes de la Faucheuse, créer exclusivement pour ne fonctionner qu'avec elle. Quand elle y engouffra son corps dans l'emplacement prévu pour, la tenue de sa Callidus se confondit avec le « tissu » de celui du sous-marin, comme si les deux faisaient partis du même tout. Ses lentilles de ses yeux changèrent d'interface en passant le relais de la tenue au sous-marin, ce dernier s'activant dans un vrombissement presque inaudible et insensible, la bulle du cockpit se refermant de sa fine barrière perméable à l'eau mais pas aux éléments solides ni gazeux.

De fins petits tuyaux, ressemblant fortement aux serpents de ses poignets, sortirent du tissu comme animé d'une vie propre, se connectèrent directement de chaque côté de sa bouche à la partie de son visage masqué, près à prendre le relais si jamais le filtre de la tenue Callidus cédait ; deux précautions valent toujours mieux qu'une.

Puis, une fois toutes les conditions remplis, les nerfs de la tenue Callidus se synchronisèrent à ceux du sous-marin, multipliant leurs précisions et leurs capacités d'analyse et de déduction de façon exponentielle, traduisant la moindre pensée de la Faucheuse au travers de ses mouvements à la perfection, la faisant « devenir » le sous-marin.

Enfin ses lentilles lui indiquèrent que tous les systèmes étaient Ok, et activa les propulseurs aussi puissant que silencieux du sous-marin qui la firent glisser lentement en dehors de l'entrepôt, et devinrent plus bruyant pour délivrer leur véritable puissance une fois dans la baie, la quittant à peine quelques dizaines de seconde à l'abri des regards, à plusieurs mètres de profondeurs. L'opération en totalité n'ayant même pas durée une minute.


La Faucheuse était venue, la Faucheuse avait vaincue, mais la Faucheuse jamais ne fut vue.

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Et voilà que désormais s'offrait à elle la partie la plus dure et délicate du plan : pénétrer dans le dédale de ravin parcourut par le courant puissant, et habité par l'une des faunes pokémon marine les plus belliqueuse qui soit.

Rien d'insurmontable. Mais elle savait qu'une fois qu'elle pénètrerait dans ses couloirs mortels, elle n'aurait plus qu'une seule issue : la vie ou la mort.

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Elle « surnageait » lentement au dessus du dédale de canyon, tournant comme un vautour au dessus de sa proie, guettant tel le rapace affamé qu'il était qu'une occasion se présente. Et lorsque celle-ci se présenta à la Faucheuse, au travers des données affichées par ses algorithmes, elle plongea instantanément en piqué telle une véritable torpille, traçant un sillon invisible pourtant puissant dans son passage.

Elle redressa juste à temps en synchronisation avec les données de l'appareil, tandis qu'elle pénétrait pour un aller simple dans le dédale de mort. Son sous-marin était parcourut de vibrations fortes malgré ses compensateurs inertiels intégrés, et il lui fallut quelques dizaines de seconde pour s'adapter à son nouvel environnement ; ces dizaines de secondes durant lesquelles la Faucheuse prit les choses en main, évitant habilement les récifs acérés comme des hallebardes aux formes improbables qui tapissaient le dédale comme les feuilles d'une forêt.

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Un bref signal d'alerte fut émit par les senseurs/capteurs du sous-marin : un pokémon marin était proche d'elle et l'avait déjà prit en chasse. Ses serpents –normalement reliés à la Callidus- sortirent de ses poignets comme à leur habitude, mais cette fois-ci étaient directement reliés au sous-marin à l'instar de la Faucheuse, et rampaient à la surface extérieur de ce dernier pour relayer l'information : un Serpang l'avait pris en chasse. Malgré sa taille inférieure à celle de l'appareil, il ne la lâchait pas d'une semelle de sa gueule bardée de crocs grande ouverte.

C'est maintenant qu'il allait falloir tester les limites du Calchant en situation réelle à son tour, face à un pokémon aquatique dans son environnement naturel.

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A une vitesse ahurissante dans les tréfonds marin la mer sud de Sinnoh, le Calchant et le Serpang s affrontaient dans qui est était un ballet marin mortel, dansant tous deux tels les acteurs d'une comédie tragique, dont la fin ne pouvait se terminer bien que pour l'un d'entre eux.


Virage direct de 23 degrés à bâbord ; la Faucheuse venait encore ainsi d'éviter les puissants crocs givre de son tenace adversaire, ne la lâchant même pas d'un mètre malgré la vélocité de la course et la puissance du courant. Le Serpang était dans son milieu naturel, celui qui le vit exacerber ses caractéristiques naturelles de chasse en eau profonde et à haute pression, mais son adversaire artificiel n'était pas en reste. Fleuron de la technologie humaine, il réussissait, pour sa première sortie dans ce genre de situation, ce que bien peu de pokémon aquatique étaient capable de faire : tenir en respect un Serpang hyper-véloce.

Deux nouveaux crocs givres furent évités par l'habile pilote du sous-marin, formidablement aidée par les yeux de ses serpents, mais c'est à ses réflexes et à ses seules vraies compétences conscientes qu'elle devait sa survie, car son sous-marin ne pouvait se diriger seule dans de telles conditions. Surtout que gérer les informations arrières de ses serpents, les données s'actualisant à chaque instant de son sous-marin, tout en regardant droit devant elle pour parer à virer à chaque instant : aucun autre être humain serait capable de cette prouesse. Même s'il fallait reconnaitre que les drogues se déversant dans son organisme lui facilitait énormément la tâche.


Subir les « G » d'une telle accélération. Son sous-marin réussissant à contre balancer la pression à cette profondeur grâce à une capacité d'adaptation plus fulgurante que celle des Millobelus. Filant dans le dédale à une vitesse de plusieurs centaines de nœuds, réagissant au centième de tour en virant au dernier moment pour éviter les lames du canyon et la gueule du Serpang. Maintenir un tel niveau de concentration dans de telles conditions n'est absolument pas évident. D'autant plus qu'elle ne se doit d'esquisser le moindre geste superflu. Car si elle n'en faisait qu'un seul, le sous-marin pourrait mal interpréter ses pensées via les nerfs artificiels, et l'enverrait droit dans le décor, la faisant exploser et imploser sous l'addition du choc et de la pression.

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Une nouvelle fois son adversaire planta ses crocs dans le vide, son insaisissable proie refusant encore et toujours de lui céder sa tête docilement. Excédé au-delà de toute possibilité, il entra dans une frénésie qui le fit foncer sans discernement sur son éternel d'adversaire qui le narguait ouvertement. Une fois rapproché le plus possible, il ferma sa bouche et fit grincer ses dents dans une vibration sonore insupportable multipliée par la densité de l'environnement ; tentant ainsi d'assommer son adversaire.

Les filtres auditifs de la Faucheuse furent mis à rude épreuve pour contrecarrer le grincement sonore du Serpang, mais y arrivèrent finalement sans problème, et la rendant insensible à sa si « mélodieuse » chanson. Elle en profita pour accélérer encore, et tenter de larguer son adversaire collant.


Le Serpang n'en revenait pas. Non seulement son grincement n'avait rien fait, mais en PLUS sa proie en avait profité pour mettre d'avantage de distance entre lui et elle ?! Il entra cette fois-ci dans un état de rage berserk, et fondit littéralement sur sa proie tel un missile, sans aucune considération pour le risque que cela représentait dans cet environnement à une telle vitesse. Une seule chose contait : vengeance ! Mais en même temps cette proie se révélait à la hauteur de ses compétences, lui faisant parcourir un frisson d'extase à cette chasse si jouissive ! Depuis combien de temps n'a-t-il pas eu une proie digne de ce nom ? Peu importe, il allait désormais savourer chaque instant comme il le fallait, misant sa vie sur la balance.

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Les senseurs alertèrent de nouveau la Faucheuse quand celle-ci fut à nouveau prise en chasse par le Serpang, filant à une vitesse deux fois plus élevée que tout à l'heure. Quel pot de colle, surtout qu'il était farouchement déterminé à l'attraper ; prenant même un risque inconsidéré en prenant une telle vitesse dans ces canyons balayés par le puissant courant.

Un plan pour se débarrasser de lui germa et arriva à maturité en une fraction de seconde dans son esprit, préparant déjà son corps et son sous-marin à la manœuvre. Ici on est plus dans le monde humain, mais dans le règne animal : tuer ou être tuer, et rien d'autre.


Elle s'aligna tout d'un coup « doucement » au milieu du canyon principal –le plus grand de tous- immobile et continuant sa lancée, toute droite et ne déviant plus de sa trajectoire.

Le Serpang y vit là l'instant pour frapper. Il fondit sur sa proie de toute sa vitesse, ouvrit sa gueule de croc précédés par des sillons d'un froid aussi mordant qu'eux dans le courant, et les referma sur sa proie d'une puissante mâchouille… Non, il ne sentait rien dans sa gueule, il n'avait pas eu sa proie… mais où était-elle ?! Elle était juste devant lui il n'y avait même pas un inst-


Il se tourna instinctivement pour voir derrière lui, et n'eut plus d'autres occasions. Son adversaire avait inversée la poussée de tous ses propulseurs, la faisant puissamment décélérer en la plaçant derrière lui, prête à contre-attaquer.

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La dernière chose que vit le Serpang avant de mourir fut de voir son adversaire revenir sur lui à toute vitesse, fonçant telle une lame noire dans les profondeurs abyssales. Il ne put esquiver le tranchant du premier propulseur latéral qui lui décapita la tête d'un seul coup, le tuant instantanément.

Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas eu d'adversaire à sa taille, qu'il en avait oublié la règle de prudence numéro 1 de la chasse : faire toujours attention à ce que le chasseur ne devienne pas la proie.


Et cette nuit, dans les profondeurs abyssales et acérées du dédale de canyon, qui était pourtant son terrain prédominant ; les restes du Serpang furent empalés et déchiquetés impitoyablement par le tranchant déchirant des récifs, répandant son sang et ses entrailles dans la force du courant, avant de se faire intégralement dévorés par ses semblables affamés.

Tandis qu'il ne saura jamais que son adversaire retournait dans les profondeurs de sa tanière, victorieuse.

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Sinnoh. Floraville. Maison de la maitresse des baies. 1er étage, chambre d'ami.

Mardi 12 Avril. 9 heures 04 minutes.


Un œil, puis le deuxième, lentement la Championne de la ville de Vestigion ouvrait les yeux en se réveillant d'une bonne et longue nuit de sommeil ; la cuisante fatigue s'étant abattue la veille sur elle ayant disparue.

Se frottant les yeux en se redressant sur le lit où elle dormait, elle put se rendre compte qu'elle se trouvait sous la couette de ce dernier. Mais ses souvenirs de la veille lui indiquait qu'elle n'avait même plus la force de s'y engouffrer, alors qui… Oh… Y'en avait une qui avait notée sa fatigue, et qui était revenue s'assurer qu'elle était correctement installée.

Elle sourit doucement à cette idée, alors que l'instant suivant elle se mit à bailler bruyamment tout en s'étirant de tout son long en gémissant. Puis elle entendit quelqu'un frapper à la porte de sa chambre, sachant pertinemment qui cela ne pouvait qu'être, et l'incita à rentrer dans la pièce nimbée par la douce lumière du matin.

La maitresse de baies rentra dans la pièce -comme l'avait deviné Flo- mais avec un bon gros plateau repas bourré de plein de bonne chose -ce qu'elle n'avait pas deviné par contre-.


« Bonjour Flo, bien dormi ? »

« Peut-on savoir ce que tu fais avec ce plateau, si lourd de victuaille que tu vacilles sous son poids ? » Répondit-elle partagée entre l'amusement et la fatigue.

« Moi aussi j'ai passée une bonne nuit. » Lui répondit-elle à son impolitesse sans perdre son sourire.

« Ah désolée, je suis encore un peu dans le gaz… » Elle s'étira de plus bel. « Oui j'ai passée une excellente nuit, grâce à ton lit super moelleux. Je sais pas ce que m'a fait cette salade, mais je ne m'étais encore jamais aussi sentie fatiguée de ma vie. »

« Ravie de savoir que ça te laissera déjà un souvenir inoubliable de ton séjour ici, même s'il ne fait que commencer. » Fit-elle en posant le gros plateau sur une commode sur le côté.

« Tu l'as dit. Mais est-ce que je peux désormais savoir ce que tu fais avec ce plateau ? » Fit-elle d'un air faussement incompréhensif.

« Et bien petit déjeuné au lit ! Et vengeance pour le centre… »

« Hey, c'est Lovis qui a voulu t'engraisser, pas moi ! »

« C'est bon je blaguais. C'est pour toi ET tes pokémon. Tu ne pensais quand même pas que j'allais te faire avaler tout çà ? Ou alors j'ai sous-estimée ta gourmandise… »

« Je confirme que tu es déjà plus en forme que moi. Je n'arrive pas à rivaliser en humour… » Elle bailla de plus bel. « Mais pourquoi dans cette chambre, et pas dans ta cuisine/salon ? La vue est superbe là-bas. »

« Ben je pensais que manger ici serait une bonne façon d'inaugurer la chambre d'ami, vu que tu es la première personne à y avoir dormi. Mais si tu ne veux pas… »

« Non, j'ai pas dit çà ! » Se rattrapa-t-elle directement. « J'ai juste pas vu la chose sous cet angle… Et, honnêtement, j'ai pas encore la force de me lever du lit… » Finit-elle d'un sourire gêné.

« C'est bon dans ce cas, je fais sortir tout le monde. » Et elle se dirigea vers ses balls, mais elle l'interpella au dernier moment.

« Nonononon ! Luna, y'a Athos dans l'une d'entre elle ! »

« Oups ! » Fit-elle d'un air confus et gêné. « Désolée. »

« Bon écoute, on mange un peu ici, et dès que j'ai récupéré des forces on va dans la salle à manger. D'accord ? »

« Ca me va. »


Elle sortit de derrière l'une des commodes un repose plateau pour lit dépliable et à roulette, devant la championne surprise et légèrement amusée de constater qu'elle avait effectivement tout prévu. Luna porta le plateau pour le poser sur la table –un brin difficilement tout de même-, le fit rouler pour l'amener juste devant Flo. Puis elle s'assit sur le grand lit de l'autre côté du plateau, toute deux se faisant face, et déclarèrent en même temps « Bon appétit ! » Avant de commencer à piocher dans la nourriture composant le petit déjeuné…

… Pour commencer le matin d'une nouvelle journée.


[ A suivre………. 47 PAGES WORDS, ET PLUS DE 15.000 MOTS ! HOLY F*CKING SWEET JESUS !]