Chapitre 1 : La Prophétie
L'histoire commence la nuit, une nuit sombre sans Lune où seules les étoiles éclairaient tant bien que mal la région de Sinnoh comme de tous petits diamants dans le ciel noir. Dans la chambre numérotée 491 de la grande clinique de Féli-cité veillait un couple fou de joie à côté de leur médecin.
- Il est exactement 04h19min01sec à ma montre, je vais noter cette heure sur le certificat de naissance, fit le médecin d'une voix émue par le spectacle de la maman qui étreignait son fils.
Lucas était né. Un petit bébé potelé comme tous ces charmants enfants à leur naissance qui braillait déjà en prenant ses premières goulées d'air. Bientôt, la famille arriverait pour voir leur nouveau membre. Les parents du couple, devenus grands-parents, les frères et sœurs, maintenant oncles et tantes, les nièces et neveux, devenus cousins et cousines, mais encore trop jeunes pour le savoir. Tous viendraient chargés de cadeaux et la mère épuisée devra supporter encore une heure de félicitations avant de pouvoir se reposer.
Une fois que la jeune femme eut fini de câliner son petit, le docteur le prit délicatement et le déposa dans le petit lit placé perpendiculairement par rapport au grand et qui avait été placé là juste pour lui. Le bébé dormait paisiblement, rêvant de tout ce dont les nourrissons peuvent rêver à cet âge : de magnifiques couleurs vives et éclatantes qui font le bonheur des touts-petits.
Il voyait du bleu, du rouge, du vert, du rose, du violet, du orange... Il ne se rendait même pas compte de ce qui défilait devant ses yeux émerveillés, mais il aimait ça. Pendant que le spectacle continuait dans la tête du nouveau-né, un Leveinard arriva par la porte qu'il poussa délicatement pour ne pas réveiller le garçon et s'approcha du médecin.
- Ah te voilà, dit-il. C'est gentil de me remplacer, je suis extenué. Si jamais il arrive quoi que ce soit, préviens-moi.
Et sur ce, le docteur s'en alla, laissant la famille avec le Pokémon.
- Je suis sûr qu'il deviendra un grand dresseur Pokémon comme son arrière grand-père !
- Voyons chéri, tu sais bien qu'avant de devenir dresseur, il faudra qu'il aille à l'école, répondit la mère. Il ne peut pas entamer un voyage sans savoir compter !
- Bien sûr, mais dès qu'il sera prêt, je ne le retiendrai pas.
Le mari changea de sujet pour éviter une dispute. Il avait toujours rêvé d'être dresseur mais ses parents s'y étaient opposés et sa femme le savait bien.
- Il est né le 04/09/91 donc. A quelques jours près, son anniversaire tombait le même jour que celui de ma sœur !
Il eut un frisson qui n'avait rien à voir avec ce qu'il venait de dire.
-Leveinard, tu peux monter le chauffage s'il te plaît, j'ai vraiment froid !
Le Pokémon s'exécuta tout de suite, mais la fraîcheur qui avait envahie la salle n'était pas due à la température extérieure. Le papa s'approcha du lit de son enfant pour remonter sa couverture et se figea d'horreur. Son petit tremblait, grelottait. Mais ce n'est pas ça qui choqua le père. C'est qu'en se rapprochant du berceau, il avait eu une affreuse sensation : l'air glacé de la pièce émanait du garçon dont la température était basse, trop basse, anormalement basse.
- Appelez un médecin !! Vite !!
Quelques instants plus tard, le bébé était placé dans ce que l'on appellait une couveuse, une sorte de lit pour les nouveau-nés déjà malades ou qui risquaient de mourir suite à un mauvais accouchement. Mais rien ne changeait. Sa température stagnait à un point beaucoup trop bas, même pour une maladie. Au bout de cinq heures sous l'engin, le docteur prit une décision qui lui fendit le cœur. Une décision qui désarmerait le courage du plus valeureux dresseur Pokémon. Après une bref minute d'hésitation, il entra dans la chambre où le couple résidait, la chambre où, six heures plus tôt, tous étaient au comble de leur joie. Il prit la parole :
- J'ai une mauvaise nouvelle pour vous. Je préfère être franc et direct, si la température de votre enfant ne remonte pas immédiatement, nous risquons de le perdre à chaque instant.
Pendant ce temps, le bébé continuait son somme. Le rêve coloré continuait, les couleurs passaient : rose, vert, bleu, orange, noir, noir, noir... Le garçon ne rêvait plus de magnifiques couleurs, son rêve devenait beaucoup plus réaliste. Il voyait une forme noire indistincte. Puis un son. Peu importe ce qu'était cette chose, elle lui parlait. Mais il ne comprenait pas, il était beaucoup trop jeune. Puis la forme disparut.
Le garçon, lui, avait déjà oublié ce rêve pas assez coloré à son goût. Il avait déjà oublié cette forme noire. Il avait déjà oublié ce qui venait de scellé son destin à tout jamais. Darkrai.
Dans un grand cri, le garçon se réveilla. Sa température remonta en un instant. Des médecins accoururent par tous les couloirs pour examiner l'enfant. Il était sauvé.