Ce n'est qu'un Au Revoir
Ce texte se situe dans l'épisode 275 : Les Adieux, dans lequel Ondine quitte le dessin animé. Ondine est la narratrice.
Éreintés par le championnat du Mont Argenté, nous arrivons à Jadielle. Nous nous arrêtons dans le centre Pokémon pour une pause bien méritée, quand tout à coup l'infirmière Joëlle arrive précipitamment.
– Ondine ? Un coup de fil pour toi, ce sont tes sœurs !
Je suis un peu surprise, je ne les avais pas prévenues que je revenais à Kanto. Nous avions prévu de nous rendre au Bourg Palette pour rendre visite au professeur Chen, peut-être est-ce lui qui a prévenu mes sœurs. Je m'approche du visiophone.
– Ondine, c'est toi ? Tu tombes à pic, nous avons gagné une croisière, nous partons de Carmin demain. Tu dois donc t'occuper de l'arène en notre absence. Allez, on t'embrasse !
Je reste bouche bée devant l'écran noir. Je n'ai même eu le temps de placer un mot.
Lentement, les choses prennent forme dans mon esprit. Assurer l'intérim à l'arène pendant le temps d'une croisière… Pendant quinze jours, peut-être plus… Et les autres ? Sacha et Pierre ? Où iront-ils ? Sacha va rentrer au Bourg Palette pour voir sa mère et le professeur, et Pierre l'accompagnera sûrement. Alors, nous allons être séparés ? Pour la première fois depuis des années. Oh, dédramatise un peu, Ondine, c'est seulement le temps d'une croisière !
C'est alors que l'infirmière Joëlle arrive devant moi avec une vieille bicyclette rouge. Mon vélo, celui que Pikachu a carbonisé il y a si longtemps déjà.
– Ah, ça tombe bien, dit Sacha, tu vas en avoir besoin pour rentrer à Azuria !
Je n'en crois pas mes oreilles. Il a parlé d'un ton si détaché, si insouciant ! On dirait que mon départ n'a aucune importance à ses yeux. Il faut que j'aille prendre l'air, il ne faut pas qu'il me voie… Je resserre mes bras autour de Togépi, je pousse la porte vitrée et j'éclate en sanglots. Je n'entends pas Pierre m'appeler, je n'entends pas Pikachu crier, et je n'entends pas le sanglot de Sacha.
Je me suis réfugiée dans un parc de Jadielle. Assise sur un banc, je broie du noir. Quelque chose me dit, je ne sais pas quoi, que je vais rester longtemps à Azuria, que je ne serai pas du voyage quand Sacha et Pierre lèveront le camp. Séparée de Sacha, quand il sera à des centaines de kilomètres de Kanto. Est-ce qu'il pensera encore à moi ? Moi, je ne l'oublierai pas. Ni Pierre, d'ailleurs. Tous deux comptent plus pour moi que quiconque au monde, même mes sœurs.
Je sors de mon sac l'assortiment de poupées que j'ai gagné lors de notre voyage autour de Kanto. Je déballe avec précaution la soie qui les entoure. Elles m'observent de leur regard fixe et digne. Seule l'une d'entre elles, la plus petite, a l'air espiègle, enjoué. Elle semble me faire un clin d'œil. Je l'approche de mes yeux, et je m'aperçois que le prétendu clin d'œil est en fait un peu de peinture qui s'est écaillée… Elle est moins belle que les autres, sa robe est plus simple, ses cheveux plus courts, mais c'est ma préférée. Ces poupées, ce sont mes sœurs et moi. Mais je ne suis plus la petite dernière, le vilain petit canard de la famille. Moi aussi, je suis la plus belle pour quelqu'un, moi aussi je suis aimée, admirée. Et je vais m'occuper de l'arène, comme le jour où j'ai donné le badge à Sacha. J'ai quinze ans, un amoureux, un travail, et la vie devant moi. Ondine sort de l'enfance.
Alors, je fonds en larmes à nouveau. Mais je me reprends. Je soulève délicatement la plus petite poupée, et je saisis le mouchoir en soie rose qui l'enveloppait. Je le plie, et je le glisse dans la poche de mon short. Puis, je repose la poupée à sa place, je referme la boîte et je la range dans mon sac. Je me lève du banc, et tout à coup apparaissent trois garçons vêtus d'indigo.
Note aux lecteurs : Je ne sais pas quand je publierai la partie II. Il se peut qu'un ou deux chapitres se glissent entre les deux.