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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 01/10/2008 à 18:50
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:45

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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071 - Sauf qui peut, sauve c'est mieux
« Ce sont mes amis qui m'ont fait aimer la vie. Ils me rendent meilleur à mesure que je les trouve meilleurs eux-mêmes. »
(Jacques Chardonne)

Une semaine, déjà, que Linus était parti de la faculté de Doublonville.
Ce jour là, Gisèle Bowyer était absente, et une armada se préparait en secret.
Tout se déclencha lors de l'arrivée impromptue de Lucy Winchester au bureau. Elle chercha au bureau du doyen, mais il était écrit « S'adresser au secrétariat avant recrutement prochain » sur une pancarte. Elle continua dans le couloir, visiblement affectée. Elle trouva celui qu'elle cherchait.
-Mr Finsbury ?
-Oh, bonjour Lucy…
Le doyen avait pris à contrecœur le bureau de Linus. Il éprouvait nombre de remords depuis ce terrible conseil, mais il n'avait pas osé reparler à son ami.
-Mr Finsbury, il y a un… un énorme problème dont il faut que je vous parle.
-Allez-y…
Même s'il se doutait de quoi il s'agissait. « Pourquoi avez-vous poussé mon mari à boire comme ça ?! » « Comment avez-vous pu faire une chose pareille ?! » « Il erre hagard dans la maison, il m'a battue et a frappé les enfants aussi, pourquoi avez-vous rendu mon mari aussi monstrueux ? »
-Ca fait une semaine que Linus n'est pas rentré à la maison !
Norbert écarquilla les yeux. Là il ne s'en doutait pas.
-QUOI ?!
-Il… Il a appelé il y a une semaine pour dire qu'il avait besoin de prendre du recul… Et il n'est pas rentré…
Elle fondit en larmes. Norbert se leva et la rassura.
-Ca va aller Lucy… Ca va aller !
Norbert aperçut Smirnoff qui passait dans le couloir.
-Etienne ?!
-Yo, Norbert… Vous avez pris le bureau ET la femme de Linus ?! Petit gourmand, va !
Lucy regarda Etienne, intriguée.
-Vous… Vous aimez bien mon mari ! Vous ne sauriez pas…
-En fait je venais proposer à tout le monde de profiter de l'absence de la vieille pour essayer de trouver un moyen de faire revenir votre mari, mais bon… Ca ne va pas ?!
Lucy recommença à pleurer sur Norbert. Etienne chuchota.
-Profitez-en, ça doit pas vous arriver très souvent !
Norbert soupira, gêné.

Entretemps, Estelle se rendit au bureau de Jonathan qui était dans un état…
-QUOI ?
…massacrant.
Estelle poussa la porte, les lèvres serrées.
-Oh, c'est toi…
-Jonathan, est-ce que tout va…
-Nan ! Ca va pas, nan.
Estelle ferma la porte derrière elle.
-Je sais que son départ t'a affecté…
-Sans ce mec, je serais encore à boire et à bouffer des chips sur mon canapé ! Je lui dois trop de choses pour le laisser tomber…
-Je sais… Euh, écoute… Y'a un truc qui me turlupine depuis une semaine. Je sais que je ne suis pas là depuis longtemps, et que tu n'auras peut-être pas la patience de m'écouter, mais… Je pense qu'il y a eu une embrouille dans les votes le jour du conseil.
-Tu parles ! Les deux tarlouzes ont préféré ça plutôt qu'à se faire fumer le cul par l'autre vieille p…
-Calme-toi ! John, tu dois rester calme !!
-J'peux pas, putain ! Et l'autre abruti de CPE qui pense qu'à sa gueule…
-Pour Kenny, j'ai une piste. Pour Norbert, je sais pas, mais Eddy me parle très peu ces derniers temps. On pourrait essayer d'enquêter ensemble sur… tout ça ?
Jonathan regarda Estelle, énervé.
-Tu sais que je peux pas m'énerver contre toi, c'est pour ça que tu veux qu'on fasse ça ?
-Ca te tient à cœur, je suis nulle pour les enquêtes, toi t'as l'air doué pour ça alors…
Etienne ouvrit la porte du bureau. Estelle se tourna vers lui, surprise et Jonathan le regarda. Etienne grimaça.
-Dheu… Tu fais quoi ici, toi ?
-Les poussières ! rouspéta la jeune femme.
-Hm… Juste pour te dire que je vais avec Norbert et Lucy, on va chercher Linus, il est pas rentré chez lui depuis une semaine.
-Ok…
-Tu peux dire à mes quatre lardons là-haut qu'ils peuvent rentrer chez eux ?
-Je verrais si j'ai le temps…
-Mouais… Tu viens souvent dans ce bureau ?!
-Dégage ! grogna Estelle.
Etienne partit en soupirant. « Quelle chieuse ! »
-Bon. Maintenant, on a une équipe à notre disposition, en plus ! sourit Estelle. Tu marches ?
Jonathan soupira et prit son air ténébreux.
-On y va, ouais.

Estelle était en plein entrainement de son Mangriff. Elle vit une fille se diriger vers elle. Lunettes, cheveux noirs en chignons, la pouffe parfaite dont toutes les petites filles rêvent comme amies. Toutes les petites filles sauf…
-Hey, tu es Estelle, c'est ça ?
-Hm.
-Tu veux bien t'entrainer ailleurs, c'est MON coin !
Estelle regarda la fille.
-La cour de récréation est à tout le monde !
La fille fronça les sourcils et sortit un Insecateur.
-Comme tu le vois, j'ai obtenu le meilleur Pokémon de la promotion. Parce que mon père est riche, alors le hasard a joué un peu en ma faveur, tu vois ! Et surtout, j'ai hérité de son charisme, et de sa…
Estelle partit, lassée.
-HEY !
-Quoi ? T'as besoin de moi pour parler de toi ?!
-Espèce de… Hmph !!!

-Bien, pour cet exercice de combat, j'appelle Estelle Smirnoff…
La jeune femme se leva.
-Et Janette Dorval !
La binoclarde aux cheveux noirs se leva.
-Hmph !
Les deux filles se regardèrent en chiens de faïence.
Bien. Notre cours porte sur le comportement de courtoisie à adopter lors d'un combat entre dresseurs… Quand deux dresseurs se battent, c'est dans le calme et le parfait respect des bonnes valeurs de la chevalerie et du duel…
-INSECATEUR ! GO !
-TREVOR ! A TOI !
Les deux Pokémon se regardent, furieux. Le professeur, un blondinet coincé, regarda les deux jeunes filles.
-Mesdemoiselles…
-VIVE ATTAQUE !
Insecateur fonça sur Mangriff qui se retrouva emporté dans l'attaque.
-Danse Lames !
Les yeux de Mangriff s'illuminèrent d'une flamme toute particulière.
-Faux-Chage !!!
Insecateur se jeta sur Mangriff et s'apprêtait à le lacérer.
-Griffe !!!
L'attaque atteignit brusquement Insecateur au visage. Surpris, le Pokémon recula.
-Poursuite !!
Mangriff se mit à courir alors qu'Insecateur était à ses trousses. Les Pokémon arpentaient les pupitres des élèves.
-Mesdemoiselles, rappelez vos Pokémon !!!
En plein course, Mangriff s'arrêta.
-Trevor, Tranche !!!
L'attaque frappa Insecateur de plein fouet. L'instituteur sortit un Posipi qui s'interposa entre les deux Pokémon.
-Mesdemoiselles… Vous allez vous prendre un RAPPORT, croyez-moi !
Elles se regardèrent et ricanèrent, essoufflées.
-C'était… super !
-Ouais !!

Juste avant le voyage itinérant, les deux jeunes filles se revirent.
-Alors Estelle… C'est ici que nos chemins se séparent peut-être !
Estelle regarda sa rivale, ravie.
-Eh oui… Mais c'aura été un plaisir de me bastonner si souvent avec toi, Janette. D'ailleurs j'ai nommé mon Feuforêve comme toi !
La brune s'étonna.
-Tiens donc… Quelle drôle d'idée !
-Oui, c'est pour que je n'oublie jamais que tu m'as apprise à me surpasser.
-Oh… Moi sans toi je serais resté une gamine pourrie gâtée, et mes majordomes s'occuperaient de mes Pokémon…
-Ca te dérange pas que j'ai nommé ma Feuforêve comme toi ?
-Estelle, moi j'aimerais écrire ton nom sur la cuvette des WC !
Estelle sourit et hocha la tête.
-Tu resteras la seule fille que je n'aie jamais cognée, malgré les démangeaisons ! sourit Estelle.
-Et toi la seule à qui j'aurais parlé d'autre chose que de mes chaussures ! sourit Janette.
Les deux amies/rivales se serrèrent dans leurs bras.
-Bon courage, pouffiasse !
-Toi aussi, pouffiasse !
Elles se séparèrent, souriantes.


-Compris ? Vous nous aidez et en échange, je dirais à mon frère de vous proposer des cas plus intéressants !
Jules, Andrew, Sadia et Penny semblèrent perplexes. Estelle soupira.
-500 Pokédollars chacun !
-Ca marche ! sourit Jules.
-Ouais ok ! acquiesça Sadia.
-Pas de problème ! s'enquit Penny.
-M'en fiche moi… marmonna Andrew.
Jonathan mena les quatre à son bureau.
-Vous prenez un des quatre postes. Je veux que vous me fassiez un référencement de l'activité informatique sur le réseau intranet de la fac ce dernier mois.
-Ok…
-Ensuite, l'un de vous me fait un rapport sur la masse de travail fournie par l'ensemble du personnel ce dernier mois également : Nombre d'heures et de jours ouvrés, nombre de tampons apposés, de dossiers examinés...
-Je m'en occupe ! assura Jules.
-Vous avez moins de trois heures.
-Ok !
-Ca roule !
-Je vous enferme au cas où. Le frigo…
Jonathan sortit Motisma qui alla investir ce qui ressemblait à un placard blanc au fond de son bureau. Le frigo se remit en marche, entouré d'une aura pourpre.
-…est ouvert. Prenez pas la bouffe par contre, juste les boissons. Téléphone si besoin, vous utilisez les boîtes e-mail pour me contacter.
-Compris.
Jonathan et Estelle sortirent et enfermèrent les quatre adolescents.
-Par quoi on commence ?
Jonathan soupira.
-Le plus facile !

Eddy se retrouvait sous un halogène de chantier, les yeux fermés, se couvrant des deux bras. Estelle regarda Jonathan.
-C'est cruel, là…
-Nan, juste ce qu'il faut ! Et encore, là je le maintiens à distance, je voudrais lui coller sur la gueule !
Eddy soupira.
-Qu'est-ce que vous voulez savoir ?!
-D'abord on voulait faire Bon Flic – Mauvais flic, mais… on va s'en passer ! soupira Estelle en éteignant l'halogène.
-Merci… soupira Eddy.
Jonathan soupira à son tour.
-Tu me casses mon trip…
-Eddy, pourquoi tu as voté contre Linus ?! Tu es employé ici depuis sept ans dont deux en tant que stagiaire, tu fais la fierté de ce service, tu es connu et reconnu pour ta fidélité au service et ton acharnement au travail…
-Justement, je fais ça par fidélité ! assuma Eddy.
-Pour Norbert, c'est ça ? creusa Estelle.
-Ca ne vous regarde pas !
Jonathan soupira.
-Pourquoi t'as voté ?
-Parce que Norbert a voté.
-Tu sais faire que ça, hein, suivre les gens comme un toutou ! Avant c'était l'autre grosse vache attardée qui faisait semblant de croire que t'étais son mec, et maintenant t'es le caniche du doyen ?!
Eddy plissa les yeux.
-Non, je fais ça par amour. J'aime Norbert, je le soutiendrais quoi qu'il fasse, même si je n'étais pas forcément d'accord avec lui sur ce coup là, en l'occurrence.
-Eddy… soupira Estelle. Je te faisais confiance, moi… J'étais super déçue quand tu as voté le licenciement de Linus…
-Pardon, Estelle, mais tu sais, par amour on peut en faire, des bêtises…
-Je sais, ça…
Jonathan regarda la jeune femme qui s'y prenait décidément mieux que lui.
-…mais Eddy, tu devrais surtout chercher à aider Norbert à se sortir de ce qui lui arrive, plutôt que de l'aider à s'enfoncer dans la mouise.
Eddy hocha la tête.
-Dis-nous ce qui est arrivé à Norbert pour qu'il en arrive à voter contre son ami ! demanda Estelle.
-Non. Je ne peux pas. J'ai fait une promesse. Je veux respecter la promesse que j'ai faite à Norbert, c'est tout ce qui me reste.
Jonathan tomba lourdement, les poings appuyés sur la table.
-Tu sais ce qui va te rester quand je vais…
-Oh, oh, oh ! Vous pouvez me frapper, me tabasser, me torturer je ne dirais RIEN ! Même si j'ai conscience de l'horreur de mon geste… Je fais ça par amour pour mon Norbert. Tabasse-moi, Jonathan. Vas-y. J'aime Norbert. S'il saute du pont, je saute !
Les deux semblèrent surpris par la détermination d'Eddy. Estelle prit Jonathan à part, sortant du bureau.
-Ecoute, je sais que ça te tient à cœur, mais ton attitude n'aide pas !
-Ca m'énerve… Si ça se trouve l'autre vieille connasse les a engagés, les a payés… Je suis sur qu'il y a un sale coup comme ça !!
-Mais non… Ecoute…
Elle voulait lui dire de la laisser seule s'en occuper, mais elle sentait qu'elle le maîtrisait un tant soit peu comme ça. Et si elle l'écartait de l'investigation, il déprimerait. Et ça, pour elle, ce serait insupportable. Elle ignorait pourquoi, mais elle était la seule ici à ne pas vouloir voir cet homme là malheureux, qu'il soit d'accord ou non.
-On va voir Kenny. Eddy ne lâchera rien.

Etienne conduisait, Lucy était à ses côtés, anxieuse. Norbert était à l'arrière, en train de s'occuper de Charlie, le tenant sur ses genoux, le jeune garçon profitant de l'occasion pour jouer avec le doyen aux petites voitures.
-Vous en faites pas, madame Winchester, votre mari va bien…
-Je sais pas dans quel état on va le trouver…
-Pourquoi vous avez attendu une semaine ? s'étonna Etienne.
-J'ai… l'habitude qu'il fasse ça, qu'il parte quelques jours… Mais jamais plus de quatre ou cinq… Là une semaine c'est trop.
-Vous êtes un couple plutôt libéré…
-Non, disons que je connais mon mari. Il s'isole souvent, c'est dans sa nature. Il n'aime pas partager ce qu'il ressent.
Le portable d'Etienne sonna. Sa sonnerie était « Don't Phunk with my heart » des Black Eyed Peas.
-Oui allo… Quoi ? Non, attendez ! Oui je vous passe l'amour de votre vie, Eddy, pas la peine de geindre !!
Etienne tendit son portable à Norbert qui le prit.
-Oui… Allo ?...
Lucy s'étonna.
-Vous lui avez passé un homme ?
-Oui, c'est son petit ami, mais comme Norbert a dû éteindre son portable…
-Petit… ARRETEZ CETTE VOITURE !
Etienne s'étonna, voyant le regard de Lucy changer du tout au tout.
-Quoi ?!!
-ARRETEZ CETTE VOITURE !
Etienne se gara. Lucy descendit et ouvrit la porte de Norbert.
-MONTEZ DEVANT !
-Quoi ?!
-Je refuse qu'un… Qu'un…
-Chat ? Chien ? Poulet ? Rouge-gorge ? tenta Etienne alors que le regard de Norbert se mortifiait.
-Qu'un… Qu'un…
-Meuble ? Animal ? Bébé chameau ? Continuez, vous y êtes presque…
-QU'UN IMMONDE PERVERS… RESTE PLUS LONGTEMPS A COTE DE MON FILS !!!!
Etienne hocha la tête.
-Ok, maintenant ça craint ! Venez, Norbert.
Norbert descendit de la voiture, piteux. Il vint se mettre à côté d'Etienne, visiblement indisposé.
-Moi qui voulais mettre un CD des Coldplay… je vais m'abstenir ! marmonna le professeur avec un sourire jaune.

Estelle, 15 ans, peu avant son voyage itinérant, devant le cours d'une étudiante de section supérieure, en plein stage d'enseignement d'élevage.
-La fourrure des Pokémon qui en possèdent doit être traitée avec soin. Quand vous utilisez une brosse, ne prenez jamais en compte la douceur de celle-ci comme critère de choix, mais plutôt sa capacité à débarrasser la fourrure du Pokémon de ses parasites. Ici mon petit Teddiursa apprécie cette brosse légère, mais elle ne le protège pas contre les puces et autres tiques. Par contre cette brosse là est plus dure, mais en l'occurrence elle va effectuer un travail de profondeur sur le poil du Pokémon et le débarrasser de tout parasite.
Estelle était passionnée.
-Eh bien, merci Nelly pour cette séance Découverte. Les enfants, Nelly est étudiante à la faculté de Mérouville. Ou vous irez un jour peut-être si vous avez de hautes aspirations !

-Euh… Nelly ?
-Oui ?
-Bonjour ! Estelle Smirnoff ! J'ai été fascinée par ton cours !
-Merci ! C'était pas facile.
-Euh… Je voulais te demander, j'ai un Caninos, et je n'arrive pas à avoir d'avis objectif sur son état général…
-Mais il est très bien ton Caninos ! Tu as du talent ! Tu veux faire carrière dans l'élevage ?
Estelle sembla gênée.
-Je… voudrais bien, oui !
-Tu as beaucoup de talent… Ce brossage c'est parfait et sa dentition est resplendissante !
-Oui, je lui lave les dents en lui faisant mâchonner des boulettes de sauge sclarée.
-J'ai entendu parler de cette technique ! Tu sais qu'elle est utilisée par Auguste, le champion de Cramois'île, pour le dressage de ses Arcanin et Galopa ?
-Ah… non, je… J'ai découvert ça instinctivement, en voyant des Pokémon sauvages mâcher et recracher des feuilles de sauge sclarée.
-Tu as l'instinct en plus… Ecoute Estelle, je dois y aller, là, mais… poursuis dans cette voie. Tu as un talent qui se remarque, crois-moi. Tu pourrais apprendre des choses aux grands de ce monde ! Bon courage !
-Merci !
Estelle regarda sa Caninos, toute fière.
-Dorénavant, tu t'appelleras Nelly. Tu porteras le nom de la personne qui vient de me guider dans la voie que je vais faire prendre à ma vie. Je vais devenir une grande éleveuse ! Et grâce à ton aide, Nelly !
La Caninos aboya joyeusement.


Estelle, 35 ans, secrétaire dans une faculté à Johto.
-Kenny, on veut juste savoir pourquoi. Pourquoi tu as voté le licenciement de Linus.
-Pourquoi tu veux savoir ça ?! Tu nous la joues Madame le Juge ? Et te faire accompagner de Jonathan, c'est… un peu ridicule !
Estelle soupira. Jonathan la regarda, elle hocha la tête. Il commença à renverser les dossiers sur les étagères.
-EH !!! ARRETE CA !
-Réponds à sa question !
-Vous me faites quoi, là ?
Jonathan jeta un dossier de plus.
-EEEEH !!!
-Tu lui réponds oui ou merde ?
-… J'ai voté parce que… Je pensais que Gisèle avait raison. Linus… manque de sérieux.
-Parce que toi t'es un modèle, peut-être ? Tu te contentes de coller les élèves, de les sermonner un peu, tu t'amuses de leurs conneries avec eux… T'es pas un exemple à suivre, dans ton genre, Kenny ! tonna Estelle.
-Eh, t'es pas ma mère, compris ? Tes grands chevaux, ça marche peut-être sur ton frère mais pas sur moi !
Jonathan attrapa brusquement le menton de Kenneth.
-Et ça, ça marche ?!
Jonathan lança son regard le plus noir à Kenneth devant une Estelle admirative.
-Ok ! Ok. J'ai voté le licenciement de Linus parce que… Si le vote n'était pas passé, Judith aurait pu perdre son travail.
Jonathan s'étonna.
-Judith, c'est qui ?!
-L'assistante de Gisèle, la brune… Il a diné avec elle, et apparemment… murmura Estelle qui ouvrit grand la bouche, stupéfaite mais à peine étonnée.
-Quoi ? Oui on s'apprécie… Enfin, je… l'aime beaucoup… Mais on hésite un peu à se dévoiler au grand jour, j'ai un peu peur de la réaction d'Etienne.
-Tu privilégies une histoire naissante avec une collègue par rapport à un collègue en danger ?! s'étonna Estelle.
-Désolé, le Kenny nouveau est arrivé. J'ai décidé de penser un peu plus à moi et de participer un peu moins à toute cette… camaraderie ! Je veux dire, j'ai une vie, elle a besoin que j'y consacre du temps ! J'ai l'impression de passer mon temps à… me préoccuper de ton frère ou des gens d'ici, mais pas de moi ! Alors que… Je devrais me préoccuper un peu plus de moi !
Estelle secoua la tête, incrédule.
-Quelle solidarité… Tu me fends le cœur ! Tu sais, être solidaire c'est un petit effort, et certains gens y consacrent leur vie. Je croyais que tu étais ce genre de mec.
Elle sortit, suivie de Jonathan. Elle soupira, John crut que c'était de sa faute.
-Désolé…
-Non, t'as été parfait. C'est lui le sale con. Bien son genre de faire ça pour une meuf.
Ils partirent vers la machine à café. Judith partit vers le bureau de Kenneth. Elle y entra alors que Kenneth ramassait ses dossiers.
-Ca va ?
-Oui, oui…
-Alors comme ça… Tu as voté le licenciement pour moi ?
Kenneth soupira.
-Je voulais pas que tu partes !
-Je ne serais pas partie… Madame Bowyer doit rester au moins un an ici…
Kenneth soupira puis se tint le visage.
-Kenny ?
-J'ai… J'ai mal agi…
-Kenny…
-Excuse-moi… de revenir sur ce que je viens de dire, mais… J'ai fait du mal à un homme innocent… J'ai peut-être gâché sa vie… Et je m'en rends compte que maintenant ! Mais quel… Quel salaud je fais !!
-Kenny, non, tu as juste essayé quelque chose de nouveau ! Tu n'as pas à te blâmer d'avoir voulu penser à toi avant de penser aux autres ! D'autres ne se chargeront pas de penser à toi à ta place !
Le CPE serra sa nouvelle petite amie contre lui.
-Comment tu fais pour être… si parfaite ?
Judith haussa les épaules.
-Feeling ?
Ils ricanèrent et s'embrassèrent à ras du mur, sous l'horloge Apitrini.

Estelle et Jonathan buvaient un Capuccino.
-On n'a pas grand-chose… soupira la jeune femme.
-Non… Mais au moins on sait que personne n'a voté contre Linus. Chacun avait des intérêts à protéger indépendamment de quelque grief envers Linus.
Estelle regarda son coéquipier de fortune.
-Tu étais vraiment en colère quand ils l'ont viré.
Jonathan hocha la tête.
-Je crois que jusqu'à maintenant, j'avais jamais réalisé ce que Linus a fait pour moi. Après ma sortie de prison, il m'a placé ici. Il m'a trouvé ce travail qui est… la seule chose qui me fait tenir, maintenant. Quand il… s'est levé pour partir, j'ai senti que j'avais une dette à lui rendre.
Estelle écoutait avec sourire et intérêt. Jonathan s'étonna.
-Je suis si intéressant que ça ?!
-J'adore ta manière d'appréhender les choses. Si directe et franche…
Jonathan baissa la tête.
-Je ne veux pas que tu souffres.
Estelle s'étonna.
-Pourquoi je souffrirais ?
-Parce que je suis un homme malheureux. Et que je ne veux pas de cette culpabilité que je sens déjà en moi… Par rapport à mon passé.
-Tu as commis quelques crimes, rien de grave, tu as payé pour ça, non ?
-Je parlais pas de mes crimes…
Leurs visages se rapprochaient subrepticement lorsqu'un bourdonnement retentit. Ils étaient entourés d'Apitrini.

Le baiser cessa. Estelle s'éloigna de son petit copain Stanley.
-Ouah… C'était…
Estelle hocha la tête.
-C'était vachement bien !
-Ouais !
Elle le regarda.
-Estelle, je… Je t'aime beaucoup, mais… Je suis pas un mec bien pour toi. Je traine avec les voyous, je tabasse les nazes… Toi tu t'occupes de tes Pokémon, tu es rebelle mais pas folle, gênante mais pas dangereuse…
-Je ne te demande pas de changer !
-Mais moi je voudrais que tu changes. Tu es une fille très cool, mais tu es un esprit fragile. Et si je sortais avec toi… J'essaierais de te transformer, alors que ce que j'aime chez toi, c'est ta simplicité et ta liberté d'esprit. Si tu sortais avec moi, tu serais comme aliénée. C'est pas ce que je veux pour toi.
Estelle hocha la tête.
-On arrête là, alors ?
-Je crois que oui… Tu peux garder mon Coquiperl, si tu veux. Il sera super bien avec toi. T'es la meilleure pour élever des Pokémon. Tu mérites un gars bien.
-Hm… Et toi tu deviens comme ces gars mielleux qui disent des tas de trucs romantiques pour rompre, je déteste ce genre de type, alors pars avant que je ne te haïsse.
Stanley reçut un SMS.
-Oh… Les gars doivent balancer un gars dans une poubelle du haut d'une colline ! Je dois y aller !
-Mouais.
-Et t'inquiète pas ! On s'en prendra jamais à ton frère !
Estelle soupira.
-J'espère bien… Que ces trois mois avec toi n'aient pas été vains ! soupira ironiquement Estelle.
Elle regarda le Coquiperl qui semblait triste pour elle.
-Toi aussi tu es triste ? Stanley, ça te dit comme nom ? Ca m'apprendra à me faire prendre mon premier baiser par un connard.
Coquiperl hocha la tête.


-On a les relevés de travail ! Les résultats sont assez éloquents, Mr Ludges sera content de nous ! sourit Sadia.
-Oui… mais qu'est-ce que c'était long ! soupira Penny. Les garçons, ça avance ?
-Tu veux dire LE garçon ! soupira Jules.
-J'y connais rien en PC ! marmonna Andrew.
Penny et Sadia sourirent.
-Rhalala ces deux là !
-Mouais… Le jour où ils feront un truc bien à deux… soupira Pénélope.
-Oh… OH BON SANG !
Penny et Sadia se précipitèrent derrière Jules.
-Quoi ?
-Des flux électroniques remplissent le bâtiment ! Il y en a partout !!
Andrew s'étonna.
-Ce qui signifie ?
-Il y a des appareils informatiques en marche dans chaque salle, et notamment des ondes émettrices en direction du bureau de la directrice !
-Appareils en marche c'est normal ça ! soupira Sadia.
-Même dans les bureaux vides ! annonça Jules.
-Et il y a un réseau, c'est normal aussi… continua Penny.
-Abrège ! soupira Andrew.
-Je me connecte sur leur fréquence… Je traduis le signal binaire… Et j'obtiens…
Jules obtint une image très claire du bureau vide du doyen. Puis du bureau du proviseur. Puis du bureau (apparemment) vide du CPE. Seul Eddy, l'intendant, travaillait dans son bureau. Et enfin, ils se virent travaillant sur l'ordinateur. Ils se tournèrent vers…
-L'horloge Apitrini !!! cria Jules.
Andrew l'attrapa et la brisa.
-Caméra et microphone… ainsi que…
-Détecteur de mouvement ! s'étonna Jules. Je l'avais dit qu'il y avait des caméras ! C'est comme ça que l'homme à l'Apireine pouvait repérer les gens qui passaient outre la barrière odorante de Zigzaton !
Sadia geignit.
-Ca veut dire que…
-Que tout le service est sous surveillance depuis le début ! conclut Jules.
-Que le type en question est un grand malade ! grogna Andrew.
-Oh non ! Oh non !!!
Penny semblait anxieuse. Elle alla se réfugier dans le fond du bureau.
-Euh… Imprime tout ça, Sadia, s'il te plait !
-Oui oui !
Jules alla rejoindre sa camarade.
-Ca va ?!
-Non ! Je… J'ai énormément de mal avec mon image et… ce type m'a observée quand je venais retirer des papiers administratifs ou même payer ma cantine, ou encore quand je parlais chez le CPE !
-Euh… D'accord, mais… Mr Ludges va surement pouvoir effacer tout ça !
-J'espère ! Parce que si jamais… il utilisait ces images pour… Oh mon Dieu !!
Jules resta quelque peu dubitatif devant l'angoisse de sa camarade.

-D'après le type en bas, c'est là.
-Prenez Charlie.
Etienne tint le gamin. Mais il s'y prenait mal.
-Etienne, prenez-le contre vous, un bras soutient les fesses ou les mollets, l'autre le dos. Faites comme une chaise, conseilla Norbert.
-Prenez-le si vous êtes si malin !
-Très drôle. Je n'ai aucunement envie que Madame Winchester ne me tue !
-C'était limite tout à l'heure. Elle aurait salopé mes sièges, la vilaine !
Lucy frappa à la porte de la chambre.
-Lindbergh ! Lindbergh, ouvre, c'est moi, Lucy !
« Va t'en ! »
-Lindbergh, ouvre je t'en supplie ! Je sais que tu as été licencié, on va trouver une solution !
« Va-t'en, Lucy ! Laisse-moi seul ! »
-Non, Lindbergh… Je t'en supplie ! Charlie est là !
« Partez !! »
-Euh… Ton ami Etienne est là aussi !
« Partez, bon sang ! »
-Laissez-moi essayer, Lucy ! quémanda Norbert.
-Vous, ne me parlez même pas ! Espèce de… menteur ! Mais comment avez-vous osé… Dire que je vous ai laissé toucher mon fils, mon DIEU ! Vous avez mangé à notre table, bu dans nos verres…
-Mangé avec vos couverts, utilisé les toilettes… évoqua Smirnoff, nostalgique.
Norbert se tourna vers Etienne, un regard noir. Le prof haussa les épaules.
-Lucy, je comprends ce que vous ressentez…
-Chut ! Chut ! Je ne veux… rien entendre…
-Quand j'avais seize ans… Ma mère m'a rejeté comme vous venez de le faire. Alors… Votre intolérance me chagrine à peine, au pire elle me stupéfait, parce que votre mari m'a accueilli et m'a considéré avec une tolérance infinie… Croyez-bien que je ne ferais jamais de mal à Charlie. Ni à aucune de vos filles. J'ai déjà ramené Marine en voiture, elle est intelligente, sociable, fine et très gentille ! Je ne vous demande pas… de me… de m'accepter, mais… ne m'empêchez pas de parler à votre mari, qui est aussi mon plus sincère et fidèle ami.
Lucy regarda Norbert, encore assez réticente. Elle s'éloigna de la porte. Norbert toqua.
-Linus, c'est Norbert.
« Oh non, vous, allez-vous en ! Vous ne valez pas mieux que les autres ! Vous avez voté ce licenciement, alors en toute franchise allez vous faire… »
Lucy croisa les bras. Norbert soupira tristement.
-Ami, hein ? Eloignez-vous !
Etienne soupira et approcha de la porte avec le petit.
-Epouse aimante, hein ? Il est où, là, ton mari, mémère ?
-Quoi ? Pardon ?
-Tout à fait, pauvre idiote ! Derrière une porte ! Vous vous en prenez à ce pauvre Norbert qui voue une profonde amitié envers votre mari, mais c'est pour mieux vous dédouaner de cette situation ! Une semaine qu'il part et vous réagissez que maintenant ?! Vous tenez à lui ou c'est juste pour Noël et les jours fériés ? Vous êtes juste en train de vous déculpabiliser de ne pas avoir réussi à empêcher ça ! Lindbergh est en pleine dépression, alors forcément il s'éloigne de ce qui le ramène à sa déprime, comme par exemple… Une épouse chiante !
-Je ne vous permets pas…
-Etienne, non, là je ne suis pas d'accord !! s'offusqua Norbert.
Etienne regarda Norbert, abasourdi.
-Vous allez la soutenir maintenant ?
-Vous tenez son fils dans ses bras tout en la sermonnant, c'est très incorrect !!
Charlie allait pleurer.
-Le monsieur il dit du mal de maman !
Norbert prit Charlie à Etienne sous le regard apeuré de Lucy.
-C'est rien, Charlie, Chuuuuut tout va bien ! Le monsieur…
Norbert gifla Etienne d'une main agile. Charlie sourit. Lucy sursauta. La tête d'Etienne resta figée dans le choc. La gifle avait été rondement menée, forte. L'habitude surement…
-…Devrait apprendre que son propre malheur ne l'autorise pas à proférer de telles insanités envers une mère de famille en portant son propre fils !
Norbert donna Charlie à Lucy qui le prit, remerciant le doyen du regard. Norbert soupira et regarda fermement Etienne.
-Excusez-vous, sinon nous ne sommes plus amis !
Etienne s'étonna.
-Eh oui ! Vous êtes malheureux, Smirnoff ! Et Linus est malheureux aussi, il a été viré en partie par ma faute, et croyez bien que ça me désole et que je comprends son chagrin et sa rancœur ! Je suis malheureux aussi, j'ai fait du mal à mon ami ! Mais vous, vous n'avez pas à rendre les autres plus malheureux que vous pour atténuer votre propre douleur ! Les gens aussi ont le droit de souffrir sans que vous ne veniez juger leur souffrance par rapport à la votre !! Linus a le droit de souffrir, Lucy a le droit de souffrir, j'ai le droit de souffrir, et vous aussi en fait ! Mais la souffrance c'est une affaire privée !!! Vous n'avez pas à… faire comme si votre douleur à vous était unique, insurmontable et impossible à combler !! Ca ne le rend pas allégorique ! Au pire vous allez croire que ça va mieux ! Eh bah désolé de vous le dire, Etienne, mais… ça n'ira jamais mieux. Résignez-vous.
Etienne resta penaud devant Norbert, véridique. Et d'autant plus véridique qu'il savait ce qu'il en était de Linda.
-P… Pardonnez-moi, madame Winchester…
Norbert attendait autre chose.
-Vous oubliez quelqu'un !
-Pardon, Charlie.
-Pardon le monsieur ! répondit le gamin.
Lucy sourit. Etienne soupira et s'appuya contre le mur, éminemment triste. Linus ouvrit la porte, mal rasé et hagard.
-Lindbergh…
-Vous avez raison, Norbert. Ma douleur n'est ni unique, ni insurmontable, ni impossible à combler.
-Linus, je suis content…
-Lindbergh !!
Lucy s'avança avec Charlie mais Linus l'arrêta d'un mouvement de la main.
-Toi, excuse-toi auprès de Norbert.
Le doyen rougit, embarrassé. Lucy sembla stupéfaite.
« Linus… »
-Quoi… Tu savais qu'il… ?!
-Evidemment. Je comprends au vu de notre passé commun et de notre éducation respective que ça te dégoûte ou te fasse peur, mais Norbert est quelqu'un de très bien, un homme de valeur comme j'en ai peu rencontré dans ma vie. Tu l'as déshonoré en prétendant qu'il pourrait… s'en prendre à notre fils. Je t'ordonne de t'excuser sinon je quitte la maison et tu ne me revois plus jamais.
Mistigri III était aux pieds de Linus. Il observait la scène. Lucy était sonnée. Norbert était très, très gêné. Et surtout il était tout rouge, touché par l'attention du proviseur à son égard. Ses sentiments n'en devinrent que plus confus encore.
-Je…
-C'est bon, Lucy. Je comprends. J'accepte vos excuses, calma Norbert.
Lucy hocha la tête. Linus la serra dans ses bras ainsi que son petit garçon. Etienne observa la scène, cuvant son propre malheur incurable.

-Ca va ?!
Jules et Sadia regardèrent Andrew qui s'était retourné. Ils tentaient de rassurer Penny, choquée par le fait d'avoir pu être épiée.
-Oui… Elle est juste gênée… C'est une femme, on supporte mal de voir notre image volée… expliqua Sadia.
Andrew soupira, déglutit et sembla chercher ses mots.
-Euh… Tu crois que ton image t'a été volée parce que tu crois que ton image est exceptionnelle – dans un sens comme dans l'autre, dans ton extrême beauté, comme dans ton extrême laideur…
Jules et Sadia se braquèrent, s'attendant à une diatribe assassine.
-…mais ce qu'il faut te dire c'est que tu as été observée comme des milliers d'autres. Il n'a pas vu ce que tu voulais cacher, parce que sur le moment tu n'as rien montré, tu étais juste toi, normale et libre. Si tu as des soucis avec ta vision de toi, dis-toi que… lui aura eu une autre vision de toi. Il t'aura trouvé belle, laide, petite, grande… Surement une vision de toi très différente de celle que tu crois dégager. Mais je t'assure, Penny : Pour qu'il voie qui tu es vraiment, pour mettre à nu ton âme, ton cœur et ta vie entière, il n'aurait pas pu trouver de caméra assez puissante. Rassure-toi. Aucun pervers ne va se gargariser de toi, aucun crétin hilare ne va rire de ta personne… Et quand bien même, tu sais qui tu es et ce que tu vaux. Tu n'as pas besoin de leurs avis. Ils ne te font pas. Tu es la seule à te construire.
Jules rehaussa ses lunettes, abasourdi. Sadia hocha la tête, tout à fait d'accord pour le coup. Penny sourit et hocha la tête.
-Merci, Andrew…
-Ne le répète à personne !
Elle sourit.
-Personne ne me croira !
Ils ricanèrent. Andrew rit avec eux.

Jonathan et Estelle restaient côte à côte. Au bout du couloir, Eric et Apireine.
-C'est qui, lui, déjà ?
Estelle soupira.
-L'assistant masculin de la directrice, Eric Swanson.
-Qu'est-ce que tu nous fais là ?! s'étonna Jonathan.
Eric ricana.
-Hm… Il semble que vous ayez découvert la supercherie !
Le portable de Jonathan sonna. Il reçut le mail de Jules : « Type au Apireine + horloges + surveillance vidéo-radio = Gros problème ! »
-Les horloges… Des caméras de surveillance !! Et des micros aussi
Estelle porta sa main à sa bouche.
-Vous avez entendu toutes nos conversations ?!!
-Ouais… Marrant comment vous vous aimez tous les deux ! Elle qui vous trouve « Beau, attirant, Vieux mais bien conservé »…
Jonathan regarda Estelle, surpris. Estelle était gênée.
-Et parallèlement, lui qui vous dit tout en face mais qui semble gamberger moralement quand vous n'êtes pas là !
Estelle regarda Jonathan, intriguée. Lequel regardait ailleurs.
-Ouah… J'adore ce genre de mec !
Jonathan soupira et sortit une Pokéball.
-J'vais te faire la peau !
Ce faisant, il tint Estelle à l'écart d'un mouvement du bras.
-Eh, non !!
-Quoi ?
-Fais pas ça, laisse-moi me battre avec toi !
-Mais c'est bon, je gère !
-Oui mais ça fait « Chevalier galant », c'est tellement naze et surfait !
-Oui, bon, tu permets, je voudrais qu'on se sorte de cette galère ! Il ne va pas nous lâcher comme ça ! J'aimerais faire autre chose que ça de ma journée !
-Alors LAISSE-MOI me battre aussi, merde ! Ca ira nettement plus vite !
-Si tu veux ! Vas-y toute seule !
-C'est encore pire, ça fait féministe en colère !
-Et à deux ça fait quoi ? « Couple uni, droit et fier » ?
-Non ça fait combat en double ! C'est très stylé !
-Il est seul ! Ca fait deux contre un, c'est pas stylé c'est lâche !!
-Y'a des tonnes d'Apitrini !
-Suffit de tarter la reine, c'est bon quoi.
-Tarter… J'adore cette expression ! T'es trop fort !
-Merci…
Eric toussota.
-Non, désolé j'adore la drague, tout ça, mais…
-Metang, go !
-Trevor !! A toi !
Le robot et la mangouste apparaissent. Jonathan retira sa veste et dévoila le pull « Mr Nice Guy » qu'Estelle lui avait offert. Elle sembla touchée, il lui sourit.
-J'ai décidé de faire un effort pour le porter au boulot.
-T'es trop mignon !! sourit Estelle, honorée.
-Ca suffit ! Appel Attak !!
Les Apitrini devinrent méchants et furieux. Ils foncèrent sur les deux dresseurs.
-Mur de Fer !!
Une sphère grisâtre transparente se forma autour d'Estelle et Jonathan. Les Apitrini se heurtèrent à la carapace.
-On est en sécurité, ici ! sourit Jonathan.
-Avec toi je n'espérais même pas avoir peur ! sourit Estelle.
Le Mur de Fer cessa avec l'attaque d'Apireine.
-Dard Venin !
La reine tendit son abdomen vers les deux adversaires et envoya des aiguilles empoisonnées. Mangriff et Metang contrèrent sans hésitation.
-Que…
-Mon Mangriff est immunisé avec son Vaccin…
-Et pour Metang, la question ne se pose même pas !
-Grr !!!
-Eclategriffe !
-Griffe Acier !!
Les deux Pokémon frappèrent la reine des Apitrini.
-Appel Soins !
Les Pokémon abeille entourèrent leur reine et la régénérèrent.
-Elle est lourde ! soupira Estelle.
-C'est un sacré morceau niveau défense… admit Jonathan.
-Appel Attak !!
Metang et Mangriff sont secoués par l'attaque. Estelle et Jonathan se mirent à terre pour esquiver les abeilles filantes. La jeune femme se serra contre son partenaire qui la protégeait des abeilles endoctrinées. Ils échangèrent un regard ou chacun protégeait l'autre, d'une intensité rare. Il fut le premier à s'en remettre.
-Ca suffit ! Pisto-Poing ! cria Jonathan.
Metang laissa ses mains s'illuminer et frapper rapidement les Apitrini de grands mouvements circulaires. Estelle serait bien restée sous le bras rassurant de Jonathan mais elle se releva à son tour.
-Je suis pas aussi bonne combattante que mon frère mais je vais faire de mon mieux !! Trevor ! Close Combat !
Le Mangriff se rapprocha d'Apireine et la plaqua contre un mur de rapides coups de patte puissants.
-Apireine ! Tranche !!
La reine frappa le Mangriff au visage.
-Estelle !
-T'en fais pas ! Je maîtrise la situation !
-Tsss ! Séduction !! cria Eric.
Le joyau d'Apireine se mit à luire. Mangriff sembla charmé par Apireine. Estelle plissa les yeux.
-Trevor !!
Jonathan parvint à tenir les Apitrini à distance.
-C'est bon !
-Appel Attak !!
Apireine rappela tous les Apitrini vers elle.
-Metang ! Mur de Fer !
Metang retint avec difficulté les abeilles.
-Vite !!
-Oui… Euh… Close Combat, à nouveau, Trevor !!
Le Pokémon plaqua l'adversaire au mur, mais ses coups de patte étaient inutiles, Apireine quasiment insensible aux coups de combat.
Qu'importe, Estelle voulait juste acculer la reine, dos au mur.
-Plaie Croix !!!
Le Mangriff traça un grand X de lumière sur Apireine qui tressaillit puis s'effondra. Les Apitrini partirent, désolidarisés de leur maîtresse. Jonathan souffla de soulagement.
-Argh… Vous deux… balbutia Eric.
Ils étaient l'un contre l'autre, relativement proches.
-De toute façon c'est trop tard ! Gisèle a déjà tout l'établissement sous sa férule ! Et vous sauterez comme les autres !
Metang assomma l'assistant de la directrice d'un coup de bras sur la tête. Estelle souffla.
-Ah le lourdingue !
-Ouais…
-Il te va bien, mon pull ! Je suis contente, j'ai pris la bonne taille !
-Hm…
Elle le regarda. Il lui prit la main, mais ne se résout pas à l'embrasser.
-C'est… tout ce que je veux bien te concéder pour l'instant.
Estelle regarda Jonathan, intriguée voire déçue.
-…Il faut que je… prenne le temps d'accepter… Que j'arrête d'avoir cette culpabilité… et ça ne sera pas facile.
Estelle hocha la tête.
-Je… comprends.
Elle serra plus fort sa main.
-Je saurais être patiente. Je vois que les sentiments sont là.
-Ils sont là. Bien réels, admit difficilement Jonathan.
-Alors j'attendrais… J'attendrais le temps qu'il faudra.

Et j'écoutais longtemps couler l'eau des fontaines
Et j'écoutais le vent chanter infiniment
Vagues de quiétude et de paix
D'aussi loin que je me souvienne
L'enfance est un immense océan


Norbert conduisait. Lucy, Linus et Charlie occupaient la banquette arrière, somnolents et unis. Etienne, à côté de Norbert, invité dans sa propre voiture, parvenait enfin à pleurer Linda pour de bon. Norbert le regardant, triste pour lui, surtout sachant toutes les vérités qu'il savait au sujet de Linda. Se disant qu'il pourrait peut-être diminuer la peine de son ami. Se ravisant, constatant qu'il pourrait aussi l'agrandir, l'ouvrir mortellement. S'abstint de toute pensée à ce sujet. Pensa à Eddy qui l'attendait surement. Evita de regarder dans le rétroviseur le visage endormi de Linus pour ne pas retomber dans d'autres fantasmagories.

Et je rêvais, longues années, longue indolence
Où rien ne se passe mais où rien ne s'oublie
J'allais sereine et sans connaître
Le moindre feu d'une absence
Ce n'est qu'en te croisant
Que j'ai su, que j'ai compris


Kenneth soupira en pensant à sa Judith. Puis en repensant au monde autour, triste et sale. Et à Judith qui était là, seul espoir apparent au milieu de toute cette esbroufe. Et Kenneth en plein milieu d'un dilemme : Pouvait-il lâcher Etienne pour tenter l'aventure avec elle ? Pouvait-il délaisser la dernière chose qui le rattachait à son ancienne vie pour en mener une nouvelle ? Y'avait-il moyen pour lui d'être heureux sans son passé qui lui revenait à chaque fois en pleine gueule ?

J'attendais, j'attendais
J'attendais ton regard, pour expliquer enfin
Le pourquoi de ces au-revoir
A tout ce long chemin


Eddy observa Estelle et Jonathan repartir main dans la main vers le bureau de celui-ci. Il sourit, pensant à Norbert qui n'y croyait pas vraiment à ces deux là. Il se dit soudain qu'il devrait essayer de prendre plus d'importance au sein de son couple, essayer d'être un escabeau plutôt qu'une béquille, aider à monter plutôt qu'à boiter. C'était ça, qu'il devait faire. Quand Norbert rentrera, il essaiera d'être plus présent à ses côtés. Moins transparent.

J'attendais, j'attendais
Le pays de ton corps, le toucher de tes mains
Ma douce boussole, mon nord,
Le sens à mes demains


Jonathan libéra les quatre étudiants qu'il félicita en compagnie d'Estelle. Les quatre semblaient bizarrement plus unis. Cette étrange aventure dans le bureau du proviseur adjoint les avait amenés à s'entraider. Andrew lui-même s'étonna à sourire avec les trois autres sur lesquels il n'aurait autrement pas parié un kopeck. Penny semblait toujours aussi obsédée par d'éventuelles caméras mais Jules la remit dans le droit chemin d'un geste de la main. Sadia la regarda et secoua la tête pour assurer qu'il n'y avait aucun danger. Et tous éclatèrent de rire, comme ça, pour rien.

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-A la lumière de ces évènements, j'en ai tiré deux conclusions évidentes : Madame Bowyer, vous avez pratiqué une politique de surveillance absolument illégale et déloyale, car en vertu de l'article, la surveillance des employés doit être SIGNALEE…
Gisèle hocha la tête, face à Linus qui l'écrasait comme un cafard. Judith avait du mal à dissimuler sa joie de voir sa patronne ainsi malmenée, et Eric avait du mal à dissimuler l'œuf de pigeon causé par le coup de Metang.
-… aux dits employés, sous peine de POURSUITES pouvant entrainer une forte amende. De plus vous avez pratiqué le chantage et vous avez demandé à une assistante de diner avec un employé dans un but purement manipulatoire. Et surtout vous êtes, d'après ce rapport sur la masse de travail de notre établissement, à l'origine de la plus faible performance enregistrée par une directrice en matière de travail effectué sur trois semaines. Cela est proprement INACCEPTABLE dans cette Université ou l'excellence prime sur tout le reste.
-Allez-y, virez-moi qu'on en finisse ! soupira la vieille directrice.
-Vous virer ? Hors de question ! S'il y a bien une chose que j'ai apprise de ma jeunesse en Angleterre, c'est que le pire des châtiments, c'est de laisser trainer et d'offrir son affection à qui vous méprise. J'ai appelé le rectorat et il s'avère que votre cellule « Facultés : Bonne Conduite » est supprimée pour cause d'inhibitions apparues après que j'aie cité les différentes malversations dont vous avez fait preuve. Vous êtes donc maintenue au poste de directrice ici jusqu'à nouvel ordre sur un régime similaire à celui du Doyen ou du CPE, c'est-à-dire que vous ne pourrez partir QUE sur mon accord. Si vous ne finissez pas l'année, votre retraite sera ceinturée de 50 %.
Gisèle fronça les sourcils.
-Non… Vous n'oserez pas !
-Franchement ? J'ai une furieuse envie de vous envoyer dans une unité chirurgicale pour procéder à l'ablation de ce qui vous sert d'OVAIRES et de vous les enfoncer dans la bouche jusqu'à l'œsophage…
Gisèle eut un mouvement de recul. Jonathan hocha la tête, tenté.
-Mais je me contenterais de vous garder en poste jusqu'à votre retraite. Bien évidemment, libre à Mr Swanson et à Mlle Nathis de partir si tel est leur bon vouloir !
Eric regarda les administratifs autour de lui.
-J'me casse, vous êtes tous tarés !!!
Judith soupira.
-Je vais avoir besoin d'une assistante, vu que c'est déjà moi qui faisais tout le travail avant…
-Judith !! Comment osez-vous…
-Oh, ça va, dites ! Vous ne fichiez rien à part visionner les vidéos du jour. Vous vous contenterez de Dailymotion.
Kenneth eut un discret sourire.
-Oh mon dieu… soupira lourdement Gisèle.
Ca en effet Dailymotion c'est nul, trop modéré. Toutes les bonnes vidéos partent vite, supprimées par la direction du site. Pas cool.
-D'autre part… Je pense que vous aurez tous compris que des choses vont… changer, dorénavant.
Norbert, Eddy, Jonathan, Estelle et Kenneth regardèrent leur proviseur.
-Vous… m'êtes tous très chers, mais en voulant vous protéger tous, j'ai compromis mon intégrité, mon professionnalisme et ma position. Par ailleurs, je ne vous cache pas que… ma vie de famille a pu souffrir quelque peu de la situation.
Tous hochèrent la tête.
-Donc à partir de maintenant, je maintiendrais avec chacun d'entre vous la distance professionnelle normale qui réside entre un proviseur et ses employés. Nous resterons amis, mais… seulement en dehors du travail. Croyez bien que ça me désole mais il en va du bon fonctionnement de l'établissement et de la bonne marche du travail quotidien. Je me doute également que… la solidarité au sein de l'équipe va se trouver égratignée par les récents incidents…
Norbert, Eddy et Kenneth baissèrent leurs têtes.
-Mais je suis persuadé que vous saurez retrouver la dynamique d'autrefois. Bien, le travail peut reprendre, ce conseil est fini. Pour de bon, j'espère.

Les quatre étudiants de Smirnoff étaient actifs, enjoués, solidaires. Etienne restait à son bureau, malheureux et amer, réalisant tout d'un coup ce qu'il avait perdu et ce qu'il pourrait encore perdre…