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Sans Coeur de Limonette[JV]2



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» Auteur : Limonette[JV]2 - Voir le profil
» Créé le 27/03/2010 à 19:32
» Dernière mise à jour le 02/11/2010 à 01:11

» Mots-clés :   Drame   Présence d'armes

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Un fou retour vers le passé
Tout ce qu'elle voyait, c'était le noir. Le noir qui lui rappelait beaucoup, mais qu'elle ne saurait rattacher à aucun évènement vécu… En cet instant, ses yeux si bleus essayaient de capter de la lumière d'une des fenêtres de la voiture… Toutes ses vitres en étaient teintées… Ou plutôt, au moindre reflet lumineux, elles se teintaient de noir. Ainsi, aucun rayon de soleil ne viendrait caresser la peau fragile de la jeune femme…
Même si elle s'était révélée dotée d'une formidable résistance, et qu'elle supportait aisément des températures moyennes, il ne fallait point négliger les attaques à son épiderme. Tout avait été prévu pour que jamais l'astre du jour ne l'atteigne, du moins jamais bien longtemps.

Le bruit infime que produisait le moteur de la voiture ne semblait pas déranger l'adolescente, non, car à l'entendre, elle y tenait toute son attention… Les vrombissements lui chatouillaient les oreilles, et son regard s'illuminait de gaieté tant elle s'amusait à les imiter par de juvéniles sons gutturaux … C'était d'ailleurs cela qui faisait tout le paradoxe de sa personne. Une apparence de femme intelligente - malgré ses attributs d'adolescente - ,aux réflexes enfantins… Il y avait des moments comme ceux-là, où ses prunelles se vidaient de leur sagesse pour revêtir une autre forme de savoir, lui, beaucoup plus fin, et subtil… La sagesse d'un enfant, son regard sur le monde.

Les gardes du corps qui lui tenaient compagnie chaque heure de la journée s'en rendaient bien compte, et ne savaient que choisir entre scepticisme et stupéfaction…

Elle intriguait tout le monde. Adulte depuis plus de mille ans, enfant bien plus loin que cela. Cette double personnalité donnait à réfléchir, et quand la gamine reprenait l'attitude d'une adulte, sa maîtrise d'elle-même en était ahurissante. Néanmoins...
Lors du fameux débat des dirigeants, il avait été décidé une chose: Elle ne devait pas exister. Elle était trop importante, trop fascinante même. Elle devait disparaître.
Bien sûr, elle était là aujourd'hui. Mais pour tous, la fille ressuscitée était morte d'un arrêt cardiaque quelques mois après son sauvetage. Son existence, du moins son origine ou son identité était confidentielle. Pas totalement.
Le maire de la ville de Féli-Cité avait été mis dans le secret par le président actuel de Poképolis, et les [i]dominum[i] des région poképolites - ces dirigeants étaient surnommés comme ça. Frédéric Leider avait prêté serment. Un serment engageant beaucoup de choses, qu'il n'avait aucune envie de briser.
Le Conseil Mondial avait choisi Poképolis car aucun continent ne pouvait accueillir un sujet de ce genre sur son sol. Pour différentes raisons qu'il serait difficile de citer, étant donné parfois qu'elles étaient ridicules. En vérité Poképolis était le moyen idéal. Donner une responsabilité à un continent au système politique bien élaboré et à l'économie stable, afin d'en alléger les épaules des Présidents, Présidentes, Rois et Reines d'autres continents était facile et salutaire. Et Poképolis, malgré son statut de nouvelle indépendante (qui datait alors de quelques siècles, avant elle était divisée et partagée entre des pays tels que l'Angleterre, L'Allemagne, Les Etats-Unis, la Chine et une petite partie l'Italie et la France )était une Terre assez ignorée.
Pourquoi Féli-Cité et pas une ville comme Acajou, à Johto?
Tout simplement parce que le Conseil Mondial voulait parallèlement mener ses propres recherches sur Aisu, et voulait avant tout la savoir assez proche d'eux et connecté au monde. Féli-Cité était une capitale et un lieu de flux importants.

La voiture se gara lentement. Aisu fronça les sourcils. Le trajet était plus rapide que toutes les fois où on l'avait amené « chez elle ». Un homme, brun aux grands yeux clairs se tourna sur elle du siège avant passager, et la porte en verre transparent qui séparait les sièges passagers de l'habitacle de la limousine disparut. L'homme chuchota, assez loin d'elle, qu'il fallait qu'elle sorte.
Aisu comprit, hocha la tête et rajusta ses atours hermétiques. La porte s'ouvrit. Aisu ne prit pas le temps de regarder. On l'emmena immédiatement à l'intérieur d'un bâtiment climatisé.
Par ce temps magnifique du milieu de Juillet, il fallait trouver tous les moyens pour ne pas exposer Aisu à la chaleur… On la poussa gentiment dans une grande pièce encombrée de divers meubles. Elle trouva instinctivement une chaise où s'asseoir, poussée par ses deux accompagnants, et les autres qui les suivaient.

Là, elle défit la partie supérieure de son voile et fit apparaître son superbe visage. Kurt, son garde du corps le plus proche soupira. Il fallait toujours prendre plus de précautions. Mais elle n'en faisait qu'à sa tête, et obstinément, se découvrait au moment le moins opportun…
En cet instant, assis derrière son bureau, bourrant sa pipe avec un sourire ravi, un moustachu, aux yeux noirs de chat conversait en silence. Dès que la petite compagnie était entrée dans la salle, il n'avait pas bougé ou presque. Il s'était à présent tourné vers Aisu, attentif aux traits magnifiques. Kurt prit la parole :
« Sergent Hall … Voici Sara John's Elydia, dite Aisu. Vous vouliez…lui parler ? Sachez que sa visite relève de l'exceptionnel…
- Je sais, je sais, coupa le sergent, impressionné par la beauté de Sara. Et bien… Savoir...que je suis dans le secret de cette monumentale affaire! Tout d'abord… Et bien, je suis très troublé d'avoir en face de moi un personnage vieux de milliers d'années, qui a moins de rides que moi-même !
Sara ne tressaillit pas et fixa son regard intense sur la carrure de l'homme devant elle. Un frisson la parcourut, elle renifla l'air et une étincelle étrange éclaira son regard.
- Hum ! fit Hall… Je crois qu'on vous le dit souvent…
- Effectivement, dit Kurt.
- Bon, passons aux choses sérieuses, si vous le voulez bien…Mademoiselle…Sara ?
- Elle ne risque pas de vous répondre, reprit Kurt, sec. Vous savez bien qu'elle ne…
- …parle pas, je le sais ! interrompit Hall. Mais elle est dotée d'une intelligence vraiment extraordinaire, n'est-ce pas ? Et ne me dites pas qu'à partir de maintenant, ma vie ne tient qu'à quelques mots égarés: être dans le secret de son existence rend la mienne plus excitante... Elle pourra nous aider, je pense. Enfin… ce n'est pas sûr… D'après vos recherches et l'aide que vous a apporté cette jeune fille…vous êtes certains de sa présence sur le Sainte-Anne dans cette affaire...qui date, je n'ose en être sûr, mais de bien des milliers d'années… !?
- Rien n'est certain… Mais ce serait ça…
- Si vous saviez le mal FOU que j'ai eu de récupérer les documents… Avoir gardé tout ça archivé, c'est dingue ! On se demande pourquoi le dossier n'a jamais été rouvert et les recherches achevées avant d'être commencées ! Enfin bref, un dossier de deux mille ans… C'est…improbable !
- Bref, où voulez-vous en venir ? Quelle affaire ? »

Le sergent Hall, pipe en bouche, la retira et la posa sur son bureau, qui l'en débarassa. C'était le seul engin issu de la nouvelle technologie qu'il avait accepté dans sa pièce de travail. Une sorte de matière dure occupant une petite place sur le bureau, qui devenait souple et laissait passer les objets au travers. Un pur instrument de fainéant. Il se pencha en arrière, soupira… fit tourner sa chaise, faisant face à son armoire, qu'il ouvrit d'un coup de pied dans la porte. Des tas de documents apparurent, tous rangés en longueur et en largeur, occupant toute l'espace de l'armoire. Classés, alignés et étiquetés.
Sara ouvrit de grands yeux étonnés et admiratifs. Son côté enfantin la reprenait…
Hall fit glisser la canne qu'il avait en main sur l'arête des différents classeurs, stoppa sur un et essaya de l'extirper de son emplacement à l'aide du bout du bâton. Le classeur se pencha dans le vide, soutenu de peu par le sergent…

- Ed ! Dépêche-toi de m'aider, où ce classeur va m'assommer !
- Oui, monsieur ! répondit une voix lointaine.

Un jeune homme s'avança dans la pièce. Il était grand, mince, et était habillé d'une chemise bleue marine et d'un jean gris. Il regarda un instant Sara, et l'on sentit son trouble. Ses jambes se dérobèrent sous lui et il fut pris d'un tremblement, mais la voix tonitruante de son supérieur et père le retira de ses pensées désordonnées. Passant une main moite dans ses cheveux noirs, il joignit son père et agrippa le classeur qu'il posa sur le bureau. Personne n'avait remarqué l'état de Sara, devenue livide et tremblotante tout comme Edouard.

- Ah, merci, mon petit, soupira Hall. Il faudrait que je pense à me faciliter la vie, hein ! Euh… Je vous présente mon fils et…stagiaire, Edouard Hall. Tu te doutes sans doute, Edouard, que cette jeune femme…
- Oui, je vois qui c'est. C'est…troublant.
Il y eut un moment où le silence s'étendit, recouvrant d'angoisse les occupants de la pièce, hormis le groupe de Sara, et elle-même.
- Pourrions-nous parler seul à seul, mademoiselle Sara, je vous prie ? demanda enfin le sergent.
- Pas question, asséna Kurt, très ferme.
- Très bien, alors restez. Pourriez vous nous attendre dehors, s'il vous plaît, vous tous ?
Chaque homme dédié à Sara se retira, une boule à la gorge.
- Votre fils reste ?
- Oui. C'est sa première enquête.
Edouard, gêné, s'assit sur une chaise à un mètre de là.
- Très bien. Mademoiselle Sara John's Elydia, pouvez-vous répondre à nos questions ?
Sara ne dit rien.
- D'accord, fit Hall, agacé. Etiez-vous…
- Ne lui demandez pas ça, s'écria Kurt. Elle ne s'en rappelle plus !
- Quelque chose lui reviendra peut-être… Une autre question, sinon… Êtes-vous la seule survivante ?
- Cet interrogatoire est insensé ! Allons-nous en, vous perdez votre temps ! Cela fait cinq ans qu'elle n'a apporté aucune preuve, et que la science est la seule à nous aider, et vous croyez la faire parler !
- …Pourquoi ne parle-t-elle pas ? Elle est muette ? Ou elle retrouvera la parole un jour ?
- On ne sait pas.
- Bon, autant parler, elle entend et elle comprend. Il y a de cela deux mille ans, alors que les glaciers fondaient et que la mer arctique ne disposait plus des conditions de température d'autrefois, le Sainte-Anne, en partance de Johto, a sombré lors d'une tempête… C'est bien ça ?
- Oui…
- Et la fille que j'ai devant moi était une passagère de…
- Je vous arrête tout de suite ! souffla Kurt. Nous n'avons pas fait le lien avec elle et le bateau, et même si c'est fort probable, pas de conclusions hâtives.
- Peut-être, c'est une hypothèse ! rectifia Hall. Je continue. Après avoir fouillé plusieurs documents vieux de tous ces siècles, j'ai trouvé quelque chose…
Edouard s'était avancé sur sa chaise, attentif, tout comme Kurt.
- Une tuerie a eu lieu sur le bâtiment.

La nouvelle laissa sans voix Ed et Kurt. Sara ne s'occupait pas trop d'écouter, et prêtait une oreille peu attentive aux interjections de Kurt et de Hall. Le silence angoissant emplit de nouveau la pièce, et Sara finit par se focaliser sur ce qu'il se passait. Elle attendit un instant que Hall parle, comme il le fit après quelques secondes mises en suspense :

- Bien entendu, je ne sais pas si c'est à l'époque du naufrage, ou bien des siècles avant, car à ce stade de clôture de l'affaire, les années sont des poussières. En tous cas, les derniers messages du bateau et les quelques éléments du journal de bord qui nous ont été apportés ont permis le lien… Et à présent, je suis en mesure de rouvrir l'enquête avec les pièces nouvelles de cette affaire.
- C'est…c'est de la folie ! s'exclama Edouard, dans un élan de réalisme.
- Oui, je ne vois pas où vous voulez en venir, sergent Hall… Tout ça ne mène à rien ! compléta Kurt.
- Peut-être que si ! Ainsi, la tempête serait un élément complètement aléatoire, et le vrai sujet de l'affaire serait la tuerie !
- Mais quelle importance ? s'emporta le garde du corps. C'est du passé ! Si l'on rouvrait chaque dossier vieux d'autant de siècles…
- Et bien… J'aimerais bien vous guider vers mon fond de pensée, mais je crains que vous ne soyez pas la personne appropriée…
- La personne…appropriée ? éclata Kurt.
- Exactement, fit Hall, calme. Ca ne vous concerne pas. C'est Sara que ça concerne.
- Sara ? Elle ne peut pas parler ! Elle ne peut pas vous aider ! Vous êtes un illuminé, de vouloir la faire parler, et vous l'êtes d'autant plus que vous voulez faire renaître de ses cendres une affaire qui date de plusieurs millénaires !Qu'a à voir Sara dans cette affaire? Pourquoi est-elle là avec nous s'il y a eu une tuerie? Vous…
- Je vous ai connu plus assuré, Kurt Deko, lâcha Hall. Vous ne savez pas ce que je sais. De plus, même si j'ai dit que je n'en étais pas sûr, j'en suis réellement certain. Sur ce bateau, il y a eu une tuerie, et si fou je suis, ceux qui ont fait ça le sont plus ! Le naufrage était un imprévu…
- Pourquoi faites-vous ça ? dit Kurt, paniqué. Vous n'êtes pas fichu de vous occuper des meurtres qui ont eu lieu dans la ville ces dernières années, et vous vous occupez de ceux d'un temps révolu !

Hall resta mystérieux un instant.
- Je rappellerai Sara, merci de m'avoir rendu cette visite.
- En aucun cas vous ne la recontacterez, pauvre dingue ! Je vais vous faire démissionner, vous allez voir !

Kurt quitta la salle en trombe, emmenant Sara dans son élan sans lui laisser le temps de soupirer. Le dernier regard de la belle fut un mélange intense de mélancolie et de détresse à Edouard. Celui-ci resta pantelant.

Dès que tout fut redevenu silencieux, et que les pneus eurent fini de crisser sur l'asphalte, Hall éclata d'un rire qui ne fit qu'aggraver l'intérêt désabusé que portait à ce moment Edouard envers son père. L'enthousiasme du sergent passé, Edouard s'empressa de le questionner :

- Qu'…Qu'est-ce que c'est que cette histoire papa ? Je…C'est absurde ! Kurt a raison ! Tu es…tu es fou !
- Allons, Ed, ne parle pas comme ça à ton père ! Je suis sur un gros coup.
- Qui risque de te mettre en prison, papa ! Pour ta folie ! En établissement spécialisé…
- Ne dis pas de bêtises ! fulmina Hall. Tu ne sais pas ce que je fais… Tu ne sais pas ce sur quoi je travaille…Tu ne sais pas que je poursuis un tueur…
- Un tueur ? Tiens, avant c'en était plusieurs ! Quelle tuerie, papa ? Quelle enquête ?
- Une enquête…capitale.




A suivre...