Chapitre 6 : Le secret des sœurs Kimono
Les grilles se refermèrent sur Tamao en un fracas métallique.
– Vous ne pouvez pas faire ça ! s’exclama Mortimer, retenu par un policier, au bout du couloir.
– Nous avons suffisamment d’éléments pour pouvoir lui soumettre un interrogatoire plus poussé, lui répondit l’agent Jenny. En attendant, elle reste en garde à vue.
– Elle n’a parlé que du passé, riposta le champion. Mais rien de ce qui se joue en ce moment ! Elle fabule, Évoli n'était pas avec nous, hier soir !
Jenny le raccompagna fermement vers la sortie du commissariat. Son Caninos reniflait les jambes de Mortimer en grognant, prêt à le mordre s’il tentait un geste vif envers sa dresseuse.
– C’est justement les informations que nous essaierons de lui soutirer, répondit l’agent Jenny. Je regrette, mais je vais vous demander de nous laisser faire.
– Et vous, avez-vous vu Raikou ? enchérit le champion. Si le trio légendaire est de retour à Rosalia, cela dépasse probablement…
– Mortimer, coupa sèchement l’agent Jenny. Je vais vous demander de partir immédiatement. Je suis peut-être la seule personne dans ce commissariat qui croit en votre innocence. La préfecture, mes collègues et même certains habitants vous suspectent d’y être pour quelque chose : la présence des Pokémon spectres sauvages est une raison suffisante à leurs yeux pour vous mettre en garde à vue. Heureusement pour vous, c’est encore moi qui ai la main, alors s’il vous plait, ne compliquez pas davantage la situation et laissez-nous faire.
Sur ces mots, elle le quitta devant la porte. Le champion rejoignit à contrecœur Agatha, Léo, Eusine et le professeur Chen face au bâtiment du commissariat. Il bouillait de colère.
– Toi, tu ne dis rien ?! lança-t-il rudement à Eusine, toujours aussi abattu.
D’un pas vif, il s’approcha de lui et le toisa du regard :
– Qu’est-ce que tu fichais à la tour Cendrée, bon sang ?!
Eusine ne dit mot et scruta ses pieds, les yeux humides.
– C’était pour lui, n’est-ce pas ? Tu es si obsédé par Suicune que tu en as perdu l’esprit ! Ton Pokémon est mort par ta faute !
– Ça suffit ! gronda Agatha.
Il se tourna vers la doyenne du Conseil 4 :
– Et toi, pourquoi étais-tu là-bas ? Qu’est-ce que vous manigancez, tous ?
La vieille femme lui donna un coup de canne sur la cuisse :
– T’as pas bientôt fini, oui ?! sermonna-t-elle en haussant la voix. Moi aussi, je peux crier ! Et je pourrais te demander : pourquoi n’y étais-tu pas plus tôt ?
Surpris, le champion secoua la tête en fronçant les sourcils :
– J’ai fait aussi vite que j’ai pu, j’ai… Pourquoi tu me demandes ça ?
– Tu es le champion de la ville ! lança Agatha avec fougue. Ton rôle n’est pas simplement de faire mumuse dans ton arène à distribuer tes petits pin’s, tu le sais bien ! Toi aussi, tu es le gardien de la mémoire de Rosalia. Tu travailles pour sa protection, ton statut te confère une collaboration étroite avec les forces de l’ordre. Du moins, jusqu’à présent. Tu croyais qu’ils te livraient des informations comme ça, tout bonnement parce que t’es sympathique et joli garçon ?!
Mortimer accusa le coup. Depuis qu’Eusine ne lui donnait plus de nouvelle dans son voyage, il s’était laissé aller au chagrin et avait oublié ses responsabilités de champion d’arène.
– Enfin, reprit Agatha, il ne t’est pas venu à l’esprit de guetter la tour Cendrée avant même que minuit sonne ? Tu pensais peut-être que les cloches invisibles ne carillonnaient qu’une seule fois et que la vie allait suivre son cours ?
La vieille femme s’approcha de Mortimer et lui empoigna vivement le bras :
– Tu es un expert des Pokémon spectres, bon sang ! Sers-toi de tes connaissances ! D’où vient cette brume ? Et ces spectres sauvages ? Ils sont là parce qu’il y a des soldes en ville ?!
Elle désigna un groupe de Feuforêve qui dansait dans les airs, non loin d’eux. Léo et le professeur Chen n’osaient dire un mot. Ce dernier consolait Eusine en lui caressant le dos. Perdu, Mortimer balaya du regard l’horizon. La brume. Les spectres. Les ruines de la tour Cendrée. Les cloches…
– Un rituel, dit-il en un souffle.
– Enfin ! s’exclama Agatha avec force en ouvrant ses bras au ciel. En effet, tout ça ressemble à un rituel ou une invocation…
– Sans doute pour faire évoluer l’Évoli d’Eri, acheva Mortimer.
– Seulement, ce n’est pas parce que la Kimono est hors d’état de nuire que le rituel est terminé, dit Agatha.
Le champion recouvrit peu à peu sa vivacité d’esprit :
– Oui, cela peut mettre un certain temps avant de disparaître, voire rester indéfiniment. Aussi, peut-être qu’on doit le stopper nous-mêmes afin d’être sûrs qu’il est bel et bien fini.
Agatha acquiesça en souriant.
– Il faut qu’on en sache plus sur ce rituel, réfléchit le champion. Mais avec Tamao en garde à vue...
Il se tourna brusquement vers Léo :
– Peut-on parler à ta mère ?
Arrivé chez Mortimer, celui-ci installa Eusine dans la chambre avec un léger pincement au cœur après l’avoir douché et donné des affaires propres. Le jeune homme demeurait bloqué dans son mutisme après le choc de la veille. Toutefois, il avait mangé le déjeuner que Mortimer avait fait livrer pour tout le monde.
– Veille sur lui, demanda le champion à son Fantominus.
Dans le salon, le professeur Chen et Agatha buvaient une tasse de thé aux côtés de Léo, posté devant le visiophone. Mortimer les rejoignit en avalant un cachet pour rester éveillé.
– Voici Keiko, ma mère, dit Léo aux autres. Maman, reprit-il à son adresse, je te présente Mortimer, le champion de l’arène de Rosalia. Il veut te parler.
Après des salutations polies, mais brèves, Mortimer ne passa pas par quatre chemins et alla droit au but :
– Pourquoi êtes-vous partie du théâtre de vos sœurs ?
– On peut dire que tu sais coacher tes poulains, murmura Chen à l’adresse d’Agatha.
– Ce n’est pas sans risque, répliqua la vieille femme. Quand l’amour sème la confusion dans notre esprit, dit-elle en désignant du doigt l’étage où Eusine se reposait, ça fiche un bordel monstre. Et je sais de quoi je parle !
Le professeur rougit sans dire un mot.
À l’écran du visiophone, Keiko se tordait les mains, gênée.
– Nous sommes au courant de ce qu’il s’est réellement passé, il y a cent cinquante ans, rassura Mortimer.
– Comment… ? commença-t-elle.
– Tamao, répondit-il. Trop long à vous expliquer.
– Maman, supplia Léo, aide-nous, c’est très important.
Après un instant d’hésitation, elle respira un bon coup :
– J’étais au courant depuis un certain temps de cette histoire macabre avec les Évoli, reconnut-elle. Mais c’était ainsi, je ne pouvais rien y faire. J’étais partisane de garder le secret. L’avouer aujourd’hui aurait pu se retourner contre nous. Lorsque Tamao a eu douze ans, nous avons dû lui révéler la vérité. Le moment était venu pour elle de choisir en quoi allait évoluer son Pokémon. Sa mère et chacune de ses tantes ont commencé à l’influencer. Sauf moi.
– Quel était votre Pokémon à ce moment ? demanda Mortimer.
– Un Noctali, informa-t-elle. Mais j’ai eu du mal à le faire évoluer. Cela m’a pris plusieurs années. Je ne voulais pas qu’il se batte pour se transformer. Je ne suis pas douée en combat. J’ai préféré me fier au lien qui m’unissait à lui. Et une nuit, il a évolué. En revanche, Tamao était une terrible dresseuse et, quand elle a annoncé son choix d'avoir un Noctali, il fallait la combattre pour l’aider.
Le professeur Chen s’avança vers l’écran, l’air soucieux :
– Les sœurs Kimono n’ont pas seulement la réputation d’être d’excellentes danseuses, dit-il. Elles sont aussi de redoutables dresseuses. Vous deviez donc toutes combattre contre l’Évoli de Tamao ?
Keiko acquiesça :
– Elle a obtenu ce qu’elle souhaitait par la force du combat. Elle a gagné contre mon Noctali et m’a remplacée dans le spectacle de danse. Cela me convenait très bien, je ne voulais plus être mêlée à ça. De voir son Pokémon évoluer ainsi m'a ramené à la vérité que l'on dissimulait depuis tant d'années. Au sang que ma famille avait sur les mains. J’avais honte d’avoir perdu, honte de continuer à cacher la véritable histoire…
Léo rassura sa mère.
– Tu n’as pas à avoir honte, Maman.
– Les sœurs Kimono sont un pilier majeur de la culture de Johto, continua-t-elle en souriant. J’ai au moins eu la chance d’en faire partie pendant quelques années.
Mortimer la ramena à sa préoccupation :
– Aviez-vous connaissance d’un rituel pour provoquer une évolution d’Évoli ?
– Oui, répondit-elle. Mais c’est vieux, tout ça. C’est une légende…
– Peu importe, coupa le champion. Tamao nous a justement appris que ses ancêtres l’avaient utilisé. Dites-nous ce que vous savez.
– Ce n’est pas tout à fait ça, corrigea-t-elle.
Elle marqua un moment de silence, comme pour chercher par où commencer.
– Je ne sais pas si vous avez réalisé, dit-elle, mais, de nos jours, Évoli peut évoluer sans combattre. Des pierres d’évolution, une attaque apprise ou un super bonbon avec un fort lien d’amitié suffisent. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Avant d’obtenir cette facilité, chaque Évolition – comme on dit – s’est faite dans la souffrance.
– Nous savons ça, lança Agatha. Son ADN est instable et s’adapte.
– Heureusement, aujourd’hui, Évoli n’a plus à subir de « choc environnemental », je dirais, enchérit le professeur Chen. Une pierre d’évolution suffit à le provoquer de manière pacifique. Mais cela doit être dû, en partie, grâce à plusieurs générations de transformations douloureuses.
Keiko acquiesça. La présence du vieil homme la rassurait davantage. Elle put poursuivre son explication avec moins d’appréhension :
– Vous avez raison professeur. Justement : Au sein de notre famille, lorsque l’on nous révèle la véritable histoire à l’âge de douze ans, on nous apprend qu’il existe un rituel pour permettre d’obtenir une nouvelle branche d’Évolition dans un autre type ; jusqu’alors impossible avec une pierre. Selon ce rituel, avant toute chose, il faut invoquer une forte énergie, tel que Lugia, connu pour sa puissance et incitant ses adversaires à se dépasser. S’il est déjà présent, comme c’était le cas pour nos ancêtres, il suffit de le combattre et l’Évoli s’adapte à l’environnement dans lequel il se trouve. Sinon, le rituel devait durer trois nuits et cela permettait d’obtenir un nouveau type pour la transformation d’un Évoli.
Dans le salon de Mortimer, un lourd silence pesa.
– Mais, même s’il n’a besoin que de peu de reliques, le rituel est bien trop dangereux, précisa Keiko. L’Évoli peut y laisser sa vie.
– Quelles sont ces reliques ? demanda Mortimer.
– Des incantations que la famille Kimono garde précieusement, l’Argent'Aile pour invoquer Lugia, et un Pokémon dont le type sera celui que l’Évoli prendra pour son évolution, répondit-elle.
– Que se passe-t-il durant ce rituel ? interrogea le champion à peine eut-elle fini sa phrase.
– On dit que, dès la première nuit, le climat change afin que l’Évoli s’adapte à son environnement.
Dans l’esprit de Mortimer, les éléments s’imbriquèrent instantanément : le brouillard.
– Cela attirerait forcément des Pokémon vivant dans ce genre de climat, reprit Keiko.
Les Pokémon spectres sauvages.
– Ce climat est celui qui déterminera le type de l’Évolition, ajouta-t-elle.
Tremblant de tous ses membres, Mortimer se leva.
– Spectrali, dit-il en un souffle.
Soudain, Fantominus apparut dans la pièce, l’air préoccupé.
– Il s’est enfui ? le questionna le champion.
Le Pokémon acquiesça. Il fallait agir et vite.
Rassemblant ses esprits, Mortimer se précipita dans la rue et appela son Noctunoir.
– Te sens-tu capable d’inverser ton attaque Gravité ? demanda-t-il à son Pokémon.
En guise de réponse, celui-ci lança une onde invisible sur son maître. Une sensation de légèreté et de haut-le-cœur envahit le champion. Des fourmillements se firent ressentir dans tout son corps et les pieds de Mortimer quittèrent doucement les pavés de la rue. Il flottait désormais à quelques centimètres du sol.
– Je vais te demander d’être vigilant, dit gravement Mortimer à Noctunoir en se tenant au mur de sa maison. Je suis épuisé de cette nuit, il te faudra me porter jusqu’à Eusine. Peux-tu le retrouver ?
Le Pokémon opina. Agatha, Léo et le professeur rejoignirent Mortimer à l’extérieur.
– Que fais-tu ? s'exclama la vieille femme.
– J'essaie de protéger Rosalia, répondit-il. Fantominus, dit-il en s’adressant à celui-ci. Reste là.
Le Pokémon spectre retourna à l’intérieur. Mortimer voulut attraper deux autres Poké Ball, mais une semblait manquer à l’appel.
– Spectrum ? murmura-t-il.
Il lança celle qu'il avait pour libérer son seul Spectrum.
– Cherche la Poké Ball de ton frère, ordonna le champion avec inquiétude. Je l’ai peut-être laissée à la salle de bain lorsque je me suis changé. Quand tu la trouveras, je t’autorise à l’ouvrir. Ensuite, vous deux aiderez Fantominus à garder la maison.
Spectrum tourna à grande vitesse en l’air en s’engouffra à l’intérieur, faisant danser la robe d’Agatha. Mortimer enleva sa longue écharpe violette et la passa autour de sa hanche.
– Attrape, dit-il à Noctunoir en lui lançant les extrémités.
Le Pokémon les empoigna et s’éleva au-dessus des demeures. Le champion s’était assis sur son châle, comme une balançoire attachée à son Pokémon. Le professeur Chen ne put retenir un cri de surprise :
– Comment a-t-il…
– Il utilise ses compétences de Maître Pokémon spectres, dit Agatha avec une pointe de fierté. Pas trop tôt !
Quelque peu dissimulés par la brume, les toits défilaient sous les pieds de Mortimer. L’attaque Gravité inversée lui permettait de ne pas se sentir pris de vertige. Les effets lui procuraient un sentiment de légèreté porté par sa légendaire écharpe.
Noctunoir se dirigea à toute vitesse vers les ruines de la tour Cendrée. Mortimer sortit son Pokématos et chercha dans son répertoire :
– Komomo, dit-il une fois que celle-ci eut décroché. Où est Eri ?
– Mortimer ! lança la jeune femme d’une voix paniquée. Ils ont arrêté Tamao !
– Je sais, il faut que tu me dises où se trouve ta petite sœur.
– Elle a disparu depuis cette nuit !
C’était ce qu’il craignait. Le champion réfléchit à toute vitesse et n’eut d’autre choix que la confrontation directe :
– Qui est derrière ce rituel ? demanda-t-il froidement.
– Quoi ? Mais que…
– Tamao et Keiko m’ont tout appris, avoua le champion. Réponds, s’il te plait !
Au bout du fil, il entendit un sanglot.
– Komomo, dit doucement Mortimer. Tout ceci nous dépasse. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard.
– Tamao nous a dit qu’elle s’en occupait, je n’en sais pas plus.
– Même entre vous, vous gardez vos secrets ! rugit Mortimer. Tiens-moi au courant si tu retrouves Eri.
Il raccrocha au moment où Noctunoir atterrit face à la tour Cendrée. Les barrières de sécurité avaient été renforcées.
Vêtu de sa cape sale et calcinée, Eusine était agenouillé au sol et pleurait. Mortimer demanda à Noctunoir de rectifier sa gravité et, après un cout instant nauséeux, il courut vers lui.
– Gardevoir… se lamenta le jeune homme.
Le champion s’accroupit et le prit par l’épaule. Eusine lui lança un regard entre peur et méfiance.
– Pardonne-moi, dit Mortimer. J’ai été dur avec toi ce matin. Je suis sincèrement désolé. J’aurais dû t’aider et sauver ton Pokémon.
Eusine redoubla de sanglot et enlaça Mortimer. Il hoqueta à plusieurs reprises, cherchant son souffle au milieu de ses larmes.
– C’est moi qui dois te demander pardon, dit-il en gémissant. J’étais trop obnubilé par Suicune, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je me suis perdu… J’ai perdu Gardevoir… Je t’ai perdu…
Ils restèrent un moment ainsi, sous les regards étonnés des agents de police gardant l’entrée de la tour.
Eusine prit une grande respiration et relâcha son étreinte.
– Je m’en veux terriblement, avoua-t-il. Tu ne peux pas t’imaginer à quel point.
Il caressa la joue de Mortimer avec tendresse, mais le champion lui ôta doucement la main pour cesser ce geste.
– Désolé, répéta Eusine en hoquetant de plus belle.
– Je te pardonne, répondit Mortimer. Mais je ne peux pas oublier.
Eusine ferma les yeux fortement pour contenir son chagrin. Puis, il chuchota simplement : « Je comprends ».
– Tu n’as pas pu t’empêcher de la reprendre, sourit Mortimer en époussetant la cape sale.
Cela eut pour effet de faire rire brièvement Eusine.
– Elle me rappelle Gardevoir, avoua-t-il.
Ne sachant que dire, le champion lança un regard aux policiers qui les observaient de loin.
– Comment es-tu entré dans ce moulin, hier soir ? demanda-t-il à Eusine avec une pointe de sourire. Il y avait des barrières de sécurité.
– Grâce à la téléportation de Gardevoir, répondit-il.
Soudain, leurs visages s’illuminèrent. Ils réalisèrent tous deux la même chose : Gardevoir a peut-être eu le temps de s’échapper de l’attaque d’Entei. Il fallait en avoir le cœur net.
– L’accès est interdit, sermonna le policier en les voyant avancer.
Mortimer se redressa et ajusta son écharpe autour du cou. Noctunoir lévitait à ses côtés.
– Je suis le champion de l’arène de votre ville, je demande à inspecter les lieux.
– C’est fermé, je vous dis, répéta l’agent avec agacement.
Son Caninos montra ses dents. Mortimer ne laissa paraître aucune crainte et s’approcha de plus belle :
– En tant que champion de Rosalia, mon statut confère un certain respect de votre part. Et, bien qu’il soit mutuel, je vous rappelle que l’accès à ses lieux m’est autorisé au même titre que pour votre inspecteur. En revanche, vous êtes libres d’en informer vos supérieurs si cela vous chante.
Après avoir longuement hésité, l’agent de police les laissa passer et prévint immédiatement Jenny.
Mortimer et Eusine observèrent le sous-sol avec précaution. L’endroit ne semblait pas avoir connu de combat, quelques heures auparavant. Toute l’eau lancée par les escouades de Pokémon aquatique avait été absorbée par la terre.
– Ténéfix, aide-nous avec ton attaque Détection, ordonna Mortimer en ouvrant sa Poké Ball.
Le Pokémon en sortit et demeura silencieux, concentré par sa tâche. Après quelques secondes, il secoua la tête.
– Il n’y a rien, dit Mortimer, soulagé. Ténéfix aurait détecté ses restes, s’il ne s'était pas enfui.
Eusine pleura de joie.
– Merci, dit-il en s’agenouillant près de Ténéfix pour le prendre dans ses bras.
Surpris, le Pokémon se laissa faire en lançant un petit cri interrogateur à son dresseur. Eusine se releva et sourit à Mortimer.
– Merci, répéta-t-il. Mais où peut-il être, maintenant ?
Au même instant, le Pokématos du champion sonna. C’était Agatha :
– Ton Spectrum ne parvient pas à retrouver la Poké Ball de son frère. Nous avons cherché partout, nous n’avons rien trouvé.
Mortimer se retourna vers Eusine :
– Ton Gardevoir n’est pas le seul à avoir disparu. Spectrum et Eri aussi.
Soudain, une explosion retentit. Les deux jeunes hommes sursautèrent et balayèrent le sous-sol du regard.
– C’est dehors, fit Mortimer.