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Smirnoff, 2ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 23/09/2008 à 13:46
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 06:35

» Mots-clés :   Humour   Johto   Romance   Sinnoh

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061 - Sur les pavés de nos jeunesses 1/2
« Vivre, c'est survivre à un enfant mort »
(Jean Genet)

Etienne lança la balle. Erwan la rattrapa. Il recommença. Il relança la balle tout en s'adossant dans son siège, un transat installé sur la terrasse derrière la vieille maisonnée. Il était installé juste à côté d'elle. Il la regarda, le regard couvreur. Elle semblait dormir sous ses lunettes de soleil. Elle était belle, bien qu'âgée. Lui aurait voulu rester toujours ici, auprès d'elle. Mais comme à chaque fois, il y avait un hic. Et pauvre Etienne, qui allait encore au devant d'une grande tristesse. Qu'importe. Il regarda sa maman, Coralie, assise dans le transat, au soleil. Bien, calme.
-Ca va ?
Coralie sourit.
-Tu me demandes ça tous les jours depuis que tu es là.
-Je sais.
-Tu sais comment je vais mais ni moi ni ta sœur ne savons comment toi, tu vas.
-Je sais ça aussi.
-Etienne, tu es revenu et j'ignore toujours pourquoi. Surtout je n'avais pas très envie que tu reviennes me voir dans cet état là...
-Je sais, maman. Pardon.
Estelle arriva avec un plateau et trois verres. Elle posa le plateau et s'assied sur une chaise, face aux deux. La grande brune semblait soucieuse.
-Bon, maman… Va falloir qu'on discute sérieusement.
-Ah bon.
Estelle soupira. Etienne la regarda, les yeux assombris.
-Euh… Comme tu le sais, tu n'en as plus pour très longtemps.
Etienne regarda sa mère, le visage rempli de douleur. Elle semblait calme.
-J'en ai parlé avec Oncle Simon… Et apparemment toute la famille va se rameuter ici.
Coralie hocha la tête.
-Tu sais pourquoi, je suppose.
-Oh oui, oui, ne t'inquiète pas. La maison, bien sur.
-Voilà. Comme tu sais… La maison Smirnoff a une valeur très forte… Il est possible que certains membres de la famille cherchent à… T'extorquer l'héritage. Tu comprends ?
-J'ai un anévrisme, pas un Alzheimer, ma chérie.
Estelle soupira lourdement. Son visage se déforma sous d'éventuelles larmes qu'Etienne lui demanda silencieusement de refouler.
-Maman, je veux que tu comprennes bien que… La plupart des gens de la famille vont venir pour te demander l'héritage, pour te forcer la main ! D'autres seront là pour toi, mais certains vont vouloir un nom sur un testament.
-Il y a déjà un nom sur le testament. Je ne le changerais jamais.
-Maman, je veux que tu prennes ça au sérieux.
-Je vais mourir, Estelle. Quand je serais morte, il n'y aura plus rien à prendre au sérieux.
La fille Smirnoff repartit dans la maison, soupirant. Etienne la suivit et ordonna à Erwan de veiller sur Coralie. Laquelle regarda le Pokémon.
-Alors, mon chéri, même de là haut tu veilles sur moi, hein ?
Coralie sourit au Capidextre, intrigué.
-J'arrive. Ne t'en fais pas. Je te rejoindrais bientôt.

-Estelle…
Elle était assise à la table de la cuisine.
-Elle m'ENERVE !!! Elle prend tout ça à la légère ! Ces connards vont venir lui prendre la maison de Papa !!
-Je sais…
Estelle regarda son frère.
-Et toi tu vas finir par me dire pourquoi toi et Kenny vous êtes venus passer les vacances ici ?! Tu vas me dire pourquoi tu chiales la nuit ?!
-Non.
-Putain Etienne !! Ca fait six ans, SIX LONGUES ANNEES que t'es pas revenu ! Ce connard de Ian a divorcé de maman, qui a maintenant un anévrisme et toi tu te pointes, tu dis vouloir passer les vacances ici… Qu'est-ce qui me dit que tu ne viens pas prendre l'héritage de maman en fait ?!
Etienne sourit.
-Je ne m'intéresse pas à cette maison. Une fois que maman sera partie, je rentrerais à Doublonville.
-En fait t'es juste venu la voir crever…
-Je suis pas venu pour ça, crois-moi j'aurais préféré venir, que Ian soit là, que maman soit en bonne santé…
-Pourquoi t'es revenu ?!
Etienne soupira.
-Tu comprends que certaines personnes aient le droit de faire un break, n'est-ce pas ?
-Je sais que tu as un travail stressant, mais de là à pleurer la nuit… Et Linda, t'es plus avec elle ?
-Tu conçois que certaines personnes ont besoin de faire un retour aux sources de temps en temps ?
-… T'es con.
-Merci sœurette. Je savais que tu serais compréhensive.
-J'ai besoin de toi, Etienne. Tu tentes de passer le plus de temps possible avec maman, mais… Moi j'essaie de protéger les intérêts de la famille !!
Etienne hocha la tête.
-Et tu t'y prends très bien.
-C'est beaucoup trop de pression pour moi, Etienne ! Tu me connais, je suis incapable de gérer quoi que ce soit…
-Grande sœur, voyons. Ne te sous-estime pas.
-En attendant je suis la seule à bosser ! Toi tu te la coules douce avec maman ! Tu n'en as rien à foutre que toute la famille vienne. Tu détestes les réunions de famille d'habitude. Pourtant tu n'as pas l'air différent par rapport à d'habitude. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?!
Etienne soupira.
-Rien.
-Tu sais que ce genre de réponse ça me donne envie de te casser la tête. Etienne ! Il t'est arrivé quelque chose de grave ?
-Nan. J'avais besoin de me retrouver un peu.
Estelle soupira.
-Personne veut jamais rien me dire… Maman a son truc depuis six mois…
Etienne s'étonna.
-Elle en avait même pas parlé à Ian, ni à moi, ni à oncle Simon… J'en ai marre…
-Elle ne m'a rien dit non plus quand elle est venue me rendre visite.
Estelle hocha la tête.
-Elle croyait déjà qu'elle allait mourir à ce moment là.
Etienne soupira.
-Je vois… Quand est-ce que tout le monde arrive ?
-Demain.
-D'accord. On retourne auprès de maman ?
Estelle hocha la tête.
-Sœurette…
Elle se tourna vers son petit frère.
-Toi personne veut rien te dire, mais moi personne ne veut que je l'aide. C'est pas plus glorieux.
-Papa, lui, on lui disait tout et il aidait tout le monde.
Etienne hocha la tête.
-Je sais. Allez…

===============

Kenneth était assis sur le canapé à côté de son père.
-Elle arrive quand ?
-La voiture va la déposer sous peu. Je suis désolé, je sais que tu préfèrerais être chez les Smirnoff…
-Ca ne me tente pas trop en fait, c'est leurs histoires familiales. Si Etienne a besoin de moi, il a mon numéro.
Hermann Heine semblait stressé.
-Ta mère t'en veut surement encore. Pendant mes visites, elle houspillait sur toi.
-C'est pour ça que j'ai tenu à revenir.
-Tu n'es plus avec Miranda ?
-Non, papa… C'est fini.
-Dommage pour toi.
-Hm.
Une voiture s'arrêta devant l'allée de la maison Heine. Hermann et Kenneth sortirent. Hildegarde sortit de la voiture avec un sac. Hermann vint la serrer contre lui.
-Ca va ?!
-Oui, si je puis dire… Qu'est-ce qu'il fait là, lui ?!
Kenneth soupira.
-Chérie, Kenneth est venu t'accueillir…
-Enfin, ce n'est pas trop tôt ! Tu aurais pu venir me visiter !
Kenneth soupira.
-J'avais pas très envie de te voir en prison, maman.
-Ah mais quoi qu'il en soit, tu vas être surpris. J'ai des invités qui vont arriver.
-Chérie, tu as invité des gens ?! S'étonna Hermann.
-Bien sur ! Le père de Kenny, ainsi que son frère.
Kenneth écarquilla les yeux, stupéfait. Hermann baissa la tête, déconcerté.
-Qu… QUOI ???

Dans la cuisine, Kenneth n'en revenait toujours pas.
-Alors… Papa n'est que mon beau-père ?! J'ai un autre père ?!! C'est quoi cette histoire ?!
Hildegarde se passait du vernis à ongles.
-Kenny, tu n'as jamais remarqué que c'était moi qui avait la plus grosse part des actions Heine ? interrogea Hildegarde.
-Ce n'est pas ce que j'ai remarqué de plus imposant chez toi, mais je remarque que la prison sert de très bons plats…
Hildegarde sourit à cette boutade.
-Fais le fier pendant que tu peux encore. Frantz va arriver, et là tu riras moins.
Kenneth regarda son père, assis à la table, abattu.
-Mais c'est pas possible ! Papa s'appelle bien Heine ! Et toi ton nom de jeune fille…
-C'est Heine, mon nom de jeune fille. Ton beau-père a pris le mien pour les affaires.
Hermann soupira.
-Mon nom de famille est Markovitz. Pas Heine, admit-il.
Kenneth tomba des nues.
-Mais pourquoi es-tu là, au fait ?! Tu ne serais pas venu seulement pour moi, je suis certes ta mère mais je sais que tu ne m'apprécies pas au point de me réceptionner à ma sortie de prison… marmonna Hildegarde.
Kenneth soupira.
-Crois-le ou non je suis bel et bien là pour toi, en premier chef. En second lieu je suis là parce que… la maman d'Etienne va mourir. Je suis venu avec lui.
Hildegarde s'étonna.
-Vous êtes toujours amis ?! Ca c'est très étonnant…
-Contrairement à toi j'ai forgé des relations solides avec des gens.
-Tout comme avec Miranda… murmura Hildegarde.
-Merci du rappel. Mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Moi au moins je n'ai pas financé des marchands d'armes et des meurtriers. J'ai la conscience tranquille. Je ne suis responsable de la mort de personne !!
Kenneth quitta la cuisine et monta dans sa chambre.
-Quel petit insolent… mais pourquoi est-il comme ça ?!
Hermann soupira.
-C'est bien le fils de sa mère…

===============

La grand-rue s'agita bientôt. Les Smirnoff recevaient, et tout le voisinage s'étonna du nombre de voitures garées. Etienne et Estelle se tenaient sur le pas de la porte.
-Moi je les attrape, toi tu les assommes.
Estelle sourit à l'humour de son frère, opportun dans une situation si stressante. Estelle vit arriver les gens.
-La mère de maman, Perrette Oliver. Sa sœur, Catherine. Tu te souviens de Timothy, avec ses parents Alec et Daria. Oncle Simon, elle c'est la sœur de papa, Louise. Ensuite on a quelques cousins éloignés, les fameux « Cousins néerlandais », et… Ah elle c'est la cousine de maman, Betty.
-Ca en fait du peuple…
-Ils sont bien quinze au bas mot. Heureusement que la maison est grande…
Tous furent accueillis par Etienne et Estelle. Le prof offrit une accolade à son oncle Simon et à son cousin Timothy.
-Tu vas bien, Tim ?
Lequel était debout, apparemment assez bien.
-J'ai… La forme, comme on dit…
-Ca a l'air. Content de te revoir.
-Moi aussi… désolé des circonstances…
-Ouais. C'est triste.
Tous se réunirent dans le salon, autour de Coralie. Estelle soupira.
-Quelle bande de vautours…
-Estelle…
-Quoi ?!
-Garde ton sang-froid. Compris ?
-Comment tu veux que je me calme… Toi tu t'en fous, moi c'est important que cette maison n'aille pas dans les mains de n'importe qui que maman ne veuille pas !
-Oui, oui…
Estelle tapa dans ses mains.
-Excusez-moi ! Pardon !
Tout le monde se tourna vers elle.
-Je sais que vous tenez tous à être auprès de maman pendant ses derniers instants, cependant… Elle va avoir besoin de se reposer !
-Mais non, Coralie a besoin de prendre l'air !
-Oui, elle va tranquillement profiter de ses derniers instants…
-Ca va aller… rassura la mère.
Estelle soupira. Etienne la regarda, intrigué. Elle s'en retourna vers son frère.
-Euh… Quand on était petit, tu envoyais chier tout le monde…
-L'Estelle que tu as connue étant petit a changé, Etienne… soupira la grande brune.
-J'vais te montrer. YO !
Tout le monde regarda Etienne.
-La famille est invitée à s'éloigner de Coralie Oliver sur le champ. Je la ramène à sa chambre.
-Pourquoi ?
-Oooh…
-On veut rester avec elle.
-Je comprends… Mais elle a vraiment besoin de se reposer !
Coralie hocha la tête. Etienne aida sa mère à se lever. Estelle observa son frère. Il la porta et la monta dans les escaliers.
-Ca me rappelle du temps ou ton père était là…
Etienne sourit.
-Tu n'as pas à subir tout ça, Maman. Vraiment.
-Ils sont venus pour me soutenir…
-Pas tous. Il faut qu'on fasse la lumière sur qui est là pour ton bien, et qui est là pour la maison.
-Etienne, tu es devenu tellement suspicieux…
Etienne hocha la tête tout en portant sa mère jusqu'à sa chambre.
-Tu es fatiguée ? Ca va ?
-Ca va aller mon chéri, va rejoindre ta sœur, elle a besoin de toi.
-Je sais… Mais…
-Etienne, tu es malheureux, pourquoi es-tu revenu…
Le trentenaire se retourna vers sa mère, malade qui se retrouvait dans un lit comme une impotente alors que quelques mois auparavant elle lui était apparue bien portante et heureuse. Etienne se porta à croire que le divorce l'avait furieusement affaiblie.
-Je suis revenu pour me ressourcer.
-Et au lieu de ça, depuis début juillet tu me portes pour m'emmener à ma chambre, tu m'aides à aller aux toilettes…
Etienne hocha la tête.
-Qu'est-ce qui t'es arrivé, mon chéri ? C'est Linda, c'est ça ?
-J'ai pas envie de parler de ça, maman…
-Chéri, c'est terrible pour toi, je suis désolée…
-Maman…
-Etienne, je me doute qu'il s'est passé quelque chose de grave, de difficile, même…
-Je veux pas en parler.
-D'accord, très bien.
-Et Estelle a raison. Arrête de… de prendre ta maladie avec légèreté ! Tu vas te réveiller un matin et tu seras morte. Et moi et Estelle…
-Vous êtes grands, vous pourrez vous en sortir.
-Et là dans le salon il y a toute une bande de vautours prêts à tout pour t'extorquer une place sur ton testament…
-J'ai déjà fait mon testament, il est chez le notaire, je ne le modifierais pas !
Etienne se mit à pleurer.
-Etienne…
Il s'assit sur une chaise. Sa mère le regardait, son grand fils en train de pleurer sur une chaise.
-Mon bébé… poussin, ne pleure pas…
-C'est horrible, tu te rends compte ?! Tu… Tu vas nous quitter et… Et…
-Je sais, je sais. Mais tu vas être fort et protéger ta sœur.
-Je suis pas assez fort pour me protéger moi, alors…
-Mais tu vas y arriver.
Etienne hocha la tête.

Lorsqu'il redescendit, Etienne vit qu'au salon c'était la grande conversation familiale banale et sans intérêt. Il alla en cuisine ou Simon, Timothy et Estelle s'étaient réfugiés.
-Pfouuu… Maman est résolue.
Simon soupira.
-Votre mère a toujours été catégorique, très catégorique. L'ennui c'est que la famille n'acceptera pas qu'une autre volonté que la leur soit prononcée.
Etienne regarda son oncle.
-Qu'est-ce qu'ils veulent exactement ?
Simon soupira.
-Eh bien, de mon côté, du côté de ton père, ils veulent reprendre la maison car selon eux c'est leur propriété, leur domaine… Alors qu'en fait c'est juste une maison que tes parents ont acheté avant la naissance d'Estelle. Mais selon eux elle a une valeur sentimentale inestimable alors ils la veulent pour la revendre et partager les frais.
-Quelle adorable famille… soupira Etienne.
-Faut pas… leur en vouloir… marmonna Timothy.
-Je sais bien, cousin, mais tu admettras que c'est dégueulasse !
Timothy hocha la tête.
-Et du côté de maman ?! se demanda Estelle.
-Eux c'est la primauté à l'ancienneté qu'ils revendiquent. Selon eux, Coralie a vécu plus longtemps dans cette maison qu'Erwan donc c'est à elle que revient la maison donc que les droits de succession lui reviennent.
Etienne poussa un énorme soupir.
-J'vais rien dire pour pas être vulgaire mais franchement…
-C'est comme ça, Etienne… marmonna Simon.
-C'est de maman qu'on parle ! Elle va mourir et tout ce qui les intéresse c'est de mettre la main sur l'héritage !!
-C'est une question d'honneur familial surtout ! posa Simon.
Etienne regarda Estelle qui semblait avoir envie d'en finir.
-Sérieux, je m'en tape… Je voudrais rester aux côtés de maman, là… Pourquoi ils sont venus d'abord ?!
-Tu les as appelés… marmonna Etienne.
-Je ne sais même pas qui les a appelés !!
Etienne regarda Simon qui secoua la tête. Il regarda Timothy.
-Non…
-Je me doute, mais toi tu sais peut-être…
Timothy secoua la tête.
-Tim, si tu sais quelque chose il faut nous le dire.
-Ar… Arrête !
-Tu sais, c'est ça ?
Estelle frappa Etienne.
-Dis-donc !!! De quoi tu l'accuses, là ?!!
-Je vérifie toutes les pistes !
Timothy prit un coup d'oxygène.
-T'es vache ! Je vois pas Timmy prévenir tout le monde comme ça !
Simon soupira.
-On ne pourrait pas…
Des bruits de pas retentirent dans les escaliers.
-Oh les enflures !!! Grommela Etienne alors que les quatre se précipitaient dans le hall.

========

Mérouville était bien agité ces derniers temps décidément. Une limousine arriva bientôt devant chez les Heine. Kenneth, Hermann et Hildegarde sortirent de la maison. Kenneth vit alors un grand homme, avec effectivement un certain air de ressemblance avec lui, portant un beau costume et un chapeau. Et sortant après lui, un type d'une vingtaine d'années, blond comme Kenneth, lui ressemblant assez.
-Purée…
L'homme approcha de la maison. Hildegarde avança et se jeta dans ses bras.
-Frantz !! Comme tu m'as manquée !!
-Ahem… Merci bien, Hildegarde…
Kenneth s'aperçut du fort accent allemand de l'homme.
-Jeune homme… C'est donc toi, Kenneth ?
-Ou… Oui monsieur.
-Ach, excellent. Tu as l'air intelligent… Est-il marié ?
-Non… Malheureusement.
Kenneth s'étonna. Frantz le regarda comme une vache de concours et passa son chemin. Le « frère » de Kenneth lui serra la main.
-Peter. Enchanté.
-Salut…
Tous rentrèrent. Hermann se tenait à l'écart.
-Papa ?!
-Va les rejoindre, Kenny…
-Mais papa…
-Vas-y.
Kenneth soupira et alla s'asseoir à la table tandis qu'Hermann monta à l'étage sous le regard inquiet de Kenneth.
-Bien, nous allons pouvoir discuter tranquillement de ma succession.
-Euh… C'est vous mon père alors ?! s'étonna Kenneth.
-Voyons Kenny, je te l'ai dit ! Frantz est ton père biologique ! C'est de lui que nous vient l'argent de la famille !
-Génial…
Le père de Kenneth regarda ce dernier.
-Tu travailles dans quoi ? Les industries, les textiles, les ressources naturelles ?
Kenneth soutint le regard de son père.
-En quoi c'est intéressant ?
-Dans quoi tu travailles ?
-Ca ne vous intéresse pas ma vie, mes amis, mes passions…
-Bon sang, Hildegarde…
La femme soupira.
-Contente-toi de répondre à ses questions, Kenneth !!
-Pourquoi ?
-C'est important, il veut voir si tu ferais un bon héritier !
-Je ne le connais pas, moi ce type ! Et il a déjà un fils, pourquoi venir jusqu'ici pour moi ?!
Peter soupira. Frantz répondit :
-Ton frère est artiste comédien, ce qui, en l'occurrence, ne m'intéresse pas du tout dans le cadre d'un héritage. La famille Heine s'est toujours distinguée dans les plus hautes sphères de ce monde.
-Vous voulez parler de grand-père Julius, celui qui conduisait des trains pendant la seconde guerre mondiale ?! Des trains de voyageurs très spéciaux qu'on emmenait dans des hôtels particuliers « Avec Chauffage », si vous voyez ce que je veux dire ?
Hildegarde sembla recevoir le ciel sur la tête. Peter s'étonna du ton sur lequel parlait Kenneth.
-Ach… Il est très insolent ce petit…
-Ca va, je sais que la famille n'a pas un passé très rose, mais de toute façon, moi l'argent ne m'intéresse pas plus que ça ! Je suis conseiller principal d'éducation dans une faculté de dressage Pokémon. Je m'occupe des élèves et des affaires s'y rattachant.
Frantz soupira.
-Ca ne doit pas rapporter beaucoup.
-L'argent n'est pas quelque chose que je cherche, souhaite, ou désire. En avoir me fait plaisir, mais je sais que ça ne sert pas à tout acheter.
-Et qu'est-ce qu'on ne peut pas acheter avec l'argent ?
Kenneth regarda Frantz.
-Une amitié solide.
-J'ai de très bons partenariats financiers avec de nombreux amis à moi. Si ces partenariats cessent, je perds mes amis. Mais j'en gagnerais de nouveau.
Kenneth regarda sa mère qui lui faisait signe du genre « Tu vois ? », genre de signe typique d'une mère à un fils que Kenneth détestait.
-On ne peut pas acheter de pays !
-Théoriquement c'est tout à fait faisable. Seulement il n'y a pas de pays à ma portée qui m'intéresse. Je pourrais acheter le Népal ou l'Ethiopie si tel était mon bon désir, mais ces pays n'ont aucun intérêt.
-Vous ne pouvez pas acheter de vie humaine.
-J'ai deux millions de salariés dans le monde, qui dépendent à 100 % du travail que je leur fournis. J'ai leur vie à la pointe de mon stylo quand je signe une lettre de licenciement.
Kenneth soupira. Il regarda Peter qui semblait indifférent à ce qui se discutait. Kenneth regarda son père.
-Vous ne pouvez pas acheter l'amour de vos enfants.
Frantz haussa un sourcil.
-Pourquoi me prendre comme héritier alors que vous avez déjà un fils à vous ?!
-Ach, ça ne te regarde pas !
-Moi ça ne m'intéresse pas. J'ai déjà une famille à qui j'ai des comptes à rendre. J'en veux pas d'une deuxième.
-Ahahaha… Tu ne t'es jamais servi de l'argent de la famille, peut-être ?
-Si, bien sur. Mais je m'en sers pour les affaires courantes. Pour arranger mes amis quand je le peux, pour offrir des cadeaux…
-Billevesées…
-Ca c'est sur, quand on a pour seul ami un chéquier c'est dur de s'apercevoir de la valeur de ce genre de choses
Frantz sembla menaçant.
-Je suis ton père, je te signale !
-Vous êtes juste un mec dont j'ai jamais entendu parler qui vient pour négocier ma filiation. Mais vous avez déjà un fils, probablement plus méritant que moi.
-Pas du tout, c'est un… saltimbanque !
-Et alors ?! S'il veut financer une école, construire un projet artistique… Je préfère que l'argent serve à ce genre de choses qu'à mes petits caprices personnels !
-Tu as investi ton argent dans diverses œuvres de charité, diverses entreprises…
-C'est juste pour le cas ou l'argent viendrait à manquer, j'ai un compte épargne spécialement pour les cas de coups durs.
Hildegarde sortit un dossier.
-Tu as trois comptes en fait : Un personnel, un compte épargne effectivement et un compte spécial, alimenté par l'entreprise familiale.
Kenneth soupira.
-Pourquoi suis-je à peine étonné par le fait que tu surveilles toujours mes comptes…
-Il faut bien ! Tu as dépensé 10 000 Pokédollars en un week-end !
Kenneth regarda le livret.
-C'est la semaine ou j'ai payé l'hôtel à mes collègues pour aller à un enterrement !
-Tu jettes l'argent par les fenêtres ! constata Frantz.
Kenneth soupira.

============

Etienne aidait Estelle et Timothy à cuisiner pour la famille. Tâche ingrate s'il en est. Simon entra dans la cuisine alors qu'Estelle s'appliquait à faire une salade pour dix personnes, qu'Etienne préparait un pain de viande et que Timothy s'occupait des desserts.
-Eh bien… ça s'affaire ! s'étonna l'oncle.
-De quoi ils parlent ? demanda Etienne.
Simon soupira.
-Des petits-enfants.
Etienne garda un visage impassible.
-Hon.
-Votre cousin Léonard a eu des jumeaux en mars dernier.
Etienne ferma douloureusement les yeux.
-Etienne, bouge-toi, ils attendent la viande.
-Ouais… Ouais.
Estelle porta la salade en cuisine, suivie par Simon. Etienne sembla s'effondrer.
-Cousin ?! s'étonna Timothy.
Etienne sembla sangloter.
-Etienne ?!... Ca va ?!
-Oui… Oui oui…
Il s'essuya les yeux d'un geste du bras.
-Euh… si… tu veux en parler…
-Nan. Retourne à tes desserts, Tim.
-D'accord…
Etienne porta son pain de viande jusqu'à la salle à manger. Tout le monde était aligné. Etienne posa le plat sur la table. Tout le monde le regardait.
-Ca ne va pas, Etienne ?! demanda la mère de Coralie.
Etienne soupira.
-Ma mère va mourir. Tout baigne.
Il repartit en cuisine, suivi d'Estelle.
-Merci pour la note de cynisme…
-Il fallait bien que quelqu'un le leur rappelle !
-Oui mais après c'est pas toi qui va les supporter quand ils vont se battre au dessus du lit de maman !
-Tu ne prends pas les choses en main, Estelle, tu te contentes de te persuader que c'est le cas !
Timothy observait le frère et la sœur, intrigué.
-Tu me fais chier !
-Et toi tu devrais essayer d'être simplement la fille de, pas la gérante de.
-Ca veut dire quoi, ça ?!
-Ca veut dire que tu te comportes comme une garde-barrière, pas comme la fille de ta mère.
-Etienne, tu n'as pas passé autant de temps avec maman que moi…
-Je sais.
-…Alors franchement FERME-LA !
Timothy retourna à ses desserts. Estelle et Etienne restèrent en froid. Timothy soupira.

===========

Kenneth et Peter se trouvaient dans les rues de Mérouville. Le grand frère faisait visiter la ville à son frère inconnu.
-Ca c'est le musée d'histoire naturelle… Là, la rue commerçante. Et ici c'est la zone industrielle.
Peter regarda la carte derrière l'abribus.
-T'as pas l'habitude de faire la visite.
-J'ai pensé que ça t'ennuierait autant que moi…
Les deux frères partirent dans les rues de la ville.
-Alors comme ça, tu es… comédien ?
-Je fais du théâtre, oui…
-Ton père n'a pas l'air très… d'accord avec ta façon de mener ta vie.
Peter secoua la tête. Il répondit à Kenny avec un accent allemand très notable.
-Papa n'a jamais trop apprécié ma façon de vivre. Ma belle-mère non plus.
-Tu étais au courant de mon existence ?
-Oui bien sur. Il y a des photos de toi enfant à la maison, à Munich.
-Mais… Je comprends pas, je suis pas né en Allemagne !
-Non, mais Papa oui. C'est ta mère qui est plus liée à Mérouville qu'à Munich. Tu es né ici, moi là bas. Ca a tout changé dans nos destins.
-J'espère que… tu n'es pas jaloux, parce que crois-moi je vis cette situation sans plaisir aucun !
-Je comprends… Mais tu n'avais pas besoin de me défendre aux yeux de mon père.
Kenneth hocha la tête.
-Je sais… Excuse-moi. Dans mon métier, je défends mes élèves en permanence, alors…
-Eh bien ça n'est pas nécessaire. Tu crois quoi ? Que tu vas tout changer ?
Kenneth grimaça.
-P… Peter, je ne veux rien avoir à faire avec toi et ton père !
Peter regarda Kenneth, surpris.
-Désolé…
-Non, non… tu es sincère, tu dis ce que tu penses. C'est bien. J'ai l'impression que tu n'oses pas le faire en permanence.
Kenneth soupira.
-Pas faux.
-Tu comptes refuser l'héritage ?
Kenneth hocha la tête.
-Franchement, oui.
Peter hocha la tête, satisfait.
-Bien. Très bien.
Kenneth regarda son frère, curieux.
-Ca t'arrange ?
-Bien sur. Moi j'y tiens à cet argent.
Kenneth regarda son frère prendre la direction de la maison, les yeux plissés.

=============

-Elle dort, chuchota Etienne.
-Ouais…
Le frère et la sœur quittèrent la chambrée de leur mère. Ce faisant, elle soupira.
-J'ai envie de pleurer mais j'y arrive plus… Je suis épuisée.
Etienne regarda sa sœur.
-Comment ça va, sinon, tes Pokémon ?
-J'ai plus beaucoup de temps à leur consacrer, soupira Estelle.
-Je comprends.
Estelle regarda Etienne.
-Tu es devenu bizarrement humain, Etienne.
-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
-On s'est disputés, hier, en cuisine. Avant, on ne se disputait jamais. Tout au plus on avait des échanges marrants, parce que j'avais envie de te secouer et que tu savais avec certitude que je ne te voulais pas de mal… Mais depuis que tu es là… Tu te rapproches plus de l'humain que du Pokémon. Avant, tu étais comme un Pokémon. Incapable de pactiser complètement avec les principes humains. Non, au lieu de ça, tu te battais avec tes congénères, comme un Pokémon. Sauf avec les membres de ton équipe : Moi, Maman… Kenny… Linda.
Etienne baissa la tête.
-Il t'est arrivé quelque chose qui a fait que tu es passé du Pokémon à l'homme. C'est quoi ? Quelle est la cause de cette… évolution ?
Etienne ne répondit pas.
-Etienne, je ne suis pas ton ennemie. Je suis ta sœur.
-Je veux pas en parler.
-On sort ?
Etienne s'étonna.

Le frère et la sœur se retrouvèrent dans le jardin. Nuit noire, fraîche de l'été en pleine fin juillet.
-Il fait bon, hein ?
Etienne hocha la tête.
-Toi, tu préfères les Pokémon aux humains. Moi, je traite les deux d'égal à égal, expliqua Estelle. Tu sais, ça…
-Oui…
-Bien. On va se battre.
Etienne s'étonna.
-Ca va te détendre, et me détendre aussi. J'en ai marre d'héberger ici toute la famille comme ça… Et toi qui est complètement impassible, qui est là pour je ne sais quelle raison…
-Je peux pas te dire…
-Je sais. Mais tu me connais Etienne : quand je veux quelque chose je l'obtiens... Janette ! Go !!
Elle sortit un Feuforêve. Etienne soupira.
-Tu es sérieuse ? Tu veux qu'on s'affronte ?
-Ouais. Je veux t'affronter, frérot.
Etienne sortit Debra, son Flagadoss. Estelle hocha la tête.
-Je me rappelle d'elle. Notre gouvernante. Tu as donné son nom à un Pokémon qui a une forte défense. Comme si tu voulais t'en faire une protection supplémentaire.
Etienne sembla prendre les interprétations de sa sœur comme des coups de poignard.
Feuforêve commença avec une Onde Folie. Le Flagadoss resta impassible.
-Révise tes aptitudes spéciales, Sœurette. Les Flagadoss avec Tempo Perso ne subissent pas la confusion.
Un Pistolet à O partit et faucha Feuforêve. Estelle la rappela. Etienne sembla peiné.
-Elle est magnifique... Sa robe est d'un pourpre magnifique…
Etienne commença à pleurer.
-Tu as toujours su bien élever tes Pokémon. J'ai toujours trouvé que tu avais du talent pour ça…
-Stanley, à toi de jouer ! envoya la sœur, impassible.
Le Coquiperl d'Estelle apparut. Etienne releva la tête.
-Il est si mignon…
-Arrête de chouiner et bats-toi !
-Non…
-Etienne…
Il sortit Simon, son Foretress.
-Pistolet à O !
Le Coquiperl attaqua le Foretress qui s'était abrité dans son Mur de Fer.
-Tu avais appelé ton Pomdepik comme Oncle Simon à cause de sa barbe qui te piquait quand il te faisait la bise en venant à la maison. Premier surnom donné à quelqu'un de vivant et dans un signe d'affection. Et surtout c'est avec ce Pokémon que maman a mieux accepté le fait que tu surnommes tes Pokémon comme ça.
Etienne fondit en larmes.
-Maman…
-Etienne, ça vient. Tu retournes vers ton état enfant. Tu recommences à renouer avec l'Etienne du passé. Le fils de papa.
-Je l'ai toujours été. J'ai toujours été un bon fils pour papa…
-Je sais. Et papa t'aimait beaucoup. Reviens, Stanley.
Etienne rappela Foretress.
-On continue ? La nuit est si belle. Et je sens que tu te retrouves un peu toi-même, n'était-ce pas le but de ta venue ici, selon toi ?
Etienne hocha la tête.
-Nelly ! Go !
Le Caninos d'Estelle apparut. Etienne sortit de ses larmes et sortit Timothy, son Scarhino.
-Tu as remarqué, toi aussi ? Finalement, Tim a surmonté sa maladie. Il peut se tenir debout maintenant, et il parle presque normalement. Il travaille tranquillement dans une poste. Je suis sure que c'est le fait que tu l'aies associé à ce Scarhino qui l'a aidé à se surpasser.
Etienne atteignit ce point ou les sanglots ressemblent au rire. Il s'assied dans une chaise de jardin.
-Morsure !
Etienne releva la tête, surpris. Le Caninos d'Estelle mordit le bras de Timothy qui attendait que son maître lui dise quoi faire.
-Koud'korne !
Le Pokémon insecte repoussa le chien. Estelle rappela son Pokémon.
-A quoi tu joues ? s'étonna Etienne.
-Tu pleures comme un bébé, on ne fait que se battre.
-Tu me ramènes toute ma vie en pleine gueule…
-C'est TOI qui a fait ce choix de porter ta famille à ta ceinture.
-Je sais…
-Avant, tu assumais ça, très bien, même, tu as été à l'encontre de maman pour imposer ça, c'est la SEULE FOIS de ta vie ou tu t'es rebellé contre l'ordre parental ! Maintenant que je décortique tes choix, tu t'aperçois d'à quel point c'était une erreur !
-C'était pas une erreur…
-Si, c'en était une ! Tu crois vraiment que c'est bien de vivre avec ses Pokémon comme avec une famille ?! Tu as une famille, Etienne, des gens autour de toi, il faut faire avec ! Tu n'as pas à t'échapper ou à nous transformer en Pokémon ! Nous sommes là, nous sommes humains, et on va encore te faire chier un bon bout de temps !! Titi, go !
Estelle sortit un Pikachu. Etienne s'avoua étonné.
-Tu l'as capturé quand ?!
Estelle sourit.
-Je te le dis si tu poursuis l'affrontement. Enfin, affrontement, c'est plutôt gentil. Tu comptes retourner au travail en rentrant ?
-J'ai pas encore déposé mon dossier d'affectation.
Estelle s'étonna.
-Tu ne veux plus travailler ?
-Je sais pas encore…
-Etienne… C'est ton rêve d'enseigner ! Ta passion !!
-J'ai plus le goût à ça.
Estelle sentit qu'elle approchait.
-Le goût de vivre ? C'est ça, Etienne, tu n'as plus… Le goût à vivre ?
Etienne regarda sa sœur avec ses yeux rouges remplis de larmes.
-Voilà. Tu as tout compris.
Estelle sembla malheureuse pour son petit frère.
-Etienne…
Il sortit Erwan. Le Capidextre regarda Estelle, puis Etienne. Le Pokémon rassura son maître, en larmes.
-Etienne, bats-toi.
-Nooon…
-Etienne, tu es professeur de stratégie !! Bats-toi !!
-Mais nooon !
-Bats-toi !!!
-J'ai pas envie !
-TONNERRE !
Le Pokémon envoya la décharge. Erwan et Etienne la prirent ensemble. Estelle arrêta l'attaque.
-C… Ca va ?!! Etienne ?!
Lequel releva la tête, fou de chagrin.
-Etienne, qu'est-ce qui s'est passé…
-Linda… M'a quitté…
Estelle tomba des nues. Elle s'y attendait mais à ce point là…
-On allait avoir un bébé…
La sœur resta muette d'égard pour son frère.
-Et… Elle l'a perdu, parce que j'ai préféré sauver… J'ai préféré sauver mon premier Pokémon que sa propre vie à elle… J'ai perdu mon enfant pour sauver mon Pokémon… Je m'en veux…
-Etienne…
-Et maintenant ma mère va mourir et cette fois je peux rien y faire du tout, quoi que je veuille bien choisir… Tout se déroule sous mes yeux impuissants…
-C'est moche ce qui t'es arrivé avec Linda…
-Je croyais que j'étais heureux, mais en fait… Je suis revenu au malheur…
-Pourquoi t'es revenu ?
Etienne renifla.
-Je voulais… rester ici définitivement.
Estelle fronça les sourcils.
-Je comptais le faire mais… En voyant maman mourante, j'ai eu peur que ça recommence…
-Ca recommencera toujours, Etienne. Le malheur est partout. Il poursuit tout le monde.
-Excuse-moi de t'avoir rien dit.
-Non, non, je comprends mieux ton comportement. Et surtout ton humanisation… Tu voulais vraiment cet enfant, tu t'étais préparé à son arrivée.
Etienne hocha la tête.
-Tu vas reprendre ton boulot. Tu vas retourner à Doublonville et travailler comme avant.
-Je sais pas, j'ai pas envie…
-Etienne, tu la boucles, t'arrête de chialer et tu m'écoutes !
Le frère regarda sa sœur, étonné.
-Enseigner c'est ta passion ! Je sais ce que c'est, moi aussi j'ai une passion, c'est l'élevage, les concours, les remises de prix… Gagner un ruban pour le travail accompli, c'est ça que j'aime ! Tu mériterais d'être acclamé pour ton travail, tu pourrais révolutionner le monde du dressage avec tes méthodes !! Tu es un enseignant doué, parce que tu vois les Pokémon, ton sujet de prédilection, comme des créatures supérieures. Tu sais mieux que quiconque de quoi elles sont capables. Tu as perdu ton bébé et la femme de ta vie, ok. Maman va nous quitter, c'est affreux, je suis là aussi, j'ai des sentiments, ça me désole. Mais… Il va falloir, toi comme moi, qu'on remonte la pente ! Ca ne sera pas facile, mais on va le faire !
Etienne hocha la tête.
-Tu… as raison…
-Bah évidemment. Essuie-toi, t'es tout morveux…
-Pardon…
Elle lui passa un mouchoir. Il s'essuya.
-Demain, ça sera plus dur encore, Etienne. Et après demain aussi…
Etienne hocha la tête.
-Mais on y arrivera.
Etienne regarda sa sœur et sourit. Elle sourit en retour.
-Titi, c'est mon diminutif pour Etienne. J'ai appelé mon Pikachu comme toi. Parce que tu es ma lumière, petit frère. Tu as toujours été précieux pour moi. Et maintenant, toujours autant.
Etienne se leva et serra sa sœur contre lui.