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Civilisation Extraterrestre de ThousandFunny



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Informations

» Auteur : ThousandFunny - Voir le profil
» Créé le 23/11/2025 à 19:13
» Dernière mise à jour le 23/11/2025 à 19:13

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Mythologie   Science fiction

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Chapitre 8 : Le coupeur de gazon
— Laisse-moi tranquille ou tu risques de le regretter, prévint Arthur.

Malgré la menace, cela faisait maintenant une vingtaine de minutes que Julian s’entêtait à le suivre, sans vraiment chercher à s’en cacher.

Soudain, Arthur s’arrêta au bord d’un ruisseau et lui dit :

— Arrête de me suivre immédiatement. C’est mon dernier avertissement !

— Non. Je veux juste savoir où tu vas et apprendre à te connaître, lui répondit-il sans l’ombre d’un doute.

— C’est pathétique… Croâporal, mise en place du piège.

Avant même qu’il ne puisse réagir, le Croâporal d’Arthur passa derrière lui et le bouscule violemment vers l’avant. Avec un ultime réflexe, Julian sortit Titoun de sa Pokéball mais cela ne servit à rien : Arthur et Croâporal sont partis en courant.

— Bordel ! pesta-t-il, frustré.

Il voulut se relever le plus rapidement possible afin de partir à sa poursuite, mais il en fut incapable. Ses mains refusaient de quitter le sol.

En faisant un peu plus plus attention, il remarqua que ses mains étaient bloquées dans de petites boules blanches collantes. Le piège n’était donc pas uniquement la bousculade !

— Des grebulles ! se lamenta-t-il

Il s’agissait bien de grebulles, les sortes de bulles blanches accrochées autour du cou des Grenousse et des Croâporal pour qu’il puissent se protéger des chocs. Mais ces boules de mousse ont aussi une autre fonction. Elles permettent de ralentir, voire d’immobiliser un adversaire tant elles accrochent. Et furtivement, Croâporal en avait collé au bord du ruisseau avant de le pousser dessus.

“Bon sang de bonsoir !”, pensa-t-il. “J’ai été beaucoup trop imprudent ! Mais pourquoi veut-il absolument rester seul ?”

— Miaouli ! fit Titoun.

“C’est vrai que Titoun est sorti de sa Pokéball. Il pourrait m’aider.”

— Titoun, est-ce que tu penses que tu pourrais m’aider ?

— Lixy !

Le Pokémon Flash s’approcha de la grebulle entravant sa main droite et sembla vouloir mordre dedans.

— Non, Titoun ! Ne fais pas ça ! s’écria-t-il.

Trop tard. Le Pokémon planta ses dents dans la mousse…et resta collé à son tour.

— Grah ! Graou !

Le petit Pokémon poussait des cris étouffés, certainement le seul moyen pour lui d'exprimer le mal-être de la position dans laquelle il se retrouvait.

Julian tourna péniblement la tête et vit Titoun manquer de s'arracher les canines à chaque fois qu'il se débattait.

— On va trouver une solution, ne t'en fais pas, lui dit-il.

Il aurait voulu lui caresser le dessus de la tête, mais il en était incapable vu la situation dans laquelle ils se retrouvaient.

Soudain, le Pokémon arrêta subitement de se débattre, ferma les yeux et fronça les sourcils.

“Il est drôlement mignon comme ça, aussi” se dit le garçon.

C'est à ce moment précis qu'il se rendit compte de ce que son Pokémon essayait de faire.

— Non, Titoun ! Ne fais pas ç…

Trop tard. Un décharge lui parcourut le corps jusqu'à ce qu'il perde connaissance.
Les grebulles sont de la mousse organique, il est donc normal qu'elles soient un excellent conducteur d'électricité.

—------------

— Pshiiit.

Les yeux fermés, Julian sentait de l'eau s'écouler sur sa main. Celle-ci était plutôt tiède.

— Pshiiit.

Il était allongé, on lui arrosait régulièrement la main ; tout ceci était agréable. Ses muscles se détendirent, il s’allongea de plus belle et retourna presque dans les bras de Morphée.

Soudain, il se rappela de tout : la poursuite, sa chute, les grebulles et la décharge de Titoun. Il ouvrit les yeux grands comme des soucoupes et s'aperçut…qu'il était toujours collé.

Dans le ciel, le crépuscule commençait à poindre.

“Je suis resté inconscient toute la journée ?” se demanda-t-il.

Il baissa la tête, déçu et l’aperçut. Un petit Anchwatt, pas plus gros que la paume de sa main, s’affairait à plonger dans le ruisseau, aspirer de l’eau dans sa bouche, puis la recracher sur les grebulles entravent les mains de Julian.

Ce dernier le regardait, à la frontière entre l’admiration et l’incompréhension. Mais à sa grande surprise, cela marchait ! Au bout de quelques minutes, il put retirer sa main de la mousse collante et Titoun parvint enfin à libérer ses dents.

La grebulle agissait en fait comme un ruban adhésif extra collant. Mais comme avec du Scotch, lorsqu’on applique de l’eau dessus, elle perd de sa capacité à coller.

Anchwatt, doté d'une volonté et d’une persévérance légendaire, continua sa besogne sans râler. Julian lui tapota la tête du bout de l’index en symbole de remerciement et commença à verser de véritables flaques d’eau sur sa main encore au sol grâce à celle que le petit Pokémon venait de libérer.

Il ne lui fallut que quelques secondes supplémentaires avant de pouvoir se tenir à nouveau debout, après de longues heures collé à même le sol.

Après avoir longuement remercié le petit Anchwatt, il rappela Titoun dans sa Pokéball et entama le chemin retour en direction du campus.

Alors qu’il marchait avec une allure plutôt rapide, il remarqua qu’une petite créature volait à sa gauche, au niveau de sa joue.

Il s'agissait d'Anchwatt qui lui virevoltait autour tout en le suivant. Le particularité de ce Pokémon étant que, malgré le fait qu'il s'agisse d'un poisson, il peut se déplacer et respirer sur terre tout en lévitant.

C'est ainsi que, grâce à cette rencontre totalement fortuite, Julian se fit un nouvel ami, prêt à le suivre partout où il ira.

—------------

Quand Julian arriva à la cafétéria, il me vit en train de tenter de glaner ne serait-ce que quelques infos à l'entêtement d'Arthur mais encore une fois, en vain.

Mais il n'avait pas le temps de s'intéresser à ça : il avait faim !

Arthur quitta l'étage -certainement pour se rendre dans sa chambre- et je vins m'asseoir face à mon ami Julian.

— Alors ? Encore chou blanc aujourd'hui ?

— Exact. J'ai même pas pu en placer une, me répondit-il, la bouche pleine.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai été vachement étonné de le voir rentrer seul, ce soir.

Julian dévora deux tranches de jambon, puis commença le récit de ses mésaventures.

Quand il eût fini, je m'exclamais, indigné :

— Mais quel enfoiré ! En plus, tu aurais pu être encore collé à cette heure, et personne ne l'aurait su !

Il hocha la tête.

Suite à ça, nous ne parlâmes plus. Les seuls bruits se faisant entendre étaient ceux de déglutition de mon ami.

Un fois son copieux repas terminé, il se leva d'une traite, rangea sa vaisselle sale et se dirigea en direction des étages inférieurs. Je le suivais.

— Mais où est-ce que tu vas ? Les dortoirs sont au-dessus !

— J'y retourne.

— Mais où ?

— Chercher Arthur. Demain, c'est notre dernier jour.

— Je ne comprends pas. Arthur est dans notre chambre, pas dehors !

Il soupira.

— Je vais passer la nuit dehors. Comme ça, je serai caché et je pourrai le suivre plus facilement.

— Mais tu as craqué ! Tu vas dormir tout seul, dans la forêt, tout ça en espérant que tu sois réveillé quand il se pointera demain matin ?

— Oui. Si tu me cherches, je serai dans le grand arbre près du ruisseau.

Je me pris la tête dans les mains.
“Un malade. C'est un malade” me dis-je tandis qu'il s'éloignait.

—----------

— Eh bien voilà ! Je serai tranquille ici ! s'exclama Julian, au pied de l'arbre sur lequel il avait décidé de passer sa nuit.

Il grimpa tant bien que mal et, à environ cinq mètres du sol, il trouva une branche assez épaisse pour supporter son poids sans risque de se briser.

Il s'assit, adossé au tronc, les jambes étendues le long de la branche.

“Ici, c'est parfait” se dit-il. “En plus, je suis un peu caché par le feuillage, on ne me verra certainement pas si on passe par là”

— Poc. Poc poc poc.

Cet étrange bruit s'accompagna de morceaux d'écorce tombant sur sa tête.

Instinctivement, il replia ses genoux contre son torse, balaya les écorces de sa tête et de ses épaules et regarda en l'air.

Là, il vit un Noarfang, ses yeux luisant dans la nuit, planer juste au-dessus de lui. Le Pokémon arborait une mine assez contrariée. Leurs regards se croisèrent et le hibou chargea.

Julian laissa échapper un petit cri. A la hâte, il agrippa une Pokéball et l'ouvrit devant lui. Titoun en sortit, prêt à en découdre avec leur agresseur nocturne.

Mais le petit Pokémon Flash ne faisait pas peur au Noarfang, qui continua ses assauts à coups de bec.

— Titoun ! Lance Étincelle !

Le Lixy ne se fit pas prier. Il se rua sur son ennemi et un gigantesque éclair blanc illumina la nuit.

—---------

Pendant ce temps, je retournais dans ma chambre, après avoir discuté de toute cette affaire avec Mathis.

Lorsque j'ouvris la porte, Toxizap frappa dans ses mains et Arthur réprima un grognement.

— Désolé mon p'tit gars. Julian a besoin de rester seul ce soir. Donc tu restes ici, et tu dors avec Inspecteur et Commissaire.

Le bébé Pokémon sembla comprendre la situation et alla se coucher en position fœtale, blotti entre les deux Pokémons qui lui tiennent chaud.

— Tu n'as pas l'impression de jouer aux Poké-sitter, ces derniers temps ? se moqua Arthur.

Pour une fois qu'il m'adresse la parole, j'aurais préféré qu'il dise quelque chose d'un peu plus constructif.

— Commence par me dire ce que tu fais de tes journées et ça résoudra une grande partie de mes problèmes, rétorqué-je.

— Ce sont mes affaires. Pas les tiennes. Non… Pas les vôtres : ça ne change absolument rien si tu envoies des potes m'espionner.

— C'est inadmissible, ce que tu as fait ce matin.

— Je l'avais prévenu. Je n'ai rien à me reprocher, opposa-t-il d'un air détaché. Sur ce, je n'ai plus rien à te dire. Je vais me coucher donc tu te la fermes.

Il pointa mes Pokémons du doigt.

— Et c'est valable pour toute ta colonie que voilà. Mes journées sont déjà assez longues comme ça.


Quel dialogue stérile… Je ne pourrai définitivement rien tirer de lui ce soir.

Il se leva et commença à fermer les volets.

Soudain, un éclair traversa le ciel et il sursauta.

— Un orage ?! s'exclama-t-il. Alors qu'il a fait beau toute la journée ? Décidément, il n'y a plus de saison…

Il éteignit toutes les lumières.

—---------

— Il n'y a vraiment pas moyen d’être tranquille, ici ! Rouspéta Julian après avoir vaincu le Noarfang. Titoun, rentre dans ta Pokéball.

Mon ami avait certainement pénétré dans le territoire du Pokémon volatile, ce qui expliquerait pourquoi celui-ci l'a attaqué. Il se rasssit confortablement sur sa branche et ferma les yeux, souhaitant ne plus être dérangé jusqu’à demain matin.

Malheureusement, son souhait ne fut pas exaucé. Après seulement quelques minutes de silence, il entendit une suite de coups répétés sur le tronc de son arbre.

— Quoi encore ?! râla-t-il.

— C’est moi, Thomas. Je venais voir comment tu allais.

Il souffla, contrarié, mais cela ne l’empêcha pas de descendre de sa branche pour voir ce que je lui voulait.

— Qu’est-ce que tu veux ? J’essaie de dormir, moi !

— Je m’inquiétais un peu pour toi. J’ai vu l’éclair de ma chambre et tout, et j’ai pensé que tu étais peut-être en danger.

— Boah, t’en fais pas, simplement une petite querelle avec un hibou.

— Cela explique la quantité phénoménale de plumes au pied de l’arbre.

Il regarda à ses pieds et constata qu’il y avait un tel nombre de plumes par terre que c’en devenait louche. Il se baissa, les rassembla dans la paume de sa main et les jeta dans un buisson situé à quelques mètres de son arbre.

— Tout va bien, sinon. Ne t’inquiète plus pour moi.

— J’ai le droit de m’inquiéter, étant donné que tu es resté collé par terre toute l’après-midi.

— Oui, mais maintenant, j’ai compris la leçon, je ne me ferai plus avoir. C’est d’ailleurs pour cela que je suis là à cette heure-là.

Il agrippa l’écorce et recommença à grimper.

— Attends un peu, lui ordonné-je.

Il se figea, tourna sa tête et m’écouta.
— Je t’ai apporté des petits trucs pour passer la nuit.

Intrigué, il lâcha prise et se retrouva à nouveau face à moi. Je fis basculer mon sac sur le sol et l’ouvrit. J’en sortit une gourde isotherme et une couverture et lui donnai.

— Malgré la chaleur de ce mois de septembre, les nuits peuvent être humides, donc protège-toi. Et voilà une gourde d’eau fraîche au cas où tu aurais soif.

— Merci de te soucier de moi. Mais ne t’en fais pas, je gère.

Il me fit un clin d’œil, embarqua les affaires et retourna se percher sur son arbre.

Il était temps pour moi de rentrer, avant qu’Arthur ne se pose de questions.


—--------

Les premiers rayons du soleil passant à travers le feuillage réveillèrent Julian. Ébloui, celui-ci s’étira, se frotta les yeux et s’accroupit sur sa branche.

Il ouvrit la gourde, but une gorgée et scruta le sentier, cinq mètres plus bas à attendre la venue d’Arthur.

— Bon, murmura-t-il en regardant sa montre, il est 8h10 du matin. Il ne devrait pas tarder.

Il n'eût pas longtemps à patienter avant qu'il entende du bruit en provenance du contrebas. Il s'agissait bel et bien d'Arthur, qui se rendait au même endroit qu'habituellement.

Julian étouffa un cri de joie pour ne pas être repéré, et commença à analyser la situation.

— Tu es sûr que personne ne nous suit, Croâporal ?

— Crôa, lui répondit son Pokémon.

Le garçon et son Pokémon s'arrêtèrent juste devant l'arbre dans lequel il était perché. Julian sentit des sueurs froides couler sur son front et se tint le plus raide et le plus immobile possible.

“Je suis une branche.” “Je suis une branche.” pensait-il pour se convaincre de ne pas bouger.

Juste en bas, Arthur se retourna et vérifia que personne ne l'avait suivi. Mais il n'y avait personne. Du moins, pas derrière lui.

Visiblement satisfait de n'avoir repéré personne, il traversa le ruisseau, suivi de son Pokémon.

— Tu vois Croâporal ? Le piège d'hier a marché à merveille : ils ont tous lâché l'affaire ! Et ça, c'est uniquement grâce à toi. Bien ouej, mon gars !

Ils se frappèrent dans les mains puis s'éloignèrent.


Pendant ce temps, Julian descendit précautionneusement de son arbre, tout en prenant soin de ne pas perdre ses anciens agresseurs de vue.

Durant quelques minutes, il le suivit de loin pour ne pas être vu. Fort heureusement, Arthur ne se retourna plus pour vérifier ses arrières.

En sortant de la forêt, Julian aperçut un stade au bout du chemin. Il ne s'agissait pas d'un grand stade comme le Stadium mais simplement d'une pelouse d'entraînement avec uniquement quelques gradins autour, à l'image des stades dans lesquels les sportifs font leurs entraînements.

Arrivé devant la porte, il hésita à ouvrir.

“S'il découvre que je l'ai suivi, il va certainement me passer un savon…” se dit-il.

Mais il se rappela de la promesse faite à Mathis et Thomas.

“C'est mon devoir” pensa-t-il. “Non, c'est mon destin !”

Il prit une grande inspiration et ouvrit.

Là, il pénétra directement sur la pelouse et un drôle de spectacle s'offrit à lui.

Le terrain, qui devait faire les mêmes proportions qu'un de football, était occupé par deux groupes distincts. Enfin, si l'on considère qu'être tout seul constitue un groupe.

Au centre, il vit Arthur et ses Pokémons -Croâporal, Fourbelin et Pifeuil- en pleine série de pompes. Ils étaient tellement synchronisés que c'en devenait effrayant.

Et dans le coin gauche, au fond, il put distinguer un Scalpion, en train d'utiliser ses bras en lames de rasoir afin de couper l'herbe et en ajuster la longueur.

— Tiens, tiens, tiens… Je ne m'attendais pas à un autre visiteur aujourd'hui. Mais bon, je pense que lui non plus. J'me trompe ?

Julian sursauta et se retourna d'un bond. Là, une femme en survêtement lui faisait face. Elle était brune, et ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval. A en juger par son visage et son style vestimentaire, elle devait avoir la vingtaine, trente ans maximum.

— Alors ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ? J'attends une réponse.

Suite à ces mots, elle fit gonfler une bulle avec son chewing-gum.

— Alors…euh… Comment dire ? bafouilla mon ami. Notre camarade ici présent disparaît toutes ses journées et quand on lui demande où il va, il refuse de nous répondre. Donc je l'ai suivi en douce.

— Ah ouais. Ça doit bien quatre jours qu'il vient ici, donc je commence à connaître le spécimen. Vous êtes dans la même équipe pour le tournoi ?

— Oui. Même si des fois, je me pose la question.

— Force à toi, bro. Dis-toi que pour l'anecdote, quand il est arrivé ici mardi, il m'a dit de dégager. J'ai donc dû prendre quelques minutes pour lui faire comprendre que, si je m'en vais, le stade ferme donc il ne peut pas rester lui non plus. C'est uniquement pour cette raison qu'il tolère ma présence.

Elle s'arrêta, mâchouilla son chewing-gum et ajouta en riant :

— Toi, par contre, tu vas prendre tarif ! Heureusement, il risque de ne même pas nous calculer de la journée.

— Et, est-ce que vous savez pourquoi il vient ici tous les jours ? demanda Julian.

— C'est une longue histoire. Tout d'abord, il faut savoir qu'à la base, beaucoup de gens sont venus s'entraîner ici.

— Mais ils ne sont plus là. Pourquoi ?

— A cause de lui.

Elle pointa le Scalpion en train de marcher dans leur direction en longeant le côté du terrain.

— Il s'est installé dans le stade depuis sa construction, continua-t-elle. Chaque jour, ce Scalpion s'occupe de la pelouse et il faut dire qu'elle est impeccable !

— Pion ! Pion !

Le Pokémon en question s'était approché d'eux et bouscula Julian dans le but de couper une mauvaise herbe.

— Oups, excuse-moi.

— Pion !

La femme sourit, amusée, puis continua son récit :

— Mardi, de nombreux élèves ont décidé de tenter de le capturer mais ils étaient tous plus mauvais les uns que les autres et, après avoir subi une cuisante défaite, ils abandonnèrent et partirent s'entraîner autre part. Aujourd'hui, d'ailleurs, ce petit Scalpion est même au centre d'une rumeur comme quoi “le coupeur de gazon est un être invincible qui restera hanter son stade à tout jamais”. Mais moi, j'le connais, c'est un bon p'tit gars qui ne combat que quand on le défie.

— Wow… Et donc, Arthur est le seul à ne pas avoir jeté l'éponge ?

— Et oui.

Pendant le reste de la matinée, Julian observa Arthur faire des exercices de renforcement musculaire et à travailler la maîtrise de capacités avec ses Pokémons.

Vers midi et demie, Arthur ouvrit son sac et sortit un casse-croûte pour son équipe et lui. Et à la grande surprise de Julian, Scalpion se joignit au repas.

Pendant ce temps, Arthur semblait ne toujours pas avoir remarqué Julian assis au bord de la pelouse. Ce dernier, à la vue de la nourriture, sentit son estomac protester par l'intermédiaire de gargouillis.

“Décidément, j'ai vraiment décidé de faire un régime malgré moi, ces derniers jours” songea-t-il.

Il sortit la gourde isotherme de son sac à dos et but de grandes gorgées.

Soudain, il sentit quelque chose tapoter son épaule.

— Tiens, mange. En plus, je parie que tu n'as pas pris de p'tit déj’ ce matin.

La femme jeta un sandwich enveloppé de papier brun sur ses genoux et s'éloigna, une bière à la main.

— M…merci, balbutia-t-il.

— Pas de quoi.

—-----------

L'après-midi d'Arthur s'organisa différemment. Fini les exercices de musculation et d'attaques théoriques, place à la pratique.

Il défia alors Scalpion en combat singulier.

Le premier duel concerna Fourbelin. Mais étant le plus faible de la bande, il se fit mettre hors-jeu assez rapidement.

— C'est pas grave, tu auras d'autres occasions de gagner, j'en suis sûr, le réconforta son dresseur.

Ensuite, ce fut autour de Pifeuil. Celui-ci se défendait plutôt bien mais le “coupeur de gazon” était bien plus fort. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il se fasse mettre hors-jeu à son tour.

— Allez Croâporal. A ton tour. Gagne ce combat avec brio.

Julian s'approcha mécaniquement, intrigué.

Le Pokémon adverse se mit en garde et tous deux s'élancèrent l'un contre l'autre.

Le combat était époustouflant. Les deux Pokémons avaient atteint le même niveau de technique, ce qui donnait ce combat d'une élégance rare. Les deux créatures n'avaient aucun mal à parer, esquiver et contre-attaquer sans commettre la moindre erreur.

Croâporal fut le premier à en faire une, ce qui lui coûta presque la victoire. Le “coupeur de gazon” profita de la brèche dans sa défense pour lui assener une série de coups d'une violence sans précédent.

Et là, chose courante, Julian agit sans réfléchir aux potentielles conséquences de ses actes :

— Evoli ! Titoun ! Anchwatt ! En avant !

Arthur tourna subitement la tête dans sa direction, ébahi.

Les trois Pokémons tentèrent d'attaquer le Scalpion mais c'était sans espoir : ils mordirent la poussière en moins de temps qu'il faut pour le dire.

Heureusement, cela créa une diversion inespérée pour Croâporal qui en profita pour se glisser dans le dos de son adversaire.

— Utilise Tranche ! s'époumona Arthur.

Son Pokémon s'éxécuta et envoya Scalpion au tapis.

— Vite ! Lance une Pokéball ! C'est le moment ! hurla Julian.

Ce que fit Arthur. Même s'il avait probablement les ressources nécessaires pour esquiver, le “coupeur de gazon” décida de se laisser enfermer. Il a trouvé son maître.


Une fois que tout le monde a repris ses esprits, Arthur s'approcha de Julian et l'attrapa par le col de son tee-shirt :

— Qu'est-ce qu'il t'a pris de venir ici, enculé ?! Tu veux que je te recolle par terre ?!

— Sans moi, tu n'aurais probablement pas eu ce Scalpion.

Il le lâcha et tourna les talons.

— Il est vrai que ta décision a eu du bon. Je t'en dois une.

— Merci.

— Par contre, ta technique est nulle et ta puissance pitoyable. Entraîne-toi et je pourrai peut-être t'apprendre deux-trois trucs. Tu n'es pas une cause perdue.

— Je rêve ou c'est la première fois que tu dis quelque chose d'à peu près gentil ?

— Profites-en. Je ne suis pas tous les jours d'aussi bonne humeur. Allez, viens, on rentre. J'en ai assez fait pour aujourd'hui.

Les deux amis rappelèrent leurs Pokémons et se dirigèrent vers la sortie.

— Tiens, tu t'en vas déjà aujourd'hui ? s'exclama la femme à l'intention d'Arthur.

— Ouais. J'en ai fini pour aujourd'hui.

— Et tu embarques mon petit Scalpion ? Je vais devoir m'occuper de couper les herbes toute seule… Tu me rajoutes du travail ! plaisanta-t-elle.

— Bah, c'est pas long. Entre deux bières, et hop, le tour est joué.

“Décidément, il est vraiment de bonne humeur” se dit Julian.

— Tu ne sais vraiment pas parler aux femmes… lui opposa-t-elle.

Et à ces mots, ils quittèrent le stade d'entraînement.

Le chemin du retour se fit dans le silence mais celui-ci fut rapidement brisé par Arthur :

— Par contre, tu ne racontes à personne que j'ai galéré face à Scalpion.

— Mmh… d'accord, répondit-il. Mais à une condition : dorénavant, tu suis les décisions d'équipe !

—-----------

A la cafétéria, nous étions tous les quatre assis : Mathis, Julian, Arthur et moi. Nous attendions la venue de Nathanaël qui devait nous présenter les membres de l'assistance qui nous conseillerons dans l'oreillette.

Quand celui-ci arriva, il annonça, à la manière d'un présentateur télé :

— Tout d'abord, j'aimerais féliciter Mathis de sa guérison même si l'infirmière a dit que s'il se refaisait mal avant la semaine prochaine, elle l'amputait. J'aimerais également dire un grand “bravo” à Julian qui est parvenu à retrouver Arthur, et souhaiter la licence à ce dernier.

— Respect mon gars, chuchoté-je à Julian.

— Je n'y serais jamais arrivé sans toi, me répondit-il.

— Sans plus attendre, reprit Nathanaël, la composition de notre équipe d'assistance composée, de moi-même, bien entendu, Fedi, qui se trouve à ma droite mais également, de deux nouveaux copains : Adrien et Yoan. Vous pouvez venir les gars !

Deux garçons marchèrent en notre direction et s'arrêtèrent au niveau de Nathanaël.

Le dénommé Adrien était un garçon de taille moyenne mais son corps était forgé par d'imposants muscles, encore plus que ceux d'Arthur, certainement le fruit d'un travail régulier et assidu. Il portait une casquette mais l'enleva et se présenta poliment.

Par contre, la tête du second, Yoan, me disait quelque chose. Ça me revient ! Il s'agit du pitre qui se moquait de Fedi lundi soir. Voilà qui pimentera nos discussions dans les oreillettes…

— Adrien est mon coloc’, tandis que Yoan est celui de Fedi, précisa Nathanaël. Comme ça, vous savez où chercher si vous voulez les voir.

— Je lève un saucisson à notre équipe ! s'écria Julian.

— J'en veux minimum vingt pourcents ! déclara Yoan.

— Tu te contenteras de douze, comme tout le monde, rétorqué-je.

Et c'est autour de ce saucisson que notre équipe vécut ses premiers instants.

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C'est l'heure de la relève.

— Quelle corvée ! s'exclama Mr. Mime. Dire qu'on est coincé là pour les vingt-quatre prochaines heures !

— C'est vrai que c'est chiant, approuva Charmina. Tous les jours, quelqu'un doit le surveiller alors que ça fait des millénaires qu'il n'a pas donné de signe de vie.

— Gnagna, si l'Interdit se réveille, le monde courra un grand danger et tout et tout. Ils ont pas les yeux en face des trous : il est mort, un point c'est tout !

— Mais les ordres sont les ordres.

— Moi ? Mort ? Cette remarque est d'une turpitude…

Les deux Pokémons sursautèrent.

— C'est toi qui a fait cette voix ? demanda Charmina, la voix tremblante.

— Absolument pas, répondit Mr. Mime. Ça provenait de la cabane derrière nous.

— Tu…tu crois que c'est le sceau de l'Interdit qui parle ?

— Mais non, voyons. C'est puéril ce que tu dis. Ce démon n'est plus éveillé depuis la Saint Glinglin et tu penses qu'il se réveille maintenant ? T'as qu'à aller voir, je suis sûr que c'est quelqu'un qui nous fait une farce.

Charmina entra dans la cabane. Il avançait à tâtons, cherchant l'auteur de cette mauvaise blague. Il scruta le sceau de l'Interdit et constata qu'il n'avait pas bougé.

— Pfiou… Il dort encore, soupira-t-il.

— Je n'en suis pas si sûr, répondit la même voix grave que tout à l'heure.

Charmina hurla et son corps se fit transpercer de toute part, le tuant sur le coup.

Mr. Mime entra à son tour dans la cabane.

— C'est bien Charmina. Super blague. J'ai même pas eu peur. Allez, sors de ta cachette maintenant !

Soudain, son pied heurta quelque chose de mou mais rigide. Il s'agissait du cadavre de son camarade.

— Qu'est-ce que…

Avant même qu'il finisse sa phrase, sa tête vola à l'autre bout de la pièce et roula jusque dans un coin.

Le silence est revenu dans la cabane.

— Excusez-moi mais vous ne correspondez pas du tout à celui que je cherche. Mais il arrive. Il arrive. Je le sens. Et quand il arrivera et qu'il libérera, je ne veux aucun gêneur dans mes pattes. N'y voyez rien de personnel. Vous avez accompli votre mission jusqu'au bout, vous pouvez partir en paix !

Et un rire tonitruant résonna à travers la cabane. Celui de l'Interdit.